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STIRMER ET NIETZSCHE THESE Présentée à
la
Faculté des Lettres de l'Université de Paris
PAR
ALBERT LEVY ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE
PROFESSEUR D'ALLEMAND AU LYCÉE UE TOULOUSE
PRIX
:
3 francs
PARIS SOCIÉTÉ NOUVELLE DE LIBRAIRIE ET D ÉDITION 17, Rue Cujas 19 O 4 Tous droits réservés
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STIRNER ET NIETZSCHE
STIRNER ET I^IETZSCHE THESE Pi'éseiilée à
la
Facullé des Lettres de riniversité de Paris
PAR
ALBERT LEVY Ancien élève de l'École normale supérieure d'allemand au Lycée de Toulouse
Professeur
PRIX
3 francs
:
PARIS SOCIÉTÉ NOUVELLE DE LIBRAIRIE ET D ÉDITION 1
7,
Rue Cuj as 1
9 O 4
Tous droits réservés
A MONSIEUR LUCIEN HERR Témoignage de reconnaissance afjeclueuse.
INTRODLGÏION dans
produit
s'est
Il
XIX® siècle
deuxième
la
du
moitié
une réaction contre Tindividualisme. Les
théories morales les plus répandues, par exemple
d'Auguste Comte en P'rance, celle de John
celle
Stuart Mill en
Angleterre, celle de Schopenhauer
en Allemagne,
avaient
ce
commun
caractère
de
prêcher l'altruisme. Les philosophes tenaient-ils garder çaient
la
morale chrétienne au moment où
à la foi,
ils
renon-
comme
ou se croyaient-ils obligés,
à
l'a
soutenu Nietzsche, de se montrer plus désintéressés
que
les chrétiens
eux-mêmes
condamnaient l'égoïsme
De même, en
politique,
nationaux ou sociaux
on prêchait
(|ui
et
Toujours
?
est-il qu'ils
l'isolement de l'individu.
on
insistait
sur les liens
unissent les individus, et
la solidarité.
Or, vers 1890, on
commença
à parler
en Allemagne
de deux philosophies qui n'admettaient ni l'altruisme
moral
ni
la
solidarité sociale.
Stirner,
qui n'avait
joui de son vivant que d'une gloire éphémère, venait d'être ressuscité par
un disciple fanatique,
ckay, qui voyait dans l'auteur de l'Unique
J.-H. et
Ma-
sa pro-
priété le théoricien de l'anarchisme contemporain.
D'autre part, Nietzsche, s'imposait à la
si
longtemps
l'opinion publique au
«
inactuel
»,
moment même où
maladie triomphait définitivement de sa raison,
devenait peu à peu un des favoris de cette
européenne Il
qu'il avait si
noms de
on s'habitua
;
Stirner un précurseur de Nietzsche. Mais
de se
vrai d'abord
Nietzsche?
si
ces
les idées s'opposaient si net-
tement aux idées courantes
demander
mode
durement jugée.
était naturel qu'on rapprochât les
deux philosophes, dont
et
à voir il
y
en
a lieu
cette habitude est justifiée. Est-il
que Stirner
ait
eu une influence sur
Est-il juste ensuite
de considérer leurs
comme deux systèmes analogues et animés du même esprit? Est-ce à bon droit qu'on
philosophies
rattache
Nietzsche
à Stirner,
et
qu'on parle d'un
courant individualiste, anarchiste ou immoralisle?
-
1
CHAPITRE PREMIER NIETZSCHE A-T-IL CONNU STIRNER
On ne œuvres, M"*-^
renconlre ni
dans
le
nom
correspondance de Nietzsche.
la
consacrée
a
de Tauleur de VUnique
et
Stirner était d'ailleurs à
moment où
J.-II.
Mackay nous
J.-H.
première
fois le
le
nom
puis
:
il
sa propriété. L'œuvre de
peu près oubliée jusqu'au
de Stirner et
môme
la folie.
En
le litre
où
de son
Mackay
lut
au British Muséum, à Lon-
nom
rencontrât
soigneusement noté.
qu'il avait
Jusqu'à cette dale, Stirner était donc bien mort doit à II
Mackay une
est certain
mandé
à l'un
Stirner.
:
il
sorte de résurrection.
cependant que Nietzsche
de ses élèves,
En consultant la liste
à
a
recom-
Bàle, la lecture
de
les registres de la Bibliothèque
de Bàle, on ne trouve pas, Stirner dans
de
l'esprit
1888,
se passa un an avant qu'il
de nouveau ce
mi-
si
de Slirner dans ï Histoire du Matéria-
de Lange, qu'il
lisme.^
biographie
son frère, ne paide pas
c'est l'année
Nietzsche sombrait dans trouva
à
la
Mackay entreprit de la célébrer. dit lui-même qu'il ne lut pour la
nom
œuvre qu'en 1888:
dres
Je Stirner ni dans les
E. Forster-Nietzsche, dans
nutieuse qu'elle
?
il
est vrai, le livre
des ouvrages empruntés au
de
nom
de Nietzsche
'
;
—
10
mais on constate que ce livre
a élc
en 1872, par emprunté le privat-dozent Schwarzkopf (Synis Archimedes) en 1874, par Tétiidiant Baunigartner, et, en 1879, par le trois fois entre 1870 et 1880
:
;
professeur HansHeussler. Or, M. Baunigartner, fils de M""' Baumgartner-Kôchlin, qui traduisil en français les Intempestives, était l'élève favori le «
de Nietzsche;
philosophe l'appelle dans sa correspondance son Erzschi'der ». M. Baunigartner, qui est aujourd'hui
professeur sur
à
l'Université de Bâle, déclare que c'est
de
conseil
le
Stirner; mais
il
Nietzsche lui-même
qu'il
a
lu
est certain de n'avoir pas prêté le
volume
à son maître. La question se pose donc de savoir où Nietzsche a rencontré le nom de Stirner. 11 se peut qu'on ait prononcé ce nom devant lui chez Richard Wagner;
Wagner avait temps de
la
peut-être entendu parler de Stirner au
Révolution de 1848, par son ami BakouIl n'est pas tout à fait impossible
nine, par exemple.
non plus que Nietzsche
ait
lu le
nom
de Stirner dans
quelque chapitre d'Eduard von Hartmann. Celui-ci affirme, en effet, que Nietzsche a dû être frappé par l'analyse des idées de Stirner qui se trouve dans le 2''
volume de
la
critique assez
Philosophie de l'fnroiiscient. Nietzsche
longuement
le
chapit?-e
où llarimaiin a parlé de Stirner
dans
1,
le 9"
Cr.
1
paragraphe de
:
de ce livre
particulièrement
la 2« Iiilenipestive.
appendice de ce travail.
Nietzsche
-
11
—
attaque avec vivacité les théories évolutionnistes de
Hartmann, en empruntant surtout ses citations aux pages où l'auteur de traite
de
la
la
Philosophie de l'Inconscient
troisième période de Thumanité; or, c'est
au seuil de cette troisième période que Hartmann a
marqué la place de Stirner. Mais il semble que ce que Hartmann dit de Stirner n'a pas dû engager Nietzsche à
étudier avec sympathie V Unique
car Nietzsche
combat précisément
Philosophie de
et
sa propriété
les théories
H nconscient parce qu'elles
de
:
la
lui parais-
sent propres à fortifier cet égoïsme qui, selon Stirner,
mûr de l'humanité comme l'âge mûr de l'individu. A celte maturité égoïste, Nietzsche
caractérise
l'âge
oppose l'enthousiasme de
la
jeunesse.
11
serait bien
surprenant que Nietzsche, qui ne prend pas au sérieux la
«
de Hartmann, se soit décidé à cette étudier l'œuvre de Stirner où il eût trouvé des
parodie
date à
»
théories plus paradoxales encore à ses yeux que celles
de
la
Philosophie
de
En
VInconscient.
l'argument de Hartmann ne prouve pas
tout cas,
qu'il y ait
eu
influence directe de Stirner sur Nietzsche.
L'hypothèse
ment Joël'.
la
plus
celle qui a été 11
vraisemblable est évidem-
émise
par M.
comme Mackay,
le
nom
remarqué, de Stirner dans V Histoire du
Matérialisme de Lange. Nietzsche
beaucoup de 1.
Cf. Joël,
soin,
professeur
le
est probable que Nietzsche
comme
Philosophctwege.
en
lisait
a
ce livre avec
fait foi sa
correspon-
-
avec
daiice
le
-
12
baron de Gersdorff
Erwin
avec
et
Rohde. Le 16 février 1868, Nietzsche écrit, en effet, au baron de Gersdorff: « Ici, je suis obligé de te vanter encore une fois le mérite d'un homme dont je t'ai parlé déjà dans une lettre antérieure. Si tu as envie de bien connaître
contemporain, les
mouvement
le
matérialiste
avec
sciences naturelles
leurs
théories darwinistes, leurs systèmes cosmiques, leur chambre obscure si pleine de vie, etc., je ne vois
toujours rien de plus remarquable
à te
recommander
que VHistoire du Matérialisme, de Friedrich-Albert Lange (Iserlohn, 1866}, un livre qui donne infiniment plus que le titre ne promet, et qu'on peut regarder et parcourir toujours de nouveau comme un vrai trésor. Étant donnée la direction de tes études, je ne
nommer.
vois rien de meilleur à te
Je
me
suis fer-
mement proposé de faire la connaissance de cet homme, et je veux lui envoyer mon travail sur Démocrite,
en témoignage de
Lange ne consacre lignes
;
mais
il
ma à
faut croire
reconnaissance^
».
Stirner qu'une dizaine de
que ces lignes frappent
le
lecteur, puisqu'elles ont déterminé la conversion de J.-IL
Mackay, qui
est
devenu depuis le disciple
fanati-
y a d'ailleurs dans celte courte analyse un mot qui a dû fixer l'attention de Nietzsche:
que de
Stirner.
11
Lange déclare, en effet, que Stirner peut nous rappeler Schopenhauer.
«
L'homme
qui,
1. Friedrich Nietzsche, Gesaminelte Leipzig, Schusler et Lôffler.
dans Briefe,
la
I,
littérature 68.
Berlin
et
— allemande,
absolue
a
et la
—
13
j>rèché régoïsnio de
Max
plus l()oi(juo,
la
l'acoii
plus
la
Slinier, se Irouvc eu
opposition avec Feuerbach. Dans son fanieux (juvi'age \
Individu
et
sa propriété
{id>^ï^),
Max
Slirner
qu'à rejeter toute idée morale. Tout ce
manière quelconque,
comme
comme
soit
alla
(pii,
jus-
d'une
simple idée, soit
puissance extérieure, se place au-dessus de
l'individu et de son caprice, est rejeté par Stirner
comme une odieuse limilatioii du moi par lui-même. est dommage que ce livre, le plus exagéré que nous
Il
connaissions, n'ait pas été conqjlété par une deuxième
une parlie positive. Ce
partie, facile
([ue
travail eût
été plus
de trouver un complément positif
philosophie de Schelling
;
car,
pour
sortir
à
la
du Moi
mon tour, créer une espèce quelconque d'idéalisme, comme l'expression de ma volonté et de mon idée. En effet, Stirner donne la volonté une valeur telle qu'elle nous apparaît comme la force fondamentale de l'être humain. Il peut nous rappeler Schopcnhaucr. C'est ainsi que toute mélimité, je puis, à
<à
daille a
son revers. Stirner n'a d'ailleurs pas exercé
une influence assez considérable pour que nous nous en occupions davantage'
».
Rapprochons ce texte des passages où Nietzsche nous parle de V Histoire du Matérialisme. En septend)re 18G6, le philosophe écrit au baron de Gersdorlf: l.
«
Ce que Schopenhauer
\.iu\ge. J/istuirc dit
est
pour nous,
c'est ce
Matérialisme, Irad. Pommerol, tome
II,
— Tique vient encore de me prouver avec précision un autre ouvrage excellent en son genre et très instructif, y Histoire du Matérialisme et critique de sa valeur pour Vépoque contemporaine, par F. -A. Lange,
Nous avons affaire ici à un kanlien et à un naturaliste extrêmement éclairé. Les trois propositions 1866.
suivantes résument sa conclusion » 1°
Le monde sensible
ganisation )^
2*
est le produit de notre or-
;
(corporels) ne sont,
Nos organes visibles
les autres parties
3°
comme
du monde phénoménal, que les
images d'un objet inconnu »
:
;
Notre organisation réelle demeure pour cette
raison tout aussi inconnue de nous que les objets
extérieurs réels.
nous que »
le
Ainsi,
Nous n'avons constamment devant
produit des deux.
non seulement nous ne connaissons pas
la
vraie essence des choses, la chose en soi, mais en-
core ridée
même
de cette chose en soi n'est rien de
plus et rien de moins que
d'une antithèse relative
à
la
dernière conséquence
notre organisation, et dont
nous ne savons pas si elle a un sens quelconque en dehors de notre expérience. En conséquence. Lange estime
qu'on
doit
laisser
aux philosophes toute
liberté, à condition qu'en retour
ils
nous
édifient.
même dans le domaine des concepQui veut réfuter une phrase de Beethoven ou Tu reprocher une erreur à la Madone de Raphaël ?
L'art est libre, tions.
—
vois que,
même
en se plaçant
à
ce point de vue.
.
—
lô
iiKMiio cil adiiicthnil la cril
-
i(|iic la
plus siriclc, noire
Schopenhauer nous reste; bien j)lus, on peut presque dire qu'il nous est encore davantage. Si la j)liilosopiiic csl un art, llayni' lui incme n'a plus qu'à se cacher devant Schopenhauer si la philosophie doit édifier, je ne connais, pour ma i)art, aucun philosophe qui édifie plus que notre Schopenhauer-. » On voit que Nietzsche a surtout retenu du livre de Lange cette idée que la philosophie est libre comme l'art; chacun a dès lors le droit d'admettre la métaphysique ({ui répond le mieux à ses sentiments; on peut être schopenhauérien comme on est wagnérien. Si donc il a été frappé par les quelques lignes que Lange consacre à Stirner, c'est sans doute parce que Lange a interprété les théories de Stirner dans un ;
sens favorable à sa thèse. Lange croit, en
eft'et,
que
Stirner veut effacer les limites qui bornaient jusqu'ici l'individualité,
pour laisser
à
chacun
choisir selon sa volonté un idéal tout idéal, qu'il soit choisi par
;
la
le
c'est là
droit
de
une erreur
:
volonté, proposé
par l'intelligence ou imposé par une puissance exté-
yeux de Stirner, qu'une idée fixe. Il est remarquable que Lange parle moins de la partie négative du système de Slirner (jue de la partie positive qu'il eût pu y ajouter; or, Slirner n'admet pas rieure, n'est, aux
de partie positive au sens où l'entend l'historien du 1 Il y a dans le texte Heyne mais, d'après l'index, c'est une faute d impression. Il s'agit de Rudolf Hayra, ancien professeur à Halle. ;
2.
.Nietzsche, Gesnnuuclti-
lir'wfe,
I,
o3.
— matérialisme. Lange
—
16
demande en
pour sortir du Moi
sitive «
qu'on en
sorte.
théorie de
la
spéculation
plaider
à
métaphysique;
sauver l'essence de éducative de
cation désintéressée dit
une partie po-
Stirner ne veut pas
Lange cherche, en soutenant une
connaissance,
la la
la
cause de
la
Stirner voit dans toute
métaphysique une sorte de vertu
efTet
», et
Lange essaie de
folie.
religion en insistant sur la foi
;
Stirner considère l'édu-
comme une
duperie.
Nolen dans son introduction
à la
Comme
l'a
traduction fran-
du Matérialisme « Nul n'a mieux compris que Lange qu'aflaiblir le sens de l'idéal,
çaise de V Histoire
c'est accroître celui
sément
:
de l'égoïsme
ce
que Stirner
tandis que
Lange veut
affaiblir
traire,
blir le
sens de
Nietzsche
a
;
or,
c'est préci-
avait compris, lui aussi; mais,
sens de l'idéal pour
fortifier le
celui de l'égoïsme,
pour accroître
»
le
Stirner veut, au con-
sens de l'égoïsme,
affai-
l'idéal.
donc vu sans doute,
à travers l'analyse
de Lange, un Stirner bien différent de ce qu'a été en réalité l'auteur de V Unique et sa propriété ; il a con-
œuvre comme une sorte d'introduction à la philosophie de Schopenhauer et c'est ce qui explique ce fait, paradoxal en apparence, que Nietzsche a parlé de Stirner dans sa première période, quand il était le disciple fervent de Schopenhauer; tandis qu'il n'en a plus parlé dans sa deuxième période, la période critique, où il était en un sens plus voisin sidéré cette
;
des idées de V Unique.
~ Il
y
a
—
17
dans les lettres crErwiii Rohde
Xielzsclie
à
un passage (jiii nous parait conUriner cette interprétation. Le 4 novenihre 1808, Rohde écrit à Nietzsche: u Tu dois sans doute nager cet hiver dans la musique je veux essayer autant que possihh^ (\cn faire car j'ai i)eau n'y rien autant dans notre Abdère ;
;
comprendre, cela
sert toujours à purifier l'àme de la
poussière des jours de travail et tout particulière-
ment
à
calmer
volonté
la
nous permettra pas
me
ne
risque
à
rétive.
Sans doute on ne
Hambourg de nous
Comme
philtre wagnérien. je
à
enivrer du
je ne suis (pTun profane,
approuver cette musique
me
dans
(jue
moi aussi, une mon for intérieur mais elle telle impression, que je crois me promener au clair de lune dans un jardin aux parfums magiques aucun ;
fait, à
;
son de
la réalité
vulgaire n'y pénètre.
Aussi est-ce
avec une indill'érence absolue que je vois les très
sages
que
MM.
S('haul, etc., démonli-er (juc celle
musi-
est malsaine, lascive et bien autre chose encore;
moi, elle
me
ravit,
juste, et cela
plus en plus
me la
selon ton expression qui est très D'ailleurs, je
suffit.
comprends de
sagesse du vieux sophiste
cpii,
mal-
gré toutes les objections des personnes saines de
son temps, affirmait
(pu;
l'homme était la mesure des que je te retournerai
—
choses. Le livre de Lange très
prochainement
—
me mon
pas peu contribué à
n'a
confirmer dans cette idée
:
il
m'a, au cours de
voyage, constamment maintenu dans
la
sphère des
idées élevées. Sans aucun doute, Lange a raison de
—
18
—
prendre si gravement au sérieux la découverte que nous devons à Kant du caractère subjectif des for-
mes de
la
perception
;
et
a
s'il
raisonnable que
parfaitement
une conception du monde qui
raison, n'est-il pas
chacun se choisisse
lui suffise, c'est-à-dire
qui donne satisfaction au besoin moral qui est à pro-
prement parler son essence ? » Or, une philosophie qui insiste sur le caractère profondément, âprement sérieux de l'objet qui nous demeure absolument inconnu, répond à mes tendances intimes, et c'est ainsi que j'ai eu beau me convaincre chaquejour davantage que toute spéculation n'était que fantaisie vaine; la doctrine de Schopenhauer a gardé pour moi tout son prix, ce qui d'autre part confirme le fait que la volonté, le r,Hoi est plus fort, plus primaire que lintelligence qui pèse froidement le pour et le conlre\ » Comme Rohde ajoute que son ami est cordiale-
ment d'accord avec nous avons les théories
le droit
lui
sur ces points importants,
de dire que Nietzsche a vu dans
exposées par Lange une justification de
sa sympathie instinctive pour la doctrine de Scho-
penhauer; toute
la
philosophie allemande de Kant
à
Stirner lui a paru donner une nouvelle force à deux
propositions qu'il avait toujours admises 1°
L'homme
est
qu'en leur qualité
savaient déjà par les sophistes grecs. 1.
:
mesure de toutes choses, ce d'hellénistes, Rohde et Nietzsche la
Fr. Nietzsche, Briefe,
II, 79.
— 2°
19
—
La volonté est antrrieurc
cl
supérieure
telligence, ce qui est évidenl poui- un
à Tiii-
disciple de
Schopeiiliauer. Bref,
il
ne semble pas que Slirner
sche une influence décisive
;
il
eu sur Nietz-
ait
a peut-être
contribué
temps Nietzsche dans le domaine de la niétaj)liysique de Schopenhauer il a été sans doute peu à peu oublié dans la suite. à retenir (|uelque
;
CHAPITRE
II
COMPARAISON ENTRE LES IDEES DE STIRNER ET LES IDEES DE NIETZSCHE DANS SA PREMIÈRE PERIODE.
^)
L'Unique
Slirner et Nietzsche insistent
caractère
unique
«
»
tous deux sur
le
même
de
de l'individu. Le
titre
l'ouvrage de Stirner montre que tout son système est fondé sur la singularité
du Moi. Toute sa polé-
mique contre riiumanisme de Bruno Bauer Feuerbach porte sur ce point. Bruno Bauer
avait,
dans sa brochure sur
l'atti-
tude des juifs
comme
et
la
Question juive, critiqué
et
de
des chrétiens qui tenaient, les uns
les autres, à leur religion particulière, à leurs
privilèges spéciaux.
Bruno Bauer
souhaitait que les
citoyens renonçassent à ces vaines distinctions et se
contentassent de
commune Or c'est il
dignité
tous et leur
d'homme
assure les
qui leur est
mêmes
droits.
selon Slirner, une idée absolument fausse:
ne s'agit pas, pour diminuer les occasions de con-
flit
entre
unique rences ils
là,
à
la
;
:
ne se
les
il
hommes, de
s'agit,
les
ramener
à
un type
au contraire, d'accentuer les diffé-
un chrétien se ressemblent trop battent que parce qu'ils ne sont pas d'ac-
un juif
et
;
cord sur
religion. Or,
la
comme
qualité
ta
—
chaque
comme absolument
considérer sin,
21
unicjue de
la lète
d'être unique,
liomiiic
aux pieds
devrait se
de son voi-
distinci
Tu
'.
commun
rien de
n'as,
en
avec un
autre, et tu n'as pas pour cette raison à te préoccuper si tes
ressemblances avec autrui
privilèges ou
si
on
te
te
confèrent des
refuse des droits
à
cause des
différences entre les autres et
toi.
commun
leur absolue inéga-
entre les
hommes que
Il
rien de
n'y a
pour reconnaître ce caractère commun de disparité, admettre une comparaison, Feuerbach avait, dans sa critique de la métaphylité
;
et
encore
faul-il,
sique de Hegel, op[)osé
la
sensation
réalité concrète à l'idée abstraite.
sensation
à la
derais pas le tirerais pas
est singulière. «Si je Hegel par exemple, je ne regar-
monde comme
le
je le regarde
système hégélien
2.
»
par exemple, est un jouet pour l'enfant,
dans
je n'en
:
la
le livre
Bible,
sacré
croyant, un texte pour l'exégète, un coquil-
lage sans valeur pour l'inca qui la jette
;
La relation de
tout sujet à l'objet est particulière au sujet
le
la
ma
comme ma pensée
n'étais pas tel ou tel,
pour
pensée,
Selon Stirner,
la
parce qu'il n'entend rien.
les objets ce qu'il
trouve des idées.
11
est
met à l'oreille et Chacun trouve
le philosophe y cherche y donc vain de tenter une défi-
nition objective des choses.
:
A
plus foite raison est-il
vain de vouloir définirl'w Unique». L'L'ni([ue est indéDer Einzige
1.
Stirner.
2.
Ibid., p. 398.
iind sein
Eigentum, pp. 2il-2i3.
finissable parce le
que
contenu du sujet
22
-
les prédicats les
:
ne sauraient épuiser
noms communs
n'ont pas
la
puissance d'étreindre Toriginalité. Le terme
même
d'unique est déjà une expression imparfaite
on ne
prétend pas plus te qualifier
:
désigner par ce mot qu'on n'entend
te
nom
en te donnant un
propre, Louis ou
Max».
De son
dans son
côté, Nietzsche déclare,
pestive » sur
Intem-
«
Schopenhauer considéré comme éduca-
que chaque individu n'esl qu'une fois au monde: jamais le hasard ne ramènera cette combinaison sinteur^
gulière d'éléments bariolés qui constituent ton Moi. Il
a fallu
dans
le
un temps
infini
pour
te faire naître
;
il
y a
monde un chemin unique que personne ne
peut suivre,
si
ce n'est loi
:
chaque
homme
est
un
miracle qui ne se produit qu'une fois^ Il
y
a
cependant des différences profondes d'une
part entre les sentiments qui ont
amené
les
deux
philosophes à insister sur cette idée, et d'autre part entre les conclusions qu'ils en tirent. Stirner tient
avant tout à l'indépendance paraît
une limite
un
et
:
toute
lien. Il a craint
définition
lui
qu'on ne prît
prétexte des ressemblances entre les individus pour les
grouper dans
la
même
servitude et qu'on n'éri-
geât les prédicats en devoirs impérieux. Isolé sur
une pointe inaccessible, de toute contrainte 1.
le sujet
sociale,
unique est
Stirner, Kleine Schriften, pp. 114-115.
2. Nielzsclie,
Werke.
I,
386-388.
à l'abri
morale ou religieuse.
-
-
23
Slirner est arrivé à celte conséquence extrême en partant des
idées de
Feiierbach.
entrepris, pour réagir contre
riiomine à se sacrifier
à
la
Feuerbacli avait
tendance qui pousse
Dieu, de réintégrer
dans
rhunianité l'essence qu'elle avait projetée au ciel
humains, l'amour
les prédicats
foujours sacrés à ses yeux
eux-mêmes, sans
Or
dant.
dans
;
mais
c'est là, selon Stirner, s'arrêter à
extérieure et supérieure à moi
ciel
à
mi-chemin
mes
prédicats conti-
divin a disparu du
spectre de l'humanité m'obsède encore
le
possède. Faisons donc un pas de plus
et
nité,
:
me dominer. Le fantôme
mais
;
me même
les vénérait pour un sujet transcenil
les attribuer à
voie de l'immanence: l'humanité est toujours
la
nuent
:
et la raison, étaient
qu'il n'y a pas
de
même
il
:
de
de Dieu en dehors de l'huma-
n'y a pas
d'Humanité en dehors de
comme l'auteur de V Essence du Homo homini Deiis ayons le cou-
moi. Ne disons pas, Christianisme
rage de dire
:
:
;
Ego mihi
mettre un terme
Deiis. C'est le seul
à l'aliénation
moyen de
qui m'a trop longtemps
appauvri et asservi. Le sujet qui pose l'objet en face
de
lui
devient
la
victime et l'esclave de cet objet,
qui n'est pourtant que son libre,
il
faut qu'il cesse
ment de soi-même, et se
qu'il
ombre
:
de consentir
reprenne eh
s'il
à ce
veut être
dédouble-
lui sa
créature
pose en maître unique, en créateur souverain.
L'Unique de Stirner montre à quelle conséquence extrême aboutit le panthéisme de la philosophie hégélienne on s'était efforcé d'abord de rattacher :
l'idée et le réel
;
on
24
conduit au nominalisnie.
a été
L'originalité de Stirner a consisté à tirer
argument
de ce nominalisme pour afTranchir l'individu de tout lien.
Nietzsche, au contraire, tient d'abord à l'originalité sincérité morale. C'est aux bour-
artistique et à la
geois allemands, aux philistins s'adresse,
quand
il
miracle unique. Chacun
cache
pourquoi
;
autres
la
?
et
aux pharisiens
qu'il
déclare que tout individu est un le
sait bien, dit-il,
mais
le
Par peur du voisin qui exige des
convention sous laquelle
il
se
dissimule
lui-même*. Mais qu'est-ce qui oblige à craindre le voisin, à penser et à agir comme le troupeau, au lieu
de se réjouir de soi
?
Pudeur peut-être chez quel-
ques-uns, rares d'ailleurs; paresse chez
la
plupart.
Les artistes seuls détestent ces manières empruntées; ils osent nous montrer comment l'homme est luimême dans chaque mouvement de ses muscles, bien plus,
comment
jusque dans les
cette
originalité,
détails,
lui
qui se manifeste
conserve cette beauté
neuve propre à toute œuvre de la nature. C'est la paresse qui donne aux hommes ordinaires ce caractère de banalité qu'ont toutes les marchandises fabriquées.
aux
hommes
sont personnellement responsables
de leur
Le philosophe, d'autre (ju'ils
existence singulière
1.
Nietzsclie,
JVerke,
I,
:
part, rappelle
seul dans sa barque sur
387.
la
mer
de
rhaquo individu doit
la vie,
ques
périls.
et
-
25
diriger à ses ris-
la
Les deux (kUicateurs
Nietzsche à mieux sentir
donnent atout individu
beauté
la
((ui
cl la
ont aidé
gravite que
sa nalurc singulière et
son
rôle uni<(ue sont \\'agneret Schopenhauer. Nietzsche
n'entend pas du tout afTranchir l'individu de toute loi;
il
veut seulement que
obéisse
à
son génie
et
l'artiste
suive sa
ou
le
philosophe
pro[)rc,
loi
pour
entrer dans l'ordre de ceux qui créent et maintien-
nent sur terre
la
civilisation.
Les
initiés seuls, les
héros sont, aux yeux de Nietzsche, vraiment uniques.
oppose singularité, non à humanité, comme l'avait fait Stirner, mais à vulgarité il voit dans le caractère unique, non un palladium intangii^Ie qui assure la Il
;
liberté,
mais un privilège de noblesse.
Stirner et Nietzsche font donc entrer
dans deux systèmes qui n'ont rien de
la même commun
en tirent des conclusions
différentes
théories sur l'éducation, sur
l'art,
idée :
ils
dans leurs
sur l'histoire de
la
civilisation et sur l'État.
h)
L'éducation
Stirner et Nietzsche ont tous deux
commencé par
s'occuper du problème de l'éducation. Cette coïnci-
dence
due sans doute au hasard, et il ne pour l'expliquer, de constater que les deux philosophes avaient tous deux suivi les cours des n'est pas
suffit pas,
-
26
—
Universités allemandes pour devenir professeurs'. est vrai
que
les questions
que constamment
Il
pédagogiques étaient presdu jour, au xix® siècle,
à l'ordre
Allemagne;
particulièrement en
Nietzsche étaient tous deux assez
mais «
Stirner
inacluels
»
et
pour
ne pas se laisser guider par les soucis de leurs contemporains.
S'ils
ont tous deux traité d'abord
blème de l'éducation,
me
était
primordial
raisons qui leur ont ce problème
et,
;
le
pro-
et,
yeux ce problèen comparant d'une part les
fait
attacher tant d'importance à
c'est qu'à leurs
d'autre part, les solutions qu'ils en
ont proposées, nous aurons une première donnée sur différence de leurs systèmes.
la
Stirner part de cette idée que nous
Nos œuvres valent
créateurs et non des créatures. ce que nous valons;
la
société a le
perfection que les individus qui
pourquoi qu'on
fait
il
des individus au la
môme
degré de
composent. C'est
la
se préoccupe avant
question scolaire est
la
sommes des
tout de savoir ce
moment de leur formation: plus importante des ques-
tions sociales ^ L'opinion de Stirner est, en
diamétralement opposée de
la
à celle
Gazette rhénane^ Karl
un sens,
de son collaborateur
Marx
:
tandis que l'au-
teur du Manifeste communiste croit que c'est
le
milieu
Stirner n'a enseigné que peu de temps dans une institution filles à Berlin. — Nietzsche, professeur de philologie à l'Université de Bâle, était chargé (en dehors de son cours) d'enseigner le grec dans un établissement secondaire de cette ville. 1.
déjeunes
2.
Stirner, Kleine
Schriften,
Das unwahre Princip unserer Er-
ziehung oder der Humanismus und der Realismus.
-
dôtennine
social qui
la
de VUnique estime que selon
27
-
valeur des individus, l'auteur la
qualité de la société varie
qualité des associés; mais en un autre sens
la
Stirner et Karl
Marx sont d'accord
:
questions
les
pratiques ou sociales sont à leurs yeux les plus importantes de toutes. Pour Nietzsche, au les questions pratiques il
contraire,
ou sociales sont secondaires
:
y a un idéal de civilisation désintéressée que l'hu-
manité doit s'efTorccr d'atteindre
;
l'essentiel est de
diriger l'éducation des individus de manière à rap-
procher l'humanité de cet idéal de
l'Etat et
défendre
comment
à la
période de sujétion
»
:
progrès de
Révolution française il
:
tres et des serviteurs,
neurs
le
la
pédago-
au progrès social. La période qui va de
lié
Réforme
permet-
de l'humanité.
Stirner montre
gie^st
moyen pour
civilisation contre la barbarie et
tre l'éducation
de
l'organisation
société ne doit être qu'un
la
la
;
la
veux une en présence des maîest à ses
y avait des puissants
aussi l'éducation était-elle
et
des
réservée
«
à
mila
un moyen de domination et un privilège de l'autorité. La Révolution française brisa cette organisation de servitude et permit à chacun d'être son propre maître par une classe des
«
majeurs
»
;
elle était
:
conséquence nécessaire, l'éducation dut devenir universelle. Le parti qui soutient l'ancienne éducation, l'éducation exclusive, est le parti des humanistes; le parti
qui soutient l'éducation nouvelle, l'éducation
universelle, est le parti des réalistes.
L'humanisme
-
-
28
continue à chercher ses modèles dans l'antiquité classique,
cher
la
comme
christianisme continue à cher-
le
vérité dans
la
Bible
;
l'humanisme maintient
une classe de savants, comme le christianisme mainune caste de clercs ainsi se perpétue le roma-
tient
:
nisme. Une éducation fondée sur
grec et
le
latin
le
ne peut être d'ailleurs qu'une éducation purement formelle
:
d'une part, en
citer l'antiquité
morte
et
efï'et,
ne peut ressus-
elle
depuis longtemps enterrée;
schèmes forme l'éducation des humasuffît à donner la supériorité nistes fut donc une éducation élégante, une éducation du goût, du sens de la forme. Le xviii^ siècle se souleva contre ce formalisme on ne pouvait reelle
de
ne peut conserver que les formes, de
la littérature et
l'art;
les
d'autre part,
la
:
:
connaître à tous les
hommes
des droits inaliénables
sans accorder à tous une éducation humaine.
Il
fallait
préparer dès l'école chaque citoyen à exercer sa part
de souveraineté.
ment
iNIais
l'éducation ne doit pas seule-
être universelle en ce sens qu'elle est accessi-
ble à tous
;
à l'antiquité
Selon Stirner,
nisme, parce
pédagogie clamés par
doit encore
elle
exclusivement
le
qu'il
réalisme est supérieur
applique dans
les principes la
de liberté
du passé,
Stirner, Kleine Schriften, pp. 13-li.
à
l'huma-
domaine de
le
Révolution française
lieu d'élreindre l'ombre
1.
cesser de s'en tenir
gréco-romaine.
et d'égalité ',
il
et
la
pro-
parce qu'au
s'efforce
d'em-
— brasser nu',
le présent.
sens de
beauté
la
toute matière à la
La victoire est assurée au de l'adresse,
et
soumet
((ui
forme. .Mais, tout en reconnaissant
la
supériorité du réalisme, Stirnor ne se rallie pas
sans réserve à cette doctrine pédagogique.
11
n'admet
pas le dédain que les réalistes affectent pour
Les philosoj)lies, en
loso[)hie.
réalisé Tidéal de leur temps,
de conscience la
réalis-
ojiiprnnter à son adversaire l'hunianis-
s'il sait
nie, le
-
29
pensée
;
ils
», et ils
sera assurée
la
sont les
Rapliaéls de
«
ne sera plus
hommes
du
la
la
et
période de
Il
le
L'éducation doit
réellement libres, qui sauront la
libérer de tout joug
de toute autorité pour en révéler
veté retrouvée.
mieux
science qui sera
savoir.
découvrir leur personnalité, et
le
de pensée
ont préparé Tère nouvelle, celle où
but, mais la volonté née
étranger
ont
phi-
liberté véritable, la liberté de la vo-
lonté. Bientôt ce
former des
effet,
liberté
la
la
faut s'élever au-dessus
du
la
naï-
conflit
de l'humanisme et du réalisme, du culte de la forme et du culte de la matière, du dandisme et de l'industrialisme; fait
il
faut
tes et tes'.
ménagerie des humanisla ménagerie des réalis-
des citoyens utiles de
Une
s'agit plus d'exiger la
fortifier Tesprit
l'homme
d'opposition
est de s'afllrmer
mer des hommes 1.
renoncer au double dressage qui
sortir des savants de la
;
le
soumission, mais de plus haut devoir de
soi-même.
Au
lieu
de
for-
qui agissent et pensent d'après des
Sliruer, Kleine Scliriftcn, p. 23.
— maximes,
leur principe en liberté.
Il
faut
hommes
former des
faut
il
30
eux-mêmes
que Faction
la légalité n'est
:
soient entraînés dans un perpétuel :
pas
la
pensée des hommes
et la
rajeunissent à chaque instant
qui trouvent
mouvement
la fidélité
et
aux convic-
tions produit sans doute des caractères inébranlables;
mais
des idoles ne vaut pas l'ondoyante éter-
la fixité
nité de la création continue de soi.
Pour désigner
pédagogie nouvelle, Stirner se servirait volondu mot « moralisme », s'il ne craignait une équivoque on pourrait croire, en effet, qu'il veut inculquer une doctrine morale,tandis qu'il est opposé atout dogmatisme. Il se résigne donc au terme de « percette
tiers
:
sonnalisme
».
Tandis que Stirner met
le
réalisme au-dessus de
l'humanisme, Nietzsche prend nettement parti pour l'éducation classique.
gue de profession
;
il
11
n'est pas
seulement philolo-
considère que les adversaires
de l'hellénisme sont des barbares. Dans sa conféde Bâle\ il déclare suspendue sur la tête de tous ceux qui perdent de vue la simplicité ineffable et la noble dignité de l'hellénisme » aucun pro-
rence d'ouverture
que
«
à l'Université
l'épée de la barbarie est
;
grès, si brillant soit-il,
des arts
et
de l'industrie,
aucun programme scolaire, si moderne (zeitgemilss) soit-il, aucune éducation politique de la masse, si répandue soit-elle, ne saurait nous préserver de la 1.
1869,
Nietzsche,
Homère
Nachgelassene
Werke, IX. Antrittsrede, 28 mai
et la philologie classique.
—
31
—
nous conimellons des erreurs de barbares (skythisch^, nous serons anéantis parla tête de Gorgone de la terrible beauté malédiction
:
si
goût ridicules
et
classique'. Selon Nietzsche, nir une piiilosophie
:
la
philologie doit deve-
pînlosopliia
fada
est (juœ pJii-
lologia fuit\ l'hellénisme a pour lui la valeur saints
ont
pour
les
catholiques-; ce qu'il
que
les
espère
du nouvel Empire allemand et de Richard Wagner, c'est la résurrection de la Grèce et du drame grec :
Bayreuth doit être
Dans
les
la
nouvelle Athènes.
conférences sur V Avenir de nos établisse-
ments d'éducation,
qu'il
fit
à Bâle au
Nietzsche se montre partisan de
la
début de 1872^,
culture exclusive,
que le réalisme avait, selon Stirner, justement condamnée. Il admet que le nombre des hommes cultivés est forcément très faible*; il y a à peine un
homme
sur mille qui soit autorisé à écrire
;
tous les
autres méritent pour chaque ligne un rire homérique.
L'éducation formelle devrait donner des habitudes sérieuses et inexorables sonnalité, c'est l'anarchie
;
;
laisser faire la libre per-
donner carrière
à
la
barbarie et à
l'éducation est avant tout une discipline
rigoureuse \ Pour habituer les élèves
à
respecter
la
langue, on ne saurait trop leur proposer l'exemple
1.
Ibid., IX, 3.
2. Ibid.,
IX, 34.
3. Ibid.,
IX, 217-3'i9.
4.
Ibid., IX, 240.
5.
Ibid., IX, 263.
—
—
32
des écrivains classiques; pour préparer
de l'esprit allemand sur poraine,
il
fausse civilisation contem-
la
refaire
faut
le
pèlerinage
Schiller et (joetlie et retourner
à la
que
qu'ont
fait
patrie grecque,
terre sainte de toute vraie civilisation faut pas se dissimuler
triomphe
le
le salut est
mais
;
il
ne
réservé à un
nombre d'élus. Nietzsche admet comme Stirner que l'humanisme est une doctrine aristocratique petit
;
mais, tandis que
Stirner reprochait à
ce système
d'éducation de maintenir les citoyens dans tion, Nietzsche
estime
est nécessaire
qu'il
pecter l'ordre sacré qui soumet teurs obéissants
à
la
royauté
sujé-
la
de
res-
masse des servidu génie*. Parler
la
d'éducation démocratique,
c'est vouloir plus ou moins consciemment préparer les saturnales de la barbarie. Pour apprécier le degré d'éducation d'un peuple, la juste postérité ne tiendra compte que des grands hommes la masse constitue en dormant la :
réserve de santé et de force nécessaire
ment du génie. s'accuser
la
Ainsi, dès le
à l'enfante-
début, nous voyons
différence fondamentale qui
sépare
le
système de Nietzsche de celui de Stirner. Stirner est partisan de
sonnalités
;
la libre
manifestation de toutes les per-
Nietzsche tient
cratique. Stirner considère
à
un progrès sur l'humanisme lisme supérieur
1. liid.,
IX, 277.
;
une discipline
que et
le
aristo-
réalisme marque
veut fonder un réa-
Nietzsche, tout en blâmant l'édu-
—
—
X\
gymnases allemands, véritable humanisme il estime
cation pseudo-classique des
cherche
à
que dans
restaurer le
:
gréco-romaine
l'antiquité
est réalisé l'im-
péiatir catégorique de toute civilisation
La philosophie
c)
'.
Idrt
el
Les théories pédagogiques des deux philosophes sont liées à leurs idées sur les rapports de
sophie et de
Stirner, disciple de Hegel,
religion
la
philo-
l'art.
comme
considère
Tart et
des formes imparfaites de
hi
la
philo-
sophie. L'art réalise dans un corps extérieur l'idéal
de
Ihomme,
projette au dehors les aspirations et
il
en
crée ainsi,
les désirs, et
Hegel
l'objet qu'adore la religion-.
de considérer il
l'art
comme
déih)ul)lant a
l'homme,
doue eu raison
antérieur à
la
reliuion
ne su Mit pas de dire que ce sont les poètes
Homère
Hésiode
et
(|ui
ont
artiste.
Mais
l'art (jui
religion en hâte aussi
permet
comme
aux Grecs leurs
fait
dieux; pour fonder une religion quelconque,
un
:
la
il
naissance
faut
de
la
mort. L'art, en effet, après nous adorons à genoux, ne revendiquer son bien, à le ramener de la
avoir créé l'objet que tarde pas à
l'au-delà où
détruire
la
même
religion voudrait
pour
faiie place à
velles. Ainsi la religion vit 1. Ihid.,
le
maintenir, à le
des créations nou-
en nous enchaînant
à
IX, 327.
2, Stiraer,
Kleine Schriflcn, Kuiisl
and Religion, pp. 36-37. 3
un
— objet
l'art
;
—
crée et détruit les objets que nous ado-
rons successivement l'art
34
la
;
philosophie se distingue de
comme
de la religion en ce qu'elle ruine tout La liberté est son élément. Pour le philosophe,
objet.
Dieu est aussi indifférent qu'une pierre \ Tandis que Slirner, disciple de Hegel, met qui crée Tobjet au-dessous de
triomphe du
le
penhauer
la
l'art
philosophie qui est
sujet, Nietzsche,
disciple de Scho-
ami de Richard Wagner, considère que proprement métaphysique de l'homestime que la seule théodicée possible est la et
l'art est l'activité
me.
Il
doctrine
qui justifie
le
comme un phénomène qu'il la
fit
en 1886 de sa
Naissance de
monde en
la Tragédie
comme tion.
artiste qui
comme dans
truction
dans
le
la
esthétique
cherche dans
destruction,
:
dans
elle
cons-
la
bien
le
mal, une consolation et une rédemp-
Nietzsche se garde bien de reprocher à Fart,
comme
Ta
fait
Stirner, son souci de l'objet
au contraire que
il
estime
c'est le caractère objectif qui
donne
à l'art sa supériorité. L'esthétique
de croire que l'antiquité
ait
le
Un
en
effet
1. Stirnei-,
moderne
a
eu
tort
même pied l'artiste
chiloque et Homère, mettre sur l'artiste
:
voulu, en opposant Ar-
subjectif et n'est
considérant
n'admet qu'une interpré-
tation des choses, l'interprétation
suppose un Dieu
le
Dans la critique première œuvre, il déclare que esthétique.
ojjjectif.
artiste
qu'un méchant artiste
Kleine Schriften, p. 45.
;
subjectif
l'art est
avant
-
35
—
une victoire sur rélémeiit subjeclif, une rédemption (lu moi qui impose silence à toute volonté tout
désir individuel. Nietzsche est peisuadé que
et à tout
(ontemplation désintéressée estla condition
la
de
l'art
:
aussi considère-til
même
comme un prohlème
l'existence de cet art lyrique qui
permet au poète de
parler sans cesse de son moi et de chanter ses pas-
sions ou ses appétits. Il n'admet pas l'explication que donne de cette difliculté son maître, Schopcnhauer, dans le Monde comme volonté et comme repré-
Schopenhauer
sentation, précisément parce (jue
fait
des concessions au sujet égoïste, qui ne doit être considéré, selon l'auteur de
la
Naissance de la tra-
que comme l'adversaire de
gédie,
essaie de rectifier sur
ce
point
Nietzsche
l'art.
la
de son
théorie
maître, en s'inspirant do sa métaphysique do
sique
:
il
suppose donc que
le
mu-
génie lyrique s'oublie
lui-même dans une ivresse dionysiaque, l
la
oii
il
com-
munie avec l'essence une des choses'. Ainsi, tandis que Stirner tend à assurer le triomphe du sujet sur l'objet,
Nietzsche voudrait absorber dans l'objet
sujet borné. Stirner est un esprit est
un
"^
(
;
Nietzsche
artiste.
d) Histoire
Humaniste
et
de la civilisation
artiste,
grand
Grèce, Nietzsche ne saurait avoir 1.
riticjue
le
Nietzsctie, Werke,
I,
39-i5.
admirateur la
môme
de
la
philoso-
—
36
—
phie de Thisloire que Slirner, esprit critique, partisan de
la
Révolution française
des idées mo-
et
dernes.
comme
gauche hégélienne, voit dans l'histoire un progrès continu. Les âges de l'humanité correspondent aux âges de l'individu. De même que chacun de nous, l'humanité a eu son enStirner,
toute
la
fance; elle est encore dans sa jeunesse, mais touche à
mûr. Ceux que nous appelons
l'âge
devraient s'appeler les enfants
que
les
de
les anciens
même
en
eft'et
enfants tiennent aux objets qui les entou-
rent, à leurs jouels
anciens
:
ou
respectaient
les anciens, dit
On
nature et
Feuerbach,
le
même
de
à leurs parents,
la
la famille.
monde
«
les
Pour
une vé-
était
mieux la portée de cette proposition, si l'on songe que les chrétiens ne voyaient que vanité dans ce monde éphémère. Les anciens étaient patriotes, tandis que le chrétien doit se considérer comme un étranger sur terre Antigone mettait aurité. »
saisira
;
dessus de toutes les autres obligations les
morts enterrer
les
chaîné par les liens de
morts la
»
et
famille.
devoir sa-
le
cré d'enterrer les morts; le chrétien dit
«
:
Laisse
ne se sent pas en-
Hy
a
donc oppomais le
sition entre l'antiquité et le christianisme;
christianisme a été préparé au sein
même
quité parles sophistes qui ont fondé
la
de
l'anti-
dialectique,
par Socrate qui a fondé l'éthique et par les sceptiques. Le travail gigantesque des anciens a eu pour résultat de
dégager l'homme de tous
les liens natu-
— ce qui
rels,
de
lui
a
j)crmis
qui est en
l'esprit
Tesprit, c'est
être
37
lui.
de prendre
conscience
Or, avoir conscience de
chrétien. La sagesse
aniique a
expiré en donnant naissance au Dieu chrétien,
triomphe du monde. Mais aussitôt nouvelle lutte sus de
de
la
l'esprit
:
après avoir réussi
nature, on chercha ;
s'est
(jui
engagée une
à s'élever
au-des-
à
s'élever au-dessus
et les insurrections
ihéologiques com-
mencèrent, qui durent encore aujourd'hui. La dernière de ces insurrections est
tentative qu'a laite
la
Feuerbach pour réintégrer en nous Dieu, l'esprit, notre essence mais que l'esprit soit hors de nous ;
ou en nous,
continue à nous dominer, La troisiè-
il
me période de l'hunianilé, l'âge mûr, commencera quand nous aurons l'audace de nous élever au-desj
sus de
l'esprit,
comme
les chrétiens
se sont élevés
au-dessus du monde. L'enfant est l'esclave des objets
mûr
;
le
jeune
homme
se sacrifie à l'idée
est égoïste. L'antiquité respectait la nature
christianisme vénérait l'esprit; l'âge nité
l'homme
;
ne connaîtra plus
mûr de
1
;
le
huma-
ni idole ni Dieu'.
Nietzsche expose avec
la
même
assurance une phi-
losophie de l'histoire tout aussi simple, mais bien difle rente. il
trouve
Au
(ju'il
gne du terrain hit tout.
Dans
lieu
d'admettre un progrès continu,
y a des périodes où et
des périodes où
l'antiquité
la la
civilisation ga-
barbarie enva-
grecque elle-même,
1. Slirnor, der Einzige iiitd sein Eigentum, les schenlehen et die Alten, p. ex. p. 25.
cliap.
la
/:(//
dé-
Men-
— cadence
a
commencé
L'histoire du
38
-
avec
Socrate
christianisme tout
l'histoire d'une
et
Euripide.
entière n'est que
longue décadence. Le dernier grand
événement est la tentative d'Alexandre pour conle monde, Alexandre a orientalisé l'hellénisme. Les deux facteurs dont le jeu détermine le rythme de l'histoire universelle sont l'hellénisme et l'orientalisme. Le christianisme est un « fragment d'antiquité orientale ». Depuis que l'influence de ;
quérir
cette religion barbare diminue, la civilisation grec11 y a par exemple entre Kant et les Schopenhauer et Empédocle, Richard Wagner et Eschyle, si peu de dislance et de si grandes affinités que nous ne pouvons les comparer sans être frappés du caractère relatif qu'ont toutes les notions de temps; la science contemporaine aussi nous fait songer à la période alexandrine. La terre, qui n'a que trop subi jusqu'ici l'influence orientale, parait désirer de nouveau les bienfaits de la civilisation hellénique. Nous sommes donc dans la période
que
renaît.
Eléales
de
,
contre
réaction
Wagner
est
de renouer xAinsi l'efl'ort
té,
un des le
mouvement d'Alexandre
anti- Alexandre qui
nœud
tandis
le
gordien'.
que Stirner admire dans
l'histoire
continu qui entraîne l'humanité vers
la
liber-
Nietzsche se contente d'espérer que parfois, à
des intervalles très éloignés,
pourra triompher de 1.
:
entreprennent
Nietzsche, Werke,
I,
la
la
civilisation
barbarie orientale.
515-516.
grecque
c)
39
—
L'Etal
Aussi, tandis ((ue Stirner oppose à
l'ctal
clirclien
patriarcal qu'on essayait de r oinfonir en
«'I
les principes
souhaite
la
de
la
Rëvolutic;.
reslauratio.
dorien et cherche
Prusse
Nietzsche d'un état analogue à l'état
à réaliser
,aise,
l'organisation aristocra-
tique rêvée par Platon.
Entre
IS'iO et 1848, les
maient
le
messes
faites au
libéraux allemands som-
gouvernement prussien de tenir les protemps des guerres contre la Révo-
lution et l'Empire, et d'accorder au peuple la liberté et l'égalité, dont le baron de Slein avait parlé dans son message. Stirner prit prétexte de ce débat pour comparer le sens que donnaient à ces termes les ministres prussiens et la définition qu'en avaient don-
née
les révolutionnaires français'. Stein a voulu sup-
primer les différents ordres et fortifier le pouvoir cenlial en ruinant les dominations féodales il n'y :
aura plus de police privée ni de juridiction patrimoniale
;
le roi
seul aura sous ses ordres les agents de
sûreté publi({ue et les juges.
Tous seront donc égaux en ce sens que personne ne dépendra plus de son voisin les privilèges de naissance seront abolis, et ceux qui exerceront le pouvoir ne l'exerceront la
;
comme une délégation du monarque cpii nommés aux postes qu'ils occupent. Or il est
plus que les a 1.
Stirner, Klcine Schriften,
pp. 67-81.
EUvas
Vorlaii/ige ioin I.iebcstaat,
—
40
-
impossible, dit Stirner, dé confondre cette égalité
dans
de
servitude sous Taulorilé
la
la
monarchie
prussienne avec Tégalité qu'a proclamée la Révoluil y a loin de l'égalité des sujets à tion française :
des citoyens libres. Tandis qu'en Prusse
l'égalité
la
représentation nationale exprime respectueusement les
vœux des
en France les citoyens libres
sujets,
dictent par la voix de leurs représentants leurs volontés.
—
Stein a promis d'autre part à chacun le
droit de « développer librement ses forces en leur donnant une direction morale. » 11 est évident que par ce mot « direction morale » Stein a entendu interdire la
spontanéité, l'autonomie et
vous
aimez Dieu,
faites votre devoir, c'est-à-dire si
vous
il
«
La Révolution frandéclaré que la liberté des ci-,
le roi et la patrie. »
une liberté souveraine.
était
Nietzsche se garde bien de réclamer,
comme
Stirner, la liberté et l'égalité des citoyens. il
la
êtes
çaise au contraire a
toyens
souveraineté de
Vous
volonté individuelle; libres, si
la
a voulu dire:
essaie de montrer
la
le fait
Dès 1871,
nécessité de l'esclavage
'.
S'il
suprême de la nature, nous sommes forcés d'admettre que c'est l'organisaest vrai
que
le
génie est
tion de la société
ce but. La
s'épanouir
la fin
grecque qui
merveilleuse fleur si
elle
a
de
permis d'atteindre l'art
grec n'eût pu
n'avait été protégée.
Reconnais-
sons donc, malgré l'horreur que nous inspire toute
1.
Nietzsclie,
Nachgelassenc Werke, IX, 93-101.
- u vérité profonde, (|uo
de
les bienlails
civilisation
la
sont réservés à une minorité infime de mortels élus, tandis (jue l\'noijne niasse est faite pour l'esclavage.
Nous parlons aujourd'hui de
comme
si le travail (|ui
la
dignité du travail,
peipélue une existence mi-
misérable aussi! Admirons-nous
séi'able n'était pas
désespéré que font les plantes rabougries pour prendre racine dans le sol dénudé et pierreux? Aujourd'hui chaque individu prétend cire un cenl'effort
taure, à les
la fois
et artiste;
chez les Grecs, où
fonctions étaient séparées, on avouait franche-
ment que que
ouvrier
une honte. Malheureux temps Malheureux sénôtre, où l'esclave fait la loi
le
le travail est
!
ducteurs qui avez détruit l'innocence de l'esclave en lui faisant
sance
!
goûter
de l'arbre de
le fruit
Aujourd'hui, pour rendre
on est forcé d'avoir recours parle de
à
la
vie supportable,
des mensonges
comme
droits naturels,
si
d'être cruels
:
il
n'y a
de Proinéthée
!
Il
le
vautour
faut accroître
le
que trop
la
courage
ronge
([ui
encore
la
des malheureux pour permettre à un petit
d'Olympiens d'être des
ne
pas de civilisation possible
sans esclavage. Le voilà, foie
on
une iné-
et
hommes. Ayons
:
droit
tout
supposait pas déjà une certaine hauteur galité de niveau entre les
connais-
la
artistes.
le
misère
nombre
On ne comprend
haine que les communistes, les socialis-
tes, et la pâle race
des libéraux ont vouée
l'antiquité classique. Parfois,
comme aux
à l'art et à
origines du
christianisme, l'instinct des iconoclastes l'emporte;
_ un
de
cri
delle
le
;
pitié fait
42
~
tomber
les murailles
de
la cita-
sentiment de justice exalte les misérables
et exige le partage
des souffrances humaines
:
Tarc-
en-ciel de l'amour et de la paix ap|)araît aux mortels. Mais bientôt la loi inexorable de toute vie impose de
\
nouveau la cruauté nécessaire. La civilisation ressemble à un vainqueur dégouttant de sang, qui traîne derrière son char les vaincus et les captifs,
L'État n'a pas d'autre mission que celle d'assurer la
sanglante victoire de
11
ne doit sa naissance qu'à
conquérants,
et n'a
la civilisation la
j
violence brutale des
pas en bii-même sa raison d'être;
l'enthousiasme qu'il inspire n'a
aristocratique.
que l'avantage de
faire
à
ses naïfs adorateurs
oublier un instant à
la
masse les misères de sa basse condition. L'Etat est un abri qui permet l'éclosion du génie. L'Etat grec donnait aux favorisait la naissance de l'artiste, spectateurs
l'éducation nécessaire,
organisait
ait
les
Pour que l'artiste puisse naître, une classe dispensée du travail servile; pour que
fêtes.
il
l'œuvre d'art puisse naître,
gée par
que de
la la
il
faut qu'il y
faut qu'elle soit proté-
vertu magique de l'Etat. L'histoire politi-
Grèce
nes barbares
:
n'est
qu'une suite continue de scè-
mais ce qui
jutstifie
cete longue et
terrible Iliade, c'est la beauté d'Hélène.
Nietzsche s'emporte contre les libéraux et les optimiste luttes
modernes qui veulent mettre un terme aux les idées du xviii" héroïques il condamne :
siècle et de la Révolution française, qui sont selon
lui
-
43
absolument coulraires au <^énie gcnnaniquo et de Tabsencc de tout cspril mrlaphysi-
Icinoifjfncnt
quc chez voit dans
adeples de cette théorie loinaiic
les
les efl'orls
manifestation de
la
des partisans de
peur
paix
la
et l'influence
du
II
ne
(iiio la
capital
;
il
Tare entonne un péan en l'honneur de la guerre mais Apollon n'en est d'argent a un son terrible pas moins un Dieu purificateur. La guerre est pour :
;
une nécessité; l'armée est le type de l'Etat car masse chaotique y est organisée en pyramide sous la domination des castes par une constitution
l'Etat
;
la
analogue
à
guerrier n'est taire.
11
que Lycurgue donna à Sparte; le qu'un outil au service du génie mili-
celle
suffit
de généraliser
prendre que l'homme
n'a
le
problème pour com-
de valeur, de dignité ou
de droit qu'en sa qualité d'instrument conscient ou inconscient du génie. L'Etat parfait de Platon mérite à cet égrard
de rester notre
idéal.
Tandis que Stirner avait jugé TEtat, comme il avait apprécié l'éducation, en s'inspirant des principes de la
Révolution française, Nietzsche, humaniste con-
vaincu, ne s'est pas contenté d'admirer
Grèce que,
:
il
a souhaité la
comme
si l'on
Christianisme,
la
Renaissance de
l'art
la
cité
de
pouvait effacer de l'histoire
Réforme
et la
Révolution.
la
antile
CHAPITRE
III
COMPARAISON ENTRE LES IDEES DE STIRNER ET LES IDÉES DE NIETZSCHE DANS SA DEUXIÈME PERIODE
Dans
sa
deuxième période,
celle
de ses éducateurs, Schopenhauer
et
où
il
s'affranchit
Richard ^Yagner,
pour se rapprocher du positivisme, Nieîzsche parait plus voisin de Slirner. Les deux philosophes affirment
en
effet
morale,
l'égoïsme et
la liberté
le droit et l'Etat.
exactement ce que
les
ils
;
Mais
nient tous deux
la
importe de définir
il
deux philosophes enten-dent
par ces affirmations et ces négations.
a)
Slirner il
dit
donne de Tégoïsme deux
que tout acte
là qu'il
y son acte.
L'égoïsme
a toujours
Même
est égoïste,
un
il
définitions.
Quand
entend d'abord par
lien entre le sujet qui agit et
ceux qui se sacrifient pour une idée
chacun n'agit donc à vrai dire que pour l'amour de soi. Toutefois cet égoïsme est le plus souvent inconscient l'homme ne cherche se sacrifient pour leur idée
;
:
jamais que son bien, mais supérieurs;
il
il
croit servir des êtres
s'imagine qu'il se sacrifie absolument,
sans s'apercevoir que le sacrifice
même
n'est
qu'une
— satisfaction dr l'ôgoïsme
—
45
Stiiner appelle pour celle
:
raison l'hoiimie un égoïste involontaire.
En
insistant
sur cette première définition de l'égoïsme, Stirncr a sinlout l'intention d'affranchir riiomtne des illusions religieuses,
l'ourquoi, deinande-t-il, vous souciez-
vous des commandements de Dieu uniquement, je suppose, pour faire non, c'est pour l'amour de
Ce
?
n'est pas
Dieu
plaisir à
vous-même
;
c'est
pour
;
le
salut de votre âme. Ayez donc le courage d'être franchement égoïstes. Sur ce point, les théories de
Stirner sont très voisines de celles que Feuerbach a
longuement développées dans ses Conférences sur l'essence de la religion.
Cette i)remière définition que donne Stirner de l'égoïsme se retrouve aussi chez Nietzsche. Nietzsche par exemple
dit
son sujet
pour le
à
:
Un bon
«
cœur, souhaite
même
sujet et
a
réellement
vienne quelqu'un
développant plus distinclejuent en répondant intégralement à la
le
fille
qui aime désire trouver
de celui qu'elle aime l'occasion de
l'infidélité
prouver sa sur
qu'il
l'anéantir en
question posée. La jeune
dans
auteur qui
fidélité
champ de
dévouée
bataille
;
le soldat désire
tomber
pour sa patrie; car dans
la
victoire de sa patrie triomphe aussi son désir suprême.
La mère donne
même,
le
à l'enfant ce qu'elle se refuse à elle-
sommeil,
la
meilleure nourriture
;
dans
certains cas, elle sacrifie sa santé et sa fortune. Mais y a-t-il dans tout cela désintéressement?... N'est-il pas clair
que dans chacun de ces quatre cas Tliomme
—
—
46
préfère tel fragment de lui-même, pensée, désir ou
œuvre,
même
à tel autre, qu'il se divise
et sacrifie
une
partie à l'autre
fond une conduite analogue qui dit
«
:
par conséquent lui-
Je préfère ôlre
?
N'est-ce pas au
que
à celle
fusillé
tient l'entêté
que de
plutôt
m'écarter d'un pas devant cet individu
» ?
L'inclina-
tion (désir, instinct, aspiration), existe dans tous les
cas
cités
céder
;
à
inclination, en acceptant
cette
toutes les conséquences, n'est pas en tout cas faire
preuve de désintéressement'. Nietzsche dit encore propos du désir de rédemption chez les chrétiens «
à :
Un être capable d'actions absolument désintéressées un
est
même
être plus fabuleux
»
Jamais un et
cette raison
que
ne résiste pas
homme
phénix
ne saurait
quand ce ne
serait
une analyse rigoureuse.
exclusivement pour autrui
comment
;
il
;
l'idée « d'action désinté-
à
n'a agi
sans motif personnel
faire
le
être distinctement conçu,
que pour ressée
que
pourrait-il
même
quelque chose qui n'aurait aucun rapport
à lui,
sans obéir par conséquent à une impulsion intérieure (qui
supposerait un
])esoin
l'ego pourrait-il agir sans
ressemble bien
à celle
personnel);
ego
?
»
de Stirner
comment
L'argumentation
^
;
mais l'intention
est différente. Stirner veut prêcher l'égoïsme consil s'efforce donc de montrer que tout acte est inconsciemment égoïste. Nietzsche, dans sa deuxième
cient
;
période, cherche surtout
à
réfuter
la
1. Nietzsclie,
Menschliches Allzumenschliches
2. Nietzsclie,
Menscldiches-Allzumenschliches,
,
morale II,
78-79.
II,
137.
et la
-
47
-
métaphysique; il veut prouver contre Scliopenhauer que les actes désintéressés ne sont pas (les miracles, des actes à la fois impossihles et
théologie
réels;
il
veut montrer qu'il faut renoncer
;i
llioo-
la
logie apologétique (pii, depuis Schleierniachcr, se préoccupe plus de conserver la religion chrétienne que d'exjjlicjuer les phénomènes religieux; il essaie
donc d'analyser ce qui se passe dans l'àme des chrépour trouver une interprétation dégagée de
tiens,
toute représentation mythologique. C'est en psycho-
que Nietzsche étudie dans cette deuxième période l'égoïsme, et c'est dans les œuvres des psychologues qu'il faut chercher Forigine de ses logue
théories.
Nietzsche lui-même cite Lichtenberg foucauld. sentir
« 11
nous
pour autrui
et
La lloche-
est impossible, dit Lichtenberg, de
comme on a coutume
de dire
;
ne sentons que pour nous. La phrase paraît dure
nous ;
elle
ne
l'est
On
n'aime ni père, ni mère, ni femme, ni enfant, mais
les
pourtant pas, pourvu qu'on l'entende bien.
sentiments agréables qu'ils nous causent.
Rochefoucauld
dit
de son côté:
« Si
on
croit
La
»
aimer sa
maîtresse pour l'amour d'elle, on est bien trompé
Mais l'influence qui décisive
est
a
».
agi sur Nietzsche d'une manière
évidemment
celle
de son ami Réc.
L'auteur de l'Origine des sentiments
moraux
a
fait
connaître au philosophe allemand les théories anglaises sur
la
généalogie du bien
et
dw mal. Nietzsche
a
sans doute déclaré qu'il n'y avait pas une phrase de Rée
^
48
—
qu'il eût signée sans réserve, et
presque jamais d'accord avec
il
les
précisément un des
est vrai qu'il n'est
Anglais
mais on
;
du caractère de Nietzsche ses adversaires ont beaucoup plus d'influence sur lui que les philosophes qui soutienretrouve
là
traits
:
nent des théories analogues aux siennes. jours contre quelqu'un.
Il
sans attaquer Socrate
de
la
généalogie du bien
glais
;
mais
de
timents'».
Il
faire la
oppose
phie historique,
Grèce n'étudie guère
même,
il
et
deuxième période;
rattache dans sa
écrit toula
du mal sans réfuter malgré tout à leur école
c'est
comme eux
;
11
ne parle guère de
«
il
les
An-
qu'il se
se propose
chimie des idées
et
des sen-
métaphysique
la
philoso-
à la
plus jeune de toutes les méthodes
la
philosophiques, qu'on ne peut plus séparer aujourd'hui des sciences naturelles.
Pour
une règle d'action un objet de science. Quand, par exception, Nietzsche conseille de se préoccuper d'abord de l'intérêt personnel, les raisons qu'il en donne n'ont absolument rien de commun avec les arguments de Stirner, Tandis que Stirner, en effet, estime que tout souci de l'intérêt général est une duperie, Nietzsche considère comme prouvé Stirner, l'égoïsme est
pour Nietzsche,
il
;
est avant tout
—
et
il
est bien diOicile de
l'école anglaise l'intérêt
1.
ne pas voir
— qu'il y
personnel
a
ici
l'influence de
harmonie préétablie entre général, de sorte que
et l'intérêt
Nietzsche, Menschliches Allzumenschliches, II, 17.
— précisément
c'est
sonnelle
roncluite l'igoiireusenient per-
la
répond
qui
y
a
mieux
le
noire conception
à
fondée sur Tintérél «ïéncral'.
actiicllo (le la moralité Il
-
49
(Tailleurs dans
VUniqne
et
sa propriclé une
deuxième définition de l'égoïsme qui est plus origique la première. Ma conduite ne doit pas seulement être égoïste en ce sens que tous mes actes doivent se rapporter consciemment à mes fins
nale
personnelles; elle doit encore être vraiment
mon
œuvre, en ce sens qu'elle doit manifester l'autonomie
du moi créateur. Slirner considère que c'est l'autonomie [Selbstbestimmung] qui fait la dignité de riiomme il ne doit subir linfluence ni d'un objet, ;
personne,
ni d'iuie
doit être le créateur de
il
même". L'homme égoïste au sens [der SelbslsucJitige)
désir;
veut
posséder
L'homme
est.
lui-même
qui aime
formé par son amour,
car
il
s'adapte à autrui,
L'homme libre, au volonté. L'homme objet naturel
;
il
il
en
efface
il
un sens son propre créateur, mais ;
;
reste tel
souvent
est
ce qui ne convient pas à l'objet aimé
d'autrui
de son
l'objet
ne cherche pas à se donner à lui-même une
il
certaine forme, à se modifier qu'il
lui-
vulgaire du mol
;
il
est
ti-ans-
lui
tout
donc en
il
dépend encore
est
encore passif.
contraire, ne réalise que sa propre
égoïste n'est qu'une créature, un
l'homme qui aime
1.
Ibid., II, 96.
2.
Slirner, Kleine Schri/lcn, p. 76.
est déjà
une œuvre,
— mais seul l'homme libre
<
—
50
une œuvre originale. Ainsi
est
l'amour est plus noble que Tégoïsme vulgaire, mais il
Fégoïsme
est inférieur à la liberté, à l'autonomie, à
supérieur qui est essentiellement actif sacrifice
de
soi.
comme
Or, Nietzsche dislingue bien
phases dans l'histoire de
que l'animal
est
devenu
la
être durable
de
:
la
ainsi
raison.
l'homme
communs
soumet
se
il
et cela l'élève
phase où seul
reconnaît
l'intérêt
le
sens de
Un
degré supé-
agit selon le principe
de l'honneur; en vertu de ce principe,
une organisation,
Stirner trois
On
première manifestation
c'est la
domination de
rieur est atteint quand
«
à ce que son activité momentané, mais au bien-
l'homme acquiert
;
de l'opportun
la libre
moralité.
homme
n'aspire plus au bien-être
l'utile,
el exclut tout
entre dans
il
des sentiments
à
bien haut au-dessus de
personnel
le
guidait;
respecte et veut être respecté, c'est-à-dire,
il
la il
consi-
dère que l'intérêt dépend de ce qu'il pense d'autrui,
de ce qu'aulrui pense de haut degré de
la
lui.
Enfin, parvenu au plus
moralité atteint jusqu'ici,
il
agit
selon son appréciation personnelle des choses et des
hommes est
;
il
détermine pour
honorable ou
utile
;
il
pour autrui ce qui devenu le législateur
lui et
est
des opinions, selon sa conception toujours plus haute
de
l'utile
permet de l'intérêt
tribut
et
de l'honorable. La
connaissance
lui
préférer l'intérêt supérieur, c'est-à-dire
général et durable, à l'intérêt personnel, le
d'honneur qui
a
une valeur générale
et
durable
an trihut momentané vidii coilectil" Il
semble
;
il
-
r.i
vit cl agit
en qualité
'.
à
première vue que Stirncr et Nietzsche même le progrès moral de
conçoivent tous deux
l.i
façon.
Le sujet passe par
mière,
il
trois
phases
:
agit par intérêt personnel; dans
dans la
pre-
la
deuxième,
lient compte d'aulrui; dans la troisième, grAce à une sorte de synthèse des deux conceptions primitives, il est son propre législateur. Mais, à y regarder de près, ce parallélisme apparent permet de mieux
il
mesurer toute
la
distance qui sépare
la
doctrine de
Stirner et celle de Nietzsche, car à vrai dire les deux
philosophes cherchent
le
progrès moral dans une
l'homme vraiment
direction opposée. Selon Stirner, libre
deux signes
se reconnaît à
:
d'une part
il
ne
dépend plus d'autrui, et d'autre part il se modifie sans cesse. Ces deux conditions s'impliquent, d'ailleurs, car, si l'égoïste involontaire se sacritie à autrui, c'est
parce qu'il croit se transformer et se dépasser en se fuyant
lui-même.
Si tu es lié à
ton passé,
lu es
si
forcé de répéter aujourd'hui ce que tu as dit hier, tu
ne peux pas
enchaîné
te
rajeunira (diaque instant,
comme un
esclave et figé
tu te
comme
la
sens
mort.
C'est pourquoi tu cherches sans cesse à atteindre fraîche minute de l'avenir qui
Le créateur qui
est
immobiliser par
la
1.
Nietzsche. JFerXe,
en
toi
te
si
la
délivre du présent.
ne veut pas se laisser
créature éphémère. Cette ten-
II,
95.
^
clance
52
-
qui pousse le créateur à dépasser à chaque ses créatures s'appelle
iiislant
chez Stirner tantôt
de dissolution [Trieb nach SelbstauflôsungY
l'instinct
tantôt l'instinct de jouissance [Selbstgeuiiss^ Lebensgeniiss)
-.
Au nom de
cette tendance, Stirner exclut
tout souci de l'objet et tout but fixe.
L'homme
devoir, ni vocation
dépenser, à se
consommer
la
;
n'a qu'à se
il
;
comme
vie
la
n'a ni
lumière brûle en se
consumant.
Aux yeux de
Nietzsche, au
supérieur se reconnaît précisément part
il
envisage l'intérêt général
que d'autre part
il
a
l'homme ce que d'une
contraire, à
et
durable et
à ce
une mission. Le progrès de
l'humanité aura pour conséquence de proposer aux
hommes des
fins
œcuméniques. Lui-même, Nietzsche Il lui importe peu de savoir
s'impose un devoir.
comment on vit, l'essentiel est de Une ligne qui va droit à son but
savoir pourquoi.
yeux le symbole d'une belle conduite. Il a personnellement un problème à résoudre c'est une tâche à laquelle est à ses
;
ne peut se soustraire
il
fatalité.
;
elle
pèse sur
lui
Sa vocation agit en lui-même,
absorbe ses forces,
comme
à
comme une son insu,
l'enfant qui grandit
et
aux
dépens de sa mère\ Ainsi^ tandis que Stirner cherche à
rendre
le sujet
indépendant de tout objet extérieur
veut que le créateur se montre à chaque instant
et 1.
Der Einzige,
2.
Ibid., p. 373, 376.
3.
Werke,
II, p.
p. 48 et p. 389.
12.
— supérieur aux
—
,)•>
provisoires
fins
s est
f(trii
iiii[Hjs(''cs,
ou détruisant ces créalures éphémères, Nietzsche
propose diiue part au sujet de confondre sa cause
et
celle de l'humanité, et d'autre paît l'enga^ife à rester
devoir
fidèle au
est
(jui
mourir pour
dùt-il
l'aire
né
mûri en
a
(|ui
(!t
vivre
IVuil
le
lui,
de ses en-
trailles.
b).
La
Stirner oppose
tradition et la liberté
la
liberté à la moralité qui n'est à
que tradition
l'origine
coutume de son pays,
c'est être
par exemple, on s'en tient à teste té'.
comme un
Agir d'après
et habitude.
moral
:
en Chine,
tradition, et
la
la
on dé-
crime digne de mort toute nouveau-
Mais, dans l'Europe chrétienne
que réformer ou améliorer une manière de les remplace sans cesse
même, on ne
les traditions, ce
(\m est
de les conserver.
fortifier et
les anciens
statuts par
fait
On
de nou-
veaux, les anciennes règles générales par de nouvelles
:
bref, les
maîtres changent,
la
domination
reste. Or, selon Stirner, la liberté exclut toute stabilité,
toute substance, tout objet immuable.
Il
faudrait
détruire, anéantir toutes les coutumes, tous les articles de foi, toutes les
maximes
qu'on prétend nous imposer
et tous les principes
comme
ayant une va-
leur durable ou sacrée. Le sujet n'est pas libre tant qu'il doit 1.
respecter une croyance. Le christianisme
Cf Stirner, der Enzige iind sein Eigentum,
p. 83.
~
54
-
donné sans cloute au sujet sa première liberté en montrant que la nature était vaine, finie et éphémère il faut maintenant que le Moi absolu mette
a
:
fin à la
domination de
Nietzsche
comme
l'esprit.
Stirner considère que
mora-
la
au début que le respect de la tradition. Il qu'on s'y soumette de bon gré; on peu importe n'est blâmable que si on ne se considère pas comme lité n'est
par
lié
la
coutume. La morale de
piété est ainsi la
la
plusanciennedesmorales'. Nietzsche estimeaussi que le
progrès est dû aux individus qui ne se laissent pas
aux esprits libres, qui résistent
lier,
à l'éducation
qu'on leur impose. Mais Nietzsche se garde bien d'exalter
me
la
Stirner
le fait
aussi
liberté :
nécessaire
aux dépens de il
la
considère que
tradition la
com-
tradition est
que l'aptitude au progrès. Pour
qu'un organisme individuel ou collectif ait des chances de durée, il faut qu'il ait un caractère constant :
or, Nietzsche
admet avec Machiavel que
bien plus de valeur que qu'il
faut,
la liberté
-.
Il
durée
changement,
la stabilité.
Par là-même, Nietzsche est obligé de réserver liberté à
que
a
tout en prenant des précautions contre
l'autorité qui pourrait s'opposer à tout
ausfmenter
la
reconnaît donc
une minorité
il
:
les représentations
reconnaît
comme
la
Stirner
morales religieuses ou mé-
1.
Nietzsche, Werke,
II,
97-98.
2.
Nietzsche, Werke,
II,
213.
—
00
—
taphysiqucs sont des chaînes, mais
ne vont pas
il
qu'on brise ces chaînes inconsidérément. La plus grande prudence est nécessaire on ne doit accorder :
la liberté qu'à riiomme parvenu à la noblesse motemps n'est pas encore venu d'afl'ranchir le rale hommes*. tous les Nietzsche est aristocrate dans sa deuxième période :
comme
dans sa première
l'oligarchie des esprits
créateurs en
art
gaie science^
il
:
il
libres à l'ordre des génies
ou en religion; aussi quand, dans La
veut opposer
traditionnelle,
substitué
a siin[)lement
la
liberté à la moralité
Wagner
l'exemple de Richard
c'est
qui lui revient à l'esprit'. Stirner, dupe malgré tout
de
la
métaphysique supranaturaliste
oppose toujours la
objets qui lui
demeure
le sujet à la
fidèle
l'ont
substance
et
combat, veut que
du Moi triom[)hc de tous
absolue
liberté
(ju'il
obstacle
;
les
de son côté, Nietzsche
au fond aux idées de sa première
période en dépit de sa conversion superficielle: les hommes supérieurs sont toujours à ses yeux la rai-
son d'être
de
fondamentales
l'humanité.
Ainsi
subsistent sous
les
les
différences
ressemblances
apparentes. c).
En
parlant de sa
L'immoralisme conception du Moi
unique
et
libre, Stirner devait aboutir par deux voies à Tim1.
Nietzsclie, Werke, III, 371-372.
2.
Nietzsclic, Wcrke, V, 134.
moralisme.
Si
56
-
{Vime part tout individu est un être
absolument différent des autres, rebelle à toute définition et à toute classification, il est évidemment imcomparant
possible de le juger en le préétabli et
unité la
fixe.
même
plice
de l'apprécier en
Mesurer
les individus
à
un type à une
ramenant
en leur appliquant
toise morale, c'est leur infliger un sup-
analogue
reux sur
le
le
lit
à celui
que subissaient
de Procuste.
cas d'imposer à une
fille
malheu-
les
en tout
est aussi naïf
Il
comme
la
Marie des Mys-
tères de Paris* les vertus morales, que de juger le
lion à sa générosité
;
au lieu de tenir compte de sa
ressemblance avec l'homme, on
ferait
peler que par sa nature le lion est culier.
Il
n'y a pas de vertus
mieux de se rapun animal parti-
communes
à toutes les
espèces animales; or, chaque individu est à vrai dire seul de son espèce. Aucune bête ne s'efTorce de
aucune brebis ne se donne du mal pour être une vraie brebis aucun chien ne cherche à être un vrai chien. De même, nous n'avons pas besoin de nous demander si nous
réaliser le type de son espèce
;
;
sommes vraiment des hommes.
Slirner n'entend pas
nous conseiller de ressembler aux animaux d'abord parce qu'on pourrait trouver chez les animaux des modèles moraux et nous imposer ainsi de nouveaux :
devoirs en nous ordonnant par exemple d'égaler le 1.
Stirner, Kleine Schriften, p. 95. Les Mystères de Paris jouent
un grand rôle dans la littérature allemande vers 1845; il en est constamment question dans les polémiques de Bauer et de Marx.
— zèle de
plus
-
rhoimne n'a pas soucier des autres animaux (jue ceux-ci
rabeillo se
à
57
;
puis parce que
n'ont à se préoccuper de
lui.
Slirncr veut
(le (|uc
que tout dressage est contre nature; ce n'est pas une raison parce qu'un chien dressé est a |)lus d'un commerce plus agréable pour croire qu dire, c'est
il
de valeur qu'un autre ou que son intérêt est d'être dressé'.
Nietzsche de
la
a,
comme
Stirner, objecté aux définitions
morale normative que le Moi
Il
proteste par exemple- contre
de Chios
:
« la
cette formule tifier et dire
Car
il
:
vertu est
santé de l'âme
la
fût pratique, «
Ta vertu
un être singulier. formule d'Ariston
est la
il
faudrait au
est la santé
».
Pour que
moins
la
rec-
de ton âme
».
n'y a pas de santé en soi, et toutes les tentati-
ves faites pour définir cette abstraction ont misérablement échoué. Même la santé de ton corps dépend
de
ta
nature psychologique, de
tes instincts
et
de
il y a donc différents; corps autant de santés physiques que de plus on permettra h l'individu incomparable de rele-
tes erreurs, de ton idéal et de tes rêves;
ver
la tète,
l'égalité
plus on cessera de croire au
des hommes,
et
dogme de
plus nos médecins devront
d'une santé normale, d'une diète normale, d'un cours normal des maladies. Nieizsche savait par expérience combien ces idées normatives
renoncer
à l'idée
sur les maladies étaient dangereuses pour les ma1.
Stirner,
Der Einzige,
2. >'ict7,schc, Frôfiliclie
p. 088. ff'i>-senschaft, V, 158.
^ lades,
et
58
-
ne voulait pas s'exposer
il
de graves
à
erreurs en parlant de maladie et de santé morale il
admet donc
qu'il y
a
une vertu propre
à
:
chaque
individu, et que les vertus personnelles pourront ne
pas se ressembler et parfois
même
avoir
de
l'air
s'opposer; mais, tout en prévoyant ces contrastes,
Nietzsche se "farde bien de nier l'antithèse fonda-
mentale entre
santé et
la
thèse
suflil à justifier l'art
l'art
médical.
questions
il
:
la
maladie; or, cette anti-
comme il
demande d'abord
saires à
pour
la
a
y
santé du corps
n'y a pas des
développement de
;
il
croit d'autre
part
progrès de notre science,
faciliter le
le
s'il
la
des crises de croissance néces-
cessaire d'étudier aussi les
que
elle justifie
simplement deux
Nietzsche réserve se
crises morales nécessaires au
vertu,
comme
moral,
il
âmes malades;
que
est néil
craint
désir exclusif de santé ne soit un préjugé ou
que ces problèmes se posent en médecine comme en morale et une lâcheté
dans les
;
mais
mêmes
il
est facile de voir
termes.
Tandis que Stirner proteste contre toute morale, Nietzsche demande
que
l'art
moral tienne compte
des cas individuels. Tous deux estiment que l'humanité a
beaucoup
indiscrètes
;
souffert des morales autoritaires et
mais tandis que Stirner, pour réagir con-
tre la tyrannie, va jusqu'à la liberté absolue, Nietz-
sche souhaite plus de tolérance, de Stirner déclare
:
fais est chrétien,
«
Si ce
que
pense
je
que m'importe
tact et
?
Je ne
et
de bonté. ce que je
demande pas
si c'est
-
himiain ou iiiluimain,
que ma pensée vous pouvez
ou non. Pourvu
Iil)('ral
ce que je veux,
acte visent
moyens me servent
les
cela m'est égal'.
bien
mon
et
[x^urvu que ces
sont
59
L'intention et
didérents.
me
comme vous
(jualifier »
à
Ce
le
voudrez.
le
Moi
veut mettre au-dessus de toute appréciation,
augmenter
somme
la
fiant toutes les
produit sur
tel
de bonheur
diversités
ou
tel
il
:
(juil
veut
il
de joie en justi-
et
considère reflet que
individu une justification phi-
losophique de sa manière de vivre il
:
ton deNietzsche
pas
n'est
sati?;faire,
et
de penser,
—
trouve que l'influence de ces justifications singu-
lières ne peut cire (jue
bonne
malheureux,
le
les
hommes
autres et pour
de chaleur. Le méchant,
à
que
la
religion chrétienne a
être trop
eux-mêmes
:
sévères pour les
tous deux reprochent à
ridée du péché d'avoir tout assombri
Or
il
n'y a pas de péché.
la
vie
humaine.
C'est le chrétien qui, sous
prétexte d'aimer l'humanité, méprise tous les
mes.
Il
n'y a qu'à cesser d'appeler les
pécheurs
:
sou-
d'exception aussi doit avoir sa
Stirner, trouve
habitué
il
son bon droit, son soleiP. Nietzsche,
philosophie,
comme
l'être
et
féconde, et
grand nombre possible
haite qu'on découvre le plus
de ces rayons de lumière
cl
ils
cesseront de
vu un pécheur, tu
l'as
Der Einzige,
l'être,
hommes
des
car tu n'as jamais
rêvé seulement ^ Nietzsche
p. 418.
1.
Stirner,
2.
Nietzsche, Frôhliche Wissenschaft, V, 218.
3.
Stirner,
Dcr
hom-
Ei/tzige, p. 422.
-
60
—
du péché une folie ou un que Stirner compare ceux qui s'imaginent être des pécheurs aux pauvres insenvoit aussi dans cette idée
même
mauvais rêve. De sés qui se
lune, de
croient
même
chrétien
Dieu
père ou l'homme de le
même
rang
la
le
rabaisse trop pour avoir mis son
qui se
Don Quichotte égaré par
idéal trop haut et le
romans de
le
Nietzsche met sur
les
paraît un lui un mauvais rêve et qui n'a qu'à ouvrir les yeux pour retrouver son innocence première. Mais tandis que Stirner croit trouver la vérité en opposant à la doctrine chrétienne une doctrine diamétralement opposée et affirme que nous sommes tous parfaits, Nietzsche se borne à dire que nous sommes irresponsables et innocents. Or il n'y a pas là
chevalerie; l'humanité
enfant qui a
fait
qu'une simple différence d'expression, car
perfec-
la
tandis que
tion exclut toute idée de progrès moral,
l'irresponsabilité et l'innocence permettent au contraire toutes les espérances.
dividu
est
parfait
qu'il est parfait et n'a pas le
fection.
Cela
Nietzsche,
de
la
Pour
comme Dieu
:
Stirner,
on
«
chaque
devoir d'aspirer à
aussi n'est vrai que de Moi'
comme pour
morale est
lié
in-
de Dieu
dit
la
».
per-
Pour
Socrate et Platon, le progrès
au progrès de
la
raison^.
Stirner fonde d'autre part son immoralisme sur
son idée de
la liberté.
leur que le mal, car Der Einzige,
1.
Stirner,
2.
Nietzsche, Werke,
II.
Le bien la
soumission
p. 429.
104.
n'a pas plus de vaà la
vertu est
— un esclavage
coiniiie la
r.i
-
soumission au
personnages des Mystères de Paris en deux camps
partit
camp car
i\\\
ils
menl
:
le
vice, doivent vive
raulcui- ré-
<|iie
camp de mis sur
icc Tous les
\
la
la
vertu
même
et
le
ligne
:
sont tous bornés. Les uns obéissent aveugléleur instinct
ii
petit paralytique
comme
Higolette, ou le méchant
ont
nu'nu; vie morale <|ue les
ils
:
la
petits canaris que Rigoletle garde dans sa cage. Les
autres se soumettent à une idée fixe
mais
:
comme le grand-duc, un champion de comme la mère Martial une héroïne du
qu'ils
vertu
soient,
la
ou
vice, ce
sont tous des valets. Stirner transpose ainsi dans
le
domaine de la morale la lutte contre le dogmatisme, que la critique de Bruno Bauer avait engagée dans le domaine des idées. Bruno Bauer avait opposé la Pensée toujours en progrès aux pensées particulières qui tendent à devenir stables. Stirner reconnaît que la
criti(|ue
dit-il,
de Bruno Bauer est victorieuse
un plaisir de voir avec quelle
phe en se jouant
:
le
seul
tort
facilité
:
c'est,
il
triom-
de Bruno Bauer est
Pensée comme supérieure au Moi'. Stirner suit donc l'exemple de Bruno Bauer en s'opposant à toute règle stable en morale. 11 voit dans la de considérer
morale
la
fanatisme.
la
dernière citadelle du dogmatisme 11
trouve que
le
1.
le
catholicisme admettait
Stirner,
Der Einzige,
p. 175.
du
:
non seule-
le trafic
des indul-
point plus intolérant que le catholicisme
ment
et
protestantisme est sur ce
— gences, mais encore
moyens
et la
—
ne considérait pas
il
comme moraux
actes
62
en soi
:
la
fin
le
carac-
protes-
le
au contraire, les institutions et les actes sont par
leur nature
même
sacrés ou profanes, permis ou cou-
pables. Feuerbach n'a
du protestantisme
fait
éclairé
que définir quand il dit sacrée
et te soit sacrée l'amitié,
mariage, sacré le bien de tout
le
tels
justifiait les
bénédiction du prêtre conférait
tère sacré aux choses temporelles. Pour tant,
on
tels
en soi
et
pour
soi
'.
la
:
la
conception
«
Est sacrée
propriété, sacré
homme, mais
C'est ce caractère sacré et in-
»
tangible de la morale que Stirner considère
incompatible avec
le
sacré
progrès, avec
pement de l'individu gauche hégélienne, il dans le mouvement. Nietzsche considère,
le libre
comme
dévelop-
comme Bruno Bauer
:
voit la liberté
comme
Stirner,
et la
se manifester
que
les idées
morales ne sont pas stables. Une action n'est morale ou immorale que par son rapport à l'ordre des biens; l'ordre des biens n'est pas constant. L'échelle qui
or
nous sert
à
mesurer
est variable, et la postérité con-
et nos jugements considérons aunous que comme jourd'hui comme bornés les actions et les jugements des peuplades sauvages -. C'est bien ainsi que raisonnait Stirner quand il déclarait qu'à ses yeux la loi
sidérera sans doute nos actions
bornés, de
1.
Stirner,
même
Der Einzige,
p.
109
tentums, p. 408. 2.
Metzsclie, Werke,
II,
110.
et
Feuerbacli,
Wesen des Chris-
morale
était
63
—
dès maintenant abrogée:
ih^
même
(|U0
Christ n'avait pas à soutenir les pharisiens (lui observaient consciencieusementrAncienne loi contre
le
les publicains
;
de
même
l'égoïste refuse de s'asso-
aux récriminations des honnêtes gens contre ceux qui ne se conforment pas à la loi morale. Comme Stirner, Nietzsche considère que la morale
cier
est liée au
dogme:
si
les
fondements sont ébranlés,
l'édifice tombe. Il est impossible d'obéir à des ordres catégoriques, si on ne croit pas à l'autorité de celui
Les morales anciennes naissent et meurent avec les dieux: la morale chrétienne suivra dans la tombe le Dieu des chrétiens. Nietzsche estime donc qu'il y a aujourd'hui un interrègne moral. Mais
qui les donne.
de cet interrègne pour aiïirmer la liberté absolue du Moi, Nietzsche cherche une nouvelle règle de l'activité avec passion tandis
que Stirner
profite
début de sa deuxième période, il se console en songeant à l'avenir. Il n'a pas renoncé
humaine. Dès sans
le
amertume
à la responsabilité et au
devoir qui
paraissaient le titre de noblesse de l'humanité
pas brisé sans tristesse sa table des valeurs a
paru d'abord s'en aller à
que a
le
le
courant
la
mais
;
il
n'a
es|)ère
doctrine de Stirner, au contraire,
mouvement ne peut pas
1.
dérive,
il
tout lui
(jui a entraîné ce qu'il croyait éternel
un but'. Dans
Moi créateur
la
;
lui
est à
avoir de but, puisque le
chaque instant supérieur
Nietzsctie, Werke, II, 111.
à sa créa-
Les
ture.
-
64
au
particulières
difficultés
Hegel se retrouvent dans
le
système
système de
de Slirner, et elles
sont aggravées parce que l'auteur de V Unique a substitué à l'Esprit
en progrès
le
Moi individuel qui s'use
par son
mouvement môme. La logique de son
tème
a
obligé Stirner à enfermer l'histoire univer-
selle
dans
vidu,
dit-il,
selle: selle, et
le
cadre d'une vie individuelle
:
«
sys-
l'indi-
pour lui-même une histoire univerle chrétien se préoccupe de l'histoire univerparce qu'elle est à ses yeux l'histoire du Christ est
de l'homme; pour l'égoïste, son histoire seule
a
son évolution
à
une valeur, parce lui:
il
ne
tient qu'à
ne s'inquiète pas de l'idée d'humanité, du plan
Dieu,
de
qu'il
liberté
de
des intentions
la
Providence, de
ou autres choses analogues.
trument d'une idée, de l'humanité,
il
il
Il
la
n'est pas l'ins-
ne contribue pas au progrès
se dépense en vivant
(er lebt sich
l'humanité s'en porte bien
aus) sans se
demander
ou mal.
ne craignait que, par un malentendu, on
S'il
si
reproche de vanter l'état de nature, Stirner rappellerait les « trois tsiganes » de Lenau*, qui passent
ne
à
lui
jouer, à fumer ou à dormir
la
vie qu'ils méprisent
trois fois. Nietzsche est bien loin de
tomber dans ce
pessimisme romantique il ne cesse pas de se préoccuper dans sa deuxième période, des évolutions de l'humanité il est immoraliste en ce sens qu'il critique les morales courantes et les tables de valeurs :
:
1.
Stirner,
Der Einzige,
p. 428.
en usage velle, la
et
quand
:
il
avec
die de
croit avoir Irouvo
s'empresse de
il
voix du prophète la
--
6.-.
opposa jadis
parole de Zarathuslra
nou-
fin
à Thurnanité par
proposer
la
(jui
une
bien au mal,
le
commence
tragé-
la
troisième période.
la
Le Droit
(1)
droit que la morale. que l'expression de l'autorité que les autres s'arrogent sur Moi. Le droit est extérieur et supérieur à Moi, c'est un droit étranger, le droit du roi, du sultan, du pape, du peuple ou de la société, ce n'est pas mon droit. Pourquoi
Stirner ne respecte pas plus
Il
ne voit en
efl'et
dans
serais-je tenu
donc
de respecter ce droit sacré qui
mien? Les révolutionnaires eux-mêmes
n'est pas le
sont victimes d'une idée
fixe,
droits sacrés de la société le droit
le
droit
le
que me donnera
ling ne sera pas plus
que je
parlent des
ou de l'humanité
droit
laisse le despote d'aujourd'hui.
droit
ils
société rêvée par
la
mon
car
que
le droit
Mon
me donne moi-même,
:
ainsi
Weit-
que
me
droit, c'est le
c'est le dioit
que
une expression impropre pour désigner ma puissance. On ne prouve son droit (pie par
je prends, c'est
la
force.
L'idée ancienne du droit est une idée religieuse, c'est-à-dire, selon Stirner, fausse'. L'égalité telle 1.
que
la
Stirner,
Révolution française Der
Ei.nzige, p. 220.
l'a
des droits
proclamée, n'est
-
—
66
I
qu'une forme de
l'égalité chrétienne,
frères, des enfants de
Quand
fraternité.
la
les droits naturels
Dieu
l'égalité des
un synonyme de
c'est
:
de
Révolution française déclara que
de l'homme étaient sacrés
et
im-
prescriptibles, c'est-à-dire éternels, elle s'aventura
dans
de
le
domaine religieux, dans
Aux
l'idéal.
région du sacré,
la
droits éternels, on opposa les droits
historiques. Ceux-ci, en effet, sont aussi bien que
on les acquiert en
les autres des droits naturels, car
Quelle différence y a-t-il entre le prince héritier qui dit: je suis roi par droit de naissance, et le naissant.
citoyen qui dit Je suis :
La force seule décide, de droits
héritier sur le trône,
celui d'être des sujets.
comme
à vrai dire,
la
?
dans ces conflits
monter
le
prince
ils
ont le droit qu'ils méritent,
Il
en est du droit de propriété
des droits politiques
ment que
par droit de naissance
les citoyens laissent
si
:
homme
les
:
communistes
affir-
terre appartient à ceux qui la cultivent,
ceux qui les créent
les produits à
appartiennent
à
ceux qui
garder. Pour moi,
de m'attaquer
;
si
les
le tigre
;
non, les biens
prennent
et savent les
qui m'attaque a le droit
je le tue, j'en ai le droit aussi. Mais
vous, vous reculez devant vos adversaires parce que
vous croyez voir eux,
comme
d'Homère
;
de séduire
1.
Stirner,
les
et
le
spectre du droit combattre avec
déesses combattaient avec les héros
au lieu de lancer
le javelot,
vous tâchez
le spectre et de l'attirer de votre côté'.
Der Einzige, Meine Machf.
—
67
-
Je ne reconnais pas do droit absolu, do droit on
de droit éternel
soi, la
;
je n'admets pas cpie
nature ou riuinianité nie donnent des dioils
suis
ma
la
seule source de
créature, a voulu
moi
Le
droit
doininor; je
le
jo
;
droit (|ui est
reprends en
ou, pour parl(M' plus franchement, je nio tout
',
droit
iiio
mon
ou
l'olal
;
j'alïirme
illusion,
un
ma
titre
d'un spectre
{eiii
puissance. Le droit n'est (ju'une
imaginaire que je dois Sparreii erteilt
puissance est réelle
:
car c'est
grâce
à la
von einem Spiik)
:
ma
moi-même.
pour ruiner la conception religieuse ou droit sacré ou éternel, va jusqu'à nier d'un mystique Stirner,
du droit, et ne laisse debout que la Moi qui lui paraît seule réelle. du puissance Nietzsche n'admet pas plus que Stirner l'existence
l'idée
même
d'un droit intangible, devant qui serait
obligée de s'incliner.
droits naturels: le droit n'est
des forces réelles tent
ou diminuent
;
il
varie
et se
force victorieuse
ne connaît pas
Il
que
quand
la
tle
reconnaissance
les forces
déplace avec elles
augmen;
il
n'est
à la
puissance, mais
comme une
consécration et
donc pas antérieur ou supérieur au contraire s'y ajoute
la
une garantie. Mais tandis que Stirner conclut de cette conception que le droit n'est qu'une aliénation du Moi, c'est à-dire une concession analogue au sacrifice religieux, et veut que le Moi reprenne on lui sa créature
l.
Stirner,
devenue dangereuse depuis qu'on Der Einzige,
p.
240.
lui
a
-
68
—
accordé une existence objective, Nietzsche étudie les origines
historiques du droit et arrive à cette
conclusion que
le droit n'est
comme un
redoute
pas l'ombre que
le
Moi
spectre, mais le fruit d'un con-
La justice doit son origine à un équilibre de forces c'est ce que Thucydide a bien compris dans le terrible dialogue des envoyés d'Athènes et de trat.
:
Mélos.
Quand
les forces sont
sensiblement égales,
et
impossible de prévoir avec certitude l'issue
qu'il est
d'une lutte ruineuse pour les deux adversaires, l'idée d'un accord vient
à l'esprit
mier caractère de
la
vengeance, tice
la
justice
revanche ou
la
:
:
l'échange
on
le
est
pre-
retrouve dans
la
reconnaissance'. La jus-
au début, l'expression d'une égalité entre
est,
mais on a oublié peu deux égoïsmes humble origine, on a habitué les enfants
comme
le
titre
de noblesse
peu cette
à
:
justice
le
à
admirer
de
la
l'espèce
humaine et on a fini par voir dans les actes justes une manifestation de désintéressement absolu. A :
un con-
vrai dire, les droits doivent leur naissance à
que nous respectons par tradition:
trat
et l'oubli
produit des modifications importantes dans tion des puissances liées par contrat, sible
que
le
droit
demeure intact
:
c'est
il
s'il
se
la situa-
est
impos-
ce que montre
clairement l'histoire du droit des gens. juste a
paresse
la
contribuent à les forti^ler^ Pourtant
L'homme
donc constamment besoin d'une balance pour
1.
Nietzsche, IFerke,
II,
2.
Nietzsche, PFerAe,
III,
93.
224.
— peser les forces: être
—
60
jiisle est difTicile et e\i
coup d'expérience, de bonne volonté telligence
que
le
droit
le
(ju'ils
comme une
tradition
ne sont pas plus obligés
les esprits libres
de respecter
mais
surtout d'in-
et
'.
Nietzsche conçoit légale,
beau-
ne respectent
la
tradition morale:
souci constantqu'il a dans sa deuxième période
de ménager
transition entre le passé et l'avenir,
la
dicte au philosophe des sentences d'une indulgence
prudente
il
:
saire, tandis
mort de
juge qu'une certaine
que Stirner
l'esprit
voit
l'esclavage
et
Nietzsche souhaite-t-il que tact et
stabilité est
dans toute
la
du
Moi
diplomatie
néces-
stabilité la
ait
aussi,
;
assez de
de finesse pour adapter à chacjue moment
le
droit à la situation nouvelle qui résulte des modifi-
cations qu'ont subies les forces en présence. Nietzsche se place au
même
point de vue pour juger les ques-
tions de politique intérieure seille
aux prolétaires de
:
tandis que Stirner con-
faire valoir leur
force sans
se préoccuper d'un droit quelconque, de ne pas plus
reculer devant
devant
la
contrebande ou
le vol
organisé que
grève générale, Nietzsche voit dans
la
le so-
cialisme une force naturelle qu'il s'agit d'endiguer et d'exploiter
comme
au profit du progrès humain.
Stirner,
que
la
d'hui une question de puissance, et
de droit
;
Il
estime,
question sociale est aujour-
non une question
mais tandis que Stirner ne souhaite pas
1.
Nietzsche, IVerfce,
II!, 109.
2.
Nietzsche, lVer/;e,
II,
330.
— que
les
que
un
traité
une chaîne, Nietzsche prévoit imminente amènera un
ses yeux
à
-
partis en présence concluent
deux
qui serait
:o
la crainte de la guerre
et il y aura dès lors des droits et des Les idées de Nietzsche, sur ce réciproques. devoirs
arrangement,
point, ressemblent
moins aux idées de Sfirner qu'aux
idées de Ferdinand Lassalle, par exemple, sur les
Du moment que
constitutions. l'intérêt
Nietzsche invoque
général ou supérieur [der hôchste Nutzen),
il
se sépare nettement de Stirner, qui ne voit dans le
général
qu'une abstraction,
dans
et
supérieur
le
qu'une ombre tyrannique. Ce que Nietzsche l'humanité force,
:
même
«
11
la
servir à ses fins
faut
plus dangereuse, un outil qu'elle »,
Stirner le dit du Moi;
Humanité
le sujet «
»
paraît seul réel. Tandis
par le sujet
de
dit
voit dans toute
que l'humanité
il
Moi
«
fait
remplace »,
qui lui
que Stirner considère que
la
seule attitude qui
révolte ouverte et latente est
la
convienne
de sa force, Nietzs-
à l'individu conscient
che parle en
homme
de gouvernement
il
force exacte du socialisme,
quelle est
la
peut
jouer ce ressort
faire
:
demande comment on se
et agir ce levier
;
il
va,
malgré la répugnance instinctive qu'il éprouve en présence des masses démocratiques, jusqu'à envisager le cas où il y aurait lieu de fortifier autant que possible
le
socialisme. Stirner est avec les opprimés
qui se soulèvent et se redressent; son
mot
favori
exprime un mouvement de bas en haut [Empôrung). Nietzsche, qui a l'esprit militaire, admire toute orga-
— nisalion qui
d'après
mène
:i
-
à la victoire
j"ge les moyens
il
;
la fin'.
e)
VAnarrlnsme
Slirneresl Tennenii de
d'une part une
parce que TÉtat est
l'Etat,
autorité, d'autre part
une organisation
souvent sur l'ctymologie status); l'autorité de l'Etat humilie le moi; la stabilité de l'Etat stable
(il
insiste
moi d'évoluer librement. L'État est d'abord une autorité il organise la soumission des citoyens. La forme de gouvernement ne modifie en rien le caractère de l'Etat: Supposons
empêche
le
:
que
le roi,
qui confère une part de son autorité à
tous ses mandataires, des ministres jusqu'au bourreau inclusivement, vienne à disparaître la majorité :
des citoyens maintiendrait néanmoins dans
dance tous
les adversaires
de l'ordre
rience a d'ailleurs été faite par
Révolution de 1789
;
on
a
entre les ordres, proclamé
la
tous les citoyens: a-t-on par
établi.
dépenL'expé-
France, après
supprimé la
la
liberté et l'égalité
là
donné
la
les difl'érences
à
chacun
de
l'in-
dépendance? Xon, on a simplement substitué à l'autorité du prince, l'autorité de la nation. La nation a maintenant
droits
les
régaliens,
dîmes, impose les corvées, juge
et
elle
prélève
les
condamne, accorde
seconde 1. Ce nest pas un hasard siNietzsclie, même pendant sa période, où il se rapproche le plus des idées modernes, prend la défense des jésuiles il so demande si leurs adversaii-cs sauriiient faire preuve du même dévouemcut, de la même discipline. :
ou refuse
le
des régiments,
La nuit
nomme
permis de chasse,
du
les colonels
etc.
4
Août
a
supprimé
monarchie
la
d'ancien régime pour lui substituer une monarchie
moins
limitée,
la
monarchie absolue de
citoyen l'indépendance que
la
chaque Réforme de Luther n'a
affranchi les croyants de la religion
un protestant politique qui
nation'.
la
La Révolution française n'a pas plus donné
:
a le droit
le
à
citoyen est
de communi-
quer, sans hiérarchie intermédiaire, avec son Dieu, l'Etat, et
de
le
servir directement. Dorénavant, plus
de noblesse, plus de corporation: un seul souverain, l'Etat tout-puissant,
règne sur ses dévots serviteurs.
Le despotisme de
l'Etat n'a pas
seulement
de réduire chaque citoyen en esclavage
;
il
le tort
encore
a
l'inconvénient de faire peser sur nous tout le poids
du passé. Le décret qui a été promulgué jour par le caprice du souverain nous lie Ici
encore,
rente
:
votée par
la
ou
tel
à jamais.
forme du gouvernement est
la
la loi
tel
indiffé-
majorité n'en est pas moins
une règle inébranlable. texte réunisse à telle ou
Môme telle
en supposant qu'un date l'unanimité des
unanime des citoyens, pas moins esclave j'aurais simplement
législateurs et le consentement je n'en serais
contribué
à
forger
;
mes
chaînes.
Ma
créature M'aurait
emmené en captivité, mu volition aurait dominé ma volonté. Mon progrès serait entravé par la perma1,
Stirner,
Der Einzige,
p. 121,
nence de rèle,
mon
quand
-
73
comme
acte,
cours du fleuve
le
s'ar-
immobile
l'eau s'est figée en glace
et
froide.
Nietzsche estime,
comme
Stirner, que les fonde-
ments de FÉtat sont encore aujourd'hui
la
croyance
à
l'autorité absolue et à la vérité définitive';
l;t
niiiie
de ces croyances fondamentales entraînera
la
chute
de
soutiennent, car
l'Etat qu'elles
états militaires, la contrainte
même
ne saurait
duire les effets que produisait
le
dans les
sufïire à pro-
respect religieux.
La concc[)lion démocratique de l'Etat ne peut ([u'en accélérer
la
Quand Bismarck considère
ruine.
forme constitutionnelle comme deux pouvoirs, le pouvoir du prince
la
un compromis entre
du peuple,
il
très logique,
historiques,
cl le
mais qui répond du moins qui
et
peut
à
vie de
l'État.
Quand
les
des réalités
contribuer, précisément
parce qu'elle n'est qu'à demi rationnelle, la
pouvoir
émet une théorie qui n'est peut-être pas
à
prolonger
démocrates, au contraire,
nient qu'il y ait dans l'Etat deux sources du pouvoir, une en haut et l'autre en bas, quand ils ne voient
dans
le
gouvernement que l'organe du
mettent en question l'existence
même de
pouj)le, ils
l'Klat
:
car
ils
modifient la nature des rapports qui s'étaient établis jusqu'ici entre le prince et ses sujets,
comme
l'instituteur et l'élève, le père et les enfants,
de maison
1.
et les
domestiques,
Nietzsche, Werkc,
II,
328.
le
entre
maître
l'officier et le soldat,
patron
le
Concordat,
car
il
De même, quand Napoléon
Tapprenti.
le
cl
il
fit
consolidait les pouvoirs légitimes,
n'y a pas eu jusqu'ici de légitimité qui se soit
passée du secours de
Quand au
prêtres.
dans
l'État
religion et de l'appui des
la
contraire les démocrates engagent
contre l'Église,
la lutte
doute, au début, que l'État
il
semble sans
puise dans cette
lutte
de
nouvelles forces: l'ardeur du combat développe, en effet,
et cet
l'enthousiasme fanatique,
enthousiasme
s'accroît de toute la force des anciens sentiments re-
ligieux qui n'ont plus d'objet
;
mais quand
la
lutte
sera terminée, on ne tardera pas à s'apercevoir qu'en attaquant l'adoration religieuse, les mystères, toutes les
institutions vénérables,
ruiné
le
respect
on
et le
craintif
a,
du
même
coup,
sentiment de piété
qu'inspirait autrefois l'État. Nietzsche est
donc
cord avec Stirner sur deux points essentiels
:
d'ac-
admet est une
il
avec l'auteur de V Unique, d'abord que l'Etat institution religieuse, fondée sur le respect de l'autorité et la cratie,
croyance
en exaltant
à la stabilité
ne fera
l'État,
;
démoque nous amener puis que
Nietzsche dit en propres
plus vite à
le
mépriser
termes que
la
démocratie n'est que
rique de
la
décadence de
;
la
la
forme histo-
l'Etat'.
Mais, bien que les deux philosophes soient d'accord sur ces deux points, leur attitude est bien différente,
1.
quand
il
s'agit,
Nietzsche, Werke,
II,
non plus d'interpréter 349.
les faits,
'O
mais craoir.
Ils
lion historique
—
constalcnt Ions deux ;
la
inciiie
évolua
mais tandis que Stirner en est heu-
reux, Nietzsche regretterait pres(]ue l'ancien régime. se résigne sans doute à la situation nouvelle créée
Il
par
Révolution française, mais
la
comme on
se ré-
signe à une nouvelle géographie au lendemain d'un tremblement de terre au demeurant, il pense, comme ;
Voltaire,
que tout
est
perdu quand
la
populace se
mêle de raisonner. Tandis que Stirner refuse d'obéir loi, soit à une persoit à un décret, soit à une une autorité imj)ersonnelle, Nietzsche regrette de voir se perdre la noble habitude de commander et d'obéir. Tandis que Stirner exige (jue le Moi cesse de se soumettre et fasse, même en signant sonne, soit
un
à
contrat, toutes réserves en faveur de l'égoïsme
imprescriptible, Nietzsche se
demande avec
tristesse
(-e (|ui adviendra quand toute subordination ne sera plus qu'un souvenir on ne pourra plus obtenir les :
mêmes
effets qu'autrefois, et le
pauvre. Nietzsche sait que table
;
mais
tastrophe
:
il
dénoùment
le
comme
ne souhaite pas,
il
humaines, par
faut,
selon
le
monde
sera
plus
est inévi-
Stirner, la ca-
philosophe de CJioses
Irop humaines,
être bien sûr de soi
pour la souhaiter: il faut avoir trop bonne opinion de soi-même et ne pas bien comprendre l'histoire, pour mettre la main à la charrue, quand on ne sait encore ce qu'on pourra semer dans les sillons'. Ici
1.
Nietzsche, Werkc,
II,
350.
-
:6
—
demande beaucoup de prudence,
encore, Nietzsche
tandis que Stirner exige de la décision. Selon Stirner,
Tairranchissement de Tesprit n'a de valeur que s'il assure immédiatement l'indépendance réelle au Moi; selon Nietzsche,
quence
la
liberté de l'esprit a
modération dans
la
diminue
l'intelligence
pour conséde
l'action, car le travail
les désirs,
absorbe l'énergie
danger des modificavitale et tions subites. Une révolution dans le domaine des opinions n'a pas de répercussion immédiate dans le
montre
l'inutilité
ou
le
domaine des institutions les opinions nouvelles continuent longtemps à demeurer dans les maisons :
anciennes
elles
;
ne
s'y
sentent plus à leur aise,
mais n'ont pas d'autre abri". Tandis que Stirner nous rappelle par plus d'un trait Jean-Jacques Rousseau, Nietzsche ne peut assez s'emporter contre le rêve
dangereux, les
la
superstition, les folies passionnées et
demi-mensonges du Contrat
française
;
qu'il
social,
responsable de l'esprit optimiste de
la
c'est contre cet esprit qu'il crie
rend
Révolution :
«
Ecrasez
11 se réclame de Voltaire dont il admire 1 infâme ». il la nature éprise d'ordrç, de mesure, de raison sauénergies les réveille ne révolution qu'une craint ;
dorment depuis longtemps, et préfère aux sauts brusques une évolution progres-
vages il
et terribles qui
sive. 1. Nietzsche,
Werke,
II,
342.
CHAPITRE
IV
COMPARAISON ENTRE LES IDEES DE STIRNER ET LES IDÉES DE NIETZSCHE DANS SA TROISIÈME PKIUODE
Le dernier système de Nietzsche est une synthèse des idées parfois opposées qu'il a exprimées dans ses deux premières périodes il faut cependant remarquer ;
que ce système rappelle plus, par ses conclusions, du jeune philologue épris de la (îrècc que les sentences dédiées aux esprits libres par le les théories
moraliste des Choses humaines, par trop humaines la
partie critique de ce système n'est en
l'introduction à
en
somme
partie positive. Nietzsche
;
que
revient
par un détour aux préférences instinctives
manifestées dès
qu'il avait
chercher
la
effet
la justification
dans
le la
début; au lieu d'en philologie ou dans
la
métaphysique de Schopenhaiier, il croit la trouver dans l'histoire naturelle des morales humaines ou même dans la physiologie proprement dite mais les tendances primitives apparaissent de nouveau 1res nettement nous ne serons donc pas étonnés de ;
;
retrouvera propos de cette troisième période,
le désacr-
cord fondamental que nous avons déjà constaté entre Stirner et Nietzsche, en étudiant
la
première période.
a)
—
78
—
L'individu
et
l'aristocratie
Nietzsche insiste de nouveau dans celte troisième
période sur
lu
singularité
chaque individu doit a pas de chemin en
du Moi
Weg
soi [den
Chaque individu est nécessaire fois, et
il
sa
a
Stirner concluait de ce caractère table
indéfinissable
de
affranchir tous les individus
que
l'aristocratie
déclare que n'y
il
giebt es nicht).
il
:
n'existe qu'une
est impossible de le suppléer.
a son timbre; chaque nature
et
il
;
suivre son chemin propre;
Chaque voix
qualité propre.
singulier,
qu
l'individu
inimifallait
il
Nietzsche en conclut
;
ne doit pas se conformer
du
à la loi
Sluart Mill qui
Il s'emporte contre John admet comme tout le monde que ce qui est bon pour l'un est bon pour l'autre et qu'il ne faut pas faire à
vulgaire.
autrui ce qu'on ne voudrait pas qu'on vous
théorie suppose, selon
taine équivalence entre les actions des
Cette
fît.
une
cer-
hommes;
elle
Nietzsche', qu'il
y
a
annule le caractère personnel des actes, la valeur qui ne peut être appréciée en monnaie courante, la grâce ou la disgrâce qui ne peut être payée de retour. C'est donc une théorie est
aristocratie
noble
dit
:
bonne pour
fondée sur
la
vulgaire
;
toute ;
le
ce que je fais ne peut pas et ne doit pas
être fait par les autres. Nietzsche aristocratie l'équivalence dans
1.
le
théorie opposée
Nietzsclie,
admet comme toute
une sphère restreinte
Nachgelassene Werke, XV, 458.
:
— inter pares
pour
lui
caractère unique des individus n'est
le
;
—
79
qu'un argument contre
l'égalité. Slirner, au
contraire, ne reconnaissait pas de pairs;
pour
était
un argument contre
lui
De mêuie Nietzsche continue dans période
à réhabiliter
christianisme et s'agit pas
la
disparité
la
l'autorité.
troisième
sa
l'égoïsme trop rabaissé par
morale de
la
pitié
;
mais
il
de l'égoïsme imprescriptible, antérieur
supérieur
toute autre considération,
à
le
ne et
dont parle
Stirner; lesmeilleurs seuls ontle droit d'être égoïstes.
Nietzsche déclare expressément que l'égoïsme varie avec dividu égoïste
il
;
valeur de
la
valeur physiologique de lin-
la
est excellent ou méprisable, selon
qu'il favorise l'ascension
ou
décadence de
la
la vie'.
Zarathustra déjà avait pesé dans sa balance l'égoïsme
même temps
en
tion il
;
il
avait
que
la
volupté
et le désir
en avait mesuré les bons
maudit
le
et les
de domina-
mauvais
eflets
;
lâche égoïsme des faibles et béni
l'égoïsme sain des forts.
La liberté aussi, qui, selon Stirner,
était la
pro-
du Moi, doit être selon Nietzsche un privilège. Avant de conférer ce privilège, Zarathuspriété intangible
tra
demande
à ses disciples
titres à la liberté, tju'ils
conquérir-. à
Il
de prouver qu'ils ont des
ontle droit
serait bien inutile de
ceux dont l'existence
même
et la force
donner
serait
la
de
superMue
s'ils
ne servaient d'instruments dans les mains d'autrui. 1. Nietzsctie,
Werke, VIII, 140.
2. .Xiotzsche.
Werke, VI, p. 91.
la
liberté
—
80
—
Tandis que Stirner veut, en isolant l'individu, supprimer la domination des castes, Nietzsche affirme de nouveau la nécessité d'une classe de maîtres et d'une classe d'esclaves. Chacune de ces classes a sa
morale propre qui ne convient pas veut élargir
le fossé
loin de justifier,
nement par
à l'autre. Nietzsche
qui sépare ces deux classes
comme
les
l'intérêt et la
démocrates,
le
;
bien
gouver-
souveraineté du peuple,
il
que la classe inférieure ne doit être qu'un piédestal pour la classe supérieure. L'aristocratie est
affirme
la
raison d'être de
la
comme
masse,
raison d'être du socle qui
la
la
statue est la
supporte. La seule orga-
nisation qu'admet Stirner, le Verein,
ne ressemble
rêvée par Nietzs-
en rien
à cette société aristoratique
che
détruit toute hiérarchie et toute autorité;
:
il
n'est qu'un
moyen au
service du
Moi
égoïste.
il
Le
Verein se distingue précisément des sociétés ancien-
nes [GesellscJiaft) en ce qu'il est un libre contrat entre des individualités qui
ne sacrifient aucune
parcelle de leur propriété ni de leur puissance; les
égoïstes fondateurs du Verein ne se laissent enchaîner ni par les liens
du sang,
ni par
aucun sentiment de
piété ou de fidélité.
b)
L'anarchie
et la
discipline
un souverain absolu qui ne connaît pas plus l'obéissance que Dieu lui-même; Selon Nietzsche, la nature ordonne aux individus, Selon Stirner,
le
Moi
est
-
81
-
aux castes, aux races, aux peuples, à riuinianilr même d'obéir, d'obéii' à une règle (juelle qu'elle soit, de se
une discipline sévère, de m;ii(li<'r toujours dans la mrmc direction cl <el ordre aussi est uu impi'ratir calégori(iii<\ puisipril a pour sanction soumettre;
à
;
ou
mort'. .Nicl/sclic s'emporte donc conli-e
la
vie
la
bèlise des utilitaires
la
([ui
ne voient dans
le
respect
des règles littéraires ou morales qu'un préjugé, et contre l'entêtement des anarchistes qui n'admettent j)as la
soumission
à
une
loi
sous prétexte qu'elle est
arbitraire.
Aussi, tandis que Stirner respecte
la
demande que
l'éducation
libre volonté des élèves, Nietzsche (onde
tout son système
sur une discipline sévère; sans
ne veut pas apprivoiser, dompter [zâhmen) les hommes comme l'a fait le christianisme, mais il entend é\e\ ci- {zilchlen) pur une méthode rigoureuse.
doute
il
Le mot Zncht est de nouveau son expression favorite le jeune philologue l'employait au début pour désio-ner la discipline sévère que le maître doit imposer ;
aux élèves pour les habituer à respecter la langue, à l'exemple des classiques le disciple de Schopenhauer s'en servait pour recommander une discipline morale maintenant l'apôtre de la volonté de riooui'eiise ;
;
puissance y a recours j)()ur imposer à l'humanité le rude traitement ([ui en fera une belle race. Mais le sens propre du mol n'a pas changé il s'agit toujours ;
1.
Nietzsche, fferXe, VII, 116-118.
—
82
—
d'une éducation qui rappelle
la
discipline militaire, et
qui n'exclut ni la contrainte ni les sanctions pénales
;
au contraire l'éducation doit, selon Stirner, se passer de sanction et de contrainte, puisqu'elle n'a d'autre
but que de
fortifier l'esprit d'opposition.
c)
La jouissance
Selon Stirner,
mission
;
il
le
Moi
et
but
le
n'a ni devoir, ni vocation, ni
n'a qu'à jouir
de
soi.
De même que Dieu
ne saurait avoir de but, puisque toutes les fins sont dès le principe réalisées en lui, de môme le Moi est parfait dès l'origine.
Il
est
à vrai dire aussi difficile
de donner un sens au mouvement du Moi dans système de Stirner que d'expliquer la chute ou
le la
création quoi qu'il en soit, l'Unique sur terre ne peut ;
pas se proposer un idéal puisqu'il est
au
comme l 'Unique
ciel l'idéal réalisé.
Nietzsche, au contraire, substitue au Dieu mort le
Surhomme, dont
il
veut préparer
besoin de voir un but devant veut pas renoncer à
lui
;
la
naissance;
il
a
l'âme héroïque ne
sa plus haute espérance
;
la
liberté
ne permet pas une grande veut pas vivre en vain [umnoble ne œuvre. L'àme sonst) que la populace accepte la vie sans chercher à lui est indifterente si elle
:
se montrer reconnaissante de ce présent, l'homme supérieur se croit diminué tant qu'il n'a pas rendu plus qu'il n'a reçu'. Sans doute, en se proposant une fin, 1. Nietzscl.o,
Werke, VI, 291.
—
h;!
—
on s'impose une tyrannie, mais c'est im Iioriiiciir que d'être l'esclave d'une grande tâche. Tandis (|uc Stirnerci-aignail louledominalion extérieure (ju iul<'Nietzsche aime
riciirc,
le
mon âme que
vocation de
Moi Au-dessus de Moi !
!
tlestin (jui le iiiènc
j'appelle Destin!
{Tn-niir
!
Ueber mir
/;
()
même que de même Surhomme
De
»
chaque individu doit obéir à sa vocation, Thumanité doit se proposer une fin le :
est la fin ([ue Zarathustra
propose
à
manité. Slirner, sans doute, avait dit aussi que était
O
l]ii-
Conserve
réserve Moi pour Vwo. grande destinée'.
et
«
:
supérieur
à
l'humanité; mais
liii-
I
Moi
le
n'entendait pas
il
poser un idéal ou fixer un but il affirmait simplement que le sujet (Moi) est supérieur à son prédicat l'humanité); de même que Schiller n'est pas seulement un Souabe, je ne suis pas seulement un l)ai'
là
:
homme
;
il
ne
main humaine
suffit ;
on
qualifiant ainsi de
pas de dire que la
la
ma main
une
est
distinguerait sans doute en patte des autres
animaux
;
la
mais
on ne tiendrait pas compte de ma personnalité on me confondrait avec ceux qu'on appelle impropre;
ment mes semblables. Stirner veut, en déclarant que le Moi est surhumain, l'affranchir de tout idéal humain; tandis que Nietzsche, en prêchant le Sur-
homme, l'idéal
surtout
1.
veut
qui lui
précisément fait
défaut,
:
Nietzsche, Wcike, VI, 312.
révéler
depuis
la
à
l'humanité
moit de Dieu
y eut jusqu'ici mille fins, car il y avait mille peuples. Seul le joug des mille nuques manque « 11
encore,
il
encore de
manque
la
fin
Une. L'humanité n'a pas
fin.
Mais dites-moi donc, mes frères, si la fin manque encore à l'humanité, ne faut-il pas dire que l'humanité «
elle-même manque encore'? » Ainsi, selon Stirner, le Moi son
indépendance
s'affirme
soi-même
absolue
s'affirme en affirmant
selon
;
en affirmant une
Nietzsche,
on
en s'impo-
fin,
sant lejoug d'un idéal.
d)
Le Moi
et la
Volonté de puissance
Toutes ces oppositions entre et celles
de Stirner
les idées
de Nietzsche se ramènent à l'opposition
fondamentale entre
le
Moi
et la
Stirner a cherché à définir
la
Volonté de puissance. nature de
l'être.
Mais
un danger pour le sujet. Si tu admets que tu es par exemple un homme, un esprit, un chrétien, etc., on ne respectera en toi que l'homme, l'esprit, le chrétien on t'obligera à te conformer au caractère que tu t'es laissé donner. Aussi Stirner conclut-il que l'être est unique, il
s'est
aperçu que tout prédicat
était
;
c'est-à-dire impossible à définir; sans prédicat, mais
aussi sans vocation et sans loi".
Nietzsche, au contraire, a cherché à dégager 1.
Nietzsche, Also sprach Zarathustra, VI, 87.
2.
Stirner, Kleine Schriften, 116.
la loi
do Tactivité.
iiu^iiic
entre les sages si j'ai
Où j'ai
de puissance; trouvé
la
cl
((l'iir iiirtiie
de son cœur
delà
!
de
volonté
ai
Iroiivé
la
volonté du serf,
Moi
n'y a ([u'à
aspirer sans cesse
à la
la
j'ai
»
est uni(pie cl par là
même
dépenser ses forces. Selon
Nielzsche, toute vie est soumise à une à
vie, cl jiis<jiie
jus(|uc dans
la vie,
volonté (Tèlre seigneur'.
il
sa^es
lit j
Selon Slirner, le souverain;
jjarolc, ô
sérieiisenieni pum- voir
\'ériliez-la
trouvé de
ma
Or, écoute/
pénétré jiiscju'aii les recoins
dans «
!
«
-
85
loi (|ui l'oblige
puissance et par
là
même à
se
dépasser sans cesse elle-même. e)
Le christianisme
Ainsi s'expliquent les jugements que les
C\c\\\
phi-
losophes portent sur le christianisme. Stirner admire d'une part, dans lion la
;
le
le
christianisme, l'esprit de rébel-
christianisme est en effet une rébellion contre
nature
et
une rébellion contre
la
société; Jésus est
un grand révolté [EDipôreiY^ Stirner attaque d'autre part la hiérarchie morale et sociale que le christia;
imposé au Moi. Nietzsche trouve que l'idéal ascétique a eu cet avantage de donner, en attendant mieux, un sens à la de il est préférable de vouloir le Néant cpic terre ne pas vouloir; mais le christianisme a été une
nisme
a
;
t.
Xietzsche, Also sprarli Zarathustra, VI, 167.
2.
Stirner,
Der
lAiizige, p. 371.
religion
de
l'impuissance,
86
—
décadence, parce
favorisé le soulèvement
paré par les Juifs
et
qu'elle
a
justifié
rancunes des petites gens
flatté les
et
des esclaves qui a été pré-
qui
a
abouti à
française et à la démocratie moderne.
la
Révolution
CONCLUSION Nous n'avons pas de
Y"
d'adiimer que
Stirner
dociniionl
eu une
ait
permette
cjiii
influence
sur
le nom de Stirner on ne trouve pas non plus ce nom dans la correspondance de Nietzsche. Il résulte simplement (lu témoignage d'une ou deux personnes
Nietzsche. Nietzsche ne cite jamais
dans ses œuvres
;
qui ont connu Nietzsche à Dàle, que
de
[)arlé
Stirner vers
doute été frappé,
comme
J.-ll.
philosophe a
le
Nietzsche avait sans
1874.
Mackay, par
la
courte
analyse que Lange donne dans son Histoire du Matérialisme, de V Unique
sente en effet
le
d'introduction à or,
Nietzsche
et
sa propriété
système de Stirner la
était,
Lange y
:
pré-
comme une sorte
métaphysique de Schopenhauer dans sa première période, un fer:
vent admirateur de cette métaphysique. 2° Si l'on
compare d'autre
part les idées de Stirner
aux idées successives de Nietzsche, on constate que les
ressemblances des deux systèmes sont bien su-
perficielles
:
Dans sa première période, en siste
bien
du moi <|uc
;
comme
Stirner sur
mais Stirner
le
effet,
Nietzsche in-
caractère singulier
est arrivé à cetle idée
en parlant du panthéisme de Hegel
et
de luni-
de Feuer-
bach
Nietzsche y a été conduit en méditant la métaphysique de Schopenhauer et en suivant l'exemple ;
de Richard Wagner. Stirner veut affranchir
de tout lien
de toute
et
moi
le
Nietzsche prêche
loi;
le
devoir d'originalité et de sincérité. Stirner
demande
que Téducation se borne
d'opposi-
tion
;
Nietzsche exige
à fortifier l'esprit
une discipline rigoureuse.
comme un
Stirner considère le réalisme
progrès;
Nietzsche est un humaniste qui ne voit que barbarie
en dehors de l'antiquité grecque. Stirner veut que le sujet triomphe de tout objet Nietzsche cherche à ;
absorber dans l'objet
— un tout sujet individuel.
ner est un esprit critique; Nietzsche est un Stirner
progrès continu
croit au
christianisme et
la
;
Slir-
artiste.
l'avènement du
Révolution française marquent
à
ses yeux des étapes importantes; Nietzsche admire la
Grèce, considère
décadence démocrate tous
;
et :
le
christianisme
comme une
souhaite une Renaissance. Stirner est
réclame
il
la
l'égalité
pour
son idéal est
l'état
liberté et
Nietzsche est aristocrate
:
platonicien.
Dans sa deuxième période^ Nietzsche voisin de Stirner; la liberté,
a)
il
nie
la
il
affirme
morale,
comme
lui
la
plus
l'égoïsme
le droit et l'Etat,
Tandis que Stirner veut opposer
inconscient de
paraît
à
et
mais, Végoïsrne
religion l'égoïsme conscient, Nietz-
sche se propose simplement d'étudier
le
caractère
égoïste des actes et des sentiments en savant et en
psychologue. Tandis personnel
rèt
(pi'il
opposer rinlé-
ciue Slirnoi' voiil
autre inlérèl, Nielzsche admet
harmonie enlrc rinlérôl personnel
a
y
à tout
—
89
rêt général, et
el Tinlé-
ne cesse pas un instant de se pri'occu-
per du progrès de Thumanité. Tandis que Sliiner
demande
au
jNIoi
créaleurde ne pas se rendre esclave
de ses créatures, Nietzsche est
comme //)
mère
la
est fidèle à
fidèle à
son œuvre,
son enfant.
Nietzsche s'efforce de concilier
nécessaire
organisme
à tout
et l'aptitude
les chaînes
liberté à c)
de
la stabilité
au progrès
tandis que Stirner invite chaque individu
la
nom
Tandis que Stirncr nie toute tradition au
la liberté,
;
rejeter
à
du passé, Nietzsche croit devoir réserver une élite d'esprits supérieurs.
Tandis que Stirner proteste contre toute règle
morale par désir d'indépendance, Nietzsche attaque
simplement l'intolérance la
;
tandis que Stirner adirme
perfection du Moi souverain, Nietzsche se plaît à
constater l'irresponsabilité et l'innocence des créatures
;
tandis que Stirner, heureux de voir
s'écrouler avec le
duelle n'a d'autre
morale
la
dogme, déclare que la vie que de se dépenser en
fin
indivi-
se
dé-
ployant, Nietzsche souffre de vivre dans l'interrègne
moral
et
cherche avec passion une nouvelle table
des valeurs. d)
Tandis que Stirner ne voit dans
superstition et
ne
reconnaît
de
le droit
réalité
(ju'une
qu'à
la
puissance, Nietzsche constate que les forces
s'é(piili"
des contrats.
Stirner
J)rent
parfois
et établissent
-
-
ÎO
parle en révolté qui souffre des privations droit d'aulrui lui
un
homme
impose
Nietzsche
;
parle
que
le
comme
de gouvernement qui pèse les forces
et
dirige leur jeu. e)
une
Nietzsche estime
comme
institution religieuse et
Slirner que VEtat est
que
la
démocratie est
la
forme historique de la décadence de TEtat mais tandis que Stirner est heureux d'hériler de la puis;
sance de l'État mourant, Nietzsche hésite à porter un jugement sur l'évolution qu'il constate et préfère le
progrès lent
à
la
Jean-Jacques Rousseau
révolution. ;
Stirner
Nietzsche invoque
rappelle le
nom
de Voltaire.
Dans sa troisième période^ Nietzsche bâtit un système qui est la synthèse des théories qu'il avait exprimées dans ses deux premières périodes il semble pourtant que la partie critique de ce système soit moins importante que la partie positive. 11 ne faut donc pas s'étonner si le désaccord entre les ;
idées de Nietzsche et celles de Stirner apparaît nette-
ment dans
cette dernière période.
Stirner veut aflVanchir le
Nietzsche réserve l'originalité,
à
Moi de toute hiérarchie
une aristocratie
de l'égoïsme
et
de
le
;
privilège de
la liberté.
Tandis que
Stirner conçoit un Verein qui ne serait fondé que sur le
contrat des égoïsmes et qui n'enchaînerait pas le
Moi, Nietzsche rêve une organisation où de
la
la
noblesse
classe supérieure justifierait l'existence d'une
— masse d'esclaves.
—
[>[
'r;ui(lis
vcuL lurlilicr
Sliiiier
cjuc
respiit d'opposilioii, Nietzsche
imposer
vciil
une belle
discipline rude poui- créer
une
Tandis
lace.
que Stirner n'admet aucune vocation individuelle
et
ne se soucie pas de l'humanité, Nietzsche estime que
chaque individu doit s'imposer une tâche manité doit se proposer un
idéal.
proclame
est
que
le
]\Ioi
d'ores
être surhumain, Zaralhustra annonce
surhomme. Tandis
c|ue
et
que
riiii-
Tandis que Stirner et
déjà
nu
venue (\y\ Slirner assure que le Moi la
parfaitet indéfinissable n'aqu'à se dépenser, Nietzsche
constate que à se
la
volonté de puissance oblige toute vie
dépasser sans cesse elle-même.
Stirner admire dans
contre
l'esprit
damne
la
l'esclavaoe
christianisme
la
et la société;
mais
oîi IM-^olise
chrétienne
les individus. Nietzsche au contraire prit
de révolte égalitaire que
communiqué aux qu'ont
fait
hommes
et
les
révolte de
le
nature
niasses
;
le
a
il
con-
maintenu
condamne
l'es-
christianisme juif a
mais
il
admire
l'cflnit
ascètes pour imposer un idéal aux
un sens
à la terre.
APPENDICE LISTE INÉDITE DES LIVRES EMPRUNTES
PAR NIl'TZSCHE
BIBLIOTHÈQUE DE BALE
A LA
(1809-1879)
Wintersemester 1869-1870
Septembre 25 Horwicz. zEsilietik. 25 Rose. Anecdota gi'ieca
et gra'colalina.
22 WackernageL Geschichte der deuischen Lil-
Octobre
teratur.
Novembre
2
Muséum. Schweizerisches.
2v.
3 Benfey. Gescliiclite der Sprachwissenschafl. 3 Corssen. Nachiraege zur lai. Formenichre.
—
Nous avons fait des rechcrclies à la Bibliollioque de Note. Bàlo pour voir si Niol/sclic y avait ciupnnité TouvraiJ^e de Stirner. Nous prions M. le D'' Bernoùilli, directeur de la Bibliothèque universitaire du canton de Bàle, d'agréer tous nos remerciements la bienveillance qu il nous a témoignée à celte occasion. .Nous publions celle liste inédite, parce qu'elle ijermet de suivre parce l'évolution des idées de Nietzsche enlre 1870 el 1880, el sans qu'elle peut mettre sur la voie de nouvelles sources. H serait doute utile de déterminer par exemple l'influence qu'ont pu exer-
pour
philosophe des livres comme Dcnkcn itnd Wirhlichkt'it PInlosopIna natiiralis de Boscovicli, la jXulur der Kometen de Zollner, et la P/iysit/iif de Pouillel. cer sur
le
de Spir,
la
,
— Novenihre
-
94
3 Corssen. Kiitische Beitriige. 3 Friedrich. Realien bei Honier.
3 Gerviniis. Deutsche Dichtung.
Bd
1.
3 Hollze. Syntaxis. 3
Krebs. Aiitibarbarus.
3 Nitzsch. Epische Poésie. 3 Reisig. Vorlesungen
iiber lat.
Sprachwissen-
schaft.
3 Steinthal.
Sprachwissenschaft
bei
Griechen
und Rômern. 3 Schleicher Vgl. Grarainatik.
6 Rœlh. Griech. Philosopliie.
Bunsen. /Egypten. Braun Sludien und Skizzen. 7 Gerland. Griechische Mythologie. 7 Lobeck. Aghiophamus. 7 Preller. Griechische Mythologie 7
7
7
Roscher. Glio
10 Bûcheler.
1.
Grundzi'ige
der
lat.
Deklination.
Brambach Neugestaltung der Orthographie, 10 Muséum. Rhein. Bd 2. 10 Muséum. Rhein. f. Phil. Bd 14. 10
10 Neue Formenlehre. 10 Welcker.
Bd
1.
Hesiodische Théogonie.
10 Welcker. Kl. Schriften
2.
11 Curtius. Griech. Geschichte
14 Philologus.
Bd
17 Gerhard. Gesammelte 17 Kuhn. Ztschr.
1.
24.
f.
vgl.
Abhandlungen Bd Sprachen Bd 1.
2.
17 Kuhn. Herabkunft. 17 Mauser. Isliindische Volkssagen. 17 Millier
M. Wissenschaft der Sprache
17 Mannhardt. Gerraan. Mythen.
19 Hoffmann. Homerus.
1. 2.
— MovcMuhrc 20
Ciii-tius.
_
95
Andciitiiii-eii
.i|ji>r
li.Mn.iisrl,,-
(li,>
l"'r;ige.
20 Bergk. AIk rilimnswisscnschaH .ll.r- |. 20 Lauer. GescliiditL' d. Iiotnei-. Poésie. 20 iNitzsch. Sageiipoesieder (Irieclu'ii l'.d :;. 20 Rauke. De
K-xiri Ilcsycliiani
vera origin.'.
24 Disserlationcn. 1) iiber Griccli. IMiilosopliio 24 Democritiis Fragmenta éd. Mnllacli. 27 Feuerbach. Der valic. Apollo. 27 Millier. Théorie der Kunst.
Décembre
1
Benndorl.
J^e anlholos:. jïréec. enio-r
7 DisscrtaliouL-n. 3 llomerischhcsiodische. 7
Ilesiod. Fragni. éd. Mai-ksolieflel.
7
Lelirs. Oiucslioncs epicie
7 Pliilologu.s.
Dd4,7.
7
Fliilologus. P>d 4,
7
Schœmann. De
li),
Tiieog. poésie.
14 Bernhardy. Griech. Lilteratur
1.
14 Ileimsœth. Wiederherslellungder
Dramon des
yEschylus.
Janvier
18
Heiiii'sa'th.
Krit. Studien.
5
Daidmann.
llist.
Forschungen
lîd 2.
5 Loreuz. Epicliarmus. 5 Sopliokles ed Erturdt 4, 5. 5 Volkmaiin. Flutarcli. <S
Millier
Gcscli. d. griecli. Litteraliir.
8 Ticknor. Gescli d. Filleralnr in Spanien
8 Voigt. \\'iederbelel)ung
d.
klassisclien
tums. 15 Nissen.
Tcmplum.
23 PoeUe. Scenici Grœci ed Dindorf. 2'i
Ramshorn. Lateinische Grammatik
Hd
1.
.\llri--
Février
—
96
2 Curtius. Griecli. Etymologie 24.
10 Corpus. Inscript, latin
1, 2.
Bergk Beitrtege 1. Heft. 15 Beumiein. Untersuchungen 11
iiber Griech.
Par-
*
likeln.
15 Burckhardt. Gonstantins Zeitalter. 15 Corssen. Aussprache. Vocalismus, etc., 2 vol.
De grxcsi
17 Ahrens.
lingua* dialectis.
17 Ritschl. Monura. priscae
lat.
epigr.
17 Schleicher. Indogerni. Chrestoniathie.
19 Grasberger. Erziehung
1, 2.
19 Momrasen. Rœra. Forsclmngeii. 19 Windisch. Relativprononien. 28 Anecdota grœca. Ed. Villoison.
28 Verhandl.
Wùrzburgcr
d.
Pliilologenver-
samml. 18G8.
Sommerseinester 1870
Avril
2
Benndorf de
Antliol. GrcTc. epigr.
2 Deraocritus fragm. ed Mullach.
Fragmenta
2 Hesiod.
ed. Markscheffel.
2 Oncken. Die Staatslehre des Aristoteles. 2 Rose.
Anecdota grseca
13 Plato 3 vol
26
Millier.
B
c
Gesch.
V
195
et graîcolatina.
B
c
V
175
B
c 7 150.
d. griech. Litteratur 2 Vol.
2G Ranke de Lexici
llesychiani
vera
origine.
Ritschl. Coroll. Disput. de Alex, bibliolh.
26 Schœfer.
Mai
De
ephoris Lacedaemonic.
4 Blass. Die attische Beredsamkeit.
4 Gicero ed Orelli
Bd
4.
4 Curtius. Griech. Etynnologie.
4 Hermès.
Bd
3.
Mai
/j
Ileiinsd-ili.
97
-
Kritisclir Slinlicti
/ii
.Im
rr|'i,.,-|i
Tragikern. 4
Madwig. Opusc.
ac;i
4 Pliilologus. Bil
4, 17.
Bd
4, 17.
4 Philologus. 4 Sopliokles.
Rex
(]{di|)iis
et
Ajas 2,
3.
4 Sopliocles. Ed. Scliiicidcwin, Ajas,
Pliil.
Rex, 2 vol. 4 Sophokles. CEdipus rex cd llerwordeti.
4 Sopliokles. Ajas od. Seyfferl. 4 Sophokles.
4 Studieii.
B
c
8 197
(4).
Ivieler Pliilol.
4 Sludien. Gotlinger. 4 WoIfT. Sophoclis Scliol. Laurent.
4 Wartenburg (V.) die Katharsis. G
Muséum
rlieinisclies
7 Livius ed
Bd
Weissenl)orn
2, 15, 10. |t.
2).
7 Quinctiliun. Instr. 1.
7 Vischer. ^Esthetik
Bd
4.
12 Teichrni'iller. Aristot. Forschungen
12
Muséum
rhein.
f.
Philol.
24 Herraann G. Opuscula 24 Oratores
Bd
G.
altici ed. Bailei- ei
Juin
27 Oiitken. Alhen
Juillet
11
Hermès. Bd
Sauppe.
et Ilellas.
1.
Winterscmester 1810-187 L
Octobre
25 Ambros. Gescli. d. Musik
25 Apel. Mcirik 2 v. 25 ^schylus ed Weil
1.
Bd
2, 12.
2, 3.
1.
(Ed.
— Octobre
98
-
Agamemnon
25 ^^schylus.
ed Keck.
25 Brambach. Metrische Studien. 25 Gaesar. Grundziige der Rhythmik.
25 Freese. Griech-rremis, Metrik. 25 Geppert. Ueber die Metrik Hennanns.
25 Graramatici. Latin, ed. Keil
1.
25 Hermann. Elementa doctrinae metricae.
25 Kôppen die Religion des Buddha 2 vol. 25 Leutsch. Griech. Metrik. 25 Preller. Griech. Mythologie, 25 Rossbach und Westphal. Metrik.
Kunstformen
25 Schraidt.
Bd
der
1.
griech.
Poésie
1.
25 Westphal. Fragmente der Rhythmiker.
28 Corssen, Vocalisrnus Bd 28 Schmeller
lat.
2.
Gedichte des X. und XI. Jahrh.
28 Wackernagel. Das deutsche Kirchenlied,
28 Wackernagel Altfranzosische Lieder. 31 Wolf. Uber die Lais. 31 Dionys graeci
Novembre
Halicarnass.
v.
Tom. V.
Rhetores
3-6.
9 Funke. Lehrbuch
der
Physiologie
BD.
1.
2.
9 Helmholtz. Tonempfindungen. 9 Spengel. Sunagoge Technon. 14 Corssen. Aussprache etc.
Bdl.
14 Preller. Rœmische Mythologie. latini rei metricae ed.
14 Scriptores
Gaisford.
14 Scherer.Zur Geschichte der deutschen Sprache. 19 Aufrecht. Umbrische Sprachdenkmiiler. 19 Ausonius
0pp.
19 Corssen. Origines poesis 19
Programm
Rom,
de versu Saturnio,
— Noveml)r('
I!)
*
Programm
'.»'.»
—
Cirs.uis
de
Noi
vocal).
19 Terenliiis Maunis cd Santen 19 Iloraz rec. Peerlkamp,
Grundziige der Ilarmonik des Alterlhuais.
19 Ilasenclever.
29 Philologus.
Décembre 19 Lu( rez ed 19 Bergmann Février
Bd
esoterisclien
9.
Lacliraanii
1
2.
Philos. Monatshefte
Bd
2.
11 Gurtius griech. Ktymologie.
11 Cicero opp. ed. Orelli 4. 11 Quiiiclilian.
Iiist.
rec. Haïra.
11 Ritschl. Dispul. de Alex. 11
Ranke de
biI)liotl».
lexici Ilesychiani vei'a origine.
11 Sopliokles Ajax ed Lobeck. 11 Sclia-fer de eplioris Lacedœmonîs. 11 V. W'arlenberg die Katharsis.
11 Welcker. llesiod. ïiieogonie.
Sommer 1871 Avril
12 Bernhardy. Encyclopaedie der Pliilologie.
12 Encyclopaîdie der ^^'issenschaftcn. 12 Erscli und Grubcr. Encyclopaedie, 3 vol. 12 Lasaulx. Studieii des class. Allertliuras.
12 Welcker griech. Gotterlehre
1, 2.
12 Klein. Geschichte des Drainas 12 Rossbach und
Mai
^^'estphal.
4,
MeUik
5,
(i.
1.
9 Arnold. Fr. Aug. Wolf. 9 Bernays. Scaliger.
9 Bernays. Aristotcles ùber \\'irkung der Tra-
gœdie.
—
100
—
Mœhly. Angélus Politianus.
Mai
9 Porphyr de philos, ex orac haur. éd. Wolff. 9 Reinkens. Aristoteles iiber Kunst.
9 Susernihl. Entw. d. Platon. Philos. 2 vol. 10 Winlerfeld, Einfluss des Alterthums.
Juin
12 Helbig.
Wandgemalde.
12 Seneca rhetor. Ed. Bipont.
12 Wattenbach. Lat. Pakeographie. 12 ^Yattenbach. Griech. Paléographie.
18 Bachofen. Grabessyrabolik. 18 Creuzer. Symbolik
Bd
3.
19 Brentano. Untersuchungen iiber das griech.
Drama
Thl.
i.
19 Madvig. Adversaria crltica ad scripiores graecos.
19 Mùller. Archaeolog. der Kunst.
19 Verhandlg. der Philologenversammlung 1860-
1863 Juillet
1
et
1864-1867.
Burckhardt. Gonstantins Zeitalter.
Bd
1
Léo. Univer.salgeschichte
1
jNIommsen. Roem. Geschichte
1
AMese ùber das hôhere Schulwesen Bd 1,2.
1.
Bd
2, 3.
26 Auctor de origine Rona. éd. Schrœter. 26 Diintzer. die rœm. Satiriker. 26 Scriptores
hist.
Rora. Roth. 52, 53.
26 Victor Aurelius. Hist.
rer. Rora.
c.
rec.
Gru-
neri Roth. 49.
26 Victor Aurelius. Hist. Roman, brev. Roth 50.
Août
6 Herraann. Culturgeschichte der Griechen und
Rômer. 7 Schaarschiiiidt. Platon, Schriften
8 Lnrenz. Epitharraus.
Bd
3.
Août
101
—
17 Arioiiiidoi us cd. H( relier.
17 Ilock. Trerbert od. Papst Sylvester.
25 Cantor. Matliomat. Jîeitrage.
30 Lewes. Philosophie Bd
Septembre
Properz hgg. 11
Laiigo.
1.
Vuinod.
v.
Rœrn. Allerthiimer
il Momiiiscn.
Rœm.
1,
2
Chronologie.
12 Philologivs 1870.
12 Philologus
Bd XXX.
Ilcft. 1.
Winter 1871-1872
Septembre 20 Kriegk. Deutsches Biirgertum. 29 Auctor de origin. Hora. éd. Schroeter. 29 Bernliardy. Encyclopa;die der Piiilologie.
29 Ersch und Gruber. Kncyclopa:-die. 29 Hermann. Culturgoschichte dcr Grierhcn und R()raer.
29 Lange. Romischo Allerthiimer Bd. 1,2.
29 Schaarschraidt. Plato. 29 Scriptores
hist.
Scliritten.
Rom. Roth
29 Susemihl. Entwick.
li.
52, 53.
platon. Philos. 2 vol.
29 Victor Aurelius. Hist. roin. brev.Roth54, 4-50. 29 Victor Aurelius. liist. rom. c. rec. Gruneri
Roth Octobre
9 F'ranzius. Elément. ef)igr. Grœca.
26
Novembre
49.
Zell. Inscrip.
rom.
9 Corpus inscrip.
vol. 1, 2.
latin.
Bd.
9 Corssen. Ausspi-ache, etc.
9 Pauly. Realeiicyclopa-die
1, 2, 4.
Bd
l.
4.
9 Ritschl. 12 Dissertât, ùber
lat.
Epigr.
— Novembre
16 Karsten.
102
—
Comment.
Crit. de Platonis epistulis.
16 Zeitschrift fur Philosophie Heft
22 Plato
Décembre
Janvier
V.
Millier
1, 2.
und Steinhart, 8
vol.
5 Bahnsen. Zur Philosophie der Geschichte.
14
Oncken
2.3
Arnold. Platons Werke, 2 vol.
die Staatslehre des Aristoteles
1.
23 Beyer, die Idée des Realgymnasiuras. 23 Roth. Gymnasialpaedagogik.
23 Schmid. Paed. Encyclopsedie Bd 6. 24 Demosthenis Gonciones recensuit Vœmelius. Février
Mars
14 Volkmann. Ilerraagoras.
4 /Eschylus.
Agamemnon
ed Keck.
Sommer 1812 Mars
15 v. Mohl. Staatsrecht Volkerrecht und Politik
Avril
26 eschylus.
Agamemnon
3.
ed Keck.
26 Arnold. Platons Werke, 2
vol.
26 Auctor. de orig. Rom.
Schrœter.
ed.
26 Bahnsen. Zur Philosophie der Geschichte. 26 Beyer. die Idée des Realgyranasiums. 26 Bernhardy. Encycl. und Methodol.
26 Corpus inscrip. lalinarum Bd 1, 2, 4. 26 Corssen. Aussprache etc. Bd 1. 26 Demosthenis conciones recensuit Vœmelius. 26 Ersch und Gruber. Encyclopaedie. 26 Franzius. Elementa epigraph. 26 Hermann. Culturgeschichte
graecae,
d.
Griechen und
Rômer. 26 Karsten. Comm. crit. de Platonis epistulis. 26 Kriegk. Deutsches Bûrgertum.
— Avril
2(i
103
—
l^ange. Uiuii. Alti rilnimcr
1, 2.
26 Onckcn die Staatslelire dos Aristotelcs
1.
26 Pauly. Realencyclopanlie des Altertliums 2(i
und
Plato. ^^\•l•kc V. Miïllfi' selzt,
8
Sloinii.irl
4.
ul)er-
V.
26 Proporz cd. \'uinod.
26 Ritschl. 12 Dissert, zur
lai.
Kpigrapli.
26 Roth. Gyiiinasial l'a?dagogik.
26 Schaarscliinidt. Platon. Schrilten. 26 Schraid. Pa'dag. Kncyclop. 6.
26 Scriptorcs historiœ Romanae Roth 52-53. 26 Stein. Geschiclite des Platonismus. 26 Susemild. EntNvurf dcr platon. Philos. 2 vol. 26 Vict. Aurelius. Illst. rom. brev. Roth 54, 50.
26 Vict. Ânrolius. Ilist. rom. 26 Volkraann. Ilerraagoras. 26 Zeitschrift
fiir
2() Zcll. Iiiscrip.
c. r.
Grun. Roth
4tJ.
phil. l, 2.
Rom.
30 .Eschylus éd. Weil,
1,
2.
Bd
1.
30 Antoninus. 30 Karsten. Rmpedokles. 30 Karsten. Parraenides. 30 Mullach. iM-agm. philos,
Mai
gran-.
Bd
1, 2.
2 Curtius. Griech. Ktyraologie. 2 Graniraatische Studien
Bd
4.
6 .Escliyliis. l'iumeniden cd. Miiller. 6 ^Kschylus éd. G. Hernnann, Bd 6 Pœta" scenici grœci ed Dindorf.
1.
6 Scholien zu /Eschylos ed Dindorf. .Tiiin
10 Fuchs. Prœlirainarien zu einer Kritik der Tonknnst.
Août
8 Bursian. Géographie Gricchenlands,
Bd
1.
Août
—
104
8 Delbriick und Windisch. Forschungen
Bd
8 Welcker. Kleine Schriften
9 Creuzor. Symbolik
1.
1.
3.
20 Berichte. Sachsische 1865-1867. 22 Holin. Geschichte Siciliens.
Wintersemester 1872-1873
Septembre 28 iTîschyhis. Agamemnon 28 Fuchs.
éd. Keck.
einer
zu
Prœlirainarien
Kritik der
Tonkunst. 28 Gerber. Sprache
als
Kunst Bd
1.
28 Pœtae sceni. graeci éd. Dindorf.
28 Scholien zu yEschylus éd. Dindorf. 28 Volkmann. Rbetorik. 28 Volkmann. Ilermagoras.
Novembre
5 Keil. Inscrip. B«ot.
6 Zôllner. Natur der Kometen.
16 Blass. Attische Beredsarakeit.
Janvier
13 Sophokles ûber, v. Solger
27 Bonitz. Ursprung der
Ilamanns
29 31 Dissertationen 11 Pétri.
31
Programme
Février
8 Fragmenta
Scliriflen
liistor.
8 Philologus, 2 vol.
Mars
1
iiber griech. Philos.
et
29.
gra;cor. ed Millier, 4 vol.
Bd
Plato ed Stallbaum
13 Spir.
Gedichte.
und Briefe.
4 iiber griech. Philos.
Bd 24
31 Philologus.
1.
hoiiier.
4,
Bd
6,
7,
2.
Denken und Wirklichkeit (Einsichts-
exemplar)
.
14 Alberti. Socrates.
— Mars
—
105
14 Monse. Sentent, doctr. Dissei-t. l'i
Oniken. Isokrates von Athen Dissert.
15
rouillel. Physik, 2 vol.
Sommer 1873 Mars
28 Boscovicli. Philosophi.i naturalis, 2
28 Bonitz
liber
vol.
den Ursprung der liomer,
(led.
28 Dissertationen 11 iiber griech. Phil.
28 Fuchs. Prœliminarien zu einer Kritik der Tonkunst.
Bd
28 Kopp. Geschichte der Chemie
2.
28 Ladenburg. Entwickluiig der Chemie. 28 Molir. Bewegung der Kraft. 28 Mœdler das \\'underbare des Weltalls.
28 Programme 4 ûber
griecli.
Philosophie.
28 Pouillet. Physik. 28 Spir. Denken
niui \\'ii'klichkeit.
28 Zollner. Natur der Kometen. 29 Pétri. Hamanns Schriften und Briefe. 31 .lEschylus. Avril
Agamemnon
ed Keck.
5 Bergk. Griechische Liiteraturgeschichte 5 Encyclopœdie der Physik
Bd
5 Fragmenta histor. grtecor. Toiii. -5
Monse. Sentent, doctr. Diss.
5 Philologus. 5 Piiilologus.
Bd 24 Bd 4,
5 Plalo ed St;dlbaura
et 29.
6 et
7.
Bd
2.
5 PœtiB scenici grieci ed Dindorf
5 Prellcr. Griech Mythol.
1,
Mai
18
Septembre
13 -Acta soc. Philol. ed Bitschl
C^iirlius.
1.
9.
Etymologie.
Bd
3
1,
2, 3,
4.
— Wùifej'
Octobre
106
—
lS73-iS74
2 Acta soc. Philolog ed, Ritsclil Bel 3.
2 Bonitz ûber den 2
Bergk
Ursprung der homei\ Ged.
griech. Litteralurg.
Bd.
1.
2 Curtius. Etymologie.
2 Dissertationen 11 ûber griech. Phil. 2 Oncken. Isokrates von Alhen (Dissert.) 2 Platonis opéra ed. Stallbaum vol 2. 2 Zôllner. Nalur der Komelen.
Novembre
4
Plato v. Millier und Steinhart
Bd
1, 3, 6, 7.
5 Steinhart. Platons Leben.
22 Aristotelis. Politik ûbers. 22 Sophokles.
Œdipus
i*ex
v.
ed.
Bernays.
Herwerden.
25 iEschylus. Agaraemnon ed Keck. Janvier
9 Aristoteles. Rhetorica ed Spcngel. 9 Aristoteles. Politik ed Susemihl.
12 Roscher. Leben des ïhucydides.
Février
28 Spir. Denken und Wii'klichkeit, 2
vol.
Sommer I81k Mars
26 Aristotelis. Rhetorica ed. Spengel, 2 26 Spir. Denken und
Avril
vol.
^^'irklichkeit, 2 vol.
13 Acta soc. phil. ed Ritschl
Bd
3.
13 Aristotelis. Politik ed Susemihl. 13 Aristotelis, Politik v. Bernays. 13 /Eschylos. Agameinnon ed Keck. 13 Boscovich. Philosophia naturalis (nebst An-
merkungen). 13 Bergk. Griech. Litteraturgesch.
— Avril
—
107
13 Curtius. Elyiiiologie. l'A
Dissertationen ûber gr.
Pliil.
lo Oncken. Isokrates von Allien. Dissert. 13 Plalo. W'erke iibcrs. v. Miiller et Steinhart
(Bd
1, 2,
;^, (),
7).
13 Roscher. Leben des Tliukydides.
13 Steinhart. Plalons Leben. 13 Sopliokles.
Œdipus Rex ed
Ilei'wei'den.
13 Zollner. Xatur dcr Konieten.
Mai
30 ^-Esohylus cod. Laurent ed MerkeL
Béer
Septembre
et
Hochegger. Unterrichlswesen
1, 2.
i)
^ erein sclnveizeriscber Gyninasiallehrer.
{)
Wiese. Verordnungen und Gesetze
1, 2.
Winter 187'i-~5 i) Béer und Hochegger. Unlerrichtswesen 9 Dûntzer. Homer.
1, 2.
9 Dûntzer. Homer. AbhindL 9
Muséum
rheinisches 1835.
9 Verein schweizer. (îymnasiallehrer. 9 Wiese. Verordnungen und (îesetze 28 Blass. Atlisihe Beredsamkeit.
1, 2.
28 Bernhardy. Griech. Litteraturgeschiclile 1-2. 28 :Muller 0. Griech.
Novembre 14 yEschylus
Lilt. 2 vol.
coiL Laur. ed. Meikel.
14 Boscovicli. Philosophia naluralis. 14 Spir. Denken und
18 Berichle
W
irklichkeit 2
siichsisciie phii.
Ammerk. voL
histor. Classe 1805»
1867.
18 AVelcker. Kleine Schriften,
Décembre
1
1
1,
2.
Dûntzer. Fragni. der epischen Poésie. rheinisches Suppl. 1, 2 (1840).
Muséum
— Décembre
1
108
Ulrici. Hellen,
Fritzschius.
De
—
Dithtg
1.
script, satiricis (Prog).
9 Koechly. Paraphrasis evangel. Joh. 9 Philologus 15 (1860). 9 Programm. (Tryphiodor). 9
Programm. (Nonnus).
17 Nonnos, Dionysiaka éd. Koehier.
Février
4
Lewes. Geschichte der Philosophie,
Muséum
1.
rheinisches fur Philologie, 3 vol.
4 18 Welker. Kleine Schriften, Thl. 4.
19 Wolf. Kleine Schriften 2.
Mars
7
Ersch und Gruber. Encyclop. Thl. 39.
Sommer 1875 3 Dûntzer
Avril
Fragm. der epischen Poésie.
3 Fritzschius.
De
script, satiricis. (Progr).
3 .Muséum rheinisches. 3 Kikhly G.
Hermann.
3 Kochly. Paraphrasis evang. Joh. (Progr). 3 Millier (0) Griech. Litt. 2 vol. 3 3
Programm (Nonnus). Programm (Tryphiodor).
8 MùUer-Strubing. Aristophanes.
Mai
8 Teuffel. Studien. 9 Bernhardy. Griech. Litteraturgesch. 22, 3. 10
Muséum
rheinisches
Bd
29.
11 Agtlie die Parabase.
13 Aristotelis. Rhetorik hgg,
v.
Spengel. 2 vol.
13 Bernays die Dialoge des Aristoles.
31 Acta societat. philol. Juin
-
3.
14 Lehrs de Aristarchi studiis Homericis.
Juin
109
-
15 Didyiiiiis cd. M. Sclnuidl.
29 Dahlinann. Forsrhungen 29 Ilerraes.
Bd
1, 2.
6.
29 Kriiger. Lel)en des Thukydidcs. 29 Tylor. Anfiinge dcr Kullur. Juillet
2 Pliilologus 30. 2 Zeitschrift
fiir
Aliertiium 4 (18:}9).
9 Bottiger. Baumkultus. 9
Mommsen.
Ileortologic.
9 Pi-cller. Griecli. Mylliol.
Août
16 Schœfcr. Deraostlienes und seine Zeit (3 vol.). 17
Ersrli und (iruber. l'^ncycl. 2 vol. 81, 83.
21 Bergk. Griech. Lilleralur
1.
Wintcr 1875-70
Septembre
21
Acta sorict.
pliilol.
Ritschelii 3.
21 B('ttligcr Baurnkullus. 21 Bernliardy. Griccli. Lilt.
21 Bergk. Griech.
21 Ers(di und GruixM21
l'.ncyc.
Aa
1-81.
Moruinson. Henrlologie.
21 Preller. Griech. Mythol.
24
1.
Litt. 1.
Muséum
rhein.
f.
Ph.
3.
2.
24 Simonidcs fragm. Ed. Schneidewin. 25 \\'el(ker. Xaclilrag /ur Trilogie.
25 llartung. Ueligion der Griechen.
Octobre
19 Panofka. Bilder antiken Lebens.
20 Bùttchcr. Zophoros. 20 Iloltzinann. Mytliolog. 20 Forster. Persephone. 20 Mannliart. Bauinkult
-
-
110
20 Nissen. Templuni.
20 Winckler. \\'ohnhaus der Hellenen. 20 Wuttke. Volksaberglaube. 24 Hermès
7.
24 Mullenhoff. Deutsche Alteithumskunde
26 Philologus 17, 26 Philologus
1.
19.
3, 8, 9.
26 Wachsmulh. Athen. 27 Demosthenes éd. Miillach. 27 Grasberger. Erziehung im Alterthum
Bd
2.
27 Mùller. Religionswissenschatt.
Novembre
1
Zeitschrifl
fiir
Alterthinnswisscnschaft 1851-
1852. 6 Stephanus Byzant. éd. Meineke. 6
Symbola
philol.
Bonnens. 2
v.
9 Hermès 1,2. 9 Roscher Studien zur Mythol. Heft. 11 Ilippocrates ed
Kuhn
1.
4.
11 Movers. Die Phœnizier
1, 2, 2, 8.
15 Millier, Mytho. der Griechen 1-2.
Décembre
7
Philologus
6, 18.
13 Braun, Geschichte der Kunst
2.
13 Mùller. Archaeologie. 13
Janvier
Semper der
Stil.
4 Abhandl. der Berliner Akaderaie fur 1834. 4 Madvig. Kl. philol. Schriften. 4 Xaegelsbach .Nachhomerische Théologie.
14 Millier. Théorie der Kunst.
22 Pinder. Funfkarapf. 22 Ranke. Engl. Geschichte Février
11
Lelyveld de infamia Schnell).
1, 2, 3.
(Geschenk
des
Herrn
— 11 Philippi,
ail.
-
111
liiirgerrecht.
Sommer 1876 Avril
1
Acta soc. philol.
1
Bergk. Griech.
1
Bernhardy. Gr. Litteraturgesch.
3.
Lilt. 1. 4.
1
Democrit ed Miillach.
1
Ilippocrales ed Kiilm
1
Midler. Théorie dcr Kunst.
1
Nœgelsbach. Xachhoraer. Theolog. Symbola philol. Bonnens. 2 v.
1
A.
22 Hesiod. ed Flach. 22 Ilcsiod. Théogonie ed Flaoh. 22 Krohn der platonisrhe Staal. 22 Slcinharl. Platons Lehen. 26 Krohn. Socrates und Xenoplion.
27 Hesiod ed. Schœmann. 27 Hesiod ed. Ivijchiy und Kinlvel. 27 Hesiod ed. Goltling.
28 Jahrbiicher
Mai
fiir
class. Phil.
Supp. S Heft
1.
16 Xenophon. Meraorabilien ed. Borneniann.
Winter 1816-11
et
Sommer 1811
Bien.
Winter 1811-18 Bien.
Sommer 1818 Mai
15 Lagarde, Gesili Jht.
d.
deul.
Dicht. im 11 el
12,
—
112
—
15 Scherer. Gesammelte Abhandlungen.
27 ^schylus ed Dindorf 3 (Scholia). 27 Hermès 11. Juin Juillet
24 Spiegel. Eran, Alterthumskunde 9 Lehrs. Aufsatze aus 9 Haug.
Brahma und
3.
dem Alterthum. die
Brahmanen.
Winler 1878-79
Août
26 iEschylus
rec.
Dindorf3 (Schol
26 Blass. Altische Beredsamkeil
)
3.
26 Hermès 12.
26 Haug. Brahma und die Brahmanen. 26 Lehrs. Aufsatze aus dem Alterthum. 26 Lagarde. Gesammelte Abhandlungen. 26 Spiegel. Eranische Alterthumskunde 3. 26 Scherer. Geschichte der deut. Dicht. 11 und Jht.
Octobre
21 Bursian. Jahresbericht 1874-1875. 21
Novembre
Muséum
rhein. 21.
4 Thucydides ed. Boppo.
Décembre 10
2, 1
und 3
Steinhart. Platos Leben.
Muséum
Janvier
20
Février
18 Bursian. Géographie von Griechenland.
rhein. 33 Ileft 4.
Sommer 1879 Avi'il
11
Blass
Attische Beredsamkeil 3.
11 Bursian. Jahresbericht 1874-1874.
12.
— Avril
11
l'.wicii.
11
-Muséum
n:;
—
llfil(nioIlori
Vu le
par
le
li
\v ^
l(i.
ilifinisolies 31.
:
20 février 1904,
Doyen
A.
CUOISET.
Vu
et
permis d'imprimer
Le Vice-Recteur de l'Académie de Paris.
L.
LIAllD.
TAItLE
MATIÈKKS
l)i:S
Pages
Introduction
'
Chapitre 1". Nietzsche
—
II.
connu Stirnor?
a-t-il
Comparaison entre et les
les idées
de Stirner
idées de Nietzsche dans sa pre-
mière période
20
L Unique
2U
a)
25
b) L' Education c)
La
Philosophie
—
111.
39
L'État
Comparaison entre et
35
de la Civilisation
d) Histoire e)
33
et l'Art
les
idées
de
les idées
de Stirner
Nietzsche
dans
sa
deuxième période a)
L'I'gotsme
44
b)
La
53
c)
L'Immoralisme
oo
d)
Le Droit L'Anarchisme
05
e)
—
lY.
4'i
Tradition et la Liberté
Comparaison entre et les idées
les idées
'1
de Stirner
de Nietzsche dans sa troi-
sième période
i
'
-
—
116
Pages a)
L'Individu
b)
L'Anarchie
et l'Aristocratie et la
c)
La
d)
Le Moi
e)
Le Christianisme
Jouissance et la
78
80 82
Discipline
et le
But
Volonté de puissance.
85
Conclusion
Appendice.
84
87 Liste
des
inédite
Nietzsche
à
la
livres
empruntés
Bibliothèque
—
par Bâle
93
(1869-1879)
Pithiviers.
de
Imprimerie
L.
Gauthier.
SOCIÉTÉ NOUVELLE DE LIBRAIRIE & D'ÉDITION
Charles
ANDLER.
de x-402 pages
— Le Prince de Bismarck.
Un
vol. in-18
3
(2« édition)
—
Kingsletj et Thomas Cooper. Louis CAZAMIAN. une source d'ALTOx Locke. Un vol. in-8 de 68 p.
Louis
50
fr.
l'étude
sur
3
»»
fr.
— Le roman social en Angleterre (1830— Dickens. — Disraeli. — Mrs. Gaskell, Kinosley.
CAZAMIAN.
i850).
Un volume // reste
in-iS de 576 pages, 2« crfmo«.
.
.
.
quelques exemplaires de la i" édition in-8.
Pierre GONARD. — La peur en Dauphiné
3
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50
7
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(Juillet- Août 1789).
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vol. in-8 de
—
Histoire de l'Inquisition au MoyenAge. Traduit sur l'exemplaire revu et corrigé de l'auteur par Salomon Reixach, membre de l'Institut, avec une préface de Paul Fredericq, professeur à l'Université de Gand.
Henri-Charles LEA.
I.
II.
procédure de l'Inquisition. de XL-631 pages, 3« mille
Origines
et
L'Inquisition
dans
les divers
portrait de l'auteur. III.
Un vol.
Domaines particuliers de in-18 de vi-900 pages
Paul
pays de
Un volume
50
la Chrétienté, avec
un 50
in-18 de xix-682 p.
l'activité inquisitoriale.Vn
RODRIGUES.
—
Un volume
fr.
volume fr. 50
Conventionnel Philippeaux.
volume in-8 de XLii-408 pages tique positive.
3 3
MAUTOUCHET. —Le
Gustave
in-18 fr.
3
7
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L'Idée de relation. Essai de cri352 pages. . 6 fr. »»
in-8 de
.
Nahu.m SLOUSCHZ (Ben- David), docteur de l'Université de La renaissance de la littérature hébraïque (llkSParis. Essai d'histoire littéraire. Un volume in-18 de 188.')).
—
3
234 pages T.
STICKNEY,
docteur ès-lcltres.
—
poésie grecque d'Homère à Euripide.
260 pages
fr.
50
Les sentences dans la Un volume in-8 de 5
fi^
»»
b
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