La Globalisation De La Production

  • July 2020
  • PDF

This document was uploaded by user and they confirmed that they have the permission to share it. If you are author or own the copyright of this book, please report to us by using this DMCA report form. Report DMCA


Overview

Download & View La Globalisation De La Production as PDF for free.

More details

  • Words: 2,041
  • Pages: 5
LA GLOBALISATION DE LA PRODUCTION  La révolution industrielle a laissé un héritage durable : l’extrême concentration de la production dans un petit nombre de pays, qui ont assuré leur suprématie et maintenu leur avance sur le reste du monde. Au cours du dernier siècle la production s’est diffusée, et ce sont les services qui sont aujourd’hui en pointe de globalisation.

Un grand basculement ?  De1900 à 1950, dix pays faisaient 95 % de la production. Mais en 1986 ? Ce sont 25 pays qui contribuent au même résultat. Cela doit être interprété par l’érosion de la position écrasante des Etats-Unis en 1945, lorsqu’ils détiennent 50% de la production, chiffre ramené à 26% à l’heure actuelle. Il y a donc bien eu diffusion industrielle. Le reclassement parmi les pays industrialisés  Les Etats-Unis restent le plus grand pays industriel du monde, néanmoins leur position du premier exportateur n’est plus assurée, elle leur est disputée par l’Allemagne et le Japon Balance commerciale excédentaire de l’Allemagne (122 M de dollars) et du Japon (244M) Balance déficitaire des Etats-Unis (158 M)  Déclin britannique : Le Royaume-Uni est devancé par la France et l’Italie, passe du 3ème au 6ème rang en moins de 40ans La montée des nouveaux pays industrialisés  Rupture du vieux schéma de la Révolution industrielle : de nouveaux acteurs émergents des zones traditionnellement cantonnées ds l’approvisionnement en matières 1ères Les nouveaux pays industrialisés (NPI)  En 1999, la Chine, Hong-Kong, la Corée, Taiwan et Singapour sont responsables de 17,5% des exportations manufacturières mondiales, alors qu’en 1960 il ne comptent que pour 1%.  Ce sont d’abord les quatre « dragons » qui s’imposent : Taiwan, Hong-Kong, Corée, Singapour  Fin des années 1980 : Thaïlande, Philippines , Malaisie, Vietnam  La Chine est plus lente à joindre le mouvement, mais a auj les plus forts taux de croissance  Brésil, Mexique  Groupe de pays méditerranéens Les productions des NPI : la courbe d’apprentissage  Les 4 Dragons pénètrent le marché grâce au textile et au vêtement= 60% de leurs exportations en 1960, puis passent au montage de l’électronique grand public (radio, TV), ensuite semi-conducteurs, puis automobile, acier, les constructions navales. ⇒ La progression dans le degré de technicité va de pair avec l’accroissement de la qualification de la main-d’œuvre et le transfert des productions à faible technicité dans les pays de la 2nde cohorte La pénétration des économies industrialisées  21% des importations des E-U viennent de ces pays en 1964 : la balance commerciale des E-U pour les produits manufacturés devient déficitaire ;

Une grande peur de l’Occident  La concurrence des produits bon marché engendre des fermetures d’usines, ressenties durement car après 73 l’économie mondiale est ralentie. Toujours la Triade  Les 4/5èmes de la production mondiale sont encore concentrés en Amérique du Nord, Europe de l’ouest et du Japon, avec les productions les plus intensives en technique, savoir et capital. Un monde multipolaire s’est mis en place dont la Triade est la structure forte.

La clé du système : l’investissement direct étranger (IDE) Le développement de l’Amérique du Nord avant 1914 a été financé par le capital étranger : il s’agissait de prêts à long terme, d’obligations, d’investissements de portefeuille. Au XXème siècle la modalité dominante est l’IDE qui vise le contrôle de la propriété de l’entreprise. Explosion de l’IDE : gestation d’un véritable système transnational. Ratio de l’IDE au PIB est très important dans les NPI Du « défi américain » à la multipolarité  De 1945 à 1970, les E-U sont la source de plus de la moitié des IDE dans le monde : les européens relèvent le « défi américain » et eux aussi investissent par l’IDE.  En 1995 l’IDE américain ne compte plus que pour le quart du total mondial.  Le Japon : 13% surgit à la faveur du yen fort dans les 1980’  10 pays développés contrôlent 86% de l’IDE mondial Les pays développés sont la cible de l’IDE  Avant 1940, les deux tiers de l’IDE visent les pays sous-développés : aujourd’hui c’est moins du quart (dont 25% de ces IDE pour la Chine)  Les pays du Nord investissent prioritairement dans le Nord et dans quelques pays émergents Le ballet des investissements croisés  Le marché unique européen a été un puissant agent de séduction sur le capital mondial (44% des IDE). Les E-U reçoivent à peu près autant d’IDE qu’ils en émettent  Le Canada reçoit des IDE des E-U et y investit  Les flux croisés d’investissement signalent l’interpénétration croissante des économies  Anomalie japonaise Japon émet 12% des IDE mais n’en reçoit que 0,7% La mutation sectorielle : des matières premières aux services  La motivation première de l’IDE était autrefois l’approvisionnement en matières premières et en sources d’énergies.  Après 1945, c’est le secteur manufacturier qui en a été la raison principale avec 3 domaines privilégiés : o Secteurs de technologie avancée (pharmacie, informatique...) o Biens de consommation durables produits en grande série(automobile, pneumatiques) o Biens de consommation de grandes marques  Depuis 1990 montée des services qui absorbent plus de 50% de l’IDE, surtout services financiers, télécommunications, services aux entreprises

Des schémas nationaux d’IDE  Comportements nationaux en matière d’IDE restent différenciés : Le R-U a un schéma spatial d’investissement d’IDE assez éclaté avec dominante nord-américaine, en cours de recentrage sur l’Europe  Europe (dont centrale et orientale) centre de l’investissement allemand.  Les E-U privilégient aussi l’Europe, le Canada, l’Amérique latine et l’Asie du Sud-est  NPI : Taiwan et la Corée montrent beaucoup d’intérêt pour l’Amérique du Nord

L’agent : la firme transnationale Les entreprises sont les agents principaux de l’économie mondiale. Jusqu’à la seconde guerre mondiale le nombre de firmes implantées dans plusieurs pays restent limité, puis explose dans les décennies suivantes. Les firmes essaiment dans de nombreux pays, deviennent multinationale. Les plus grosses se transforment en entité transnationales. La montée des multinationales  Le taux annuel de création de filières étrangères était de 20 en 1910 puis de 800 vers 1970, année où les entreprises américaines sont toujours les plus fortes créatrices mais l’Europe continentale et le Japon s’affirment rapidement.  En 1992, il y a 37 000 entreprises multinationales dotées de 206 000 filiales étrangères responsables d’au moins un tiers de la production mondiale et des deux tiers des échanges mondiaux.  Les 100 premiers groupes sont responsables du tiers de l’IDE mondial Pourquoi internationaliser ? Plusieurs facteurs d’internationalisation :  Accès aux matières et sources d’énergie peu transportables  Accès au marché, la part de marché  La main-d’œuvre bon marché  Les subsides  Les législations permissives  Situation politique des pays d’accueil Les explications structuralistes et la nouvelle division internationale du travail (DIT)  La domination européenne sur le monde s’est traduite par une différenciation croissante de la planète entre un centre dominant et une périphérie dominée  Une division internationale du travail s’est instaurée entre le cœur industriel exportant les produits de ses manufactures et la périphérie servant de marché pour les biens de consommation et d’équipement, mais surtout source de denrées alimentaires spécifiques et de matières brutes alimentant les usines du centre, avec dans le cas de domination politique une obligation d’exclusivité  Pour Marx, la lutte contre la baisse tendancielle du taux de profit implique l’élargissement de l’horizon du capital par le commerce extérieur jusqu’à embrasser l’ensemble du monde ; l’échange entre les formations socioéconomiques différentes assure le triomphe du dominant, et l’accumulation à son profit.  Les marxistes contestent Ricardo (fixité des facteurs). La mobilité du capital lui permet de conquérir l’espace mondial en plusieurs séquences :

  

 



 

o Circuit du capital marchand (internationalisation du commerce), o Circuit du capital monétaire (internationalisation de l’investissement du portefeuille), o Circuit du capital productif (internationalisation de la production) L’essor des entreprises multinationales peut être décrit comme une reproduction de leur structure hiérarchique à l’échelle mondiale Ainsi se met en place la nouvelle division internationale du travail (NDIT) Exemple de NDIT : industrie des semi conducteurs o Premiers stades (la conception du circuit, la fabrication de la « gaufre » de silicium, son découpage en « chips ») exigent d’énormes capitaux, des équipements performants, une main-d’œuvre de haut niveau o Les stades ultérieurs (assemblage et test final) requièrent une main-d’œuvre peu qualifiée, généralement féminine (Manille, Kualalumpur) C’est par l’industrie textile que les NPI ont commencé leur industrialisation, la Chine est aujourd’hui le 1er producteur et exportateur de textile et surtout de vêtement Branches industrielles où l’importance de la main-d’œuvre qualifiée et la part du travail dans la structure des coûts sont importants ont ainsi migré vers les pays du Sud où ils ont contribué au démarrage des NPI L’exemple du textile et du vêtement montre la portée et les limites de la NDIT. L’Allemagne par exemple est toujours dans le peloton de tête des exportateurs du textile ; ce ne sont pas des secteurs homogènes Solutions alternatives : firmes japonaises de semi-conducteurs investissent dans des usines d’assemblage automatisées de Kyu-Shu. Le principal écueil est que les flux d’IDE sont majoritairement des flux des investissements croisés entre pays avancés du Nord

Ecarts technologiques et cycle du produit  Etapes par lesquelles passe le produit à l’issu de sa conception :  Développement initial, croissance, maturité, déclin, obsolescence : ce sont les étapes d’un cycle de vie au cours desquelles changent la démarche et les combinaisons des facteurs de production  R Vernon spatialise le cycle du produit : fabrication amorcée aux Etats-Unis (maind’œuvre rare, coûteuse) se diffuse à l’étranger à mesure que le produit « vieillit » et se banalise  Ce modèle est devenu obsolète : les stratégies des multinationales sont devenues complexes Imperfections du marché et internationalisation  L’analyse du cycle du produit amène Vernon à faire de l’entreprise l’acteur principal de la multinationalisation  Pour Williamson, les imperfections, les « défaillances » du marché contraignent les firmes à grandir de façon à garder les transactions à l’interne où elles sont moins coûteuses.  La firme est amenée à se créer un vaste « espace propre », un grand marché interne où elle peut tirer parti de sa technologie et le contrôle de ses marchés, disposer pour ses cadres d’un vaste marché interne d’emploi avec « esprit maison »  Ce serait la source de la constitution des vastes oligopoles contemporains qui cherchent à se mettre hors marché, ce qui explique le phénomène des investissements croisés.

De la multinationale à l’entreprise globale  Pour Vernon une firme transnationale est un firme installée dans au moins six pays (firmes américaines implantées en Europe avant 70)  La filiale est considérée comme un centre de profit sous l’autorité du siège social américain : c’est une filiale relais. Les filiales-relais participent d’une organisation horizontale dans l’exploitation des marchés, et d’une organisation verticale  La délocalisation des productions vers les pays en voie de développement a multiplié les marchés mondiaux. Le passage d’une économie nationale à une économie véritablement multinationale s’est opéré lorsque la multiplication de filiales-ateliers dans les pays du Nord a révélé la mise en place d’une dynamique radicalement différente.  Il y a renversement des liaisons par rapport à la phase précédente : la filiale est un échelon dans l’organisation verticale de la production, mais entretient des relations horizontales avec les autres filiales du groupe. La maison-mère conçoit les orientations stratégiques, concentre la recherche et développement et coordonne l’ensemble des activités de production.  L’importance de la contribution d’une filiale à la firme n’est pas mesurée à sa rentabilité intrinsèque mais à sa contribution à la maximisation du profit de la firme dans son ensemble.  Les entreprises tendent à la « glocalisation » maximisant les agencements du global et du local, c’est « combiner des avantages comparatifs de chaque pays et la compétitivité de l’entreprise par rapport au marché mondial » L’exemple français  La France a abordé la compétition mondiale en privilégiant des champions nationaux.  Très souvent, les restructurations ont été conduites par concertation entre pouvoirs et grands groupes industriels et financiers nationaux, mais c’est une étape dépassée.  Exemple : Le président d’Alcatel annonce en 2001 réduire le nombre de ses employés de 130 000 à 20 000, délocalise la production.

Related Documents