"max Stirner Et Nietzsche"

  • May 2020
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STIRMER ET NIETZSCHE THESE Présentée à

la

Faculté des Lettres de l'Université de Paris

PAR

ALBERT LEVY ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE

PROFESSEUR D'ALLEMAND AU LYCÉE UE TOULOUSE

PRIX

:

3 francs

PARIS SOCIÉTÉ NOUVELLE DE LIBRAIRIE ET D ÉDITION 17, Rue Cujas 19 O 4 Tous droits réservés

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STIRNER ET NIETZSCHE

STIRNER ET I^IETZSCHE THESE Pi'éseiilée à

la

Facullé des Lettres de riniversité de Paris

PAR

ALBERT LEVY Ancien élève de l'École normale supérieure d'allemand au Lycée de Toulouse

Professeur

PRIX

3 francs

:

PARIS SOCIÉTÉ NOUVELLE DE LIBRAIRIE ET D ÉDITION 1

7,

Rue Cuj as 1

9 O 4

Tous droits réservés

A MONSIEUR LUCIEN HERR Témoignage de reconnaissance afjeclueuse.

INTRODLGÏION dans

produit

s'est

Il

XIX® siècle

deuxième

la

du

moitié

une réaction contre Tindividualisme. Les

théories morales les plus répandues, par exemple

d'Auguste Comte en P'rance, celle de John

celle

Stuart Mill en

Angleterre, celle de Schopenhauer

en Allemagne,

avaient

ce

commun

caractère

de

prêcher l'altruisme. Les philosophes tenaient-ils garder çaient

la

morale chrétienne au moment où

à la foi,

ils

renon-

comme

ou se croyaient-ils obligés,

à

l'a

soutenu Nietzsche, de se montrer plus désintéressés

que

les chrétiens

eux-mêmes

condamnaient l'égoïsme

De même, en

politique,

nationaux ou sociaux

on prêchait

(|ui

et

Toujours

?

est-il qu'ils

l'isolement de l'individu.

on

insistait

sur les liens

unissent les individus, et

la solidarité.

Or, vers 1890, on

commença

à parler

en Allemagne

de deux philosophies qui n'admettaient ni l'altruisme

moral

ni

la

solidarité sociale.

Stirner,

qui n'avait

joui de son vivant que d'une gloire éphémère, venait d'être ressuscité par

un disciple fanatique,

ckay, qui voyait dans l'auteur de l'Unique

J.-H. et

Ma-

sa pro-

priété le théoricien de l'anarchisme contemporain.

D'autre part, Nietzsche, s'imposait à la

si

longtemps

l'opinion publique au

«

inactuel

»,

moment même où

maladie triomphait définitivement de sa raison,

devenait peu à peu un des favoris de cette

européenne Il

qu'il avait si

noms de

on s'habitua

;

Stirner un précurseur de Nietzsche. Mais

de se

vrai d'abord

Nietzsche?

si

ces

les idées s'opposaient si net-

tement aux idées courantes

demander

mode

durement jugée.

était naturel qu'on rapprochât les

deux philosophes, dont

et

à voir il

y

en

a lieu

cette habitude est justifiée. Est-il

que Stirner

ait

eu une influence sur

Est-il juste ensuite

de considérer leurs

comme deux systèmes analogues et animés du même esprit? Est-ce à bon droit qu'on

philosophies

rattache

Nietzsche

à Stirner,

et

qu'on parle d'un

courant individualiste, anarchiste ou immoralisle?

-

1

CHAPITRE PREMIER NIETZSCHE A-T-IL CONNU STIRNER

On ne œuvres, M"*-^

renconlre ni

dans

le

nom

correspondance de Nietzsche.

la

consacrée

a

de Tauleur de VUnique

et

Stirner était d'ailleurs à

moment où

J.-II.

Mackay nous

J.-H.

première

fois le

le

nom

puis

:

il

sa propriété. L'œuvre de

peu près oubliée jusqu'au

de Stirner et

môme

la folie.

En

le litre



de son

Mackay

lut

au British Muséum, à Lon-

nom

rencontrât

soigneusement noté.

qu'il avait

Jusqu'à cette dale, Stirner était donc bien mort doit à II

Mackay une

est certain

mandé

à l'un

Stirner.

:

il

sorte de résurrection.

cependant que Nietzsche

de ses élèves,

En consultant la liste

à

a

recom-

Bàle, la lecture

de

les registres de la Bibliothèque

de Bàle, on ne trouve pas, Stirner dans

de

l'esprit

1888,

se passa un an avant qu'il

de nouveau ce

mi-

si

de Slirner dans ï Histoire du Matéria-

de Lange, qu'il

lisme.^

biographie

son frère, ne paide pas

c'est l'année

Nietzsche sombrait dans trouva

à

la

Mackay entreprit de la célébrer. dit lui-même qu'il ne lut pour la

nom

œuvre qu'en 1888:

dres

Je Stirner ni dans les

E. Forster-Nietzsche, dans

nutieuse qu'elle

?

il

est vrai, le livre

des ouvrages empruntés au

de

nom

de Nietzsche

'

;



10

mais on constate que ce livre

a élc

en 1872, par emprunté le privat-dozent Schwarzkopf (Synis Archimedes) en 1874, par Tétiidiant Baunigartner, et, en 1879, par le trois fois entre 1870 et 1880

:

;

professeur HansHeussler. Or, M. Baunigartner, fils de M""' Baumgartner-Kôchlin, qui traduisil en français les Intempestives, était l'élève favori le «

de Nietzsche;

philosophe l'appelle dans sa correspondance son Erzschi'der ». M. Baunigartner, qui est aujourd'hui

professeur sur

à

l'Université de Bâle, déclare que c'est

de

conseil

le

Stirner; mais

il

Nietzsche lui-même

qu'il

a

lu

est certain de n'avoir pas prêté le

volume

à son maître. La question se pose donc de savoir où Nietzsche a rencontré le nom de Stirner. 11 se peut qu'on ait prononcé ce nom devant lui chez Richard Wagner;

Wagner avait temps de

la

peut-être entendu parler de Stirner au

Révolution de 1848, par son ami BakouIl n'est pas tout à fait impossible

nine, par exemple.

non plus que Nietzsche

ait

lu le

nom

de Stirner dans

quelque chapitre d'Eduard von Hartmann. Celui-ci affirme, en effet, que Nietzsche a dû être frappé par l'analyse des idées de Stirner qui se trouve dans le 2''

volume de

la

critique assez

Philosophie de l'fnroiiscient. Nietzsche

longuement

le

chapit?-e

où llarimaiin a parlé de Stirner

dans

1,

le 9"

Cr.

1

paragraphe de

:

de ce livre

particulièrement

la 2« Iiilenipestive.

appendice de ce travail.

Nietzsche

-

11



attaque avec vivacité les théories évolutionnistes de

Hartmann, en empruntant surtout ses citations aux pages où l'auteur de traite

de

la

la

Philosophie de l'Inconscient

troisième période de Thumanité; or, c'est

au seuil de cette troisième période que Hartmann a

marqué la place de Stirner. Mais il semble que ce que Hartmann dit de Stirner n'a pas dû engager Nietzsche à

étudier avec sympathie V Unique

car Nietzsche

combat précisément

Philosophie de

et

sa propriété

les théories

H nconscient parce qu'elles

de

:

la

lui parais-

sent propres à fortifier cet égoïsme qui, selon Stirner,

mûr de l'humanité comme l'âge mûr de l'individu. A celte maturité égoïste, Nietzsche

caractérise

l'âge

oppose l'enthousiasme de

la

jeunesse.

11

serait bien

surprenant que Nietzsche, qui ne prend pas au sérieux la

«

de Hartmann, se soit décidé à cette étudier l'œuvre de Stirner où il eût trouvé des

parodie

date à

»

théories plus paradoxales encore à ses yeux que celles

de

la

Philosophie

de

En

VInconscient.

l'argument de Hartmann ne prouve pas

tout cas,

qu'il y ait

eu

influence directe de Stirner sur Nietzsche.

L'hypothèse

ment Joël'.

la

plus

celle qui a été 11

vraisemblable est évidem-

émise

par M.

comme Mackay,

le

nom

remarqué, de Stirner dans V Histoire du

Matérialisme de Lange. Nietzsche

beaucoup de 1.

Cf. Joël,

soin,

professeur

le

est probable que Nietzsche

comme

Philosophctwege.

en

lisait

a

ce livre avec

fait foi sa

correspon-

-

avec

daiice

le

-

12

baron de Gersdorff

Erwin

avec

et

Rohde. Le 16 février 1868, Nietzsche écrit, en effet, au baron de Gersdorff: « Ici, je suis obligé de te vanter encore une fois le mérite d'un homme dont je t'ai parlé déjà dans une lettre antérieure. Si tu as envie de bien connaître

contemporain, les

mouvement

le

matérialiste

avec

sciences naturelles

leurs

théories darwinistes, leurs systèmes cosmiques, leur chambre obscure si pleine de vie, etc., je ne vois

toujours rien de plus remarquable

à te

recommander

que VHistoire du Matérialisme, de Friedrich-Albert Lange (Iserlohn, 1866}, un livre qui donne infiniment plus que le titre ne promet, et qu'on peut regarder et parcourir toujours de nouveau comme un vrai trésor. Étant donnée la direction de tes études, je ne

nommer.

vois rien de meilleur à te

Je

me

suis fer-

mement proposé de faire la connaissance de cet homme, et je veux lui envoyer mon travail sur Démocrite,

en témoignage de

Lange ne consacre lignes

;

mais

il

ma à

faut croire

reconnaissance^

».

Stirner qu'une dizaine de

que ces lignes frappent

le

lecteur, puisqu'elles ont déterminé la conversion de J.-IL

Mackay, qui

est

devenu depuis le disciple

fanati-

y a d'ailleurs dans celte courte analyse un mot qui a dû fixer l'attention de Nietzsche:

que de

Stirner.

11

Lange déclare, en effet, que Stirner peut nous rappeler Schopenhauer.

«

L'homme

qui,

1. Friedrich Nietzsche, Gesaminelte Leipzig, Schusler et Lôffler.

dans Briefe,

la

I,

littérature 68.

Berlin

et

— allemande,

absolue

a

et la



13

j>rèché régoïsnio de

Max

plus l()oi(juo,

la

l'acoii

plus

la

Slinier, se Irouvc eu

opposition avec Feuerbach. Dans son fanieux (juvi'age \

Individu

et

sa propriété

{id>^ï^),

Max

Slirner

qu'à rejeter toute idée morale. Tout ce

manière quelconque,

comme

comme

soit

alla

(pii,

jus-

d'une

simple idée, soit

puissance extérieure, se place au-dessus de

l'individu et de son caprice, est rejeté par Stirner

comme une odieuse limilatioii du moi par lui-même. est dommage que ce livre, le plus exagéré que nous

Il

connaissions, n'ait pas été conqjlété par une deuxième

une parlie positive. Ce

partie, facile

([ue

travail eût

été plus

de trouver un complément positif

philosophie de Schelling

;

car,

pour

sortir

à

la

du Moi

mon tour, créer une espèce quelconque d'idéalisme, comme l'expression de ma volonté et de mon idée. En effet, Stirner donne la volonté une valeur telle qu'elle nous apparaît comme la force fondamentale de l'être humain. Il peut nous rappeler Schopcnhaucr. C'est ainsi que toute mélimité, je puis, à



daille a

son revers. Stirner n'a d'ailleurs pas exercé

une influence assez considérable pour que nous nous en occupions davantage'

».

Rapprochons ce texte des passages où Nietzsche nous parle de V Histoire du Matérialisme. En septend)re 18G6, le philosophe écrit au baron de Gersdorlf: l.

«

Ce que Schopenhauer

\.iu\ge. J/istuirc dit

est

pour nous,

c'est ce

Matérialisme, Irad. Pommerol, tome

II,

— Tique vient encore de me prouver avec précision un autre ouvrage excellent en son genre et très instructif, y Histoire du Matérialisme et critique de sa valeur pour Vépoque contemporaine, par F. -A. Lange,

Nous avons affaire ici à un kanlien et à un naturaliste extrêmement éclairé. Les trois propositions 1866.

suivantes résument sa conclusion » 1°

Le monde sensible

ganisation )^

2*

est le produit de notre or-

;

(corporels) ne sont,

Nos organes visibles

les autres parties



comme

du monde phénoménal, que les

images d'un objet inconnu »

:

;

Notre organisation réelle demeure pour cette

raison tout aussi inconnue de nous que les objets

extérieurs réels.

nous que »

le

Ainsi,

Nous n'avons constamment devant

produit des deux.

non seulement nous ne connaissons pas

la

vraie essence des choses, la chose en soi, mais en-

core ridée

même

de cette chose en soi n'est rien de

plus et rien de moins que

d'une antithèse relative

à

la

dernière conséquence

notre organisation, et dont

nous ne savons pas si elle a un sens quelconque en dehors de notre expérience. En conséquence. Lange estime

qu'on

doit

laisser

aux philosophes toute

liberté, à condition qu'en retour

ils

nous

édifient.

même dans le domaine des concepQui veut réfuter une phrase de Beethoven ou Tu reprocher une erreur à la Madone de Raphaël ?

L'art est libre, tions.



vois que,

même

en se plaçant

à

ce point de vue.

.





iiKMiio cil adiiicthnil la cril

-

i(|iic la

plus siriclc, noire

Schopenhauer nous reste; bien j)lus, on peut presque dire qu'il nous est encore davantage. Si la j)liilosopiiic csl un art, llayni' lui incme n'a plus qu'à se cacher devant Schopenhauer si la philosophie doit édifier, je ne connais, pour ma i)art, aucun philosophe qui édifie plus que notre Schopenhauer-. » On voit que Nietzsche a surtout retenu du livre de Lange cette idée que la philosophie est libre comme l'art; chacun a dès lors le droit d'admettre la métaphysique ({ui répond le mieux à ses sentiments; on peut être schopenhauérien comme on est wagnérien. Si donc il a été frappé par les quelques lignes que Lange consacre à Stirner, c'est sans doute parce que Lange a interprété les théories de Stirner dans un ;

sens favorable à sa thèse. Lange croit, en

eft'et,

que

Stirner veut effacer les limites qui bornaient jusqu'ici l'individualité,

pour laisser

à

chacun

choisir selon sa volonté un idéal tout idéal, qu'il soit choisi par

;

la

le

c'est là

droit

de

une erreur

:

volonté, proposé

par l'intelligence ou imposé par une puissance exté-

yeux de Stirner, qu'une idée fixe. Il est remarquable que Lange parle moins de la partie négative du système de Slirner (jue de la partie positive qu'il eût pu y ajouter; or, Slirner n'admet pas rieure, n'est, aux

de partie positive au sens où l'entend l'historien du 1 Il y a dans le texte Heyne mais, d'après l'index, c'est une faute d impression. Il s'agit de Rudolf Hayra, ancien professeur à Halle. ;

2.

.Nietzsche, Gesnnuuclti-

lir'wfe,

I,

o3.

— matérialisme. Lange



16

demande en

pour sortir du Moi

sitive «

qu'on en

sorte.

théorie de

la

spéculation

plaider

à

métaphysique;

sauver l'essence de éducative de

cation désintéressée dit

une partie po-

Stirner ne veut pas

Lange cherche, en soutenant une

connaissance,

la la

la

cause de

la

Stirner voit dans toute

métaphysique une sorte de vertu

efTet

», et

Lange essaie de

folie.

religion en insistant sur la foi

;

Stirner considère l'édu-

comme une

duperie.

Nolen dans son introduction

à la

Comme

l'a

traduction fran-

du Matérialisme « Nul n'a mieux compris que Lange qu'aflaiblir le sens de l'idéal,

çaise de V Histoire

c'est accroître celui

sément

:

de l'égoïsme

ce

que Stirner

tandis que

Lange veut

affaiblir

traire,

blir le

sens de

Nietzsche

a

;

or,

c'est préci-

avait compris, lui aussi; mais,

sens de l'idéal pour

fortifier le

celui de l'égoïsme,

pour accroître

»

le

Stirner veut, au con-

sens de l'égoïsme,

affai-

l'idéal.

donc vu sans doute,

à travers l'analyse

de Lange, un Stirner bien différent de ce qu'a été en réalité l'auteur de V Unique et sa propriété ; il a con-

œuvre comme une sorte d'introduction à la philosophie de Schopenhauer et c'est ce qui explique ce fait, paradoxal en apparence, que Nietzsche a parlé de Stirner dans sa première période, quand il était le disciple fervent de Schopenhauer; tandis qu'il n'en a plus parlé dans sa deuxième période, la période critique, où il était en un sens plus voisin sidéré cette

;

des idées de V Unique.

~ Il

y

a



17

dans les lettres crErwiii Rohde

Xielzsclie

à

un passage (jiii nous parait conUriner cette interprétation. Le 4 novenihre 1808, Rohde écrit à Nietzsche: u Tu dois sans doute nager cet hiver dans la musique je veux essayer autant que possihh^ (\cn faire car j'ai i)eau n'y rien autant dans notre Abdère ;

;

comprendre, cela

sert toujours à purifier l'àme de la

poussière des jours de travail et tout particulière-

ment

à

calmer

volonté

la

nous permettra pas

me

ne

risque

à

rétive.

Sans doute on ne

Hambourg de nous

Comme

philtre wagnérien. je

à

enivrer du

je ne suis (pTun profane,

approuver cette musique

me

dans

(jue

moi aussi, une mon for intérieur mais elle telle impression, que je crois me promener au clair de lune dans un jardin aux parfums magiques aucun ;

fait, à

;

son de

la réalité

vulgaire n'y pénètre.

Aussi est-ce

avec une indill'érence absolue que je vois les très

sages

que

MM.

S('haul, etc., démonli-er (juc celle

musi-

est malsaine, lascive et bien autre chose encore;

moi, elle

me

ravit,

juste, et cela

plus en plus

me la

selon ton expression qui est très D'ailleurs, je

suffit.

comprends de

sagesse du vieux sophiste

cpii,

mal-

gré toutes les objections des personnes saines de

son temps, affirmait

(pu;

l'homme était la mesure des que je te retournerai



choses. Le livre de Lange très

prochainement



me mon

pas peu contribué à

n'a

confirmer dans cette idée

:

il

m'a, au cours de

voyage, constamment maintenu dans

la

sphère des

idées élevées. Sans aucun doute, Lange a raison de



18



prendre si gravement au sérieux la découverte que nous devons à Kant du caractère subjectif des for-

mes de

la

perception

;

et

a

s'il

raisonnable que

parfaitement

une conception du monde qui

raison, n'est-il pas

chacun se choisisse

lui suffise, c'est-à-dire

qui donne satisfaction au besoin moral qui est à pro-

prement parler son essence ? » Or, une philosophie qui insiste sur le caractère profondément, âprement sérieux de l'objet qui nous demeure absolument inconnu, répond à mes tendances intimes, et c'est ainsi que j'ai eu beau me convaincre chaquejour davantage que toute spéculation n'était que fantaisie vaine; la doctrine de Schopenhauer a gardé pour moi tout son prix, ce qui d'autre part confirme le fait que la volonté, le r,Hoi est plus fort, plus primaire que lintelligence qui pèse froidement le pour et le conlre\ » Comme Rohde ajoute que son ami est cordiale-

ment d'accord avec nous avons les théories

le droit

lui

sur ces points importants,

de dire que Nietzsche a vu dans

exposées par Lange une justification de

sa sympathie instinctive pour la doctrine de Scho-

penhauer; toute

la

philosophie allemande de Kant

à

Stirner lui a paru donner une nouvelle force à deux

propositions qu'il avait toujours admises 1°

L'homme

est

qu'en leur qualité

savaient déjà par les sophistes grecs. 1.

:

mesure de toutes choses, ce d'hellénistes, Rohde et Nietzsche la

Fr. Nietzsche, Briefe,

II, 79.

— 2°

19



La volonté est antrrieurc

cl

supérieure

telligence, ce qui est évidenl poui- un

à Tiii-

disciple de

Schopeiiliauer. Bref,

il

ne semble pas que Slirner

sche une influence décisive

;

il

eu sur Nietz-

ait

a peut-être

contribué

temps Nietzsche dans le domaine de la niétaj)liysique de Schopenhauer il a été sans doute peu à peu oublié dans la suite. à retenir (|uelque

;

CHAPITRE

II

COMPARAISON ENTRE LES IDEES DE STIRNER ET LES IDEES DE NIETZSCHE DANS SA PREMIÈRE PERIODE.

^)

L'Unique

Slirner et Nietzsche insistent

caractère

unique

«

»

tous deux sur

le

même

de

de l'individu. Le

titre

l'ouvrage de Stirner montre que tout son système est fondé sur la singularité

du Moi. Toute sa polé-

mique contre riiumanisme de Bruno Bauer Feuerbach porte sur ce point. Bruno Bauer

avait,

dans sa brochure sur

l'atti-

tude des juifs

comme

et

la

Question juive, critiqué

et

de

des chrétiens qui tenaient, les uns

les autres, à leur religion particulière, à leurs

privilèges spéciaux.

Bruno Bauer

souhaitait que les

citoyens renonçassent à ces vaines distinctions et se

contentassent de

commune Or c'est il

dignité

tous et leur

d'homme

assure les

qui leur est

mêmes

droits.

selon Slirner, une idée absolument fausse:

ne s'agit pas, pour diminuer les occasions de con-

flit

entre

unique rences ils

là,

à

la

;

:

ne se

les

il

hommes, de

s'agit,

les

ramener

à

un type

au contraire, d'accentuer les diffé-

un chrétien se ressemblent trop battent que parce qu'ils ne sont pas d'ac-

un juif

et

;

cord sur

religion. Or,

la

comme

qualité

ta



chaque

comme absolument

considérer sin,

21

unicjue de

la lète

d'être unique,

liomiiic

aux pieds

devrait se

de son voi-

distinci

Tu

'.

commun

rien de

n'as,

en

avec un

autre, et tu n'as pas pour cette raison à te préoccuper si tes

ressemblances avec autrui

privilèges ou

si

on

te

te

confèrent des

refuse des droits

à

cause des

différences entre les autres et

toi.

commun

leur absolue inéga-

entre les

hommes que

Il

rien de

n'y a

pour reconnaître ce caractère commun de disparité, admettre une comparaison, Feuerbach avait, dans sa critique de la métaphylité

;

et

encore

faul-il,

sique de Hegel, op[)osé

la

sensation

réalité concrète à l'idée abstraite.

sensation

à la

derais pas le tirerais pas

est singulière. «Si je Hegel par exemple, je ne regar-

monde comme

le

je le regarde

système hégélien

2.

»

par exemple, est un jouet pour l'enfant,

dans

je n'en

:

la

le livre

Bible,

sacré

croyant, un texte pour l'exégète, un coquil-

lage sans valeur pour l'inca qui la jette

;

La relation de

tout sujet à l'objet est particulière au sujet

le

la

ma

comme ma pensée

n'étais pas tel ou tel,

pour

pensée,

Selon Stirner,

la

parce qu'il n'entend rien.

les objets ce qu'il

trouve des idées.

11

est

met à l'oreille et Chacun trouve

le philosophe y cherche y donc vain de tenter une défi-

nition objective des choses.

:

A

plus foite raison est-il

vain de vouloir définirl'w Unique». L'L'ni([ue est indéDer Einzige

1.

Stirner.

2.

Ibid., p. 398.

iind sein

Eigentum, pp. 2il-2i3.

finissable parce le

que

contenu du sujet

22

-

les prédicats les

:

ne sauraient épuiser

noms communs

n'ont pas

la

puissance d'étreindre Toriginalité. Le terme

même

d'unique est déjà une expression imparfaite

on ne

prétend pas plus te qualifier

:

désigner par ce mot qu'on n'entend

te

nom

en te donnant un

propre, Louis ou

Max».

De son

dans son

côté, Nietzsche déclare,

pestive » sur

Intem-

«

Schopenhauer considéré comme éduca-

que chaque individu n'esl qu'une fois au monde: jamais le hasard ne ramènera cette combinaison sinteur^

gulière d'éléments bariolés qui constituent ton Moi. Il

a fallu

dans

le

un temps

infini

pour

te faire naître

;

il

y a

monde un chemin unique que personne ne

peut suivre,

si

ce n'est loi

:

chaque

homme

est

un

miracle qui ne se produit qu'une fois^ Il

y

a

cependant des différences profondes d'une

part entre les sentiments qui ont

amené

les

deux

philosophes à insister sur cette idée, et d'autre part entre les conclusions qu'ils en tirent. Stirner tient

avant tout à l'indépendance paraît

une limite

un

et

:

toute

lien. Il a craint

définition

lui

qu'on ne prît

prétexte des ressemblances entre les individus pour les

grouper dans

la

même

servitude et qu'on n'éri-

geât les prédicats en devoirs impérieux. Isolé sur

une pointe inaccessible, de toute contrainte 1.

le sujet

sociale,

unique est

Stirner, Kleine Schriften, pp. 114-115.

2. Nielzsclie,

Werke.

I,

386-388.

à l'abri

morale ou religieuse.

-

-

23

Slirner est arrivé à celte conséquence extrême en partant des

idées de

Feiierbach.

entrepris, pour réagir contre

riiomine à se sacrifier

à

la

Feuerbacli avait

tendance qui pousse

Dieu, de réintégrer

dans

rhunianité l'essence qu'elle avait projetée au ciel

humains, l'amour

les prédicats

foujours sacrés à ses yeux

eux-mêmes, sans

Or

dant.

dans

;

mais

c'est là, selon Stirner, s'arrêter à

extérieure et supérieure à moi

ciel

à

mi-chemin

mes

prédicats conti-

divin a disparu du

spectre de l'humanité m'obsède encore

le

possède. Faisons donc un pas de plus

et

nité,

:

me dominer. Le fantôme

mais

;

me même

les vénérait pour un sujet transcenil

les attribuer à

voie de l'immanence: l'humanité est toujours

la

nuent

:

et la raison, étaient

qu'il n'y a pas

de

même

il

:

de

de Dieu en dehors de l'huma-

n'y a pas

d'Humanité en dehors de

comme l'auteur de V Essence du Homo homini Deiis ayons le cou-

moi. Ne disons pas, Christianisme

rage de dire

:

:

;

Ego mihi

mettre un terme

Deiis. C'est le seul

à l'aliénation

moyen de

qui m'a trop longtemps

appauvri et asservi. Le sujet qui pose l'objet en face

de

lui

devient

la

victime et l'esclave de cet objet,

qui n'est pourtant que son libre,

il

faut qu'il cesse

ment de soi-même, et se

qu'il

ombre

:

de consentir

reprenne eh

s'il

à ce

veut être

dédouble-

lui sa

créature

pose en maître unique, en créateur souverain.

L'Unique de Stirner montre à quelle conséquence extrême aboutit le panthéisme de la philosophie hégélienne on s'était efforcé d'abord de rattacher :

l'idée et le réel

;

on

24

conduit au nominalisnie.

a été

L'originalité de Stirner a consisté à tirer

argument

de ce nominalisme pour afTranchir l'individu de tout lien.

Nietzsche, au contraire, tient d'abord à l'originalité sincérité morale. C'est aux bour-

artistique et à la

geois allemands, aux philistins s'adresse,

quand

il

miracle unique. Chacun

cache

pourquoi

;

autres

la

?

et

aux pharisiens

qu'il

déclare que tout individu est un le

sait bien, dit-il,

mais

le

Par peur du voisin qui exige des

convention sous laquelle

il

se

dissimule

lui-même*. Mais qu'est-ce qui oblige à craindre le voisin, à penser et à agir comme le troupeau, au lieu

de se réjouir de soi

?

Pudeur peut-être chez quel-

ques-uns, rares d'ailleurs; paresse chez

la

plupart.

Les artistes seuls détestent ces manières empruntées; ils osent nous montrer comment l'homme est luimême dans chaque mouvement de ses muscles, bien plus,

comment

jusque dans les

cette

originalité,

détails,

lui

qui se manifeste

conserve cette beauté

neuve propre à toute œuvre de la nature. C'est la paresse qui donne aux hommes ordinaires ce caractère de banalité qu'ont toutes les marchandises fabriquées.

aux

hommes

sont personnellement responsables

de leur

Le philosophe, d'autre (ju'ils

existence singulière

1.

Nietzsclie,

JVerke,

I,

:

part, rappelle

seul dans sa barque sur

387.

la

mer

de

rhaquo individu doit

la vie,

ques

périls.

et

-

25

diriger à ses ris-

la

Les deux (kUicateurs

Nietzsche à mieux sentir

donnent atout individu

beauté

la

((ui

cl la

ont aidé

gravite que

sa nalurc singulière et

son

rôle uni<(ue sont \\'agneret Schopenhauer. Nietzsche

n'entend pas du tout afTranchir l'individu de toute loi;

il

veut seulement que

obéisse

à

son génie

et

l'artiste

suive sa

ou

le

philosophe

pro[)rc,

loi

pour

entrer dans l'ordre de ceux qui créent et maintien-

nent sur terre

la

civilisation.

Les

initiés seuls, les

héros sont, aux yeux de Nietzsche, vraiment uniques.

oppose singularité, non à humanité, comme l'avait fait Stirner, mais à vulgarité il voit dans le caractère unique, non un palladium intangii^Ie qui assure la Il

;

liberté,

mais un privilège de noblesse.

Stirner et Nietzsche font donc entrer

dans deux systèmes qui n'ont rien de

la même commun

en tirent des conclusions

différentes

théories sur l'éducation, sur

l'art,

idée :

ils

dans leurs

sur l'histoire de

la

civilisation et sur l'État.

h)

L'éducation

Stirner et Nietzsche ont tous deux

commencé par

s'occuper du problème de l'éducation. Cette coïnci-

dence

due sans doute au hasard, et il ne pour l'expliquer, de constater que les deux philosophes avaient tous deux suivi les cours des n'est pas

suffit pas,

-

26



Universités allemandes pour devenir professeurs'. est vrai

que

les questions

que constamment

Il

pédagogiques étaient presdu jour, au xix® siècle,

à l'ordre

Allemagne;

particulièrement en

Nietzsche étaient tous deux assez

mais «

Stirner

inacluels

»

et

pour

ne pas se laisser guider par les soucis de leurs contemporains.

S'ils

ont tous deux traité d'abord

blème de l'éducation,

me

était

primordial

raisons qui leur ont ce problème

et,

;

le

pro-

et,

yeux ce problèen comparant d'une part les

fait

attacher tant d'importance à

c'est qu'à leurs

d'autre part, les solutions qu'ils en

ont proposées, nous aurons une première donnée sur différence de leurs systèmes.

la

Stirner part de cette idée que nous

Nos œuvres valent

créateurs et non des créatures. ce que nous valons;

la

société a le

perfection que les individus qui

pourquoi qu'on

fait

il

des individus au la

môme

degré de

composent. C'est

la

se préoccupe avant

question scolaire est

la

sommes des

tout de savoir ce

moment de leur formation: plus importante des ques-

tions sociales ^ L'opinion de Stirner est, en

diamétralement opposée de

la

à celle

Gazette rhénane^ Karl

un sens,

de son collaborateur

Marx

:

tandis que l'au-

teur du Manifeste communiste croit que c'est

le

milieu

Stirner n'a enseigné que peu de temps dans une institution filles à Berlin. — Nietzsche, professeur de philologie à l'Université de Bâle, était chargé (en dehors de son cours) d'enseigner le grec dans un établissement secondaire de cette ville. 1.

déjeunes

2.

Stirner, Kleine

Schriften,

Das unwahre Princip unserer Er-

ziehung oder der Humanismus und der Realismus.

-

dôtennine

social qui

la

de VUnique estime que selon

27

-

valeur des individus, l'auteur la

qualité de la société varie

qualité des associés; mais en un autre sens

la

Stirner et Karl

Marx sont d'accord

:

questions

les

pratiques ou sociales sont à leurs yeux les plus importantes de toutes. Pour Nietzsche, au les questions pratiques il

contraire,

ou sociales sont secondaires

:

y a un idéal de civilisation désintéressée que l'hu-

manité doit s'efTorccr d'atteindre

;

l'essentiel est de

diriger l'éducation des individus de manière à rap-

procher l'humanité de cet idéal de

l'Etat et

défendre

comment

à la

période de sujétion

»

:

progrès de

Révolution française il

:

tres et des serviteurs,

neurs

le

la

pédago-

au progrès social. La période qui va de

lié

Réforme

permet-

de l'humanité.

Stirner montre

gie^st

moyen pour

civilisation contre la barbarie et

tre l'éducation

de

l'organisation

société ne doit être qu'un

la

la

;

la

veux une en présence des maîest à ses

y avait des puissants

aussi l'éducation était-elle

et

des

réservée

«

à

mila

un moyen de domination et un privilège de l'autorité. La Révolution française brisa cette organisation de servitude et permit à chacun d'être son propre maître par une classe des

«

majeurs

»

;

elle était

:

conséquence nécessaire, l'éducation dut devenir universelle. Le parti qui soutient l'ancienne éducation, l'éducation exclusive, est le parti des humanistes; le parti

qui soutient l'éducation nouvelle, l'éducation

universelle, est le parti des réalistes.

L'humanisme

-

-

28

continue à chercher ses modèles dans l'antiquité classique,

cher

la

comme

christianisme continue à cher-

le

vérité dans

la

Bible

;

l'humanisme maintient

une classe de savants, comme le christianisme mainune caste de clercs ainsi se perpétue le roma-

tient

:

nisme. Une éducation fondée sur

grec et

le

latin

le

ne peut être d'ailleurs qu'une éducation purement formelle

:

d'une part, en

citer l'antiquité

morte

et

efï'et,

ne peut ressus-

elle

depuis longtemps enterrée;

schèmes forme l'éducation des humasuffît à donner la supériorité nistes fut donc une éducation élégante, une éducation du goût, du sens de la forme. Le xviii^ siècle se souleva contre ce formalisme on ne pouvait reelle

de

ne peut conserver que les formes, de

la littérature et

l'art;

les

d'autre part,

la

:

:

connaître à tous les

hommes

des droits inaliénables

sans accorder à tous une éducation humaine.

Il

fallait

préparer dès l'école chaque citoyen à exercer sa part

de souveraineté.

ment

iNIais

l'éducation ne doit pas seule-

être universelle en ce sens qu'elle est accessi-

ble à tous

;

à l'antiquité

Selon Stirner,

nisme, parce

pédagogie clamés par

doit encore

elle

exclusivement

le

qu'il

réalisme est supérieur

applique dans

les principes la

de liberté

du passé,

Stirner, Kleine Schriften, pp. 13-li.

à

l'huma-

domaine de

le

Révolution française

lieu d'élreindre l'ombre

1.

cesser de s'en tenir

gréco-romaine.

et d'égalité ',

il

et

la

pro-

parce qu'au

s'efforce

d'em-

— brasser nu',

le présent.

sens de

beauté

la

toute matière à la

La victoire est assurée au de l'adresse,

et

soumet

((ui

forme. .Mais, tout en reconnaissant

la

supériorité du réalisme, Stirnor ne se rallie pas

sans réserve à cette doctrine pédagogique.

11

n'admet

pas le dédain que les réalistes affectent pour

Les philosoj)lies, en

loso[)hie.

réalisé Tidéal de leur temps,

de conscience la

réalis-

ojiiprnnter à son adversaire l'hunianis-

s'il sait

nie, le

-

29

pensée

;

ils

», et ils

sera assurée

la

sont les

Rapliaéls de

«

ne sera plus

hommes

du

la

la

et

période de

Il

le

L'éducation doit

réellement libres, qui sauront la

libérer de tout joug

de toute autorité pour en révéler

veté retrouvée.

mieux

science qui sera

savoir.

découvrir leur personnalité, et

le

de pensée

ont préparé Tère nouvelle, celle où

but, mais la volonté née

étranger

ont

phi-

liberté véritable, la liberté de la vo-

lonté. Bientôt ce

former des

effet,

liberté

la

la

faut s'élever au-dessus

du

la

naï-

conflit

de l'humanisme et du réalisme, du culte de la forme et du culte de la matière, du dandisme et de l'industrialisme; fait

il

faut

tes et tes'.

ménagerie des humanisla ménagerie des réalis-

des citoyens utiles de

Une

s'agit plus d'exiger la

fortifier Tesprit

l'homme

d'opposition

est de s'afllrmer

mer des hommes 1.

renoncer au double dressage qui

sortir des savants de la

;

le

soumission, mais de plus haut devoir de

soi-même.

Au

lieu

de

for-

qui agissent et pensent d'après des

Sliruer, Kleine Scliriftcn, p. 23.

— maximes,

leur principe en liberté.

Il

faut

hommes

former des

faut

il

30

eux-mêmes

que Faction

la légalité n'est

:

soient entraînés dans un perpétuel :

pas

la

pensée des hommes

et la

rajeunissent à chaque instant

qui trouvent

mouvement

la fidélité

et

aux convic-

tions produit sans doute des caractères inébranlables;

mais

des idoles ne vaut pas l'ondoyante éter-

la fixité

nité de la création continue de soi.

Pour désigner

pédagogie nouvelle, Stirner se servirait volondu mot « moralisme », s'il ne craignait une équivoque on pourrait croire, en effet, qu'il veut inculquer une doctrine morale,tandis qu'il est opposé atout dogmatisme. Il se résigne donc au terme de « percette

tiers

:

sonnalisme

».

Tandis que Stirner met

le

réalisme au-dessus de

l'humanisme, Nietzsche prend nettement parti pour l'éducation classique.

gue de profession

;

il

11

n'est pas

seulement philolo-

considère que les adversaires

de l'hellénisme sont des barbares. Dans sa conféde Bâle\ il déclare suspendue sur la tête de tous ceux qui perdent de vue la simplicité ineffable et la noble dignité de l'hellénisme » aucun pro-

rence d'ouverture

que

«

à l'Université

l'épée de la barbarie est

;

grès, si brillant soit-il,

des arts

et

de l'industrie,

aucun programme scolaire, si moderne (zeitgemilss) soit-il, aucune éducation politique de la masse, si répandue soit-elle, ne saurait nous préserver de la 1.

1869,

Nietzsche,

Homère

Nachgelassene

Werke, IX. Antrittsrede, 28 mai

et la philologie classique.



31



nous conimellons des erreurs de barbares (skythisch^, nous serons anéantis parla tête de Gorgone de la terrible beauté malédiction

:

si

goût ridicules

et

classique'. Selon Nietzsche, nir une piiilosophie

:

la

philologie doit deve-

pînlosopliia

fada

est (juœ pJii-

lologia fuit\ l'hellénisme a pour lui la valeur saints

ont

pour

les

catholiques-; ce qu'il

que

les

espère

du nouvel Empire allemand et de Richard Wagner, c'est la résurrection de la Grèce et du drame grec :

Bayreuth doit être

Dans

les

la

nouvelle Athènes.

conférences sur V Avenir de nos établisse-

ments d'éducation,

qu'il

fit

à Bâle au

Nietzsche se montre partisan de

la

début de 1872^,

culture exclusive,

que le réalisme avait, selon Stirner, justement condamnée. Il admet que le nombre des hommes cultivés est forcément très faible*; il y a à peine un

homme

sur mille qui soit autorisé à écrire

;

tous les

autres méritent pour chaque ligne un rire homérique.

L'éducation formelle devrait donner des habitudes sérieuses et inexorables sonnalité, c'est l'anarchie

;

;

laisser faire la libre per-

donner carrière

à

la

barbarie et à

l'éducation est avant tout une discipline

rigoureuse \ Pour habituer les élèves

à

respecter

la

langue, on ne saurait trop leur proposer l'exemple

1.

Ibid., IX, 3.

2. Ibid.,

IX, 34.

3. Ibid.,

IX, 217-3'i9.

4.

Ibid., IX, 240.

5.

Ibid., IX, 263.





32

des écrivains classiques; pour préparer

de l'esprit allemand sur poraine,

il

fausse civilisation contem-

la

refaire

faut

le

pèlerinage

Schiller et (joetlie et retourner

à la

que

qu'ont

fait

patrie grecque,

terre sainte de toute vraie civilisation faut pas se dissimuler

triomphe

le

le salut est

mais

;

il

ne

réservé à un

nombre d'élus. Nietzsche admet comme Stirner que l'humanisme est une doctrine aristocratique petit

;

mais, tandis que

Stirner reprochait à

ce système

d'éducation de maintenir les citoyens dans tion, Nietzsche

estime

est nécessaire

qu'il

pecter l'ordre sacré qui soumet teurs obéissants

à

la

royauté

sujé-

la

de

res-

masse des servidu génie*. Parler

la

d'éducation démocratique,

c'est vouloir plus ou moins consciemment préparer les saturnales de la barbarie. Pour apprécier le degré d'éducation d'un peuple, la juste postérité ne tiendra compte que des grands hommes la masse constitue en dormant la :

réserve de santé et de force nécessaire

ment du génie. s'accuser

la

Ainsi, dès le

à l'enfante-

début, nous voyons

différence fondamentale qui

sépare

le

système de Nietzsche de celui de Stirner. Stirner est partisan de

sonnalités

;

la libre

manifestation de toutes les per-

Nietzsche tient

cratique. Stirner considère

à

un progrès sur l'humanisme lisme supérieur

1. liid.,

IX, 277.

;

une discipline

que et

le

aristo-

réalisme marque

veut fonder un réa-

Nietzsche, tout en blâmant l'édu-





X\

gymnases allemands, véritable humanisme il estime

cation pseudo-classique des

cherche

à

que dans

restaurer le

:

gréco-romaine

l'antiquité

est réalisé l'im-

péiatir catégorique de toute civilisation

La philosophie

c)

'.

Idrt

el

Les théories pédagogiques des deux philosophes sont liées à leurs idées sur les rapports de

sophie et de

Stirner, disciple de Hegel,

religion

la

philo-

l'art.

comme

considère

Tart et

des formes imparfaites de

hi

la

philo-

sophie. L'art réalise dans un corps extérieur l'idéal

de

Ihomme,

projette au dehors les aspirations et

il

en

crée ainsi,

les désirs, et

Hegel

l'objet qu'adore la religion-.

de considérer il

l'art

comme

déih)ul)lant a

l'homme,

doue eu raison

antérieur à

la

reliuion

ne su Mit pas de dire que ce sont les poètes

Homère

Hésiode

et

(|ui

ont

artiste.

Mais

l'art (jui

religion en hâte aussi

permet

comme

aux Grecs leurs

fait

dieux; pour fonder une religion quelconque,

un

:

la

il

naissance

faut

de

la

mort. L'art, en effet, après nous adorons à genoux, ne revendiquer son bien, à le ramener de la

avoir créé l'objet que tarde pas à

l'au-delà où

détruire

la

même

religion voudrait

pour

faiie place à

velles. Ainsi la religion vit 1. Ihid.,

le

maintenir, à le

des créations nou-

en nous enchaînant

à

IX, 327.

2, Stiraer,

Kleine Schriflcn, Kuiisl

and Religion, pp. 36-37. 3

un

— objet

l'art

;



crée et détruit les objets que nous ado-

rons successivement l'art

34

la

;

philosophie se distingue de

comme

de la religion en ce qu'elle ruine tout La liberté est son élément. Pour le philosophe,

objet.

Dieu est aussi indifférent qu'une pierre \ Tandis que Slirner, disciple de Hegel, met qui crée Tobjet au-dessous de

triomphe du

le

penhauer

la

l'art

philosophie qui est

sujet, Nietzsche,

disciple de Scho-

ami de Richard Wagner, considère que proprement métaphysique de l'homestime que la seule théodicée possible est la et

l'art est l'activité

me.

Il

doctrine

qui justifie

le

comme un phénomène qu'il la

fit

en 1886 de sa

Naissance de

monde en

la Tragédie

comme tion.

artiste qui

comme dans

truction

dans

le

la

esthétique

cherche dans

destruction,

:

dans

elle

cons-

la

bien

le

mal, une consolation et une rédemp-

Nietzsche se garde bien de reprocher à Fart,

comme

Ta

fait

Stirner, son souci de l'objet

au contraire que

il

estime

c'est le caractère objectif qui

donne

à l'art sa supériorité. L'esthétique

de croire que l'antiquité

ait

le

Un

en

effet

1. Stirnei-,

moderne

a

eu

tort

même pied l'artiste

chiloque et Homère, mettre sur l'artiste

:

voulu, en opposant Ar-

subjectif et n'est

considérant

n'admet qu'une interpré-

tation des choses, l'interprétation

suppose un Dieu

le

Dans la critique première œuvre, il déclare que esthétique.

ojjjectif.

artiste

qu'un méchant artiste

Kleine Schriften, p. 45.

;

subjectif

l'art est

avant

-

35



une victoire sur rélémeiit subjeclif, une rédemption (lu moi qui impose silence à toute volonté tout

désir individuel. Nietzsche est peisuadé que

et à tout

(ontemplation désintéressée estla condition

la

de

l'art

:

aussi considère-til

même

comme un prohlème

l'existence de cet art lyrique qui

permet au poète de

parler sans cesse de son moi et de chanter ses pas-

sions ou ses appétits. Il n'admet pas l'explication que donne de cette difliculté son maître, Schopcnhauer, dans le Monde comme volonté et comme repré-

Schopenhauer

sentation, précisément parce (jue

fait

des concessions au sujet égoïste, qui ne doit être considéré, selon l'auteur de

la

Naissance de la tra-

que comme l'adversaire de

gédie,

essaie de rectifier sur

ce

point

Nietzsche

l'art.

la

de son

théorie

maître, en s'inspirant do sa métaphysique do

sique

:

il

suppose donc que

le

mu-

génie lyrique s'oublie

lui-même dans une ivresse dionysiaque, l

la

oii

il

com-

munie avec l'essence une des choses'. Ainsi, tandis que Stirner tend à assurer le triomphe du sujet sur l'objet,

Nietzsche voudrait absorber dans l'objet

sujet borné. Stirner est un esprit est

un

"^

(

;

Nietzsche

artiste.

d) Histoire

Humaniste

et

de la civilisation

artiste,

grand

Grèce, Nietzsche ne saurait avoir 1.

riticjue

le

Nietzsctie, Werke,

I,

39-i5.

admirateur la

môme

de

la

philoso-



36



phie de Thisloire que Slirner, esprit critique, partisan de

la

Révolution française

des idées mo-

et

dernes.

comme

gauche hégélienne, voit dans l'histoire un progrès continu. Les âges de l'humanité correspondent aux âges de l'individu. De même que chacun de nous, l'humanité a eu son enStirner,

toute

la

fance; elle est encore dans sa jeunesse, mais touche à

mûr. Ceux que nous appelons

l'âge

devraient s'appeler les enfants

que

les

de

les anciens

même

en

eft'et

enfants tiennent aux objets qui les entou-

rent, à leurs jouels

anciens

:

ou

respectaient

les anciens, dit

On

nature et

Feuerbach,

le

même

de

à leurs parents,

la

la famille.

monde

«

les

Pour

une vé-

était

mieux la portée de cette proposition, si l'on songe que les chrétiens ne voyaient que vanité dans ce monde éphémère. Les anciens étaient patriotes, tandis que le chrétien doit se considérer comme un étranger sur terre Antigone mettait aurité. »

saisira

;

dessus de toutes les autres obligations les

morts enterrer

les

chaîné par les liens de

morts la

»

et

famille.

devoir sa-

le

cré d'enterrer les morts; le chrétien dit

«

:

Laisse

ne se sent pas en-

Hy

a

donc oppomais le

sition entre l'antiquité et le christianisme;

christianisme a été préparé au sein

même

quité parles sophistes qui ont fondé

la

de

l'anti-

dialectique,

par Socrate qui a fondé l'éthique et par les sceptiques. Le travail gigantesque des anciens a eu pour résultat de

dégager l'homme de tous

les liens natu-

— ce qui

rels,

de

lui

a

j)crmis

qui est en

l'esprit

Tesprit, c'est

être

37

lui.

de prendre

conscience

Or, avoir conscience de

chrétien. La sagesse

aniique a

expiré en donnant naissance au Dieu chrétien,

triomphe du monde. Mais aussitôt nouvelle lutte sus de

de

la

l'esprit

:

après avoir réussi

nature, on chercha ;

s'est

(jui

engagée une

à s'élever

au-des-

à

s'élever au-dessus

et les insurrections

ihéologiques com-

mencèrent, qui durent encore aujourd'hui. La dernière de ces insurrections est

tentative qu'a laite

la

Feuerbach pour réintégrer en nous Dieu, l'esprit, notre essence mais que l'esprit soit hors de nous ;

ou en nous,

continue à nous dominer, La troisiè-

il

me période de l'hunianilé, l'âge mûr, commencera quand nous aurons l'audace de nous élever au-desj

sus de

l'esprit,

comme

les chrétiens

se sont élevés

au-dessus du monde. L'enfant est l'esclave des objets

mûr

;

le

jeune

homme

se sacrifie à l'idée

est égoïste. L'antiquité respectait la nature

christianisme vénérait l'esprit; l'âge nité

l'homme

;

ne connaîtra plus

mûr de

1

;

le

huma-

ni idole ni Dieu'.

Nietzsche expose avec

la

même

assurance une phi-

losophie de l'histoire tout aussi simple, mais bien difle rente. il

trouve

Au

(ju'il

gne du terrain hit tout.

Dans

lieu

d'admettre un progrès continu,

y a des périodes où et

des périodes où

l'antiquité

la la

civilisation ga-

barbarie enva-

grecque elle-même,

1. Slirnor, der Einzige iiitd sein Eigentum, les schenlehen et die Alten, p. ex. p. 25.

cliap.

la

/:(//

dé-

Men-

— cadence

a

commencé

L'histoire du

38

-

avec

Socrate

christianisme tout

l'histoire d'une

et

Euripide.

entière n'est que

longue décadence. Le dernier grand

événement est la tentative d'Alexandre pour conle monde, Alexandre a orientalisé l'hellénisme. Les deux facteurs dont le jeu détermine le rythme de l'histoire universelle sont l'hellénisme et l'orientalisme. Le christianisme est un « fragment d'antiquité orientale ». Depuis que l'influence de ;

quérir

cette religion barbare diminue, la civilisation grec11 y a par exemple entre Kant et les Schopenhauer et Empédocle, Richard Wagner et Eschyle, si peu de dislance et de si grandes affinités que nous ne pouvons les comparer sans être frappés du caractère relatif qu'ont toutes les notions de temps; la science contemporaine aussi nous fait songer à la période alexandrine. La terre, qui n'a que trop subi jusqu'ici l'influence orientale, parait désirer de nouveau les bienfaits de la civilisation hellénique. Nous sommes donc dans la période

que

renaît.

Eléales

de

,

contre

réaction

Wagner

est

de renouer xAinsi l'efl'ort

té,

un des le

mouvement d'Alexandre

anti- Alexandre qui

nœud

tandis

le

gordien'.

que Stirner admire dans

l'histoire

continu qui entraîne l'humanité vers

la

liber-

Nietzsche se contente d'espérer que parfois, à

des intervalles très éloignés,

pourra triompher de 1.

:

entreprennent

Nietzsche, Werke,

I,

la

la

civilisation

barbarie orientale.

515-516.

grecque

c)

39



L'Etal

Aussi, tandis ((ue Stirner oppose à

l'ctal

clirclien

patriarcal qu'on essayait de r oinfonir en

«'I

les principes

souhaite

la

de

la

Rëvolutic;.

reslauratio.

dorien et cherche

Prusse

Nietzsche d'un état analogue à l'état

à réaliser

,aise,

l'organisation aristocra-

tique rêvée par Platon.

Entre

IS'iO et 1848, les

maient

le

messes

faites au

libéraux allemands som-

gouvernement prussien de tenir les protemps des guerres contre la Révo-

lution et l'Empire, et d'accorder au peuple la liberté et l'égalité, dont le baron de Slein avait parlé dans son message. Stirner prit prétexte de ce débat pour comparer le sens que donnaient à ces termes les ministres prussiens et la définition qu'en avaient don-

née

les révolutionnaires français'. Stein a voulu sup-

primer les différents ordres et fortifier le pouvoir cenlial en ruinant les dominations féodales il n'y :

aura plus de police privée ni de juridiction patrimoniale

;

le roi

seul aura sous ses ordres les agents de

sûreté publi({ue et les juges.

Tous seront donc égaux en ce sens que personne ne dépendra plus de son voisin les privilèges de naissance seront abolis, et ceux qui exerceront le pouvoir ne l'exerceront la

;

comme une délégation du monarque cpii nommés aux postes qu'ils occupent. Or il est

plus que les a 1.

Stirner, Klcine Schriften,

pp. 67-81.

EUvas

Vorlaii/ige ioin I.iebcstaat,



40

-

impossible, dit Stirner, dé confondre cette égalité

dans

de

servitude sous Taulorilé

la

la

monarchie

prussienne avec Tégalité qu'a proclamée la Révoluil y a loin de l'égalité des sujets à tion française :

des citoyens libres. Tandis qu'en Prusse

l'égalité

la

représentation nationale exprime respectueusement les

vœux des

en France les citoyens libres

sujets,

dictent par la voix de leurs représentants leurs volontés.



Stein a promis d'autre part à chacun le

droit de « développer librement ses forces en leur donnant une direction morale. » 11 est évident que par ce mot « direction morale » Stein a entendu interdire la

spontanéité, l'autonomie et

vous

aimez Dieu,

faites votre devoir, c'est-à-dire si

vous

il

«

La Révolution frandéclaré que la liberté des ci-,

le roi et la patrie. »

une liberté souveraine.

était

Nietzsche se garde bien de réclamer,

comme

Stirner, la liberté et l'égalité des citoyens. il

la

êtes

çaise au contraire a

toyens

souveraineté de

Vous

volonté individuelle; libres, si

la

a voulu dire:

essaie de montrer

la

le fait

Dès 1871,

nécessité de l'esclavage

'.

S'il

suprême de la nature, nous sommes forcés d'admettre que c'est l'organisaest vrai

que

le

génie est

tion de la société

ce but. La

s'épanouir

la fin

grecque qui

merveilleuse fleur si

elle

a

de

permis d'atteindre l'art

grec n'eût pu

n'avait été protégée.

Reconnais-

sons donc, malgré l'horreur que nous inspire toute

1.

Nietzsclie,

Nachgelassenc Werke, IX, 93-101.

- u vérité profonde, (|uo

de

les bienlails

civilisation

la

sont réservés à une minorité infime de mortels élus, tandis (jue l\'noijne niasse est faite pour l'esclavage.

Nous parlons aujourd'hui de

comme

si le travail (|ui

la

dignité du travail,

peipélue une existence mi-

misérable aussi! Admirons-nous

séi'able n'était pas

désespéré que font les plantes rabougries pour prendre racine dans le sol dénudé et pierreux? Aujourd'hui chaque individu prétend cire un cenl'effort

taure, à les

la fois

et artiste;

chez les Grecs, où

fonctions étaient séparées, on avouait franche-

ment que que

ouvrier

une honte. Malheureux temps Malheureux sénôtre, où l'esclave fait la loi

le

le travail est

!

ducteurs qui avez détruit l'innocence de l'esclave en lui faisant

sance

!

goûter

de l'arbre de

le fruit

Aujourd'hui, pour rendre

on est forcé d'avoir recours parle de

à

la

vie supportable,

des mensonges

comme

droits naturels,

si

d'être cruels

:

il

n'y a

de Proinéthée

!

Il

le

vautour

faut accroître

le

que trop

la

courage

ronge

([ui

encore

la

des malheureux pour permettre à un petit

d'Olympiens d'être des

ne

pas de civilisation possible

sans esclavage. Le voilà, foie

on

une iné-

et

hommes. Ayons

:

droit

tout

supposait pas déjà une certaine hauteur galité de niveau entre les

connais-

la

artistes.

le

misère

nombre

On ne comprend

haine que les communistes, les socialis-

tes, et la pâle race

des libéraux ont vouée

l'antiquité classique. Parfois,

comme aux

à l'art et à

origines du

christianisme, l'instinct des iconoclastes l'emporte;

_ un

de

cri

delle

le

;

pitié fait

42

~

tomber

les murailles

de

la cita-

sentiment de justice exalte les misérables

et exige le partage

des souffrances humaines

:

Tarc-

en-ciel de l'amour et de la paix ap|)araît aux mortels. Mais bientôt la loi inexorable de toute vie impose de

\

nouveau la cruauté nécessaire. La civilisation ressemble à un vainqueur dégouttant de sang, qui traîne derrière son char les vaincus et les captifs,

L'État n'a pas d'autre mission que celle d'assurer la

sanglante victoire de

11

ne doit sa naissance qu'à

conquérants,

et n'a

la civilisation la

j

violence brutale des

pas en bii-même sa raison d'être;

l'enthousiasme qu'il inspire n'a

aristocratique.

que l'avantage de

faire

à

ses naïfs adorateurs

oublier un instant à

la

masse les misères de sa basse condition. L'Etat est un abri qui permet l'éclosion du génie. L'Etat grec donnait aux favorisait la naissance de l'artiste, spectateurs

l'éducation nécessaire,

organisait

ait

les

Pour que l'artiste puisse naître, une classe dispensée du travail servile; pour que

fêtes.

il

l'œuvre d'art puisse naître,

gée par

que de

la la

il

faut qu'il y

faut qu'elle soit proté-

vertu magique de l'Etat. L'histoire politi-

Grèce

nes barbares

:

n'est

qu'une suite continue de scè-

mais ce qui

jutstifie

cete longue et

terrible Iliade, c'est la beauté d'Hélène.

Nietzsche s'emporte contre les libéraux et les optimiste luttes

modernes qui veulent mettre un terme aux les idées du xviii" héroïques il condamne :

siècle et de la Révolution française, qui sont selon

lui

-

43

absolument coulraires au <^énie gcnnaniquo et de Tabsencc de tout cspril mrlaphysi-

Icinoifjfncnt

quc chez voit dans

adeples de cette théorie loinaiic

les

les efl'orls

manifestation de

la

des partisans de

peur

paix

la

et l'influence

du

II

ne

(iiio la

capital

;

il

Tare entonne un péan en l'honneur de la guerre mais Apollon n'en est d'argent a un son terrible pas moins un Dieu purificateur. La guerre est pour :

;

une nécessité; l'armée est le type de l'Etat car masse chaotique y est organisée en pyramide sous la domination des castes par une constitution

l'Etat

;

la

analogue

à

guerrier n'est taire.

11

que Lycurgue donna à Sparte; le qu'un outil au service du génie mili-

celle

suffit

de généraliser

prendre que l'homme

n'a

le

problème pour com-

de valeur, de dignité ou

de droit qu'en sa qualité d'instrument conscient ou inconscient du génie. L'Etat parfait de Platon mérite à cet égrard

de rester notre

idéal.

Tandis que Stirner avait jugé TEtat, comme il avait apprécié l'éducation, en s'inspirant des principes de la

Révolution française, Nietzsche, humaniste con-

vaincu, ne s'est pas contenté d'admirer

Grèce que,

:

il

a souhaité la

comme

si l'on

Christianisme,

la

Renaissance de

l'art

la

cité

de

pouvait effacer de l'histoire

Réforme

et la

Révolution.

la

antile

CHAPITRE

III

COMPARAISON ENTRE LES IDEES DE STIRNER ET LES IDÉES DE NIETZSCHE DANS SA DEUXIÈME PERIODE

Dans

sa

deuxième période,

celle

de ses éducateurs, Schopenhauer

et



il

s'affranchit

Richard ^Yagner,

pour se rapprocher du positivisme, Nieîzsche parait plus voisin de Slirner. Les deux philosophes affirment

en

effet

morale,

l'égoïsme et

la liberté

le droit et l'Etat.

exactement ce que

les

ils

;

Mais

nient tous deux

la

importe de définir

il

deux philosophes enten-dent

par ces affirmations et ces négations.

a)

Slirner il

dit

donne de Tégoïsme deux

que tout acte

là qu'il

y son acte.

L'égoïsme

a toujours

Même

est égoïste,

un

il

définitions.

Quand

entend d'abord par

lien entre le sujet qui agit et

ceux qui se sacrifient pour une idée

chacun n'agit donc à vrai dire que pour l'amour de soi. Toutefois cet égoïsme est le plus souvent inconscient l'homme ne cherche se sacrifient pour leur idée

;

:

jamais que son bien, mais supérieurs;

il

il

croit servir des êtres

s'imagine qu'il se sacrifie absolument,

sans s'apercevoir que le sacrifice

même

n'est

qu'une

— satisfaction dr l'ôgoïsme



45

Stiiner appelle pour celle

:

raison l'hoiimie un égoïste involontaire.

En

insistant

sur cette première définition de l'égoïsme, Stirncr a sinlout l'intention d'affranchir riiomtne des illusions religieuses,

l'ourquoi, deinande-t-il, vous souciez-

vous des commandements de Dieu uniquement, je suppose, pour faire non, c'est pour l'amour de

Ce

?

n'est pas

Dieu

plaisir à

vous-même

;

c'est

pour

;

le

salut de votre âme. Ayez donc le courage d'être franchement égoïstes. Sur ce point, les théories de

Stirner sont très voisines de celles que Feuerbach a

longuement développées dans ses Conférences sur l'essence de la religion.

Cette i)remière définition que donne Stirner de l'égoïsme se retrouve aussi chez Nietzsche. Nietzsche par exemple

dit

son sujet

pour le

à

:

Un bon

«

cœur, souhaite

même

sujet et

a

réellement

vienne quelqu'un

développant plus distinclejuent en répondant intégralement à la

le

fille

qui aime désire trouver

de celui qu'elle aime l'occasion de

l'infidélité

prouver sa sur

qu'il

l'anéantir en

question posée. La jeune

dans

auteur qui

fidélité

champ de

dévouée

bataille

;

le soldat désire

tomber

pour sa patrie; car dans

la

victoire de sa patrie triomphe aussi son désir suprême.

La mère donne

même,

le

à l'enfant ce qu'elle se refuse à elle-

sommeil,

la

meilleure nourriture

;

dans

certains cas, elle sacrifie sa santé et sa fortune. Mais y a-t-il dans tout cela désintéressement?... N'est-il pas clair

que dans chacun de ces quatre cas Tliomme





46

préfère tel fragment de lui-même, pensée, désir ou

œuvre,

même

à tel autre, qu'il se divise

et sacrifie

une

partie à l'autre

fond une conduite analogue qui dit

«

:

par conséquent lui-

Je préfère ôlre

?

N'est-ce pas au

que

à celle

fusillé

tient l'entêté

que de

plutôt

m'écarter d'un pas devant cet individu

» ?

L'inclina-

tion (désir, instinct, aspiration), existe dans tous les

cas

cités

céder

;

à

inclination, en acceptant

cette

toutes les conséquences, n'est pas en tout cas faire

preuve de désintéressement'. Nietzsche dit encore propos du désir de rédemption chez les chrétiens «

à :

Un être capable d'actions absolument désintéressées un

est

même

être plus fabuleux

»

Jamais un et

cette raison

que

ne résiste pas

homme

phénix

ne saurait

quand ce ne

serait

une analyse rigoureuse.

exclusivement pour autrui

comment

;

il

;

l'idée « d'action désinté-

à

n'a agi

sans motif personnel

faire

le

être distinctement conçu,

que pour ressée

que

pourrait-il

même

quelque chose qui n'aurait aucun rapport

à lui,

sans obéir par conséquent à une impulsion intérieure (qui

supposerait un

])esoin

l'ego pourrait-il agir sans

ressemble bien

à celle

personnel);

ego

?

»

de Stirner

comment

L'argumentation

^

;

mais l'intention

est différente. Stirner veut prêcher l'égoïsme consil s'efforce donc de montrer que tout acte est inconsciemment égoïste. Nietzsche, dans sa deuxième

cient

;

période, cherche surtout

à

réfuter

la

1. Nietzsclie,

Menschliches Allzumenschliches

2. Nietzsclie,

Menscldiches-Allzumenschliches,

,

morale II,

78-79.

II,

137.

et la

-

47

-

métaphysique; il veut prouver contre Scliopenhauer que les actes désintéressés ne sont pas (les miracles, des actes à la fois impossihles et

théologie

réels;

il

veut montrer qu'il faut renoncer

;i

llioo-

la

logie apologétique (pii, depuis Schleierniachcr, se préoccupe plus de conserver la religion chrétienne que d'exjjlicjuer les phénomènes religieux; il essaie

donc d'analyser ce qui se passe dans l'àme des chrépour trouver une interprétation dégagée de

tiens,

toute représentation mythologique. C'est en psycho-

que Nietzsche étudie dans cette deuxième période l'égoïsme, et c'est dans les œuvres des psychologues qu'il faut chercher Forigine de ses logue

théories.

Nietzsche lui-même cite Lichtenberg foucauld. sentir

« 11

nous

pour autrui

et

La lloche-

est impossible, dit Lichtenberg, de

comme on a coutume

de dire

;

ne sentons que pour nous. La phrase paraît dure

nous ;

elle

ne

l'est

On

n'aime ni père, ni mère, ni femme, ni enfant, mais

les

pourtant pas, pourvu qu'on l'entende bien.

sentiments agréables qu'ils nous causent.

Rochefoucauld

dit

de son côté:

« Si

on

croit

La

»

aimer sa

maîtresse pour l'amour d'elle, on est bien trompé

Mais l'influence qui décisive

est

a

».

agi sur Nietzsche d'une manière

évidemment

celle

de son ami Réc.

L'auteur de l'Origine des sentiments

moraux

a

fait

connaître au philosophe allemand les théories anglaises sur

la

généalogie du bien

et

dw mal. Nietzsche

a

sans doute déclaré qu'il n'y avait pas une phrase de Rée

^

48



qu'il eût signée sans réserve, et

presque jamais d'accord avec

il

les

précisément un des

est vrai qu'il n'est

Anglais

mais on

;

du caractère de Nietzsche ses adversaires ont beaucoup plus d'influence sur lui que les philosophes qui soutienretrouve



traits

:

nent des théories analogues aux siennes. jours contre quelqu'un.

Il

sans attaquer Socrate

de

la

généalogie du bien

glais

;

mais

de

timents'».

Il

faire la

oppose

phie historique,

Grèce n'étudie guère

même,

il

et

deuxième période;

rattache dans sa

écrit toula

du mal sans réfuter malgré tout à leur école

c'est

comme eux

;

11

ne parle guère de

«

il

les

An-

qu'il se

se propose

chimie des idées

et

des sen-

métaphysique

la

philoso-

à la

plus jeune de toutes les méthodes

la

philosophiques, qu'on ne peut plus séparer aujourd'hui des sciences naturelles.

Pour

une règle d'action un objet de science. Quand, par exception, Nietzsche conseille de se préoccuper d'abord de l'intérêt personnel, les raisons qu'il en donne n'ont absolument rien de commun avec les arguments de Stirner, Tandis que Stirner, en effet, estime que tout souci de l'intérêt général est une duperie, Nietzsche considère comme prouvé Stirner, l'égoïsme est

pour Nietzsche,

il

;

est avant tout



et

il

est bien diOicile de

l'école anglaise l'intérêt

1.

ne pas voir

— qu'il y

personnel

a

ici

l'influence de

harmonie préétablie entre général, de sorte que

et l'intérêt

Nietzsche, Menschliches Allzumenschliches, II, 17.

— précisément

c'est

sonnelle

roncluite l'igoiireusenient per-

la

répond

qui

y

a

mieux

le

noire conception

à

fondée sur Tintérél «ïéncral'.

actiicllo (le la moralité Il

-

49

(Tailleurs dans

VUniqne

et

sa propriclé une

deuxième définition de l'égoïsme qui est plus origique la première. Ma conduite ne doit pas seulement être égoïste en ce sens que tous mes actes doivent se rapporter consciemment à mes fins

nale

personnelles; elle doit encore être vraiment

mon

œuvre, en ce sens qu'elle doit manifester l'autonomie

du moi créateur. Slirner considère que c'est l'autonomie [Selbstbestimmung] qui fait la dignité de riiomme il ne doit subir linfluence ni d'un objet, ;

personne,

ni d'iuie

doit être le créateur de

il

même". L'homme égoïste au sens [der SelbslsucJitige)

désir;

veut

posséder

L'homme

est.

lui-même

qui aime

formé par son amour,

car

il

s'adapte à autrui,

L'homme libre, au volonté. L'homme objet naturel

;

il

il

en

efface

il

un sens son propre créateur, mais ;

;

reste tel

souvent

est

ce qui ne convient pas à l'objet aimé

d'autrui

de son

l'objet

ne cherche pas à se donner à lui-même une

il

certaine forme, à se modifier qu'il

lui-

vulgaire du mol

;

il

est

ti-ans-

lui

tout

donc en

il

dépend encore

est

encore passif.

contraire, ne réalise que sa propre

égoïste n'est qu'une créature, un

l'homme qui aime

1.

Ibid., II, 96.

2.

Slirner, Kleine Schri/lcn, p. 76.

est déjà

une œuvre,

— mais seul l'homme libre

<



50

une œuvre originale. Ainsi

est

l'amour est plus noble que Tégoïsme vulgaire, mais il

Fégoïsme

est inférieur à la liberté, à l'autonomie, à

supérieur qui est essentiellement actif sacrifice

de

soi.

comme

Or, Nietzsche dislingue bien

phases dans l'histoire de

que l'animal

est

devenu

la

être durable

de

:

la

ainsi

raison.

l'homme

communs

soumet

se

il

et cela l'élève

phase où seul

reconnaît

l'intérêt

le

sens de

Un

degré supé-

agit selon le principe

de l'honneur; en vertu de ce principe,

une organisation,

Stirner trois

On

première manifestation

c'est la

domination de

rieur est atteint quand

«

à ce que son activité momentané, mais au bien-

l'homme acquiert

;

de l'opportun

la libre

moralité.

homme

n'aspire plus au bien-être

l'utile,

el exclut tout

entre dans

il

des sentiments

à

bien haut au-dessus de

personnel

le

guidait;

respecte et veut être respecté, c'est-à-dire,

il

la il

consi-

dère que l'intérêt dépend de ce qu'il pense d'autrui,

de ce qu'aulrui pense de haut degré de

la

lui.

Enfin, parvenu au plus

moralité atteint jusqu'ici,

il

agit

selon son appréciation personnelle des choses et des

hommes est

;

il

détermine pour

honorable ou

utile

;

il

pour autrui ce qui devenu le législateur

lui et

est

des opinions, selon sa conception toujours plus haute

de

l'utile

permet de l'intérêt

tribut

et

de l'honorable. La

connaissance

lui

préférer l'intérêt supérieur, c'est-à-dire

général et durable, à l'intérêt personnel, le

d'honneur qui

a

une valeur générale

et

durable

an trihut momentané vidii coilectil" Il

semble

;

il

-

r.i

vit cl agit

en qualité


'.

à

première vue que Stirncr et Nietzsche même le progrès moral de

conçoivent tous deux

l.i

façon.

Le sujet passe par

mière,

il

trois

phases

:

agit par intérêt personnel; dans

dans la

pre-

la

deuxième,

lient compte d'aulrui; dans la troisième, grAce à une sorte de synthèse des deux conceptions primitives, il est son propre législateur. Mais, à y regarder de près, ce parallélisme apparent permet de mieux

il

mesurer toute

la

distance qui sépare

la

doctrine de

Stirner et celle de Nietzsche, car à vrai dire les deux

philosophes cherchent

le

progrès moral dans une

l'homme vraiment

direction opposée. Selon Stirner, libre

deux signes

se reconnaît à

:

d'une part

il

ne

dépend plus d'autrui, et d'autre part il se modifie sans cesse. Ces deux conditions s'impliquent, d'ailleurs, car, si l'égoïste involontaire se sacritie à autrui, c'est

parce qu'il croit se transformer et se dépasser en se fuyant

lui-même.

Si tu es lié à

ton passé,

lu es

si

forcé de répéter aujourd'hui ce que tu as dit hier, tu

ne peux pas

enchaîné

te

rajeunira (diaque instant,

comme un

esclave et figé

tu te

comme

la

sens

mort.

C'est pourquoi tu cherches sans cesse à atteindre fraîche minute de l'avenir qui

Le créateur qui

est

immobiliser par

la

1.

Nietzsche. JFerXe,

en

toi

te

si

la

délivre du présent.

ne veut pas se laisser

créature éphémère. Cette ten-

II,

95.

^

clance

52

-

qui pousse le créateur à dépasser à chaque ses créatures s'appelle

iiislant

chez Stirner tantôt

de dissolution [Trieb nach SelbstauflôsungY

l'instinct

tantôt l'instinct de jouissance [Selbstgeuiiss^ Lebensgeniiss)

-.

Au nom de

cette tendance, Stirner exclut

tout souci de l'objet et tout but fixe.

L'homme

devoir, ni vocation

dépenser, à se

consommer

la

;

n'a qu'à se

il

;

comme

vie

la

n'a ni

lumière brûle en se

consumant.

Aux yeux de

Nietzsche, au

supérieur se reconnaît précisément part

il

envisage l'intérêt général

que d'autre part

il

a

l'homme ce que d'une

contraire, à

et

durable et

à ce

une mission. Le progrès de

l'humanité aura pour conséquence de proposer aux

hommes des

fins

œcuméniques. Lui-même, Nietzsche Il lui importe peu de savoir

s'impose un devoir.

comment on vit, l'essentiel est de Une ligne qui va droit à son but

savoir pourquoi.

yeux le symbole d'une belle conduite. Il a personnellement un problème à résoudre c'est une tâche à laquelle est à ses

;

ne peut se soustraire

il

fatalité.

;

elle

pèse sur

lui

Sa vocation agit en lui-même,

absorbe ses forces,

comme

à

comme une son insu,

l'enfant qui grandit

et

aux

dépens de sa mère\ Ainsi^ tandis que Stirner cherche à

rendre

le sujet

indépendant de tout objet extérieur

veut que le créateur se montre à chaque instant

et 1.

Der Einzige,

2.

Ibid., p. 373, 376.

3.

Werke,

II, p.

p. 48 et p. 389.

12.

— supérieur aux



,)•>

provisoires

fins

s est

f(trii

iiii[Hjs(''cs,

ou détruisant ces créalures éphémères, Nietzsche

propose diiue part au sujet de confondre sa cause

et

celle de l'humanité, et d'autre paît l'enga^ife à rester

devoir

fidèle au

est

(jui

mourir pour

dùt-il

l'aire



mûri en

a

(|ui

(!t

vivre

IVuil

le

lui,

de ses en-

trailles.

b).

La

Stirner oppose

tradition et la liberté

la

liberté à la moralité qui n'est à

que tradition

l'origine

coutume de son pays,

c'est être

par exemple, on s'en tient à teste té'.

comme un

Agir d'après

et habitude.

moral

:

en Chine,

tradition, et

la

la

on dé-

crime digne de mort toute nouveau-

Mais, dans l'Europe chrétienne

que réformer ou améliorer une manière de les remplace sans cesse

même, on ne

les traditions, ce

(\m est

de les conserver.

fortifier et

les anciens

statuts par

fait

On

de nou-

veaux, les anciennes règles générales par de nouvelles

:

bref, les

maîtres changent,

la

domination

reste. Or, selon Stirner, la liberté exclut toute stabilité,

toute substance, tout objet immuable.

Il

faudrait

détruire, anéantir toutes les coutumes, tous les articles de foi, toutes les

maximes

qu'on prétend nous imposer

et tous les principes

comme

ayant une va-

leur durable ou sacrée. Le sujet n'est pas libre tant qu'il doit 1.

respecter une croyance. Le christianisme

Cf Stirner, der Enzige iind sein Eigentum,

p. 83.

~

54

-

donné sans cloute au sujet sa première liberté en montrant que la nature était vaine, finie et éphémère il faut maintenant que le Moi absolu mette

a

:

fin à la

domination de

Nietzsche

comme

l'esprit.

Stirner considère que

mora-

la

au début que le respect de la tradition. Il qu'on s'y soumette de bon gré; on peu importe n'est blâmable que si on ne se considère pas comme lité n'est

par

lié

la

coutume. La morale de

piété est ainsi la

la

plusanciennedesmorales'. Nietzsche estimeaussi que le

progrès est dû aux individus qui ne se laissent pas

aux esprits libres, qui résistent

lier,

à l'éducation

qu'on leur impose. Mais Nietzsche se garde bien d'exalter

me

la

Stirner

le fait

aussi

liberté :

nécessaire

aux dépens de il

la

considère que

tradition la

com-

tradition est

que l'aptitude au progrès. Pour

qu'un organisme individuel ou collectif ait des chances de durée, il faut qu'il ait un caractère constant :

or, Nietzsche

admet avec Machiavel que

bien plus de valeur que qu'il

faut,

la liberté

-.

Il

durée

changement,

la stabilité.

Par là-même, Nietzsche est obligé de réserver liberté à

que

a

tout en prenant des précautions contre

l'autorité qui pourrait s'opposer à tout

ausfmenter

la

reconnaît donc

une minorité

il

:

les représentations

reconnaît

comme

la

Stirner

morales religieuses ou mé-

1.

Nietzsche, Werke,

II,

97-98.

2.

Nietzsche, Werke,

II,

213.



00



taphysiqucs sont des chaînes, mais

ne vont pas

il

qu'on brise ces chaînes inconsidérément. La plus grande prudence est nécessaire on ne doit accorder :

la liberté qu'à riiomme parvenu à la noblesse motemps n'est pas encore venu d'afl'ranchir le rale hommes*. tous les Nietzsche est aristocrate dans sa deuxième période :

comme

dans sa première

l'oligarchie des esprits

créateurs en

art

gaie science^

il

:

il

libres à l'ordre des génies

ou en religion; aussi quand, dans La

veut opposer

traditionnelle,

substitué

a siin[)lement

la

liberté à la moralité

Wagner

l'exemple de Richard

c'est

qui lui revient à l'esprit'. Stirner, dupe malgré tout

de

la

métaphysique supranaturaliste

oppose toujours la

objets qui lui

demeure

le sujet à la

fidèle

l'ont

substance

et

combat, veut que

du Moi triom[)hc de tous

absolue

liberté

(ju'il

obstacle

;

les

de son côté, Nietzsche

au fond aux idées de sa première

période en dépit de sa conversion superficielle: les hommes supérieurs sont toujours à ses yeux la rai-

son d'être

de

fondamentales

l'humanité.

Ainsi

subsistent sous

les

les

différences

ressemblances

apparentes. c).

En

parlant de sa

L'immoralisme conception du Moi

unique

et

libre, Stirner devait aboutir par deux voies à Tim1.

Nietzsclie, Werke, III, 371-372.

2.

Nietzsclic, Wcrke, V, 134.

moralisme.

Si

56

-

{Vime part tout individu est un être

absolument différent des autres, rebelle à toute définition et à toute classification, il est évidemment imcomparant

possible de le juger en le préétabli et

unité la

fixe.

même

plice

de l'apprécier en

Mesurer

les individus

à

un type à une

ramenant

en leur appliquant

toise morale, c'est leur infliger un sup-

analogue

reux sur

le

le

lit

à celui

que subissaient

de Procuste.

cas d'imposer à une

fille

malheu-

les

en tout

est aussi naïf

Il

comme

la

Marie des Mys-

tères de Paris* les vertus morales, que de juger le

lion à sa générosité

;

au lieu de tenir compte de sa

ressemblance avec l'homme, on

ferait

peler que par sa nature le lion est culier.

Il

n'y a pas de vertus

mieux de se rapun animal parti-

communes

à toutes les

espèces animales; or, chaque individu est à vrai dire seul de son espèce. Aucune bête ne s'efTorce de

aucune brebis ne se donne du mal pour être une vraie brebis aucun chien ne cherche à être un vrai chien. De même, nous n'avons pas besoin de nous demander si nous

réaliser le type de son espèce

;

;

sommes vraiment des hommes.

Slirner n'entend pas

nous conseiller de ressembler aux animaux d'abord parce qu'on pourrait trouver chez les animaux des modèles moraux et nous imposer ainsi de nouveaux :

devoirs en nous ordonnant par exemple d'égaler le 1.

Stirner, Kleine Schriften, p. 95. Les Mystères de Paris jouent

un grand rôle dans la littérature allemande vers 1845; il en est constamment question dans les polémiques de Bauer et de Marx.

— zèle de

plus

-

rhoimne n'a pas soucier des autres animaux (jue ceux-ci

rabeillo se

à

57

;

puis parce que

n'ont à se préoccuper de

lui.

Slirncr veut

(le (|uc

que tout dressage est contre nature; ce n'est pas une raison parce qu'un chien dressé est a |)lus d'un commerce plus agréable pour croire qu dire, c'est

il

de valeur qu'un autre ou que son intérêt est d'être dressé'.

Nietzsche de

la

a,

comme

Stirner, objecté aux définitions

morale normative que le Moi

Il

proteste par exemple- contre

de Chios

:

« la

cette formule tifier et dire

Car

il

:

vertu est

santé de l'âme

la

fût pratique, «

Ta vertu

un être singulier. formule d'Ariston

est la

il

faudrait au

est la santé

».

Pour que

moins

la

rec-

de ton âme

».

n'y a pas de santé en soi, et toutes les tentati-

ves faites pour définir cette abstraction ont misérablement échoué. Même la santé de ton corps dépend

de

ta

nature psychologique, de

tes instincts

et

de

il y a donc différents; corps autant de santés physiques que de plus on permettra h l'individu incomparable de rele-

tes erreurs, de ton idéal et de tes rêves;

ver

la tète,

l'égalité

plus on cessera de croire au

des hommes,

et

dogme de

plus nos médecins devront

d'une santé normale, d'une diète normale, d'un cours normal des maladies. Nieizsche savait par expérience combien ces idées normatives

renoncer

à l'idée

sur les maladies étaient dangereuses pour les ma1.

Stirner,

Der Einzige,

2. >'ict7,schc, Frôfiliclie

p. 088. ff'i>-senschaft, V, 158.

^ lades,

et

58

-

ne voulait pas s'exposer

il

de graves

à

erreurs en parlant de maladie et de santé morale il

admet donc

qu'il y

a

une vertu propre

à

:

chaque

individu, et que les vertus personnelles pourront ne

pas se ressembler et parfois

même

avoir

de

l'air

s'opposer; mais, tout en prévoyant ces contrastes,

Nietzsche se "farde bien de nier l'antithèse fonda-

mentale entre

santé et

la

thèse

suflil à justifier l'art

l'art

médical.

questions

il

:

la

maladie; or, cette anti-

comme il

demande d'abord

saires à

pour

la

a

y

santé du corps

n'y a pas des

développement de

;

il

croit d'autre

part

progrès de notre science,

faciliter le

le

s'il

la

des crises de croissance néces-

cessaire d'étudier aussi les

que

elle justifie

simplement deux

Nietzsche réserve se

crises morales nécessaires au

vertu,

comme

moral,

il

âmes malades;

que

est néil

craint

désir exclusif de santé ne soit un préjugé ou

que ces problèmes se posent en médecine comme en morale et une lâcheté

dans les

;

mais

mêmes

il

est facile de voir

termes.

Tandis que Stirner proteste contre toute morale, Nietzsche demande

que

l'art

moral tienne compte

des cas individuels. Tous deux estiment que l'humanité a

beaucoup

indiscrètes

;

souffert des morales autoritaires et

mais tandis que Stirner, pour réagir con-

tre la tyrannie, va jusqu'à la liberté absolue, Nietz-

sche souhaite plus de tolérance, de Stirner déclare

:

fais est chrétien,

«

Si ce

que

pense

je

que m'importe

tact et

?

Je ne

et

de bonté. ce que je

demande pas

si c'est

-

himiain ou iiiluimain,

que ma pensée vous pouvez

ou non. Pourvu

Iil)('ral

ce que je veux,

acte visent

moyens me servent

les

cela m'est égal'.

bien

mon

et

[x^urvu que ces

sont

59

L'intention et

didérents.

me

comme vous

(jualifier »

à

Ce

le

voudrez.

le

Moi

veut mettre au-dessus de toute appréciation,

augmenter

somme

la

fiant toutes les

produit sur

tel

de bonheur

diversités

ou

tel

il

:

(juil

veut

il

de joie en justi-

et

considère reflet que

individu une justification phi-

losophique de sa manière de vivre il

:

ton deNietzsche

pas

n'est

sati?;faire,

et

de penser,



trouve que l'influence de ces justifications singu-

lières ne peut cire (jue

bonne

malheureux,

le

les

hommes

autres et pour

de chaleur. Le méchant,

à

que

la

religion chrétienne a

être trop

eux-mêmes

:

sévères pour les

tous deux reprochent à

ridée du péché d'avoir tout assombri

Or

il

n'y a pas de péché.

la

vie

humaine.

C'est le chrétien qui, sous

prétexte d'aimer l'humanité, méprise tous les

mes.

Il

n'y a qu'à cesser d'appeler les

pécheurs

:

sou-

d'exception aussi doit avoir sa

Stirner, trouve

habitué

il

son bon droit, son soleiP. Nietzsche,

philosophie,

comme

l'être

et

féconde, et

grand nombre possible

haite qu'on découvre le plus

de ces rayons de lumière

cl

ils

cesseront de

vu un pécheur, tu

l'as

Der Einzige,

l'être,

hommes

des

car tu n'as jamais

rêvé seulement ^ Nietzsche

p. 418.

1.

Stirner,

2.

Nietzsche, Frôhliche Wissenschaft, V, 218.

3.

Stirner,

Dcr

hom-

Ei/tzige, p. 422.

-

60



du péché une folie ou un que Stirner compare ceux qui s'imaginent être des pécheurs aux pauvres insenvoit aussi dans cette idée

même

mauvais rêve. De sés qui se

lune, de

croient

même

chrétien

Dieu

père ou l'homme de le

même

rang

la

le

rabaisse trop pour avoir mis son

qui se

Don Quichotte égaré par

idéal trop haut et le

romans de

le

Nietzsche met sur

les

paraît un lui un mauvais rêve et qui n'a qu'à ouvrir les yeux pour retrouver son innocence première. Mais tandis que Stirner croit trouver la vérité en opposant à la doctrine chrétienne une doctrine diamétralement opposée et affirme que nous sommes tous parfaits, Nietzsche se borne à dire que nous sommes irresponsables et innocents. Or il n'y a pas là

chevalerie; l'humanité

enfant qui a

fait

qu'une simple différence d'expression, car

perfec-

la

tandis que

tion exclut toute idée de progrès moral,

l'irresponsabilité et l'innocence permettent au contraire toutes les espérances.

dividu

est

parfait

qu'il est parfait et n'a pas le

fection.

Cela

Nietzsche,

de

la

Pour

comme Dieu

:

Stirner,

on

«

chaque

devoir d'aspirer à

aussi n'est vrai que de Moi'

comme pour

morale est

lié

in-

de Dieu

dit

la

».

per-

Pour

Socrate et Platon, le progrès

au progrès de

la

raison^.

Stirner fonde d'autre part son immoralisme sur

son idée de

la liberté.

leur que le mal, car Der Einzige,

1.

Stirner,

2.

Nietzsche, Werke,

II.

Le bien la

soumission

p. 429.

104.

n'a pas plus de vaà la

vertu est

— un esclavage

coiniiie la

r.i

-

soumission au

personnages des Mystères de Paris en deux camps

partit

camp car

i\\\

ils

menl

:

le

vice, doivent vive

raulcui- ré-

<|iie

camp de mis sur

icc Tous les

\

la

la

vertu

même

et

le

ligne

:

sont tous bornés. Les uns obéissent aveugléleur instinct

ii

petit paralytique

comme

Higolette, ou le méchant

ont

nu'nu; vie morale <|ue les

ils

:

la

petits canaris que Rigoletle garde dans sa cage. Les

autres se soumettent à une idée fixe

mais

:

comme le grand-duc, un champion de comme la mère Martial une héroïne du

qu'ils

vertu

soient,

la

ou

vice, ce

sont tous des valets. Stirner transpose ainsi dans

le

domaine de la morale la lutte contre le dogmatisme, que la critique de Bruno Bauer avait engagée dans le domaine des idées. Bruno Bauer avait opposé la Pensée toujours en progrès aux pensées particulières qui tendent à devenir stables. Stirner reconnaît que la

criti(|ue

dit-il,

de Bruno Bauer est victorieuse

un plaisir de voir avec quelle

phe en se jouant

:

le

seul

tort

facilité

:

c'est,

il

triom-

de Bruno Bauer est

Pensée comme supérieure au Moi'. Stirner suit donc l'exemple de Bruno Bauer en s'opposant à toute règle stable en morale. 11 voit dans la de considérer

morale

la

fanatisme.

la

dernière citadelle du dogmatisme 11

trouve que

le

1.

le

catholicisme admettait

Stirner,

Der Einzige,

p. 175.

du

:

non seule-

le trafic

des indul-

point plus intolérant que le catholicisme

ment

et

protestantisme est sur ce

— gences, mais encore

moyens

et la



ne considérait pas

il

comme moraux

actes

62

en soi

:

la

fin

le

carac-

protes-

le

au contraire, les institutions et les actes sont par

leur nature

même

sacrés ou profanes, permis ou cou-

pables. Feuerbach n'a

du protestantisme

fait

éclairé

que définir quand il dit sacrée

et te soit sacrée l'amitié,

mariage, sacré le bien de tout

le

tels

justifiait les

bénédiction du prêtre conférait

tère sacré aux choses temporelles. Pour tant,

on

tels

en soi

et

pour

soi

'.

la

:

la

conception

«

Est sacrée

propriété, sacré

homme, mais

C'est ce caractère sacré et in-

»

tangible de la morale que Stirner considère

incompatible avec

le

sacré

progrès, avec

pement de l'individu gauche hégélienne, il dans le mouvement. Nietzsche considère,

le libre

comme

dévelop-

comme Bruno Bauer

:

voit la liberté

comme

Stirner,

et la

se manifester

que

les idées

morales ne sont pas stables. Une action n'est morale ou immorale que par son rapport à l'ordre des biens; l'ordre des biens n'est pas constant. L'échelle qui

or

nous sert

à

mesurer

est variable, et la postérité con-

et nos jugements considérons aunous que comme jourd'hui comme bornés les actions et les jugements des peuplades sauvages -. C'est bien ainsi que raisonnait Stirner quand il déclarait qu'à ses yeux la loi

sidérera sans doute nos actions

bornés, de

1.

Stirner,

même

Der Einzige,

p.

109

tentums, p. 408. 2.

Metzsclie, Werke,

II,

110.

et

Feuerbacli,

Wesen des Chris-

morale

était

63



dès maintenant abrogée:

ih^

même

(|U0

Christ n'avait pas à soutenir les pharisiens (lui observaient consciencieusementrAncienne loi contre

le

les publicains

;

de

même

l'égoïste refuse de s'asso-

aux récriminations des honnêtes gens contre ceux qui ne se conforment pas à la loi morale. Comme Stirner, Nietzsche considère que la morale

cier

est liée au

dogme:

si

les

fondements sont ébranlés,

l'édifice tombe. Il est impossible d'obéir à des ordres catégoriques, si on ne croit pas à l'autorité de celui

Les morales anciennes naissent et meurent avec les dieux: la morale chrétienne suivra dans la tombe le Dieu des chrétiens. Nietzsche estime donc qu'il y a aujourd'hui un interrègne moral. Mais

qui les donne.

de cet interrègne pour aiïirmer la liberté absolue du Moi, Nietzsche cherche une nouvelle règle de l'activité avec passion tandis

que Stirner

profite

début de sa deuxième période, il se console en songeant à l'avenir. Il n'a pas renoncé

humaine. Dès sans

le

amertume

à la responsabilité et au

devoir qui

paraissaient le titre de noblesse de l'humanité

pas brisé sans tristesse sa table des valeurs a

paru d'abord s'en aller à

que a

le

le

courant

la

mais

;

il

n'a

es|)ère

doctrine de Stirner, au contraire,

mouvement ne peut pas

1.

dérive,

il

tout lui

(jui a entraîné ce qu'il croyait éternel

un but'. Dans

Moi créateur

la

;

lui

est à

avoir de but, puisque le

chaque instant supérieur

Nietzsctie, Werke, II, 111.

à sa créa-

Les

ture.

-

64

au

particulières

difficultés

Hegel se retrouvent dans

le

système

système de

de Slirner, et elles

sont aggravées parce que l'auteur de V Unique a substitué à l'Esprit

en progrès

le

Moi individuel qui s'use

par son

mouvement môme. La logique de son

tème

a

obligé Stirner à enfermer l'histoire univer-

selle

dans

vidu,

dit-il,

selle: selle, et

le

cadre d'une vie individuelle

:

«

sys-

l'indi-

pour lui-même une histoire univerle chrétien se préoccupe de l'histoire univerparce qu'elle est à ses yeux l'histoire du Christ est

de l'homme; pour l'égoïste, son histoire seule

a

son évolution

à

une valeur, parce lui:

il

ne

tient qu'à

ne s'inquiète pas de l'idée d'humanité, du plan

Dieu,

de

qu'il

liberté

de

des intentions

la

Providence, de

ou autres choses analogues.

trument d'une idée, de l'humanité,

il

il

Il

la

n'est pas l'ins-

ne contribue pas au progrès

se dépense en vivant

(er lebt sich

l'humanité s'en porte bien

aus) sans se

demander

ou mal.

ne craignait que, par un malentendu, on

S'il

si

reproche de vanter l'état de nature, Stirner rappellerait les « trois tsiganes » de Lenau*, qui passent

ne

à

lui

jouer, à fumer ou à dormir

la

vie qu'ils méprisent

trois fois. Nietzsche est bien loin de

tomber dans ce

pessimisme romantique il ne cesse pas de se préoccuper dans sa deuxième période, des évolutions de l'humanité il est immoraliste en ce sens qu'il critique les morales courantes et les tables de valeurs :

:

1.

Stirner,

Der Einzige,

p. 428.

en usage velle, la

et

quand

:

il

avec

die de

croit avoir Irouvo

s'empresse de

il

voix du prophète la

--

6.-.

opposa jadis

parole de Zarathuslra

nou-

fin

à Thurnanité par

proposer

la

(jui

une

bien au mal,

le

commence

tragé-

la

troisième période.

la

Le Droit

(1)

droit que la morale. que l'expression de l'autorité que les autres s'arrogent sur Moi. Le droit est extérieur et supérieur à Moi, c'est un droit étranger, le droit du roi, du sultan, du pape, du peuple ou de la société, ce n'est pas mon droit. Pourquoi

Stirner ne respecte pas plus

Il

ne voit en

efl'et

dans

serais-je tenu

donc

de respecter ce droit sacré qui

mien? Les révolutionnaires eux-mêmes

n'est pas le

sont victimes d'une idée

fixe,

droits sacrés de la société le droit

le

droit

le

que me donnera

ling ne sera pas plus

que je

parlent des

ou de l'humanité

droit

laisse le despote d'aujourd'hui.

droit

ils

société rêvée par

la

mon

car

que

le droit

Mon

me donne moi-même,

:

ainsi

Weit-

que

me

droit, c'est le

c'est le dioit

que

une expression impropre pour désigner ma puissance. On ne prouve son droit (pie par

je prends, c'est

la

force.

L'idée ancienne du droit est une idée religieuse, c'est-à-dire, selon Stirner, fausse'. L'égalité telle 1.

que

la

Stirner,

Révolution française Der

Ei.nzige, p. 220.

l'a

des droits

proclamée, n'est

-



66

I

qu'une forme de

l'égalité chrétienne,

frères, des enfants de

Quand

fraternité.

la

les droits naturels

Dieu

l'égalité des

un synonyme de

c'est

:

de

Révolution française déclara que

de l'homme étaient sacrés

et

im-

prescriptibles, c'est-à-dire éternels, elle s'aventura

dans

de

le

domaine religieux, dans

Aux

l'idéal.

région du sacré,

la

droits éternels, on opposa les droits

historiques. Ceux-ci, en effet, sont aussi bien que

on les acquiert en

les autres des droits naturels, car

Quelle différence y a-t-il entre le prince héritier qui dit: je suis roi par droit de naissance, et le naissant.

citoyen qui dit Je suis :

La force seule décide, de droits

héritier sur le trône,

celui d'être des sujets.

comme

à vrai dire,

la

?

dans ces conflits

monter

le

prince

ils

ont le droit qu'ils méritent,

Il

en est du droit de propriété

des droits politiques

ment que

par droit de naissance

les citoyens laissent

si

:

homme

les

:

communistes

affir-

terre appartient à ceux qui la cultivent,

ceux qui les créent

les produits à

appartiennent

à

ceux qui

garder. Pour moi,

de m'attaquer

;

si

les

le tigre

;

non, les biens

prennent

et savent les

qui m'attaque a le droit

je le tue, j'en ai le droit aussi. Mais

vous, vous reculez devant vos adversaires parce que

vous croyez voir eux,

comme

d'Homère

;

de séduire

1.

Stirner,

les

et

le

spectre du droit combattre avec

déesses combattaient avec les héros

au lieu de lancer

le javelot,

vous tâchez

le spectre et de l'attirer de votre côté'.

Der Einzige, Meine Machf.



67

-

Je ne reconnais pas do droit absolu, do droit on

de droit éternel

soi, la

;

je n'admets pas cpie

nature ou riuinianité nie donnent des dioils

suis

ma

la

seule source de

créature, a voulu

moi

Le

droit

doininor; je

le

jo

;

droit (|ui est

reprends en

ou, pour parl(M' plus franchement, je nio tout

',

droit

iiio

mon

ou

l'olal

;

j'alïirme

illusion,

un

ma

titre

d'un spectre

{eiii

puissance. Le droit n'est (ju'une

imaginaire que je dois Sparreii erteilt

puissance est réelle

:

car c'est

grâce

à la

von einem Spiik)

:

ma

moi-même.

pour ruiner la conception religieuse ou droit sacré ou éternel, va jusqu'à nier d'un mystique Stirner,

du droit, et ne laisse debout que la Moi qui lui paraît seule réelle. du puissance Nietzsche n'admet pas plus que Stirner l'existence

l'idée

même

d'un droit intangible, devant qui serait

obligée de s'incliner.

droits naturels: le droit n'est

des forces réelles tent

ou diminuent

;

il

varie

et se

force victorieuse

ne connaît pas

Il

que

quand

la

tle

reconnaissance

les forces

déplace avec elles

augmen;

il

n'est

à la

puissance, mais

comme une

consécration et

donc pas antérieur ou supérieur au contraire s'y ajoute

la

une garantie. Mais tandis que Stirner conclut de cette conception que le droit n'est qu'une aliénation du Moi, c'est à-dire une concession analogue au sacrifice religieux, et veut que le Moi reprenne on lui sa créature

l.

Stirner,

devenue dangereuse depuis qu'on Der Einzige,

p.

240.

lui

a

-

68



accordé une existence objective, Nietzsche étudie les origines

historiques du droit et arrive à cette

conclusion que

le droit n'est

comme un

redoute

pas l'ombre que

le

Moi

spectre, mais le fruit d'un con-

La justice doit son origine à un équilibre de forces c'est ce que Thucydide a bien compris dans le terrible dialogue des envoyés d'Athènes et de trat.

:

Mélos.

Quand

les forces sont

sensiblement égales,

et

impossible de prévoir avec certitude l'issue

qu'il est

d'une lutte ruineuse pour les deux adversaires, l'idée d'un accord vient

à l'esprit

mier caractère de

la

vengeance, tice

la

justice

revanche ou

la

:

:

l'échange

on

le

est

pre-

retrouve dans

la

reconnaissance'. La jus-

au début, l'expression d'une égalité entre

est,

mais on a oublié peu deux égoïsmes humble origine, on a habitué les enfants

comme

le

titre

de noblesse

peu cette

à

:

justice

le

à

admirer

de

la

l'espèce

humaine et on a fini par voir dans les actes justes une manifestation de désintéressement absolu. A :

un con-

vrai dire, les droits doivent leur naissance à

que nous respectons par tradition:

trat

et l'oubli

produit des modifications importantes dans tion des puissances liées par contrat, sible

que

le

droit

demeure intact

:

c'est

il

s'il

se

la situa-

est

impos-

ce que montre

clairement l'histoire du droit des gens. juste a

paresse

la

contribuent à les forti^ler^ Pourtant

L'homme

donc constamment besoin d'une balance pour

1.

Nietzsche, IFerke,

II,

2.

Nietzsche, PFerAe,

III,

93.

224.

— peser les forces: être



60

jiisle est difTicile et e\i
coup d'expérience, de bonne volonté telligence

que

le

droit

le

(ju'ils

comme une

tradition

ne sont pas plus obligés

les esprits libres

de respecter

mais

surtout d'in-

et

'.

Nietzsche conçoit légale,

beau-

ne respectent

la

tradition morale:

souci constantqu'il a dans sa deuxième période

de ménager

transition entre le passé et l'avenir,

la

dicte au philosophe des sentences d'une indulgence

prudente

il

:

saire, tandis

mort de

juge qu'une certaine

que Stirner

l'esprit

voit

l'esclavage

et

Nietzsche souhaite-t-il que tact et

stabilité est

dans toute

la

du

Moi

diplomatie

néces-

stabilité la

ait

aussi,

;

assez de

de finesse pour adapter à chacjue moment

le

droit à la situation nouvelle qui résulte des modifi-

cations qu'ont subies les forces en présence. Nietzsche se place au

même

point de vue pour juger les ques-

tions de politique intérieure seille

aux prolétaires de

:

tandis que Stirner con-

faire valoir leur

force sans

se préoccuper d'un droit quelconque, de ne pas plus

reculer devant

devant

la

contrebande ou

le vol

organisé que

grève générale, Nietzsche voit dans

la

le so-

cialisme une force naturelle qu'il s'agit d'endiguer et d'exploiter

comme

au profit du progrès humain.

Stirner,

que

la

d'hui une question de puissance, et

de droit

;

Il

estime,

question sociale est aujour-

non une question

mais tandis que Stirner ne souhaite pas

1.

Nietzsche, IVerfce,

II!, 109.

2.

Nietzsche, lVer/;e,

II,

330.

— que

les

que

un

traité

une chaîne, Nietzsche prévoit imminente amènera un

ses yeux

à

-

partis en présence concluent

deux

qui serait

:o

la crainte de la guerre

et il y aura dès lors des droits et des Les idées de Nietzsche, sur ce réciproques. devoirs

arrangement,

point, ressemblent

moins aux idées de Sfirner qu'aux

idées de Ferdinand Lassalle, par exemple, sur les

Du moment que

constitutions. l'intérêt

Nietzsche invoque

général ou supérieur [der hôchste Nutzen),

il

se sépare nettement de Stirner, qui ne voit dans le

général

qu'une abstraction,

dans

et

supérieur

le

qu'une ombre tyrannique. Ce que Nietzsche l'humanité force,

:

même

«

11

la

servir à ses fins

faut

plus dangereuse, un outil qu'elle »,

Stirner le dit du Moi;

Humanité

le sujet «

»

paraît seul réel. Tandis

par le sujet

de

dit

voit dans toute

que l'humanité

il

Moi

«

fait

remplace »,

qui lui

que Stirner considère que

la

seule attitude qui

révolte ouverte et latente est

la

convienne

de sa force, Nietzs-

à l'individu conscient

che parle en

homme

de gouvernement

il

force exacte du socialisme,

quelle est

la

peut

jouer ce ressort

faire

:

demande comment on se

et agir ce levier

;

il

va,

malgré la répugnance instinctive qu'il éprouve en présence des masses démocratiques, jusqu'à envisager le cas où il y aurait lieu de fortifier autant que possible

le

socialisme. Stirner est avec les opprimés

qui se soulèvent et se redressent; son

mot

favori

exprime un mouvement de bas en haut [Empôrung). Nietzsche, qui a l'esprit militaire, admire toute orga-

— nisalion qui

d'après

mène

:i

-

à la victoire

j"ge les moyens

il

;

la fin'.

e)

VAnarrlnsme

Slirneresl Tennenii de

d'une part une

parce que TÉtat est

l'Etat,

autorité, d'autre part

une organisation

souvent sur l'ctymologie status); l'autorité de l'Etat humilie le moi; la stabilité de l'Etat stable

(il

insiste

moi d'évoluer librement. L'État est d'abord une autorité il organise la soumission des citoyens. La forme de gouvernement ne modifie en rien le caractère de l'Etat: Supposons

empêche

le

:

que

le roi,

qui confère une part de son autorité à

tous ses mandataires, des ministres jusqu'au bourreau inclusivement, vienne à disparaître la majorité :

des citoyens maintiendrait néanmoins dans

dance tous

les adversaires

de l'ordre

rience a d'ailleurs été faite par

Révolution de 1789

;

on

a

entre les ordres, proclamé

la

tous les citoyens: a-t-on par

établi.

dépenL'expé-

France, après

supprimé la

la

liberté et l'égalité



donné

la

les difl'érences

à

chacun

de

l'in-

dépendance? Xon, on a simplement substitué à l'autorité du prince, l'autorité de la nation. La nation a maintenant

droits

les

régaliens,

dîmes, impose les corvées, juge

et

elle

prélève

les

condamne, accorde

seconde 1. Ce nest pas un hasard siNietzsclie, même pendant sa période, où il se rapproche le plus des idées modernes, prend la défense des jésuiles il so demande si leurs adversaii-cs sauriiient faire preuve du même dévouemcut, de la même discipline. :

ou refuse

le

des régiments,

La nuit

nomme

permis de chasse,

du

les colonels

etc.

4

Août

a

supprimé

monarchie

la

d'ancien régime pour lui substituer une monarchie

moins

limitée,

la

monarchie absolue de

citoyen l'indépendance que

la

chaque Réforme de Luther n'a

affranchi les croyants de la religion

un protestant politique qui

nation'.

la

La Révolution française n'a pas plus donné

:

a le droit

le

à

citoyen est

de communi-

quer, sans hiérarchie intermédiaire, avec son Dieu, l'Etat, et

de

le

servir directement. Dorénavant, plus

de noblesse, plus de corporation: un seul souverain, l'Etat tout-puissant,

règne sur ses dévots serviteurs.

Le despotisme de

l'Etat n'a pas

seulement

de réduire chaque citoyen en esclavage

;

il

le tort

encore

a

l'inconvénient de faire peser sur nous tout le poids

du passé. Le décret qui a été promulgué jour par le caprice du souverain nous lie Ici

encore,

rente

:

votée par

la

ou

tel

à jamais.

forme du gouvernement est

la

la loi

tel

indiffé-

majorité n'en est pas moins

une règle inébranlable. texte réunisse à telle ou

Môme telle

en supposant qu'un date l'unanimité des

unanime des citoyens, pas moins esclave j'aurais simplement

législateurs et le consentement je n'en serais

contribué

à

forger

;

mes

chaînes.

Ma

créature M'aurait

emmené en captivité, mu volition aurait dominé ma volonté. Mon progrès serait entravé par la perma1,

Stirner,

Der Einzige,

p. 121,

nence de rèle,

mon

quand

-

73

comme

acte,

cours du fleuve

le

s'ar-

immobile

l'eau s'est figée en glace

et

froide.

Nietzsche estime,

comme

Stirner, que les fonde-

ments de FÉtat sont encore aujourd'hui

la

croyance

à

l'autorité absolue et à la vérité définitive';

l;t

niiiie

de ces croyances fondamentales entraînera

la

chute

de

soutiennent, car

l'Etat qu'elles

états militaires, la contrainte

même

ne saurait

duire les effets que produisait

le

dans les

sufïire à pro-

respect religieux.

La concc[)lion démocratique de l'Etat ne peut ([u'en accélérer

la

Quand Bismarck considère

ruine.

forme constitutionnelle comme deux pouvoirs, le pouvoir du prince

la

un compromis entre

du peuple,

il

très logique,

historiques,

cl le

mais qui répond du moins qui

et

peut

à

vie de

l'État.

Quand

les

des réalités

contribuer, précisément

parce qu'elle n'est qu'à demi rationnelle, la

pouvoir

émet une théorie qui n'est peut-être pas

à

prolonger

démocrates, au contraire,

nient qu'il y ait dans l'Etat deux sources du pouvoir, une en haut et l'autre en bas, quand ils ne voient

dans

le

gouvernement que l'organe du

mettent en question l'existence

même de

pouj)le, ils

l'Klat

:

car

ils

modifient la nature des rapports qui s'étaient établis jusqu'ici entre le prince et ses sujets,

comme

l'instituteur et l'élève, le père et les enfants,

de maison

1.

et les

domestiques,

Nietzsche, Werkc,

II,

328.

le

entre

maître

l'officier et le soldat,

patron

le

Concordat,

car

il

De même, quand Napoléon

Tapprenti.

le

cl

il

fit

consolidait les pouvoirs légitimes,

n'y a pas eu jusqu'ici de légitimité qui se soit

passée du secours de

Quand au

prêtres.

dans

l'État

religion et de l'appui des

la

contraire les démocrates engagent

contre l'Église,

la lutte

doute, au début, que l'État

il

semble sans

puise dans cette

lutte

de

nouvelles forces: l'ardeur du combat développe, en effet,

et cet

l'enthousiasme fanatique,

enthousiasme

s'accroît de toute la force des anciens sentiments re-

ligieux qui n'ont plus d'objet

;

mais quand

la

lutte

sera terminée, on ne tardera pas à s'apercevoir qu'en attaquant l'adoration religieuse, les mystères, toutes les

institutions vénérables,

ruiné

le

respect

on

et le

craintif

a,

du

même

coup,

sentiment de piété

qu'inspirait autrefois l'État. Nietzsche est

donc

cord avec Stirner sur deux points essentiels

:

d'ac-

admet est une

il

avec l'auteur de V Unique, d'abord que l'Etat institution religieuse, fondée sur le respect de l'autorité et la cratie,

croyance

en exaltant

à la stabilité

ne fera

l'État,

;

démoque nous amener puis que

Nietzsche dit en propres

plus vite à

le

mépriser

termes que

la

démocratie n'est que

rique de

la

décadence de

;

la

la

forme histo-

l'Etat'.

Mais, bien que les deux philosophes soient d'accord sur ces deux points, leur attitude est bien différente,

1.

quand

il

s'agit,

Nietzsche, Werke,

II,

non plus d'interpréter 349.

les faits,

'O

mais craoir.

Ils

lion historique



constalcnt Ions deux ;

la

inciiie

évolua

mais tandis que Stirner en est heu-

reux, Nietzsche regretterait pres(]ue l'ancien régime. se résigne sans doute à la situation nouvelle créée

Il

par

Révolution française, mais

la

comme on

se ré-

signe à une nouvelle géographie au lendemain d'un tremblement de terre au demeurant, il pense, comme ;

Voltaire,

que tout

est

perdu quand

la

populace se

mêle de raisonner. Tandis que Stirner refuse d'obéir loi, soit à une persoit à un décret, soit à une une autorité imj)ersonnelle, Nietzsche regrette de voir se perdre la noble habitude de commander et d'obéir. Tandis que Stirner exige (jue le Moi cesse de se soumettre et fasse, même en signant sonne, soit

un

à

contrat, toutes réserves en faveur de l'égoïsme

imprescriptible, Nietzsche se

demande avec

tristesse

(-e (|ui adviendra quand toute subordination ne sera plus qu'un souvenir on ne pourra plus obtenir les :

mêmes

effets qu'autrefois, et le

pauvre. Nietzsche sait que table

;

mais

tastrophe

:

il

dénoùment

le

comme

ne souhaite pas,

il

humaines, par

faut,

selon

le

monde

sera

plus

est inévi-

Stirner, la ca-

philosophe de CJioses

Irop humaines,

être bien sûr de soi

pour la souhaiter: il faut avoir trop bonne opinion de soi-même et ne pas bien comprendre l'histoire, pour mettre la main à la charrue, quand on ne sait encore ce qu'on pourra semer dans les sillons'. Ici

1.

Nietzsche, Werkc,

II,

350.

-

:6



demande beaucoup de prudence,

encore, Nietzsche

tandis que Stirner exige de la décision. Selon Stirner,

Tairranchissement de Tesprit n'a de valeur que s'il assure immédiatement l'indépendance réelle au Moi; selon Nietzsche,

quence

la

liberté de l'esprit a

modération dans

la

diminue

l'intelligence

pour conséde

l'action, car le travail

les désirs,

absorbe l'énergie

danger des modificavitale et tions subites. Une révolution dans le domaine des opinions n'a pas de répercussion immédiate dans le

montre

l'inutilité

ou

le

domaine des institutions les opinions nouvelles continuent longtemps à demeurer dans les maisons :

anciennes

elles

;

ne

s'y

sentent plus à leur aise,

mais n'ont pas d'autre abri". Tandis que Stirner nous rappelle par plus d'un trait Jean-Jacques Rousseau, Nietzsche ne peut assez s'emporter contre le rêve

dangereux, les

la

superstition, les folies passionnées et

demi-mensonges du Contrat

française

;

qu'il

social,

responsable de l'esprit optimiste de

la

c'est contre cet esprit qu'il crie

rend

Révolution :

«

Ecrasez

11 se réclame de Voltaire dont il admire 1 infâme ». il la nature éprise d'ordrç, de mesure, de raison sauénergies les réveille ne révolution qu'une craint ;

dorment depuis longtemps, et préfère aux sauts brusques une évolution progres-

vages il

et terribles qui

sive. 1. Nietzsche,

Werke,

II,

342.

CHAPITRE

IV

COMPARAISON ENTRE LES IDEES DE STIRNER ET LES IDÉES DE NIETZSCHE DANS SA TROISIÈME PKIUODE

Le dernier système de Nietzsche est une synthèse des idées parfois opposées qu'il a exprimées dans ses deux premières périodes il faut cependant remarquer ;

que ce système rappelle plus, par ses conclusions, du jeune philologue épris de la (îrècc que les sentences dédiées aux esprits libres par le les théories

moraliste des Choses humaines, par trop humaines la

partie critique de ce système n'est en

l'introduction à

en

somme

partie positive. Nietzsche

;

que

revient

par un détour aux préférences instinctives

manifestées dès

qu'il avait

chercher

la

effet

la justification

dans

le la

début; au lieu d'en philologie ou dans

la

métaphysique de Schopenhaiier, il croit la trouver dans l'histoire naturelle des morales humaines ou même dans la physiologie proprement dite mais les tendances primitives apparaissent de nouveau 1res nettement nous ne serons donc pas étonnés de ;

;

retrouvera propos de cette troisième période,

le désacr-

cord fondamental que nous avons déjà constaté entre Stirner et Nietzsche, en étudiant

la

première période.

a)



78



L'individu

et

l'aristocratie

Nietzsche insiste de nouveau dans celte troisième

période sur

lu

singularité

chaque individu doit a pas de chemin en

du Moi

Weg

soi [den

Chaque individu est nécessaire fois, et

il

sa

a

Stirner concluait de ce caractère table

indéfinissable

de

affranchir tous les individus

que

l'aristocratie

déclare que n'y

il

giebt es nicht).

il

:

n'existe qu'une

est impossible de le suppléer.

a son timbre; chaque nature

et

il

;

suivre son chemin propre;

Chaque voix

qualité propre.

singulier,

qu

l'individu

inimifallait

il

Nietzsche en conclut

;

ne doit pas se conformer

du

à la loi

Sluart Mill qui

Il s'emporte contre John admet comme tout le monde que ce qui est bon pour l'un est bon pour l'autre et qu'il ne faut pas faire à

vulgaire.

autrui ce qu'on ne voudrait pas qu'on vous

théorie suppose, selon

taine équivalence entre les actions des

Cette

fît.

une

cer-

hommes;

elle

Nietzsche', qu'il

y

a

annule le caractère personnel des actes, la valeur qui ne peut être appréciée en monnaie courante, la grâce ou la disgrâce qui ne peut être payée de retour. C'est donc une théorie est

aristocratie

noble

dit

:

bonne pour

fondée sur

la

vulgaire

;

toute ;

le

ce que je fais ne peut pas et ne doit pas

être fait par les autres. Nietzsche aristocratie l'équivalence dans

1.

le

théorie opposée

Nietzsclie,

admet comme toute

une sphère restreinte

Nachgelassene Werke, XV, 458.

:

— inter pares

pour

lui

caractère unique des individus n'est

le

;



79

qu'un argument contre

l'égalité. Slirner, au

contraire, ne reconnaissait pas de pairs;

pour

était

un argument contre

lui

De mêuie Nietzsche continue dans période

à réhabiliter

christianisme et s'agit pas

la

disparité

la

l'autorité.

troisième

sa

l'égoïsme trop rabaissé par

morale de

la

pitié

;

mais

il

de l'égoïsme imprescriptible, antérieur

supérieur

toute autre considération,

à

le

ne et

dont parle

Stirner; lesmeilleurs seuls ontle droit d'être égoïstes.

Nietzsche déclare expressément que l'égoïsme varie avec dividu égoïste

il

;

valeur de

la

valeur physiologique de lin-

la

est excellent ou méprisable, selon

qu'il favorise l'ascension

ou

décadence de

la

la vie'.

Zarathustra déjà avait pesé dans sa balance l'égoïsme

même temps

en

tion il

;

il

avait

que

la

volupté

et le désir

en avait mesuré les bons

maudit

le

et les

de domina-

mauvais

eflets

;

lâche égoïsme des faibles et béni

l'égoïsme sain des forts.

La liberté aussi, qui, selon Stirner,

était la

pro-

du Moi, doit être selon Nietzsche un privilège. Avant de conférer ce privilège, Zarathuspriété intangible

tra

demande

à ses disciples

titres à la liberté, tju'ils

conquérir-. à

Il

de prouver qu'ils ont des

ontle droit

serait bien inutile de

ceux dont l'existence

même

et la force

donner

serait

la

de

superMue

s'ils

ne servaient d'instruments dans les mains d'autrui. 1. Nietzsctie,

Werke, VIII, 140.

2. .Xiotzsche.

Werke, VI, p. 91.

la

liberté



80



Tandis que Stirner veut, en isolant l'individu, supprimer la domination des castes, Nietzsche affirme de nouveau la nécessité d'une classe de maîtres et d'une classe d'esclaves. Chacune de ces classes a sa

morale propre qui ne convient pas veut élargir

le fossé

loin de justifier,

nement par

à l'autre. Nietzsche

qui sépare ces deux classes

comme

les

l'intérêt et la

démocrates,

le

;

bien

gouver-

souveraineté du peuple,

il

que la classe inférieure ne doit être qu'un piédestal pour la classe supérieure. L'aristocratie est

affirme

la

raison d'être de

la

comme

masse,

raison d'être du socle qui

la

la

statue est la

supporte. La seule orga-

nisation qu'admet Stirner, le Verein,

ne ressemble

rêvée par Nietzs-

en rien

à cette société aristoratique

che

détruit toute hiérarchie et toute autorité;

:

il

n'est qu'un

moyen au

service du

Moi

égoïste.

il

Le

Verein se distingue précisément des sociétés ancien-

nes [GesellscJiaft) en ce qu'il est un libre contrat entre des individualités qui

ne sacrifient aucune

parcelle de leur propriété ni de leur puissance; les

égoïstes fondateurs du Verein ne se laissent enchaîner ni par les liens

du sang,

ni par

aucun sentiment de

piété ou de fidélité.

b)

L'anarchie

et la

discipline

un souverain absolu qui ne connaît pas plus l'obéissance que Dieu lui-même; Selon Nietzsche, la nature ordonne aux individus, Selon Stirner,

le

Moi

est

-

81

-

aux castes, aux races, aux peuples, à riuinianilr même d'obéir, d'obéii' à une règle (juelle qu'elle soit, de se

une discipline sévère, de m;ii(li<'r toujours dans la mrmc direction cl <el ordre aussi est uu impi'ratir calégori(iii<\ puisipril a pour sanction soumettre;

à

;

ou

mort'. .Nicl/sclic s'emporte donc conli-e

la

vie

la

bèlise des utilitaires

la

([ui

ne voient dans

le

respect

des règles littéraires ou morales qu'un préjugé, et contre l'entêtement des anarchistes qui n'admettent j)as la

soumission

à

une

loi

sous prétexte qu'elle est

arbitraire.

Aussi, tandis que Stirner respecte

la

demande que

l'éducation

libre volonté des élèves, Nietzsche (onde

tout son système

sur une discipline sévère; sans

ne veut pas apprivoiser, dompter [zâhmen) les hommes comme l'a fait le christianisme, mais il entend é\e\ ci- {zilchlen) pur une méthode rigoureuse.

doute

il

Le mot Zncht est de nouveau son expression favorite le jeune philologue l'employait au début pour désio-ner la discipline sévère que le maître doit imposer ;

aux élèves pour les habituer à respecter la langue, à l'exemple des classiques le disciple de Schopenhauer s'en servait pour recommander une discipline morale maintenant l'apôtre de la volonté de riooui'eiise ;

;

puissance y a recours j)()ur imposer à l'humanité le rude traitement ([ui en fera une belle race. Mais le sens propre du mol n'a pas changé il s'agit toujours ;

1.

Nietzsche, fferXe, VII, 116-118.



82



d'une éducation qui rappelle

la

discipline militaire, et

qui n'exclut ni la contrainte ni les sanctions pénales

;

au contraire l'éducation doit, selon Stirner, se passer de sanction et de contrainte, puisqu'elle n'a d'autre

but que de

fortifier l'esprit d'opposition.

c)

La jouissance

Selon Stirner,

mission

;

il

le

Moi

et

but

le

n'a ni devoir, ni vocation, ni

n'a qu'à jouir

de

soi.

De même que Dieu

ne saurait avoir de but, puisque toutes les fins sont dès le principe réalisées en lui, de môme le Moi est parfait dès l'origine.

Il

est

à vrai dire aussi difficile

de donner un sens au mouvement du Moi dans système de Stirner que d'expliquer la chute ou

le la

création quoi qu'il en soit, l'Unique sur terre ne peut ;

pas se proposer un idéal puisqu'il est

au

comme l 'Unique

ciel l'idéal réalisé.

Nietzsche, au contraire, substitue au Dieu mort le

Surhomme, dont

il

veut préparer

besoin de voir un but devant veut pas renoncer à

lui

;

la

naissance;

il

a

l'âme héroïque ne

sa plus haute espérance

;

la

liberté

ne permet pas une grande veut pas vivre en vain [umnoble ne œuvre. L'àme sonst) que la populace accepte la vie sans chercher à lui est indifterente si elle

:

se montrer reconnaissante de ce présent, l'homme supérieur se croit diminué tant qu'il n'a pas rendu plus qu'il n'a reçu'. Sans doute, en se proposant une fin, 1. Nietzscl.o,

Werke, VI, 291.



h;!



on s'impose une tyrannie, mais c'est im Iioriiiciir que d'être l'esclave d'une grande tâche. Tandis (|uc Stirnerci-aignail louledominalion extérieure (ju iul<'Nietzsche aime

riciirc,

le

mon âme que

vocation de

Moi Au-dessus de Moi !

!

tlestin (jui le iiiènc

j'appelle Destin!

{Tn-niir

!

Ueber mir

/;

()

même que de même Surhomme

De

»

chaque individu doit obéir à sa vocation, Thumanité doit se proposer une fin le :

est la fin ([ue Zarathustra

propose

à

manité. Slirner, sans doute, avait dit aussi que était

O

l]ii-

Conserve

réserve Moi pour Vwo. grande destinée'.

et

«

:

supérieur

à

l'humanité; mais

liii-

I

Moi

le

n'entendait pas

il

poser un idéal ou fixer un but il affirmait simplement que le sujet (Moi) est supérieur à son prédicat l'humanité); de même que Schiller n'est pas seulement un Souabe, je ne suis pas seulement un l)ai'



:

homme

;

il

ne

main humaine

suffit ;

on

qualifiant ainsi de

pas de dire que la

la

ma main

une

est

distinguerait sans doute en patte des autres

animaux

;

la

mais

on ne tiendrait pas compte de ma personnalité on me confondrait avec ceux qu'on appelle impropre;

ment mes semblables. Stirner veut, en déclarant que le Moi est surhumain, l'affranchir de tout idéal humain; tandis que Nietzsche, en prêchant le Sur-

homme, l'idéal

surtout

1.

veut

qui lui

précisément fait

défaut,

:

Nietzsche, Wcike, VI, 312.

révéler

depuis

la

à

l'humanité

moit de Dieu

y eut jusqu'ici mille fins, car il y avait mille peuples. Seul le joug des mille nuques manque « 11

encore,

il

encore de

manque

la

fin

Une. L'humanité n'a pas

fin.

Mais dites-moi donc, mes frères, si la fin manque encore à l'humanité, ne faut-il pas dire que l'humanité «

elle-même manque encore'? » Ainsi, selon Stirner, le Moi son

indépendance

s'affirme

soi-même

absolue

s'affirme en affirmant

selon

;

en affirmant une

Nietzsche,

on

en s'impo-

fin,

sant lejoug d'un idéal.

d)

Le Moi

et la

Volonté de puissance

Toutes ces oppositions entre et celles

de Stirner

les idées

de Nietzsche se ramènent à l'opposition

fondamentale entre

le

Moi

et la

Stirner a cherché à définir

la

Volonté de puissance. nature de

l'être.

Mais

un danger pour le sujet. Si tu admets que tu es par exemple un homme, un esprit, un chrétien, etc., on ne respectera en toi que l'homme, l'esprit, le chrétien on t'obligera à te conformer au caractère que tu t'es laissé donner. Aussi Stirner conclut-il que l'être est unique, il

s'est

aperçu que tout prédicat

était

;

c'est-à-dire impossible à définir; sans prédicat, mais

aussi sans vocation et sans loi".

Nietzsche, au contraire, a cherché à dégager 1.

Nietzsche, Also sprach Zarathustra, VI, 87.

2.

Stirner, Kleine Schriften, 116.

la loi

do Tactivité.

iiu^iiic

entre les sages si j'ai

Où j'ai

de puissance; trouvé

la

cl

((l'iir iiirtiie

de son cœur

delà

!

de

volonté

ai

Iroiivé

la

volonté du serf,

Moi

n'y a ([u'à

aspirer sans cesse

à la

la

j'ai

»

est uni(pie cl par là

même

dépenser ses forces. Selon

Nielzsche, toute vie est soumise à une à

vie, cl jiis<jiie

jus(|uc dans

la vie,

volonté (Tèlre seigneur'.

il

sa^es

lit j

Selon Slirner, le souverain;

jjarolc, ô

sérieiisenieni pum- voir

\'ériliez-la

trouvé de

ma

Or, écoute/

pénétré jiiscju'aii les recoins

dans «

!

«

-

85

loi (|ui l'oblige

puissance et par



même à

se

dépasser sans cesse elle-même. e)

Le christianisme

Ainsi s'expliquent les jugements que les

C\c\\\

phi-

losophes portent sur le christianisme. Stirner admire d'une part, dans lion la

;

le

le

christianisme, l'esprit de rébel-

christianisme est en effet une rébellion contre

nature

et

une rébellion contre

la

société; Jésus est

un grand révolté [EDipôreiY^ Stirner attaque d'autre part la hiérarchie morale et sociale que le christia;

imposé au Moi. Nietzsche trouve que l'idéal ascétique a eu cet avantage de donner, en attendant mieux, un sens à la de il est préférable de vouloir le Néant cpic terre ne pas vouloir; mais le christianisme a été une

nisme

a

;

t.

Xietzsche, Also sprarli Zarathustra, VI, 167.

2.

Stirner,

Der

lAiizige, p. 371.

religion

de

l'impuissance,

86



décadence, parce

favorisé le soulèvement

paré par les Juifs

et

qu'elle

a

justifié

rancunes des petites gens

flatté les

et

des esclaves qui a été pré-

qui

a

abouti à

française et à la démocratie moderne.

la

Révolution

CONCLUSION Nous n'avons pas de

Y"

d'adiimer que

Stirner

dociniionl

eu une

ait

permette

cjiii

influence

sur

le nom de Stirner on ne trouve pas non plus ce nom dans la correspondance de Nietzsche. Il résulte simplement (lu témoignage d'une ou deux personnes

Nietzsche. Nietzsche ne cite jamais

dans ses œuvres

;

qui ont connu Nietzsche à Dàle, que

de

[)arlé

Stirner vers

doute été frappé,

comme

J.-ll.

philosophe a

le

Nietzsche avait sans

1874.

Mackay, par

la

courte

analyse que Lange donne dans son Histoire du Matérialisme, de V Unique

sente en effet

le

d'introduction à or,

Nietzsche

et

sa propriété

système de Stirner la

était,

Lange y

:

pré-

comme une sorte

métaphysique de Schopenhauer dans sa première période, un fer:

vent admirateur de cette métaphysique. 2° Si l'on

compare d'autre

part les idées de Stirner

aux idées successives de Nietzsche, on constate que les

ressemblances des deux systèmes sont bien su-

perficielles

:

Dans sa première période, en siste

bien

du moi <|uc

;

comme

Stirner sur

mais Stirner

le

effet,

Nietzsche in-

caractère singulier

est arrivé à cetle idée

en parlant du panthéisme de Hegel

et

de luni-

de Feuer-

bach

Nietzsche y a été conduit en méditant la métaphysique de Schopenhauer et en suivant l'exemple ;

de Richard Wagner. Stirner veut affranchir

de tout lien

de toute

et

moi

le

Nietzsche prêche

loi;

le

devoir d'originalité et de sincérité. Stirner

demande

que Téducation se borne

d'opposi-

tion

;

Nietzsche exige

à fortifier l'esprit

une discipline rigoureuse.

comme un

Stirner considère le réalisme

progrès;

Nietzsche est un humaniste qui ne voit que barbarie

en dehors de l'antiquité grecque. Stirner veut que le sujet triomphe de tout objet Nietzsche cherche à ;

absorber dans l'objet

— un tout sujet individuel.

ner est un esprit critique; Nietzsche est un Stirner

progrès continu

croit au

christianisme et

la

;

Slir-

artiste.

l'avènement du

Révolution française marquent

à

ses yeux des étapes importantes; Nietzsche admire la

Grèce, considère

décadence démocrate tous

;

et :

le

christianisme

comme une

souhaite une Renaissance. Stirner est

réclame

il

la

l'égalité

pour

son idéal est

l'état

liberté et

Nietzsche est aristocrate

:

platonicien.

Dans sa deuxième période^ Nietzsche voisin de Stirner; la liberté,

a)

il

nie

la

il

affirme

morale,

comme

lui

la

plus

l'égoïsme

le droit et l'Etat,

Tandis que Stirner veut opposer

inconscient de

paraît

à

et

mais, Végoïsrne

religion l'égoïsme conscient, Nietz-

sche se propose simplement d'étudier

le

caractère

égoïste des actes et des sentiments en savant et en

psychologue. Tandis personnel

rèt

(pi'il

opposer rinlé-

ciue Slirnoi' voiil

autre inlérèl, Nielzsche admet

harmonie enlrc rinlérôl personnel

a

y

à tout



89

rêt général, et

el Tinlé-

ne cesse pas un instant de se pri'occu-

per du progrès de Thumanité. Tandis que Sliiner

demande

au

jNIoi

créaleurde ne pas se rendre esclave

de ses créatures, Nietzsche est

comme //)

mère

la

est fidèle à

fidèle à

son œuvre,

son enfant.

Nietzsche s'efforce de concilier

nécessaire

organisme

à tout

et l'aptitude

les chaînes

liberté à c)

de

la stabilité

au progrès

tandis que Stirner invite chaque individu

la

nom

Tandis que Stirncr nie toute tradition au

la liberté,

;

rejeter

à

du passé, Nietzsche croit devoir réserver une élite d'esprits supérieurs.

Tandis que Stirner proteste contre toute règle

morale par désir d'indépendance, Nietzsche attaque

simplement l'intolérance la

;

tandis que Stirner adirme

perfection du Moi souverain, Nietzsche se plaît à

constater l'irresponsabilité et l'innocence des créatures

;

tandis que Stirner, heureux de voir

s'écrouler avec le

duelle n'a d'autre

morale

la

dogme, déclare que la vie que de se dépenser en

fin

indivi-

se

dé-

ployant, Nietzsche souffre de vivre dans l'interrègne

moral

et

cherche avec passion une nouvelle table

des valeurs. d)

Tandis que Stirner ne voit dans

superstition et

ne

reconnaît

de

le droit

réalité

(ju'une

qu'à

la

puissance, Nietzsche constate que les forces

s'é(piili"

des contrats.

Stirner

J)rent

parfois

et établissent

-

-

ÎO

parle en révolté qui souffre des privations droit d'aulrui lui

un

homme

impose

Nietzsche

;

parle

que

le

comme

de gouvernement qui pèse les forces

et

dirige leur jeu. e)

une

Nietzsche estime

comme

institution religieuse et

Slirner que VEtat est

que

la

démocratie est

la

forme historique de la décadence de TEtat mais tandis que Stirner est heureux d'hériler de la puis;

sance de l'État mourant, Nietzsche hésite à porter un jugement sur l'évolution qu'il constate et préfère le

progrès lent

à

la

Jean-Jacques Rousseau

révolution. ;

Stirner

Nietzsche invoque

rappelle le

nom

de Voltaire.

Dans sa troisième période^ Nietzsche bâtit un système qui est la synthèse des théories qu'il avait exprimées dans ses deux premières périodes il semble pourtant que la partie critique de ce système soit moins importante que la partie positive. 11 ne faut donc pas s'étonner si le désaccord entre les ;

idées de Nietzsche et celles de Stirner apparaît nette-

ment dans

cette dernière période.

Stirner veut aflVanchir le

Nietzsche réserve l'originalité,

à

Moi de toute hiérarchie

une aristocratie

de l'égoïsme

et

de

le

;

privilège de

la liberté.

Tandis que

Stirner conçoit un Verein qui ne serait fondé que sur le

contrat des égoïsmes et qui n'enchaînerait pas le

Moi, Nietzsche rêve une organisation où de

la

la

noblesse

classe supérieure justifierait l'existence d'une

— masse d'esclaves.



[>[

'r;ui(lis

vcuL lurlilicr

Sliiiier

cjuc

respiit d'opposilioii, Nietzsche

imposer

vciil

une belle

discipline rude poui- créer

une

Tandis

lace.

que Stirner n'admet aucune vocation individuelle

et

ne se soucie pas de l'humanité, Nietzsche estime que

chaque individu doit s'imposer une tâche manité doit se proposer un

idéal.

proclame

est

que

le

]\Ioi

d'ores

être surhumain, Zaralhustra annonce

surhomme. Tandis

c|ue

et

que

riiii-

Tandis que Stirner et

déjà

nu

venue (\y\ Slirner assure que le Moi la

parfaitet indéfinissable n'aqu'à se dépenser, Nietzsche

constate que à se

la

volonté de puissance oblige toute vie

dépasser sans cesse elle-même.

Stirner admire dans

contre

l'esprit

damne

la

l'esclavaoe

christianisme

la

et la société;

mais

oîi IM-^olise

chrétienne

les individus. Nietzsche au contraire prit

de révolte égalitaire que

communiqué aux qu'ont

fait

hommes

et

les

révolte de

le

nature

niasses

;

le

a

il

con-

maintenu

condamne

l'es-

christianisme juif a

mais

il

admire

l'cflnit

ascètes pour imposer un idéal aux

un sens

à la terre.

APPENDICE LISTE INÉDITE DES LIVRES EMPRUNTES

PAR NIl'TZSCHE

BIBLIOTHÈQUE DE BALE

A LA

(1809-1879)

Wintersemester 1869-1870

Septembre 25 Horwicz. zEsilietik. 25 Rose. Anecdota gi'ieca

et gra'colalina.

22 WackernageL Geschichte der deuischen Lil-

Octobre

teratur.

Novembre

2

Muséum. Schweizerisches.

2v.

3 Benfey. Gescliiclite der Sprachwissenschafl. 3 Corssen. Nachiraege zur lai. Formenichre.



Nous avons fait des rechcrclies à la Bibliollioque de Note. Bàlo pour voir si Niol/sclic y avait ciupnnité TouvraiJ^e de Stirner. Nous prions M. le D'' Bernoùilli, directeur de la Bibliothèque universitaire du canton de Bàle, d'agréer tous nos remerciements la bienveillance qu il nous a témoignée à celte occasion. .Nous publions celle liste inédite, parce qu'elle ijermet de suivre parce l'évolution des idées de Nietzsche enlre 1870 el 1880, el sans qu'elle peut mettre sur la voie de nouvelles sources. H serait doute utile de déterminer par exemple l'influence qu'ont pu exer-

pour

philosophe des livres comme Dcnkcn itnd Wirhlichkt'it PInlosopIna natiiralis de Boscovicli, la jXulur der Kometen de Zollner, et la P/iysit/iif de Pouillel. cer sur

le

de Spir,

la

,

— Novenihre

-

94

3 Corssen. Kiitische Beitriige. 3 Friedrich. Realien bei Honier.

3 Gerviniis. Deutsche Dichtung.

Bd

1.

3 Hollze. Syntaxis. 3

Krebs. Aiitibarbarus.

3 Nitzsch. Epische Poésie. 3 Reisig. Vorlesungen

iiber lat.

Sprachwissen-

schaft.

3 Steinthal.

Sprachwissenschaft

bei

Griechen

und Rômern. 3 Schleicher Vgl. Grarainatik.

6 Rœlh. Griech. Philosopliie.

Bunsen. /Egypten. Braun Sludien und Skizzen. 7 Gerland. Griechische Mythologie. 7 Lobeck. Aghiophamus. 7 Preller. Griechische Mythologie 7

7

7

Roscher. Glio

10 Bûcheler.

1.

Grundzi'ige

der

lat.

Deklination.

Brambach Neugestaltung der Orthographie, 10 Muséum. Rhein. Bd 2. 10 Muséum. Rhein. f. Phil. Bd 14. 10

10 Neue Formenlehre. 10 Welcker.

Bd

1.

Hesiodische Théogonie.

10 Welcker. Kl. Schriften

2.

11 Curtius. Griech. Geschichte

14 Philologus.

Bd

17 Gerhard. Gesammelte 17 Kuhn. Ztschr.

1.

24.

f.

vgl.

Abhandlungen Bd Sprachen Bd 1.

2.

17 Kuhn. Herabkunft. 17 Mauser. Isliindische Volkssagen. 17 Millier

M. Wissenschaft der Sprache

17 Mannhardt. Gerraan. Mythen.

19 Hoffmann. Homerus.

1. 2.

— MovcMuhrc 20

Ciii-tius.

_

95

Andciitiiii-eii

.i|ji>r

li.Mn.iisrl,,-

(li,>

l"'r;ige.

20 Bergk. AIk rilimnswisscnschaH .ll.r- |. 20 Lauer. GescliiditL' d. Iiotnei-. Poésie. 20 iNitzsch. Sageiipoesieder (Irieclu'ii l'.d :;. 20 Rauke. De

K-xiri Ilcsycliiani

vera origin.'.

24 Disserlationcn. 1) iiber Griccli. IMiilosopliio 24 Democritiis Fragmenta éd. Mnllacli. 27 Feuerbach. Der valic. Apollo. 27 Millier. Théorie der Kunst.

Décembre

1

Benndorl.

J^e anlholos:. jïréec. enio-r

7 DisscrtaliouL-n. 3 llomerischhcsiodische. 7

Ilesiod. Fragni. éd. Mai-ksolieflel.

7

Lelirs. Oiucslioncs epicie

7 Pliilologu.s.

Dd4,7.

7

Fliilologus. P>d 4,

7

Schœmann. De

li),

Tiieog. poésie.

14 Bernhardy. Griech. Lilteratur

1.

14 Ileimsœth. Wiederherslellungder

Dramon des

yEschylus.

Janvier

18

Heiiii'sa'th.

Krit. Studien.

5

Daidmann.

llist.

Forschungen

lîd 2.

5 Loreuz. Epicliarmus. 5 Sopliokles ed Erturdt 4, 5. 5 Volkmaiin. Flutarcli. <S

Millier

Gcscli. d. griecli. Litteraliir.

8 Ticknor. Gescli d. Filleralnr in Spanien

8 Voigt. \\'iederbelel)ung

d.

klassisclien

tums. 15 Nissen.

Tcmplum.

23 PoeUe. Scenici Grœci ed Dindorf. 2'i

Ramshorn. Lateinische Grammatik

Hd

1.

.\llri--

Février



96

2 Curtius. Griecli. Etymologie 24.

10 Corpus. Inscript, latin

1, 2.

Bergk Beitrtege 1. Heft. 15 Beumiein. Untersuchungen 11

iiber Griech.

Par-

*

likeln.

15 Burckhardt. Gonstantins Zeitalter. 15 Corssen. Aussprache. Vocalismus, etc., 2 vol.

De grxcsi

17 Ahrens.

lingua* dialectis.

17 Ritschl. Monura. priscae

lat.

epigr.

17 Schleicher. Indogerni. Chrestoniathie.

19 Grasberger. Erziehung

1, 2.

19 Momrasen. Rœra. Forsclmngeii. 19 Windisch. Relativprononien. 28 Anecdota grœca. Ed. Villoison.

28 Verhandl.

Wùrzburgcr

d.

Pliilologenver-

samml. 18G8.

Sommerseinester 1870

Avril

2

Benndorf de

Antliol. GrcTc. epigr.

2 Deraocritus fragm. ed Mullach.

Fragmenta

2 Hesiod.

ed. Markscheffel.

2 Oncken. Die Staatslehre des Aristoteles. 2 Rose.

Anecdota grseca

13 Plato 3 vol

26

Millier.

B

c

Gesch.

V

195

et graîcolatina.

B

c

V

175

B

c 7 150.

d. griech. Litteratur 2 Vol.

2G Ranke de Lexici

llesychiani

vera

origine.

Ritschl. Coroll. Disput. de Alex, bibliolh.

26 Schœfer.

Mai

De

ephoris Lacedaemonic.

4 Blass. Die attische Beredsamkeit.

4 Gicero ed Orelli

Bd

4.

4 Curtius. Griech. Etynnologie.

4 Hermès.

Bd

3.

Mai

/j

Ileiinsd-ili.

97

-

Kritisclir Slinlicti

/ii

.Im

rr|'i,.,-|i

Tragikern. 4

Madwig. Opusc.

ac;i
4 Pliilologus. Bil

4, 17.

Bd

4, 17.

4 Philologus. 4 Sopliokles.

Rex

(]{di|)iis

et

Ajas 2,

3.

4 Sopliocles. Ed. Scliiicidcwin, Ajas,

Pliil.

Rex, 2 vol. 4 Sophokles. CEdipus rex cd llerwordeti.

4 Sopliokles. Ajas od. Seyfferl. 4 Sophokles.

4 Studieii.

B

c

8 197

(4).

Ivieler Pliilol.

4 Sludien. Gotlinger. 4 WoIfT. Sophoclis Scliol. Laurent.

4 Wartenburg (V.) die Katharsis. G

Muséum

rlieinisclies

7 Livius ed

Bd

Weissenl)orn

2, 15, 10. |t.

2).

7 Quinctiliun. Instr. 1.

7 Vischer. ^Esthetik

Bd

4.

12 Teichrni'iller. Aristot. Forschungen

12

Muséum

rhein.

f.

Philol.

24 Herraann G. Opuscula 24 Oratores

Bd

G.

altici ed. Bailei- ei

Juin

27 Oiitken. Alhen

Juillet

11

Hermès. Bd

Sauppe.

et Ilellas.

1.

Winterscmester 1810-187 L

Octobre

25 Ambros. Gescli. d. Musik

25 Apel. Mcirik 2 v. 25 ^schylus ed Weil

1.

Bd

2, 12.

2, 3.

1.

(Ed.

— Octobre

98

-

Agamemnon

25 ^^schylus.

ed Keck.

25 Brambach. Metrische Studien. 25 Gaesar. Grundziige der Rhythmik.

25 Freese. Griech-rremis, Metrik. 25 Geppert. Ueber die Metrik Hennanns.

25 Graramatici. Latin, ed. Keil

1.

25 Hermann. Elementa doctrinae metricae.

25 Kôppen die Religion des Buddha 2 vol. 25 Leutsch. Griech. Metrik. 25 Preller. Griech. Mythologie, 25 Rossbach und Westphal. Metrik.

Kunstformen

25 Schraidt.

Bd

der

1.

griech.

Poésie

1.

25 Westphal. Fragmente der Rhythmiker.

28 Corssen, Vocalisrnus Bd 28 Schmeller

lat.

2.

Gedichte des X. und XI. Jahrh.

28 Wackernagel. Das deutsche Kirchenlied,

28 Wackernagel Altfranzosische Lieder. 31 Wolf. Uber die Lais. 31 Dionys graeci

Novembre

Halicarnass.

v.

Tom. V.

Rhetores

3-6.

9 Funke. Lehrbuch

der

Physiologie

BD.

1.

2.

9 Helmholtz. Tonempfindungen. 9 Spengel. Sunagoge Technon. 14 Corssen. Aussprache etc.

Bdl.

14 Preller. Rœmische Mythologie. latini rei metricae ed.

14 Scriptores

Gaisford.

14 Scherer.Zur Geschichte der deutschen Sprache. 19 Aufrecht. Umbrische Sprachdenkmiiler. 19 Ausonius

0pp.

19 Corssen. Origines poesis 19

Programm

Rom,

de versu Saturnio,

— Noveml)r('

I!)

*

Programm

'.»'.»



Cirs.uis

de

Noi

vocal).

19 Terenliiis Maunis cd Santen 19 Iloraz rec. Peerlkamp,

Grundziige der Ilarmonik des Alterlhuais.

19 Ilasenclever.

29 Philologus.

Décembre 19 Lu( rez ed 19 Bergmann Février

Bd

esoterisclien

9.

Lacliraanii

1

2.

Philos. Monatshefte

Bd

2.

11 Gurtius griech. Ktymologie.

11 Cicero opp. ed. Orelli 4. 11 Quiiiclilian.

Iiist.

rec. Haïra.

11 Ritschl. Dispul. de Alex. 11

Ranke de

biI)liotl».

lexici Ilesychiani vei'a origine.

11 Sopliokles Ajax ed Lobeck. 11 Sclia-fer de eplioris Lacedœmonîs. 11 V. W'arlenberg die Katharsis.

11 Welcker. llesiod. ïiieogonie.

Sommer 1871 Avril

12 Bernhardy. Encyclopaedie der Pliilologie.

12 Encyclopaîdie der ^^'issenschaftcn. 12 Erscli und Grubcr. Encyclopaedie, 3 vol. 12 Lasaulx. Studieii des class. Allertliuras.

12 Welcker griech. Gotterlehre

1, 2.

12 Klein. Geschichte des Drainas 12 Rossbach und

Mai

^^'estphal.

4,

MeUik

5,

(i.

1.

9 Arnold. Fr. Aug. Wolf. 9 Bernays. Scaliger.

9 Bernays. Aristotcles ùber \\'irkung der Tra-

gœdie.



100



Mœhly. Angélus Politianus.

Mai

9 Porphyr de philos, ex orac haur. éd. Wolff. 9 Reinkens. Aristoteles iiber Kunst.

9 Susernihl. Entw. d. Platon. Philos. 2 vol. 10 Winlerfeld, Einfluss des Alterthums.

Juin

12 Helbig.

Wandgemalde.

12 Seneca rhetor. Ed. Bipont.

12 Wattenbach. Lat. Pakeographie. 12 ^Yattenbach. Griech. Paléographie.

18 Bachofen. Grabessyrabolik. 18 Creuzer. Symbolik

Bd

3.

19 Brentano. Untersuchungen iiber das griech.

Drama

Thl.

i.

19 Madvig. Adversaria crltica ad scripiores graecos.

19 Mùller. Archaeolog. der Kunst.

19 Verhandlg. der Philologenversammlung 1860-

1863 Juillet

1

et

1864-1867.

Burckhardt. Gonstantins Zeitalter.

Bd

1

Léo. Univer.salgeschichte

1

jNIommsen. Roem. Geschichte

1

AMese ùber das hôhere Schulwesen Bd 1,2.

1.

Bd

2, 3.

26 Auctor de origine Rona. éd. Schrœter. 26 Diintzer. die rœm. Satiriker. 26 Scriptores

hist.

Rora. Roth. 52, 53.

26 Victor Aurelius. Hist.

rer. Rora.

c.

rec.

Gru-

neri Roth. 49.

26 Victor Aurelius. Hist. Roman, brev. Roth 50.

Août

6 Herraann. Culturgeschichte der Griechen und

Rômer. 7 Schaarschiiiidt. Platon, Schriften

8 Lnrenz. Epitharraus.

Bd

3.

Août

101



17 Arioiiiidoi us cd. H( relier.

17 Ilock. Trerbert od. Papst Sylvester.

25 Cantor. Matliomat. Jîeitrage.

30 Lewes. Philosophie Bd

Septembre

Properz hgg. 11

Laiigo.

1.

Vuinod.

v.

Rœrn. Allerthiimer

il Momiiiscn.

Rœm.

1,

2

Chronologie.

12 Philologivs 1870.

12 Philologus

Bd XXX.

Ilcft. 1.

Winter 1871-1872

Septembre 20 Kriegk. Deutsches Biirgertum. 29 Auctor de origin. Hora. éd. Schroeter. 29 Bernliardy. Encyclopa;die der Piiilologie.

29 Ersch und Gruber. Kncyclopa:-die. 29 Hermann. Culturgoschichte dcr Grierhcn und R()raer.

29 Lange. Romischo Allerthiimer Bd. 1,2.

29 Schaarschraidt. Plato. 29 Scriptores

hist.

Scliritten.

Rom. Roth

29 Susemihl. Entwick.

li.

52, 53.

platon. Philos. 2 vol.

29 Victor Aurelius. Hist. roin. brev.Roth54, 4-50. 29 Victor Aurelius. liist. rom. c. rec. Gruneri

Roth Octobre

9 F'ranzius. Elément. ef)igr. Grœca.

26

Novembre

49.

Zell. Inscrip.

rom.

9 Corpus inscrip.

vol. 1, 2.

latin.

Bd.

9 Corssen. Ausspi-ache, etc.

9 Pauly. Realeiicyclopa-die

1, 2, 4.

Bd

l.

4.

9 Ritschl. 12 Dissertât, ùber

lat.

Epigr.

— Novembre

16 Karsten.

102



Comment.

Crit. de Platonis epistulis.

16 Zeitschrift fur Philosophie Heft

22 Plato

Décembre

Janvier

V.

Millier

1, 2.

und Steinhart, 8

vol.

5 Bahnsen. Zur Philosophie der Geschichte.

14

Oncken

2.3

Arnold. Platons Werke, 2 vol.

die Staatslehre des Aristoteles

1.

23 Beyer, die Idée des Realgymnasiuras. 23 Roth. Gymnasialpaedagogik.

23 Schmid. Paed. Encyclopsedie Bd 6. 24 Demosthenis Gonciones recensuit Vœmelius. Février

Mars

14 Volkmann. Ilerraagoras.

4 /Eschylus.

Agamemnon

ed Keck.

Sommer 1812 Mars

15 v. Mohl. Staatsrecht Volkerrecht und Politik

Avril

26 eschylus.

Agamemnon

3.

ed Keck.

26 Arnold. Platons Werke, 2

vol.

26 Auctor. de orig. Rom.

Schrœter.

ed.

26 Bahnsen. Zur Philosophie der Geschichte. 26 Beyer. die Idée des Realgyranasiums. 26 Bernhardy. Encycl. und Methodol.

26 Corpus inscrip. lalinarum Bd 1, 2, 4. 26 Corssen. Aussprache etc. Bd 1. 26 Demosthenis conciones recensuit Vœmelius. 26 Ersch und Gruber. Encyclopaedie. 26 Franzius. Elementa epigraph. 26 Hermann. Culturgeschichte

graecae,

d.

Griechen und

Rômer. 26 Karsten. Comm. crit. de Platonis epistulis. 26 Kriegk. Deutsches Bûrgertum.

— Avril

2(i

103



l^ange. Uiuii. Alti rilnimcr

1, 2.

26 Onckcn die Staatslelire dos Aristotelcs

1.

26 Pauly. Realencyclopanlie des Altertliums 2(i

und

Plato. ^^\•l•kc V. Miïllfi' selzt,

8

Sloinii.irl

4.

ul)er-

V.

26 Proporz cd. \'uinod.

26 Ritschl. 12 Dissert, zur

lai.

Kpigrapli.

26 Roth. Gyiiinasial l'a?dagogik.

26 Schaarscliinidt. Platon. Schrilten. 26 Schraid. Pa'dag. Kncyclop. 6.

26 Scriptorcs historiœ Romanae Roth 52-53. 26 Stein. Geschiclite des Platonismus. 26 Susemild. EntNvurf dcr platon. Philos. 2 vol. 26 Vict. Aurelius. Illst. rom. brev. Roth 54, 50.

26 Vict. Ânrolius. Ilist. rom. 26 Volkraann. Ilerraagoras. 26 Zeitschrift

fiir

2() Zcll. Iiiscrip.

c. r.

Grun. Roth

4tJ.

phil. l, 2.

Rom.

30 .Eschylus éd. Weil,

1,

2.

Bd

1.

30 Antoninus. 30 Karsten. Rmpedokles. 30 Karsten. Parraenides. 30 Mullach. iM-agm. philos,

Mai

gran-.

Bd

1, 2.

2 Curtius. Griech. Ktyraologie. 2 Graniraatische Studien

Bd

4.

6 .Escliyliis. l'iumeniden cd. Miiller. 6 ^Kschylus éd. G. Hernnann, Bd 6 Pœta" scenici grœci ed Dindorf.

1.

6 Scholien zu /Eschylos ed Dindorf. .Tiiin

10 Fuchs. Prœlirainarien zu einer Kritik der Tonknnst.

Août

8 Bursian. Géographie Gricchenlands,

Bd

1.

Août



104

8 Delbriick und Windisch. Forschungen

Bd

8 Welcker. Kleine Schriften

9 Creuzor. Symbolik

1.

1.

3.

20 Berichte. Sachsische 1865-1867. 22 Holin. Geschichte Siciliens.

Wintersemester 1872-1873

Septembre 28 iTîschyhis. Agamemnon 28 Fuchs.

éd. Keck.

einer

zu

Prœlirainarien

Kritik der

Tonkunst. 28 Gerber. Sprache

als

Kunst Bd

1.

28 Pœtae sceni. graeci éd. Dindorf.

28 Scholien zu yEschylus éd. Dindorf. 28 Volkmann. Rbetorik. 28 Volkmann. Ilermagoras.

Novembre

5 Keil. Inscrip. B«ot.

6 Zôllner. Natur der Kometen.

16 Blass. Attische Beredsarakeit.

Janvier

13 Sophokles ûber, v. Solger

27 Bonitz. Ursprung der

Ilamanns

29 31 Dissertationen 11 Pétri.

31

Programme

Février

8 Fragmenta

Scliriflen

liistor.

8 Philologus, 2 vol.

Mars

1

iiber griech. Philos.

et

29.

gra;cor. ed Millier, 4 vol.

Bd

Plato ed Stallbaum

13 Spir.

Gedichte.

und Briefe.

4 iiber griech. Philos.

Bd 24

31 Philologus.

1.

hoiiier.

4,

Bd

6,

7,

2.

Denken und Wirklichkeit (Einsichts-

exemplar)

.

14 Alberti. Socrates.

— Mars



105

14 Monse. Sentent, doctr. Dissei-t. l'i

Oniken. Isokrates von Athen Dissert.

15

rouillel. Physik, 2 vol.

Sommer 1873 Mars

28 Boscovicli. Philosophi.i naturalis, 2

28 Bonitz

liber

vol.

den Ursprung der liomer,

(led.

28 Dissertationen 11 iiber griech. Phil.

28 Fuchs. Prœliminarien zu einer Kritik der Tonkunst.

Bd

28 Kopp. Geschichte der Chemie

2.

28 Ladenburg. Entwickluiig der Chemie. 28 Molir. Bewegung der Kraft. 28 Mœdler das \\'underbare des Weltalls.

28 Programme 4 ûber

griecli.

Philosophie.

28 Pouillet. Physik. 28 Spir. Denken

niui \\'ii'klichkeit.

28 Zollner. Natur der Kometen. 29 Pétri. Hamanns Schriften und Briefe. 31 .lEschylus. Avril

Agamemnon

ed Keck.

5 Bergk. Griechische Liiteraturgeschichte 5 Encyclopœdie der Physik

Bd

5 Fragmenta histor. grtecor. Toiii. -5

Monse. Sentent, doctr. Diss.

5 Philologus. 5 Piiilologus.

Bd 24 Bd 4,

5 Plalo ed St;dlbaura

et 29.

6 et

7.

Bd

2.

5 PœtiB scenici grieci ed Dindorf

5 Prellcr. Griech Mythol.

1,

Mai

18

Septembre

13 -Acta soc. Philol. ed Bitschl

C^iirlius.

1.

9.

Etymologie.

Bd

3

1,

2, 3,

4.

— Wùifej'

Octobre

106



lS73-iS74

2 Acta soc. Philolog ed, Ritsclil Bel 3.

2 Bonitz ûber den 2

Bergk

Ursprung der homei\ Ged.

griech. Litteralurg.

Bd.

1.

2 Curtius. Etymologie.

2 Dissertationen 11 ûber griech. Phil. 2 Oncken. Isokrates von Alhen (Dissert.) 2 Platonis opéra ed. Stallbaum vol 2. 2 Zôllner. Nalur der Komelen.

Novembre

4

Plato v. Millier und Steinhart

Bd

1, 3, 6, 7.

5 Steinhart. Platons Leben.

22 Aristotelis. Politik ûbers. 22 Sophokles.

Œdipus

i*ex

v.

ed.

Bernays.

Herwerden.

25 iEschylus. Agaraemnon ed Keck. Janvier

9 Aristoteles. Rhetorica ed Spcngel. 9 Aristoteles. Politik ed Susemihl.

12 Roscher. Leben des ïhucydides.

Février

28 Spir. Denken und Wii'klichkeit, 2

vol.

Sommer I81k Mars

26 Aristotelis. Rhetorica ed. Spengel, 2 26 Spir. Denken und

Avril

vol.

^^'irklichkeit, 2 vol.

13 Acta soc. phil. ed Ritschl

Bd

3.

13 Aristotelis. Politik ed Susemihl. 13 Aristotelis, Politik v. Bernays. 13 /Eschylos. Agameinnon ed Keck. 13 Boscovich. Philosophia naturalis (nebst An-

merkungen). 13 Bergk. Griech. Litteraturgesch.

— Avril



107

13 Curtius. Elyiiiologie. l'A

Dissertationen ûber gr.

Pliil.

lo Oncken. Isokrates von Allien. Dissert. 13 Plalo. W'erke iibcrs. v. Miiller et Steinhart

(Bd

1, 2,

;^, (),

7).

13 Roscher. Leben des Tliukydides.

13 Steinhart. Plalons Leben. 13 Sopliokles.

Œdipus Rex ed

Ilei'wei'den.

13 Zollner. Xatur dcr Konieten.

Mai

30 ^-Esohylus cod. Laurent ed MerkeL

Béer

Septembre

et

Hochegger. Unterrichlswesen

1, 2.

i)

^ erein sclnveizeriscber Gyninasiallehrer.

{)

Wiese. Verordnungen und Gesetze

1, 2.

Winter 187'i-~5 i) Béer und Hochegger. Unlerrichtswesen 9 Dûntzer. Homer.

1, 2.

9 Dûntzer. Homer. AbhindL 9

Muséum

rheinisches 1835.

9 Verein schweizer. (îymnasiallehrer. 9 Wiese. Verordnungen und (îesetze 28 Blass. Atlisihe Beredsamkeit.

1, 2.

28 Bernhardy. Griech. Litteraturgeschiclile 1-2. 28 :Muller 0. Griech.

Novembre 14 yEschylus

Lilt. 2 vol.

coiL Laur. ed. Meikel.

14 Boscovicli. Philosophia naluralis. 14 Spir. Denken und

18 Berichle

W

irklichkeit 2

siichsisciie phii.

Ammerk. voL

histor. Classe 1805»

1867.

18 AVelcker. Kleine Schriften,

Décembre

1

1

1,

2.

Dûntzer. Fragni. der epischen Poésie. rheinisches Suppl. 1, 2 (1840).

Muséum

— Décembre

1

108

Ulrici. Hellen,

Fritzschius.

De



Dithtg

1.

script, satiricis (Prog).

9 Koechly. Paraphrasis evangel. Joh. 9 Philologus 15 (1860). 9 Programm. (Tryphiodor). 9

Programm. (Nonnus).

17 Nonnos, Dionysiaka éd. Koehier.

Février

4

Lewes. Geschichte der Philosophie,

Muséum

1.

rheinisches fur Philologie, 3 vol.

4 18 Welker. Kleine Schriften, Thl. 4.

19 Wolf. Kleine Schriften 2.

Mars

7

Ersch und Gruber. Encyclop. Thl. 39.

Sommer 1875 3 Dûntzer

Avril

Fragm. der epischen Poésie.

3 Fritzschius.

De

script, satiricis. (Progr).

3 .Muséum rheinisches. 3 Kikhly G.

Hermann.

3 Kochly. Paraphrasis evang. Joh. (Progr). 3 Millier (0) Griech. Litt. 2 vol. 3 3

Programm (Nonnus). Programm (Tryphiodor).

8 MùUer-Strubing. Aristophanes.

Mai

8 Teuffel. Studien. 9 Bernhardy. Griech. Litteraturgesch. 22, 3. 10

Muséum

rheinisches

Bd

29.

11 Agtlie die Parabase.

13 Aristotelis. Rhetorik hgg,

v.

Spengel. 2 vol.

13 Bernays die Dialoge des Aristoles.

31 Acta societat. philol. Juin

-

3.

14 Lehrs de Aristarchi studiis Homericis.

Juin

109

-

15 Didyiiiiis cd. M. Sclnuidl.

29 Dahlinann. Forsrhungen 29 Ilerraes.

Bd

1, 2.

6.

29 Kriiger. Lel)en des Thukydidcs. 29 Tylor. Anfiinge dcr Kullur. Juillet

2 Pliilologus 30. 2 Zeitschrift

fiir

Aliertiium 4 (18:}9).

9 Bottiger. Baumkultus. 9

Mommsen.

Ileortologic.

9 Pi-cller. Griecli. Mylliol.

Août

16 Schœfcr. Deraostlienes und seine Zeit (3 vol.). 17

Ersrli und (iruber. l'^ncycl. 2 vol. 81, 83.

21 Bergk. Griech. Lilleralur

1.

Wintcr 1875-70

Septembre

21

Acta sorict.

pliilol.

Ritschelii 3.

21 B('ttligcr Baurnkullus. 21 Bernliardy. Griccli. Lilt.

21 Bergk. Griech.

21 Ers(di und GruixM21

l'.ncyc.

Aa

1-81.

Moruinson. Henrlologie.

21 Preller. Griech. Mythol.

24

1.

Litt. 1.

Muséum

rhein.

f.

Ph.

3.

2.

24 Simonidcs fragm. Ed. Schneidewin. 25 \\'el(ker. Xaclilrag /ur Trilogie.

25 llartung. Ueligion der Griechen.

Octobre

19 Panofka. Bilder antiken Lebens.

20 Bùttchcr. Zophoros. 20 Iloltzinann. Mytliolog. 20 Forster. Persephone. 20 Mannliart. Bauinkult

-

-

110

20 Nissen. Templuni.

20 Winckler. \\'ohnhaus der Hellenen. 20 Wuttke. Volksaberglaube. 24 Hermès

7.

24 Mullenhoff. Deutsche Alteithumskunde

26 Philologus 17, 26 Philologus

1.

19.

3, 8, 9.

26 Wachsmulh. Athen. 27 Demosthenes éd. Miillach. 27 Grasberger. Erziehung im Alterthum

Bd

2.

27 Mùller. Religionswissenschatt.

Novembre

1

Zeitschrifl

fiir

Alterthinnswisscnschaft 1851-

1852. 6 Stephanus Byzant. éd. Meineke. 6

Symbola

philol.

Bonnens. 2

v.

9 Hermès 1,2. 9 Roscher Studien zur Mythol. Heft. 11 Ilippocrates ed

Kuhn

1.

4.

11 Movers. Die Phœnizier

1, 2, 2, 8.

15 Millier, Mytho. der Griechen 1-2.

Décembre

7

Philologus

6, 18.

13 Braun, Geschichte der Kunst

2.

13 Mùller. Archaeologie. 13

Janvier

Semper der

Stil.

4 Abhandl. der Berliner Akaderaie fur 1834. 4 Madvig. Kl. philol. Schriften. 4 Xaegelsbach .Nachhomerische Théologie.

14 Millier. Théorie der Kunst.

22 Pinder. Funfkarapf. 22 Ranke. Engl. Geschichte Février

11

Lelyveld de infamia Schnell).

1, 2, 3.

(Geschenk

des

Herrn

— 11 Philippi,

ail.

-

111

liiirgerrecht.

Sommer 1876 Avril

1

Acta soc. philol.

1

Bergk. Griech.

1

Bernhardy. Gr. Litteraturgesch.

3.

Lilt. 1. 4.

1

Democrit ed Miillach.

1

Ilippocrales ed Kiilm

1

Midler. Théorie dcr Kunst.

1

Nœgelsbach. Xachhoraer. Theolog. Symbola philol. Bonnens. 2 v.

1

A.

22 Hesiod. ed Flach. 22 Ilcsiod. Théogonie ed Flaoh. 22 Krohn der platonisrhe Staal. 22 Slcinharl. Platons Lehen. 26 Krohn. Socrates und Xenoplion.

27 Hesiod ed. Schœmann. 27 Hesiod ed. Ivijchiy und Kinlvel. 27 Hesiod ed. Goltling.

28 Jahrbiicher

Mai

fiir

class. Phil.

Supp. S Heft

1.

16 Xenophon. Meraorabilien ed. Borneniann.

Winter 1816-11

et

Sommer 1811

Bien.

Winter 1811-18 Bien.

Sommer 1818 Mai

15 Lagarde, Gesili Jht.

d.

deul.

Dicht. im 11 el

12,



112



15 Scherer. Gesammelte Abhandlungen.

27 ^schylus ed Dindorf 3 (Scholia). 27 Hermès 11. Juin Juillet

24 Spiegel. Eran, Alterthumskunde 9 Lehrs. Aufsatze aus 9 Haug.

Brahma und

3.

dem Alterthum. die

Brahmanen.

Winler 1878-79

Août

26 iEschylus

rec.

Dindorf3 (Schol

26 Blass. Altische Beredsamkeil

)

3.

26 Hermès 12.

26 Haug. Brahma und die Brahmanen. 26 Lehrs. Aufsatze aus dem Alterthum. 26 Lagarde. Gesammelte Abhandlungen. 26 Spiegel. Eranische Alterthumskunde 3. 26 Scherer. Geschichte der deut. Dicht. 11 und Jht.

Octobre

21 Bursian. Jahresbericht 1874-1875. 21

Novembre

Muséum

rhein. 21.

4 Thucydides ed. Boppo.

Décembre 10

2, 1

und 3

Steinhart. Platos Leben.

Muséum

Janvier

20

Février

18 Bursian. Géographie von Griechenland.

rhein. 33 Ileft 4.

Sommer 1879 Avi'il

11

Blass

Attische Beredsamkeil 3.

11 Bursian. Jahresbericht 1874-1874.

12.

— Avril

11

l'.wicii.

11

-Muséum

n:;



llfil(nioIlori

Vu le

par

le

li

\v ^

l(i.

ilifinisolies 31.

:

20 février 1904,

Doyen


A.

CUOISET.

Vu

et

permis d'imprimer

Le Vice-Recteur de l'Académie de Paris.

L.

LIAllD.

TAItLE

MATIÈKKS

l)i:S

Pages

Introduction

'

Chapitre 1". Nietzsche



II.

connu Stirnor?

a-t-il

Comparaison entre et les

les idées

de Stirner

idées de Nietzsche dans sa pre-

mière période

20

L Unique

2U

a)

25

b) L' Education c)

La

Philosophie



111.

39

L'État

Comparaison entre et

35

de la Civilisation

d) Histoire e)

33

et l'Art

les

idées

de

les idées

de Stirner

Nietzsche

dans

sa

deuxième période a)

L'I'gotsme

44

b)

La

53

c)

L'Immoralisme

oo

d)

Le Droit L'Anarchisme

05

e)



lY.

4'i

Tradition et la Liberté

Comparaison entre et les idées

les idées

'1

de Stirner

de Nietzsche dans sa troi-

sième période

i

'

-



116

Pages a)

L'Individu

b)

L'Anarchie

et l'Aristocratie et la

c)

La

d)

Le Moi

e)

Le Christianisme

Jouissance et la

78

80 82

Discipline

et le

But

Volonté de puissance.

85

Conclusion

Appendice.

84

87 Liste

des

inédite

Nietzsche

à

la

livres

empruntés

Bibliothèque



par Bâle

93

(1869-1879)

Pithiviers.

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Louis

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— Le roman social en Angleterre (1830— Dickens. — Disraeli. — Mrs. Gaskell, Kinosley.

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Histoire de l'Inquisition au MoyenAge. Traduit sur l'exemplaire revu et corrigé de l'auteur par Salomon Reixach, membre de l'Institut, avec une préface de Paul Fredericq, professeur à l'Université de Gand.

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I.

II.

procédure de l'Inquisition. de XL-631 pages, 3« mille

Origines

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L'Inquisition

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