La France Ire Du Fascisme

  • June 2020
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  • Words: 840
  • Pages: 1
La France, laboratoire du fascisme ?

Un entretien avec Zeev Sternhell 2000 / 2.28 € -

Parutions.com: Vous venez de rééditer votre trilogie sur le fascisme français chez Fayard et Complexe. Ces rééditions sont très largement augmentées tant par rapport aux éditions originales des années 70 qu’à celles qui ont suivi depuis. C’est une occasion pour vous interroger sur les origines de vos travaux et particulièrement sur votre premier livre portant sur Maurice Barrès, paru en 1972. Pourquoi avoir choisi ce sujet comme thèse de doctorat? Zeev Sternhell: Avant de vous répondre, permettez-moi cette incise. Cette trilogie n’a pas été conçue comme telle. Lorsque j’ai commencé à travailler sur Maurice Barrès, je ne savais pas qu’il y aurait une suite. Aujourd’hui, Fayard réédite cette trilogie tandis que Complexe publie dans la même édition seulement le troisième volet, Ni droite Ni gauche. L’idée de cette réédition est venue de Fayard. Ma première réaction fut mitigée, ne voulant pas reprendre le débat qui naquit lors des éditions antérieures. Puis, mes éditeurs m’ont convaincu qu’il y avait un intérêt à une nouvelle édition. J’ai donc travaillé deux ans sur ce projet. A l’arrivée, il y a presque un quatrième livre découpé en trois tronçons, le plus gros de ces tronçons étant la nouvelle préface de Ni droite Ni gauche. Dans son ensemble, la réédition de cette trilogie reprend le débat historiographique. Je pense y avoir affermi et étoffé ma démonstration. Une chose est certaine, je suis convaincu plus que jamais, vous excuserez ce manque de modestie, ne m’être trompé pratiquement sur rien. Pour en venir à votre question initiale, je suis entré à Sciences-Po en 1964 déjà avec l’idée de mon sujet de thèse. Ma rencontre avec Maurice Barrès, fruit du hasard, est antérieure. C’est en travaillant dans le cadre d’un séminaire sur Georges Sorel chez un de mes maîtres, Jacob Talmon, auteur de la Démocratie totalitaire, que j’ai rencontré Maurice Barrès. Cet homme m’a tout de suite intrigué. Après m’être intéressé à sa bibliographie, j’ai lu le plus commenté de ses ouvrages, les Déracinés. Par cette lecture, j’ai eu une intuition. J’ai senti qu’il y avait là quelque chose qui allait bien au-delà de l’écrivain, du dandy. Au-delà d’un homme qui s’amuse à tout, qui s’amuse à écrire des livres, à faire de la politique, à adopter le boulangisme, l’antisémitisme. Au-delà d’un homme qui est admiré par Léon Blum, Louis Aragon, Henri de Montherlant. J’ai eu le sentiment que les Déracinés étaient un roman politique et un manifeste, que se trouvait dans ce livre un système idéologique, quelque chose de nouveau par rapport à l’époque de la fin du siècle dernier. C’est avec cette idée que je suis arrivé à Sciences-Po et j’ai proposé à Jean Touchard de travailler sur Barrès dans le cadre de ma thèse de doctorat. Jean Touchard, pour qui j’avais une grande estime, était à l’époque secrétaire général de la Fondation Nationale des Sciences Politiques. Il me proposa de diriger mes travaux. J’avais lu de lui un article sur Maurice Barrès qui venait d’être publié dans un ouvrage collectif, faisant suite à un colloque qui s’était tenu à Nancy à l’occasion du centenaire de sa naissance. Je me suis donc porté naturellement vers cet historien. Lors de notre première rencontre, Jean Touchard m’a plu et je crois que je lui ai plu. Décidé à diriger ma thèse, je lui expliquai mon idée. D’emblée, il m’a dit que je me trompais, mais il m’a laissé faire. Au bout d’un an de travail, lorsque je lui présentai l’état de mes recherches, il a reconnu qu’il y avait un cas. J’avais déjà énormément étudié Maurice Barrès, mais aussi des auteurs qui gravitaient autour de lui et que personne n’avait jusqu’alors vraiment lus. Qui est allé vraiment lire Alfred Naquet? Qui a cherché les articles de Georges Laguerre et de tous les autres boulangistes? Qui a vraiment lu le général Boulanger avant moi? Qui a vu avant moi que le général Boulanger était un homme d’abord emporté par la tempête mais qui, aussi longtemps qu’il resta en poste, demeura un général républicain? Et qui a dépouillé vraiment la presse de l’époque, Le Courrier de l’Est de Barrès? A la fin de mes années de recherche, lui ayant soumis les chapitres de ma thèse, Jean Touchard m’a dit que je l’avais convaincu et qu’il me soutiendrait. Je n’avais d’ailleurs pas vraiment compris à l’époque pourquoi il faudrait me soutenir. Lors de la soutenance, Jean-Jacques Chevallier, qui se trouvait être à ce moment là le doyen des historiens des idées et qui m’avait fait un honneur en participant à mon jury, recommanda que ma thèse soit publiée sans retouches et immédiatement. J’ai tout de même voulu la retravailler. Jean Touchard est mort littéralement dans son lit en réfléchissant et en prenant des notes pour la rédaction de la préface de ce livre qu’il n’eut jamais le temps de terminer. Il est mort en 1971 et Maurice Barrès et le Nationalisme français est sorti en 1972, avec une préface de Raoul Girardet. En travaillant sur

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