Lyon Birmingham

  • November 2019
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  • Words: 9,140
  • Pages: 24
Mémoires

Les échos du monde

Connecting Histories La Bibliothèque Centrale abrite de singuliers agitateurs d’idées

Avril 2008

p. 3

Medias

BBC WM

Birmingham

Plus de deux millions d’auditeurs chaque jour, ce qui représente une bonne part de l'audience nationale, et un public très diversifié.(…) p. 9

Culture

The Drum

« Jumelles et pourtant si différentes » (…)

Notre but est l'excellence et nous racontons une autre histoire de la Grande Bretagne(…) p. 11

Radio XL

Trevor Philips 40 ans de polémique Le Président de la Commission pour l’Égalité revient, sur les lieux du discours sur l’immigration qui enflamma le pays p. 22

Tous les consultants que l'on a interrogés nous ont dit de laisser tomber (…) .. p. 15

ACMC Société

Politique

« Dans 5 ans, Birmingham sera, peut être, la première ville Noire du pays » (…)

Business

Lyon

En tant que Centre AfroCaribéen du Millénaire, nous sommes au service de notre communauté (…) .. p. 19

LYON - BIRMINGHAM Jumelées depuis plus d’un demi-siècle, Lyon et Birmingham ont de nombreux traits en commun. La création d’une liaison aérienne régulière entre ces deux cités resserre les liens les unissant. La capitale des West Midlands se distingue toutefois par le fait qu'elle abrite les principaux "ethnic medias" (médias communautaires) du Royaume-Uni. De nombreux journaux, sites web, chaînes de télévision, radios... sont en effet dédiés aux multiples communautés composant sa population. L'expansion des NTIC ayant, de plus, entraîné un abaissement significatif du coût de production et de diffusion, ceci renforce l'affranchissement vis à vis de la capitale administrative du pays. La ville de Lyon, fortement inscrite dans le secteur du numérique, pourrait légitimement s'en inspirer. Le projet porté par l'association EchoMundi vise à la création d'une plateforme numérique d’échanges d'informations entre tous les acteurs (institutionnels et associatifs) travaillant sur les relations internationales. La première phase a consisté à mener une série d’entretiens avec des personnalités significatives dans ce domaine à Birmingham. Cette mission, rendue possible par le soutien de la Direction des Relations Internationales de la Ville de Lyon, nous amène à envisager un certain nombre de développements tels que : - favoriser l'émergence de nouveaux opérateurs en métropole lyonnaise - promouvoir les opportunités créées par un dialogue soutenu avec l'Outre-Manche - prévenir les multiples attentes des futurs lyonnais d'adoption - et encore bien d’autres à imaginer

La mission à Birmingham a été effectuée du 17 au 20 avril 2008 par Christophe Amany et François Caruso pour l’association EchoMundi [email protected]. +33 6 83 49 80 12 Remerciements à la Ville de Lyon et tout particulièrement à Juliette Cantau.

Tous les contenus, images et textes présentés dans ce fascicule sont sujets à copyright. Nous contacter

Connecting Histories

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« Connecter les mémoires pour mieux vivre ensemble » La Bibliothèque Centrale de Birmingham a initié un projet intitulé « Connecting Histories » visant, à recueillir la mémoire de ses habitants de toutes origines. Entretien avec les deux responsables du programme : Andy Green et Izzy Mohammed

« Quand le projet "Connecting Histories" a débuté, il n'y avait pas encore de réflexion à l'échelle municipale sur ces sujets. Les responsables municipaux n'étaient pas convaincus car pas très à l'aise avec ce secteur de l'industrie qui est le nôtre et que nous désignons comme "Héritage et Conscience". Il nous a fallu aller à contrecourant, et nous emparer de la situation plutôt que d'attendre que les conditions soient réunies pour démarrer.

Dr Andy Green et Izzy Mohammed

C'est l'aspect social qui nous a motivé dés le départ, la possibilité de créer de la participation. Et c'est bien un secteur économique de l'industrie culturelle, car il y a une activité intense, et de l'argent qui circule... Le fait que ceci se passe à Birmingham n'est bien sur pas le fruit du hasard, puisque cette ville est devenue, ces 20 dernières années, l'une des grandes capitales multiculturelles du monde avec Toronto au Canada.

« Cette ville est devenue ces 20 dernières années l'une des grandes capitales multiculturelles du monde avec Toronto ». Il y a la communauté Asiatique, la communauté Caribéenne, les nombreuses communautés Africaines... On ne peut pas réellement le quantifier, car il y a une multi-

Connecting Histories

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presque tous des emplois normaux et leur militantisme progressiste ne leur prend que 4 ou 5 heures par semaine ! J'ai décidé pour ma part d'y consacrer tout mon temps. Dés le XVIIIe siècle des mouvements de pensée se sont développés ici, qui étaient très influencés par la Révolution Française, et ceci fut détermi-

tude d'approches possibles, on de nulle part pour nous envahir pourrait par exemple dire que dans les années 50 et 60... Birmingham est "la ville aux Nous sommes donc très intéressés par la perspective anti« Nous travaillons raciste dans notre travail, car dans ce secteur de la on pourrait bien sûr se contenter de célébrer les mérites de Mémoire, qui comla Diversité, ce qui est imporprend aussi bien des tant aussi, mais il s'agit d'abord aspects personnels, de comprendre les inégalités que des aspects pro- sociales, les inégalités de Genres, les réseaux de Pouvoir...

fessionnels, et il est impossible de séparer les deux ».

cent langages" ou bien qu'elle compte 40 ou 50 groupes ethniques...

Nous travaillons dans ce secteur de la Mémoire, qui comprend aussi bien des aspects personnels que des aspects professionnels, et il est impossible de séparer les deux.

Nous vivons dans un monde où l'on est sensé pouvoir sépaMais nous avons commencé rer complètement la vie profespar examiner l'histoire de cette sionnelle et la vie privée, ce qui ville, et le fait est qu'elle a tou- est totalement illusoire. jours été une ville de migrations... Quand vous faites cela, vous vous contentez de masquer la Nous avons ainsi établi le fait réalité. que des populations de toutes origines sont venues vivre ici, Je l'ai expérimenté personnelet ce depuis les temps an- lement, puisque j'ai beaucoup ciens, tordant ainsi le cou aux d'amis activistes depuis des mythes répandus par les mou- années, et je sais que leur milivements racistes qui affirment tantisme est une part margique ces étrangers sont sortis nale de leur vie, car ils ont

« Nous nous sommes dit, d'accord nous avons cette énorme bibliothèque qui recèle d'incroyables archives, des collections historiques, des photographies, des documents sonores, des manuscrits..., et si nous ne parvenons pas à relier ceci avec les intérêts de ces nombreuses communautés, à quoi bon ? »

Connecting Histories

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nant pour l'avenir de cette ville, car ils étaient aussi des industrialistes. Et ce qui motive principalement notre travail est l'idée de justice sociale en permettant au plus grand nombre de raconter leur propre histoire, en donnant accès à de la documentation. Nous nous sommes dit, d'ac-

« Nous avons ainsi rendu possible l'accès de ces gens à leur propre histoire, nous avons créé un site Internet en numérisant des quantités considérables de documents, permettant leur consultation en ligne, et ainsi d'ouvrir le débat sur le Multiculturalisme… » cord nous avons cette énorme bibliothèque qui recèle d'incroyables archives, des collections historiques, des photographies, des documents sonores, des manuscrits..., et si nous ne parvenons pas à relier ceci avec les intérêts de ces nombreuses communautés, à

quoi bon ? Si nous n'en dégageons pas la pertinence commune, qu'est ce qui nous autorise à parler de migrations ? Notre premier travail a été la publication d'un livre qui mettait en lumière les documents relatifs à la communauté noire, en présentant les moments clés de l'histoire de ces arrivants, transformant ainsi ces archives en instrument de connaissance sociale.

« Permettre aux gens d'affronter leur passé est un bénéfice social évident ». nait autour de Liverpool, (car c'est un port), et de Londres, (en tant que capitale), mais jamais rien sur Birmingham, qui est pourtant située juste entre les deux !

Alors nous avons décidé Nous avons rendu possible d'écrire cette histoire, et nous l'accès de ces gens à leur pro- avons lancé une campagne de pre histoire, et nous avons levée de fonds pour financer créé un site Internet en numéri- ce projet, car cette ville est essant des quantités considéra- sentiellement industrielle et a bles de documents, en permet- toujours été impliquée dans le tant leur consultation en ligne, commerce des métaux, et sinet d'ouvrir le débat sur le Multi- gulièrement dans l'industrie de l'armement, en fabriquant des culturalisme... fusils qui étaient échangés L'an dernier, nous dans le commerce d'esclaves. avons organisé une grande exposition sur Tout cela faisait l'objet d'une l'Histoire Noire, car il puissante censure, mais l'enn'y avait encore jamais thousiasme soulevé a été ineu de travail de fond croyable. sur les liens entre l'es- C'était donc un cas patent sor de la ville et la d'amnésie... traite esclavagiste. Cette amnésie est bien comAuparavant, tout tour- préhensible, car ce sont des

Connecting Histories

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social évident.

nes et d'horizons très divers.

L'an dernier, il y a eu cette gigantesque exposition municipale autour du Bicentenaire de l'abolition de l'esclavage, et tout ceci a été extrêmement positif.

Izzy était le coordinateur, il y avait cinq archivistes, deux agents de recherches, et bien d'autres profils.

Le processus de travail fut fascinant et complètement innovant, car auparavant, chacun Au plan du finance- travaillait dans son coin, et ment, la Bibliothèque a soudain, tout le monde s'est levé des fonds considérables auprès de la Loterie Nationale. Nous avons déposé des dossiers auprès de leurs multiples organismes de subventionnement. C'est pourquoi nous n'hésitons pas à parler d'industrie, car en fin de compte, nous ne serions pas là s'il n'y avait pas d'argent pour ce projet ! Et la réussite de notre premier projet éditorial nous a permis par la suite d'obtenir un financement permanent auprès de sujets sensibles et douloureux, la collectivité. et très délicats politiquement, comme la question des rela- Cela a été un processus grations interraciales. duel de changement d'optique de la part de l'institution, car Tout ceci rendait notre travail nous avons réussi à faire adtrès suspect, mais c'était ridi- mettre que la nécessité de ce cule car il y va de notre res- travail ne pouvait s'envisager ponsabilité sociale de raconter que dans la longue durée. cette histoire. On peut toujours bâtir un projet Car quand on commence à isolé sur 2 ou 3 ans, mais parler ouvertement de ces su- nous voulions installer définitijets, cela permet aux gens de vement ce département. s'exprimer sur toutes sortes de choses, plutôt que d'en arriver Un des facteurs de réussite de à des émeutes violentes... ce projet est que nous avons réussi a faire travailler ensemPermettre aux gens d'affronter ble un grand nombre de perleur passé est d’un bénéfice sonnes provenant de discipli-

mis à discuter et à travailler en équipe. Il ne s'agissait pas simplement de permettre l'accès à des documents, mais bien d'apprendre les uns des autres, et tout cela a contribué à forger la crédibilité de notre travail.

« Soudain, tout le monde s'est mis à discuter et à travailler en équipe, et il ne s'agissait pas simplement de permettre l'accès à des documents, mais bien d'apprendre les uns des autres, et tout cela à forgé la crédibilité de notre travail. » Le projet a commencé en 2005 et s'est poursuivi jusqu’à l'automne 2007. Depuis,

nous

avons

lancé

Connecting Histories

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d'autres pistes et de nouvelles recherches.

ensemble dans notre cité.

Mais l'élément déclencheur, notamment auprès des autorités municipales, a bien été la sortie du livre.

Car comme vous le savez, les choses évoluent actuellement dans certaines directions qui ne sont pas forcément celles que nous souhaiterions.

C'était une tentative d'engager le débat autour du Multiculturalisme de notre cité, et de l'importance de partager l'Histoire.

Nous avons été particulièrement choqués par Nous avons ainsi pu prouver la vision conformiste et que la demande existait, et académique qu'avaient, qu'elle était très forte. dans l'ensemble, les gens qui travaillaient « Nous savons perti- sur l'Histoire.

nemment que désormais, les ressources et le temps nous sont comptés, et qu'il faut désormais travailler dans l'efficacité, dans le but de faire vivre au mieux les gens ensemble dans notre cité. »

Or nous devons élargir nos points de vue, cela est vital pour la collectivité, mais aussi pour chaque individu, car cela permet de se sentir beaucoup plus à l'aise sur tout un tas de sujets, et aussi avec soi-même...

Acquérir ce type d'information, cela aide à L'époque ou l'on pouvait se se construire une identipermettre de réaliser des étu- té, à vaincre ce sentides pour la beauté de l'Art est ment d'impuissance si révolue. répandu parmi les adoles« Acquérir ce type cents… d'information, cela Nous savons pertinemment que désormais, les ressources Ce n'est plus seulement l'afaide à se construire et le temps nous sont comptés, frontement classique entre les une identité, à vaincre et qu'il faut désormais travailler minorités et la communauté ce sentiment d'imdans l'efficacité, dans le but de blanche, mais il y a aussi de faire vivre au mieux les gens fortes tensions entre la com- puissance si répandu mu n a u t é a f r oparmi les caribéenne et des arriadolescents… » vants plus récents, ou au contraire avec des groupes plus instal- groupes ethniques. L'arrivée des Européens de l'Est, par lés... exemple, a créé de nouvelles Certains quartiers tra- rivalités pour l'emploi, donc du ditionnellement liés ressentiment, plutôt que d'esaux migrations ont sayer de comprendre comment commencé à être l'ob- ces processus se répètent à jet de dispute entre travers le temps, et qu'il est si

Connecting Histories

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« Qu'il est si facile de désigner un bouc émissaire, généralement le dernier arrivé… » facile de désigner un bouc émissaire, généralement le dernier arrivé... Ceci nous a amené à étudier comment l'histoire coloniale britannique est à l'origine de nombreux problèmes sociaux...

« La Diversité que l'on retrouve ici est directement issue de l'histoire coloniale et l'on retrouve le même phénomène en France… » Notre collection d'archives peut être un instrument contre le discours débilitant et consumériste des mass médias, en présentant de façon positive l'apport indiscutable des migrations successives au développement de notre Cité, en permettant aux gens de mettre nes générations, ce qui peut leur histoire personnelle en conduire à un certain fata- http://www.connectinghistories. perspective avec la grande lisme... org.uk/ Le Multiculturalisme n'a jamais « Vous avez choisi été une politique décrétée en tant que telle. une autre route en

France. On verra bien à l'arrivée ». Histoire... Mais le fait nouveau, c'est qu'il y a un vrai déficit de conscience sociale et de connaissance historique chez ces jeu-

C'est plutôt une période où on a essayé un certain nombre de combinaisons, qui indéniablement, n'ont pas fonctionné... Vous avez choisi une autre route en France. On verra bien à l'arrivée.

© EchoMundi

Jeremy Pollock (BBC WM)

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« Notre mission de service public n’est pas de diviser l’audience en niches » Rencontre avec Jeremy Pollock, Rédacteur en chef Adjoint de la radio BBC West Midlands, lors de son intervention aux ateliers municipaux “ Media Skills”, visant à la professionnalisation des acteurs des médias communautaires locaux. « Notre station est l'antenne radio de la BBC pour les West Midlands, ce qui comprend Birmingham et la région de Wolverhampton, le « Black Country ». Nous desservons ainsi 2,2 millions d'auditeurs, ce qui représente une bonne part de l'audience nationale, et un public très diversifié. BBC WM est une station généraliste, dont l'objectif est de servir tout le grand public, et non pas de diviser l'audience en niches spécifiques. A Birmingham, par exemple, il nous faudrait une cinquantaine de programmes différents si nous voulions nous adresser à cha-

Jeremy Pollock, assistant editor BBC WM

de musiques de Bollywood et destiné à une audience jeune, et qui traite aussi de grands sujets, au gré de l'actualité. Nous avons également un programme pour la communauté Afro-Caribéenne, présenté par un évêque d'une Église Noire, et une émission de Gospel, mais qui n'est pas ciblée ethniquement, même si cette dernière communauté est la plus concernée...

« A Birmingham, par exemple, il nous faudrait une cinquantaine de programmes différents » cune en particulier ! Donc nous avons choisi de créer une station pour tous, ce qui est un pari difficile, car chaque communauté a ses propres intérêts. Nous avons tout de même un programme pour la communauté Asiatique appelé "Midlands Massala" le vendredi soir, composé

Chaque communauté produit sa propre information, comme par exemple pour Vaisakhi (le «Noël » des Sikhs ; ndlt). Chaque association participante cherchera à nous contacter pour faire la promotion de son événement, mais nous en parlons si c’est un événement significatif. Pour cela, nous avons des journalistes-enquêteurs dont c'est le métier, par exemple "Midlands Massala" est animée par un présentateur Asiatique, et il a un producteur qui prépare l'émission

Jeremy Pollock (BBC WM)

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Page Accueil du site de la Radio Noire de la BBC « 1Xtra »

toute la semaine en consultant les médias spécifiques, mais le plus importante est que les gens qui travaillent sur ce genre de programmes aient des contacts enracinés dans la communauté, car c'est de loin la meilleure source... C'est faire un sacré pari que de vouloir s'adresser à une communauté restreinte, car les annon-

mais c'est là un domaine très complexe et nous ne sommes pas sur ce créneau à la BBC, car nous ne sommes financés que par la redevance, qui est payée par chaque citoyen du pays. Techniquement, nous émettons en FM, en DAB, et en Grandes Ondes.

Le format Multiplex « Des contacts enracinés dans DAB s'adresse aux la communauté, c'est de loin auditeurs équipés d'un récepteur adéla meilleure source » quat, qui donne un signal plus clair, bien que son rayon ceurs vont porter une attention d'émission soit plus restreint. toute particulière à la composition de votre auditoire, avant que de vous acheter de l'espace publici- La majorité de nos auditeurs nous capte en FM, car notre cible taires. est sur les plus de 50 ans, et ces personnes ne sont pas aussi Par exemple sur une radio musuléquipées en gadgets numériques mane, les annonceurs vont souque les jeunes. Mais cela change peser sérieusement les éventuelprogressivement, et l'écoute sur les retombées… Toutefois ces Internet prend de l’importance. médias répondent à des besoins particuliers, comme par exemple des projets d'insertion sociale, Actuellement, il y a un grand dé-

bat dans nos métiers pour savoir si le DAB va survivre, ou s'il sera remplacé par quelque chose d'autre, car les récepteurs se vendent bien timidement, mais nous avons deux plates-formes multiplexes de diffusion, une à Birmingham, et l'autre à Wolverhampton, ce qui couvre l'essentiel de notre zone d'activité. Sur la FM, nous avons énormément de problèmes avec les radios pirates, qui jouent un rôle déterminant, car elles ciblent principalement les communautés ethniques, les jeunes Asiatiques, les jeunes Noirs, nous occasionnant au passage de sérieux problèmes de perte de signal. »

© EchoMundi

The Drum

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« Nous envisageons des connexions avec des artistes de Lyon » Le Drum est un centre culturel dédié aux cultures noires présentant une programmation éclectique de très grande qualité. Installé dans un quartier sensible de Birmingham, ses créateurs sont parvenus à l’imposer comme un lieu incontournable de la scène artistique. Entretien avec Mukhtar Dar (Direction) , Oluwatoyin Odunsi (Programmation) et Samantha Bowen. (Relations extérieures.)

« Après la Seconde Guerre Mondiale, le Royaume-Uni s'est tourné vers ses anciennes colonies pour aider à l'effort de reconstruction. La majorité des membres des communautés Afro-Caribéennes et Asiatiques de Birmingham sont ainsi arrivés dans les années 50 et 60. Nos propres parents sont arrivés dans ce cadre. La région était très industrialisée, particulièrement dans la métallurgie et l'automobile. Nos parents ont donc travaillé dans ces secteurs, puis une fracture est apparue dans les années 80, avec la récession.

Mukhtar Dar et Oluwatoyin Odunsi

« Nous continuons d’utiliser le terme « black » au sens politique comme signe de reconnaissance unitaire. » Ceux qui s'étaient battus pour les conditions de travail et la dignité ont été les premiers frappés par le chômage, en même temps qu’on assistait à l'émergence de mouvements fascistes, qui ont désigné nos communautés comme bouc-émissaires, en déclarant qu'ils s’étaient accaparé tous les emplois.

La deuxième génération s'est donc élevée contre le racisme ambiant, et c'est dans ce contexte

qu'est né le Drum. Les artistes de nos communa utés ont pris part aux luttes sociales en organisant des événements rassembleurs pour faire front contre ces attaques issues du colonialisme et du racisme. Il s'agit de l'Indian Workers Association, l'Afro-Caribean SelfHelp Association, l'Asian Youth Movement, et des Black Sisters.

Toutes ces associations ont fo rmé un collectif, l'Asian AfroCaribean Artists Network, qui avait pour but de construire enfin une base solide, car nos communa utés étaient alors considérées comme des peuples en dehors de l’Histoire, et chaque fois que l'on faisait un pas en avant, on retombait immédiatement après au point de départ. Ces artistes ont donc estimé que si l'on voulait progresser efficacement, il leur fallait un lieu permanent de diffusion spécifique. Il y avait déjà eu quelques tentatives dans de petits lieux, et l'accueil avait été enthousiaste,

The Drum

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exotisme, et dans toute notre programmation, nous continuons d’utiliser le terme « Black » (« Noir », c’est à dire Non-Blanc ; ndlt) au sens politique, comme signe de reconnaissance unitaire. Notre expérience passée en tant qu’agence artistique rend ce lieu si unique, et durable, car les initiatives précédentes ont to ujours très éparpillées, et divisées ethniquement.

avec des compagnies de danse africaine, de tambours, et aussi le mouvement HipHop qui était apparu, et de nombreux artistes ont émergé, « Nous comme Apache Indian, et le tout le mouvement Banghra... Et c'est ainsi que le Drum est apparu.

Ce sont les graves émeutes de 1981 et 1985 qui ont permis cette unité, et ceci demeure un fait unique dans l'histoire de ce pays.

Il faut insister sur le fait que le Drum est ouvert à tous les publics, et ceci se ressent aussi dans la programmation, que l'on souhaite la plus diverse possible. Il y a de la comédie, de la musique, de la danse, de la poésie, des expositions, ce qui nous différencie des lieux centrés sur une seule forme d'art. Notre rôle est de faire émerger, développer et produire de no uveaux artistes, et on avertit le public que ce n'est pas un « Cabaret Exotique »; ces artistes le sont à part entière, venez en juger par vous-même. Ce qui est magnifique ici, c'est que nous avançons ensemble, nous ne sommes pas du tout dans une démarche Séparatiste et la Diversité est notre force, car nous apprenons énormément les uns des autres, nota mment au travers de pratiques artistiques qui mélangent des artistes de toutes origines .

ne sommes pas dans une démarche séparatiste, la diversité est notre force car nous apprenons beaucoup les uns des autres. »

Pas seulement grâce à des subventions municipales, mais aussi à travers la Lutte pour les Arts Noirs, et c'est ainsi que le nom du lieu a été choisi, car le « Drum » (« tambour » ndlt) est reconnu comme un instrument réellement universel. Nous avons ainsi acquis une grande confiance, loin de tout

Notre but est l'Excellence, et il y a toujours un message sous-jacent : nous racontons une autre histoire de la Grande Bretagne, car ce pays fut constitué grâce aux apports des diverses communautés, et c'est ce qui nous donne l'énergie de célébrer cet Héritage.

The Drum

Le public aussi nous donne une énergie considérable, surtout lorsqu’il à l'impression d'assister à un moment exceptionnel.

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un vrai sujet de réflexion pour les politiques. Comme tous les centres culturels, nous avons le choix quant à nos modes de financement : Il y a des aides publiques, à tous

cofinancée par le Gouvernement.

Cet argent a servi à l’origine à la construction du bâtiment, et deQuand des jeunes, qui n'ont pas puis, nous faisons appel à eux eu l'occasion de voir souvent plus ponctuellement, sur cerdes Noirs à la télétains sujets patrimovision nationale, niaux, comme par exemviennent assister à ple pour le Bicentenaire « Nous croyons que pour bâtir l’unité une pièce de théâde l'Abolition de l'Esclatre d'un auteur et la confiance il faut affronter le passé vage... Noir, mise en pour permettre à chacun d’exprimer Mais nous gardons to uscène par un Noir, sur une musique sa personnalité culturelle » jours une perspective crid'un compositeur tique, quel que soit le sunoir, ils réalisent alors soudaine- les niveaux administratifs : Na- jet... ment qu'ils peuvent, eux aussi, tional, Régional, Local, Municiprétendre à ces carrières, et pal... mais ces aides ne sont Nous sommes issus des migrac'est réellement très émouvant. pas cumulables, donc nous tions entraînées par l'histoire coavons développé un service de loniale, soit, mais nous estimons Les statistiques montrent que location d'espaces pour des que nous avons des droits, dont dans 5 ans, Birmingham (à événements privés, et nous fai- le droit de vivre ici. moins que ce ne soit Leices- sons régulièrement appel à du ter ?) sera la première ville mécénat privé ou à des spon- Nous ne croyons pas en ces Noire du pays, c'est à dire que sors thématiques... grands principes moralisateurs les Européens y seront en minoque sont l'assimilation ou l'intérité, ce qui assez intéressant car Au niveau national, tout cela gration, nous pensons que pour tout le challenge est là : ressort du Arts Council, qui est vivre sainement dans cette so« Comment valoriser la Diversité une des multiples Fondations de ciété, les citoyens doivent reen tant que telle ? » , ce qui est la Loterie Nationale, également connaître le passé colonial de

The Drum

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ce pays, afin de trouver un te rrain d'entente commun. Nous ne sommes pas une organisation Séparatiste, nous accueillons toutes les composantes de la communauté, Blancs ou Noirs, mais nous croyons que pour bâtir l'unité et la confiance, il faut affronter le passé, et permettre aux gens d'exprimer leurs propres personnalités culturelles. Le danger à éviter, c'est la tentation de l'exotisme, en isolant une culture de ses racines profondes. Ici à Birmingham, nous avons pleinement mesuré le risque lorsque les communautés commencent à se séparer les unes des autres, notamment à la suite des grandes émeutes de 2004, et le Drum a joué en cela un rôle crucial de pacification, dans le rapprochement des uns et des autres, en disant "Nous avons une Histoire et un Héritage en commun". Le système de subventionnement d’Etat, en s'adressant à des communautés de plus en plus particulières, à conduit à la division. Nous-mêmes pouvons parfois être accusés de renforcer la ségrégation, mais je crois fermement que le Drum joue un rôle majeur dans la résolution de conflits, en apportant une vision historique sur la constitution de ce pays. Alors bien sûr, la question de notre futur est importante. Nous célébrons cette année notre 10ème anniversaire, ce qui nous donne le record de longévité en tant que Centre Culturel Noir en Grande Bretagne... Et comme le dit notre slogan : "Que le Rythme continue ! " Aujourd'hui, nous envisageons des connexions internationales, et

notamment au niveau européen, comme par exemple avec des artistes de la Ville de Lyon, car les Etats-Unis dominent culturellement le monde, et un nouveau dialogue doit s'installer entre partenaires ayant d'autres ambitions. Comme, par exemple, créer un réseau Afro-Caribéen en Europe, sur des bases communes prenant en compte l'importance de l'Histoire et des Arts pour ces communautés, tout en se demandant comment exporter ces savoirs dans le monde, et même en Am érique, car honnêtement, les Afroaméricains ne savent pas vraiment ce qui se passe en Europe, et qu'il y a des Noirs ici aussi ! C'est intéressant de réfléchir aux moyens de nourrir, supporter et

pli ici, et gardent le contact, pour être en mesure de reprendre le flambeau. C'est aussi une question d'amour et de compréhension mutuelle, et de répéter qu'il ne faut pas avoir peur de la Diversité, apprendre à connaître d'autres cultures est une telle source de beauté et de connaissance... Et cela a permit à Birmingham d'exister culturellement ! Et de prouver qu'il y avait une vie artistique en dehors de Londres, ce qui pourrait être le cas aussi pour Lyon, pour montrer qu'il y at une vie artistique en dehors de Paris, que des choses de grande qualité sont produites sur tout le territoire, et notamment dans des Centres d'Excellence comme le

« ...cela a permis à Birmingham d’exister culturellement et de prouver qu’il existe une vie artistique en-dehors de Londres. » diffuser ces sujets sur tous les continents : comment allons nous travailler en partenariat avec l'Europe ?, comment accueillir tous ces artistes en gardant notre exigence d'excellence, pour les diffuser auprès du grand public ?, mais aussi pour garder une trace du travail, l'aspect archives et documentation est très important pour nous : comment enregistrer, contrôler puis évaluer ce que l'on fait ?Il faut que les futures générations voient ce qui a été accom-

nôtre...

http://www.the-drum.org.uk/

© EchoMundi

Radio XL

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« La Radio comme point de contact entre communautés » Le Docteur Arun Bajaj fait partie des 50 personnalités influentes de la ville de Birmingham. Itinéraire d’un serial-entrepreneur, de la chirurgie dentaire au monde des médias, en passant par le commerce des automobiles ...

Le Docteur Arun Bajaj , directeur de Radio XL « La radio XL est née le 1er mai qu’ils nous ont facturé 20.000 Li- ami m'a demandé "Mais qu'est-ce 1995. Notre première demande vres pour ce grand conseil... que tu fais ?" Je lui ai dit : "je remontait à 1993, mais nous n’a- Mais on a décidé de le faire dresse une liste, car c'est la prevons pas obtenu de licence avant quand même ! Je suis donc allé mière fois que je vois cela". 1994. Elle nous a été accordée pour 8 ans. «Tout le monde écoute la radio pour Tout ce que je savais A l'époque je n'avais réagir aux sujets d’actualité et faire, c'est de la chirurgie jamais vu fonctionner ou de la vente réfléchir aux moyens de faire dentaire, une station de radio, et d'autom obiles ! le délai était de 3 mois évoluer la communauté. » pour la création. Ce fut Alors avec ma liste, j'ai donc un cours accéléété voir les ingénieurs et ré ! Tous les consultants que l'on voir un ami qui avait une radio à je leur ai demandé comment on avait interrogés nous avaient dit Leic ester et j'ai pris des notes : branchait tout ça ensemble, en de laisser tomber, car il nous fau- « voilà un lecteur de CD, voilà partant de la console, j'ai fait un drait au moins 6 mois. Et dire une platine vinyle… », et mon schéma de tcâblage, ce qui m'a

Radio XL pris environ 2 mois.

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père et moi avions cette vision que ce serait le moyen idéal. Nous traitons donc tous les groupes religieux avec impartialité, Musulmans, Sikhs, Hindous, personne n'est lésé, et même les Chrétiens nous ont rejoint récemment. Nous donnons un temps d'antenne égal à chacun. Nous diffusons 80% de musique et 20% de parole. La langue commune à A l'époque, bien peu de stations La station s'adresse à la popula- tous est l'Hindustani, donc la moitié de nos programétaient automatisées, et je mes est dans cette me suis procuré les programmes adéquats aux Si on ne s'implique pas vraiment langue, et l'autre en Anglais. Car vous USA, mais j'ai tout de même avec les communautés, elles tenavez des gens du conservé le matériel Bengale, du Sri Landent à se replier sur elles-mêmes, conventionnel. du Gujarat, du puis à se séparer, et ka, Pakistan, de l'Inde... Un de mes camarades de la les problèmes surviennent mais ils com prennent faculté de Médecine faisait tous la langue des de la radio pirate. Je l'ai apfilms de Bollywood, pelé à l'aide et il est venu de tion Asiatique. A l'époque, il n'y ce qui explique notre choix. Nous Londres, et on réussi à tout bouavait d'équivalent qu'à Londres, avons surtout des émissions spécler pour le 1er mai ! C'est une Leicester et Bradford. Il manquait ciales pour les fêtes religieuses. belle leçon de ténacité : il ne faut juste la deuxième ville du pays ! Par exemple pour le Ramadan, jamais abandonner. J'ai alors emNous savions donc qu'ils allaient nous offrons une heure par jour bauché quelqu'un qui avait une nous accorder la licence. Une ra- aux Musulmans, en cadeau. Enexpérience certaine pour faire dio est très importante pour l'évo- suite pour les Sikhs, qui ont dix tourner la radio, puis un commerlution d'une communauté : on y Gurus, une heure chacun, plus cial, pendant que je continuais à lance des sujets de discussion, et une spéciale pour Vaisakhi, leur vendre des voitures au rez-deil y a beaucoup à en apprendre. Noël, les Hindous ont Divali, nous chaussée. J'avais remarqué cela à Londres, traitons tout le monde à égalité, et où tout le monde écoutait la radio c'est ce qui fait notre succès. Nous avons entré environ 5000 et réagissait en direct aux sujets Livres sur notre compte, mais en d'actualité, et aux moyens de Nous avons une trentaine d'animateurs, dont certains sont très 6 mois, tout a disparu... faire évoluer la communauté. Mon populaires, notamment ceux qui Ils diffusaient bien les publicités Alors j'ai demandé à l'ingénieur si de nos clients, mais ils n'encaison ne pouvait pas simplifier tout saient pas l'argent correscela à l'aide d'un ordinateur. Il a pondant ! Ils n'étaient pas très réfléchi un moment puis il m'a ap- doués commercialement. prouvé. Je lui ai donc demandé Alors j'ai décidé de m'en occuper pourquoi on devait acheter tout ce personnellement, et ça m'a pris matériel, mais il m'a avoué que la environ 5 ans à remonter le tout. vente était déjà actée. Je n'avais pas le choix.

Radio XL

font les émissions de Banghra, pour les jeunes et des femmes également, pour les émissions du matin... Nous avons toute une gamme d'annonceurs, depuis les grosses sociétés privées, ou l’Armée, qui, d'ailleurs, recrute beaucoup d'Asiatiques en ce moment, jusqu’à la petite boutique du coin...

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Sur le plan technique, nous émettons en numérique DAB depuis 4 ans, mais cela prend du temps. Les récepteurs arrivent tout doucement sur le marché et cela va prendre encore 4 ou 5 ans. D'ailleurs à ce jour,, notre audience nous capte en priorité sur les On-

communauté Asiatique est annoncé à notre antenne. Comme par exemple la fête de Vaisakhi, pour les Sikhs, qui va rassembler 80 000 personnes dans un parc la semaine prochaine. Nous sommes impliqués dans tous ces événements.

Nous avons une en « Je fais partie de nombreux conseils succursale Inde, car beaucoup d’administration mais je représente de nos auditeurs Je ne suis pas personnellement favoratoujours la minorité. » passent leurs vacances au pays, et ble aux éc oles nous avons un buconfessionnelles. J'ai reau et une régie été élevé, dans ce publicitaire là bas, pays, à l'école publides Moyennes. pour que les annonceurs puissent que. passer leurs messages. Quand on mélange tout le monde, Nous n'avons jamais touché un vous apprenez à connaître les penny d'aide publique. Nous som- Nous visons également une diffucultures des uns et des autres, et mes une station commerciale, sion par satellite, et d'autres prodonc en grandissant, vous n'avez donc il n' y a pas d'aide possible. jets, car il faut rester constampas d'a priori ni de préjugés, car Nous diffusons bien des campa- ment en veille. vous avez grandi ensemble, et gnes d'information publique, mais vous vous comprenez mutuelle- c'est une décision commerciale, Si on ne s'implique pas vraiment ment. C'est particulièrement im- c'est parce qu'ils veulent toucher avec les communautés, elles tenportant pour mon travail ici, car je une communauté particulière. dent à se replier peu à peu sur m'entends bien avec tout le elles-mêmes, puis à se séparer. monde, alors que si ça avait été Nous couvrons 18 communes, ce Alors les problèmes surviennent. différent, je pourrais penser que qui est un vaste territoire situé au Il faut absolument des points de certains ont plus raison que d'au- centre du pays, et tout événement contact, comme la radio, pour que tres. majeur pouvant concerner la

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les choses évoluent positivement. En 97, c'était le 50ème anniversaire de l'Indépendance du Pakistan, nous voulions organiser une célébration, et tout le monde m'a dit : "seuls les hommes viendront", alors j'ai insisté sur le côté familial de la fête, et tout le monde a été surpris, car ça a très bien marché ! Ce type de radio est essentiel pour aborder ces sujets de société, car sinon chacun reste dans son coin. Il faut des médias comme celui-ci, que les gens s'approprient, et le téléphone sonne toute la journée, car les auditeurs ont le sentiment que c'est leur radio, pas la mienne !

pliquer dans la construction de la société de demain. Nous avons de plus en plus de Conseillers, des gens à des postes de responsabilité, au sommet. Et si ça ne se passait pas comme ça, nous n'aurions pas une ville harmonieuse. Mais c'est un processus très long, car il requiert la participation de chacune des deux parties. Pour la communauté, il s’agit de favoriser l'émergence de personnalités dy-

que sur ces 50 personnes, j'en connais une bonne partie, nous faisons partie des mêmes conseils d'administration, ce sont toujours les mêmes, et parmi ceux-ci, il n'y avait que 4 Asiatiques, moi, le Recteur de la Grande Mosquée, un promoteur immobilier et un chanteur. Mais si on regarde les proportions, 30 a 40% de la population de cette ville est Asiatique, cela devrait se retrouver, il en manque ! Cela démontre qu'il y a un gouffre, et que nous devons accélérer l'ascension sociale, aider ces gens à gravir les degrés de réussite, afin que les choses demeurent en harmonie.

Cela dépend bien sûr des autoriC'est un processus tés : ici le City à double entrée : le Council est très ré« Nous devons accélérer l'ascension sotort ne peut être que ceptif; ils cherchent constamment de ciale, aider ces gens à gravir les degrés partagé. Mais quelqu'un doit faire le nouvelles idées de réussite, afin que les choses demeupremier pas, sinon il pour progresser. Ils rent en harmonie.. » y aura un grave désont à nos côtés, séquilibre.» avec le département Diversité qui nous propose sans cesse des choses à namiques qui désirent s'élever, Entretien réalisé par l'association bien que les freins soient nom- EchoMundi dans le cadre de la expérimenter. breux. De l'autre côté, il faut une mission d'étude à Birmingham Nous avons aussi une Chambre réelle volonté d'ouverture et d'as- (UK) le 18 avril 2008 en partenariat avec la Direction des RelaConsulaire Économique Asiati- sistance. tions Internationales de la Ville de que, qui fait partie de la Chambre Je fais partie de nombreux Lyon. de Commerce. conseils d'administration, mais je Nous organisons un Dîner de Ga- représente toujours la minorité http://radioxl.net/ la chaque mois de novembre qui parmi une vingtaine d'Anglais ! Et rassemble habituellement 800 ce depuis 10 ans ! membres, mais pour cette année, nous avons déjà 1100 inscrip- Les choses mettent beaucoup de temps, trop même, mais elles doitions ! vent changer, sinon nous perNous invitons toujours une per- drons l'équilibre... sonnalité du monde des affaires, Dans un article du Birmingham et la Mairie nous sponsorise. Ils savent que la Ville est en Post en août dernier, ils ont dési© EchoMundi pleine mutation démographique, gné les 50 personnes de pouvoir et qu'ils doivent travailler avec la des West Midlands, dont je fais communauté Asiatique, et les im- partie, et ce qui m'a surpris c'est

Dennis Edwards

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« Nous ne transigeons pas avec nos responsabilités, car nous mesurons pleinement notre influence . » L’ACMC (Afro-Caribean Millenium Centre) occupe une place prépondérante au sein de la nombreuse communauté Caribéenne des West-Midlands, en lui offrant une large gamme de services dédiés.

« Il y a 27 ans, un groupe de Caribéens s'est constitué, dans le but de promouvoir les cultures de leurs îles d'origine, en se disant que ceci pourrait être un palliatif aux problèmes sociaux qu'ils connaissaient, créer des emplois etc... Tout est parti de la ; un des membres fondateurs a poursuivi ce travail en obtenant des financements du City Council et d'autres organismes comme la Fondation de la Loterie Nationale, la Direction Culturelle locale, l'Agence de développement économique... Il a réuni des fonds qui ont permis de construire ce Centre, qui accueille de nombreuses activités, ainsi qu'une station de radio, ce qui fut une vraie première, avec pour but de donner une chance Dennis Edwards, Directeur de l'ACMC aux gens de percer dans leurs domaines, de faire entendre même si nous diffusons depuis cains récents comme les Somaleurs voix. 6 ans, mais c’était en version pi- liens. lote, pour voir si une radio comCe projet a mobilisé des suppor- munautaire pouvait vivre en On peut cependant considérer bonne har- la démarche comme séparamonie avec tiste, et de mon point de vue, les autres une radio ne devrait pas avoir « Notre quartier a été considéré radios, pu- de couleur, car tout un chacun ou peut s'y brancher et écouter ses comme l’un des quatre endroits les bliques privées, et programmes, mais les choses plus défavorisés d’Europe. » ce surtout se sont passées de cette façon, au niveau et nous en sommes là aujourdters dans tout le pays, et ensuite des revenus commerciaux. ’hui. une demande a été présentée Cette expérience fut concluante, auprès des autorités de régula- donc aujourd'hui on voit appa- En fait, on n'a pas vraiment tion, et la radio New Style était raître des projets semblables choisi notre emplacement, car née. dans tout le pays, dont trois rien c'est ce terrain qu'on nous a En réalité, nous n'émettons offi- qu’ici, une radio musulmane, et donné, et nous l'avons accepté, ciellement que depuis 1 an, une radio pour les immigrés afri- bien que ce quartier ait été dési-

Dennis Edwards

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gné comme l'un des quatre endroits les plus défavorisés d'Europe, notamment à cause du chômage. Un programme de redynamisation économique (SRB) a choisi d'aider ce quartier, et y a conséquemment investi beaucoup d'argent. Juste a coté, il y a une mosquée, en construction qui fait elle aussi partie du programme. En tant que Centre AfroCaribéen du Millénaire, nous sommes naturellement au service de notre communauté : nous avons un service d'aide sociale, un service spécial de renseignement sur les migra- les jeunes viennent s'initier à Ils veulent tout de suite passer à tions pour les Jamaïcains, dont l'informatique, ou se connecter l'antenne, chanter ou danser, une commission vient de Lon- au cybercafé, et comme nous mais sans fournir le moindre tradres une fois par mois, pour re- avons une station de radio, nous vail de base. cevoir les gens qui ont des pro- les formons également à ces blèmes, de passeports ou au- technologies. Nous accueillons des jeunes de tres, ce qui leur toutes les communautés, et évite de se déplaje me suis ainsi aperçu que cer jusqu’à la cales jeunes Asiatiques travail« Les personnes âgées, viennent pitale. laient dur, de même que les chercher du réconfort, car jeunes Caucasiens, mais la Nos utilisateurs de nos jeunes n'ont en vieillissant on se sent majorité viennent aussi pas cette patience. souvent désemparé. » chercher de l'aide juridique, ou pour De ce point de vue, DJ Noel la recherche d'emploi. est vraiment exceptionnel, car Car les jeunes aujourd'hui ve u- au début, on lui a confié des Les personnes âgées, elles, lent tous travailler dans les mé- missions fastidieuses, comme viennent chercher du réconfort, dias ou le spectacle, et nous des tâches administratives, ou car en vieillissant, on se sent mettons à leur disposition des l’accueil à la réception, ce qui studios d'enregistrement et de peut se révéler très ennuyeux… production. Mais il a tout accepté avec le Ainsi, le jeune garçon que vous sourire, même s'il venait au déavez vu tout à l'heure (DJ Noel), part pour faire de la radio, et on est vraiment remarquable. a ainsi pu l’éprouver sur toutes sortes de travaux. Il assimile Car la plupart des jeunes Afr- très vite ! Caribéens que nous accueillo ns ici veulent tout tout de suite, et Donc il a obtenu une émission ne sont pas vraiment disposés à hebdomadaire d'une heure, et le souvent désemparé, et le same- étudier tout le côté théorique, et succès a été fulgurant. Les gens di, ils se réunissent pour des acquérir les bases indispensa- appelaient en masse pour le féliséances de gymnastique musi- bles à un bon développement citer, et dire que ce garçon n'a cale. Nous avons aussi un cen- personnel. que 15 ans, et qu'il va toujours à tre de formation multimédia, où l'école !

Dennis Edwards

Il est vraiment exceptionnel, car il en remontre à beaucoup d'adultes, notamment sur sa façon de préparer ses émissions. Il écrit ses scripts méticuleusement, alors que beaucoup de ses aînés se contentent d'amener quelques disques, de les jouer et de dire ce qui leur passe par la tête au micro. Lui prépare absolument tout. Il a de très nombreux fans, et il va devenir une grande star des médias, j'en suis intimement persuadé. Et c'est réconfortant, car beaucoup de nos jeunes sont perdus : ils manquent d'ambition, ils ne sont pas très bien éduqués, ils ne travaillent pas, et c'est bien la preuve que quand on donne les moyens et les encouragements, on peut en tirer le meilleur. Nous sommes très fiers de lui, car il représente notre futur.

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Ces artistes devraient faire preuve de plus de responsabilité, car ils savent que s'ils propagent de la négativité dans leurs te xtes, cela aura des cons équences dans la vie réelle. On se focalise actuellement sur lui car il est très jeune, et il profère pourtant des insultes et des obscénité à foison, et c'est bien la preuve que quelque chose ne tourne pas rond dans notre société, car un jeune garçon ne devrait même pas parler de ces choses, comme de faire subir des humiliations à des très jeunes filles...

Les radios commerciales passent ce genre de titres car elles sont enchaînées à leur taux d’audience, et ne sont là que pour faire de l'argent, à n'importe quel prix, c'est la loi du genre. Les radios publiques « Les radios commerciales diffusent comme la BBC jouent des titres obscènes car aussi parfois elles sont enchaînées ces musià leurs taux d’audience » ques, mais à des heures soudainement, et ce notamment plus tardives. à cause de ses paroles obscè- Ici, a New Style, les choses sont nes. C'est malheureusement claires : nous ne tolérons auune tendance générale dans le cune obscénité, à aucun moReggae Dancehall et dans le Hi- ment de la journée ou de la nuit. pHop, notamment aux Etats Unis : ils parlent des femmes de Ce n'est pas toujours chose fafaçon extrêmement dégradante, cile car nous reposons beauils parlent aussi de flingues et coup sur des bénévoles, ils sont de couteaux à tout bout de près de 80, et ce n'est pas évichant, et leur public, très jeune, dent de tout contrôler, mais est influençable, car pas encore nous faisons de notre mieux, car en mesure de faire le discerne- nous ne transigeons pas avec ment... notre responsabilité en tant que Cette semaine, dans l'hebdomadaire noir The Voice, il y a cette histoire à propos d'un jeune artiste américain de 16 ans no mmé Soulja Boy, qui a émergé

diffuseur, car nous savons que nous influençons le public. Il y a deux ans, on a ainsi connu une série de graves émeutes dans le quartier, entre jeunes Asiatiques et Afro-Caribéens. Tout a commencé par une déclaration irresponsable sur les ondes d'une radio pirate. Et deux personnes sont mortes, juste à cause de cela, sans compter les b lessés. Nous essayons donc de sensibiliser les jeunes artistes sur leurs textes, car on sait les effets que cela peut produire. Nous essayons de leur faire comprendre l'intérêt de positiver leurs paroles, plutôt que le contraire. http://www.acmccentre.com/ http://www.newstyleradio.co.uk/

© EchoMundi

Yaz Alexander

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« Notre ville est la plus multiculturelle au monde » Rencontre avec la chanteuse Yaz Alexander au lendemain de la conférence de presse des groupes UB40 et Steel Pulse, avec lesquels elle collabore.

«Non, il ne coule pas des "fleuves de sang" à Birmingham ! Nous sommes une merveilleuse société multiculturelle. Chaque pays a ses hauts et ses bas, ses bons et ses mauvais côtés, mais il s'agit avant tout de se soutenir et de se comprendre mutuellement...

De profonds changements se sont produits au fil du temps, qui prouvent aujourd'hui qu'Enoch Powell avait tort.

La musique est un très bon moyen pour cela, et UB40, qui a toujours Il y a tout juste 40 ans, Enoch lutté contre le racisme, Powell, un politicien conserva- et Steel Pulse, groupe Yaz Alexander teur, a tenu des propos publics Noir de Reggae anavec UB 40 et Steel Pulse dévastateurs, dont la presse se glais, ont vo ulu promouvoir l'Unité et le fait à nouveau l'écho aujourrance fait des ravages"... d'hui : en résumé, il disait que si Partage, et exprimer leur dégoût on laissait trop d'étrangers s'ins- de ces propos racistes... C'était un vrai moment historitaller, et il ciblait spécialement les Noirs, il y aurait des soulève- Il y a déjà 30 ans, sont nés les que, car c'était la première fois ments terribles, et ce serait pour mouvements "Rock Against Ra- que UB40 et Steel Pulse donde bon l'Apocalypse et ses cism" et "Love Music, Hate Ra- naient une conférence de "fleuves de sang"… cism" qui existent toujours et or- presse commune, et j'ai eu ganisent nombre d'événements l'honneur d'y participer. Il prônait donc la fermeture, dans tout le pays pour défendre Leur musique a influencé mes mais comme vous pouvez le ces idées. chansons, moi qui suis née ici, constater, 40 ans après, nous La confé- je suis fière de dire que j'ai trarence de vaillé avec Steel Pulse pendant des années. Mais aussi en tant « Bien sur il y a eu des émeutes, et p r e s s e que femme, car ces milieux sont d’hier était il y en aura encore, mais ce sont les donc un traditionnellement très mascuravages de l’ignorance. » m o m e n t lins. très particulier, rassem- Donc c'était très important pour vivons aujourd'hui dans une blant des artistes d'horizons di- moi de pouvoir me tenir au mimerveilleuse société multicultu- vers qui vivent dans cette ville, lieu d'eux, en tant que musirelle composée d'Asiatiques, de et qui veulent donner leur avis. cienne, et en tant que Black SisNoirs, d'Iraniens, Somaliens… ter de Birmingham. des Européens aussi, tant d'oriIls disent ainsi : " 40 ans ont gines différentes, ce qui fait de passés, et nous n'avons pas de Mon album "Life begins" est sornotre ville la plus multiculturelle problème avec cela. Bien sûr, il ti en novembre dernier. au monde, grâce à la quantité y a eu des émeutes et il y en Je fais partie de l’équipe de la de nationalités représentées ici. aura encore, mais c’est l'igno-

Yaz Alexander

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Radio New Style depuis que lques années, et la station me sponsorise, le directeur de la radio, est même devenu mon manager ! L'ACMC est un endroit très amical, et grâce à son côté communautaire, il rassemble des gens très créatifs, et je suis reconnaissante de leur soutien, donc quand je fais des concerts à travers le monde, je sers aussi un peu d'ambassadrice du Centre... Pour revenir à l'album, il m'a demandé deux ans de travail, entre l'écriture, le montage, l'enregistrement, la promotion, le marketing, etc.. J'ai travaillé avec une équipe formidable, mes musiciens, et le disque reçoit un accueil excellent partout où il est distribué... Avant cela, j'étais choriste, j'ai travaillé avec des artistes comme Steel Pulse, Pato Banton, dans le jazz, aussi, car j'adore cette musique, entre autres avec notre fantastique Andy Hamilton, un saxophoniste de 90 ans, qui tient une école de musique… Je collabore à toutes sortes de projets et d'événements, ce qui me donne de l'inspiration pour ma propre musique. J'ai beaucoup appris par moimême, notamment l'aspect production...

intéressant en soi.

http://www.yazalexander.com/

Je suis progressivement passée de choriste à chanteuse, puis à productrice, et ensuite à gérer le marketing, mettre le site internet à jour, bref à utiliser tous les moyens modernes de promodes concerts tion...

« Quand je donne à travers le monde je suis un peu l’ambassadrice du centre. » J'ai ainsi appris à utiliser un grand nombre de logiciels musicaux, et ça a été un challenge

Bref, dans ce métier il faut vraiment savoir tout faire ! »

© EchoMundi

« Faire entendre la voix de la majorité silencieuse » Naseema Akhtar est la responsable du « Saheli Women’s Group » , une association citoyenne ayant pour objectif d’accroître la participation des femmes musulmanes au débat public. « Je suis titulaire d'un Master en Réhabilitation Urbaine, et je me suis donc engagée dans des forums citoyens, où l'on voulait impliquer plus de femmes, et particulièrement des musulmanes, généralement absentes des processus de démocratie locale.

A travers ce projet nous nous sommes adressés à ces femmes, et nous avons engagé un dialogue particulier pour qu'elles se sentent en sécurité.

Nous avons ainsi pu déterminer quels étaient leurs besoins et leurs attentes, et leur première demande a été un Centre de Remise en Forme, tenu par des femmes pour des femmes.

quartier, 65% d'entre elles sont des musulmanes, Pakistanaises , Indiennes ou Bengalies, 20 % sont des Britanniques de souche, et environ 15% sont Afro-Caribéennes.

Notre but était vraiment de faire entendre la voix de la majorité silencieuse.

Naseema Akhtar du Saheli Women’s Group volontaires : plus de 250 signatures de femmes du quartier en deux semaines !

Maintenant nous travaillons à les aider à se sentir mieux intégrées, et à s'engager dans les

« Améliorer les relations de voisinage pour le bien de tous »

Nous avons peu à peu gagné leur confiance, et commencé à travailler ensemble.

Nous nous sommes donc installées dans un Collège, où nous avons été financées par « Sport England », et le facteur déterminant a été l’affluence de

processus de changement, de façon à améliorer les relations de voisinage, pour le bien de tous...

Le succès est réel, et nous accueillons de plus en plus de participantes, donc nous envisageons de nous agrandir d'ici 2 ou 3 ans, car ce travail amène une vraie confiance réciproque.

Nous voulons étendre nos activités : nous avons actuellement un jour ouvert aux hommes par semaine, et le mercredi nous recevons les jeunes garçons, pour tenter de les impliquer eux aussi dans le processus, et créer des activités pour eux, car il n'existe rien de tel pour l'instant. » Le site de l’association : http://saheliwg.org.uk/

La plupart d'entre elles sont citoyennes britanniques, mais d'origines diverses.

En raison de la composition du

© EchoMundi

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