Histoire De La Ville De Caen

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Histoire de la ville de Caen depuis Philippe Auguste jusqu'à Charles IX : nombreux documents inédits / par Pierre Carel

A MES CONCITOYENS

ERRATA Page 9, au lieu d'éthymologie, lisez étymologie. Page 11, au lieu de après la bataille, lisez après les batailles. Page 36, au lieu de le sr de Guesdonnière, lisez le sr de la Guesdonnière. Page 140, au lieu de mais son nom est resté, lisez mais elle est restée. Page 142, au lieu de particulièrement fiers, lisez particulièrement fier. Page 312, au lieu de officials, lisez officiaux. [p. 1]

PRÉFACE L'histoire de la ville de Caen peut être divisée en trois parties : 1o Caen sous les Ducs ; o

2 Caen sous les Rois ; o

3 Caen pendant la Révolution. La première partie a été savamment traitée par M. Barthélemy Pont. Nous l'avons donc complètement négligée et nous nous sommes uniquement attaché à l'étude de l'histoire de la ville de Caen sous les Rois et pendant la Révolution. L'histoire de notre ville sous les Rois doit être elle-même divisée en trois parties : o

1 Caen depuis Philippe-Auguste jusqu'à Charles IX ; 2o Caen depuis Charles IX jusqu'à Louis XIII ; 3o Caen depuis Louis XIII jusqu'à la Révolution. [p. 2] Chacune de ces divisions sera l'objet d'un ouvrage.

Dans celui que nous présentons aujourd'hui à nos concitoyens, nous avons jugé bon de passer tout d'abord en revue les nombreuses hypothèses sur l'origine du mot Caen sorties de l'imagination des étymologistes, et de noter quelques faits généraux de notre histoire locale avant la conquête de la Normandie par Philippe-Auguste. Ces notes fort restreintes n'ont d'autre but que de préparer notre entrée en matière. Nous avons tenté de combler les lacunes et de relever les erreurs que renferment les travaux de nos devanciers, au moyen des nombreux documents que possèdent la Bibliothèque et les Archives nationales, les Archives du Calvados, les Archives et Bibliothèques étrangères, et surtout les Archives municipales de Caen. Une chose nous a vivement frappé dans le cours de nos travaux, c'est l'inaltérable fidélité des habitants de la ville de Caen à leurs Rois légitimes jusqu'à la Révolution, fidélité sur laquelle nous pouvons jeter un regard plein de fierté ; car, jamais la ville de Caen n'a trahi [p. 3] le Roi aux heures de l'infortune et alors que les villes voisines se révoltaient. Les habitants de Caen comprenaient alors fort bien que la cause du roi et celle de la France étaient inséparables, que la grandeur de l'une assurait la prospérité de l'autre, et que servir le Roi avec fidélité, c'était servir la patrie avec honneur et loyauté. Aussi avaient-ils inscrit sur leur hôtel de ville cette belle devise qui exprime si bien l'unité française : Un Dieu, un Roy, une Foy, une Loy. Il nous semble qu'elle est autrement resplendissante que les trois mots modernes qui sont maintenant gravés sur tous les monuments publics, à moins que l'esprit éclairé, s'aidant de la vieille devise pour interpréter ces trois mots, ne leur restaure leur véritable signification et ne proclame hautement la Liberté par le Roi, la Fraternité dans la Foy, l'Egalité devant la Loi et devant Dieu. Oui, la ville de Caen peut revendiquer son antique fidélité à ses Rois comme un titre d'honneur et de gloire. Si notre cité a lutté avec courage contre [p. 4] l'Anglais en 1347 et en 1416, elle n'a pas montré moins d'énergie pour repousser et les essais de propagande en faveur de la Jacquerie, et les tentatives des factions rivales, pendant la guerre civile des Armagnacs et des Bourguignons et les menées du prince Charles pendant la guerre dite du Bien public, et les propositions de Rouen révolté sous Henri IV, et les intrigues du parti des Princes sous Louis XIII. Les Rois d'ailleurs surent la récompenser par une foule de privilèges. Un conseiller du Parlement de Rouen dans un rapport en date de 1631, disait : « La ville de Caen est tellement royale qu'elle a l'honneur de porter enfermé de lys dans ses armoiries. » En qualité de bonne ville, Caen avait le privilège de se faire représenter par son maire au sacre des Rois. La place du maire de Caen était marquée dans la cathédrale de Reims. 5 août 1886. PIERRE CAREL. [p. 5]

INTRODUCTION HYPOTHÈSES SUR L'ORIGINE DE CAEN

1re Hypothése. — Caen vient de Caïn qui après avoir tué Abel, vint se fixer sur les bords de l'Orne où il fonda une ville. — Donc, ou bien le déluge n'aurait jamais existé, ou il n'aurait pas été universel et notre ville privilégiée n'aurait pas été éprouvée par ses eaux. Ridendum ! 2e Hypothése. — Caen n'a pas été fondé par Caïn, mais simplement par Cham, fils de Noë. — Donc, c'est une erreur de croire que nous descendons de la race de Japhet ; et notre ville existait avant la Tour de Babel. Le patois normand serait-il par hasard antérieur à la confusion des langues ? [p. 6] 3e Hypothèse. — Caen a une origine hébraïque, son nom dérive de Cademoth ou de Cadumium. — On n'hésite pas à citer saint Gérôme pour justifier cette origine. Saint Gérôme, en effet, dans sa traduction de l'Onomasticon d'Eusèbe, parle d'un certain lieu qu'il appelle Cadomi. Cademoth était une ville, et Cadumium, un torrent de la Terre-Sainte ! 4e Hypothèse. — Nous lisons dans M. de Bras : « Plusieurs estiment la dénomination de la ville de Caen, procéder de Cadmus Phénitien, inventeur des caractères et lettres grecques, pour l'affinité et éthimologie du terme latin d'icelle qui est Cadomus, lequel pourrait avoir passé par ce pays pour certaine occasion qui ne se trouve écrite, y délaissant néantmoins les marques de son nom. » — Donc, notre ville serait sortie de terre plus de 1,500 ans avant J.-C. On confond ici Caen avec la Cadmée, l'acropolis de Thèbes. 5e Hypothèse. — Caen a été fondé par les Cadètes. — Aucun géographe de l'antiquité ne parle de ce peuple. Seul, Jules César en fait mention : il a voulu désigner les Calètes. 6e Hypothèse. — Caen est né sous les auspices de Kaius, chevalier de la Table-Ronde, sénéchal du roi Arthus. [p. 7] — C'est l'opinion de Guillaume le Breton, un poète. 7e Hypothèse. — Le mot Caen n'est qu'une figure de langage. C'est une onomatopée, une imitation du cri du canard sauvage, Kan-Kan, qui avait une prédilection toute particulière pour les marais avoisinant la ville. — C'est encore l'opinion d'un poète. Il faut excuser la Muse de M. de Segrais, qui cherchait partout dans la nature l'harmonie imitative. On dit que de son cri, choquant, rude, ennuyeux Il a si constamment persécuté ces lieux.

Qu'enfin les Neustriens notre ville en nommèrent. e

8 Hypothèse. — Caen tire son nom de Catheim, trou au chat. Cette dénomination lui aurait été donnée par les Saxons, lors de leur établissement en Neustrie. — Enigme ! e

9 Hypothèse. — Caen dérive de Cani (cheveux blancs), à cause de la salubrité de l'air qui conserve les habitants jusqu'à l'âge le plus avancé et leur permet de mourir la tête couronnée de cheveux blancs. — Cette étymologie nous paraît légèrement tirée par les cheveux ; elle est d'ailleurs en contradiction complète avec l'histoire qui nous montre la peste presque à l'état permanent dans notre contrée. [p. 8] e

10 Hypothèse. — Cadomus signifie casta domus, ville chaste, « pour la continence que gardaient les citoyens, hommes et femmes, en pudicité. » M. de Bras ajoute à ce propos : « Je désire que cette éthimologie luy fut demeurée comme véritable. Ces deux belles abbayes de Sainct-Etienne et de Saincte-Trinité, l'Hôpital et les quatre monastères furent fondés et faictes bastir à cette intention ; s'ils en abusent, ils se acquièrent un mauvais renom et une note qui ne se peut effacer. » — Autres temps, autres mœurs ! 11e Hypothèse. — Robert Cénalis, docteur en théologie et évêque d'Avranches, fait venir le mot Caen de Campodomus, maison de campagne « d'autant que la ville a de grandes campagnes autour d'elle. » — Généralement les villes sont entourées de campagnes ! 12e Hypothèse. — Caen a une origine normande. Certains auteurs placent sa fondation entre les années 912 et 944. — Malheureusement Guillaume-le-Conquérant cite dans ses chartes notre cité comme une ville très ancienne. Elle devait donc avoir plus de 150 ans d'existence ! 13e Hypothèse. — Les amis de la langue grecque font dériver Caen de Kainos domos, nouvelle demeure. [p. 9] Selon eux des Massaliotes auraient établi des maisons de trafic dans nos contrées. — Nul texte ne fait mention du séjour des grecs sur les bords de l'Orne. Cette opinion ne peut invoquer comme preuve que l'éthymologie qu'elle imagine. e

14 Hypothèse. — Les amis de la langue latine veulent que Caen tire son nom de Caii domus, maison de César. — Nous pouvons leur opposer le silence absolu des Commentaires. — e

15 Hypothèse. — La ville de Caen a une origine franque. (C'est notre opinion.) Tout d'abord citons les plus anciennes dénominations de notre ville : Cathim (charte de Richard III à propos du douaire de son épouse, Adèle de France, 1026).

Cadum, Cathum (chronique saxonne composée dans le XIo et XIIo siècle). Cathum (Florent de Worcester). Cahom (Henri de Huntingdon). Cahem (chronique de Robert, abbé du Mont-Saint-Michel). Cahem, Caem, Chaem, Caam, Caan (Wace). Variantes : Came, Cane, Kan, Kame, Cam, Cathem, Catheim. Evidemment, ces diverses dénominations ne dérivent pas de la langue latine ; elles ne peuvent dériver que de la langue franque. [p. 10] Décomposons le mot Cat-heim. Cat signifié les Kattes, peuple qui habitait jadis la partie de l'Allemagne qui correspond à la Wesphalie, à la Hesse, aux duchés de Brunswick, de Berg, à la principauté de Waldeck. Heim signifie demeure. Catheim veut donc dire demeure des Cattes, comme Allemanheim (Allemagne) veut dire demeure des Allemands. La ville de Caen dut en effet être fondée à la fin du IVe siècle (depuis Constance jusqu'à Henorius), par une colonie de Kattes faits prisonniers par les Romains, et qui s'établirent primitivement sur l'emplacement actuel du château. Nos aïeux sont donc les Cattes, dont Tacite nous a laissé le portrait suivant : « Ce sont de courageux fantassins, au corps robuste, aux membres nerveux, au visage fier, à l'âme pleine d'énergie, remarquables par leur jugement droit et éclairé. » Germanie, 30 et 36. [p. 11] QUELQUES MOTS SUR LA VILLE DE CAEN

AVANT PHILIPPE-AUGUSTE D'après une charte datée de l'abbaye de Fécamp en 1006, nous savons que la ville de Caen était alors assez importante, qu'elle possédait des églises, des moulins, des vignobles, des prairies, un port. Elle n'était pas encore entourée de murailles (Wace). Après la bataille du Val-des-Dunes et de Varaville, Guillaume-le-Conquérant fit construire une citadelle sur les hauteurs dominant la ville pour surveiller la vallée de l'Orne ; il enferma Caen dans des remparts et fonda les deux abbayes de Sainte-Trinité et de Saint-Etienne. A la tête de cette dernière, il plaça le célèbre Lanfranc, qui devint plus tard archevêque de Cantorbéry, et qui appartient à la famille des Pantoul, Pantol ou Panthou. A la bataille d'Hastings « la Jovente de Caëm » se signala par son courage et son intrépidité (1066).

La liste des seigneurs et des capitaines qui accompagnèrent le duc Guillaume à la [p. 12] conquète de l'Angleterre, a été souvent publiée. Nos lecteurs pourront la trouver aux pages 198 et suivantes de l'Histoire de Normandie, par Masseville. Vers la même époque, quelques jeunes gentilshommes normands partirent pour l'Italie dont on leur avait dit monts et merveilles dans le but d'y chercher fortune. Les plus célèbres d'entr'eux furent le fils de Tancrède d'Hauteville, Robert Guiscard, Roger et ses frères, Ernauld de Grandmesnil, Richard Quarel, fils d'Ansquétil Quarel, Guillaume de Montreuil. (Hist. de Normandie, par Ordéric Vital. Guizot, tome II, p. 49.) Ils s'emparèrent des villes de Salerne, Bari, Capoue, de toute la Campanie et de la Calabre. Richard Quarel eut en partage la principauté de Capoue et eut pour successeur Jourdain Quarel, qui épousa Gatteclinia, fille de Gamar et sœur de Gisulphe. (Duchesne, pages 645, 677 et 1,090.) Le fils de Jourdain, Richard Junior, fut dépossédé par son cousin germain Roger II, comte de Sicile, et obligé de reprendre le chemin de la Normandie, patrie d'origine de ses pères. Roger fut le premier de la race de Tancrède qui monta sur le trône ; il épousa la fille de Pierre Léon, sœur du pape Anaclet, et fut couronné par ce pontife (Duchesne, pages 291 et 898. — Hist. de Normandie, par Dumoulin. Supplément, page 47. — Orderic Vital). [p. 13] En 1033, la reine Mathilde fut inhumée dans l'abbaye de Sainte-Trinité de Caen ; quatre ans après, Guillaume mourait des suites d'une contusion. L'abbaye de Saint-Etienne reçut ses restes. Tout le monde connaît le scandale d'Asselin qui réclama le prix du terrain, où le caveau royal avait été creusé, au moment même de la cérémonie funèbre. Robert Courte-Heuse, fils ainé de Guillaume, devint duc de Normandie. Parti pour la croisade il enleva à la bataille d'Ascalon (1099) le grand étendard des Sarrazins ; il le donna à l'abbaye de Sainte-Trinité. (Wace). Il fut dépossédé de son duché par son jeune frère Henri, qui s'était emparé du trône d'Angleterre après la mort de Guillaume-le-Roux. er

On sait combien furent troublées les années qui séparent la mort de Henri I (1135) de l'avènement de Henri II (1154). Henri II, roi d'Angleterre, obtint du chef de sa mère Mathilde, petite fille de Guillaume-le-Conquérant le duché de Normandie, bien que, selon la loi salique, il n'y eut aucun droit. Mais il était puissant ; devant l'éclat de sa couronne royale, les légitimes revendications restèrent silencieuses. Les chroniqueurs nous le montrent comme le prince le plus brillant de son temps. En 1182, il tint à Caen plusieurs cours [p. 14] plénières ; dans l'une de ces assemblées, il était entouré de ses trois fils, du duc et de la duchesse de Saxe, des

archevêques de Cantorbéry et de Dublin. Pour lui donner plus de solennité, il avait interdit à ses barons de tenir, cette année, leur cour plénière et leur avait ordonné de venir à la sienne. En 1189, Henri II mourait. Richard Coeur-de-Lion, l'aîné de ses fils, lui succéda. Les gouverneurs du château de Caen qui remplirent cette charge jusqu'au jour de la conquête de la Normandie par Philippe-Auguste, et dont l'histoire nous a conservé les noms, sont : o

1 Gonnier de Launay ou d'Aunay, vers 1100. (Orderic Vital.) Wace l'appelle Roger de Launey. 2o Enguerrand de Trie, vers 1104. (Orderic Vital.) o

3 Robert-Fitz Hamon, seigneur de Creuly et de Thorigny (1106.) (Orderic Vital, Wace.) 4o Robert de Caen, comte de Glocester, vers 1107, mort en 1147. (Sandford's genealogical Hist. of the kings of England, p. 45.) 5o Guillaume, comte de Glocester, fils du précédent, mort en 1183. (Atkins's hist. of Glostershire.) 6o Jean, comte de Mortain, qui devint roi [p. 15] d'Angleterre sous le nom de Jean-sans-Terre. o

7 Hugues de Neville (1199), surnommé Crassus (le gros). 8o Robert de Gouvis (1204). (Ex rotulo Patentium litterar. Anno 5o regis Johannis Membrane 8). [p. 16] [p. 17]

HISTOIRE DE LA VILLE DE CAEN CHAPITRE Ier

PHILIPPE-AUGUSTE Richard Coeur-de-Lion et Jean Sans-Terre. — Conquête de la Normandie par Philippe-Auguste (1204). — Lâcheté de Jean Sans-Terre. — Sa fuite en Angleterre. — Caen fait sa soumission au roi de France. — Robert de Gouvis rend le château dont le commandement est donné à Guillaume Quarel. — Guy de Thouars et ses Bretons. — Philippe-Auguste confirme les lettres d'affranchissement données à la ville de Caen par le roi Jean Sans-Terre le 17 juin 1203. — Ce qu'étaient les villes de commune. — Formulaire du serment des Echevins au jour des Saintes-Cendres. — Troubles en 1203. — Réformes des abus (1220). — Jugement sur PhilippeAuguste. [p. 18]

Philippe-Auguste était roi de France lorsque Richard Cœur-de-Lion devint roi d'Angleterre. Après avoir confié la régence à son oncle l'archevêque de Reims, il partit avec Richard pour la Palestine. Les deux rois passèrent l'hiver en Sicile ; là, ils se brouillèrent, mais bientôt ils se rejoignirent sous les murs de Saint-Jean-d'Acre, dont ils s'emparèrent. Philippe-Auguste reprit alors le chemin de ses Etats, décidé à profiter de l'absence du roi d'Angleterre pour s'emparer de quelques-unes des provinces que la France avait perdues. Pendant que Richard était en Palestine, où il se battait comme un lion, Philippe envahit la Normandie. Richard s'empresse de conclure une trêve avec Saladin. Jeté par la tempête sur les côtes de Dalmatie, livré à l'empereur d'Allemagne qui le retient prisonnier, rendu à la liberté moyennant une rançon apportée par son fidèle écuyer Blondel, trahi par son frère Jean Sans-Terre, il avait déjà perdu une partie de la Normandie quand il rentra dans ses Etats. Jean Sans-Terre, en apprenant l'approche de son frère, dont il avait usurpé les titres et occupé les domaines, recourut, pour rentrer en grâce, à son arme ordinaire : la trahison. Il se trouvait alors à Evreux avec 300 hommes d'armes français et 150 archers anglais. Ayant réuni tous les Français dans un [p. 19] grand festin, il les fit tous égorger jusqu'au dernier, et offrit à son frère ces victimes sanglantes en gage de réconciliation. Le roi de France fut battu à Fréteval ; cet événement et l'intervention du pape mirent fin aux hostilités. Quelque temps après, Richard assiégeait le château de Chalus « sans souci du saint-temps du Carême », lorsqu'il fut blessé mortellement par un arbalétrier, nommé Bertrand de Gourdon (1199.) Jean Sans-Terre fut proclamé roi d'Angleterre. « C'était un prince poltron et insolent, fourbe et étourdi, colère, débauché, paresseux, vrai valet de comédie. » Il commença par égorger son neveu Arthur, qui avait des prétentions fondées à la couronne d'Angleterre. Comme duc de Bretagne, Arthur était vassal du roi de France, qui ne manqua pas de saisir cette occasion de guerre. Comme nous le prouvent les rôles des deux Echiquiers de Londres et de Caen, beaucoup de familles importantes, indignées de cet horrible attentat ; prirent parti pour Philippe-Auguste durant l'année 1203. Jean Sans-Terre fut cité à comparaître devant la Cour des barons ou pairs de France. Il ne comparut point, « ne voulant pas se confier, dit Mathieu Paris, aux barons de France qui point ne l'aimaient. » L'arrêt fut donc rendu par défaut ; il prononça, pour meurtre et déloyauté la confiscation, au profit de la couronne, de tous les [p. 20] fiefs que le roi Jean tenait en France, la Normandie, l'Anjou, le Poitou et la Guyenne. Philippe-Auguste se chargea d'exécuter lui-même la sentence, et le 2 mai 1204, il entrait en Normandie avec son armée. Le roi de France, dans cette occasion, apparaît moins comme un conquérant que comme un juge qui condamne un coupable.

Il enlève successivement Radepont, les Andelys (Rigord. De gestis Phil. Aug.) et Château-Gaillard (Philippide de Guill. le Breton.) Le siège de cette dernière place que Rigord appelle Guallardum, et la Chronique de Saint-Denis le chastel de Galar, a été raconté en détail dans un mémoire inséré dans les Archives normandes (1se année, pages 19 et 34.) Jean Sans-Terre s'était réfugié à Caen avec sa jeune épouse, Isabelle d'Angoulême, qu'il avait enlevée à Hugues le Brun, comte de la Marche, et qu'il aimait éperdument. Là, il menait joyeuse vie ; au lieu de songer à défendre son duché, il cherchait à s'étourdir au milieu des plaisirs, mangeant bien, et buvant mieux encore à la table des riches bourgeois. « Ibi, postpositis, incursionibus bellicis, cum Regina epulabatur quotidie splendide ; somnosque matutinales usque ad prandendi horam prostraxit (Mathieu Paris. Historia Major, page 146.) » Il fut, un jour, interrompu au milieu d'une partie d'échecs par des députés de Rouen, [p. 21] qui venaient le supplier de venir au secours de leur ville. — Nous verrons, dit-il, quand nous aurons fini la partie. » Après la partie, il lut d'un air distrait la requête des habitants de Rouen et répondit : « Qu'ils se défendent comme ils pourront. — Voilà cependant pour qui nous mourons, disaient les députés en s'en allant. » Jean avait besoin d'argent. Moyennant une forte indemnité, Caen lui acheta des lettres d'affranchissement dont voici la teneur : « Joannes, Dei gratia, Rex Angliæ, dux Normanniæ et Aquitaniæ et comes Andegaviæ etc... sciatis nos concessisse dilectis et fidelibus nostris Burgensibus de Cadomo, quod habeant communam suam apud Cadomum cum omnibus libertatibus et liberis consuetudinibus ad communam pertinentibus, quamdiu nobis placuerit. Teste Petro de Stokes apud Aurivallem XVII die junii anno regni nostri quinto. » (Ex rotulo litterarum patentium anno quinto Johannis regis). Avec les ressources que lui procura l'aliénation de ses droits régaliens, Jean put réunir quelques hommes d'armes, à la tête desquels il mit un aventurier nommé Lupicar. Cependant, à la nouvelle que Philippe s'avance vers la Basse-Normandie, il fut [p. 22] saisi d'épouvante et jugea prudent de mettre la mer entre lui et le roi de France. « Ayant fait préparer furtivement sa flotte, il livra tout son duché au gouvernement des bandes des routiers, particulièrement, à Martin d'Arque et à Lupicar et disant un dernier adieu à ce pays, il se rendit dans son royaume d'Angleterre. (Guillaume-le-Breton. Philippide, page 211. Collection Guizot.) (V. égal. Mathieu Paris. Historia, page 146. — Dumoulin. Histoire générale de Normandie, page 519. — Masseville. Histoire de Normandie, tome II, page 214.) Toutefois, avant de s'en aller, il reprit les objets qu'il avait confiés à la garde de plusieurs particuliers. Robert de Vieux-Pont, vicomte de Caen, lui rendit 111 marcs d'or, 85 besans, 9 oboles, 12 ceintures de soie avec leurs agraffes en argent, 7 ceintures de cuir avec des agraffes aussi en argent, une ceinture de fil d'argent, 35 boucles d'or, 2 vases d'argent pour conserver de la thériaque, 16 autres vases et coupes d'argent et 28 livres

monnaie d'Anjou. L'évêque de Norwich dut également lui remettre à Caen tous les ornements royaux dont il avait le dépôt, la grande couronne, le glaive, la tunique, la dalmatique, le manteau, le baudrier, les sandales, les gants, les éperons (abbé de La Rue. Chartularium cadomense). Jean enleva à notre ville jusques aux titres [p. 23] qu'elle possédait, et qui auraient pu rappeler son séjour en Normandie. Il ordonna à son grand sénéchal de fournir à Pierre de Lions, son clerc, les moyens de faire transporter à Londres les rôles et les chartes de l'Echiquier de Caen. On lit dans le Chartularium cadomense : « Le charriage que le roi ordonna de fournir pour transporter tous ces titres prouve combien ils étaient nombreux. Cependant, il en reste très peu de cette époque ; on mettrait facilement dans un boisseau tout ce qui reste aujourd'hui des rôles de notre ancien Echiquier. Presque tout a été perdu pendant les guerres civiles d'Angleterre. » Lupicar livra Falaise après sept jours de défense et passa au service du Roi avec ses gens. (Rigord. De gestis Philippi-Augusti. — Recherches historiques sur Falaise, par l'abbé Langevin, page 358. — Philippe-Auguste confirma les privilèges de la ville de Falaise en 1204. Cartulaire normand de Philippe-Auguste dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome XVIo, 2e partie, page 15.) Le Roi de France se dirigea ensuite vers la ville de Caen, qui lui offrit ses clefs trois jours avant qu'il y fut arrivé. « Cette ville, dit Guillaume Le Breton, puissante, opulente, embellie par des rivières, des prés et des champs fertiles, reçoit [p. 24] dans son port de mer des navires qui y apportent toutes sortes de marchandises ; elle est tellement riche en églises, en maisons et en habitants, qu'elle se reconnaît à peine pour inférieure à Paris. Elle se soumit volontairement à notre joug et s'assura à jamais par une telle conduite l'affection du roi, se laissant prendre librement, sans contestation ni combat et procurant en même temps au roi la possession de ses beaux environs. » (Philippide, page 213). Quand Robert de Gouvis, alors gouverneur du château pour Jean Sans-Terre, apprit la soumission des habitants de la ville, il entra dans une furieuse colère, et résolut de se défendre énergiquement derrière ses hautes murailles. Philippe lui envoya des députés qui réussirent à l'adoucir et à le gagner ; et le bouillant capitaine ne tarda pas à remettre au Roi les clefs du château. Philippe lui en enleva le commandement et le donna à Guillaume Quarel, avec le titre de vicomte. (Histoire de la conquête de Normandie par Philippe-Auguste, par P. Poignant.) Les villes de Bayeux, de Séez, de Coutances et de Lisieux suivirent l'exemple de Caen. Cependant Guy de Thouars, qui, depuis la mort d'Arthur, avait pris le titre de duc de Bretagne, pénétra dans la Normandie à la tête de ses généreux Bretons, pour prêter main forte à Philippe et l'aider à achever l'œuvre de sa conquête. [p. 25] Il le rejoignit à Caen après avoir incendié le Mont-Saint-Michel et s'être emparé d'Avranches. (Philippide, page 217.)

Ses bandes avaient répandu une telle désolation sur leur passage. (Philippide, page 218), que le Roi de France, craignant les sentiments de vengeance qui les animaient et qui pouvaient nuire à sa politique désormais toute de modération, les réunit aux routiers de Lupicar et les envoya sous la conduite du comte de Boulogne et de Guillaume des Barres, vers Pontorson pour surveiller les frontières. « Chargés de dépouilles, ils se réjouirent de retourner vers les rives du Couesnon. » (Philippide, page 218.) » Après avoir ainsi assuré la tranquillité du pays, Philippe quitta Caen suivi du gros de son armée et marcha sur er e Rouen, qui capitula le 1 juin 1204. (Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie. Tome XVI. 2 partie, page 15.) Une fois maître de toute la province, le Roi de France s'occupa d'organiser sa conquête. « Afin que le peuple s'accoutumât peu à peu à l'aimer et ne pût se plaindre d'être gêné par des coutumes étrangères, il n'abrogea ni les juridictions, ni les lois. Voulant, au contraire, tout maintenir, il confirma toutes les coutumes jusques alors observées et qui n'étaient pas manifestement contraires à la justice, ou ne mettaient [p. 26] pas en péril les libertés des Eglises. » (Philippide, page 221.) Il rendit au clergé la liberté d’élire les prélats et aux religieux celle d’élire leurs supérieurs, libertés qui leur avaient été enlevées par les rois d’Angleterre. Un des premiers bienfaits de Philippe-Auguste à notre égard fut de confirmer les lettres d’affranchissements données à la ville de Caen par le Roi Jean Sans-Terre, le 17 juin 1203. Il est nécessaire de donner ici quelques explications sur l’institution de la commune. En Normandie, les villes de commune étaient administrées par des chefs élus par les habitants, et jouissaient de certains priviléges réglés par leurs chartes d’affranchissement. Ces villes avaient une administration municipale, à la différence des villes de bourgeoisies qui étaient gouvernées par des officiers choisis par le duc (ou par le roi). La commune possédait : o

1 Un hôtel de ville, l’hostel commun, où se tenaient les assemblées. o

2 Un beffroi, où était suspendue la cloche qui convoquait les notables habitants. o

3 Une prison. o

4 Un sceau qui conférait l’authenticité, non-seulement aux délibérations publiques de la ville, mais aux contrats particuliers des habitants. [p. 27] Au civil comme au criminel, elle avait juridiction sur les habitants. Le pilori, le bannissement, la démolition de la maison du coupable, telles étaient les peines qu’elle pouvait infliger à ceux qui commettaient des infractions à ses statuts et à ses règlements. La commune pouvait recourir aux armes pour défendre ses intérèts menacés. Tout habitant de la commune devait le service du guet ; un officier, nommé le maréchal du guet, entretenu par elle, exerçait à cet égard un commandement spécial. La réparation des murs et des fossés de la ville étaient à la charge des habitants de la commune, qui, dans

certains cas, devaient leur travail personnel. Nous avons rencontré pour ainsi dire chaque page des registres de la ville des délibérations du Conseil concernant l’exécution de ces travaux d’entretien. Dans les premiers temps le maire était nommé pour 3 ans par le duc (ou par le Roi) qui le choisissait sur une liste de 3 notables présentée par les habitants. Dans la suite, vers le XIVe siècle, le grand bailli exerçait les fonctions de cet office ; généralement tout entier à ses devoirs militaires, il laissait le soin de l’administration et de la police à son lieutenant général et à un Conseil de 6 bourgeois élus pour 3 ans, qu’on appelait pairs et jurés et gouverneurs échevins. Nous nous proposons de raconter dans un [p. 28] ouvrage spécial l’Histoire municipale de la ville de Caen depuis l’institution de la commune jusqu’à la Révolution de 1789. Histoire fort belle, où nous aurons à constater bien des dévouements, et à puiser bien des enseignements. Il est une pièce historique qui trouve ici naturellement sa place et qui complète les quelques observations que nous avons présentées sur l’institution de la commune, ce grand bienfait de la Monarchie française, qui a affirmé la liberté du citoyen dans ses foyers, dans sa famille, dans sa vie municipale et que les adversaires même de la royauté ne peuvent loyalement contester : c’est le formulaire du serment des Echevins de Caen au jour des Saintes-Cendres : Nous transcrivons intégralement ce document, qui est inédit et que l’on peut trouver dans l’Ancien Matrologe de la ville (volume 1er, fo 35). « Vous jurez à Dieu, votre père Créateur, duquel vous voyez ici la ressemblance, par la foy que vous avez reçeu en baptême et par la part que vous attendez avoir en Paradis, que bien justement et loyaument vous et chacun de vous exercerez l’office et charge de jurés, gouverneurs et conseillers de ladite ville à laquelle vous avez esté eslus de par la communauté ensuivant le privilége d’icelle. « Et premièrement, vous serez bons, vrais et loyaux au Roy, à luy obéissants et à ses officiers, les droits à votre possibilité luy garderez ; [p. 29] les priviléges, droits, franchises et libertés de ladite ville vous aurez en cure, pourchasserez et deffendrez contre toute personne. Les secrets et délibérations de ladite ville vous tiendrez selléz sans les révéler ; les deniers et revenus d’icelle vous pourchasserez et emploirez justement et loyaument aux réparations nécessaires de ladite ville ; les tours, murailles et artillerie vous visiterez et ferez la recherche des subjets au guet, pour le tout être mis en ordre et police ; aux offices de ladite ville vous pourvoirez et baillerez à personnes capables, ainsi qu’il est contenu au chartrier de ladite ville ; oultre plus que à nulle des fermes vous n’aurez droit et participation aucune en quelque manière, et d’abondant ferez rendre compte aux receveurs de ladite ville, au prieur de l’Hôtel-Dieu et aux gardes des malades, suivant l’entente desdits priviléges ; et en toutes autres choses, concernant et regardant votre office et charge, vous gouvernerez justement et loyaument, comme il appartient, et ainsi vous le jurez et promettez. » L’année qui suivit sa reddition (1205), la ville de Caen fut troublée par quelques marchands anglais, qui n’avaient pas voulu reconnaître l’autorité du Roi de France, et qui persistaient à soutenir la cause de Jean SansTerre, cause pourtant à jamais perdue. Philippe ordonna la confiscation de leurs propriétés en Normandie. Pour se venger, Jean fit saisir à Londres [p. 30]

et dans les divers ports d’Angleterre toutes les marchandises des commerçants caennais. (Lettres patentes de Jean Sans-Terre à ce sujet. Ex rotulo litterarum Patentium 60 anno Joh.) Puis le calme se rétablit dans notre ville dont la prospérité s’accrut rapidement par l’heureux parti qu’elle sut tirer de franchises à elle octroyées. En 1220, Philippe abolit certaines coutumes qui avaient pris naissance sous Richard Coeur-de-Lion et Jean Sans-Terre, et qui portaient atteinte à la liberté des bourgeois. Il déclara qu’il ne s’immiscerait pas dans les mariages des veuves mineurs et des enfants également mineurs des bourgeois, à moins qu’ils ne possédassent un fief les soumettant à la tutelle du roi, selon la coutume de Normandie. « Concessimus eisdem quod nec nos, nec hœredes nostri trademus uxores vel filias eorum aliquibus in maritagium contra voluntatem earum, nisi feodum vel membrum Loricœ teneant propter quod debeamus eas maritare secundum usus est consuetudinem Normanniœ, et quod filios vel filias eorum in nostra non capiemus tutela, nisi simililer feodum vel membrum Loricœ teneant propter quod debeant esse in tutela nostra secundum usus et consuetudinem Normanniœ. » (Lettres patentes de Philippe-Auguste données à Paris au mois de novembre 1220. [p. 31] Ex registris Philippi-Augusti, folio 113, recto.) Philippe réforma aussi des usages immoraux que les Juifs avaient introduits relativement à l’usure, et qui étaient un danger perpétuel pour la fortune des particuliers. (V. Registres de Philippe-Auguste. Ordonnance touchant les Juifs, fo 144. — Ordonnance des rois de France. Tome 1er, page 35. — Autre ordonnance touchant les Juifs. Idem, pages 45 et 46. — Ordonnance portant que les Juifs seront obligés de sortir du royaume. Pages 45 et 46.) Après avoir chassé les Juifs, le roi les rappela. (Rigord, page 42.) Aux termes de la Chandeleur 1217, le bailli de Caen fît recette pour la taille des Juifs de 462 livres 4 sols e e e e parisis (Brussel. Nouvel examen de l’usage général des fiefs en France pendant le XI , le XII , le XIII et le XIV siécle. Tome Ier, page 581). Philippe essaya de mettre un frein à l’ardeur procédurière des Normands et surtout des Normandes. Nous devons, à ce sujet, relever une erreur de l’abbé de la Rue. Cet auteur dit, en effet (page 269 de ses Essais historiques) : « La chicane et toutes ses formes ne paraissent n’être entrées en Normandie qu’avec Philippe-Auguste. » Ceci n’est pas exact. — L’origine de l’esprit chicanier des Normands se perd dans la nuit des temps. [p. 32] Dans le récit de la révolte de l’an 997, Wace, parlant des paysans, s’exprime ainsi : Tuz en jus sunt semunz de plaiz : Plaiz de forez, plaiz de moneies, Plaiz de purprises, plaiz de veies, Plaiz de biés, plaiz de montes, Plaiz de fautés, plaiz de tontes, Plaiz d’aguaiz, plaiz de graveries, Plaiz de medlées, plaiz de aïes ; Tant i a prévoz et bedels Et tant bailliz, viez et nuvels Ne poent aveir paiz nule hure ;

Tantes choses lor metent sure...

Guillaume-le-Conquérant disait à son lit de mort : « Les Normands aiment à se divertir et à plaider ». (Orderic Vital.) Et quand il fallut l’inhumer, ne voyons-nous pas Asselin interjeter la clameur de haro ? Enfin Philippe-Auguste vint. Il crut nécessaire d’insérer dans la charte de Rouen, Falaise et Pont-Audemer cette disposition fort intéressante : « Lorsqu’ne femme sera convaincue d’être processive (LITIGIOSA ) ou médisante, on l’attachera sous les aisselles avec une corde et on la plongera trois fois sous l’eau. » Philippe revenait à Paris après la sanglante guerre du Midi, pour assister à un concile, lorsqu’il fut tout à coup arrêté à Mantes par la maladie ; il y mourut le 14 juillet 1223, à l’âge de 58 ans, après un règne de 43 ans. Il avait épousé la princesse danoise Ingeburge, et réuni à la couronne [p. 33] la Normandie, l’Anjou, le Maine, la Touraine, le Poitou, l’Auvergne, le Vermandois et l’Artois. La France l’aima. Avant cette fameuse bataille de Bouvines où les chevaliers français combattirent si héroïquement au cri de : « Souvenez vous de vos dames », le Roi, raconte une chronique de Reims, déposa sa couronne sur un autel en l’offrant à celui de ses chevaliers qui se croirait plus digne que lui de la porter. Si l’authenticité de ce fait historique peut être contestée parce que Guill. le Breton, si complet dans ses récits, n’en fait pas mention, Philippe, par son courage intrépide, mérita que la nation lui répondit, selon la chronique : « Sire, pour Dieu merci, nous ne volons roy, se vous ou non. » « Roy très sage, très noble en vertu, grand en fais, clerc en renommée, glorieux en gouvernement, victorieux en bataille. » Voilà le portrait que nous fait de lui la chronique de Saint-Denis. La mémoire de ce grand roi resta longtemps chère aux caennais ; trois ans après sa mort (1226), un service solennel était célébré à Caen, pour le repos de son âme, comme le constate une lettre de convocation émanant de Guillaume Acarin, doyen du Saint-Sépulcre. (Manuscr. de Colbert. vol. 3.) Parmi les chevaliers de notre contrée qui se distinguèrent le plus dans les armées de Philippe-Auguste, citons : Robert de Courcy, [p. 34] Jean de Brucourt, Etienne de Longchamp, Ansel de Roncherolles, Foulcher Quarel, Guillaume de Semilly, Raoul Tesson, Jean de Tournebu, Roger le Vicomte. [p. 35] CHAPITRE II

LOUIS VIII (1223-1226). — SAINT LOUIS (1226-1270) Louis VIII continue l'oeuvre de son père contre les Anglais. — Jean des Vignes, bailli de Caen. — Sous saint

Louis sont fondés le couvent des Cordeliers, des Dominicains. Premier voyage de saint Louis à Caen (1256). — Sa bonté et sa générosité. — Second voyage de saint Louis à Caen (1269). — Commerce florissant de la ville. — Mort de saint Louis (1570). — Jugement de Voltaire sur saint Louis. Louis VIII succéda à son père sur le trône de France. La ville de Caen, sous son règne, ne se trouve pas mêlée aux événements généraux, et nous ne trouvons dans son histoire locale aucun fait saillant digne d'être enregistré. Louis VIII continua l'oeuvre de son père contre les Anglais auxquels il enleva l'Aunis, la Saintonge, le Limousin et le Périgord (1224). Il reprit la guerre contre les Albigeois et réunit à la couronne quelques provinces du Midi après la prise d'Avignon. Le 3 novembre 1226, atteint par l'épidémie qui décimait son armée, il mourait à [p. 36] Montpensier, en Auverge, laissant la couronne à un jeune prince de 11 ans, Louis IX, que nous désignerons désormais sous son nom populaire de Saint Louis. Au commencement du règne de Saint Louis, alors que la reine-mère, Blanche de Castille, était régente, le bailli de Caen était Jean des Vignes. En 1228, il tint des assises, où fut ratifiée la donation que Hervé de Courcelles avait faite du patronage de Saint-Germain de Courceulles aux chanoines du Saint-Sépulcre de Caen. Les seigneurs qui se trouvaient à ces assises étaient l'abbé de Caen, l'abbé de Troarn, Raoul de Miroel, Hebert de Tynfreville, Philippe Vernay, Richard de Plumetot, Philippe d'Aigneaux, Osmond d'Arry, Raoul de Rouvencestre, Henri de Loges, Raoul de Guiberville, Henri de Bunosville, Robert d'Aigneaux, Guy de St-Loup, Jean Passe-Leaune, Roger de Corlandam, Richard Mahias, Robert de Sicqueville, Pierre du Fresne et Fouques d'Escoville. (Cartul. sancti sepul., page 4.) En 1236, le sieur de Guesdonnière fonda à Caen le monastère des Cordeliers, que Guillaume de Beleth augmenta considérablement en 1262. (Masseville. Hist. de Normandie, tome III, page 106.) Les Dominicains s'établirent à Caen, en 1240 selon l'abbé de la Rue, en 1245 selon Masseville. (Hist. de Normandie, tome III, page 107.) [p. 37] Le prieuré de l'hôpital de Caen, de l'ordre de Saint-Augustin, fut largement doté par saint Louis (1255). (Hist. de Normandie, tome III, p. 109.) En 1256 saint Louis vint en Normandie. Il mit deux mois à parcourir cette province. Il visita successivement Gisors, Rouen, Pont-Audemer, Caen, Bayeux, Saint-Lô, Carentan, Valognes, Cherbourg, Coutances, Avranches, Mortain, Vire, Domfront, Falaise et Séez. Rien n'arrêtait saint Louis dans l'accomplissement de ses devoirs royaux, ni les fatigues des voyages, ni les difficultés des routes, ni les rigueurs du temps. Il comprenait qu'une sorte de familiarité devait exister entre le roi et son peuple, que le souverain devait vivre au milieu de ses sujets comme un père au milieu de ses enfants. Dans les abbayes, il entrait au réfectoire, s'asseyait à la table des religieux et partageait avec eux leur frugal repas. Au milieu d'eux il oubliait son rang royal ; et il les surpassait tous encore plus par son humilité que par la

grandeur de sa dignité. « Quand le saint Roi allait en Berri ou en Normandie, nous dit le confesseur de la reine Marguerite, il faisait parfois appeler 300 pauvres et les faisait manger et les servait en sa propre personne, et lui aidaient ses ecuyers et chambellans, et il donnait à chacun [p. 38] des pauvres 12 deniers parisis et mettait le pain devant eux et le potage et les chairs et les poissons, selon ce qu'il appartenait au jour. .......... Et il les servait en la présence de ses fils et l'on croit qu'il voulait qu'ils fussent présents pour les former aux oeuvres de piété. » .......... Saint Louis laissait partout où il passait de riches offrandes, confirmant les possessions et les priviléges des hôpitaux, leur assignant des rentes sur ses domaines, ou leur concédant des droits sur les forêts de la couronne. Par une charte expédiée de Condé-sur-Noireau, saint Louis confirma au prieur et aux pauvres de l'Hôtel-Dieu de Bayeux tout ce qu'ils possédaient à titre d'achat, de fondation, aut quovis alio modo justo. Elle est ainsi datée : Datum apud Condetum supra nigram aquam nono die mensis april anno Domini MCC.LVI. (Cartul. Dom. Dei Bajoc.) « Bien des rois, dit Léopold Delisle, ont pu suivre le même usage ; mais nous n'en voyons pas qui l'aient fait avec la foi et la charité dont nous trouvons empreints tous les actes de saint Louis. » Le pauvre ! saint Louis l'aimait doublement avec son cœur de roi et son cœur de chrétien. [p. 39] En 1269, saint Louis vint une seconde fois à Caen ; il était accompagné des princes Philippe, Pierre et Jean, ses fils et du cardinal de Grosparmy légat du pape et garde des sceaux de France. (Le cardinal était né au village de Périers ; il fut successivement chanoine de Bayeux et trésorier de Saint Frambold de Senlis, évêque d'Evreux, cardinal évêque d'Albano (décembre 1261). — V. Une intéressante dissertation de l'abbé Béziers sur la conformité des armes de l'ancienne famille de Grosparmy avec celles de la famille de Mathan. (Chronologie historique des baillis et gouverneurs de Caen, p. 34). Il resta trois jours dans notre ville et logea à l'abbaye Saint-Etienne. Cette même année (1269), il confirmait les privilèges de l'hôpital de Caen. e

Dans un cartulaire du XII siècle, que possède la Bibliothèque de Rouen, on trouve au folio 64 la lettre suivante, adressée par saint Louis « as frères et as povres de l'ospital de Caen. » « Loys, par la grace de Deu, roy de France. Nos fesons à savoir à toz, tant présent que avenir, que noz, au regart de la divine amor, et por le remède de nostre ame et des ames de noble recordation deu Roy Loys nostre père et de la reigne Blanche nostre mère, et de nos autres prédécessours, au Priour, as Frères et as povres de la meson Deu de Caen

[p. 40] avon octroié que iceles choses que eus ont aquis et porsis pesiblement à juste titre d'achat, ou de don, ou en autre quiconque juste manière, puissent tenir et porséer pesiblement en perpetuel, sanz aucune coaction de vendre ou de metre hors de leur main, sauf nostre droit en autres choses et autrui droit en toutes choses. « Et pour que ceste chose demeure ferme et estable en tens avenir, nos avons fet mettre nostre seel en ces e présentes lettres. Ce fu fet en l'abeie de Beaumont, en l'an Nostre Seignor mil II . LX et neof, en mois de marz. » Le commerce de la ville de Caen était alors très florissant. Nous possédions des manufactures d'étoffes de laine, qu'on teignait en rouge et qu'on exportait pour l'Italie. e

Dès le XII siècle, on cultivait la garance dans les terres qui avoisinent la mer. Un historien du XIVe siècle nous apprend que, vers 1260, les dames de Florence étaient habillées de grosse écarlate de Caen. Un an après son voyage à Caen (1270), Saint-Louis mourait de la peste à Tunis, après avoir laissé à son fils des instructions sublimes que l'on peut considérer comme la charte des rois, le Code de la royauté, et qui peuvent s'appliquer à tous les gouvernements. « Chier fils, lui dit-il, la première chose [p. 41] que je te enseigne est que tu mettes tout ton cueur à aimer Dieu....... Aie le cueur piteux et doux aux pauvres gens et les conforte et les ayde ; maintiens les bonnes coutumes dans ton royaume et détruis les mauvaises ; ne grève pas ton peuple d'impôts ni de tailles, si ce n'est par trop grand besoin......... Garde les bonnes villes et les bonnes cités du royaume en l'estat et en la franchise où tes devanciers l'ont gardée..... Garde-toi de mouvoir guerre contre nul homme chrétien, s'il ne t'a trop fortement mesfait.......... Sois, biaux doux fils, diligent d'avoir bons baillis, enquiers-toi souvent de leurs faits et comment ils se contiennent dans leurs offices........... De ceux de ton hostel, enquiers plus souvent que de nuls autres s'ils sont convoiteux ou bobanciers oultre mesure, etc. Voltaire lui-même rend justice aux vertus de saint Louis. Il nous en a laissé ce portrait magistralement écrit : « Il paraissait un prince à rendre la France triomphante et policée et à être en tout le modéle des hommes. Sa piété, qui était celle d'un anachorète, ne lui ota aucune des vertus d'un roi. Une sage économie ne déroba rien à sa libéralité. Il sut accorder une politique profonde avec une justice exacte, et peut-être est-il le seul souverain qui mérite cette louange ; prudent et ferme dans le conseil, [p. 42] intrépide dans les combats sans être emporté, compatissant comme s'il n'avait jamais été que malheureux. Il n'est pas donné à l'homme de porter plus loin la vertu. » [p. 43] CHAPITRE III

PHILIPPE III LE HARDI (1270-1285) — PHILIPPE-LEBEL OU PHILIPPE IV (1285 — 1314) Philippe III. — Vers 1275, fondation du couvent des Carmes et établissement des religieux Croisiers. — Jean Popin, bailli de Caen. Philippe IV. — Déclaration du roi relativement aux châteaux de Normandie (1290). — Gages du capitaine chastèlain. — Procès entre les gens de l'évêque de Bayeux et les bourgeois de Caen, au sujet du privilége dont ces derniers avaient toujours joui, d'élire le prieur de l'Hôtel-Dieu. — Ce privilége, souvent contesté, a toujours été reconnu par la justice. — Arrêt de la cour des grands Jours, tenue à Bayeux (30 décembre 1540). — Ordonnance de Philippe-le-Bel, réduisant l'Echiquier de Normandie à 2 sessions par an à Rouen (1302). — Députés du baillage de Caen à l'Echiquier de 1302. — Robert de la Cigoigne, bailli de Caen. — Affranchissement des serfs. — Guillaume de Gilly. — 1er voyage de Philippe-le-Bel en Normandie et à Caen. — Arrestation des Templiers du baillage de Caen (1307). — Inventaire des biens et meubles des cinq commanderies de ce baillage. Procès-verbal de l'interrogatoire des Templiers du baillage de Caen. — Noms de quelques commandeurs de Malte, de familles [p. 44] normandes, qui succédèrent aux Templiers depuis 1312. — Interdiction des joûtes et des tournois (1308). — 2e voyage de Philippe-le-Bel à Caen (1310). — Mort de Philippe-le-Bel (29 nov. 1314). Saint Louis eut pour successeur son fils aîné, Philippe III le Hardi. Vers 1275, Jean Pillet fonda le couvent des Carmes. Nous voyons plus tard Charles, fils aîné du duc de Normandie, accorder aux frères de Notre-Dame du Carme de Caen « 100 livres tournois de bois pour faire leur refroitoir (réfectoire), lequel est en si povre point qu'on y peut bonnement habiter. "(Gisors, 6 juillet 1357.) Des lettres de Charles, devenu roi de France, datées de Vincennes le 13 juin 1371, portent donation de 100 fr. d'or à ce même couvent « à prendre sur la recette des aides de guerre pour achever ledit réfectoire resté imparfait malgré la précédente donation. (Bibl. nation. Man. Gaignères, no 671.) Vers la même époque (1275), les religieux Croisiers s'établirent à Caen. Parmi ceux qui dotèrent généreusement ce monastère nous remarquons : Jeanne, reine de France, veuve du roi Charles-le-Bel, qui leur donna, le 26 mai 1367, l'emplacement de leur église ; Richard de Bray (1381) ; Jean de Sainte-Marie (1475). (V. les Actes de donation au trésor des [p. 45] e

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Chartes, reg. 38 — reg. 62 , n 422 — reg. 98 , n 646 — reg. 75 , n 136.) En 1279, le mercredi avant la Purification, le bailli de Caen, Jean Popin, ratifia des lettres données par le roi Philippe à Saint-Germain-en-Laie pour la confirmation des biens aumônés aux douze clercs de la chapelle NotreDame de la cathédrale de Bayeux. Philippe-le-Hardi mourut en 1285. Philippe-le-Bel ou Philippe IV monta sur le trône. Il déclara (1290) que les châteaux d'Arques, de Bonneville-sur-Touques, de Caen et de Cherbourg seraient désormais les seuls de Normandie dont les gouverneurs recevraient une rétribution du pouvoir royal. Les autres châteaux furent alors confiés à la garde des vicomtes ou des prévôts et la haute surveillance de ces places devint une attribution des grands baillis. Le gouverneur du château de Caen était autrefois appelé capitaine chastelain ; ses gages furent de 600 l.

tournois jusqu'en l'année 1403, où ils furent réduits par Philippe de France, duc de Bourgogne, à 300 l. tournois en temps de paix et élevés à 1,000 l. tournois en temps de guerre. Ils étaient prélevés sur l'aide de la ville. er o (Matrologe de la ville de Caen, vol. 1 , f 36.) Ceci fut décidé par une ordonnance du duc de Bourgogne à la suite d'un procès entre les échevins et le sire de la Garencière, gouverneur du château, [p. 46] au sujet des gages du chatelain. (Eodem loco.) Le Matrologe de la ville fait mention d'un autre procès qui intervint le mercredi avant la Saint-Vincent en l'année 1295 entre les gens de l'évêque de Bayeux et les bourgeois de Caen. Ces derniers se voyaient contester le privilège dont ils avaient toujours joui d'élire le prieur de l'Hôtel-Dieu et de pourvoir au gouvernement de cette maison ainsi qu'à l'administration de ses biens temporels. Cette affaire d'abord portée en cour de Parlement fut terminée devant l'Echiquier de Normandie qui déclara que les bourgeois possédaient seuls le privilége contesté. Toutefois les gens de l'évêque ne se tinrent pas pour battus et inventèrent une fable ridicule contre le prieur alors en exercice. Une enquête dirigée par le bailli et le vicomte de Caen confondit la calomnie ; le prieur, reconnu innocent du crime honteux qu'on lui imputait, fut maintenu dans la charge dont il avait été investi et ne mérita que des éloges. (Matrologe de la ville de Caen, vol. 1er, fo 15). Les habitants de Caen surent toujours faire reconnaître leurs droits sur l'administration de l'Hôtel-Dieu, dont ils étaient les fondateurs. (Matrol. vol. 1er, fo 14 et fo 67.) En 1343, Philippe VI ayant, par lettres patentes du 23 avril, invité le bailli de Caen à faire admettre en cette maison en qualité de compagnon le sieur Robert Peussolles, prètre, [p. 47] que les prieur, religieux et servants avaient refusé de recevoir, une assemblée de gens de loi et de notables, présidée par le bailli lui-même, délibéra sur l'effet desdites lettres, contesta le droit allégué par le roi. Elle déclara que l'Hôtel-Dieu n'était de fondation royale ni ducale, qu'il avait été édifié et ordonné par les habitants, que le privilége de nommer le prieur et les religieux leur appartenait exclusivement de toute antiquité qu'eux seuls étaient chargés de pourvoir à leur vêture et à leur nourriture, et qu'en conséquence le droit d'admission leur était uniquement réservé. « Pourquoi le bailli prononça au nom desdits bourgeois qu'il n'y avait pas lieu de recevoir ledit Poussoles. (Matrol., vol. 1er fos 15-16.) Nous voyons les habitants de Caen nommer au prieure de l'Hôtel-Dieu en 1437 le frère Eymon Anquetil dans une assemblée générale tenue à l'Hôtel-de-Ville, et présenter le nouveau prieur à l'évêque de Bayeux pour obtenir la collation de son office. (Matrol, vol. 1er, fos 63-64.) A la suite d'une opposition que formèrent les bourgeois de Caen à la nomination par le roi du sieur Ravend Leverrier comme prieur de l'Hôtel-Dieu, un arrêt du grand conseil vint déclarer, le 13 janvier 1555, que les habitants de Caen étaient les fondateurs de l'Hôtel-Dieu et les maintint dans le droit de nommer le prieur de cette maison et de le [p. 48] présenter à la collation de l'évêque de Bayeux. (Matrologé, vol. 1er, fos 173-174.) Notons en dernier lieu un arrêt de la Cour des Grands-Jours tenue à Bayeux, en date du 30 décembre 1540, sur le fait des fondation, administration et forme de régime des églises, abbayes, prieurés, hôpitaux et léproserie du baillage de Caen, comprenant le règlement de l'Hôtel-Dieu de ladite ville, dont voici les principaux articles : — Les comptes d'administration seront rendus par le prieur aux échevins, tous les ans, en l'Hôtel commun de la ville. — Les biens doivent être affermés par les échevins au plus offrant et dernier enchérisseur ; défense est faite

au prieur de s'y immiscer. — Tous les revenus en deniers seront mis dans un coffre fermant à deux clés, dont l'une sera aux mains de l'administrateur élu, et l'autre en celle du plus ancien échevin, lesquels tiendront écriture desdits revenus. — L'état des grains, récoltés par la maison pour la nourriture des religieux et des pauvres malades sera dressé par l'administrateur élu. Les grains seront serrés en grenier pour en faire la distribution toutes les semaines. — Les deniers à Dieu apportés par les gardes des métiers, seront déposés dans un coffre spécial fermé aussi à deux clés, comme ci-dessus, desquels deniers il sera également tenu écritures. [p. 49] — Il sera procédé à la confection d'un double inventaire des meubles, argent, grains et denrées quelconques, existant en ladite maison au 1er janvier 1541. — A défaut de la charte de fondation dudit Hôtel-Dieu, qui a disparu, le nombre des religieux de cette maison est provisoirement fixé à 10, y compris le Prieur qui en a la surveillance et direction. Ils doivent tous vivre en commun, coucher en dortoirs, et ne doivent aucunement sortir de l'Hôtel-Dieu, à moins d'une permission expresse et par écrit, et aussi hors le cas de nécessité absolue ; sinon, ils seront arrêtés et conduits aux prisons de l'Evêque. — Les échevins nomment lesdits religieux et les novices, les pourvoient de vêtements et d'une pension raisonnable pour leur subsistance. — Les religieux éliront un bailli parmi eux, lequel sera chargé des affaires et négoces de ladite maison, de la conservation de ses droits et possessions, ainsi que de la police et ordonnance d'icelle. — Indépendamment des malades reçus audit hôtel, les échevins nourriront une certaine quantité de pauvres, selon les ressources dont ils peuvent disposer tons les ans. Une salle sera spécialement affectée à ces derniers avec tout le confortable nécessaire. — Les couches des malades seront garnies de lits de plume, matelats, traversins et rideaux et de linge nécessaire qui sera [p. 50] blanchi tous les 2 mois, ou plus tôt, si faire se peut. Les pestiférés et autres malades atteints de maladies contagieuses seront traités dans une salle à part. — Des gardiens seront commis à la police de toutes les salles. — Des nourrices seront attachées à cette maison pour allaiter les petits enfants à la mamelle, quand besoin er os sera. (Matrologe, vol. 1 , f 177 à 183.) Revenons à Philippe-Le-Bel. En 1302, il réduisit l'Echiquier de notre province à deux sessions par an qui devaient se tenir à Rouen, la première à l'octave de Pâques, la seconde à l'octave de la Saint-Michel. — L'Echiquier de Normandie était auparavant une sorte de Parlement ambulatoire. On l'assemblait tantôt à Rouen, tantôt à Caen, quelquefois à Falaise ou dans d'autres villes de la province, selon l'ordre du roi. Il avait pour mission de réformer ou de sanctionner les sentences des juridictions inférieures. Le grand sénéchal de Normandie présidait ; le nombre des personnes qui y étaient appelées comme

assesseurs ayant voix délibérative et qui devaient y comparaître sous peine d'amende, était très considérable. L'Echiquier comprenait en effet : 1o Les principaux de la noblesse et du clergé. [p. 51] o

2 Les sept grands baillis de Normandie, c'est-à-dire les baillis de Rouen, de Caux, de Gisors, d'Evreux, de Caen, du Cotentin et d'Alençon. o

3 Les officiers de ces baillages, les avocats et les procureurs. Dans la suite, les rois apportèrent quelques modifications à la composition de cette cour souveraine. Ils députèrent des présidents et des conseillers tant laïques qu'ecclésiastiques et des chevaliers pour être juges Voici comment était réglé l'ordre de la séance : — Les présidents et les autres juges députés étaient sur de hauts siéges. — Les évêques, les abbés, les doyens et les autres ecclésiastiques étaient à la droite des présidents et des députés, sur des siéges de pareille hauteur. — Les comtes, les barons et les seigneurs étaient à la gauche sur de semblables siéges. — Les baillis, les gens du Roy, les vicomtes et autres officiers étaient aux côtés sur des siéges plus bas devant les prélats et les seigneurs. — Et les avocats étaient derrière les officiers, entre leurs siéges et ceux du clergé et de la noblesse. Faisons remarquer qu'en plus des officiers de toutes les juridictions de la province, l'Echiquier comprenait 95 membres du corps du clergé et 75 du corps de la noblesse. Nous ne noterons que ceux du baillage de [p. 52] Caen qui furent appelés à l'Echiquier de 1302. Pour le clergé L'évêque de Bayeux, L'évêque de Séez, L'abbé de Saint-Etienne de Caen, Le doyen de Bayeux, Le doyen de Séez, L'abbé de Troarn, L'abbé de Bellétoile,

L'abbé de Mondaye, L'abbé d'Aulnay, L'abbé de Longues, L'abbé de Fontenay, L'abbé du Val, L'abbé de Saint-Sever, L'abbé de Thorigny, L'abbé de Saint-Pierre-sur-Dives, L'abbé de Saint-Jean de Falaise, L'abbé de Cérisy, L'abbé d'Ardennes, L'abbé de Barbery, Le prieur de Sainte-Barbe-en-Auge, Le prieur de Saint-Vigor. Pour la noblesse Vicomte de Fontenay, Baron de Courcy, Baron d'Annebec, Baron de Tournebu, Baron de la Mothe, Baron de Crespou, Baron de Coulonce, Baron de Thorigny. [p. 53] En 1203, Philippe-le-Bel envoya un commandement daté de Vincennes au bailli de Caen, Robert de la Cigoigne, par rapport aux vivres que le baillage de Caen devait fournir à son armée de Flandres. Vers la même époque, il députait à Caen un de ses conseillers, Guill. de Gilly, avec mission d'affranchir ceux des serfs qui ne l'étaient pas encore et de leur accorder le privilége de bourgeoisie ; le roi lui ordonnait également de permettre aux seigneurs d'affranchir leurs serfs et aux bourgeois de devenir propriétaires de fiefs. (Recueil des Ordonn. Tome 1er, page 392.) Quelques années plus tard (1307), Philippe-le-Bel parcourut une partie de son royaume et surtout la

Normandie. Son itinéraire, écrit sur des tablettes de cire nous fait connaître exactement ses journées de marche en Normandie ; on y voit que le 12 mars 1307 le roi était à Caen et qu'il y passa deux jours. Il était : Le 1er mars à Briouze ; Le 2 à Meslay. Le 3 au Tilleul. Le 7 à Avranches. Le 8 au Mont Saint-Michel, après avoir passé par Beuvron et Savigny. Le 9 à Bonfonsé, Gavray et Cerisy. Le 10 à Bayeux. Le 12 et le 13 à Caen. Le 14 à Falaise, etc. [p. 54] Cette même année (1307), les templiers du baillage de Caen furent arrêtés et un inventaire de leurs biens fut dressé. Cet ordre religieux et militaire s'était formé à l'époque de la Croisade de Saint-Bernard pour la garde du Saint Temple. « Ils vivaient, nous dit saint Bernard, sans avoir rien en propre, pas même la volonté. Vêtus simplement, n'ayant de parures que leurs armes, couverts de poussière, le visage brûlé par le soleil, le regard fier et sévère, armés pour les combats de foi du dedans, de fer au dehors. » Le roi Henri II leur donna, en 1199, une rente pour tenir un chapitre tous les ans en Normandie ; cette donation o fut, plus tard, confirmée par des lettres patentes du Roi Jean. (Ex rotul. 1 anno Joannis regis.) Forcés en 1305 de revenir en France, ils rapportèrent de Palestine des richesses immenses. Le trésor de l'ordre était renfermé dans la maison du Temple, à Paris, forteresse inaccessible au Roi lui-même sans la permission du Grand Maître. Les statuts primitifs avaient été singulièrement modifiés ; les vœux de chasteté et de pauvreté n'étaient plus observés par beaucoup d'entr'eux et l'inaction avait engendré bien des vices dans les commanderies. Une réforme de l'ordre eût été nécessaire, mais non une destruction ; car le templier était d'une bravoure à toute épreuve, jamais [p. 55] on ne le vit reculer devant trois ennemis ; il savait mourir en héros. Philippe-le-Bel se montra d'abord favorable à ces braves chevaliers et leur accorda de nombreux priviléges.

Mais bientôt leur puissance l'effraya. Il les accusa de crimes odieux, les fit arrêter. On sait le reste. Nous ne nous préoccuperons que du procès des templiers du baillage de Caen. Au moment de leur arrestation (13 oct. 1307), ils y possédaient cinq commanderies : 1o Celle de Baugy ; 2o celle de Voismer ; 3o celle de Bretteville-le-Rabel ; 4o celle de Courval ; 5o celle de Louvagny (près Argestan.) Des inventaires de leurs biens furent dressés. Les voici en résumé : o

1 INVENTAIRE de la maison de Baugie fait par Jean de Verretot, bailli de Caen, le vendredi après la SaintMichel 1307, présence du frère Aubin Langlois, commandeur dudit lieu et des frères Raoul de Pérouse et Guill. le Raure, ses compagnons, et de 5 sergents du roi dénommés audit inventaire (Voir 1er carton des Templiers au o trésor des Chartes, n 29.) Dans la chapelle 1 calice, 1 missel et 1 ornement pour dire la messe. 14 vaches. 5 genisses. [p. 56] 2 bœufs. 100 moutons. 190 brebis. 105 porcs. 8 juments. 11 poulains. Le cheval du commandeur. 16 tonneaux et demi de vin. o

2 INVENTAIRE de la maison de Bretteville l'Arrabel dressé par Gautier de Boisgilont, chev., vicomte de Caen, le vendredi après la Saint-Denis (18 nov. 1307), présence de frère Mathieu Renauld, commandeur du lieu, et des deux frères Geffroy Hervieu et Jean Challet, ses compagnons. (1er Carlon des Templiers au trésor des Chartes, o n 29.) 6 chevaux, 7 poulains et 1 palefroy. 253 moutons. 120 brebis. 180 agneaux. 40 porcs qui estoient dans la forêt jouxte Cerisy,

8 pipes de vin et 1 tonnel de vin d'Argences. 2 bessières de vin et une de cidre. 3o INVENTAIRE de la commanderie de Voismer, fait par Jean du Chastel, du commandement de Hugues du Chastel, cheval, et dudit vicomte de Caen, le vendredy après la Saint-Denis 1307, présence de Germain de Mutrécy, Guill. de Fontenay, Robert d'Urville, [p. 57] escuyer, et Roger Chopin de Cerny, et autres. 14 vaches, 210 moutons et brebis, 3 pipes et 1 gros tonnel de vin d'Argences, 2 tonneaux de gros cidre et une demi-pipe de petit cidre. (Ibid.) 4o INVENTAIRE de la maison de Courval, dressé le vendredi après la Saint-Denis 1307, par Thomas à la penne, clerc de la viconté de Caen, présence de frère Estienne de Neufchastel, commandeur du lieu, de frères Richard Bellenguel et Guill. Tane, ses compagnons, et de Thomas Caruel, lieut. du vic. de Vire. Une pipe de cidre novel, une bessière de vin d'Anjou vieil et 60 porcs qui étaient à pâturer dans les bois de la lande pourrie (landa putrida). Le procès-verbal de l'interrogatoire des Templiers du baillage de Caen nous a été conservé. On peut le trouver au no 20 du 1o carton des Templiers au trésor des Chartes. On lit dans ce procès-verbal : « Ladite examination fut faite en la salle du petit chastel de Caen par nous frère Robert Hérichon, sous prieur, Michel Chouquet, lectore, Roger d'Argences et Jean de Maigny de l'ordre des frères prêcheurs du Couvent de Caen et par nous Hugues de Chastel et Enguerran de Villers, chevaliers de nostre sire le roy, et de luy à ce députés, présence de M. Richard [p. 58] de Bretteville, chevalier, maitre Robert de Caudebec, chanoine du Saint-Sépulcre et clerc du roy, Jean, chapelain dudit Mons. Hugues du Chastel, Jean du Chastel, Raoul Gloy, Henry Campion, Thomas de Tilie, clerc de la vicomté de Caen, Guill. Marie, clerc et Richard le Tambeour, sergent du roy. » Les articles sur lesquels les chevaliers du temple furent interrogés « sont ceux qui ensuivent as savoir si ceux qui sont premièrement receu requiérent le pain et l'eaue, et puis le commandeour qui le receoit le mène derrière l'autel ou en revestiaire, ou ailleurs en secret, et li monstre la croix et la figure de Nostre Seignor Jeshu Crist, et li fait renier le prophète, c'est assavoir Jeshu Crist, et par trois fois crachier sur la croix, puis le fait despoillier de sa robe etc.... « Si ceint l'un chacun quand il est receus d'une cordèle sur leur chemise il la doit toujours porter sur soi tant comme il vivra, et entend que ces cordèles ont été touchies et mises autour d'une ydole qui est en forme d'une teste d'ome a une grant barbe, la quele teste ils baisent en leur chapitre provincialx... si les prêtres de l'ordre ne sacrent pas sur l'autel le corps de Nostre Seignor Jeshu Crist. » Le procès-verbal continue ainsi : « Et pour ce que nous ne povions traire vérité desdits templiers sur les erreurs contenues ès dits articles, jà soit que ils avaient [p. 59] juré par deux fois et esté examinés le plus diligemment que nous povions, Nous pour ce que lesdits templiers

avaient tous mis en nie, leurs monstrâmes singulièrement, et à chascun pour soi, plusours raisons et plusours voies par quoy eus povaient avoir sauvement de corps et d'âme, si eux volaient vérité recognoistre et soi repentir des erreurs, et retourner à la foy et unité de Sainte-Eglise et comme Sainte-Eglise recevoit ceus qui avoient erré. Et nous Hugues Enguerran, chevalier susdis, leur promit aquitier toute peine temporel dont nostre seigneur le Roy les porroit punir et mesme leur dismes et monstrâmes comme il estoit chose notoire et manifeste que la graignor partie des templiers du royaume de France avaient cogneu et confessé les erreurs........ Et ce fait nous allâmes à l'examen sur les dis articles et oismes lesdis templiers singulièrement l'un après l'autre et déposèrent sur lesdis articles en la manière que il appert par leur deposition ci-dedans escriptes. Frère Gautier de Bulleus, cheval. de l'évesché d'Amiens, compagnon de la maison du Temple de Vaumer, receu et vestu à Paris par frêre Hugues de Perraut, cheval., si comme il disait, qui avait juré par 2 fois et esté examiné diligemment sur lesdits articles, lesquieux il avait tous mis en nie, requis, demandé et examiné de rechef sur lesdits articles, cognut et confessa toutes les erreurs, excepté l'ydole, fait a forme d'une [p. 60] teste, lequel il disoit que il n'avait oncques veu ne aouré, ni rien n'en savait ; et du sacrement de l'autel disoit que il croyoit que les chapelains du Temple sacroient le corps de Nostre Seigneur sur l'autel comme bons chrestiens, et est bien vrai qu'il avait autrefois confessé que il avait esté chaint, quand il fut vestu, d'une cordèle sur sa chemise en signe de chastée, et disoit qu'il ne savait que elle eut touchié à l'ydole, et des erreurs qu'il confessait se repentoit et retornoit à la foy et à l'unité de Sainte Eglise, et requerroit de nous, sous-prieur, lectour, Roger et Jean dessus dis, la miséricorde de Sainte Eglise, et à nous lesdits Hugues et Enguerran remission de peine temporel ; lesquiez choses li furent de nous otriées. Pierre-Macieu Renault, commandeour de la maison du Temple de Bretteville-la-Rabel, rechu et vestu par frère Philippe, commandeur de Renneville, à présent de Saint-Evaubourg. Frère Estienne de Noefchastel, commandeur de la maison du Temple de Courval, receu à Saint-Etienne-deRenneville — par frère Girard de Villers, commandeour de France. Frère Geffroy Hervieu, receu à Bretteville-l'Arrabel par ledit frère Philippe. Frère Jean Challet, compaignon à Bretteville, receu à Barbone par frére Robert, commandeour de Barbone. Frère Guill. le Raure, compaignon de [p. 61] Baugie, receu à Fontaines par frère Guill. d'Estrées, commandeour du lieu. Frère Richard Bellenguel, compaignon à Courval, receu à Burgent par frère Amédée, commandeour de Normandie. Frère Guill. Tane, compaignon de Courval, receu à Renneville par ledit frère Philippe. Frère Henry des Rotours, compaignon à Voymer, receu à Renneville par ledit frère Philippe. Frère Aubin Lauglois, commandeour de Baugie, receu à Renneville par ledit frère Philippe. Frère Christophe de Louviers, compaignon de Voymer, receu à Renneville par ledit frère Amédée. Frère Raoul de Pérouse, compaignon à Baugie, receu à Dole en Bourgogne, par frère Richard de Boutencourt, alors commandeour de Bourgogne et à présent de Gastineis. Lesquieux avaient juré par 2 fois et esté examinés diligement sur lesdis articles, lesquieux eus avaient nié à plein, requis, demandés et examinés chascun pour soi derechief, cognurent et confessièrent les erreurs contenues ès dis articles en la forme et en la manière que le dit frère Gautier, se confessoient et repentoient si comme ils disoient et retornoient à l'unité de Sainte Eglise, se requérant à nous frères precheurs susdis pour la

miséricorde de Sainte Eglise et à nous Hugues et Enguerran pour la rémission de [p. 62] peine temporel, lesquiez chose leur furent otriées. Frère Guy Pasnée ou Pasnaye de la maison du Temple de Louvagny, tout soul, receu et vestu par frère Richard de Villers, lors commandeour de France, lequel avoit esté juré par 2 fois et esté examiné diligemment sur lesdis articles, mis en géhine le samedy dessus dit, en laquelle géhine ne voulut rien confesser, en landemain requis, demandé et examiné sur lesdis articles confessa les erreurs en la manière que il avoient esté confessé des autres, requérant à nous miséricorde et remission temporel ; laquelle chose lui fut otriée. Scellé de 6 sceaux, scavoir 4 des frères prêcheurs et 2 des deux chevaliers. » Aucun templier ne fut brûlé dans le grand baillage de Caen. L'anonyme de Caen parle d'un poète caennais qui composa des vers latins sur la ruine des templiers : « Templarii et eorum religio damnati sunt anno Domini MCCCVII. De hoc poeta cadomensis, famosissimus grammaticus, versificavit. » (Manuser. de la bibl. nat.. no 4942. Fragment publié dans les historiens de France, tome XXII, page 21 à 26.) Parmi les commandeurs de Malte qui succédèrent aux templiers depuis 1312, nous remarquons : Paul de Caen, commandeur de Bretteville, et procureur de Saint-Jean de Jérusalem 1318. [p. 63] Paul de Bray, commandeur de Bretteville le Rabel et de Voismer en 1325. Nicole de Bar, commandeur de Bretteville le Rabel 1414. Nicole de Moustier, commandant de Bretteville le Rabel 1417. Jean Doublet, commandeur de Bretteville le Rabel et de Voismer 1474. Philippe-le Bel, désolé de voir tant de ses nobles chevaliers trouver la mort dans les joûtes et les tournois, ordonna au grand bailli de Caen de supprimer ces jeux dans toute l'étendue de sa juridiction (1308). Quiconque commettait une infraction à l'ordonnance royale devait être arrêté ; ses biens, ses chevaux, ses armes, ses bagages devaient être saisis et ses terres confisquées. Philippus Dei gratia, etc...... « Ballivo Cadomi, salutem. Cum justas et torneamenta certis de causis interdixevimus, quamdiu nostræ placuerit voluntati ; mandamus tibi et injungimus quatenus visis præsentibus statutis, sine aliqua dilatione, ex parte nostra preconisari per totam tuam Balliviam publice, et inhiberi facias districte, ne quis nobilis vel alius cujuscumque status aut conditionis existat, post inhibitionem prædictam, justas et torneamenta facere prœsumat sub pœna corporis et bonorum ; quod si contra edictum nostrum secus actum fuerit ; inobedientis quoscunque scire poterit et contrarium facientes, capi facias cum equis et ernesiis et universis terris et bonis eorum ad manum nostram teneri donec a [p. 64] nobis super hoc aliud mandatum receperis Actum parisiis die XXI Augusti 1308. » o

(Manuscr. de Colbert, vol. 6, f 109.) Philippe-le-Bel vint une seconde fois à Caen, en 1310 ; il y expédia une charte de concession en faveur des lépreux de Sainte-Catherine de Bayeux, auxquels il donna l'autorisation de prendre chaque jour une certaine quantité de bois dans la forêt de Bur-le-Roi.

quantité de bois dans la forêt de Bur-le-Roi. Il mourut à Fontainebleau, le vendredi 29 novembre 1314, à l'âge de 46 ans, après 30 ans de règne. Nous aurions pu donner à nos lecteurs de plus amples détails sur l'histoire de la ville de Caen à cette époque, si malheureusement nos archives municipales n'avaient perdu un livre d'une grande valeur historique écrit sous le règne de Philippe-le-Bel, et dont il est parlé dans le volume 1er du Matrologe de notre ville : « Le dimanche de la Nostre-Dame d'août 1364, les notables bourgeois de la ville réunis par convocation du bailli comparurent devant lui et le vicomte de Caen, lesquels leur montrèrent un livre écrit et mercié de mains de plusieurs tabellions jurés en ladite ville, qui pièce morts estoient et dont il est vraye connaissance, faict et escript audit tenps du roi er o Philippe-le-Bel, que Dieu absoille. (Matrologe de la ville de Caen. Vol. 1 , f 2.) « Ce livre, dit M. Boisguillot, ancien conservateur des archives, dans sa table analytique du Matrologe de la ville, faite en 1859, [p. 65] ce livre, qu'une main peu délicate a fait disparaître de nos archives, contenait l'énumération des priviléges que possédait alors la ville, des ordonnances et règlements de police locale, des chartes très curieuses et quelques importantes relations historiques dont la perte est des plus regrettables. » [p. 66]

[p. 67] CHAPITRE IV

LOUIS X LE HUTIN (1314-1316). — PHILIPPE-LELONG (1316-1322). — CHARLES IV (1322-1328). — PHILIPPE VI DE VALOIS (1328-1350). Charte des Normands (1315). — Etats généraux de 1316 et de 1317 tenus à Paris. — Procès de Nicolas Naguet, vicomte de Caen (1325). — Edouard III, roi d'Angleterre, fait hommage à Philippe VI pour son duché d'Aquitaine (6 juin 1329). — Déclaration de guerre à la France (21 août 1337). — Bataille de l'Ecluse. — Querelle entre les seigneurs normands qui prétendaient à la main de Jeanne Bacon. — Geoffroy d'Harcourt est banni du royaume. — Sa trahison. — L'armée anglaise devant la ville de Caen (1346). — Le comte d'Eu et le sire de Tancarville. — Sortie des bourgeois. — Leur déroute. — Ils se défendent énergiquement dans la ville. — Prise et pillage de la ville par les Anglais — Bataille de Crécy (26 août (1346). — Requête des habitants de Caen au Roi pour la réparation du château. — La Tour au Massacre. — Enquesteurs royaux — Mort de Philippe VI (1350). Supplément. — Noms des gentilshommes qui étaient sous les ordres de Robert Bertran, sire de Fauguernon, capitaine général des côtes de Normandie (1340). [p. 68] Sous le règne de Louis X le Hutin, en 1315, fut dressée la fameuse charte dite charte des Normands. Cette charte reconnaissait la justice des réclamations des Normands contre les impôts abusifs dont ils avaient été accablés depuis la mort de saint Louis. Un article reconnaissait l'Echiquier comme cour souveraine et indépendante. En 1316 et 1317, sous le règne de Philippe-le-Long, se tint à Paris l'assemblée des Etats généraux qui reconnut solennellement que d'après la loi salique la couronne de France ne pouvait être portée par les femmes. La couronne de France était trop noble pour tomber de lance en quenouille. La ville de Caen y fut représentée par quatre députés. Les députés de la noblesse du baillage étaient le sire de Tilly, le sire de Creully, et Robert de Récusson, grand

bailli de Caen. Robert de Récusson comptait parmi ses ancêtres Jehan de Récusson qui accompagna, en 1096, Robert Courte-Heuse en Terre-Sainte. Le 21 avril 1317, il reçut des lettres de Philippe-le-Long portant établissement de capitaines dans les villes de son royaume (Recueil des Ordonnances, tome Ier, page 636). Au mois de novembre 1325, parurent des lettres patentes du roi Charles IV datées de Paris, confirmant quoddam judicium Ballivi Cadomensis pro Nicolao Naguet, vice-comite Cadomi, homicidii crimine accusato. [p. 69] On trouve le jugement du bailli inséré dans les lettres patentes. On y voit : 1o Que ledit Naguet fut accusé par le bruit public d'avoir frappé Jean Pasquier, de Marigny, le jeudy que l'on délivrait les démembrés. 2o Que d'après le bruit public ledit vicomte se présenta en l'assise de Caen, devant le bailli qui était assisté de Messieurs Richard de Breteville, Guillaume de Cairon, Jean de Feuguerolles, Nicolle du Ponteaudemer et Guillaume Guichart, chevaliers. 3o Que ledit vicomte déclara n'être pas coupable de la mort dudit Pasquier, mais que pour écarter tout soupçon, il demandait en justice d'être déclaré suspens de son office et constitué prisonnier au château de Caen. 4o Que le bailly et les chevaliers de son conseil susdit lui accordèrent sa demande et ordonnèrent que les témoins seraient assignés par un sergent de la ville de Bayeux, pour écarter tout soupçon sur les sergents de Caen. 5o Que les témoins furent assignés par une proclamation tant pour venir accuser que pour venir défendre, qu'ils furent tous entendus en l'assise, le lundi après la Saint-Clair 1325, à Caen. 6o Que le bailli, dans cette affaire, était assisté de Robert Récuchon, Galeran de Meulent, Nicolas de Ponteaudemer, Hue de Luc, Richard de Breteville, Richard de Brione, Guillaume de Lisle, Guillaume Guichart et [p. 70] Jean de Feuguerolles ; que tous ces chevaliers, après avoir entendu les témoins, furent interrogés par le bailli sur le fait et qu'ils déclarèrent tous par serment que ledit Pasquier était mort de mort naturelle et que ledit vicomte était innocent. 7o Enfin qu'après ladite déclaration, le bailly, de l'avis des gens du Roy, déclara ledit vicomte n'être point coupable et le rétablit dans son état et liberté. (Trésor des Chartes reg. 62, no 496.) Philippe VI de Valois monta sur le trône en 1328. Ce règne est fécond en événements qui intéressent l'histoire de notre ville, parce qu'elle fut le premier théâtre de la lutte entre la France et l'Angleterre connue sous le nom de guerre de Cent ans. Le 6 juin de l'année 1329, c'était grande fête à la cour du roi de France ! Le roi d'Angleterre Edouard III faisait hommage à Philippe pour son duché d'Aquitaine. La cérémonie se passait à Amiens, avec un éclat digne des plus beaux temps de la chevalerie féodale. Edouard quitta la cour de France émerveillé des réjouissances qui avaient été données en son honneur, mais l'âme profondément blessée par le serment d'hommage qu'il avait dû prêter.

Et pourquoi donc ne serait-il pas roi de France ? [p. 71] Si Philippe de Valois était petit-fils de Philippe le Hardi, lui, il était petit-fils de Philippe le Bel par sa mère Isabelle ! Il avait été décidé, il est vrai, que les héritiers par les femmes étaient inhabiles à succéder. Mais quel est le jugement que les armes ne peuvent réformer ? Le 21 août 1337, le Roi d'Angleterre faisait publier à Rochester une déclaration de guerre à la France. Le 7 octobre, dans un Parlement assemblé à Westminster, il revendiquait solennellement son droit à la couronne de France. Puis il s'empara de toutes les propriétés que les abbayes françaises possédaient en Angleterre. « Considérant, disait-il, que le roi de France ayant rassemblé une armée considérable et équipé de nombreux vaisseaux, se disposait à envahir son royaume et avait déjà tenté de s'emparer de ses îles de Jersey et de Guernesey ; qu'il avait fait attaquer le duché d'Aquitaine pour essayer d'en dépouiller son légitime souverain ; que des Français avaient porté sur divers points de l'Angleterre l'incendie, le meurtre et le ravage », il ordonnait que les terres, tenures, bénéfices, immeubles et meubles appartenant au roi de France ou à ses sujets en Angleterre et en Ecosse fussent saisis. Chevaux, bestiaux, vases d'or ou d'argent devaient être remis en sa main ; les moines ne devaient conserver que ce qui [p. 72] était nécessaire pour soutenir leur vie. (Rationabili sustentatione sua.) (Gough. Account of the alien priories.) La guerre s'ouvrit par la bataille navale de l'Ecluse, où les Français furent vaincus. Mais Edouard III, après avoir assiégé inutilement Tournai, conclut une trève d'un an, pour aller soutenir ses partisans en Ecosse. On sait qu'avant l'expiration de la trève la guerre recommença au sujet de la succession de Bretagne. La querelle survenue entre les seigneurs normands qui prétendaient à la main de Jeanne Bacon, la plus riche héritière du temps, querelle qui devint malheureusement une question d'Etat, poussa à son comble le mécontentement des esprits, et fut la cause de la trahison de Geoffroy d'Harcourt, de la descente des Anglais en Normandie et de l'écrasement de la France à Crécy. Le roi, en effet, voulut intervenir comme médiateur entre les parties. Les chefs des familles rivales furent sommés de comparaître devant le Parlement qui devait, après les avoir entendus, prononcer sur la contestation. Geoffroy d'Harcourt, qui soutenait que Jeanne Bacon avait été promise à son neveu par Roger Bacon, refusa de comparaître et s'en alla assiéger le château de Neuilly-l'Evêque, qui appartenait à Guillaume Bertrand, évêque de Bayeux. Guillaume était l'oncle de Robert Bertrand, l'un des prétendants à la main de la noble héritière. [p. 73] Geoffroy d'Harcourt fut banni du royaume et ses biens furent confisqués. L'arrét du bannissement est du 15 o o juillet 1344. (Archic. nat., sect. jud. X 8887, f 204, v .) L. Delisle. Hist. du château et des sires de Saint-Sauveurle-Vicomte, page 56.) — Il se réfugia d'abord en Brabant auprès du duc Jean, son cousin. L'exil de Geoffroi semble avoir commencé, au plus tard, en 1343, comme le prouve une charte originale donnée au château d'Aerschot, le 6 mai de cette année.

Plus tard il passa en Angleterre où il fit hommage à Edouard III qui l'accueillit favorablement. « Et le retint tantost li rois de son hostel et de son conseil, et assigna belle terre et grande en Engleterre, pour lui et pour son estat tenir et parmaintenir bien et estoffeement. » er

(Chr. de Froissard publiée par Siméon Luce. Liv. 1 , page 129.) C'est au commencement de l'année 1345 que Geoffroy d'Harcourt dut se rendre à la cour d'Angleterre ; car les lettres patentes par lesquelles Edouard III le prend sous sa protection sont du 13 juin de cette année. (Rymer, Fœdera, vol. III, page 44). Edouard III entreprit de passer la mer avec une nombreuse armée pour arrêter les progrès des Français et les forcer de lever le siége d'Aiguillon. Nous savons, par une lettre du roi d'Angleterre, [p. 74] en date du 6 mai 1346, que le duc de Lencastre luttait en Guyenne contre des forces supérieures « magnum et superimmensum exercitum » ; il annonçait qu'il allait partir à la tête d'une armée pour porter secours à son lieutenant. (Rymer, Fœdera, vol. III, p. 81.) Il s'embarqua vers la Saint-Jean à Portchester, village du comté de Southampton, situé sur la côte septentrionale du hâvre de Portsmouth, en compagnie du prince de Galles, son fils aîné, et de Geoffroi d'Harcourt. (Rymer, p. 83 à 85.) Parmi les seigneurs qui accompagnaient le roi, nous nommerons les comtes de Herfort, de Norenton, de Cornuaille, de Warvich, le baron de Mortemer, les sires de Montbray, de Ros, de Sulli, de Pennebruge, le comte de Haynau, messire Oulphars de Ghistelles. (Chroniques de Froissart, publiées par Siméon Luce, liv. IV, page 130). Le 2 juillet au soir, Edouard III était à l'île de Wight. Mais les vents contraires le repoussèrent sur la côte d'Angleterre. La flotte était revenue à son point de départ le 10 juillet, comme l'atteste une charte datée de ce jour et donnée par Edouard III en pleine mer, en vue de l'île de Wight. (Rymer fœdera, tome III, page 85.) Geoffroy d'Harcourt, que M. de Chateaubriand a flétri en termes si éloquents (Etudes et discours historiques, tome IV, pages [p. 75] 51-52.) profita de cette circonstance pour déterminer le Roi d'Angleterre et débarquer dans le Cotentin. « Et dist bien adonc au roy li dis messires Godefrois : Sire li pays de Normendie est li uns des plus gras dou monde. Et vous promés, sus l'abandon de ma tête, que si vous arrivés la, vous y prenderés terre à vostre volonté ; ne jà nulz ne vous veura au devant qui rien vous dure, car ce sont gens en Normendie qui onques ne furent armé. Et toute la fleur de la chevalerie, qui y poet estre, gist maintenant devant Aguillon avec le duc. Et trouverés en Normendie grosses villes baties, qui point ne sont fremées, où vos gentz auront si grand pourfit qu'il en vauderont mieulz vingt ans ensievant. Et vous pora vostre navie sievir jusque bien priés de Ken en Normendie. Si vous pri que je soie oys et crus de ce voiage. » (Chr. de Froissart, liv. IV, page 131.) « Le roi d'Engleterre qui pour le temps de lors estait en la fleur de sa jonèce et qui ne désirait lors à trouver les armes et ses ennemis, s'inclina de grant volenté as parolles de Monsigneur Godefroy de Harcourt qu'il appeloit son cousin. » Le 12 juillet, le roi débarquait à Saint-Waast-de-la-Hougue. Edouard III trouva à Saint-Waast onze navires dont

huit étaient [p. 76] munis de châteaux devant et derrière et les brûla. Il se tint six jours en cet endroit, depuis le mercredi 12 jusqu'au mardi 18 juillet. Ce temps fut employé à reposer les troupes, à débarquer les chevaux et à cuire du pain pour l'armée. (Hist. d'Edouard III, par Robert d'Avesbury, éd. de 1720, pages 123 et 124. Lettre de Michel de Northbury, secrétaire du roi Edouard III). Pendant que l'armée anglaise campait à Saint-Vaast, une partie de la flotte se rendit, le vendredi 14 juillet, devant Barfleur. Les habitants avaient pris la fuite ; les Anglais mirent le feu à 9 navires munis de châteaux et à un certain nombre de petits bateaux. (Hist. Ed. III, page 124). D'après Michel de Northbury (page 127), ce fut la flotte anglaise et non l'armée de terre qui, après la prise de Barfleur, alla brûler la ville et l'abbaye de Cherbourg. Froissard nous apprend (p. 134 et 135) que les Anglais ne purent s'emparer du château de Cherbourg. Le mardi 18 juillet, Edouard III partit de Saint-Vaast pour aller à Valognes, où il passa la nuit. Geoffroy d'Harcourt était le « conduiseur de toute son kost pourtant qu'il savait les issues et entrées en Normendie. » A la tête de 500 hommes d'armes et de 2,000 archers, il s'éloignait quelquefois du roi pour aller brûler (arder) le pays à cinq ou six lieues à la ronde ; le soir, il le rejoignait. [p. 77] « Si trouvèrent le pays gras et plentiveus de toutes coses ; de les gragnes plainnes de blés, les maisons plainnes de toutes rikèces, riches bourgeois, chars, charètes et chevaux, pourciaus, brebis et moutons et les plus biaus bues dou monde que on nourrist ens ce pays. » Le 19 après une journée de marche il arriva le soir au pont d'Ouve, que les habitants de Carentan avaient détruit. Edouard le fit reconstruire pendant la nuit et le jeudi 20 juillet il entra à Carentan où il s'approvisionna. Une partie de la ville fut livrée aux flammes. Il quitta Carentan le 21 juillet (Robert d'Avesbury, pages 124 et 125), traversa la Vire et, le lendemain 22, vint camper près de Saint-Lô. Les habitants de la ville avaient commencé à se mettre en défense, mais les gens d'armes qu'il y avait réunis quittèrent la place à l'approche des Anglais. Ceux-ci entrèrent dans Saint-Lo et y trouvèrent 1,000 tonneaux de vin (ce qui pour eux était la première richesse.) De Saint-Lo les Anglais se dirigèrent vers Caen. Il leur fallut trois jours de marche pour venir de Saint-Lo jusqu'à notre ville. Les Anglais arrivèrent devant Caen le mercredi 26 juillet 1346, a 3 heures du soir. « Caame, dit Michel de Northbury, est ville plus grosse que nulle ville d'Engleterre, [p. 78] horspris Loundres. (Robert d'Avesbury. — Hist. d'Edouard III, p. 126 et 127.) « Notre ville était alors, dit Froissard, grosse et forte, plainne de très grande rikèse, de draperie et de toutes marchandises, de riches bourgeois et de nobles dames et de moult belles églises... A l'un des costez, un chastel,

marchandises, de riches bourgeois et de nobles dames et de moult belles églises... A l'un des costez, un chastel, qui est un des plus biaus de Normendie. » Cependant la flotte qui avait suivi les mouvements du roi d'Angleterre vint jeter l'ancre à Oyestreham. Edouard avait établi son camp dans les plaines d'Ardennes, de Couvrechef et d'Hérouville. L'armée anglaise était composée de 160 chevaliers bannerets, 640 bacheliers, 3,200 chevaliers et 4,000 hommes de pied. (Rymer, acta et Fœdera, tome II, page 196 et 197.) La ville de Caen proprement dite était défendue par les bourgeois et un certain nombre d'hommes d'armes, commandés par le comte d'Eu, connétable de France, et par le sire de Tancarville. (C'est à tort que Froissard dans ses chroniques, et qu'après lui l'abbé de la Rue dans ses Annales, et M. Hippeau dans son histoire de l'abbaye de Saint-Étienne, appellent ce dernier personnage comte de Tancarville. Jean, sire de Tancarville, vicomte de Melun, ne fut, en effet, créé comte que le 4 février 1352, par le roi Jean. — Arch. nation. J. J., [p. 79] o

81, page 85, f 101. — A la bataille de Poitiers, le comte de Tancarville combattit aux côtés du roi Jean. Il fut fait prisonnier et emmené en Angleterre avec ses deux fils. Il y resta 4 ans. « Quietatio prisonarium captorum apud bellum de Poictiers, videlicet... Comitem de Tancarvil (Rôles normands, part. II, page 78. — V. dans la Revue Anglo-Normande, tome II, page 51, un article signé A. Deville, sur les Sires de Tancarville.) Le capitaine du château, Robert de Warignies, avait sous ses ordres une garnison de 300 génois. Le comte d'Eu et le sire de Tancarville commencèrent par diriger un grand nombre de femmes et d'enfants vers Falaise ; d'autres se réfugièrent dans l'Ile Saint-Jean ; les dames d'un rang plus élevé reçurent asile au château ; c'est là que se retira aussi l'évêque de Bayeux, Guillaume Bertrand, et son frère, le maréchal sire de Briquebec. Le lendemain jeudi, on délibéra sur le parti à prendre et sur les moyens de défense. Le comte d'Eu et le sire de Tancarville sont d'avis d'abandonner une partie de la ville et de se fortifier de l'autre côté de la rivière ; là, les bourgeois attendraient l'ennemi. On se prépare au combat, défense est faite aux hommes de sortir de la ville. Ordre est donné de garder les portes et les ponts. Les faubourgs des deux abbayes sont évacués ; [p. 80] déjà les moines de l'abbaye de Saint-Etienne avaient quitté leur monastère bien qu'il fut entouré de murs crénelés et bastillés. « Abbey si noble comme il peut estre, lisons-nous dans Michel de Northbury, où William le Conqueroor gist, et est fermé de murs bataillés grantz et fortz, en quele abbey nulle homme n'estoit. » Les bourgeois avaient une si grande confiance dans leur valeur qu'ils voulurent marcher en avant pour détruire l'Anglais dans la campagne. « Quand le connétable connut leur volonté : se soit au nom de Dieu, dit-il, vous ne combattrez pas sans moi. » Ils sortirent donc de la ville et se préparèrent à bien combattre le roi d'Angleterre Les Anglais se levèrent grand matin ; le roy, au soleil levant, entendit la messe, puis monta à cheval

accompagné du prince son fils. Quand les bourgeois de Caen virent les bannières des Anglais « qui venaient en trois batailles drut et sieret » et les canons et les archers, ils s'enfuirent au plus vite, malgré les efforts du connétable et des hommes d'armes. « Et tombaient à mons l'un sus l'autre, tant estaient-il fort enhidé. » « Adoncques les Anglais les poursuyvirent aigrement. » [p. 81] Les bourgeois se réfugièrent dans la ville et dans le château ; mais les Anglais eurent le temps d'en faire « moult grande occision. » Dès lors, la résistance devient énergique ; le fort de combat eut lieu au passage du bras de l'Orne le plus rapproché du château et à l'assaut de l'ancien pont Saint-Pierre. M. de Bras ne rend pas justice aux bourgeois qui se défendirent dans la ville avec intrépidité, le premier mouvement de frayeur une fois passé. Il a d'ailleurs emprunté son récit à Froissard, qui a suivi lui-même l'erreur du chanoine liégeois Jean le Bel. (Chron. 7. II. pages 72 et 73.) Les documents des chroniqueurs anglais nous permettent de rectifier facilement les récits de Jean le Bel et de Froissard. « Nos gens, dit Michel de Northbury, avaient mult affeare et les Franceys défendirent ledit pount fortement et eux portèrent mult bien... » (Hist. Edouard III, page 126.) Michel de Northbury ne parle pas de la sortie des gens de Caen mais seulement de la lutte qui eut lieu après l'évacuation des faubourgs sur le pont de la rivière. Il faut bien comprendre que les bourgeois de Caen avaient à lutter contre une armée entière. Pour comble d'infortune, la rivière sur laquelle flottaient ordinairement de gros [p. 82] navire était tellement basse que les Anglais la passèrent presque à pied sec. On se battit dans les rues. Le connétable de France et le sire de Tancarville, qui étaient montés dans la porte fortifiée à l'entrée du pont, avec quelques chevaliers et qui voyaient « en mont et au long de la rue » que les Anglais « n'en prenaient nuls à merci » se rendirent à Thomas de Holland, un chevalier qui n'avait qu'un oeil et qu'ils avaient autrefois rencontré en Prusse et en Grenade. Voici comment la chose se passa. Quand nos braves capitaines aperçurent le chevalier au pied de la porte, ils lui crièrent : Monsigneur Thumas, Monsigneur Thumas, parlés à nous. De Holland resta tout coi : « Qui este vous, signeurs, dit-il, que vous me cognoissiés. » — Les seigneurs se nommèrent et dirent : « Nous sommes telz et telz. Venés parler à nous en ceste porte, et nous prendés à prisonniers. » A ces mots, Thomas tout joyeux ne se fit pas prier longtemps ; d'abord, nous dit le chroniqueur, parce qu'il pouvait les sauver et puis parce qu'« il avait une belle aventure de bons prisonniers, pour avoir cent mil moutons. » Cependant, les habitants, du haut de leurs maisons, jetaient pierres et mortiers. Ils firent si bien qu'ils tuèrent 500 Anglais ; ce qui fit entrer le roi d'Angleterre dans une furieuse colère. [p. 83] Edouard ordonna de mettre la ville à feu et à sang. Mais, Messire Geoffroi d'Harcourt, maréchal de son armée, lui dit : « Cher sire, veuillez affrener un petit peu vostre corage, et vous suffire de ce que vous avez fait ; vous avez

encore à faire un grand voyage, ansçois que vous soyez devant Calais, où vous tirez à venir et si a encors en ceste ville moult grand foison de peuple qui se défendra en leurs maisons si on leur court sus, et vous pourrait grandement couster de vos gens. Et vous trouverez encore des détroits, des passages, des assauts et des rencontres plusieurs. Sans nul occire, nous serons bien maîtres de ceste ville et nous mettrons volontiers hommes et femmes à notre abandon. » Le roi d'Angleterre répondit au maréchal. « Messire Godefroy, vous être notre maréchal, si ordonez ainsi qu'il vous plaira. » Alors le maréchal fit promener sa bannière de rues en rues et commanda de par le Roy « que nul ne fut si hardy d'occir homme. » Les bourgeois de Caen, en entendant ce ban cessèrent toute hostilité et reçurent les Anglais dans leurs maisons. Quelques-uns même ouvrirent leurs coffres à la condition qu'ils auraient la vie sauve. [p. 84] « Cependant il y eut dedans la ville moult de vilains faicts, de mourdres, de pillements, de roberies, d'arsins et de lareçins de la part de gens de petite conscience. » Edouard III acheta le comte d'Eu et le sire de Tancarville 20,000 nobles à Thomas de Holland et chargea le comte de Huntingdon de les conduire en Angleterre ainsi que 60 chevaliers et 300 riches bourgeois faits prisonniers. Une fois maîtres de la ville, les Anglais la pillèrent conciencieusement. « Le roy d'Angleterre renvoya sa naue toute chargée de draps, de joyaux, de vaisselle d'or et d'argent. » L'historiographe Papirius Massonius, nous raconte que 40,000 aunes de drap furent portées en Angleterre. Warton, dans son History of English Poetry, (tome I, page 254) fait dater de la prise de Caen l'introduction du luxe en Angleterre. Le roi remonta sur son cheval et s'en alla « exilant le plat pays et faisant chevaucher ses maréchaux l'un à dextre et l'autre à senestre. » Il se dirigea vers Rouen ; mais bientôt il changea de route et marcha vers la Picardie. La guerre continua entre les deux rois de France et d'Angleterre jusqu'à la fatale journée de Crécy où l'élite de la noblesse française versa si généreusement son sang. (26 aout 1346). [p. 85] Peu de temps avant la bataille de Crécy, le 14 juillet 1346, la veille de l'Assomption, Jean de Straffort, archevêque de Cantorbéry, avait fait à haute voix dans le cimetière de l'église Saint-Paul devant le peuple de Londres la lecture d'une convention signée le 23 mars 1338 entre le roi de France et les seigneurs normands relativement à un projet de conquête de l'Angleterre et que les soldats d'Edouard avaient trouvé dans le sac de notre ville. Cette lecture avait produit l'effet attendu : une explosion de patriotisme. Après la journée de Crécy, Edouard se replia vers la Manche et s'empara de Calais qui devait rester pendant plus de deux siècles sous la domination anglaise. Le château de Caen ne s'était pas rendu. Après le départ des Anglais, les habitants de la ville obtinrent de Philippe l'autorisation de le réparer. Des lettres patentes du roi, en date du 8 octobre 1346, leur permirent de clore la ville en tout ou en partie de fossés, murs et portes.

« Philippe, par la grâce de Dieu, roi de France, savoir faisons à tous présents et à venir que, à la supplication de nos bien aimés les bourgeois et habitants de la ville de Caen, laquelle est de si près assise sur les frontières de la mer qu'elle vient en ladite ville deux fois de jour et de nuit et est en grave péril de être de jour en jour perdue et gâtée par les ennemis de notre royaume, si remède n'y était mis, nous, à [p. 86] iceux bourgeois et habitants, considérant la grave peine et diligence que eux ont mis à résister à la puissance de nos ennemis et aussi aux graves pertes et dommages que eux et plusieurs autres bonnes gens du pays qui leurs biens avaient retrait et apporté dans ladite ville y ont eue et soutenue par nosdits ennemis, qui naguères y ont été par défaut de clôture et de forteresse, avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces lettres de grâce spéciale, d'avis, science certaine, pouvoir et autorité royale, pour eux, leurs successeurs ou ayant-cause, congé et licence de clore et enforcé ladite ville, en tout ou en partie de fossés, de murs et de portes, de rompre ponts, chaussées, curer les rivières, afin que les gens d'environ ladite ville se puissent, quand métier sera, dedans icelle retraire, ainsi et en la manière que pour eux, pour la sûreté, tuition et défense d'icelle verront ou voir et savoir pourront qu'il sera à faire. Et en ampliant notre dite grâce, octroyé leur avons que aucuns marchands forains ou autres personnes qui ne seront pas de ladite ville ou en icelle n'auront demeuré continuellement par an et par jour et contribué aux coûts, frais et missions dicelle ville, n'y puissent dorénavant vendre aucunes marchandises ou denrées, fors aux lieux accoutumés d'ancienteté, ni revendre en ladite ville aucunes marchandises ou denrées que eux y auront achetées ni aussi y vendre à détail aucunes marchandises ni denrées quelles [p. 87] qu'elles soient, voulant aussi et ordonnant que si, après l'ostencion et publication de ces présentes, aucun faisait le contraire, les marchandises quelconques ou denrées qui seraient vendues ou vendre voudrait soient forfait et acquises par moitié à nous et aux bourgeois et habitants dessus dits. Donnons commandement par ces présentes et enjoignons étroitement aux baillis dudit Caen présents ou à venir ou à leurs lieutenants, etc. Donné à Compiègne, l'an de grace 1346 du mois d'octobre 8e jour. (Matrologe de la ville, livre Ier fo 11.) Dans leur supplication ou requète, les habitants de Caen exposèrent que la ville était un bourg sans clôture, et Philippe, dans la charte qu'il fit expédier immédiatement, dit que les ennemis naguères y avaient été par défaut de clôture et de forteresse. C'est en effet postérieurement à cette époque que furent construites les tours d'enceinte. L'une d'elles s'appela la Tour au Massacre. D'après M. de Bras, ce nom lui viendrait du massacre que les Anglais y firent de quelques habitants qui s'y étaient réfugiés. M. de Bras se trompe. En effet, si son assertion était vraie, la Tour aurait existé avant la fortification de la ville, ordonnée par Philippe de Valois ; ce qui est inconciliable avec la charte et la requête des habitants de Caen. Nous pensons avec Huet que cette tour fut construite par le bailli Machart dont la figure y fut placée en bosse ; elle reçut primitivement [p. 88] son nom, qui, depuis fut remplacé par corruption par celui de Tour au Massacre. (Regnault Machart, bailli de Caen, fut appelè aux échiquiers de Rouen de 1344 à 1346. Jean, duc de Normandie et d'Aquitaine honora le dernier de sa présence. — Hist. de Rouen, tome II, pages 87 et 88). Philippe de Valois, à l'exemple de saint Louis et de Philippe le Bel, fit surveiller les baillis et les sénéchaux par des enquêteurs royaux. Nous lisons, en effet, dans le manuscrit de l'anonyme de Caen :

« Rex Philippus fecit justitiam de malefactoribus et turbatoribus regnum (sic) mittens inquisitores super ballicos, senescallos et alios hujus modi officiales (folio 177.) Ces enquèteurs, comme autrefois les Missi dominici de Charlemagne, soumettaient à un contrôle sévère toutes les parties de l'administration. Ils vinrent à Caen et condamnèrent à la potence des officiers royaux coupables d'exactions : « Cadomi fuit clerieus pauper et infimus genere qui tot et tantas opes acquisivit in officio tabellionatus curioe laicalis quod scientia et divitiis ab omnibus et ubique proeferebatur nobilibus et baillivis ; sed tandem de crimine ambitus et extorsionum accusatus et condemnatus coram inquisitoribus regiis sus penditur (ibid.) » Supplément. Lettres de Robert Bertran, [p. 89] chevalier banneret, sire de Fauguernon, commis par lettres patentes du roy du 3 juillet 1340, pour être capitaine général des côtes de Normandie. On y trouve les noms des gentilshommes qui étaient de sa retenue et sous ses ordres. On y remarque : Guillaume de Rouveron, chevalier bachelier. Robinet Bertran, escuyer. Garin Bertran, escuyer. Jean de Saint-Germain, escuyer. Jean Marmion, escuyer. Guillaume et Rob. de Courcy, escuyers. Jean Moisson, escuyer. Jean Tesson, chevalier bachelier. Robert et Guillaume Carbonel, chevaliers bacheliers. Guillaume de Vierville, chevalier bachelier. Florent Grosparmy, chevalier bachelier. Jean de Courcy, escuyer. Raoul Garin, escuyer. Jean de Vierville, escuyer. Perrin Grosparmy, escuyer. Colin de Corday, escuyer. Guillaume de Brucourt, chevalier bachelier. Henry d'Orglandes, escuyer.

Richard du Bois, escuyer. Jean de la Champagne, chevalier bachelier. [p. 90] Henry de Thienville, chevalier bachelier. Guy de Tournebu, chevalier bachelier. Robert de Tournebu, chevalier bachelier. Pierre Ruaut, escuyer. Guille Ruaut, escuyer. Jamet de Grimouville, escuyer. Nicolas-aux-Epaules, escuyer. Robert le Forestier, escuyer. Thomas de Clamorgan, escuyer. Roland Hallebout, escuyer. Richard de Courseulles, escuyer. Richard de Creuly, chevalier bachelier. Jean de Manneville, chevalier bachelier. Jean de Manneville le jeune, escuyer. Guillaume Le Fèvre, escuyer. Guillaume Carbonnel, escuyer. Nicolas de la Luzerne, escuyer. Jean Tesson, escuyer. Amaury de la Luserne, escuyer. Jean de Mathieu, escuyer. Guillaume Picot, escuyer. Jean d'Orglandes, escuyer. Guillaume de Méheudin, escuyer. Nicolas d'Argences, chevalier bachelier. Jean d'Argences, escuyer.

Raoul Tesson, chevalier bachelier. Guillaume de Briqueville, chevalier bachelier. Nicolas de Grimouville, escuyer. Guy de Grimouville, escuyer. Guy de Pontbelleuger, escuyer. Robert de Ver, escuyer. Guillaume du Bois, escuyerr Jean de Pierrefite, escuyer. [p. 91] Jean du Bois, escuyer. Jean et Guillaume de Pierrefite. Guillaume Enclin, escuyer. Guillaume Wargnies, escuyer. Richard et Raoul Carbonnel, escuyer. Sept arbalétriers sous le seigneur de Magneville. Seize arbalétriers sous Guillaume de Brucourt. (Bibl. nationale. — Manuscr. de Fontanieu, volume 74.) [p. 92]

[p. 93] CHAPITRE V

JEAN-LE-BON (1350-1364) Premier voyage de Jean à Caen, alors qu'il était encore duc de Normandie (1349). — Exécution de Raoul d'Eu. — En 1354, le roi vient une seconde fois à Caen. — Charles-le-Mauvais, roi de Navarre, en BasseNormandie. — Assemblée de la noblesse du pays à Caen. — Jean arrête lui-même, à Rouen, Charles-leMauvais. — Ravages exercés par Philippe, frère du roi de Navarre, dans tout le pays qui s'étend entre Bayeux et Caen. — Richard, baron de Creuly. — Bataille de Maupertuis. — Jean-le-Bon prisonnier. — Le dauphin Charles, régent. — Trêve de Bordeaux. — La Jacquerie. — Lettres de rémission mentionnant un essai de propagande en faveur des Jacques, fait à Caen par Pierre de Montfort. — Le régent crée à Caen une compagnie perpétuelle de 50 arbalétriers (1358). — Emotion populaire à Caen vers 1361. — Après la paix de Brétigny, Jean quitte la Tour de Londres, — Richard de Bray et Pierre Lorimier, deux notables habitants de Caen, envoyés en Angleterre comme otages. — Fuite du duc d'Anjou et mort de Jean-le-Bon dans sa prison (1364). Le roi Jean qui succéda à son père Philippe VI,

[p. 94] en 1350, s'était acquis, par sa valeur, un grand renom dans la chevalerie. Alors qu'il était duc de Normandie, un an avant son avènement au trône, il était venu à Caen où la population lui avait donné les marques les plus éclatantes de son dévouement et de son admiration. (Mois d'octobre 1349). A cet enthousiasme succéda bientôt un profond mécontentement, qu'excita le premier acte de son pouvoir, après la cérémonie du sacre, nous voulons dire le supplice du connétable Raoul, comte d'Eu et de Guines, à qui Jean fit trancher la tête sous ses yeux. Nos lecteurs se rappellent que le comte d'Eu avait été fait prisonnier lors de la prise de Caen par les Anglais, le 26 juillet 1346. Peu après son retour d'Angleterre, où il avait passé quatre ans en prison, (Rymer, vol. III), il avait été arrêté par ordre du roi et mis à mort sans autre forme de procès le 18 novembre au matin. Quel était le crime de Raoul ? Le chroniqueur florentin Vilani nous dit que le noble prisonnier, n'ayant pu se procurer la somme nécessaire pour sa rançon, avait promis de livrer au roi d'Angleterre, en échange de sa liberté, le comté et la forteresse de Guines. Cette version a été contestée ; elle nous paraît d'autant plus vraisemblable, que Jean confisqua le domaine de Guines au profit de la couronne et n'en fit donation à personne. [p. 95] Quoiqu'il en soit, la noblesse de Normandie murmura violemment quand elle apprît ce châtiment dont elle ignorait la cause et dont aucun jugement ne justifiait la rigueur. Jean donna la charge de connétable à Charles d'Espagne de la Cerda et le nomma en même temps comte d'Angoulême. En 1354, le roi Jean vint une seconde fois à Caen. Il s'arrêta à Argences ; c'est là qu'il confirma les anciennes chartes des rois d'Angleterre, ducs de Normandie, en faveur de l'abbaye de Sainte-Trinité. Il logea à l'abbaye de Saint-Etienne et y passa une partie du mois de décembre. Des lettres patentes qu'il donna dans cette abbaye le 4 décembre, permirent aux moines de réparer leurs fortifications et de construire des tours pour pouvoir mieux résister aux attaques de l'ennemi. (Trésor des Chartes. o Reg. 84, n 83.) En 1357, le travail était en pleine activité ; il dut être terminé peu de temps après ; en 1371, le fort était occupé par un chevalier qui avait le commandement au nom du roi. Pendant son séjour à l'abbaye de Saint-Etienne, le roi accorda aux Frères et aux Prieurs de l'Hôtel-Dieu des droits d'usage sur la forêt de Bur-le-Roy et il donna aux pauvres aveugles de l'hôpital de Saint-Gratien une large gratification pour réparer les pertes que les Anglais leur avaient fait subir en 1346 par l'incendie de leurs maisons. [p. 96] Détristes événements vinrent alors affliger notre ville et la province tout entière. Charles-le-Mauvais, roi de Navarre, avait obtenu, par le traité de Nantes, en 1353, malgré sa conduite criminelle, tout le Cotentin, et de riches domaines dans la Haute-Normandie. Les trois états de la noblesse, du clergé et de la bourgeoisie ayant voté un impôt de 8 deniers pour livre sur toute chose qui serait vendue et augmenté la gabelle, le roi de Navarre et Geoffroy d'Harcourt se refusèrent dans leurs comtés à subir la loi commune que rendaient nécessaire les besoins de l'Etat et à laquelle le roi lui-même s'était soumis.

Cet exemple fut suivi dans plusieurs provinces. Jean se crut en droit de punir la trahison de Charles-le-Mauvais, qui n'avait pas craint d'entraîner le dauphin Charles dans un projet de révolte contre son père. Mais, déjà, le roi de Navarre s'était avancé vers Caen et vers Bayeux. Le gouverneur de Caen, Eslacre Desmarais se hâta de faire parvenir cette nouvelle au roi et le grand bailli Robert de Warignies, ce même Warignies qui avait défendu le château contre les Anglais, voulant mettre les habitants à l'abri des surprises de l'ennemi, ordonna qu'on veillât et qu'on signalât son approche au son de deux cloches, tandis qu'une seule cloche appellerait les fidèles à l'office. [p. 97] Le roi de Navarre avait à Caen beaucoup de partisans ; comptant sur eux et payant d'audace, il vint dans cette ville ; et, sur sa demande, (chose étonnante 1) le bailli convoqua toute la noblesse du pays. Et l'assemblée eut lieu ! Dans ses correspondances avec ses agents, Charles, pour mieux dissimuler ses secrets, donnait aux personnes et aux lieux des noms allégoriques. Bispartita signifiait Normandie. Aurora, Bernai. Degenerata, Conches. Janua, Rouen. Oliva, Pont-Audemer. Bientôt les troupes navarraises et bretonnes réunies s'emparèrent des places fortes de la Basse-Normandie, répandant la terreur dans les campagnes ; les Anglais leur avaient envoyé des renforts et un certain nombre de seigneurs mécontents étaient venus grossir leurs rangs. Le dauphin, dont l'âme était généreuse, vint faire à son père l'aveu de sa faute, et obtint avec son pardon l'investiture du duché de Normandie. Le roi feignit aussi de pardonner à Charles-le-Mauvais. Le 16 avril 1356, alors que le nouveau duc de Normandie donnait à dîner au roi de Navarre et au comte d'Harcourt, dans le château de Rouen, le maréchal Arnoul d'Audenaham entra tout à coup l'épée à la main dans la salle du festin et s'écria : « Nul ne [p. 98] se meuve pour chose qu'il voie, s'il ne veut être mort de cette épée. » Le roi qui le suivait, marcha droit sur le roi de Navarre, et le saisissant par la tête : « Or sus, traître, dit-il, tu n'es pas digne de t'asseoir à la table de mon fils ! » Le même jour, il faisait trancher la tête à plusieurs seigneurs de son parti. Ces victimes de la justice royale étaient : le comte d'Harcourt, les sires de Graville et de Mainemares et ColinDoublet, écuyer. Quant à Charles-le-Mauvais, il fut conduit au Louvre et jeté dans une prison.

Philippe de Navarre, son frère, et Godefroy d'Harcourt, oncle du décapité, firent alors alliance avec le roi d'Angleterre, qui leur envoya le duc de Lencastre, alors en Bretagne. Thomas de Holland vint se joindre à eux avec ses bandes. Ils exercèrent les plus grands ravages dans tout le pays qui s'étend entre Bayeux et Caen. Les habitants des paroisses de Verson, Mouen, Baron, Tourville, Grainville, Noyers, Lasson s'enfuirent à leur approche. Quinze ou seize ans après, nombre de maisons de ces villages étaient encore désertes, comme l'attestent des nombreux documents contemporains. D'un autre côté, la forteresse de Saint-Waast, qui appartenait aux Tesson (V. dans notre Etude sur l'Abbaye de Fontenay le chapitre consacré à la famille de Tesson), et le fort de Lingèvre, qui dépendait de l'abbaye de Cordillon, tombèrent entre les mains de [p. 99] Robert de Lewes, chevalier anglais, qui devait devenir, en 1358, gouverneur de cette forteresse. (Charte d'Edouard III, datée de Westminster le dixième jour d'août 1358. Londres, Ex rotulis anno 31e Edwardi III. no 10.) La forteresse d'Auvillars, défendue par le sire de Tournebu, fut également enlevée par l'ennemi. Richard, baron de Creully, ne doutant pas que les Anglais ne tarderaient pas à s'emparer de son château, un vrai nid d'aigle, d'où ils pourraient fondre sur les villages voisins et exercer des rapines et des brigandages sur la contrée, le fit lui-même démanteler. Cependant, le duc de Lencastre n'osa attaquer l'armée royale plus nombreuse que la sienne. Il battit en retraite, sans avoir rien oser entreprendre pour défendre Evreux, dont Jean se rendit maître. Puis, le roi gagna à la hâte le centre de la France menacée par le prince de Galles, qui, après avoir quitté Bordeaux, ravagé l'Auvergne et le Berry, s'avançait vers la Touraine et l'Orléanais. Il le rencontra à Maupertuis, à deux kilomètres de Poitiers. Comme à Crecy, les chevaliers français s'élaucèrent en avant sans réflexion, sans plan d'attaque, ils se firent tuer sous les flèches des archers anglais, presque sans avoir combattu et empèchèrent l'infanterie d'agir. Le roi lui-même, après des prodiges de [p. 100] valeur, fut enveloppé et obligé de se rendre avec son fils Philippe, qui ne l'avait pas quitté dans la bataille, et qui, n'ayant pas la force de frapper (il avait 14 ans), parait de son mieux les coups que l'on portait à son père et lui criait : « Père, prenez garde ! à droite, à gauche, derrière vous ! » Jean remit son épée à un gentilhomme français au service de l'Angleterre. Lorsqu'on amena au prince de Galles son royal prisonnier, il mit un genou en terre et le traita avec la plus grande marque de respect. Il voulut le servir lui-même à table. Il l'emmena d'abord à Bordeaux, puis de là à Londres. En l'absence de Jean-le-Bon prisonnier, le dauphin Charles, qui fut depuis Charles V, fut déclaré régent du royaume. Il se hâta de réunir les Etats généraux pour leur demander de nouveaux sacrifices et il conclut avec les Anglais la trêve de Bordeaux. Ce fut sous la régence de Charles que les religieux Croisiers, établis à Caen, échangèrent l'emplacement qu'ils occupaient (actuellement le marché aux bestiaux dans les fossés Saint-Julien), contre le couvent des Béguines de la Franche-Rue (appelée dès lors rue des Croisiers), lesquelles furent elles-mêmes transportées ailleurs. On sait que le couvent des Croisiers fut supprimé par décret de l'évéque de Bayeux, que suivirent des lettres patentes de Louis XV en 1772, et que la maison et les revenus de cet établissement furent alors affectés à

[p. 101] la Faculté de théologie de l'Université de Caen. Des lettres patentes de Charles V, en date du 11 mars 1355, permirent au maire et aux échevins de faire er o détruire les maisons et jardins préjudiciables à la clôture de la ville. (Matrologe de la ville de Caen, vol. 1 , f 19.) Les fortifications de la ville furent faites et furent toujours entretenues au moyen d'un droit imposé sur les habitants. (Lettres de Charles V en date du 7 nov. 1365. Matrol. de la ville de Caen, vol. 1er, f. 32.) Après la trève de Bordeaux, les soldats licenciés, en attendant la reprise des hostilités, se réunirent sous des chefs sans conscience qui les menèrent au pillage des campagnes. Ce fut en vain que Marcel, le prévôt des marchands de Paris, essaya de s'opposer aux excès de cette soldatesque indisciplinée ; mais il favorisa l'évasion de Charles-le-Mauvais, qui devint à Paris plus puissant que le dauphin lui-même. Le trône courut un grand danger jusqu'au jour où Marcel tomba frappé d'un coup de hache au moment où il allait livrer les clefs de la porte Saint-Antoine aux Anglais. A la même époque, la Jacquerie exerçait ses ravages et nos chroniqueurs nous apprennent qu'en 1358, l'insurrection éclata presque simultanèment en Picardie, en Champagne et dans l'Ile de France. [p. 102] « Il ne semble pas, dit Siméon Luce, que la Jacquerie ait sévi en Basse-Normandie. » (Hist. de la Jacquerie d'après des documents inédits, par Siméon Luce, page 76). Cependant, des lettres de rémission font mention d'un essai de propagande en faveur des Jacques, fait à Caen par Pierre de Montfort. « ..... Nous ait esté monstré que uns homs appelé Pierre de Montfort avait par plusieurs fois, ou temps qu'il vivait, essaié à mettre par son povoir comocions, conspiracions, et descort entre les gentz de ladite ville, et esmeu et induit le peuple commun à destourber et empeschier les choses faites et ordenées par justice et les bonnes gentz de la ville, et à contredire les subsides et aydes qui estoient requis par gentz d'armes et autrement pour la deffense de ladite ville et du pays, et semoit moul de mauvaises et désordenées paroles tendant à fin, si comme il apparessoit, de esmouvoir et mettre descours entre le menu commun et le gros de la ville et avait en ycelle fait pluseurs excès, de quoy aucune punicion ne s'estoit ensuie, mesmement du fait qui advint des gens de Picardie qui furent mis à mort et périlliez sur le marchié de ladite ville, avoit-il esté un des facteurs principaulx ; et ou temps que le commun de Beauvoisin s'esmut contre les nobles du pays, il prist et portoit sur son chapel, en lieu de plume, une charrue de bois, et à fin [p. 103] de mettre, si comme il sembloit, le commun de ladite ville et du pays en semblable erreur, disoit qu'il se tenoit de la partie des Jaques....... » (Trésor des Chartes, reg. 87, p. 321.) Les efforts de ce séditieux personnage se brisèrent devant la sagesse des habitants de Caen ; il fut assommé par trois bourgeois qu'il avait injuriés. En 1358, le Régent créa une compagnie perpétuelle de 50 arbalétriers choisis parmi les bourgeois pour la o défense de la ville. (Charte de Charles, duc de Normandie, en octobre 1358. Trésor des Chartes, reg. 87, n 86.) Enfin, pour n'oublier aucun événement, si petit qu'il soit, qui intéresse notre histoire locale, signalons une émotion populaire arrivée dans notre ville vers l'an 1361. Un maréchal, auquel un page avait donné son cheval à ferrer, « au lieu de férir sur un clou, avait feru sur le

doigt dudit page, » qui tenait lui-même le pied de son coursier. « Pourquoi ledit page avait dit que c'était maufait de lui avoir féru. Et pour ce avait bien pris un caillou et l'avait jeté droit audit maréchal et sur ce s'en estait allé et avait laissé son cheval. » Le maréchal le poursuivit le couteau à la main. « Bientôt plus de 40,000 personnes demeurant et habitant en ladite ville s'assemblèrent [p. 104] pour courir sus audit chevalier, à son dit frère et à autres de sa compagnie. Et sur ce était venu messire Robert de Wargnies, lors notre bailli et capitaine de Caen, qui avait fait commandement à chacun qu'ils se retraisissent. A quoy les gens et peuples dessus dits ne voulurent obéir mais convint que ledit bailli s'en allât, pour doute de mort ; car en la besogne il avait éte féru et plagé. Et comme il s'en fût allé lesdites gens et habitants illec assemblés tous d'une volonté et de mauvais courage étaient venus en l'hotel où était logé et retrait ledit chevalier, son dit frère et autres en leur compagnie et les avaient durement assaillis et tantôt après était illec venu messire Robert de Clermont notre lieutenant, qui aux dits gens et habitans avait de par nous fait commandement qu'ils se déportassent et que ils n'assaillissent plus : lesquels n'en avaient aucune chose voulu faire mais toujours avaient assailli comme devant et lui-même avaient assailli cruellement et icelui féru et blessé et avait convenu que retourné s'en fut pour doute de mort ; et lui retourné, lesdites gens et habitans avaient pris charrettes pleines de bûches et mis le feu audit hotel. Pourquoi ledit chevalier, son dit frère et autres de leur compagnie s'en étaient saillis par les fenètres, et illec par lesdits gens et habitants ainsi assemblés en y y avait eu mis à mort, comme dit-est, jusques [p. 105] au nombre de 17, tous gentilshommes, ledit chevalier et aucuns autres plagés et navrés vilainement en plusieurs lieux et laissés peur tous morts, leurs biens otés, et laissés iceux dépouillés, tous nus et entre les autres choses avait été au frère dudit chevalier un poing coupé pour avoir deux anneaux qu'il avait en ses doigts. » (Document inédit. — Matrologe de la ville, volume 1er, fos16-17.) Trois gentilshommes de Picardie « qui avaient été plagés et navrés grandement » moururent peu de temps après, le premier à Saint-Pierre-sur-Dives, le second à Touques, le troisième à Neufchâtel. Un procès fut intenté aux habitants de Caen, devant le duc de Normandie, par les familles des victimes. Ils furent condamnés : 1o à rendre les 18,000 livres enlevées auxdits seigneurs ; 2o à faire une amende honorable qui fut taxée à une somme considérable. Mais Charles, « en considération des bons et loyaux services qu'ils lui rendirent à lui et au roi pendant les guerres, leur accorda au mois de novembre 1663 des lettres de pardon. Toutefois la ville fut encore taxée à la somme de 1,200 francs d'or pour restitution des grands coûts, frais et charges et missions qu'il a convenu faire et soutenir à cause du procès qui leur fut intenté par messire Lancelot Lapersonne, chevalier. » Les échevins furent autorisés à prélever la taxe par forme d'impôt sur le commun des habitants. [p. 106] Et le 12 décembre 1363 un mandement de Robert de Varignies bailli de la ville, convoqua une assemblée de notables habitants pour asseoir et fixer la quotité de l'impôt à percevoir sur chacun des habitants riches ou pauvres. Cependant, Edouard avait pénétré en France et le roi de Navarre s'était joint à lui, pour dévaster l'Artois, la Champagne et la Bourgogne. Enfin, la paix de Bretigny fut signée. Aux termes de ce honteux traité, la Guienne, le Poitou, la Saintonge, le Limousin, le Périgord, l'Angoumois, Calais et tout le pays voisin était abandonné en toute propriété à l'Angleterre. Edouard renonçait, il est vrai, à ses prétentions sur la couronne de France, sur la Normandie, la Touraine, le Maine et l'Anjou. Enfin, la rançon du roi Jean était fixée à 3 millions d'écus d'or. A ces conditions, Jean quitta la

tour de Londres ; il laissa son fils, le duc d'Anjou, en otage, jusqu'à ce qu'il se fût acquitté de la somme convenue. Deux notables habitants de Caen furent aussi envoyés en otages en Angleterre. C'étaient Richard de Bray et Pierre Lorimier. Des lettres patentes du roi Jean données à Paris, le 12 juillet 1361, et adressées aux baillis de Caen et du Cotentin, déterminèrent les sommes que devaient fournir les villes du Cotentin pour mettre les otages en estat de soustenir grandement leur rang au trône d'Engleterre. [p. 107] Saint-Lo était taxé à 200 livres tournois. Coutances

— à 150

ibid.

Bayeux

— à 150

ibid.

Falaise

— à 50

ibid.

Vire

— à 50

ibid.

Caen était taxé au surplus de la dépense, dans le cas où ces sommes auraient été insuffisantes. (Matrologe er o de la ville, volume 1 , f 20.) Les cinq villes du Cotentin négligeant de verser le montant de leurs cotisations, le duc de Normandie ordonna par lettres datées de Gisors le 16 octobre 1361 aux baillis de Caen et du Cotentin de contraindre les habitants de ces villes par prise-vendue et exploitation de leurs biens à payer les sommes auxquelles ils avaient été taxés. (Matrologe de la ville, volume 1er, fo 20.) 3 juin 1362. — Lettres patentes du roi Jean aux baillis de Caen et du Cotentin, relatives au paiement de ladite taxe pour l'année 1362 (Vol. 1er, fo 20). 4 juin 1362. — Autres lettres du mème roi ordonnant aux baillis de Caen et du Cotentin de faire payer par leurs villes la somme de 808 francs d'or pour l'entretien et la sustentation des bien amés Richard de Bray et Pierre Lorimier (fo 21). 26 juin 1363. — Lettres du duc de Normandie aux baillis de Caen et du Cotentin et au vicomte de Caen pour le paiement de 500 [p. 108] o

florins d'or appelés francs, pour l'entretien desdits otages (f 21). — Jehan Leflamenc, bourgeois et commerçant de la ville de Caen, fut envoyé aussi en Angleterre en otage d'abord pendant un an ; il ne fut rappelé qu'au bout de la deuxième année. A son retour, il trouva ses biens et son commerce dans le plus grand désordre ; il sollicita de ses compatriotes une indemnité pour le couvrir d'une partie de ses pertes, mais n'ayant reçu aucune satisfaction à cet égard, il adressa une supplique au duc de Normandie. Ce prince ordonna par ses lettres du 31 janvier 1364 au bailli et au vicomte de Caen de lui faire payer par les er o habitants de la ville la somme de 300 florins d'or. (Vol. 1 , f 22.) 8 juillet 1364. — Lettres patentes de Charles V faisant remise aux habitants de Caen de 2 derniers sur les 12 qui sont levés en icelle pour la rançon du feu roi Jean et ce, en considération des énormes dépenses qu'ils ont faites et font encore pour fortifier leur ville et la garder des entreprises des ennemis pendant les guerres. (Matrologe de la ville, 1er volume, folio 25.) — Ordonnance des Trésoriers généraux de France relative au don de 2 deniers ci-dessus imposés sur les denrées et marchandises vendues en certaines foires tenues en la ville et les faubourgs de Caen. (Matrologe de la ville, volume 1er, fo 25.) Le duc d'Anjou s'étant enfui de Londres [p. 109]

en 1364, Jean le Bon alla se constituer de nouveau prisonnier, disant « que si la bonne foi et la justice étaient bannies du reste de la terre, elles devaient se retrouver dans le cœur des rois. » Il mourut dans sa prison la même année. « Le peuple l'a surnommé Jean-le-Bon, c'est-à-dire Jean-le-Brave ; il a oublié ses fautes pour ne se rappeler que son courage ; car en sauvant l'honneur, Jean avait sauvé avec sa dynastie, l'indépendance nationale dont elle était, en face de l'Anglais, le vivant symbole. » (Alexandre Carel, avocat, professeur à la Faculté de droit. Discours sur la France après le traité de Brétigny.) [p. 110] CHAPITRE VI

CHARLES V (1364-1380). — CHARLES VI (1380-1422) Charles V (1364). — Lettres patentes de Charles V rétablissant les priviléges de la ville de Caen (9 juillet 1364). — Lettres patentes de Charles V en date du 7 novembre 1365. — Les routiers et les malandrins. — Lettre de Charles V au trésorier Aymar Bourgeoise. — Duguesclin à Caen (1370). — Bataille de Pontvalain. Supplément. — Montre de Monseigneur Jean de Mathan, chevalier, et des gens d'armes et archers de sa compagnie, reçue à Caen le 8 septembre 1370. Charles VI (1380). — Pèlerinage de Charles VI au mont Saint-Michel ; il passe par Caen (1394). — Fidélité de Caen au roi pendant la guerre civile des Bourguignons et des Armagnacs. — Bataille d'Azincourt. — Noms des gentilshommes de la ville ou des environs qui y trouvèrent la mort. Descente de Henri V en Normandie en 1417. — Siège de Caen par les Anglais. — Défense héroïque des habitants. — Prise de la ville. — Lettre de Henri V aux abdelmen de Londres leur annonçant le succès de ses armes (5 sept. 1417). — Lettre du duc de Clarence aux mêmes (11 septembre). — Capitulation du château de Caen. — Ravages commis en [p. 111] Normandie par les Anglais d'Angleterre et les maraudeurs de France. — Pillage de plusieurs maisons à Caen. Dépopulation de la ville. — Lettres patentes du roi d'Angleterre (15 mars 1422). — Prix des matériaux et des salaires à Caen en 1421. Mort simultanée du roi d'Angleterre et du roi de France (1422). Le dauphin de France, qui le premier porta, comme fils aîné du roi, ce titre de dauphin avait vingt-sept ans lorsqu'il succéda à Jean le Bon. Faible de corps et léger de courage, il se tint toujours éloigné des combats, restant enfermé dans son palais au milieu des astrologues, des savants et des livres, et laissant à son brave connétable Bertrand Duguesclin, le soin de tenir haute la bannière de la France. Le 9 juillet 1364, Charles V, sur la requête des habitants de la ville de Caen, donna à Paris des lettres patentes rétablissant leurs priviléges tels qu'ils les possédaient avant que le roi d'Angleterre, Henri III, ne s'emparât de la ville, et ne détruisit toutes les écritures conservées à l'hôtel commun. e

er

(V. copie de cette Charte aux Arch. municipales de Caen. 2 travée, 1 carton. — La Charte originale qui avait été confiée à l'abbé de la Rue n'a pas été réintégrée. V. Mandement de la cour des comptes au vicomte de Caen pour l'exécution de ces lettres (18 juillet 1364) (eodem loco). L'année suivante (7 novembre 1365), informé [p. 112]

que plusieurs impositions levées dans la ville de Caen pour l'entretien et l'achèvement des clôtures et fortifications avaient été employées par les receveurs à tout autre usage, tels que dons à plusieurs nobles et bourgeois, alors prisonniers des ennemis, frais de voyages et de messages envoyés vers le roi et les diverses cours, pour le soutien des procès, le roi ordonna qu'à l'avenir les derniers provenant desdites impositions recevraient leur destination réelle. (Matrol. de la ville. vol. Ier, fo 32). Dès le commencement de son règne, Charles V dut lutter à l'intérieur contre les compagnies de soldats licenciés après la bataille de Poitiers, qui, sous le nom de routiers, malandrins, tard-venus, parcouraient le royaume en le ravageant. re

On trouve au cabinet des Titres (1 série, dossier Merle), une charte du roi en date du 16 mai 1366, au trésorier Aymar Bourgeoise, où l'on peut voir que la Normandie ne fut pas plus épargnée que les autres provinces par les bandes de pillards. Cette charte a été insérée dans le tome VI des Chartës royales, no 89. La voici : « Charles, par la grâce de Dieu, roi de France, à notre aimé et féal trésorier Aymar Bourgeoise, salut et dilection. Comme pour ce qu'il est venu à nostre cognoissance que grant nombre de genz qui par manière de compaigne se sont assemblés [p. 113] en nostre païs de Normandie, ès parties de Costentin, pillent, robent et destruisent le païs et noz subgiez, nous, pour obvier à leur mavoise volenté et emprise, pour pitié et compassion de nostre peuple, avons mandé à nostre amé et féal chevalier Guillaume du Merle, capitaine de par nous es dictes parties et à plusieurs autres chevaliers de nostre païs de Normandie, que ils soient à certaines journées à Caen et à Saint-Lo, avecques tout ce qu'ils pourront finer de genz d'armes et archiers, et que là vous serez et leur ferez faire tel paiement qu'il devra souffiere pour eux et les genz de la compagnie, pour ce est-il que nous vous mandons que ces lettres venues, vous transportez es dittes parties, et tous les deniers des aides du païs tant pour la délivrance de nostre très cher seigneur et père que Diex absoille que pour la provision et défense du royaume. Par le roy,. MICHIEL. » En 1370, Duguesclin qui venait d'être fait connétable de France, fut envoyé en Normandie pour lever des troupes et marcher ensuite contre l'armée de Kanolle. Il choisit Caen et Vire comme lieux de rassemblement. Il était accompagné du maréchal de Blainville, des comtes du Perche et de Saint Paul, des seigneurs de Rohan, de Clisson, de Vienne, de Mauny, de Carbonnet, de Renty, de la [p. 114] Hunaudaye, de Raineval et de Susanville. (Masseville. Hist. de Normandie, tome III, page 351.) En 1364, alors qu'il était capitaine général au pays de Normandie, du Guesclin avait octroyé l'exemption des aides aux habitants des faubourgs de Caen « pour considération de leur povreté et grands dommages causés par les gens d'armes qui avaient été plusieurs fois logés chez eux. » (V. Une lettre de Bertran du Guesclin en date du 21 janvier 1364 dans le ms. Français 22469, page 77) Le 8 décembre 1364, Charles V avait confirmé cette exemption. (Lettres de Charles V portant ratification de celles de Bertrand Duguesclin, capitaine général du pays de Normandie. Mme de Gaignières, no 671, volume 2.) Aussi, quand le connétable revint à Caen, six annés plus tard, les habitants de la ville, qui n'avaient pas oublié

ce bienfait, lui firent une réception royale. Les Gentilshommes de Bretagne et de Normandie répondirent en foule à son appel patriotique. Duguesclin en quelques jours forme une armée de 3,000 hommes. A la tête de ces troupes pleines d'admiration pour son genie et sa bravoure, il entre dans le Maine, où l'armée anglaise était campée. [p. 115] Il en rencontre une partie à Pontvalain que commandait Thomas Granson, tue 700 hommes, fait les autres prisonniers, parmi lesquels se trouvaient Granson, Courtenay, Guiffard, Ollegrave, Oursel, Spenser, Merville et Folissé. De notre côté nous ne laissâmes sur le champ de bataille que quelques hommes, et deux personnes de marque seulement, le sire de Susanville et le sire de la Touche, gentilhomme breton. (Hist. de Normandie par Masseville tome III. page 351. Cette victoire fit époque dans les annales de la ville de Caen ; lorsqu'il s'agissait de fixer une date dans les actes publics du temps on disait : c'est l'année de la venue du bon connétable ; c'est l'année tant avant ou après la venue de bon connétable. — Et on vit alors nos pères donner son prénom aux enfants qui naissaient. En 1380 Charles V mourait, deux mois après son fidèle serviteur. [p. 116] Supplément. — Monstre de Monseigr. Jean de Mathan, chevalier et des gens d'armes et archers de sa compagnie, reçue à Caen le 8 sept. 1370. Ledit chevalier, cheval cler bay. Escuiers Ricart de Mathan, cheval tout noir. Colin Corbel, cheval cler bay. Philippot Essart, cheval gris. Pierre du Fresne, cheval cler bay. Jean de Tournebu, cheval gris. Guill. Machue, cheval tout noir. Geffroy de Banville, cheval brun bay. Guill. le Queuderel, cheval gris. Archiers armés Estienne de Mathan, cheval tout noir. Guill. Thominet, cheval gris.

Guill. de la Bigne, cheval fauve. (Biblioth. nat., Carton Mata). Charles VI qui succéda à son père, n'avait que 12 ans lorsqu'il monta sur le trône (1380). En 1392, il fut atteint de folie ; il n'était alors âgé que de 24 ans et il avait encore 30 ans à régner. Les ducs de Berry et de Bourgogne, ses oncles, s'attribuèrent la régence à l'exclusion de son frère Louis, duc d'Orléans. Ils disgracièrent les anciens ministres qu'ils flétrissaient du nom de Marmousets et enlevèrent à Clisson l'épée de connétable. [p. 117] La France dut cependant à leur administration dix années, non pas de bonheur, mais de repos, pendant lesquelles les chevaliers français allèrent combattre les Turcs en Hongrie et se faire tuer à la bataille de Nicopolis. En 1394, au mois de février, Charles VI vint à Caen ; il se rendait au Mont-Saint-Michel ; il reçut sur sa route la foi et l'hommage d'un grand nombre de seigneurs. Notons en passant une quittance de 10 fr. d'or, délivrée par Jean Durand, écuyer de cuisine du duc d'Orléans, au nom de Tonnelet Galopin à Godefroy, apothicaire et valet de chambre du même seigneur. Ces 10 francs d'or avaient été donnés « audit Tonnelet pour lui aidier à lui faire guérir d'une jambe qu'il avait eu rompue par fortune au voyage fait par le roi au Mont-Saint-Michel. » Charles VI fonda au Mont-Saint-Michel une chapelle de 100 livres de revenu, pris sur les biens de Jean Tesson, lesquels avaient été confisqués par Philippe de Valois. Le roi revint par la même route ; il alla ensuite de Caen à Honfleur, passa la Seine et reprit le chemin de la capitale. La rivalité du duc d'Orléans et du nouveau duc de Bourgogne, Jean-sans-Peur, fils et successeur de Philippele-Hardi, commença une longue période de guerres civiles, marquée par les crimes les plus odieux. [p. 118] En 1407, Jean-sans-Peur faisait assassiner traîtreusement son rival pendant la nuit, lorsqu'il sortait de l'hôtel Saint-Paul où il avait passé la soirée. La France s'était partagée aussitôt entre les deux factions. Charles d'Orléans et ses deux frères eurent pour eux Isabeau de Bavière, la cour et le comte d'Armagnac, chef de toute la petite noblesse du sud de la France. Le parti de Jean-sans-Peur fut celui des bourgeois de Paris et de l'Université. Pendant la guerre civile entre les Bourguignons et les Armagnacs, la ville de Caen ne reconnut jamais que le gouvernement du roy et refusa constamment et énergiquement d'adhérer à aucune des deux factions rivales qui ensanglantaient la France. En 1410, elle fit même brûler les maisons de ceux qui voulurent prendre les armes en faveur de l'un ou l'autre des partis. La nécessité de défendre la France contre les Anglais qui l'envahissaient suspendit quelque temps cette lutte fratricide. Henri V avait résolu de s'établir à demeure dans son duché de Normandie et dans son royaume de France,

comme il disait. Il débarqua à l'entrée de la Seine, s'empara d'Harfleur, qui était alors le premier port de Normandie, et alla livrer bataille à Azincourt aux troupes françaises. La bataille d'Azincourt fut aussi funeste à la France que l'avaient été celles de Crecy et de Poitiers. [p. 119] Huit mille gentilshommes y trouvèrent la mort ; le duc d'Orléans y fut fait prisonnier. Parmi les morts appartenant à la ville de Caen ou aux communes environnantes, citons : Louis de Bourbon, baron de Thury. — Guillaume de Longueil, gouverneur de Caen, et son fils. — Robert d'Angerville, seigneur de Grainville. — Jean de Courcy. — Louis d'Orbec, seigneur de la Cressonnière. — Guillaume de Surville, seigneur de Than. — Guillaume Picot, seigneur de Russy. — Jean de Malherbe, seigneur de Landes. — Jean de Courcy, seigneur d'Enfernet. — Jean d'Asnières, seigneur de Courbespine, et Pierre, son frère. — Jean Martel, seigneur de Cristot. — Guillaume de Coulombiêres, seigneur de Caligny. — Guillaume d'Orbec, seigneur de Saint-Paul de Courtonne. — Jean de Saint-Manvieu, seigneur de Saint-Manvieu, près Vire. Deux ans après, (en 1417), Henri V fit une descente en Normandie avec une nouvelle armée. er

Il débarque, en effet, à l'improviste à l'embouchure de la Touques, dans la nuit du 1 au 2 août. Le 3, la garnison de Touques capitule. Le 7, Auvillars se rend. Honfieur, Lisieux sont investis. Le 13, le roi d'Angleterre couche à Dives ; le lendemain 14, près de Grentheville, où il passe le dimanche 15, fête de l'Assomption ; [p. 120] le lundi 16, il couche à l'abbaye de Fontenay ; le mardi 17, près du village d'Eterville ; le mercredi 18, il paraît devant Caen. (V. Walsingham, page 397.) En peu de temps, la ville s'était remplie des paysans des environs qui, épouvantés par les Anglais, avaient abandonné leurs champs et leurs toits de chaume. Au dire de Thomas Bazin, connu comme écrivain sous le pseudonyme de Amelgard, le peuple était si simple et si naïf qu'il s'imaginait que les Anglais n'étaient pas des hommes comme les autres, mais en quelque sorte des bêtes féroces prêtes à le dévorer : « immanes quasdam belluas quæ ad devorandum populum se effunderent. » Les habitants de Caen, dirigés par le sire de Montenay, Charles de Mauny, sire de Lingèvres, et les gouverneurs de la ville firent leurs préparatifs de défense. Les forteresses de Sainte-Trinité, de Saint-Etienne et du Saint-Sépulcre furent armées. Le corps de la milice pouvait s'élever à deux mille hommes ; les arbalétriers à cheval au nombre de 50 accompagnés de leurs valets composaient toute la cavalerie de la ville. Les 22 dizainiers pouvaient avoir sous leurs ordres 500 hommes environ, y compris les 400 hommes d'armes du sire de Montenay, un corps d'archers génois et les ressources de la banlieue. En résumé, 6 à 5,000 combattants allaient avoir à se mesurer avec l'armée anglaise, [p. 121] composée de 50,000 hommes et commandée par Henri V lui-même.

Henri, avant de commencer toute opération, envoya des hérauts d'armes sommer la ville de se rendre. « Notre ville, répondirent les habitants de Caen, est à notre seigneur naturel, le roi Charles. Nous la lui garderons fidèlement avec l'aide de Dieu, ou nous succomberons avec honneur. » (Relig. de St-Denis, liv. XXXVIII.) Après cette fière réponse, le roi d'Angleterre n'avait plus qu'à faire ses préparatifs pour assiéger la ville. Ce siège a été raconté par l'abbé de la Rue dans la revue anglo-française. Pus tard M. Puiseux fit paraître sur ce point historique une notice détaillée ; il put combler les lacunes dont était rempli le travail de son devancier gràce aux renseignements que lui fournit un manuscrit de la bibliothèque nationale rapporté jadis d'Angleterre par Pierre Pithou et intitulé Chronicon Henrici quinti, qui Henricus de Nommuth ortus est ab an. MCCCCXIII ad MCCCCXXII. « La prise de Caen, nous dit M. Puiseux, a été le premier acte de la seconde expédition de Henri V en France, le vrai point de départ de la conquéte de la Normandie. Cette ville eut l'honneur d'arrêter pendant un mois le roi d'Angleterre, le [p. 122] plus grand homme de guerre de son temps, et l'élite de la nation anglaise, tout ardente encore du triomphe récent d'Azincourt ; et quand elle eût succombé, elle fut pendant deux ans le quartier général de la domination anglaise, le centre de cette savante administration que Henri V étendit successivement à toute la Normandie. » — (Siège de Caen par les Anglais, p. 9.) Henri V comprenait bien que Caen était la clef de la Normandie ; une fois maître de cette ville et de son château, d'où il tenait en respect le Cotentin et la Bretagne, il devait marcher sur Rouen, et couper toute communication avec la capitale ; Rouen devait ainsi fatalement tomber entre ses mains. Dès lors, la Normandie entière était à lui ! Tel était le plan fort bien conçu du roi d'Angleterre. Le frère du roi, le duc de Clarence, commença par enlever les deux abbayes de Saint-Etienne et de Sainte-Trinité. L'abbaye de Saint-Etienne fut sauvée par un moine de la ruine à laquelle l'avaient condamnée les hommes de la garnison. Celui-ci, en effet, alla trouver la nuit le duc de Clarence qui dormait, couché dans son armure de fer sur l'herbe et une pierre sous la tête. (Valsingham, p. 398). Le duc introduit par lui dans l'abbaye s'en rendit facilement maître. Le 18, Henri plaçait des vedettes sur les [p. 123] toits de l'abbaye de Saint-Etienne et faisait monter dans les tours des batteries de canons. Puis, il assignait une bonne position à chacun de ses lieutenants, et après avoir assuré les communications entre eux, il établissait son quartier général à St-Etienne. A la première décharge des canons placés dans les tours, tous les vitraux de l'église volèrent en éclats « fenestrœ vitreœ minutim confractœ. » Les boulets de bronze et de marbre firent des brèches aux murailles et tuèrent une grande quantité de bourgeois dans les rues et même dans les maisons. Les Caennais se défendirent avec héroïsme jusqu'au commencement du mois de septembre et surent élever leur courage à la hauteur des difficultés d'une lutte inégale. Mais l'ennemi continuait sans cesse son oeuvre de destruction « Saxa volocbant, sudes, pila, prœterea picem, sulphur et tœdas ardentes mittebant.

sulphur et tœdas ardentes mittebant. » (Polydore Virgile.) L'aspect de la ville était horrible. Déjà tout le quartier de la Porte-au-Berger avait disparu sous les flammes ; la tour du moulin de Saint-Pierre s'était écroulée et autour d'elle gisaient les débris fumants des maisons abattues. Cependant les assiégés lançaient toujours force flèches avec leurs balistes et leurs catapultes. Ils mettaient tout leur espoir dans la venue de Charles VI. [p. 124] Mais en vain à chaque aurore, interrogeaient-ils l'horizon ! Aucun secours n'arrivait de la capitale ! Au roi d'Angleterre qui leur fit une nouvelle sommation de se rendre, « effusionem sanguinis christiani declinare desirans », ils répondirent hautement : « La victoire est à Dieu seul ; si le roy d'Angleterre y compte, nous y comptons aussi ; dût-elle nous échapper, nous sommes prêts à subir toutes les conséquences de la guerre. » Ils s'attendirent à un assaut prochain. Le 4 septembre, au lever du soleil, les trompettes ennemies retentissent. Du haut des murailles, les habitants de la ville voient les troupes s'avancer en colonnes serrées au pied des murs. Mais leur âme est forte ! Le moment des grandes énergies et de la lutte à outrance est arrivé ! Les Anglais appliquent leurs échelles contre les remparts et montent en files nombreuses. Les assiégés, du haut des remparts, lancent sur eux d'énormes pierres ou leur jettent à la face de l'huile bouillante ; les fossés se remplissent de cadavres. Henri voit tomber un de ses plus habiles capitaines, Edmond Spring. Clarence descend alors des hauteurs de Saint-Gilles, réussit à faire une brèche en face de la Neuve-Rue, pénètre dans l'île [p. 125] Saint-Jean, s'empare du chatelet de Saint-Pierre, s'engage dans les rues jusqu'aux Jacobins, et fait un massacre effroyable de Français. (Revue anglo-française, abbé de la Rue.) La ville est perdue, mais le château tient toujours. Le sire de Montenay avait réussi à s'y enfermer avec les survivants de ses hommes d'armes et plus de 1,000 bourgeois. On se battait toujours dans les rues, surtout sur la place du Vieux-Marché « où le peuple s'estait retiré pensant résister. » (De Bras.) « Et le sang dévalait à val la ville par les rues. » (Lettre des bourgeois de Caen à Louis XI, écrite 47 ans après, en 1464.) Henri aperçoit le cadavre d'une femme dont la tête était coupée et qui tenait sur son sein son petit enfant. Son coeur est pris de pitié ; il arrête le carnage. Mais il permet le pillage, suivant l'usage de la guerre à cette époque. 1,900 bourgeois avaient péri les armes à la main. (Ancien chartr. de la ville, volume Ier, fo 76.) Une fois maître de la ville, Henri alla rendre grâce à Dieu en l'église Saint-Pierre. Puis la nuit arriva,

ensevelissant sous ses voiles lugubres notre malheureuse ville, condamnée dès lors à un deuil de 33 ans. Le lendemain (5 septembre), Henri écrivit [p. 126] une lettre aux aldermen de Londres pour leur annoncer le succès de ses armes. Voici cette lettre : « Littera domini regis Majori et Aldermanis missa. By the King, Right trusty and welbeloved, we grete yon often times wel, doyng to undirstoude that on seint Cuthbertes day, the translation, God of his high grace send unto oure handes oure town of Caen, by assault and with right litell deth of oure peple wherof. We thanke our Saviour so Ioweliche as we car or may prayng yon that ye do the same and as devontely as ye can, cetefying yon also that we and our host been ni good prosperite and helth, thankyd be God of his Mercy, who have yon in his Repyng. Yeven under our signet, in our sayd town of Caen, the Vo day of septembre. Post-Scriptum. — « Ffrthemore afar the date of this letres, our castell of Caen ys yolden to us, and hostages leyd, upon this condition, but yif they be rescowed by bataille to be yoven unto us by oure adversaire of France, other his son called the dolphin, other therle of Ermenak, be the XIX day of the sayd moncth of septembre. » (Archives de la mairie de Londres, registre 1, folio 200.) [p. 127] Cependant le sire de Montenay, réfugié dans le château, ne pouvait résister longtemps. Il convint avec le roy d'Angleterre que le 19 septembre il lui en remettrait les clefs s'il n'était secouru par le roy de France, le Dauphin ou le comte d'Armagnac. (Mém. de la Société des Ant. de Norm. V. XV. Rotuli Normanniœ. — De poteslate commissa. Page 217. Appointement du chastel de Caen. Page 264.) Le 11 septembre, le duc de Clarence annonçait ainsi aux aldermen de Londres la capitulation prochaine du château. « Littera ducis Clarencie Majori et Aldermanis missa. Le duc de Clarence, Tres chiers et bien amez, nous vous saluons souvent et de cœr, et vuellez savoir que despuis que nagaires vous rescrimes par Jehan Risby, nostre serviteur et messager, il a plieu à Nostre Seigneur Jhesu Crist, de sa grace, que Monseigneur le roi a prins et gaigné de assault la ville de Caen, dequelle les chastell est en treté et condition que, s'il n'est rescoux par l'adversaire de France, ou son fitz aîné, ou le comte d'Armaignak, conestable de France, entre-cy et le XIXe jour du moys de septembre ou quel nous suymes à présent, adonques les cliefs seront renduz et délivrées à Monseigneur le Roy. Et auxi [p. 128] est vreys que plusieurs aultres villes et chasteaulx et forteresses se sont rendus à l'obbéissance de Monseignour ; desquelles villes chatelx et forteresses nous avons chargé au porteur de cestes vous bailler les nonns par escript, et nous semble que véritablement à l'aide de Dieu et du bon commencement que Monseigneur a, que dedeins brief il aura son propos et entente et victoire de ses ennemis et rebelles. Il n'est nécessité par dessa de chose du monde, fors que de gentz pur pueplier et garder les dictes villes et forteresses ; et tres chiers

et bien amés, le benoist Saint Espirit soit de vous garde. e

Donné soubz nostre signet, en ladite ville de Caen, le XI jour du mois de septembre. A nos trez chiers et bien amez, les maire et aldermans et aultres bonnes gentz de la cité de Lonndres. » o (Archives de la mairie de Londres. Reg. 1, f 200.) Paris ayant refusé tout secours, le sire de Montenay rendit le château à Henri V, le 20 septembre 1417. Les articles de la capitulation convenus furent observés à la lettre et Henri V accorda un sauf conduit au commandant du chateau et à toutes les personnes, qui s'y étaient enfermées avec lui, pour se rendre de Caen à Falaise (Rotuli Normanniœ, page 222.) Henri V nomma Gilbert Umfraville, capitaine de Caen, le 30 septembre 1417 (Rotuli Normanniœ, page 219) et Henry Bromlay, gardien des portes de la ville (Concessimus [p. 129] ei officium Janitoris, etc. Rotuli Normannioe, page 219). Caen perdu, la Normandie était perdue ! Henri V l'avait annoncé lui-même. (Religieux de Saint-Denis, tome XXXVIII, chapitre XII). Bientôt en effet, Rouen tombait sous la domination anglaise et Henri V entrait triomphant dans la capitale de la France. La Normandie eut beaucoup à souffrir de l'invasion anglaise ; les Anglais d'Angleterre et les maraudeurs de France qui s'étaient joints à eux, la ravagèrent en tous sens. Par mépris nos pères les appelaient des Houspilliers (houssepoulier, housse-pallier, housse-pillier, pillard). « Hélas ! dit le bourgeois de Paris dans sa chronique (1419), tout premier Normendie en est toutte exilliée, et la plus grande partie qui souloit faire labourer et estre en son lieu, lui, sa femme, sa meschine et estre sans danger, marchands, marchandises, gens d'église, moines, nonnains, gens de tous estats ont été bouttés hors de leurs lieux d'estrangers, comme eussent été bestes sauvaiges.......... Hélas ! tant d'enfants mort-nés par faute d'aide ; tant de morts sans confession par tyrannie et en autres manières ; tant de morts sans sépuluture en forêts et en autres détours ; tant de mariages qui ont été délaissés à faire ; tant d'églises arses, et abbéies et chapelles, [p. 130] maisons. — dieu, malladreries, où on soullait faire le saint service notre Seigneur et les oeuvres de miséricorde, où il n'a mais que les places. Brief, je cui de que homme ne pourra, pour sens qu'il ait, bien dire les grans, misérables, énormes et dampnables péchés qui se sont faits. » Robert Blondel nous raconte que les anglais, laissés en garnison dans les places, se déguisaient en diables pour mieux dévaliser les voyageurs. A Caen, plus de 3,000 marchands et ouvriers abandonnèrent leurs foyers et allèrent chercher ailleurs la fortune ou la vie. Les capitaines anglais s'étaient installés dans les hôtels des nobles et des riches bourgeois ; et les soldats ne cessaient de se livrer au pillage. Nous savons par une ordonnance de Henri V, à la date du 17 janvier 1418 (c'est-à-dire 4 mois après la prise de la ville) que les gens de guerre, en garnison dans le château profitant de l'absence du roi alors occupé au siège de Falaise, pénétrèrent dans les maisons abandonnées et même dans celles qui étaient habitées, en enlevêrent les meubles et les charpentes dont ils firent du bois de chauffage.

(Rôle de la Ve année du roi Henri V dans le XVe volume des mémoires de société des antiq. de Normandie.) En 1420, telle était la dépopulation de la ville que Henri faisait offrir gratuitement les maisons désertes d'un revenu de 12 livres [p. 131] et au-dessous, aux pauvres gens, de quelque partie du dché qu'il fussent. e

o

(Rôles normands, XXIII volume des mémoires de la société des antiq. de Normandie n 649, 28 août 1419). 2 ans après (le 15 mars 1422), le roi considérant que « les poures bourgeois et habitants de la ville de Caen, pour le fait et occasion de la prinse d'icelle, sont moult appeticié de leur chevance et ont souffert et souffrent de jour en jour grands coûts, pour le fait de la fortification et emparement d'icelle ville, tant de la closture des murailles, cbaux et sablon pour plancher, que d'autres choses » leur accorde une aide sur les boissons, grains, beurres à lever, suifs, harengs ainsi que sur la vouède et sur les pommes. (Mémoire de la société des antiq. de Normandie XXIIIe vol. no 1091). M. Léon Puiseux a publié une note fort intéressante sur la situation de Caen à cette époque. C'est le commentaire d'un feuillet qui paraît avoir été détaché d'un registre de dépenses tenu par le receveur de la ville pour l'année 1421. Cette pièce, à lui offerte par M. Sauvage, avocat à Mortain, qui l'avait trouvée chez un pharmacien, au milieu d'un amas de vieux papiers, est maintenant en sûreté dans un carton des Archives e municipales. Nous y trouvons des renseignements sur le prix des matériaux et des salaires au XV siècle. [p. 132] L'orme coûtait alors plus cher que le chêne. 16 madriers de chêne, 49 sols : 21 fr. 40 c 2 pièces d'orme, 100 sols : 43 fr. 80 c. 1 pièce d'orme, 4 livres : 35 fr. 08 c. 14 sacs de charbon sont vendus 10 l. 16 s. 8 d. : 94 fr. 98 c., c'est-à-dire à raison de 6 fr. 78 c. le sac. Leur journée de maçon était payée 16 s. 8 d. : 7 fr. 28 ; celle du servant 13 s. 4 d. : 5 fr. 70 c. Ce calcul est fait d'après les tables monétaires dressées par M. Natalis de Wailly dans son Mémoire sur les variations de la livre tournois. La mort simultanée du roi d'Angleterre et de Charles VI prépara tout à coup de nouvelles destinées à la France (1422). Mais Caen devait rester jusqu'en 1450 sous la domination anglaise. Le règne de Charles VI est peut-être l'époque la plus désastreuse de notre histoire et cependant telle est la commisération qui s'attache au malheur que le nom de ce roi ne réveille en nous acucun sentiment de haine ni de mépris. Nous le plaignons sans l'accuser, et nous gardons toute notre indignation pour le duc de Bourgogne, ce prince félon et Isabeau de Bavière, cette reine parjure qui livrèrent à l'ennemi l'un sa patrie, l'autre sa couronne, tous les deux leur honneur. [p. 133] CHAPITRE VII

CHARLES VII (1422-1461)

Henri VI, roi d'Angleterre, est proclamé roi de France à Paris. — Charles VII est couronné à Poitiers. — Actes de barbarie des Anglais à Caen (1423). — Lettres de Henri VI relativement à l'hôtel-de-ville (25 février 1425). — Fondation de l'Université de Caen par le roi d'Angleterre. — Jeanne d'Arc. — Poésies de poètes caennais sur Jeanne d'Arc. — Une descendance de Pierre d'Arc, chevalier du Lys, frère de l'héroïne d'Orléans. — Le coup de main d'Ambroise de Loré (1431). — Soulèvement infructueux de la population du baillage de Caen (1334). — Reprise des hostilités (1449). — Charles VII reprend Caen aux Anglais. — Son entrée dans la ville. — Armoiries de la ville de Caen, dites de Charles VII. — Lettres patentes du roi sur la requête de l'abbesse de Sainte-Trinité, concernant un singulier droit qu'avaient les habitants de Vaux sur cette abbaye (mars 1451). — Charles VII confirme la création de l'Université de Caen par le roi d'Angleterre (1452) — Mort de Charles VII (1461). — Liste des villes de Normandie reprises par Charles VII. Le duc de Bourgogne et Isabeau de Bavière avaient fait signer en 1420 au malheureux [p. 134] Charles VI le honteux traité de Troyes, par lequel il déshéritait son propre fils et donnait au roi d'Angleterre, avec la main de sa fille, Catherine de France, le titre de régent du royaume et d'héritier de la couronne. En 1422, après la mort des deux souverains, le fils de Henri V fut proclamé roi de France et d'Angleterre à Paris et à Londres sous le nom de Henri VI. Henri VI avait neuf mois ; le duc de Bedford, son oncle, fut déclaré régent du royaume de France. En même temps, le Dauphin se faisait couronner roi de France à Poitiers sous le nom de Charles VII. Sans souci de ses devoirs royaux, il ne s'occupait que de ses plaisirs, « perdant gaiement son royaume », comme disait La Hire, un de ses plus braves capitaines. Cependant, à Caen, les Anglais commettaient de véritables actes de barbarie (1423). Quand un partisan armé de Charles VII tombait entre leurs mains, malheur à lui ! Il expiait son patriotisme dans les supplices les plus cruels. Son corps était ensuite coupé en quatre morceaux qu'on envoyait dans les différentes villes de la province pour y être exposés aux portes. « Des exécutions semblables, nous dit l'abbé Delarne, avaient déjà eu lieu sous Henri V, et elles furent même assez nombreuses, puisque, par une ordonnance du 22 mai 1418, il avait dispensé les cordiers [p. 135] de Caen de tout impôt, à condition de fournir toutes les cordes nécessaires pour l'exécution des condamnés. » Mais quand les Anglais virent que leur autorité était suffisamment établie, ils organisèrent sérieusement leur conquête et se montrèrent plus doux à l'égard des habitants de Caen qu'ils traitèrent désormais comme des compatriotes. En 1424 Henri leur octroyait les lettres suivantes : « Henri par la grâce de Dieu, roi de France et d'Angleterre, à tous ceux qui ces présentes lettre verront, salut. Reçue avons humble supplication de nos bien aimés les bourgeois, manants et habitants de la ville de Caen contenant comme pour les grandes affaires et nécessaires frais, missions, dépenses et autres charges qu'ils ont à faire et soutenir tant pour la fortification et emparement de ladite qui est grande et spacieuse et a besoin d'être tenue en bon et convenable état pour la sureté d'icelle et pour payer aussi les gages du capitaine et autres pensionnaires de ladite ville, comme pour payer et acquitter icelle envers nous de plusieurs rentes et dettes en quoi elle est tenue et mêmement pour faire la poursuite de plusieurs causes et besognes communes qu'ils ont et pourraient avoir en plusieurs auditoires et de plusieurs voyages et autres affaires qui surviennent, ils aient accoutumé avoir et prendre, cueillir et lever en ladite [p. 136] ville par chacun an, selon lesdites affaires, certains aides, et pour le présent en soit aussi grande nécessité que

autrefois, comme ils disent ; sçavoir faisons que nous, en considération aux choses dessus dites, inclinant à la supplication desdits suppliants, à iceux bourgeois, manants et habitants de ladite ville avons octroyé et octroyons de grâce spéciale, par ces présentes, que ils puissent remettre et continuer sur eux tel et semblable aide que par nous leur fut octroyé ès années dernières passées et icelui cueillir et lever ; c'est à savoir, sur chacune pipe de vin de Bourgogne, d'Orléans et de Basirète, vingt-cinq sols tournois et sur chacune pipe de vin d'autre pays XX sols, sur chacune pipe de cidre, boschet et cervoise V sols tournois, pour tourner et convertir les deniers qui en issiront au paiement des besognes, fortifications et affaires dessus dites et non ailleurs, voulant que moyennant, ce notre Bailli dudit lieu de Caen ou son lieutenant notre Procureur appelé, ledit aide soit mis sus, cueilli et levé et ait cours en ladite ville et ès faubourgs d'icelle jusques à 3 ans, à compter du jour que ledit aide à eux octroyé, comme dit est, sera sailli, et que iceux aides soient pris, cueillis et levés en la manière que les autres aides d'icelle ville ont accoutumé être levés et cueillis le temps passé, sur toutes les personnes, soit de notre pays d'Angleterre, sergents d'armes et autres demeurant en icelle ville et faubourgs, pourvu toutefois que la plus [p. 137] grande et saine partie des habitants se consente à ce et en soit d'accord et que nos aides ayant cours pour la guerre n'en soient aucunement et que ceux qui seront commis ou ordonnés à cueillir et lever ledit aide seront tenus en rendre compte quand et où il appartient, pourvu aussi que ces présentes soient vérifiées par le gouverneur des finances de notre pays de Normandie, etc. Donné à Paris le 24 Juin de l'an de grace 1424 et de notre règne le second. » L'année suivante (25 février 1425), une lettre de Henri VI, dans laquelle ce prince s'intitule roi de France et d'Angleterre enjoignit au bailli de Caen de faire remettre immédiatement au gouverneur de la ville la maison du pont Saint-Pierre où les bourgeois avaient coutume de tenir leurs assemblées « et de mettre en garde les canons, arbalètes, traits et autres habillements de guerre ». Depuis la prise de Caen par Henri V, la maison du pont Saint-Pierre était en effet occupée par les soldats Anglais, sous le commandement de Richard Wideville, capitaine de la ville et château de Caen. (V. Lettre de Henri VI, Archives municipales de France, 2e travée, 14e carton). Puis Henri VI, par lettres patentes en date du 26 novembre 1426, confirma les lettres de Henri V, son père, qui avaient été données le 17 janvier 1421, concernant les [p. 138] droits, franchises, priviléges et libertés de la ville de Caen. (V. Arch. municipales. Lettres patentes de Henri VI, du 28 novembre 1426 (parchemin), 2e travée, carton 1er. Ces lettres ont été imprimées dans le tome XI du Trésor des chartres.) Quelques mois auparavant (6 avril 1426), Henri VI avait accordé à la paroisse de Saint-Etienne (Saint-Etiennele-Vieux), une somme de 100 livres pour l'aider à reconstruire son « église tombée en ruines et décadence par les grosses bombardes qui avaient abattu sa voùte durant le siége de 1417. » La plus grand bienfait du roi d'Angleterre à notre égard fut la fondation de l'Université. Henri VI, par un édit daté de Rouen, le 6 janvier 1431, fonda l'Université de Caen, qui devait se composer de deux Facultés, l'une de Droit canonique, et l'autre de Droit civil [1]. Ce ne fut que cinq ans plus tard que les Facultés de théologie, de médecine et des arts furent ajoutées aux précédentes. L'approbation pontificale, formalité sans laquelle la fondation de l'Université eût été nulle, fut donnée par le Pape Eugène IV, dans une bulle du mois de juin 1437, sur la demande des trois Etats de Normandie. [p. 139] Par de nouvelles lettres patentes, du 27 mai 1439, Henri VI promulgua la bulle d'Eugène IV. En l'année 1440 (19 mars) eut lieu, pour la première fois, l'élection d'un Recteur. Ce dernier fut nommé,

suivant les statuts, par cinq délégués de chaque Faculté. (V. Procès-verbal des élections rectorales dans les registres appelés les Rectories. Archives du Calvados. — Le collége des Droits de l'ancienne Université de Caen. Essai historique, par M. Jules Cauvet. Mémoires de e la Société des Antiquaires de Normandie, XXII volume, page 474. — Matrologe de l'Université. — Collection Mancel. Musée de la ville de Caen. — Histoire de l'Université de la ville de Caen, sous la domination anglaise, par M. le comte Amédée de Bourmont.) Cependant, les Anglais étaient partout vainqueurs à Crevant, à Verneuil, et leurs succès avaient presque réduit Charles VII au territoire de Bourges. La seule place qui se défendit encore contre l'invasion, Orléans, était assiégée ; Dunois, Xaintrailles, Lahire, tous ces braves capitaines dignes des héros des chansons de gestes, s'y étaient enfermés ; les vivres manquaient déjà ; et déjà l'on parlait de se rendre quand une fille des champs, Jeanne, la bonne Lorraine, quitta son village, monta à cheval et sauva la France. [p. 140] Elle délivre Orléans ; elle fait sacrer le roi à Reims ; elle fait une chasse acharnée aux Anglais ; elle réveille le patriotisme endormi ; sa mission terminée, elle meurt martyre sur un bùcher d'où part une étincelle qui enflamme tous les coeurs, et d'où jaillit la fortune de la France, consacrant ainsi par sa mort la plus noble, la plus grande des causes, la cause de la France et de son souverain légitime. L'Anglais a jeté ses cendres dans la Seine ; mais son nom est resté et restera toujours la personnification mème du sentiment national, et voilà pourquoi nous aimons à revoir à travers les âges, rayonnante de candide beauté et d'éternelle gloire, la figure de notre Jeanne-d'Arc. Dans un ouvrage de Charles du Lys, un descendant de l'un des frères de l'héroïne d'Orléans, ouvrage édité en 1628, nous trouvons plusieurs poésies sur Jeanne-d'Arc, qui émanent de poètes caennais. Nous devons les recueillir avec soin : A Jeanne-d'Arc Brulée à Rouen par les Anglais L'ennemi, tout droit violant, Belle amazone, en vous brûlant Décela son âme perfide ; Mais le destin n'eût point de tort : Celle qui vivoit comme Alcide Devait mourir comme il est mort.

(MALHERBES .) [p. 141] Sur les armoiries que le roi Charles VII donna à la Pucelle et à sa famille. Pucelle, dont le bras sauva toute la France, En comptant les efforts des superbes anglais, Pouvais-tu désirer une autre récompense Que la couronne d'or et les lys de nos Rois ? Ta lame vengeresse aux ennemis fatale, Qui releva l'honneur et le Sceptre François, Portera désormais la Couronne royale

Au milieu de deux lys : nos Rois n'en ont que trois.

(TH. DE TROISMONT , conseiller à Caen.) Sur la reconnaissance de la Pucelle qui rapportait à Dieu toutes ses actions Grand Roi, qui commandez aux Rois, Prêtant l'oreille à ta créance, J'ai chassé le Roi des Anglais Et remis Charles dans la France. Je t'en présente les lauriers Et le trophée et la victoire ; Ici-bas les plus forts guerriers Ne sont qu'instruments de ta gloire.

(Jessé HERNIER, conseiller à Caen.) Prosopopée de la Pucelle. Vivant comme un Hercule aux combats indompté, Des mains du fier Anglais j'ai la France ravie ;

[p. 142] Je suis morte innocente en ma virginité ; Est-il plus digne mort ! Est-il plus digne vie !

(Fran.

DE

CAUVIGNY , Sieur DE COLOMBI.)

Sur l'habillement de Jeanne-d'Arc Aux Anglais de son temps Lorsque cette jeune Pucelle Pour nous remettre en liberté, Avec tant de facilité Vous chassait ainsi devant elle, Les armes cachaient ses habits. C'était une simple Bèrgère. Anglais, qu'eussiez vous pu moins faire, Si vous eussiez été brebis.

P. PATRIS , gentilhomme de Caen. Si la France entière s'enorgueillit de la gloire de la Pucelle d'Orléans, nous sommes tout particulièrement fiers d'appartenir à sa famille. Nous avons, en effet, l'insigne honneur d'être son petit neveu, descendant en ligne directe féminine de son troisième frère, Pierre d'Arc, chevalier du Lys. Pierre-d'Arc, chevalier du Lys, fils de Jacques-d'Arc et d'Isabelle Romée de Vouthon, frère de Jeanne-d'Arc, épouse Jeanne de Prouville. Catherine du Lys, fille des précédents, épouse François de Villebresmes, receveur du domaine d'Orléans, originaire de Blois. Marie de Villebresmes, fille des précédents, épouse Jacques le Fournier, baron [p. 143] de Tournebu, grenetier du grenier à sel de Chateaudun, puis receveur des tailles à Caen. Jeanne le Fournier, fille des précédents, épouse Etienne-Marin Patrix, docteur et professeur aux Droits de

l'Université de Caen, puis conseiller au parlement de Rouen et garde des sceaux de cette cour. Madeleine Patrix, fille des précédents, épouse le 17 mai 1544 Jean Ribault, sieur du Mesnil, receveur des décimes au diocèse de Bayeux. Antoinette Ribault, fille des précédents, épouse, le 17 décembre 1577, Guillaume Bourdon, sieur du Roquereuil, contrôleur général des finances en la généralité de Caen. Guillaume Bourdon, sieur de Préfossé, fils des précédents, épouse, le 20 septembre 1622, Jeanne du Buisson de Courson, fille de Pierre du Buisson de Courson, qui fut échevin de Caen en 1612, et de dame Elisabeth Baudouyn, laquelle était fille de Jean Baudouyn, seigneur de Saint-Sébastien de Préaux, du Fay et de la Chapelle-Gautier, chambellan de Henri III. Thomas Bourdon, sieur des Jumeaux, fils des précédents, épouse Marie Angot, fille de Jean Angot, conseiller du roy, commissaire examinateur au siége présidial de Caen. Macé Bourdon, sieur de Beuvilie, fils des précédents, épouse Catherine Perrard. Anne-Tugale Bourdon, fille des précédents, épouse, le 2 juillet 1716, Jean Boutry, sieur du Manoir. [p. 144] Marie-Jeanne Boutry, fille des précédents, épouse, le 12 mai 1736, Jean Dorenlot. Marie-Adrienne Dorenlot, fille des précédents, épouse, le 4 juin 1771, Louis Vauloger de Beaupré. Jules-Louis Vauloger, fils des précédents, épouse, le 6 ventôse an XIII, Françoise le Faulconnier. Léon Vauloger, fils des précédents, conseiller à la Cour de Caen, cheval. de la Lég. d'honneur, épouse, le 19 avril 1831, Aménaïde Hobey. Amélie Vauloger, fille des précédents, épouse, en 1856, Alexandre Carel, avocat, professeur à la Faculté de droit de Caen, chevalier de la Légion d'honneur ; d'où : Pierre, Jean, François, Marie, Thérèse, Marthe, Madeleine. Le sang de Jeanne d'Arc retomba sur les Anglais. Chartres et un grand nombre de villes au nord de la Loire leur furent enlevées. Bientôt le duc de Bourgogne conclut avec Charles VII le traité d'Arras et s'attacha désormais à la cause du roi. Richemont et Dunois ayant chassé les Anglais de Paris, le roi y rentra l'année suivante (1436). La guerre fut suspendue par une trève de 5 ans (1444). Le roi employa ce temps à réparer les finances, à créer une armée régulière et permanente, composée pour la plus grande [p. 145] partie de compagnies d'ordonnances à cheval et de la milice des francs archers à pied, tandis que les poètes normands Alain Chartier et Robert Blondel excitaient, par leurs vers éloquents, le patriotisme de toute la nation enfin sortie de sa torpeur. Le réveil fut beau, et à la fin de son règne « l'ancien roi de Bourges » était devenu le prince le plus puissant de l'Europe.

La guerre fut reprise en 1449 ; mais avant de raconter la marche victorieuse des troupes francaises dans la Normandie, nous devons arrêter l'attention de nos lecteurs sur quelques faits isolés de notre histoire locale. En 1431, un gentilhomme, chaud partisan de Charles VII, Ambroise de Loré, baron d'Ivry, accomplit un fait d'armes aussi hardi que brillant. Tous les ans, vers la fin du mois de septembre, se tenait, dans le faubourg appelé le Bourg-l'Abbé, une foire importante, la foire Saint-Michel, qui durait trois jours, au profit de l'abbaye de Saint-Etienne. Nous savons même que la proclamation de la foire se faisait solennellement dans les carrefours par les officiers de l'abbaye, accompagnés des adjudicataires ; les archives de l'abbaye de Saint-Etienne nous apprennent ce détail original que les adjudicataires étaient tenus « de fournir, le jour de Saint-Michel, trois gallons de bon vin clairet pour le dîner du prieur et des religieux, de donner une collation à leurs officiers au retour de leur chevauchée, enfin d'apporter [p. 146] quatre douzaines de bons gants brodés de fil d'or et d'argent, deux douzaines de parfumés et deux douzaines de gants simples. » Sur ce marchè on vendait principalement des chevaux, des bestiaux, des cuirs, des objets de ferronnerie et de clouterie, des draps, des toiles ouvrées, des fourrures. S'emparer des marchandises, rançonner les marchands anglais, tel fut le projet que Ambroise de Loré, gouverneur de Saint-Cénéry, résolut de mettre à exécution, malgré les difficultés de tout genre qui semblaient rendre impossible un aussi fabuleux coup de main. La place de Saint-Cénéry était située en effet à environ 30 lieues de Caen, et, depuis l'occupation de la Normandie par les Anglais, Alençon, Séez, Argentan, Falaise, Domfront, Condé, Harcourt, les principaux châteaux de la contrée qui séparaient cette place de notre ville, étaient remplis de garnisons qui se portaient mutuellement secours, à la nouvelle du moindre soulèvement. De Loré voyait fort bien le danger ; aussi ce ne fut qu'après avoir pris toutes ses précautions qu'il quitta SaintCénery avec 700 hommes environ. Il était accompagné de Pierre Ferrebourg, capitaine des Bonsmoulins, un aventurier breton qui, au mois d'août 1429, avait chassé les Anglais de cette place, et en avait alors reçu la capitainerie du [p. 147] duc d'Alençon. Presque tous ses hommes étaient à cheval et de bons guides avaient été choisis pour conduire la colonne « par vallées et païs couverts » et lui faire ainsi éviter les villes de garnison. (Odolant Desnos. Mémoires historiques. Jean Chartier. Histoire de Charles VII. Huet. Origines de Caen.) Ce fut très probablement au gué de Percoville, situé à l'extrémité d'un plateau compris entre les vallées de la Laize et de l'Orne, que Loré passa cette dernière rivière avec ses gens. (V. un intéressant travail de M. Robert Triger : Un coup de main de Ambroise de Loré en Basse-Normandie, page 18. M. Triger a essayé de déterminer l'itinéraire probable d'Ambroise de Loré, et grâce à des rapprochements intelligents, son récit a toutes les apparences de la vérité.) Il dût ensuite traverser le territoire des villages de Vieux, Maltot, Eterville, d'où il put apercevoir Caen, « la ville aux églises », comme l'appelaient les marins du moyen-âge. Jusqu'ici, l'expédition avait été bien menée ; les bourgeois et les marchands de Caen étaient loin de se douter qu'un ennemi invisible était sur le point de fondre sur eux. Mais de Loré avait encore un péril à craindre et à

éviter : c'était le château, qui pouvait donner l'alarme et mettre sur pied sa garnison et la milice bourgeoise. [p. 148] De Loré exécuta un mouvement tournant et se dirigea vers le Nord, suivit le cours de l'Odon jusqu'à Bretteville, remonta ensuite un petit ravin qui le conduisit jusqu'à la Maladrerie, puis choisissant 50 lances et 100 archers en forma une avant-garde à la tête de laquelle il se mit pour soutenir le choc des Anglais, alors que les autres soldats pilleraient le champ de foire. Soudain les champs St-Michel sont envahis par tous ces hommes d'armes. Les bourgeois et les marchands, épouvantés, s'enfuient à toutes jambes vers les portes de la ville. Quelques anglais qui essaient de résister sont immédiatement massacrés, les sorties faites par les garnisons du château restent infructueuses et de Loré, maître d'un butin considérable et de 4,000 prisonniers environ reprend le chemin du gué de Percoville, repasse l'Orne et s'arrête avec son convoi à la limite de la forêt de Cinglais au pied d'une croix, dont les débris ont été retrouvés par M. l'abbé le Fournier, curé de Clinchamps et membre de la Société des Antiquaires de Normandie. En cet endroit, « il fait crier à son de trompe, au nom du roi et du duc d'Alençon dont il est le maréchal, que, sous peine de mort, tout homme qui a prisonnier ou autre homme d'église, qu'il le renvoie et délivre sans rançon, que tous ceux qui ont sauf-conduit de seigneurs ou de capitaines francais soient semblablement mis en liberté, ainsi que tous vieux hommes, jeunes enfants et pauvres laboureurs. » [p. 149] (Jean Chartier, Histoire de Charles VII, dans Denis Godefroy.) Farrebourg amène à Ambroise de Loré une prisonnière. C'est une jeune fille si belle que les chroniqueurs l'appellent « un miracle de beauté. » Elle est en pleurs ! Elle demande qu'on la conduise à son père, qui l'a amenée de Falaise pour la promener à la foire. « Qu'on recherche le père de cette jeune fille parmi les prisonniers, dit Ambroise, et si l'on ne le trouve pas, qu'une bonne escorte la conduise à Falaise chez ses parents. » (V. Cauvin. Notice sur Ambroise de Loré.) Ce trait révèle le caractère d'Ambroise de Loré. C'était plus qu'un hardi capitaine ; c'était un généreux chevalier. Les prisonniers licenciés, qui étaient au nombre de 8 à 900, furent reconduits jusqu'au gué. Cinq cents avaient réussi à s'échapper pendant la lutte ; près de trois mille furent emmenés dans le Maine. Huit jours aprés, Ambroise de Loré était de retour à Saint-Cénéry. Ce coup de main si heureux peut paraître au premier abord comme un fait isolé dans l'histoire, sans importance, sans conséquences. [p. 150] C'est là une erreur, et M. de Bras a eu raison de dire que le succès des armes françaises, en cette circonstance particulière, au milieu du désastre général, fit renaître quelqu'espérance dans les cœurs des Normands, et rehaussa en eux le sentiment de la nationalité. Le bailli de Caen était alors Guillaume Le Breton (Orig. de Caen, p. 80). Le duc de Bedford avait confié la garde du château à Jean Falstol. (Ce lieutenant, nous dit l'abbé Beziers (p. 75), employa tous ses soins à remettre la ville en état de défense. Il en avait reconnu la faiblesse par l'endroit nommé le Coignet aux brebis, où l'on a bâti depuis la tour Chatimoigne. C'était par là que les Anglais étaient entrés dans Caen en 1417 ; comme ce côté n'était défendu que par une ancienne tour, il en fit bâtir une autre capable d'une plus grande résistance. (V. Orig. de Caen,

égal. Orig. de Caen, p. 50.) Les partisans de Charles VII réussirent à s'emparer de quelques châteaux et de quelques abbayes. Des lettres-patentes de Henri VI, datées de Rouen (1433), ordonnèrent la démolition des fortifications de l'abbaye de Saint-Etienne et de l'abbaye de Sainte-Trinité. Mais l'abbé et l'abbesse s'opposèrent énergiquement à ces mesures et finirent par obtenir gain de cause. Semblables aux coursiers qui mordent avec rage le fer qui les meurtrit, les Normands [p. 151] aspiraient la liberté, en maudissant le joug de l'Anglais. Un jour (c'était le 8 septembre 1434), ils apprennent que les Anglais avaient fait un horrible massacre de Français dans la commune de Vicques. L'indignation et la colère furent générales dans tout le bailliage de Caen. 60,0000 hommes aussitôt se trouvèrent réunis. Le maréchal de Rieux se mit à leur tête. En avant et sus à l'ennemi ! L'historien Thoyras nous rapporte qu'ils se rendirent maîtres de Caen, mais que lord Arondel réussit à reprendre la place. Si nous nous reportons aux actes du temps, nous voyons que les choses se passèrent tout autrement, que nos troupes tombèrent dans une embuscade habilement dressée par les Anglais dans le faubourg de Vaucelles et qu'elles y firent des pertes très considérables, qu'au nombre des morts se trouvait un de ses chefs, nommé Cantepie. Par surcroit de malheur, le temps était glacial, et la neige couvrait la terre. A ce réveil des communes impatientes de la domination ennemie, à cet élan de patriotisme succéda un profond découragement. Et chacun rentra dans ses foyers, la tristesse au fond de l'âme. Après cette fatale échauffourée, le duc d'Alençon songea à soutenir l'insurrection des communes en faveur du roy de France, mais le moment d'agir avec succès était passé. [p. 152] Les communes étaient en effet déjà séparées, quand il envoya à leur secours 100 lances et 200 archers, sous les ordres de Ambroise de Loré. Près de l'abbaye d'Aunay, Ambroise rencontra les communes de Vire, commandées par un nommé Boscher. Il les emmène à sa suite, marche sur Avranches, rallie, chemin faisant, de nombreux partisans du roy, et pendant 3 mois, à la tête de ces troupes indisciplinées parcourt en tous sens et ravage bien inutilement tout le Cotentin. La désolation de la presqu'île fut le résultat de ce beau mouvement ; quant à la cause du roy, elle n'y gagna absolument rien. Il était réservé au roi lui-même de chasser les Anglais de la Normandie. Après la reprise des hostilités par la rupture de la trève quelques jours avant son expiration, quatre armées entrêrent à la fois dans la province. Au Nord, le comte de Saint-Paul entra dans la Haute Normandie ; à l'Est, le comte de Dunois pénétrait au cœur de la province par Louviers et Lisieux ; au sud, le duc d'Alençon fit converger ses troupes vers les autres, tandis que le connétable de Richemont et son frère, le duc de Bretagne, partaient du Mont Saint-Michel et envahissaient l'Avranchin et le Cottentin.

Le comte de Saint-Paul se réunit au comte de Dunois pour faire le siége de Lisieux. [p. 153] Le siége commença vers le 13 août 1449 et le 16, la capitulation était signée. — Ce fut Poton de Xaintrailles qui entra le premier dans la ville ; derrière lui marchaient les princes et les évêques, puis l'armée. Sur le passage du cortège le peuple criait un signe d'allégresse : Noël ! Noël ! Le 18 février 1450, Honfleur se rend. Le 15 avril 5,700 anglais étaient tués à la bataille de Formigny. Vire, Bayeux sont bientôt au pouvoir du roi. Le duc de Sommerset, prévoyant qu'après la prise de ces deux dernières villes, les français viendraient assiéger Caen, se mit en état de défense. Il fit brûler les maisons du Bourg-l'Abbé qui auraient pu servir de retraite à l'ennemi, le pont de Vaucelles fut rompu. Charles VII avait établi son quartier général à quelque distance de la ville, à l'abbaye d'Ardennes. Dunois était à Vaucelles, le cométable à l'abbaye de Saint-Etienne, les sires de Beauvais et de Bourbonnais entre Saint-Etienne et le château. Le roi de Sicile, les ducs de Calabre et d'Alençon et les deux frères de Lorraine étaient à l'abbaye de Saint-Trinité. La ville était ainsi complètement cernée. L'attaque commença par la bastille du pont de Vaucelles. Le maréchal de Lohéac et le sire d'Orval qui conduisaient l'assaut, combattirent là pendant deux heures. Dunois avait fait dresser contre la bastille du [p. 154] pont deux grues pour battre les murs et deux chats pour protéger les assaillants mais le flot de la mer venant à monter, on dut interrompre le combat. Les français passèrent la nuit à maintenir leurs engins sur l'arche du pont. — Le lendemain la lutte reprit avec un nouvel acharnement. Les machines battent les murailles avec fracas ; à l'abri des appareils roulants, les assiégeants parviennent à les saper, elles s'écroulent aux cris de joie des français qui s'élancent alors avec impétuosité à l'assaut, forcent les anglais à la retraite et restent les maîtres du pont et de la bastille. Pendant ce temps les gens du connétable emportaient de vive force le boulevard de la porte de Bayeux. Mais bientôt ils l'abandonnaient à cause de la difficulté de conserver les positions. La lutte se concentra sur la partie de l'enceinte qui s'étendait entre la porte de Bayeux et le vieux SaintEtienne. Il y avait alors sur l'emplacement de la place Fontette une énorme tour, placée là probablement pour tenir en respect l'abbaye de Saint-Etienne. Jean Bureau fit pratiquer des galeries sous cette tour par ses francs taupins. Ceux-ci les remplirent de poutres et de matières combustibles. Les fondations s'ébranlent, la tour chancelle, s'écroule ; pierres et assiégeants viennent s'abîmer dans le fossé. [p. 155]

Les Français courent à la brèche ; mais les Anglais combattirent avec tant de vaillance qu'ils les arrêtèrent. De son côté, le roi de Sicile, qui s'était retranché dans l'abbaye de Sainte-Trinité, lançait force boulets sur une tour qui couvrait l'entrée de la rue Neuve-Saint-Jean. La tour fut renversée. Le siége durait déjà depuis quinze jours, quand Sommerset fit proposer au roi de traiter pour la ville, tout en continuant à se défendre dans le château. Charles VII lui fit savoir qu'il lui fallait la ville et le château. Sommerset commençait à se lasser de la guerre. Bien que tous ses lieutenants fussent d'avis de lutter jusqu'à la dernière extrémité, le courage lui manqua en songeant à sa femme et à ses enfants qu'il chérissait tendrement et qui étaient enfermés avec lui dans le château. Son cœur parla plus haut que son devoir ! Il se décida donc à traiter avec le roi de France et choisit des commissaires pour discuter les conditions de la paix. Ces commissaires furent Richard Harrington, grand bailli de Caen ; Fouques Ethon, Robert Gages, Eustache Canivet et Hugues de Juvigny, abbé de Saint-Etienne. Dunois, Pierre de Brezé et Jean Bureau furent les délégués du roi de France. [p. 156] Le 24 juin, les articles suivants furent rédigés d'un commun accord : 1o La place sera remise aux gens du roi le 1er juillet 1450, à l'heure de midi, si aucun secours n'arrive d'Angleterre au duc de Sommerset ; 2o Le duc donnera 18 otages ; savoir ; 12 gens de guerre et 6 bourgeois de la ville ; 3o Le roi consent que le duc, sa femme et ses enfants et toutes autres manières de gens de quelque état, nation ou condition qu'ils soient, s'en aillent où bon leur semblera, en Angleterre ou ailleurs, hormis à Falaise et Domfront avec leurs chevaux, harnais, arcs, arbalètes ; 4o Des saufs-conduits seront donnés aux blessés, aux malades et aux femmes que leur état empêcherait de quitter incontinent la ville, lorsqu'ils voudront partir ; o

5 Il est accordé aux vaincus la faculté de vendre ou échanger leurs biens, chevaux, harnais, etc. ; o

6 Toutes personnes demeurant en ladite ville et château seront déchargées des promesses faites aux Anglais, et les Anglais devront les délier de leur parole ; o

7 Jusqu'au jour de la reddition de la ville, aucun des gens du roi ne pourra pénétrer par force dans son enceinte ni dans le château sans la permission du duc de Sommerset ; o

8 Ledit duc pourra envoyer jusques là ses héraults en Angleterre pour le fait de leur service ; 9o Le roi sera content recevoir en sa [p. 157] bonne grâce tous les habitants de ladite ville de Caen, tant gens d'église, nobles, bourgeois que autres quelconques demeurant et résidant en ville ; il leur donne absolution générale, leur restitue leurs bénéfices, terres, biens, héritages et possessions quelconques ; leur rend leurs franchises, libertés et privilèges comme

avant la descente du feu roi d'Angleterre ; o

10 Le roi veut que toutes leurs dettes et arrérages quelconques qu'ils doivent ou qui leur sont dus, soient loyalement payés. Le comte de Dunois, lieutenant général des armées du roi s'engage à observer de point en point et article par article les conditions de ce traité, sans fraulde ni mal engin. (Matrologe, vol. 1er, folos 44 et 45.) Les Anglais attendirent vainement des secours de la mère-patrie pendant le délai convenu. A son expiration er c'est-à-dire le 1 juillet, Sommerset rendit la ville et le château. Les clefs de la ville furent remises au roy au pied de ce mouvement de terrain qu'on appela plus tard le Moulin au-Roy. Richemont les reçut des mains du bailli Richard Harrington qui aussitôt les remit à Dunois, le lieutenant général. — Beaucoup d'Anglais partirent de suite pour l'Angleterre. Abandonnant froidement les femmes qu'ils avaient prit chez nous en mariage et les enfants qui étaient nés de ces unions. Jean Chartier raconte les scènes navrantes qui alors eurent lieu. Les malheureuses femmes pleuraient amèrement et s'attachaient [p. 158] à leurs maris qui les repoussaient. On les voyait « montées sur des charrettes avec leur mobilier, ou bien marchant à pied portant leurs petits enfants en berseaulx sur leur tête, les autres sur leur col les aulcunes en avaient de pendus entour d'elles et autour de leur corps, avec bandeaulx de toille, et d'autres tenaient et traînaient les grandelles par les mains du mieux qu'elles pouvaient. » Après l'évacuation de la ville par l'ennemi, Dunois, accompagné du maréchal de Jaloches, entra dans le château. Devant lui marchaient 200 archers, un trompette et les hérauts du roi de France. Il était suivi de 3 écuyers qui portaient les bannières de Charles VII et de 100 hommes d'armes à pied. Bientôt l'étendard de la France flotta sur la tour du donjon, qui dominait de 100 pieds le château. De quelle joie nos fiers aïeux ne durent-ils pas tressaillir quand ils virent s'agiter dans les airs le drapeau de la patrie retrouvée ! Du château, Dunois descendit dans la ville, et fit arborer les armes de France sur les portes et sur les tours, qui, elles aussi, semblaient joyeuses de redevenir françaises ! Ce fut le 6 juillet que Charles VII quitta l'abbaye d'Ardennes pour faire son entrée solennelle dans Caen. [p. 159] Déjà, pour rassurer les habitants, il avait, dans les derniers jours du mois de juin, donné des lettres-patentes datées de cette abbaye, par laquelle il avait accordé à tous gens d'église, nobles, bourgeois, manants et habitants de la ville de Caen, qui lui prêteraient serment de fidélité, amnistie pleine et entière des crimes qu'ils avaient pu commettre à l'encontre de sa personne royale. En outre le roy confirmait leurs privilèges, la charte des Normands, et la Coutume du pays. — (V. Archives municipales. Lettres d'abolition données par Charles VII en juin 1450, à l'abbaye d'Ardennes, présentées à l'Echiquier de Normandie au terme de Pâques 1454, par Rogier de la Valette, un des bourgeois jurés de la ville de Caen et enregistrées registres dudit Echiquier (parchemins). 2e travée — 18e carton.) V. aussi le matrologe, volume 1er, folios 45 et 46.)

Charles VII, à l'abbaye d'Ardennes, avait aussi reçu l'hommage de quelques seigneurs du pays, entr'autres de Jean d'Auray, baron de Saint-Poix et de Courseulles, du sire de Tilliéres, de Bertrand Goyon de Matignon, sire de er Torigny, qui fut créé chambellan du roi par lettres datées du 1 juillet. Charles VII se mit donc en route vers la ville le 6 juillet. En tête marchaient les archers conduits par Théobald de Valperga, bailli de Lyon, et le seigneur de Preully. On remarquait, dans le cortége qui précédait [p. 160] le roy, Guillaume Juvénal des Ursins, chancelier de France, ayant sur chaque épaule trois rubans d'or et trois bandes d'hermine ; Pierre de Fontenil, écuyer du roy, couvert de l'armure complète de fer, et portant sur la tête un chapeau de velours vermeil, fourré d'hermine et pointu par devant ; Poton de Xaintrailles, bailli de Berry ; Richemont, connétable, portant devant lui la grande épée, insigne de sa dignité. Puis paraissait le Roy, monté sur un cheval de bataille couvert jusqu'aux pieds de velours azur, semé de fleurs de lys d'or brodées. Il portait un chapeau de castor de velours vermeil, au sommet duquel il y avait une houppe de fils d'or et devant un magnifique diamant. A droite du roy chevauchait René d'Anjou, roi de Sicile, et à sa gauche Charles d'Anjou, comte du Maine. Derrière eux venaient les pages avec leurs casques ornés de plumes d'autruche. Puis on voyait les comtes de Nevers, de Saint-Paul et de Clermont couverts de leurs brillantes armures ; le sire de Culant, grand maître de l'hôtel du roy à la tête de 100 lances ; Roger de Blosset, portant l'étendard du roy, en satin cramoisi, avec une image de Saint-Michel et une bordure de soleils d'or ; le sénéchal de Poitou, Pierre de Briezé ; Jacque Cœur, l'argentur du roy ; le duc d'Alençon ; le comte d'Eu ; les princes de Lorraine ; les maréchaux de Lohéac, de Chabannes, le comte de Castres, le sire d'Orval, etc. [p. 161] La marche était fermée par une compagnie d'ordonnance de 100 lances. Ce splendide cortége arriva dans l'ordre le plus parfait à la porte de Bayeux, c'est-à-dire à peu près à l'endroit où la rue Pémagnie rejoint la place Saint-Martin. Là se tenaient le comte de Dunois et le maréchal de Jalognes, accompagnés des six pairs et jurés de la ville, du lieutenant-général du baillage, Eustache Canivet, du prévôt des marchands et d'une grande quantité de notables et de magistrats. Eustache Canivet présenta ces derniers au roi, en disant : « Sire, voici vos bourgeois de Caen, qui vous supplient très humblement de les tenir pour excusés de ce que si longuement, ils ont attendu à retourner en votre obéissance. Car ils ont eu de forts grandes affaires et ont été forts contraits par les Anglais, vos anciens ennemis. Et ils vous prient aussi qu'ayez souvenance des grandes peines et tribulations que jadis ils souffraient avant qu'ils se voulussent rendre auxdits Anglais vos adversaires. » Le roi répondit quelques mots, l'assurant qu'il conserverait aux habitants de sa bonne ville de Caen tous les droits, franchises et libertés, dont ils jouissaient. L'un des notables offrit les clefs au roy qui les reçut et les remit à Dunois, lequel fut immédiatement nommé capitaine et gouverneur de la ville de Caen. [p. 162] Ensuite, le clergé marchant processionnellement vint saluer le roy ; il était suivi des ordres mendiants, du

recteur et des régents de l'Université de Caen. Enfin Charles VII entra dans la ville. Il alla tout d'abord mettre genou en terre à l'église Saint-Pierre. Là, il pria ! Après avoir remercié Dieu, il alla loger chez un riche bourgeois, Roger-le-Cloutier, seigneur du MesnilArgences. Il y resta huit jours, avec son conseil, et rétablit l'administration de la ville sur ses anciennes bases. Jacques de Clermont fut nommé bailli de Caen. Il avait déjà fait ses preuves comme homme de guerre. De concert avec Jean de Bressey, capitaine de Louviers, Floques, bailli d'Evreux, et Guillaume Bigars, il avait surpris la ville et le château du Pont-de-l'Arche, en 1446, et Verneuil en 1449. (Chron. de Normandie, pages 188 et 190.) Pendant le séjour du roi, c'est-à-dire pendant une grande semaine, la ville célébra sa délivrance par des fêtes et des réjouissances. Le 12 août suivant, après la reddition de Cherbourg, il ne restait plus un seul Anglais sur le sol de notre belle Normandie. L'œuvre de Jeanne d'Arc était accomplie ! La Rocque, dans son histoire de la maison d'Harcourt (volume I, page 644), cite [p. 163] une histoire manuscrite du siége de Caen composée par Jean Eudes, tabellion de Sainte-Paix et témoin oculaire. Cette relation doit être très curieuse et pourrait nous fournir des détails plus exacts qui nous permettraient de concilier les auteurs anglais et français. Malheureusement nous n'avons pu trouver nulle part ce manuscrit et il est fort à craindre qu'il ne soit perdu. Charles VII rétablit ceux de ses sujets qui lui étaient restés fidèles dans la propriété et possession de leurs biens usurpés par les étrangers. (Matrologe, Livre I, pages 42 et suiv.) Enfin il donna à la ville le droit de porter les trois fleurs de lis d'or dans son écusson. La preuve de cet enrichissement est dans un sceau appendu à une charte du 12 mars 1459. Cette charte porte adjudication au profit des échevins et bourgeois de Caen d'une maison, cour et jardin, située rue Exmoisine (rue Saint-Jean), ayant appartenu à divers ; elle fait en outre mention d'une rente de 30 livres tournois dont la ville charge ces derniers pour l'entretien de la chapelle Saint-Aignan d'Orléans, fondée anciennement dans l'église Saint-Georges du château de Caen. (Archives municipales, carton Armoiries.) Ce sceau est en cire verte et finement exécuté. Il reproduit dans une circonférence de 11 centimètres un château crenelé et donjonné, [p. 164] ouvert et maconné, accosté de deux petites tours détachées et maçonnées, lesquelles sont inscrites dans une enceinte fortifiée qui se développe dans toute la largeur de l'écu. Deux fleurs de lis occupent de chaque côté du donjon le champ de l'écu ; enfin, au-dessus de la porte d'entrée du château ressort fort nettement une fleur de lis

d'or. Ce ne fut seulement que vers l'année 1460, pensons-nous, que la villé de Caen fut dotée d'armoiries en tout semblables à l'écu de France, sauf que le champ était mi-partie d'azur, mi-partie de gueules. Elles se trouvent sur un morceau de velin qui décore la couverture du premier livre chartrier de la ville. La forme de ce nouvel écu est losangée ; elle fut ronde pendant le XVIIo et le XVIIIo siècle. C'est en qualité de bonne ville, que Caen mérita ce privilège remarquable, dont elle jouit jusqu'en 1790 et qui de plus lui donnait le droit de se faire représenter à la cérémonie du sacre des rois de France par les maires ou baillis. Un conseiller du Parlement de Rouen insérait en 1631, dans un rapport fait à l'occasion d'un procès entre les officiers royaux et les habitants, les mots suivants qui, sous la plume d'un magistrat habitant une ville jalouse de notre supériorité ont une autorité toute spéciale : « La ville de Caen est tellement royale qu'elle a l'honneur de porter en fermé de lys [p. 165] en ses armoiries, dont le Parlement fait voir qu'il prend un soin tout particulier sur toutes les occasions qui se présentent, affin de la protéger et conserver en tous ses droits, priviléges, et libertés, vu qu'il est notoire que, pendant la Ligue et les ardeurs des guerres civiles, elle a toujours été ferme pour le service du Roy. » En 1451, au mois de mars furent données à Montils les Tours des lettres-patentes sur la requête de l'abbesse et des religieuses de Sainte-Trinité de Caen, concernant un droit singulier qu'avaient les habitants de Vaux sur leur abbaye. (Trésor des Charles — Bibliothèque nationale). Abbé de la Rue. Miscelleana civilia et littéraria Cadomensia et Normanica (Manuscrit in-4o) fos 26 et suivants. Ces dames exposent dans leur requête « que les paroissiens, manans et habitants de Vaulx étant de 4 ou 5 lieues ou environ loin de laditte abbaye avaient accoutumé prendre et avoir ung disner chacun an le jour de la fête de la Trinité, en laditte abbaye en la manière qui ensuit, c'est assavoir que lesdits paroissiens et habitants de laditte paroisse de Vaulx lavent leurs mains en une cuve pleine d'eau et après se assoient à terre et ont chacun ung pain de 21 à 22 onces, une toisle estendue devant eulx sur laquelle ils ont une pièce de lard bouilly de la grandeur de demi pié en [p. 166] quarré ; après ont chacun une ribelette de lard rosty sur le greil, chacun une esculée de mortreux fait de pain et de lait et à boire tant qu'ils veulent cidre ou cervoise et sont assis 3 ou 4 heures. » L'abbaye avait souvent offert aux habitants de Vaulx de convertir cette obligation en redevance pécuniaire ; mais ceux-ci avaient toujours préféré le dîner dont le menu n'était pourtant pas très attrayant ; mais on y buvait beaucoup. Les religieuses entendaient des propos qui les scandalisaient et le bruit que faisaient ces paysans pris de boisson ne leur permettait pas de célébrer la fête convenablement. Aussi s'étaient-elles adressèes au roy. er

Charles VII, par des lettres-patentes en date du 1 septembre 1450, commit le bailli de Caen, l'advocat et le procureur du roy, avec 2 personnes notables de la ville, pour informer et prendre l'avis de l'évêque de Bayeux et de l'abbé de Caen. Après l'enquête et l'information, il ordonna la conversion de cette grossière redevance en une rente annuelle de 30 fr. payables au trésor de Vaulx, à charge par l'abbesse de faire célébrer tous les ans, le lendemain de la Trinité, un service pour les fondateurs du dîner et les habitants trépassés de Vaulx, auquel devaient assister 5 à 6

personnes de la commune. L'abbesse était tenue de recevoir ces délégués et de leur donner un « dîner comme il convenait et selon leur rang. » [p. 167] Dans les lettres-patentes du mois de mars 1451, Charles VII parle de son séjour à l'abbaye de Sainte-Trinité pendant le siége de Caen. Et pourtant, tous les historiens sans exception disent qu'il s'était établi à l'abbaye d'Ardennes ! Sans doute, le roi séjourna dans l'une et dans l'autre des deux abbayes ; son quartier général était à l'abbaye d'Ardennes ; il a pu demeurer quelques jours à Sainte-Trinité qu'occupaient alors le roi de Sicile, les ducs de Calabre et d'Alençon et les deux frères de Lorraine. En 1452, le roi confirma la création de l'Université de Caen par le roi d'Angleterre. Il voulut d'abord excepter la « Faculté de Droit civil » qu'on lui disait inutile et surabondante, « attendu qu'il n'en existait pas de « semblable dans l'Université de Paris. » Puis il céda aux instances des Etats et le 30 octobre 1452 paraissaient des lettres-patentes datées de Pommereux-en-Forest, confirmant sans restriction tous les statuts et priviléges de notre Université. (Voir copie des Lettres-patentes de Charles VII. Archives du Calvados. — Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, tome VIII, page 338. — Essais sur Caen, abbé de la Rue, tome II, page 138.) « Pourquoi l'Université de Caen demeura sous son nouveau maître ce qu'elle avait été précédemment sous son fondateur, sauf en somme quelque retranchement sur sa [p. 168] dotation de laquelle dut être distrait ce que lui avait été concédé sur les revenus de celle de Paris. » Cette même année fut fondé à Caen le collège du Cloutier par Roger-le-Cloutier, seigneur de Saint-Germainle-Vasson et du Mesnil d'Argences. Le 22 janvier 1453, on célébra avec pompe et solennité dans l'Eglise Saint-Pierre l'inauguration de la nouvelle érection de l'Université ; et on y promulgua les lettres-patentes du roi et les bulles des Souverains-Pontifes déjà expédiées pour sa fondation. Les dernières années de Charles VII furent attristées par la révolte de son fils, le dauphin Louis, qui trouva un appui dans les grands vasseaux et particulièrement dans le duc de Bourgogne. Cette révolte, connue sous le nom de guerre de la Praguerie, causa un si profond chagrin à Charles VII qu'il se laissa mourir de faim, de peur d'être empoisonné par son fils (1461). Supplément. — La pièce suivante se trouve dans un manuscrit de 14 pages à 2 colonnes annexée à un infolio, que possède la bibliothèque de Poitiers : Magni Jacobi ordinis S. Augustini Sophologium. C'est une liste des villes de Normandie reprises par Charles VII. Elle se rapporte au commencement de l'année 1450, immédiatement après la bataille de Formigny. — Elle offre un grand intérêt historique et géographique [p. 169] en ce qui touche l'orthographie des lieux et leur division d'alors. — S'ensuyvent les noms des places que le roy a conquesté de nouvel en Normandie. Le Pont de l'Arche, ville et Chastel. Vernon sur Saine ville et Chastel, La Roche-Guyon bon Chastel. Mante sur Saine bonne ville. Verneuil ou Perche ville et chastel. Le Ponteau de Merville. Lizeux cité. Le Pont Levesque ville. Le vieil Chastel. Courtonne chastel. Thoque port de mer. Laffrete. Fresnay chastel. Aurebecques ville. Harcourt

chastel. Chambroys chastel. Conches ville et chastel. Argenten ville et chastel. Yeves ville et chastel. Chamboys chastel. Barnays chastel, Coustances cité. Saint Lou bonne ville. Carenten ville et chastel. Le Pont doc chastel. Hambie chastel. Regneville port de mer. Mortaing chastel. Sainct Jame de Beuvron ville. Sees, ville. Essay bon chastel et ville. Alencon ville et chastel. Le neuf chastel, ville et chastel. Gisors ville et chastel. Gornay ville. Féquant ville. Loyempré chastel. Dangu chastel. Beaumesnil chastel. Coursu chastel. Gerberoy ville. Conches ville et chastel. Bellencombre chastel. La Rivière Tiberartville chastel. Baonne chastel. Lahaye chastel. Bricqueville chastel. Caudebec ville. Tanquarville chastel. Lilebonne. Arques chastel. Harfleur ville. Montivilliers ville. Chasteau Gaillart. Chateaufort. Lecrotay chastel. Belesmeville. Piron. Rugies. Thorigny. Gare. Saint-Pierresur-Dives. Ellebœuf. Chanetloup. Saint-Sauveur. [p. 170] Vimoustiers. Le Vicomte. Honnefleur. Rouen cité. — Item s'ensuivent les places encore à rendre : Caen ville et chastel. Bayeux ville. Avranches cité. Tombelaine. Fresnay. Dempfront. Faillaise. Cherebourc. [p. 171] CHAPITRE VIII

LOUIS XI (1461-1483) Louis XI, allant au mont Saint-Michel passe par Caen (1462). — Ligue du Bien public. — Fidélité de la ville de Caen au souverain légitime. — Le prince Charles. — Traité de Caen (23 décembre 1465). — Punition des factieux dans les vicomtés de Caen et de Vire (1466). — Lettres patentes du roi, confirmant les privilèges de la ville de Caen restée fidèle (mois d'octobre 1466). — Lettres patentes du roi accordant l'abolition aux bourgeois de Caen (1468). — Traité d'Ancenis (10 septembre 1468). — Recherche des faux monnayeurs. — Pélerinage de Louis XI à Notre-Dame-de-la-Délivrande (1473). — On prend à Caen en effigie Jean de Chalons, prince d'Orange, déclaré coupable de trahison (1477). — Lettre de Louis XI à May de Houllefort, grand bailli de Caen à propos de l'élection d'une nouvelle abbesse à l'abbaye de Sainte Trinité (30 mai 1482). A l'avènement de Louis XI, la France était depuis 8 ans délivrée de la présence des étrangers. Mais le pouvoir royal avait besoin de se fortifier ; les malheurs de la Guerre de Cent [p. 172] Ans avaient arrêté les progrès de la royauté, tandis que les grands vassaux étaient devenus plus puissants que jamais. Les ducs de Bretagne, d'Anjou, de Bourgogne avaient d'immenses domaines ; ce dernier surtout avait acquis par le luxe de sa cour et ses grandes alliances une renommée qui effaçait l'éclat du nom royal. Louis XI résolut d'abaisser cette féodalité trop ambitieuse, non pas seulement dans son intérêt particulier, mais aussi dans l'intérêt de la France qui, affaiblie par la division intérieure, ne pouvait lutter avec avantage contre les ennemis extérieurs. L'histoire nous le montre prudent, habile, cruel et superstitieux. En 1462, comme il allait en pèlerinage au mont Saint-Michel il passa par la ville de Caen. Nous n'avons rien trouvé sur son entrée dans nos murs, ni sur la réception qui lui fut faite par les habitants. Cependant les registres de l'Université de Caen font mention de l'arrivée du roi et de l'orateur qui fut nommé pour lui faire une harangue, et le volume 59e du Trésor des Chartes contient des Lettres patentes de Louis XI, datées de Caen en l'an 1462, en faveur de la ville d'Aurillac à laquelle il accordait le droit d'une obole sur chaque quart de muid de vin entrant dans cette ville.

En Juin 1462 l'Echiquier de Normandie rendit une sentence en faveur des habitants [p. 173] de la ville de Caen contre Jehan Typhaigne, maître en médecine, chapelain d'un autel appelé l'autel de la chapelle Saint-Aignan d'Orléans, fondé dans l'église Saint-Georges du château de Caen, au sujet de 30 livres parisis de rente attachée à cette fondation à prendre sur les revenus annuels de la ville, et aussi au sujet de er os plusieurs saisies et emprisonnements que ce prêtre avait fait opérer pour toucher la rente (Matrologe., vol. 1 f 71-74.) Sur l'appel du chapelain, un arrêt condamna les habitants de Caen pour raison de certains abus et excès commis par eux envers lui, à payer au roi une amende de 600 livres parisis (24 avril 1467). Toutefois le 19 mai 1470, par une déclaration rendue à la requête des gens des trois Etats de Normandie, le roi ordonna que les er os habitants de Caen demeureraient quittes et déchargés envers lui de l'amende prononcée (Matrologe vol. 1 , f 83, 84, 85). En 1464, les bourgeois de Caen présentèrent à Louis XI une requête pour être déchargés d'une amende de 25,000 livres tournois en laquelle ils avaient été condamnés jadis par le Parlement de Paris. er

o

La décharge fut accordée par le roy le 13 août 1464 (Matrologe 1 vol. f 16 — v. ég. Lettres et mémoires de M. Duquesnay. Manuscrit de la bibliothèque de la ville de Caen.) Cependant les grands seigneurs s'agitaient [p. 174] toujours dans le royaume ; ils s'unirent contre le roy sous prétexte d'assurer le bien public. Leur ligue fut pour cette raison appelée la ligue du Bien public. Les principaux membres étaient le duc de Bourgogne, le comte de Charolais, son fils et le duc de Berry frère du roy. Caen se fit remarquer à cette époque de troubles par sa fidélité au roy, comme l'atteste une ordonnance du grand bailli de la ville à tous les vicomtes du baillage leur enjoignant de convoquer la noblesse de leur ressort, les francs archers, tous les officiers royaux, et de les envoyer en armes à Caen pour marcher aux ordres du roy contre les princes révoltés (1465). Louis XI, pour gagner du temps, parut d'abord céder à ses ennemis et signale traité de Conflans, par lequel il donnait pour apanage à son frère la suzeraineté des duchés de Bretagne et d'Alençon et au duc de Bretagne le gouvernement de la Basse Normandie. Le prince Charles vint aussitôt se faire couronner à Rouen comme duc de Normandie et s'empressa de destituer tous les officiers civils et militaires alors en place. Il se brouilla avec le duc de Bretagne. Les Bretons vinrent surprendre Caen et s'en emparèrent. Louis XI ne perdait pas de vue un seul de ces mouvements ; il les surveillait dans une inaction calculée. Il essaya de se rapprocher du duc de Bretagne, lui envoya de magnifiques chevaux, puis vint le trouver à Caen. [p. 175] Le 23 décembre, il signait avec lui le Traité de Caen. (Révolte de la Normandie sous Louis XI, page 18. Manuscrit de la Bibliothèque de la ville de Caen : Recueil d'opuscules. — Ordonnances de rois de France, tome XVI, page 448.) Peu de temps après, l'armée du roy était maîtresse de toutes les villes de la Haute-Normandie, y compris Rouen. Caen et Honnefleur restèrent en séquestre pour servir d'asile aux partisans des Princes qui se repentiraient de leur conduite et à qui d'ailleurs il était de bonne politique de pardonner, du moins en apparence.

(V. Archives municipales. — Lettres de pardon accordées par le roi. Matrologe. Livre I, page 80.) V. Lettres de rémission pour le patriarche de Jérusalem, évêque de Bayeux, et pour Jean le Bec, trésorier de l'église de Rouen, qui avaient servi et accompagné le prince Charles. (Trésor des Chartres, registre 194, nos 4, 180, 141.) Ainsi se termina, pour notre province, cette guerre dite du Bien public. Mais en 1466, lorsque Louis XI vit ses armes victorieuses et le danger conjuré, il se vengea de la façon la plus cruelle. Il fit, en effet, saisir dans les vicomtés de Caen et de Vire, les plus coupables des factieux ; beaucoup furent empoisonnés, d'autres furent noyés, quelques-uns furent envoyés à Paris et jetés dans des cachots. [p. 176] On lit dans la Chronique scandaleuse : « Audit an furent plusieurs personnes, officiers et autres dudit pays de Normandie exécutez et noyez par le prévost des maréchaulx. » Cependant, comme la ville de Caen lui était restée « très fidèle », le roi lui donna des lettres patentes confirmant ses privilèges, entr'autres ceux relatifs à la Maladrerie (mois d'octobre 1466), priviléges que nous trouvons relatés postérieurement dans un arrêt du grand conseil séant à Blois et daté du 13 janvier 1555. L'année suivante, (le 13 octobre 1467), le capitaine du château de Caen et quelques gens de guerre de Bretagne, conduits par lui, « se saisirent la nuit et par emblée de la ville » et la mirent hors de la puissance du roy. Les bourgeois la leur reprirent et la replacèrent sous l'autorité légitime. En récompense de cet acte de fidélité, le 2 mai 1468, Louis XI donna des lettres patentes à Amboise, accordant l'abolition aux bourgeois. (Archives municipales. Matrologe. Livre I, page 79. — Voir également 2e travée, 18e carton.) Et le bâtard de Bourbon, amiral de France, lieutenant général du roy en Normandie, leur accorda également de son chef la même faveur, par des lettres données à Caen le 1e [p. 177] octobre 1478. (Lettres et Mémoires de M. Duquesnay.) Faisons remarquer que Louis XI, dans ses lettres de l'an 1468, parle ainsi de la ville de Caen : « Nostre ville de Caen est place moult spacieuse et frontière contre les Anglais et comme boulevard et clef de notre royaume. » L'Université ne fut pas moins fidèle au roy, pendant la guerre du bien public ; elle refusa constamment de s'associer aux menées du prince Charles, qui prétendait lui faire prêter un serment de fidélité à son égard, alors qu'elle ne le devait qu'au roi. — C'est cette même Université qui, en 1478 et 1479, prit une part si brillante aux « délibérations du clergé de France et du concile de Lyon sur les affaires de la pragmatique sanction. » Les Bretons continuaient d'occuper notre territoire et le prince Charles était toujours duc de Normandie. Le 10 septembre 1468 le roi conclut le traité d'Ancenis avec le duc de Bretagne. Nous lisons dans cet acte : « Le roi pardonnera aux manants et habitants de Caen touz crimes et délitz de lèze-majesté ou aultres, esquelz il pourrait avoir été mépris contre luy et leur endonnera bons et suffisants remèdes et suretés de façon que surement et sans aucun reproche, ils pourront demeurer en leurs maisons saufs

et [p. 178] sainez de leur personnes, biens et honneurs quelconques. » Le roi promettait de ratifier ce traité dans la quinzaine et la place de Caen devait être remise aux ducs de Lorraine et de Calabre. Le prince Charles reçut l'apanage du duché de Guyenne à la place du gouvernement de Normandie. En 1469, le roi accordait des récompenses à plusieurs habitants de Caen qui durant la guerre civile avaient sacrifié leurs domaines ou leurs fonctions pour soutenir sa cause. Et l'année suivante (1470) il établissait à Caen deux foires franches annuelles à l'instar de celle d'Anvers. Cette même année parurent des lettres patentes de Louis XI donnant mission à Simon Davy, maître des requêtes de son hôtel, Pierre de Sargaud, écuyer de ses écuries, et Jehan Allot, garde de sa monnaie, de se transporter dans la Normandie, l'Anjou, le Maine, le Perche et dans le pays Chartrain, pour poursuivre les faux monnayeurs, qui, depuis quelque temps déjà, infestaient ces contrées et y répandaient des faux écus, florins, demi-écus et autres pièces d'or. Ces lettres sont en parchemin ; elles sont lacérées dans toute la hauteur ; il paraît qu'elles formaient autrefois la couverture d'un registre. (Archiv. municipales. 2e travée 19e carton.) [p. 179] C'était la veille de la fête de l'Assomption (14 août 1473). « Un étranger, qui paraissait courbé sous le poids des années, quoiqu'il fut au midi de la vie, arriva dans la chapelle de la Délivrande précédé de Louis d'Harcourt, patriarche de Jérusalem et entouré d'une suite nombreuse de seigneurs et de gardes parmi lesquels on crut reconnaitre le bourreau de la justice voisine. Le voyageur assista le lendemain à la solennité et resta dans le hameau jusqu'au 19. Il y déploya tout l'extérieur d'une piété qu'on aurait pu regarder comme austère, si elle eût été moins affectée. On le vit plusieurs fois prosterné au pied de l'autel dans une consternation profonde, mais qui montrait quelque terreur. Dirigés un instant vers le ciel, ses yeux durs et voilès d'épais sourcils s'abaissaient ensuite avec persévérance sur un bonnet qu'il roulait dans ses mains et qui paraissait entouré de reliquaires. Il était facile de juger qu'il y avait au fond de son âme un mélange de contrition, de haine et de remords. On eût dit qu'il sollicitait à la fois le pardon d'un crime commis et d'un crime à commettre. Cette scène se passait peu de temps après l'empoisonnement du duc de Guienne et peu de temps avant l'exécution du connétable de Saint-Pol. Ce pèlerin était Louis XI. » (Lange. Ephémèrides de Normandie.) Le roi logea à la Délivrande chez Richard [p. 180] le Bourgeois. Il lui donna l'office de sommelier de son échansonnerie, et par lettres-patentes datées de Senlis le 4 octobre 1474, il lui accorda une pension de 60 livres de rente sur les tabellionnages de Caen et de La Délivrande. Huet nous dit que Louis XI fit ce voyage en 1474. C'est là une erreur qu'il est nécéssaire de rectifier. En 1er lieu, nous trouvons dans le Matrologe de l'Université des lettres-patentes de ce prince, datées de Villers-Bocage en 1473.

Villers-Bocage en 1473. e

En 2 lieu, c'est en 1473 que Louis XI, alors à la Délivrande, permit aux trésoriers de l'église Saint-Pierre de prendre sur les murs de la ville et même sur la rivière l'espace de terrain nécessaire pour élever l'abside qui forme le chevet de l'église. Il mit pour charge que chaque année il serait célébré, en présence du bailli et du vicomte, un obit le jour Saint-Louis, en mémoire du donateur, par le curé et les 12 prêtres habitués de Saint-Pierre. (Hist, de la maison d'Harcourt, t. I, page 448.) L'abside ne fut ajoutée qu'en 1521. Ce fut l'ouvrage de l'architecte Sohier. — Les parties les plus anciennes e sont le choeur et une portion de la nef qui doivent remonter à la fin du XIII siècle. — Le reste de la nef et la tour sont de l'an 1308. M. de Bras parle d'une grande vitre existant de son temps à Saint-Pierre au haut du choeur, vers l'orient, dans laquelle Louis XI [p. 181] avait fait placer son image, en mémoire des concessions qu'il avait faites à cette église. Louis XI s'occupa de relever les statuts de presque toutes les corporations de la ville, dont Charles V parait avoir été le premier organisateur. « On remarque, nous dit M. Vaultier (p. 292), que la plupart des dispositions des réglements se réfèrent à celles d'autres règlements plus anciens et qui étaient connus alors et dont il ne subsiste plus d'autre souvenir. » Dès l'an 1475, les avocats de Caen étaient organisés en corporation sous le patronage de Saint-Yves, mort en 1303. En 1477, on pendit à Caen en effigie, comme d'ailleurs dans toutes les villes du royaume, Jean de Chalons, prince d'Orange, déclaré coupable de trahison. Jean le Haguais et Jean Picard « peintres et ymaginiers firent pour 50 sols la figure en bosse et forme de personne du prince d'Orange. » Jean Paumier fournit « 2 aunes de drap pour une robe figurée et damassée pour revêtir la dite portraiture au prix de 35 sols. » On acheta une potence 10 sols ; et le mannequin, après avoir été promené dans toutes les rues de la ville, fut pendu par les pieds. Louis XI s'occupait lui-même des affaires particulières de ses sujets comme le prouve une lettre qu'il écrivit le 30 may 1482 à May [p. 182] de Houllefort, grand bailli de Caen, à propos de l'élection d'une nouvelle abbesse à l'abbaye de Sainte-Trinité, L'abbesse Catherine le Vicomte étant venue à mourir, le grand bailli ne voulut pas que les religieuses procédassent à l'élection d'une autre abbesse sans en avoir obtenu la permission du roy (cela se pratiquait ainsi avant le concordat entre Léon X et François Ier.) En conséquence, il saisit le temporel de l'abbaye. Louis XI fut informé de la conduite du bailli et sachant que sous cette opposition se cachait une cabale en faveur d'une protégée, il lui écrivit la lettre suivante alors qu'il revenait de son pélerinage de Saint-Claude : « Monsieur le bailly, j'ai veu ce que vous m'avez écrit, et à l'égard de la défense que vous avez faite aux religieuses de la Trinité de Caen de n'eslire point, laissez leur en faire à leur plaisir. Plusieurs m'en ont requis, mais je ne m'en veulx point mesler, car je m'en rapporte à ce qu'elles adviseront ; et touchant le temporel que vous m'avez mis à ma main et à tous les autres empêchements que vous auriez de par moi mis en leur dit temporel. Monsieur le bailli, je suis ici de retour de mon voyage et me trouve en très bonne santé, Dieu mercy et nostre

Dame et Monsieur Saint-Claude et adieu. [p. 183] Ecrit à Gyen, le pénultième jour de may. Signé : LOYS . » Le bailli se rendit à l'abbaye, y donna lecture de la lettre du roi et en ordonna l'exécution « admonestant et advertissant les religieuses de toujours et de mieux en mieux prier la Vierge-Marie et M. Saint-Claude pour le bien d'icelui seigneur et de son royaume. » Des lettres missives de Louis XI en date du 26 décembre 1482, informèrent les habitants de Caen de la conclusion de la paix avec le duc d'Autriche, et du mariage du Dauphin, âgé de 12 ans, avec la princesse Marguerite d'Autriche, âgée de 3 ans. Le roi leur ordonnait de remercier Dieu et Notre-Dame, de faire processions par la ville et de chanter un Te Deum d'actions de grâces. (Matrologe, 1er vol., fo 105.) A la fin de sa vie, Louis XI fut poursuivi par des remords incessants. Il tremblait à l'approche de la mort. Il faut lire dans les mémoires de Commines quelle misérable existence il traînait au fond de son château de Plessis-les-Tours, qu'il avait fait entourer de fossés et de grilles de fer. Environné de petites gens, de son compère le bourreau Tristan l'Ermite, de son médecin Jacques Coictier, de son barbier Olivier le Daim, d'astrologues et de charlatans, Louis essayait de prolonger sa vie par des offrandes [p. 184] aux saints et des pratiques superstitieuses. Il mourut en répétant à son fils cette maxime qui avait été la règle constante de sa conduite et dont il fit de si nombreuses applications : Qui ne sait dissimuler ne sait pas régner. [p. 185] CHAPITRE IX

CHARLES VIII (1483-1498. — LOUIS XII (1498-1515) Assemblée des Etats-Généraux à Tours (1484). — Lettres patentes de Charles VIII accordant la levée d'octrois aux habitants de Caen. — Guerre folle. — Charles VIII à Caen (1487). — Lettres du roi relativement à la foire Saint-Michel (1490). Louis XII confirme les privilèges de la ville de Caen (1498). — Requête de Simon Lecrosnier au roi. — La Trémouille vient à Caen faire l'inspection des fortifications de la ville et du château (1512). — Passage des lansquenets allemands à Caen (1514). Charles VIII, fils et successeur de Louis XI, n'avait que 13 ans à la mort de son père. — Son éducation avait été tellement négligée qu'il ne savait encore ni lire, ni écrire. Anne de Beaujeu, sa soeur, âgée de 23 ans, fut déclarée régente par les Etats généraux en 1484. Dans cette assemblée des Etats généraux qui eut lieu à Tours, le grand baillage de Caen était représenté pour le clergé par Pierre d'Argouges, pour la noblesse par [p. 186]

Philippe de Vassy et pour le tiers-état par Jean le Sens. L'année même de son avènement, Charles VIII, par lettres patentes données le 11 mars à Montils-lès-Tours, accorda la levée d'octrois aux habitants de Caen. Ces lettres nous apprennent qu'une grande partie des habitants de la ville avaient fui devant la peste, qui sévissait depuis 6 années, et que la plupart de ceux qui n'avaient pas abandonné leurs foyers étaient dans le plus grand dénuement. « Nous désirons, dit le roi, le soulagement des pauvres habitants de la ville de Caen et la réfection d'icelle, afin qu'ils puissent résister aux entreprises que nos anciens ennemis et adversaires, les Anglais, à l'encontre desquels elle est frontière et boulevard, pourraient faire sur icelle. » er

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(Archives municipales. Matrologe. Volume 1 , folio 106. — V. égal. 2 travée, 27 carton.) Les seigneurs factieux crurent que sous le gouvernement d'une femme, ils pourraient facilement reprendre l'autorité que Louis XI leur avait enlevée. Ils se liguèrent donc contre la régente. A leur tête étaient les ducs d'Orléans et de Bourbon. La guerre qu'ils entreprirent a été appelée Guerre folle. Ils furent toujours défaits. Anne de Beaujeu soumit les provinces du Sud, tandis que La Trémoille battait les rebelles à Saint-Aubin-du-Cormier, en Bretagne. [p. 187] Le duc de Bretagne, qui avait favorisé la révolte, fut obligé de signer un traité désavantageux et en mourut de chagrin. Après avoir ainsi réduit en sa puissance toutes les places fortes du duc de Bretagne, Charles VIII retourna à Paris par la Normandie. Il vint à Caen dans les premiers jours de novembre 1487. L'Université alla au-devant de lui et le complimenta suivant l'usage. Dans le cortège royal figuraient le comte d'Alençon, l'amiral de Graville, l'archevêque de Bordeaux, chancelier de France. Le bailli de Caen était alors Alain Goyon, seigneur de Villers, Thienville, Mesnil-Garnier, grand écuyer de France, second fils de Jean Goyon, sire de Matignon, et de Marguerite de Mauny, baronne de Thorigny. (Hist. Des gr. offic., t. VIII, p. 195.) Le 8 décembre 1485, Charles VIII, voulant augmenter ses troupes, lui avait adressé à Caen des lettres pour le consulter. D'accord avec toute la noblesse et les officiers de son baillage, Alain Goyon avait répondu au roi que cette mesure était utile et nécessaire pour la sûreté du royaume. En 1490, le roi donna des lettres patentes par lesquelles il ordonnait que la foire Saint-Michel durerait trois jours au profit de l'abbaye de Saint-Etienne, qui continuerait toujours à en percevoir les droits. Charles VIII fut enlevé à l'âge de 27 ans [p. 188] (1498). Il était adoré de toute la France, qui aimait jusqu'à ses défauts. Commines, son sévère historien, a dit « qu'il était si bon qu'il n'était point possible de voir une meilleure créature. » Quoiqu'occupé pendant tout son règne à des expéditons lointaines, il n'avait pas négligé l'administration de son royaume.

A l'exemple de saint Louis, il se plaisait à rendre lui-même la justice ; il fit commencer la rédaction des nombreuses coutumes qui faisaient la loi dans chaque province. Quant au courage, il était fils de France ! er

Charles VIII ne laissant pas d'enfants, la couronne revint au 1 prince du sang, Louis d'Orléans. Louis XII était ce prince que nous avons vu prendre part à la guerre folle. Fait prisonnier à la bataille de Saint-Aubin du-Cormier, il avait recouvré sa liberté en 1490, et depuis ce moment la royauté n'avait pas eu de plus fidèle serviteur. A son avènement, ceux qui l'avaient combattu tremblèrent. La Trémoille surtout craignait sa vengeance, mais Louis XII le fit venir et lui dit ces paroles où se révèlent la grandeur du caractère royal : « Le roi de France ne venge pas les injures du duc d'Orléans. » Louis XII confirma nos privilèges et nos chères libertés « en considération de notre loyauté et de notre fidélité. » (1498). (Archiv. municip., 2e travée, 1er carton. V. eodem [p. 189] loco. Autres lettres confirmatives de Louis XII en date du 21 mai 1510. — Lettres du roi (24 décembre 1510) adressées au bailli de Caen où à son lieutenant, qui dispensent les habitants de représenter leurs anciens titres de privilèges et octrois, « en considération de ce que lesdits titres ont été pillés et volés par les gens de guerre du roi d'Angleterre qui avaient jadis rompu et brisé les portes de l'Hôtel-de-Ville. » Notre ville fut vers cette époque, éprouvée par la peste, ainsi que nous pouvons le constater dans une requête présentée au roi en 1505 par un bourgeois de Caen, nommé Simon Le Crosnier. Simon Le Crosnier expose « qu'étant receveur des aides à Caen, pendant l'espace de 8 ans, il avait éprouvé de grandes pertes à cause des maladies qui l'avaient frappé et par suite de la peste qui « avait exercé ses ravages pendant un an et forcé les habitants d'émigrer, » que malgré le fléau il n'avait cessé de demeurer dans la ville pour vaquer aux soins de sa charge, acheter les matériaux nécessaires à la construction de la tour de Silly et payer les ouvriers employés à cette besogne, que néanmoins il avait été destitué de sa charge par les échevins qui le poursuivaient pour un reliquat de compte, tandis qu'ils l'avaient mis dans l'impossibilité de se faire payer des fermiers, dont les uns étaient morts ou réduits à la misère, les autres emprisonnés sur ses poursuites et [p. 190] rendus par leur ordre à la liberté ; que cependant un accord avait été conclu entre lui et les échevins, mais que ceux-ci n'en avaient pas tenu compte et avaient recommencé leurs poursuites. » Louis XII, par des lettres-patentes (1505), ordonna au bailli d'informer sur les faits de la plainte et de faire au plaignant bonne et prompte justice en forçant les échevins à exécuter l'accord conclu entre eux et Simon Lecrosnier. Notre ville reçut, en 1512, la visite de La Trémoille, « la gloire de son siècle et l'ornement de la monarchie française. » Ce capitaine fit son entrée à Caen le dernier jour d'avril. M. de Marboué, capitaine de la ville et du château de Caen, alla au devant de lui avec une troupe de jeunes gens à cheval. La Trémouille, qui était venu à Caen pour faire l'inspection des fortifications, ordonna de construire la chaussée Saint-Jacques, qui reçut par la suite le nom de boulevard de la Trémouille. (Antiq. de Caen, page 79.) Deux ans après (1514), 6,000 lansquenets ou fantassins allemands (lands knechts), passèrent par Caen, pendant la Semaine Sainte ; ils restèrent dans la ville jusqu'au mercredi de Pâques. Le roi les avait fait venir d'Allemagne pour surveiller les côtes normandes que menaçait une invasion anglaise. Ces soudards allemands, toujours ivres, ne se faisaient pas faute d'injurier les habitants et de piller leurs maisons. Il arriva un

[p. 191] moment où ceux-ci, outrés de leur brutalité toute germanique, ne purent retenir leur colère ; ils prirent les armes et en tuèrent deux ou trois cents. En 1515, Louis XII mourait, après avoir mérité que les Etats Généraux de Tours lui décernassent en 1506 le titre de Père du Peuple. [p. 192] CHAPITRE X

FRANÇOIS Ier (1515-1547) Le duc d'Alençon, lieutenant général du roi en Normandie (1522). — Entrée du duc d'Alençon à Caen (1524). — Alphonse d'Est, duc de Ferrare. — Entrée de François Ier à Caen (1532). — L'amiral d'Annebault. — Assemblée des notables du 10 août 1536. — Jacques Duval, sire de Mondrainville. — Visite du cardinal Farnèse, légat du pape, et abbé de Saint-Etienne de Caen, à son abbaye (1540). — Statuts et ordonnances relativement aux pauvres. — Etat du commerce. — Institution du concours du Palirod. — Apparition du protestantisme à Caen. er

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— François I , arrière petit-fils de Louis d'Orléans, frère de Charles VI, fut appelé au trône le 1 janvier 1515, comme successeur de Louis XII. « C'était un beau prince, autant qu'il y en eût point au mondé » (Le loyal serviteur). Louis XII, voyant avec peine que sa passion de la gloire le pousserait à des entreprises aventureuses, avait dit un jour : « Ce gros garçon gâtera tout après nous ». [p. 193] Cette prédiction ne fut pas heureusement accomplie. François Ier, il est vrai, commit de grandes fautes ; mais il sut les réparer. Un caractère chevaleresque, une confiance dans la parole de ses ennemis souvent téméraire ou naïve, mais toujours héroïque, un courage admirable dans la bataille, un sentiment royal de la grandeur de la France, une générosité poussée jusqu'à la prodigalité, un amour ardent des plaisirs, un goût éclairé pour les lettres et les arts, voilà François Ier dans ses qualités et dans ses défauts, qualités toutes françaises et défauts non moins français. Ce roi des gentilshommes, s'il vit l'Empire des armes passer dans les mains de son rival Charles Quint, gouvernera l'empire des lettres, des sciences et des arts, exercera une influence prépondérante sur la civilisation générale et achèvera de fonder l'unité nationale, à laquelle avaient tant travaillé ses prédécesseurs et Jeanne d'Arc, dont le souffle patriotique avait rapproché petits et grands en enflammant tous les cœurs contre l'étranger. A peine Louis XII était-il mort que François Ier écrivit une lettre aux bourgeois et habitants de Caen, pour leur annoncer son avènement au trône. er

(Arch. munic. Matrologe de la ville de Caen, livre 1 folio 122.) Cette lettre nous apprend l'heure exacte de [p. 194] la mort de Louis XII, arrivée entre 9 heures et dix heures du soir, le 1er janvier 1515. Le nouveau roi inaugura son règne par la victoire de Marignan (13 septembre 1515).

Sur le champ de bataille, il se fit armer chevalier de la main de Bayard. Trivulce qui avait assisté à dix-huit batailles, les appelait des jeux d'enfants en comparaison de la bataille de Marignan qu'il nomma un combat de géants. La gendarmerie fit des prodiges de valeur. « Et ne dira-t-on plus, écrivit François Ier à sa mère, que les gendarmes sont lièvres armés (on les avait ainsi surnommé depuis la journée des épérons) ; car, ce sont eux ont fait l'exécution ; et ne penserais point mentir, que par cinq cents et par cinq cents il n'ait été fait trente belles charges avant que la bataille ne fut gagnée. » Vingt jours après, le duc de Milan faisait sa soumission : « Pour parvenir à la conquète du Milanais, le roi avait fait lever des gens de pied de son royaume qu'on appelait francs archers, et en chaque paroisse, on en fournissait un équipé et à gages pour 3 mois selon son ordonnance. Il en fut levé 12 en la ville de Caen, l'on n'y choisissait pas les plus gens de bien mais les inutiles et les débauchés. » (De Bras, page 87.) François Ier conclut plusieurs traités pour s'assurer la possession de cette nouvelle conquête. Par la paix de Genève, les Suisses [p. 195] renoncèrent à intervenir dans les affaires de l'Italie et s'engagèrent au service de la France. Le concordat conclu avec Léon X, confirma la cession de Parme et de Plaisance, au roi de France et abolit en retour la Pragmatique sanction de Bourges. Enfin la paix de Noyon, signée par Ferdinand le Catholique et sanctionnée après lui par son petit-fils et successeur Charles d'Autriche qui fut depuis Charles Quint, enleva la Navarre à l'Espagne et lui garantit la possession du royaume de Naples. La Navarre fut donnée à la maison d'Albret. A la mort de l'empereur Maximilien (1519) l'empire devenu vacant fut ambitionné en même temps par Charles d'Autriche, roi d'Espagne depuis 1516, et François Ier, dont le nom venait de retentir dans toute l'Europe. Les électeurs préférèrent le roi d'Espagne, encore inconnu, au vainqueur de Marignan déjà célèbre. La guerre éclata entre les deux rivaux. Le roi d'Angleterre, Henri VIII, s'étant déclaré pour l'empereur, malgré les fêtes magnifiques que lui donna François Ier dans l'entrevue du camp du Drap d'or, peut-être même à cause de ces fêtes dont la splendeur l'offusca et l'éblouit, le duc d'Alençon, comte d'Armagnac, qui était alors lieutenant général du roi en Normandie, fit prendre dans l'étendue de son gouvernement les mesures nécessaires pour éviter toute surprise de la [p. 196] part des Anglais ; il fit faire un devis en plusieurs articles sur les réparations à faire aux remparts de la ville de Caen. Nous publions cette pièce, à cause de l'intérêt particulier qu'elle peut offrir à ceux qui s'occupent de l'histoire de nos anciennes fortifications. Elle est en date du 21 février 1522 : « Ensuivent les choses ordonnées par nous Charles duc d'Alençon, comte d'Armagnac, lieutenant général du roi et gouverneur de ses pays et duché de Normandie, être faites pour la tuition et défense de sa bonne ville de Caen : Premièrement, qu'il sera promptement fait six engins pareils à ceux du château tant en ponts, rez, gibets, pour iceux portes, de bon bois d'orme et de chêne, tant gros que moyen, lesquels seront garnis de cables, banneaux, crampons, clous, chevilles de fer et de toutes autres choses nécessaires, comme ceux dudit château, qui seront mis en lieux et ainsi qu'il ensuit : c'est à savoir l'un d'iceux sur ladite muraille, entre la porte Saint-Julien et la tour Silly et deux entre ladite tour Silly et la porte Pémesgnie ; un autre, entre ladite porte et la tour Chastymoine ; un près l'église Saint-Etienne, et le sixième derrière le collége du Mont, pour vider, curer et creuser les fossés de

ladite ville et en mettre les terres dedans ladite ville le long des murailles tant pour servir de rempart [p. 197] que de platesformés, selon les lieux, ainsi qu'il sera devisé par (le nom en blanc), à qui nous en avons donné charge et commission. Ordonnons que le coupeau de la grosse tour appelée Chastymoine sera abattu et la dernière voûte faite en icelle otée, pour y faire un avant mur de XXII pieds d'épaisseur et y sera fait une plate-forme sur la tierce voûte, de pierre de Ranville, assise à ciment et y aura conduits pour évacuer les eaux d'icelle au lieu ou lieux qui seront ordonnés. Qu'il soit fait une bonne et grosse voûte au dedans de la tour Silly, à grosses ogives de pierres de taille et sur icelle une plateforme de grandes et dures pierres de Ranville, qui sera à mortier de ciment et sera percée à canonières ouvertes aux lieux convenables. Sera conduite et achevée la vis qui est commencée faire à icelle plate-forme et sera faite une grande voûte qui procédera de la maison des religieux Cordeliers pour soutenir ladite tour par-dessous la plate-forme, pour rempart des terres qui seront mises des fossés en ladite ville et pour y monter l'artillerie et ce qui sera nécessaire. Que le haut de la grosse tour de l'Hôtel-Dieu soit abattue et la muraille épaissie depuis le bas jusques au haut par le dedans depuis le pilier qui est entre les tournants des moulins et rapportant à la muraille de présent estant par le dedans en icelle tour ; [p. 198] et sur icelle sera faite une pareille plateforme que celle de la tour Silly à canonnières ouvertes aux lieux propres et convenables, ainsi qu'il sera ordonné. Sera faite une voûte par dessus le cours de l'eau d'Ouldon pour soutenir les terres qui seront tirées desdits fossés et mises dedans ladite ville, pour servir de plateforme ; laquelle sera de pierre de Caen et de la longueur de XXV à XXX pieds et pour garder le cours de ladite eau. Sera redressée la digue et rempart de la chaussée Saint-Jacques et sera fait à la porte des Près, près la Boucherie, un pont de pierre et sera crévé l'huisserie du guichet de la chaussée Saint-Jacques en manière qu'on y puisse passer l'artillerie, si besoin est. Plus sera promptement fait jusques au nombre de dix moulins à blé qui moudront à chevaux et seront assis aux lieux plus propres et convenables que faire se pourra avec la meilleure diligence dedans ladite ville. Sera faite une grosse tour où est maintenant la tour Perrette d'Orboys pour défendre vers la tour Chastymoine et la prairie et y aura plateforme par le haut et canonnières ouvertes. Sera fait un boulevard vers la porte Millet qui ne sera assis au lieu où est la porte, mais au triangle du coin de la muraille qui défendra la prairie et répondra à ladite tour qui sera faite neuve et de l'autre [p. 199] part vers la tour Maréchal et défendra la digue qui fait venir la rivière dedans ladite ville, qui est une des choses la plus nécessaire. Ordonnons que désormais les cureures et immondices des rues et autres vidanges qui se feront en ladite ville soient mises le long de ladite muraille depuis l'Hôtel-Dieu jusques à la tour Maréchal, et si aucuns sont défaillants, ils paieront pour la première fois XX sols d'amende ; pour la seconde fois, quarante sols, dont les accusateurs auront la moitié, et si les défaillants continuent jusques à la troisième fois, ils auront le fouet. Faut parfondir les fossés de la dite ville depuis le Dos d'Ane qui est joignant la tour de la Cange et en amontant jusques à la grosse Tour ronde vers le Saint-Sépulcre, et où joint la muraille de ville au château. Il faut abattre les maisons qui sont le long des murailles de largeur compétente et ainsi qu'il sera avisé pour le mieux afin de dresser les platesformes de terre par dedans les murailles de ladite ville et aviseront les officiers la voie la plus gracieuse que faire se pourra pour récompense de ceux à qui appartiendront lesdites maisons.

Toutes lesquelles choses voulons être faites, accomplies et ordonnons bannies au rabais, autant que sont les édifices et répations et adjgugées par le bailli de Caen ou son lieutenant, les autres officiers du Roi [p. 200] mondit seigneur appelés, et payées derniers ordonnés et à ordonner par celui seigneur pour convertir au fait desdites réparations. Fait à Caen, le 21e jour de février 1522. Signé : CHARLES . » er

(Archives municipales, registres de la ville, volume I .) Les hostilités commencèrent du côté de l'Espagne où une insurrection avait éclaté contre l'empereur. Les Français arrivèrent trop tard pour secourir les insurgés. Puis une série de malheurs vint accabler la France et son roi. En Italie, Lautrec se fait battre à la Bicoque : le Milanais est perdu. Le connétable de Bourbon traite avec l'empereur, entre à son service, trahit la patrie contre laquelle il porte les armes. L'armée française, commandée par Bonnivet, essaye en vain de reprendre Milan ; elle est défaite à Biagrassa et à Rebec, où Bayard est atteint d'un coup mortel. La Provence est envahie. A Pavie, le roi de France, désarçonné, blessé au front, est obligé de se rendre après avoir tué sept ennemis de sa main (24 février 1525). Du camp espagnol, il écrit à sa mère une longue lettre où nous lisons ce qui suit : « Pour vous avertir comment se porte le ressort de mon infortune, de toutes choses ne m'est demeurée que l'honneur et la vie [p. 201] qui est sauve... De ces mots, Antoine de Véra, l'historien de Charles Quint, a fait le fameux billet : Madame tout est perdu fors l'honneur. » Le duc d'Alençon se trouvait à la bataille de Pavie ; il avait passé en Italie avec le roi dès la fin de l'année précédente. Aussi quand M. de Bras nous raconte qu'il vint à Caen en 1525 avec la duchesse Marguerite de Valois, son épouse et sœur unique du roi, il commet une erreur qu'il convient de rectifier. Ce fait doit en effet être placé sous la date de 1524. Louise de Savoie fut chargée de la régence. Son gouvernement fut habile et heureux. Elle sut mettre la France à l'abri d'une invasion et bientôt François 1er qui avait été conduit en Espagne recouvra la liberté en signant le traité de Madrid, par lequel il renonçait à ses prétentions sur l'Italie, donnait la Bourgogne à Charles Quint, laissait ses deux fils comme ôtages en Espagne et promettait au connétable de Bourbon de lui restituer tous ses biens. Le maréchal de Montmorency, que le roi avait chargé de liquider ses dettes, donna à Alphonse d'Est, duc de Ferrare, les revenus des trois vicomtés de Caen, Bayeux et Falaise, jusqu'au remboursement de la somme que le duc avait prêtée au roi lors du siège de Pavie. Le montant de la dette royale s'élevait à 91,354 écus au soleil 3 sols tournois dans lesquels étaient compris 2,719 écus et 8 sols [p. 202] tournois, prix de 71.858 milliers de poudre à canon. Le revenu net de la vicomté de Caen (domaine royal) était de 4,000 livres ; celui de Falaise de 3,000 et celui de Bayeux de 1850.

François 1er une fois rendu à la liberté protesta contre le traité, qui, disait-il, était nul, parce qu'il lui avait été arraché par la violence. Il reprit les armes. Nos lecteurs connaissent les péripéties de cette nouvelle guerre qui se termina par le traité de Cambrai ou paix des Dames (1529). Le roi de France abandonna tous ses alliés d'Italie, mais conserva la Bourgogne ; son mariage avec Eléonore soeur de Charles Quint, fut décidé ; il dut enfin payer 2 millions d'écus d'or pour la rançon de ses 2 fils. Le gouverneur de Normandie, Louis de Brézé, fit convoquer une assemblée dans la grande salle de l'abbaye de Saint-Etienne pour aviser aux moyens de racheter les 2 fils du roi. La noblesse du pays offrit la dixième partie de ses revenus. Les commissaires enquêteurs qu'elle choisit furent : Antoine Gilain et Jean Le Sens. Girard Desquay, sieur de Rapilly, lieutenant du baillage de Caen fut nommé contrôleur. Le roi mit la paix à profit pour développer les ressources de la France et visiter ses provinces. En 1532, il se rendit en Bretagne avec le Dauphin pour l'y faire couronner duc. Ce dernier avait déjà le titre de gouverneur et de lieutenant général du roi en Normandie. [p. 203] Ils traversèrent notre province et s'arrêtèrent à Caen. Monsieur de Bras, qui fut témoin oculaire des entrées solennelles du roi et du Dauphin dans notre ville, nous en a laissé un récit complet. Le Dauphin fit son entrée à Caen le mardi 2 avril. Dans les plaines de Cormelles il fut salué et harangué par toutes les compagnies de la ville. Un des capitaines des gens de pied (après révérence faite) lui dit ce qui suit : Puisque les Dieux aujourd'hui nous contentent. Voyant le chef de la notre province. Les tiens soldats à toi, o très aimé Prince, Leurs corps et biens de bon cœur te présentent.

Auprès de l'église Saint-Jean Le Dauphin put lire les belles rimes qui suivent, incrustes sur un théâtre : Noble Dauphin, royale géniture, Vray sang Troyen, plein de perfection, Sous ton pouvoir n'aurons affliction, Puisque tu prends des vertus nourriture.

Le jeune prince logea chez un bourgeois qui demeurait non loin du château. Le lendemain, mercredi 3 avril, le roi dina à Sinteaux. Les habitants de Caen sortirent de la ville en un nombreux cortège pour aller au devant de lui. En tête marchaient les quatre ordres mendiants, les religieux de Saint-Etienne, le clergé des paroisses de l'Hôtel-Dieu, et les [p. 204] chanoines du Saint Sépulcre avec leurs croix et leurs reliquaires. Après eux venaient les 24 bedeaux de l'Université portant leurs masses d'argent. Ils précédaient le recteur très modeste et très honneste dignité.

« qui, vêtu d'écarlate rouge, s'avançait en très modeste et très honneste dignité. » Le recteur était suivi des docteurs en théologie, en droit canon, en droit civil et en médecine, des principaux des arts, et de cinq à six cents écoliers en « accoutrement scholastique. » Puis marchaient six cents hommes de pied, dont les capitaines étaient vêtus de velours brodés d'or. « C'était chose moult belle à voir et plaisante à ouïr, le grand nombre de tabourins et phifres qui jouaient bien au possible. » Derrière ces hommes d'armes, chevauchaient 20 jeunes gens conduits par le baron de Beuvron, vicomte de Caen ; « ayant bonnets de velours et plumes blanches » et se faisant remarquer « par les sauts et les voltes de leurs chevaux. » L'on voyait ensuite 50 archers du château de Caen, les officiers de la ville, les brements, les francs porteurs, les courtiers, les mesureurs de sel et de blé, les sergents ordinaires de Caen « ayant chacun un baston blanc à la main », le baron d'Alégre, bailli de Caen, accompagné de son lieutenant général Jean Malherbe, et de l'avocat du roi, [p. 205] Denis Regnaud, sieur d'Avenay, les contrôleurs, enquêteurs, les greffiers, les gens de justice, et deux cents citoyens de la ville menés par le lieutenant particulier, Pierre Le Bourgeois, sieur de Navarre et de Beneauville. Un char de parade, sur lequel était assis le Dieu Mars, fermait le cortège. Ce char, tout brillant d'or et d'argent, était précédé de 9 Preux. C'étaient Josué, David et Judas Machabée, vêtus à la judaïque et montés sur un éléphant, un chameau et un cerf ; Hector, Alexandre, Jules César, vêtus à la turque et montés sur une licorne, un griffon et un dromadaire ; Arthur, Charlemagne et Godefroy de Bouillon, vêtus à la française, et montés sur des coursiers « faisant pennades et sauts si à propos qu'il n'est possible de faire mieux. » Ce cortège arriva en bon ordre dans les plaines de Cormelles où se tenait le roi. Le capitaine des gens de pied, homme de guerre par état et poète par accident, le harangua en ces termes : Roy sur les roys, seul guidon de prouesse, A toi offrons corps et biens tous entiers A exposer en pièces et quartiers Pour soutenir ta très haute noblesse.

Puis le bailli, au nom des gens de justice et des citoyens, souhaita la bienvenue au roy. Le Dieu Mars descendit de son char et, [p. 206] lui aussi, fit un compliment au roy « avec quelque bonne audace. » Après quoi on se mit en marche vers la ville. Dans le cortège du roi figuraient les pages de son écurie, Messeigneurs de Lisieux, de Toulouse, de Clermont, de Mâcon et de Bayonne, les ambassadeurs du Pape, de l'Empereur, des rois d'Angleterre, de Portugal et de Hongrie, les ducs de Ferrare et de Venise, M. de Brion-Chabot, amiral de France, etc. Enfin voilà le Roi, monté sur un cheval gris et vêtu d'une chamarre de satin gris à broderie d'or et d'un pourpoint de satin cramoisi fermé par des pierreries !

A l'entrée des faubourgs de la ville, l'official lui présenta la croix qu'il baisa « en grande révérence », et le recteur, au nom de l'Université, lui fit une harangue. Devant la porte de la ville, un somptueux théâtre était préparé. On y voyait une ville de laquelle sortait Samson avec ses portes sur les épaules. A ses pieds gisait un lion mort. Samson était conduit par deux belles jeunes filles qui représentaient la Prudence et la Force, et qui tenaient dans leurs mains une Horloge et une Tour. Elles le menaient dans le Verger d'honneur, au milieu duquel était assise sur un trône une autre belle jeune fille ; c'était la Renommée, ayant à sa droite la Justice, vêtue de damas rouge et tenant une épée, et à [p. 207] sa gauche la Paix, vêtue de damas blanc et tenant un rameau d'olivier. A l'arrivée de Samson, la Renommée s'envola par dessus une nuée ; Samson aussitôt s'empara du trône. Cette allégorie signifiait que le roi avait brisé l'orgueil de ses ennemis par la Force et la Prudence qui l'avaient conduit au Verger d'honneur, et que grâce à la Justice et à la Paix, la Renommée avait porté son nom jusqu'au ciel. Une fois entré dans la ville, le roi François Ier prit place sous un dais de velours vert, semé de fleurs de lis et porté par quatre des gouverneurs de la ville. Il alla jusqu'au château où son logis était préparé, et quand il en franchit les murs, toute l'artillerie se mit à jouer. Sur le passage du roi, les murs avaient été tendus de tapisseries magnifiques et de draps de soie. Aux fenêtres étaient les reines de Navarre, la duchesse de Vendôme, les dames et demoiselles de la cour et du pays. Beaucoup de banquets eurent lieu en l'honneur de Sa Majesté, et devant elle furent jouées « farces et momeries ». Le vendredi (5 avril) le roi alla visiter les reliques de l'abbaye de Saint-Etienne. Et après son dîner, Messieurs de l'Université, précédés de leurs 24 bedeaux, furent introduits par l'amiral Chabot auprès du roy. Maître Guillaume le Rat, docteur en théologie, [p. 208] lui fit « avec une très humble révérence, une singulière oraison en français par grande éloquence d'histoires, fort bien appropriées à la personne du roy. » L'orateur concluait par une demande de privilèges pour l'Université. Le roi répondit à Guillaume Le Rat et à sa suite. « Messieurs, vous me demandez deux choses, c'est justice et libéralitey ; de justice, vous la doits, et ne veulx seulement vous faire justice, mais libéralitey et gratuitey et accroistre vos privilèges et libertez et non diminuer. » En se retirant, François Ier fit l'éloge de l'orateur de l'Université, dont il était « moult joyeux et content ». Mais, ne se rappelant pas son nom, il le demanda à ses courtisans.

—« Sire, lui répondit l'amiral Chabot, c'est un docteur en théologie nommé Nostre Maistre Le Rat, qui prêcha à Paris devant Madame la Reine et est un homme fort savant. » Alors le roi revenant sur ses pas rejoignit l'Université dans la salle d'audience, où il l'avait laissée, et dit tout haut en entrant : « Nostre Maistre Le Rat, j'entends que vous avez de bonne doctrine, foy de gentilhomme ; vous percherez dimanche devant moi en la mode de cour, bref. » — « Sire, répondit le docteur en se prosternant, [p. 209] je ferai ce qu'il vous plaira me commander. » Le dimanche suivant, jour de Quasimodo, Maistre Le Rat prêcha dans l'église du château devant le Roi, le Dauphin et la Cour. Après le sermon, l'amiral Chabot présenta le prédicateur au roi qui lui dit : « Nostre Maistre Le Rat, vous m'aveys bien contenté, vous m'avez contenté à double, Nostre Maistre, je vous remercie. » (Historique des audiences données à l'Université par François Ier d'après Jean Roger, docteur en médecine et alors recteur de l'Université.) Les habitants de la ville offrirent au roi un éléphant d'or du poids de 500 écus et au Dauphin un cerf également d'or du poids de 300 écus [2]. François Ier fit dans notre ville un séjour de quinze jours ; puis il prit le chemin de la Bretagne en passant par Bayeux « tirant ainsi vers le pays de bas pour voir tout son pays et duché de Normandie. » Après avoir fait couronner le Dauphin duc de Bretagne, le roi s'occupa d'améliorer son artillerie ; il fit construire des vaisseaux [p. 210] et forma des légions nationales destinées à remplacer les Suisses et les lansquenets qui, se battant pour l'or et l'argent et non pour l'honneur et la gloire du nom français avaient plus d'une fois, par leur témérité et leur indiscipline, fait sombrer la fortune de nos armes. En 1534 il fit faire en Normandie montre de 6,000 hommes commandés par 6 vaillants capitaines, dans les plaines de Saint-Julien, près de Caen. Les 1,000 hommes du baillage de Caen étaient commandés par le sieur de Sallenelle Le Brun. Le bon Monsieur de Bras, qui confond trop facilement les digressions avec les rapprochements historiques, ne peut s'empêcher, à propos de cette formation de légions, de dire quelques mots des légions d'anges dont parle Saint-Mathieu dans le chapitre 26 de son évangile. (De Bras page 124). e

Notons une autre digression de notre vieil historien. A la page 125 de son livre des Antiquités qu'il écrivit, comme on le sait, à un âge très avancé, il fait suivre le récit des mariages, divorces et crimes du roi d'Angleterre Henri VIII, de réflexions philosophiques et théologiques qu'il résume par un fruit pour le lecteur. Dans cette petite leçon qui a pour but de démontrer la nécessité de la prière et de la pénitence, il est question des saintes monitions de Saint Paul, des prédications de [p. 211] Jonas aux Ninivites, des paroles de Dieu au roi Ezéchias et au prophète Ezéchiel, de la doctrine de SaintAugustin, des larmes de Saint-Pierre, de la conversion de Saint-Paul persécuteur des chrétiens, de la pénitence de Madeleine pécheresse, et de la trahison de Judas qui mourut dans l'impénitence finale.

A cette époque de notre histoire, M. de Bras était un jeune homme de 28 à 30 ans. [3]. Au décès de Guillaume le Grand, sieur de Bernières, lieutenant général du vicomte de Caen il fut pourvu de cette charge qu'il n'exerça er qu'un an ; il suivit ensuite la cour de François 1 et figura dans son cortège à ses joyeuses entrées dans les villes de Riom, Clermont, Issoire, Alby, Rodez, le Puy, Toulouse, Carcassonne, Montpellier, Narbonne etc. Nous le verrons devenir échevin de Caen en 1539, à l'âge de 35 ans, lieutenant particulier du bailli en 1541 et lieutenant général en 1568. En 1535, les Echevins en charge étaient Nicolas Le Fournier, baron de Tournebu. Louis Richard, écuyer, sieur de Bracqueville. Thomas Mabray. Jehan Lejollis. Nicolas de Troismont. Jehan Lechevalier. L'un d'eux, M. Mabray, fut député vers [p. 212] l'amiral d'Annebaut pour le prier d'obtenir du roi main levée des deniers de la ville. [4] Le conseil de ville décida que M. Mabray, en cas de réussite, enverrait un exprès pour qu'on pût statuer immédiatement sur la rémunération à faire à l'amiral. [5] Bientôt un messager apporta une lettre favorable de Paris ; ordre fut donné sans plus tarder d'envoyer 100 écus à M. Mabray pour les offrir à l'amiral. Le messager lui-même ne fut pas oublié ; il reçut 60 sols. (Juillet 1535.) [6] M. de Navarre, lieutenant particulier du bailli de Caen, fut aussi gratifié par la ville ; il reçut « un poinçon de vin en rémunération des services qu'il avait rendus et de ceux qu'il pourrait rendre dans l'avenir à ses concitoyens. » [7] [p. 213] La guerre ne devait pas tarder à recommencer entre l'empereur et le roi de France, qui, les yeux toujours fixés sur le ciel bleu de l'Italie, avait recherché l'alliance des protestants d'Allemagne et même celle des Turcs. er

La lettre suivante que François I adressa aux habitants de Caen renfermait le présage d'une reprise imminente des hostilités. « Chers et bien aimés, sachant le grand bruit de guerre qui peut courir par tout notre royaume et désirant le repos et tranquillité de corps et d'esprit de tous nos bons et loyaux sujets, nous vous avons bien voulu avertir du bon grand ordre et provision que nous avons donné en toutes les frontières, entrées et passages de notre royaume que est tel que, quelques grands préparatifs qui aient pu dresser nos ennemis pour l'exécution de leurs malignes et damnées entreprises, ils n'en peuvent rapporter que honte, vitupère et dommage. Ce néanmoins, nous, en faisant office de bon prince et pasteur, ne nous contentons pas seulement d'avoir pourvu lesdites limites et frontières de notre royaume, mais désirons cordialement que le dedans soit préservé de toute moleste et oppression et que nos dits bons et loyaux subjets puissent en vraie sûreté et repos vivre et négocier entr'eux en leurs vacations et ménages, aussi bien en temps de guerre que de paix, nous voulons et vous prions très acerbes que vous regardiez aux fossés, murs, portaux, [p. 214] boulevards de notre bonne ville de Caen, les réduisant par vos diligence, soin et labeur en tel état que vous ne puissiez craindre les vagabonds, pillards ni quelconque autres manière de gens qui pourraient vous faire force ou invasion d'hostilité ; vous pourvoyant quantes et quantes de bâtons, harnais et artillerie, et toutes armes qui peuvent servir à la défense de la dite ville, et ce par la gracieuse remontrance, cotisation et ordonnance que vous

en saurez bien faire tant en général que particulier, partout et ainsi que besoin sera, selon la fiance et certitude que nous avons de votre obéissance et bonne volonté. Donné à Lyon, le 13e jour de juillet 1535. Signé : FRANÇOIS . et au-dessous : LEBRETON. er

(Arch. municip. Reg. de la ville, vol. I , folio 18). er

L'année suivante (1526) tandis que Charles Quint était occupé par une expédition contre Tunis, François I fit envahir la Savoie et menacer le Milanais. Le 7 juin, l'empereur entra dans le Piémont à la tête de 50,000 hommes. M. de la Meilleraie, lieutenant du roi en Normandie, envoya alors au lieutenant-général du bailli de Caen, l'ordre de faire la revue des habitants de cette ville, de les mettre sous les armes et d'examiner de quelles munitions ils pouvaient disposer. Le 6 juillet, le lieutenant-général présentait [p. 215] aux gouverneurs les lettres de M. de la Meilleraye [8]. En conséquence, un ordre fut donné aux dizainiers de la ville de se réunir en la Maison commune ; ils y comparurent le lendemain (7 juillet 1536) au nombre de 29. Voici leurs noms : Jehan Laillier. Guillaume Prunyer. Jehan de Gueuteville. Loys Geoffroy. Robert Dusellier. Adrien Jullien. Jehan Bellet. Guillaume de la Vigne. Guillaume Noel. Thomas Sonnet. Etienne Duval. Pierre Bauches. Jehan de Prétouville.

Pierre de Lestage. Jehan Gille. [p. 216] Jacques Poullain. Jehan Beaullart. Collas Ballue. Pierre Vaultier. Guill. Jehan. Jehan Lysse. Jehan Lechevalier. Tassin Bellot. Guille Clerembault. Jehan Leforestier. Richard Osmond. Jacques Cambernon. Abel Guillebert. er

(Arch. mun. reg. de la ville, vol. I , fol. 17). Dans une assemblée de notables qui eut lieu à l'Hôtel-de-Ville, le 10 août, il fut arrêté : 1o Que les dizainiers s'assureraient si leurs gens étaient bien fournis d'armes, que ceux qui n'en seraient point fournis auraient soin de s'en munir avant la prise de Guibray, sous peine d'amende et de faire de leurs biens, que la foire passée, les dizainiers feraient une nouvelle visite et que le mardi suivant, il y aurait une revue générale ; 2o Que les jurés de la ville visiteraient les fossés et les murailles pour ordonner les réparations nécessaires. 3o Que chaque dimanche jusqu'à la Saint-Michel, il y aurait tir à l'arquebuse et qu'un écu serait donné à celui qui tirerait le plus juste ; [p. 217] 4o Qu'il y aurait 4 cantons qui auraient l'autorité sur les dizainiers. 1er Canton, le sieur de la Roziere. 2e — Robert Fournier. 3e — Etienne Duval. e

4 — Jehan de Bourgueville.

5e Qu'il serait nommé 1 ou 2 canonniers experts pour visiter et arrimer l'artillerie. e

6 Qu'il y aurait un porte-enseigne pour chaque canton, à savoir : Charles de Bourgueville, Vincent Ygou, Pierre Mabray, Guillaume de Bourgueville. er

(Arch. municip. Reg. de la ville, volume 1 , f

os

20-23.)

Le 25 septembre, Jean Gautier, commis par le sieur de Villers, commandant de la Grande-Nef, présenta des lettres de M. de la Meilleraie au capitaine de Caen, demandant de l'artillerie, des boulets et des poudres. Comme ces lettres étaient adressées au capitaine et non aux gouverneurs, M. Jehan Rouxel partit en poste pour savoir l'intention de M. de la Meilleraie. Il revint au bout de 4 jours et on envoya à M. de la Meilleraie 2 couleuvrines batardes et 400 boulets. De plus, 15 barils de poudre lui furent expédiés dont 7 par la ville et 8 par le sieur de la Mesnardière, lieutenant du château. (Arch. municip. Reg. de la ville, volume 1er, folio 26.) Cependant Charles Quint avait passé le Var et pénétrait dans la Provence, tandis [p. 218] qu'il envoyait une seconde armée en Champagne et en Picardie. La ville députa l'avocat du roi vers François Ier pour obtenir l'exemption de l'arrière ban pour les habitants. Des lettres de M. de la Rochepot, envoyées de Corbie, apprirent aux bourgeois et habitants de Caen que le roi avait accédé à leur demande. « Messieurs, le roi a entendu vos remontrances touchant l'arrière ban qui était mandé venir en ce pays de Picardie, en tant que touche les habitants de Caen et m'a ordonner vous y pourvoir par la charge que j'ai au gouvernement dudit pays de Picardie et pource que je m'attends que connaissant le bien et faveur que ce sera pour votre ville que les habitants sujets à l'arrière ban eu soient dispensés, vous veillerez toujours à la bien garder et fortifier, j'ai avisé vous laisser et faire demeurer pour la sûreté de la ville lesdits habitants, afin que pour leur absence il n'y ait faute d'ordre et de provision, tant pour les affaires de ladite ville que du pays. A Corbie, ce 14 may 1537 (Arch. municip. registres de la ville, vol. 1er, fo 37.) Dans le Midi, François Ier prit un parti désespéré ; il fit ravager la Provence par le maréchal Anne de Montmorency. Les tonneaux de vin furent défoncés, les blés jetés dans les puits, les moulins incendiés, les arbres fruitiers abattus. [p. 219] Cette effroyable désolation obligea les Impériaux à regagner l'Italie. e

Enfin, le 10 juin 1538, une trève de 10 ans, conclue à Nice, sous la médiation du pape, mit fin à cette 3 guerre [9]. Cette même année M. d'Annebaut fut commis par le roi au gouvernement de Normandie sous Monseigneur le Dauphin. Il vint à Caen au mois de février. Les Echevins se réunirent le 11 de ce mois pour s'entendre sur la réception à faire à ce haut et puissant seigneur.

Il fut décidé que les officiers du roi et les autres notables personnes de la ville iraient au-devant de lui en nombre suffisant, qu'on tirerait le canon et qu'on lui offrirait soit une haquenée, soit de la vaisselle d'argent. Une somme de 50 écus fut votée pour l'achat du présent. M. d'Annebaut refusa toute réception solennelle ; il visita les tours et les murailles de la ville et du château, et ne voulut point accepter un bassin d'argent qu'on lui présenta ; il se fit simplement donner la copie de l'inventaire des munitions de guerre qui étaient dans la ville [10]. Nous devons ici résumer quelques faits de notre histoire locale, qui, bien qu'ils ne se [p. 220] rattachent pas à l'histoire générale de France, n'en offrent pas moins un intérêt particulier. En l'année 1539 des juges délégués par le roi condamnèrent Jacques Duval, sieur de Mondrainville, à être banni du royaume et à faire amende honorable « pour avoir sollicité et induit » Anne de Prestouville contre le consentement de son père à épouser Jacques de Moges, procureur du roi. Cette peine fut commuée et Jacques Duval fut simplement confiné dans la ville d'Avranches ; mais ses biens furent confisqués et tombèrent dans le domaine royal. Jean Malherbe, sieur d'Arry, son beau-père, et Pierre Le Bourgeois, lieutenant particulier, son beau-frére, « qui avaient donné faveur et autorité audit mariage », furent privés de leur office et condamnés, le premier à 4,000 livres et le second à 200 livres d'amende. [11] L'année qui suivit cet événement (1540), Alexandre Farnèse, abbé de Saint-Etienne, fils de Pierre Louis Ier, duc de Parme et de Plaisance, et de Hiéronime des Ursins, vint visiter son abbaye. Il avait été nommé abbé en 1535, à l'âge de 14 ans, après avoir reçu du pape Paul III le chapeau de cardinal. [12] [p. 221] Le jeune abbé fit son entrée dans la ville sous un poêle de satin cramoisi [13]. Il institua comme son grand vicaire et son procureur général un Italien, Barthélemy de Nazy, qui gouverna l'abbaye sous son nom. Les revenus de l'abbaye, d'après les registres de la cour romaine, étaient taxés à 1,000 florins. [14] En 1541, le bailli de Caen, Jacques d'Auberville, s'émut de l'augmentation effrayante des pauvres dans la ville ; les rues étaient pleines de mendiants ; il jugea nécessaire de réglementer la misère publique. Le 20 janvier de cette même année, il faisait convoquer les notables habitants « pour aviser aux meilleurs moyens à employer pour venir au secours des pauvres mendiants de la ville, pourchassés depuis longtemps par les autres habitants ». L'assemblée arrêta qu'il serait fait une quête dans les églises de chaque paroisse le dimanche suivant et que le produit de la collecte serait employé au soulagement desdits pauvres. Deux années plus tard (1543) les Echevins adressèrent une supplique au Parlement, dans laquelle ils exposaient que les aumônes des habitants ne pouvaient suffire à nourrir [p. 222] les pauvres ; ils demandaient en conséquence l'autorisation de faire « une cotisation raisonnable » sur les abbayes, les marchands et les riches bourgeois de la ville. Nous devons faire remarquer que cette supplique est signée : De Bourgueville.

Les statuts et les ordonnances relatifs aux pauvres ne parurent que plus tard. o

Dans une assemblée qui eut lieu le 29 avril 1550, il fut arrêté 1 Que l'on ferait une procession générale le dimanche suivant à l'Hôtel-Dieu et que le prieur de cette maison exhorterait dans un sermon pathétique la charité des bourgeois à l'endroit de leurs pauvres ; 2o Que les trésorier des paroisses feraient le dénombrement de tous o leurs pauvres et en dresseraient les rôles ; 3 que des notables bourgeois se présenteraient au domicile des o personnes riches et des commerçants pour recevoir leurs offrandes hebdomadaires ; 4 Que d'autres personnes o désignées iraient également recevoir les aumônes des autres habitants aisés ; 5 que des troncs sur lesquels serait l'inscription suivante : Pour les pauvres seraient placés dans les églises, chez les hoteliers et autres endroits publics où il y a cohue, afin que les passants ou autres y puissent déposer leurs offrandes. 6o Que lesdites aumônes seraient recueillies et ensuite reparties chaque semaine entre les paroisses de la ville, au prorata de leur population mendiante. 7o Qu'au moyen des choses ci-dessus, il [p. 223] serait défendu à tous pauvres de mendier par les églises rues et maisons, sous peine d'être privés desdites aumônes. o

8 Que les receveurs de ces aumônes rendraient leurs compte en la maison de ville en présence du bailli ou de son lieutenant. 9o Que des inspecteurs seraient établis dans chaque paroisse pour faire observer l'ordre et s'assurer de la surveillance des mendiants par les sergents de chaque quartier. (Arch. munic. Reg. de la ville volume 1er, fos 167 à 172.) Une dernière guerre vint encore augmenter les charges du pays. Henri VIII débarqua 10,000 hommes en Picardie ; il nous fallut en même temps lutter contre les Impériaux dans le Luxembourg et le Roussillon. Les hostilités furent terminées avec Charles-Quint par le traité de Crespy en Valois en 1544 après la victoire éclatante remportée à Cerisoles, en Piémont, par le duc d'Enghien. Pour reprendre Boulogne à Henri VIII, François 1er fit amasser le plus de navires qu'il put et en donna le commandement à l'amiral d'Annebaut. L'amiral fit voile vers Boulogne, et, sur l'ordre du roi, fit construire un fort près de cette ville. « Pendant cet embarquement, nous dit M. de Bras, le roi faisait séjour tant à Barberi, Trouart, Touque que autres lieux, [p. 224] pour le plaisir de la chasse. Et cependant les grands seigneurs et les dames de la Cour venaient voir cette ville (Caen). M. le chancelier Olivier fut logé chez M. de Tournebu. » [15] Le traité d'Ardres avec Henri VIII ne fut conclut qu'en 1546. François 1er abandonna ses prétentions sur Naples, Charles-Quint les siennes sur la Bourgogne. Henri VIII conserva Boulogne ; mais la France se réserva le droit de racheter la ville moyennant 2 millions d'écus d'or. François 1er survécut à peine un an à la conclusion de la paix. Il se livrait à Rambouillet aux plaisirs de la chasse, lorsqu'il fut pris d'un violent accès de fièvre : « Alors, nous dit du Bellay, ayant bonne connaissance de sa fin, il disposa des affaires de sa conscience et de sa maison : après avoir fait plusieurs belles remontrances à son fils et lui avoir recommandé son peuple et ses

serviteurs, il rendit l'âme à Dieu. (31 mars 1547.) » er

Tavannes, dans ses Mémoires, termine ainsi le portrait qu'il fait de François I : « Trois actes honorables lui donnent le nom de grand : la bataille de Marignan, la restauration des lettres et la résistance qu'il fit seul à toute l'Europe. » [p. 225] er

Le voyage que fit François I à Caen en 1532, donna une grande impulsion à notre commerce. On vit alors Etienne Duval faire le négoce avec l'Amérique et l'Afrique. Les vaisseaux de Guillaume Rouxel allèrent jusqu'aux Indes chercher les trésors de l'Asie. Le fils de ce fameux marchand, Jean [16] Rouxel [16], consacré quelques vers à l'origine de sa famille : Notre maison ne peut de titres se vanter, Les escus ni blasons de ses majeurs conter, Mon père en divers lieux demena le trafique Et joignit aux Normands et l'Inde et l'Amérique. Mes frères le trafic de leurs père suivants Ont acquis le renom de fidèles marchands [17]

Sous le règne de François Ier, dont le nom est inséparable de la Renaissance, à cette époque où les lettres et les arts brillèrent d'un si vif éclat, il faut noter l'institution, à Caen, des concours de poésie du Palinod (1527). Jean Le Mercier, seigneur de Saint-Germain, avocat, fit les invitations et distribua les prix comme premier prince du Palinod. En 1536, le prix fut remporté par monsieur [p. 226] de Becdelièvre, conseiller en la Cour de Parlement de Rouen. Des viandes lui furent données par la ville pour subvenir aux frais du banquet du Palinod [18]. Enfin il ne faut pas oublier que c'est sous le règne de François Ier que le moine allemand Luther se sépara publiquement de l'Eglise de Rome (1520), et que le protestantisme s'introduisit en France. En 1531, Nicolas Roussin, gardien des Cordeliers, prêchait à Caen les erreurs de la Réforme ; l'Université, après avoir condamné sa doctrine, le déposait publiquement de son office et le faisait enfermer dans son couvent [19]. « La France échappa aux efforts de novateurs, mais ce ne fut pas sans une lutte douloureuse et terrible..... La nation avait une foi profonde et vivante, elle sut la défendre, la garder, et comme on l'a dit : ce qui sauva la France, ce fut la France elle-même. » [20]. [p. 227] CHAPITRE XI

HENRI II (1547-1559). — FRANÇOIS II (1559-1560) Edit de Henri II réorganisant les fonctions d'échevin (1547). — La peste. — Le coq de l'église Saint-Pierre. — Troubles religieux. — Progrès des protestants. — Erection du siège présidial de Caen (septembre 1552). — er Lettres de Henri II réglementant le jeu du papeguay août 1558). — Gilles Fillastre, 1 capitaine de ce jeu. — Rétablissement du concours du Palinod supprimé depuis 7 ans (1558). — Mort de Henri II (1559).

Rétablissement du concours du Palinod supprimé depuis 7 ans (1558). — Mort de Henri II (1559). François II. — Les ministres protestants tiennent publiquement leurs prêches à Caen. Les registres de la ville ne nous fournissent malheureusement aucun document sur notre histoire locale sous les règnes de Henri II et de François II. La dernière délibération du volume 1er est en effet du 2 juillet 1541 et la première du volume deuxième du 5 septembre 1562. Pendant une période de 20 ans, silence donc complet de ces registres généralement si riches en faits historiques faciles à dégager des ordonnances des autorités, des délibérations du Conseil de ville ou des correspondances [p. 228] des échevins avec le roi, les gouverneurs de la province, les députés à la cour. L'année même de son avènement (1547), Henri II rendit un édit par lequel il défendait de nommer à la charge d'échevin les gens de justice et les officiers royaux et comme cet édit était applicable rétroactivement, deux échevins de Caen et non pas trois, comme le dit l'abbé de La Rue, furent destitués de leurs fonctions. En effet, les échevins qui avaient été élus pour 3 ans en 1545 étaient : Guillaume de la Lande Jean Le Boucher André Le Sens, élu. Guillaume Rouxel. François Roger. Pierre Duhamel, avocat du roi. Guillaume Rouxel mourut avant 1547 et lorsque parut l'édit, on nomma 3 échevins, deux à la place des sieurs Le Sens et Duhamel révoqués de leurs fonctions et 1 en remplacement de Guillaume Rouxel, décédé. Les trois nouveaux échevins furent : Pierre de la Court. Guillaume Gondouin. Philippe Morin. « Audit an, dit M. Bras, la pestilence commence en ceste ville au mois de juin et [p. 229] continua jusqu'à la Toussaint et n'est mémoire au vivant d'en avoir vu plus contagieuse. Vray est qu'il ne mourut pas grand nombre de gens d'état, parce qu'ils s'estoient retirés aux champs ; en quoy l'on voit que c'est un souverain remède de s'absenter pour éviter la contagion du mauvais air. » Les religieux de Caen abandonnèrent l'abbaye et se retirèrent à Torteval sous la conduite de Guyon de Betteville, le sanctuairier et de Jean Lucas, sieur de la Vallée, le prieur.

Jean de Baillehache nous a transmis les noms des religieux enlevés par le fléau. Les voici : D. Guyon de Betteville. D. Augustin de Saint-Gilles, du Mesnil-Hédio. D. Jean Lucas, de la paroisse de Biéville-en-Bessin. D. Béraul de Hérenbourg. D. Jean de Foulogne, du Condéel, fils de Gilles de Foulogne, écuyer. D. Jacques Deshayes, de Cougnies en Bauptois. D. Richard de Pierres, sous-aumônier. D. Jacques Patry, de la paroisse de Graye, sous-prieur. D. Charles le Forestier, chantre. Les religieux qui se retirèrent au prieuré de Torteval furent : D. Jean Aubert, de Hiesville-en-Auge, prieur claustral. [p. 230] D. Varoc, de Bures, bailli, puis aumônier. D. Simon Marc, de la paroisse des Buissons, près Cambes ; il fut après son retour, prieur de Saint-Etienne-deBavent et plus tard aumônier de l'abbaye. D. Michel de Semallé, du pays du Maine, près du bourg et abbaye de Lessay. D. Jacques Bonnet, de la maison d'Airan, aumônier, puis prieur de Saint-Léonard, près Avranches. D. Eustache Guérin, aumônier et grand vicaire de l'abbé Alexandre Farnèse. D. André de Crux, de Crux, près Avranches, granger. D. Jean Suhard, de Rupallay, chambrier de Baupte. D. Léon d'Angus, prieur. D. Guillaume Costard, religieux profés de Saint-Martin de Troarn ; il fut pendant quelque temps prieur claustral. D. Jean Chaperon, cellerier. D. Regnault Billard, aumônier. D. Claude Radulf, de Vire. Il se fit huguenot, se convertit et devint infirmier au monastère. D. Gilles Lemercier, de la paroisse de Saint-Pierre, fils du lieutenant particulier du bailli de Caen.

D. Pierre de Vassy, de Garsalles. D. Edmond de la Ferrière, prieur claustral. Au mois de juin de l'année 1549 les habitans de la ville de Caen furent témoins d'un acte d'une prodigieuse hardiesse. [p. 231] Le coq de l'église Saint-Pierre ne tournait plus sur son pivot I Et les bourgeois superstitieux disaient : Quand le coq tournera La pestilence cessera.

Un jeune paysan breton, Jean Gladran, monta au sommet de la tour par le dehors du clocher sans échelles, sans cordes, sans échaffaudage ; il saisit le coq, le descendit à terre, et dès qu'il fut réparé, 6 jours après, il alla le replacer sur son pivot. On dit même qu'il le fit tourner d'un coup de pied. Des lettres missives de Henri II, en date du 4 avril 1549, au receveur général des finances de Caen, lui interdirent de recevoir en paiement des deniers royaux aucune monnaie rognée ni billon et d'avertir immédiatement de cette mesure les receveurs particuliers de son élection. Ces lettres jetèrent la perturbation dans le commerce de la ville ; les transactions furent arrêtées sur les marchés publics et notamment dans les halles, on refusa de délivrer le blé pour l'alimentation des habitants. Les boulangers et un grand nombre de marchands en référèrent au bailli qui convoqua une assemblée générale des notables ; après mûre délibération, le bailli rendit une ordonnance (11 avril 1549), prescrivant « à toutes personnes trafiquants et négociants de recevoir des unes des autres le billon et la monnaie courte et rognée au poids, et [p. 232] celle non rognée et entière pour sa valeur officielle. » Ces dispositions étant prises, le receveur des deniers communs fut envoyé vers le roi et ses conseillers pour leur exposer les inconvénients que les ordres royaux avaient rencontrés dans leur exécution, leur remettre le procès-verbal de l'assemblée ainsi que la copie de l'ordonnance du bailli, et les prier d'ordonner à la monnaie de Rouen d'envoyer aux changeurs de Caen une quantité suffisante de monnaie pour le commerce de la ville. M. de Bras, lieutenant-général du bailli de Caen, en rendant compte à M. l'amiral d'Annebault, gouverneur de Normandie, par une lettre du 11 avril 1550, de la publication de la paix, que, selon ses instructions il avait fait faire dans la ville de Caen, l'informe également des événements qui s'étaient passés au sujet du refus de monnaies rognées et de billon ; il lui fait une peinture lamentable de la désolation des habitants et termine en le priant d'obtenir du Roi l'autorisation pour la ville de Caen de fabriquer des monnaies. Le 5 Juin 1550, Henri II donna des lettres patentes, transférant la monnaie de Saint-Lô dans la ville de Caen et ordonnant que sans plus tarder les employés de ladite monnaie se transportâssent à Caen pour se livrer incontinent à la fabrication d'une monnaie de bonne valeur et ayant le poids requis par [p. 233] ses ordonnances. Nous devons y relever ces mots qui nous révèlent l'importance de la ville de Caen à cette époque. « La ville de Caen est lieu plus à propos que Saint-Lo tant pour la multitude du peuple et marchands qui y abondent et fréquentent par chacun jour que pour y être établie une des recettes générales du pays de Normandie. » Le 31e carton de la 2e travée de nos Archives municipales renferme l'original en parchemin de ces lettres

patentes ainsi que : o

1 Une copie des lettres patentes confirmant la commission de Maître particulier de la Monnaie octroyée le 9 novembre 1550 à Rémon Hermyer, bourgeois de Caen, par Simon Radin, conseiller du roi et général de la monnaie. (parchemin.) 2o Une copie des lettres d'attache des précédentes en date du 18 février 1550, réduisant à deux ans sur la demande du sieur Hermyer les 6 années de charge à lui accordées par les lettres patentes et fixant à 8,000 marcs par chacun an la somme à monnayer par ledit Hermyer. (parchemin). o

3 Un acte par lequel Rémon Hermyer promet et s'oblige de bien et dûment faire l'office de Maître de la Monnaie et présente pour pièges de la caution de 4,000 livres à lui imposée nobles personnes Guillaume de Cordouen, sieur de Tilly, Pierre Bourdon, sieur de Roquereul, et Michel de la Vigne, sieur du Londel, à ce présents et acceptants. L'hérésie protestante commença à se manifester [p. 234] à Caen en 1538 par des désordres sérieux. « Les troubles pour la religion furent grands en l'an 1558, dit M. de Bras, parce que celle qu'on appelle prétendue réformée permet que l'on vive en trop grande liberté.......... .......... Les décimes étaient si haut que les curés et les vicaires se rendaient fugitifs pour crainte d'être emprisonnés. » Le peuple, accablé d'impôts, se montrait disposé à embrasser la Réforme, qui prêchait non pas seulement la liberté, mais la révolte même. Des prédicants venus de Genève s'installèrent à Caen dans les églises délaissées ; autour d'eux se rangèrent quelques hommes de lettres. Seize religieuses s'enfuirent alors de l'Abbaye aux Dames ; quatre d'entr'elles se réfugièrent à Genève ; les autres se retirèrent dans leurs familles [21]. [p. 235] On vit l'Evêque de Bayeux poursuivre comme auteur de trente propositions hérétiques Gilles Bigot, docteur en théologie à Caen. Ces propositions furent soumises au jugement de la Sorbonne. (France protestante. Art. Bigot). Les édits de Henri II hostiles aux nouvelles doctrines ne firent qu'exciter le zèle des réformés. Non seulement à Paris le peuple suivait dans les rues leurs processions, chantait en choeur avec eux les psaumes de Marot, mais encore les hautes classes de la société et le parlement étaient fortement soupçonnés d'être favorables à ceux qu'on appelait alors les huguenots par corruption du mot allemand eidgenossen (confédérés par serment.) Le roi se décida à sévir énergiquement. Il fit saisir et mettre en jugement deux conseillers du parlement de Paris qui s'étaient faits protestants, Dufour et Dubourg ; mais on sait qu'il trouva la mort, avant que leur procès ne fut terminé, dans un tournoi à l'occasion du double mariage de sa fille avec Philippe II et de sa sœur avec Philibert-Emmanuel. « Henri II, nous dit Brantôme, était le prince du monde qui avait la meilleure grâce et la plus belle tenue, qui domptait le mieux un cheval et qui devisait le plus agréablement avec les dames ; mais il n'avait

[p. 236] pas une portée d'esprit qui répondit à sa façon d'être belle et royale. » Parmi les institutions que nous devons à Henri II, notons tout d'abord l'érection du siége présidial de Caen (7 septembre 1552.) [22]. 10 membres le composèrent. Ce furent : Maitre Sorin. Maitre François Richard. Maitre Denis Bazire. Maitre Antoine. Maitre Guérin de Villy. Maitre Jean de Perrières. Maitre Pierre Richard. Maitre Nicole Bigot. Maitre Jean Le Saulnier. Maitre Loys Turgot. Par lettres patentes de Henri II données à Paris le 27 août 1557, enregistrées par la cour des aides de Normandie le 10 mars 1558, et par l'élection de Caen le 13 juin de la même année fut réglementé à Caen l'exercice du Papeguay. Les mots de Papeguay ou de Papegault signifiaient perroquet (papagallus). Le papeguay était un oiseau de bois, peint et richement orné ; il s'agissait dans ce jeu de l'atteindre et de l'abattre avec un arc. Les lettres de Henri II exposent que ses prédécesseurs avaient de tout temps permis aux habitants de plusieurs villes du royaume de tirer de l'arc, de l'arquebuse et de l'arbalète [p. 237] aux jeux du papeguay que de tous temps les habitants de Caen se « sont exercités aux dits jeux de l'arquebusade, arc et arbalète, et qu'il serait nécessaire d'établir un capitaine desdits jeux comme il a été fait depuis peu en aucunes villes de France. » Le roi ajoutait : « Nous désirons la conservation et la décoration de la ville de Caen que nous tenons pour une des plus anciennes, principales et faisant boulevart à la Normandie. » Gilles Fillastre, qui avait gagné 3 années de suite le prix de l'arquebuse fut créé capitaine du jeu de Papegault et exempté de tous droits et subsides. er

(Matrologe de la ville de Caen, livre I , folio 200.) Quant à ceux qui dorénavant abattraient l'oiseau, ils devaient jouir aussi de l'exemption de tout impôt « chacun pendant son année. »

Les jeux commençaient après Pâques et se renouvelaient tous les dimanches après les vêpres ; il duraient tout l'été ; ils eurent lieu d'abord dans le Pré des Ebats (emplacement actuel de la place Royale), plus tard dans les fossés de la ville entre la porte de Bayeux et celle de Saint-Julien, enfin sur le terrain qui se trouve devant la préfecture. er

(V. Chartes pour les jeux du Papeguay établis en la ville de Caen. Arch. municipales Matrologe, vol. 1 , f 199 et suivants). er

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Sentence rendue par les élus relativement à ces jeux. Matrologe, vol. 1 , f 204. [p. 238] er

o

Lettres patentes de Charles IX (novembre 1561). Matrologe, vol. 1 , f 217. Lettres patentes de Henri III, roi de France et de Pologne (7 septembre 1585). Matrologe, vol. 1er, fo 209. Lettres patentes du précédent roi confirmatives des privilèges attachés à ces jeux (25 septembre 1585. Matrologe, vol. 1er, fo 211). er

o

Lettres patentes de Henri IV, roi de France et de Navarre (juin 1597). Matrologe, vol. 1 , f 214. er

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Lettres de surannation sur confirmation de privilèges (6 juillet 1601). Matrologe, vol. 1 , f 221. Lettres patentes de Louis XIII (décembre 1612). Matrologe, vol. 1er, fo 225. — (Juin 1618). Matrologe, vol. 1er, f 228. o

Arrêt de la Cour des aides conférant l'exemption des aides à celui qui abattra le papegay de l'arquebuse. Arch. municip., 2e travée. Carton 17e (parchemin) e

o

Liste des arquebusiers de la ville de Caen en 1785. Arch. municipales, 2 travée, carton 17 . Les concours du Palinod furent rétablis après une interruption de 7 ans (1558) par Etienne Du Val, sieur de Mondrainville, qui stipula en fondant une rente pour lui et ses héritiers, la création et la jouissance à perpétuité du titre de Princes nés du Palinod. L'aîné des fils de Henri II, François II, fut proclamé roi après la mort de son père. [p. 239] Faible de corps et d'esprit, il abandonna le pouvoir à l'artificieuse Catherine de Médicis et aux Guises, oncles de sa femme, Marie Stuart, qui, sacrifiant tout à l'élévation de leur famille se mirent à la tête du parti catholique et reprirent avec ardeur les poursuites commencées contre les protestants. Le conseiller Dubourg fut une de leurs premières victimes. En présence de ces actes hostiles, le parti protestant s'organisa et prit pour chefs deux princes du sang, Antoine de Bourbon, roi de Navarre, et Louis, prince de Condé, son frère, auxquels se joignirent l'amiral Coligny et ses deux frères. Entre les protestants et les catholiques Catherine de Médicis ne poursuivit qu'un seul but : conserver et accroître l'autorité du roi. A Caen, vers la fin de l'année 1559, les protestants s'emparèrent des églises pour y tenir leurs prêches. Les deux commissaires, Le Georgelier du Bois, conseiller, et d'Amours, avocat du Roy faillirent être victimes d'une bande de gens armés d'épées et de bâtons qui vinrent briser leur fenêtres à coups de pierres et essayèrent d'enfoncer leurs maisons vers les dix heures du soir. (Hist. du protestantisme en Normandie, par M. Gaston Le Hardy).

Quelque temps après, les ministres purent tenir publiquement leurs assemblées dans la ville (1560) ; on leur permit de prêcher [p. 240] dans deux endroits ; à savoir le jardin de l'échiquier, rue St-Jean, et la maison dite du Collège, dans le quartier St Pierre. Les protestants se réunissaient encore extraordinairement dans le Pré de l'Evangile, à Vaucelles, dans les Grandes Ecoles à St-Sauveur, dans la Halle au blé ou Tripot, à St-Pierre. François II mourut 17 mois après son avènement au trône. Sa jeune veuve Marie-Stuart quitta alors la France pour aller régner sur les Ecossais. Elle demeura 5 heures entières appuyée sur la poupe de la galère qui l'emportait et durant ce temps ses beaux yeux pleins de larmes restèrent fixés sur les rivages qui fuyaient. « Adieu France ! Adieu France ! répétaitelle sans cesse. » La nuit arriva ; elle la passa à la même place couchée sur un tapis, et quand le soleil se leva elle put apercevoir encore un point à l'horizon. « Adieu France, s'écria t-elle, je ne vous verrai jamais plus. » Ce fut le dernier cri qu'elle jeta à sa patrie d'adoption. Déjà peut-être de sinistres pensées traversaient-elles cette fraîche et jeune tête qui devait tomber un jour sous la hache du bourreau ! [p. 241]

BAILLIS DE CAEN [p. 242] [p. 243]

BAILLIS DE CAEN Sous nos ducs, on appelait bailli, celui à qui on avait confié une fonction ou un office quelconque à remplir ; et on nommait Baillie ou bailliage le lieu ou le territoire sur lequel ce fonctionnaire exerçait son office. (Voir, à ce sujet, une dissertation de l'abbé de la Rue dans ses Essais historiques. Il y avait un de ces baillis partout où il y avait un château fort, pouvant former la glèbe d'où relevaient les fiefs environnants. Ces baillis particuliers cumulaient l'autorité judiciaire et militaire entre leurs mains. Saint-Louis les supprima en l'an 1258, pour les remplacer par un grand bailli, auquel il adjoignit des lieutenants. Ils avaient pour mission de confirmer ou de réformer les jugements des juridictions intérieures. L'emploi de grand bailli devint une dignité purement militaire ; occupés aux choses de la guerre, les grands baillis d'épée abandonnèrent à leurs lieutenants l'exercice de leurs fonctions civiles. e

« Le bailli de Caen avait dans le XIII siècle et les suivants, 20 sous par jour, moitié sur la vicomté de Caen et moitié sur celle de Bayeux. Mais en 1549, il avait 30 sous [p. 244]

payés de la même manière. Il avait aussi très anciennement pour sa retenue et chevauchée 21 archers à cheval, commandés par un homme d'armes, et tous à la solde du roi. » (Abbé de la Rue). Le bailli de Caen connaissait des crimes et exactions commis par les gens de guerre. er o

(Matrologe de la ville de Caen, vol 1 f 55). Lorsqu'il tenait des assises, tous les autres juges de son ressort devaient s'abstenir de tenir leurs pieds. er

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(Matrologe, vol. 1 , f 75). Il rendait exécutoires les rôles des taxes imposées sur les habitants à divers titres. er

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(Matrologe, vol. 1 , f 37.) Il avait la connaissance et la juridiction de tous les débats, contraventions, procès et autres matières sortissant des aides mises en la ville de Caen et ses faubourgs pour le fait de l'octroi. (Matrologe, vol. 1er, fos 106, 107.) Cette connaissance des causes de l'octroi qui lui était attribuée de toute antiquité lui fut confirmée par Louis XII. (Matrologe, vol. 1er, fo 130.) Il est qualifié de bailli maire dans une délibération des Echevins du 22 avril 1615. (Reg. de la ville. Vol. 46e, fo 67.) Il présidait toutes les assemblées de la ville, avait le droit de mener le corps de ville, de faire la levée de l'octroi pour les fortifications, de faire exécuter les ordres du roi pour les levées de gens de guerre. La bannie des fermes des aides octroyés [p. 245] à la ville était faite en sa présence ou en celle de son lieutenant. er

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(Matrol. vol. 1 , f 231.) Il présidait la juridiction conservatrice de la foire franche. er

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(Matrol. vol. 1 , f 240.) Henri VI, prenant la qualité de roi de France et d'Angleterre, le nomme, en 1431, conservateur des priviléges de l'Université qu'il venait de fonder dans notre ville. er

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(Matrol. vol. 1 , f 113 à 117.) Dans les lettres patentes de Louis XI du mois de mars 1480, lettres qui confirmaient les priviléges accordés à l'Université de Caen par Charles VII, le bailli de Caen ou ses lieutenants présents et à venir étaient établis conservateurs de ces priviléges. Ces lettres, datées de Plessis-les-Tours, sont signées par les évêques d'Alby et de Poitiers, le comte de Castres et le président de la Vacquerie. e

e

(Arch. municipales, 2 travée, 26 carton).

Le bailli avait la police de la ville. Il avait la compétence des affaires concernant la police des marchés et du Tripot au blé ; il était assisté dans cette fonction par les Echevins et le procureur syndic. er

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(Matrol. vol. 1 , f 146). Charles IX admit, le 18 décembre 1563, sa compétence dans l'administration, la police et le gouvernement des affaires municipales. e

(Matrol. vol. 2 , fol. 77). [p. 246]

Liste des Baillis de Caen Geofiroy de Rapendon 1187 (Catul. de l'abbaye d'Ardennes. Cartul. de l'abbaye de Saint-Etienne). Il fut inhumé à Ardennes. Pierre de Tilli 1205 (de Tillio). Roger de Mondreville 1210. (Cartul. de l'abbaye d'Ardennes). Pierre de Tilli, bailli pour la 2o fois. Il fut en charge depuis 1212 jusqu'en 1225. (Cartulaire de la Maladrerie de Beaulieu, chartes des abb. de Sainte-Trinité, de Saint-Etienne de Caen, de Troarn, etc. — Brussel. Nouvel essai de l'usage général des fiefs en France pendant les XIe, XIIe, XIIIe et XIVe siècles — Registres de PhilippeAuguste.) Regnaud de Villeterre. 1225. (Renaldus de Villaterrici.) Peut être convient-il mieux de l'appeler de Villethierry ? (Cartul. de Goufern.) Il mourut en 1227. (Cartul. de Monte Dei.) Jean de la Porte. 1227. (Cartul. d'Aunay.) Il parait qu'il était cette année tout à la fois bailli de Caen et de Rouen. (Brussel). Dans le Cartul. de SaintAndré de Gouffern, il est appelé à cette date castellanus Rothomagensis. De Courceulles, 1228. (Cart. du Saint-Sépulcre.) Jean des Vignes, 1228. (Cartul. de Troarn. Brussel. — Reg. de Philippe-Auguste.) — [p. 247] Il était encore bailli en 1234. (cartul. du St-Sépulcre.) André le Jeune, 1234 ; il fut nommé bailli du Vermandois en 1239. Jean des Vignes, bailli pour la seconde fois, 1239. (Cartul. de Troarn, de Montmorel, de Fontenay.) Il figure comme bailli de Caen aux assises d'Argentan en 1239. Girard de Beaumont (de Bello monte), 1245. (Antiq. chartul. eccl. bajocencis.) Jean de Pontoise, 1246. Il tint des assises à Caen en qualité de bailli en 1246, avec l'abbé de Caen et le doyen de Bayeux. (Cartul. de l'abbaye de Barbery.) Jean le Jeune, 1249. (Cartul. de l'abbaye de Sainte-Trinité de Caen.)

Guillaume de Pontoise (de Pontissara), 1252. Il fut bailli jusqu'en 1254. (Cartul. de Ste-Trinité et de St-Etienne de Caen). Il faut se garder de le confondre, comme l'a fait Brussel, avec Robert de Pontoise, bailli de Vire, en 1254. L'abbé Béziers traduit de Pontissara par de Pontissart. C'est là une erreur manifeste. Arnauld de Courferrand ou par abréviation de Curfand, bailli depuis 1254 jusqu'en 1260. (Cartul. d'Aunay, de Sainte-Barbe. — Brussel.) Les registres du Parlement de Paris l'appellent Arnaud de Curiaferrandi. Nous le voyons rendre comme bailli en [p. 248] 1254 une sentence dans un procès entre les religieux d'Ardennes et Guillaume de Croisnières. (Archives du Calvados. Chartes supplémentaires de l'abbaye d'Ardennes, no 15, 4e charte.) L'abbé de La Rue se trompe donc en le faisant entrer en charge seulement en 1256. Nous devons cette rectification à une note obligeante de M. Châtel, archiviste. Jean le Saulnier (Salnarius) 1260. Il fut bailli de Caen jusqu'en 1275. Gauthier de Villiers 1276 (Cartul de Troarn et de la Maladrerie de Beaulieu.) Jean Popin 1278. (Cartulaire de Sainte-Barbe). Renaud Barbou (1281). (Cartulaire de Fontenay. Brussel). Il fut ensuite bailli de Rouen à la Saint-Jean 1283 (catul, Sti-Georgi abb. vol. 70, page 385.) Christian le Chambellan 1288. (Brussel). Il était originaire de Caen. Il avait son (hôtel dans la rue des Cordes, à Saint-Gilles Cartul. de l'abbaye de Sainte-Trinité). Pierre de Bailleul, 1289. L'abbé de la Rue l'appelle à tort Pierre de Bailleus. En 1285, il était bailli de Gisors ; en 1288, bailli du Cotentin. (Cartul. de l'abbaye de Saint-Etienne de Caen. Brussel). Plus tard, en 1313, il était sénéchal de Saintonge. (Registres de Philippe le Bel). [p. 249] Jean de Saint-Léonard 1292.

Il fut bailli de Caen jusqu'en 1299. En 1296 il était aussi prévot de Paris. Nicolas de Villiers 1299. En 1288, il était vicomte de Rouen. Robert de la Cigogne, de la Cigongne ou de la Cigoigne (de Ciconiâ) (1300-1303). Il rend en 1301 un jugement contre Jean de Meullent, prêtre, chapelain du vicomté de Caen, prétendant à la cure de Cagny. Jean de Vertot ou de Verretot (1303). Il fut bailli de Caen jusqu'en 1311. En 1301, il était vicomte d'Arques. En 1304, il rend une sentence autorisant les marchands à vendre le vin 2 derniers tournois le galon (Trésor des Chartes, reg. 66, no 458). — En 1308, il rend plusieurs jugements contre Ernouf d'Ouilly, cheval. seigr d'Ouilly, prétendant au patronage du Quesnay. Robert de Récusson ou de Récuchon (1312). Il figure comme bailli de Caen tenant les assises de Falaise, le mardi tiers jour de juing l'an de grâce 1315. (Arch. du Calvados. Chartes de Saint-Jean de Falaise, no 195). Il fut bailli de Caen jusqu'en 1320, époque où il fut nommé baili de Rouen. Il figure encore en 1313 comme bailli de Caen dans un jugement rendu aux assises de Vire contre Zacharie de Burcy, écuyer, et Geffroy Ruaut, écuyer, qui prétendaient au patronage de Chaulieu ; et en 1318, dans un jugement rendu aux assises de Bayeux entre [p. 250] Beaudouin de Mons, chevalier et l'abbé de Troarn pour le patronage de Saint Germain de Gagny, vu les lettres de Guillaume de Séran et de Létice, fille de Roger le Vicomte et jadis femme de Jourdain Tesson, dont ledit de Mons représentait le droit à cause de sa femme ; l'abbaye fut confirmée dans son droit de patronage. Notons, en 1319, un compromis devant Robert de Recuchon entre Jean de Tilli et Jeanne de Beaufou, dame de Beuvron, sa femme et l'abbaye de Troarn. Jean l'Oncle (Johannes Acunculi) 1320. En 1323 il devint prévot de Paris. Jean le Boulanger ou le Bellengier (1321-1326). En 1321 il rendit une sentence contre Thomas de la Fosse, écuyer, prétendant au patronage de Recullé. Vincent Michel (1326). Il figure le lundi avant la Saint-Pierre en février 1226 dans un acte de l'abbaye d'Ardennes où il est parlé de Jean Boulenger naguères baillif de Caen. Robert Bretel 1334-1337.

En 1337, il fut nommé bailli de Rouen. En 1334, on le voit figurer dans un jugement rendu aux assises de Falaise contre Robert de Bitot, procureur du duc de Normandie. Dans ce jugement Roger de la Motte, Jean du Moustier, Guill. Selles et Geoffroy de Rupalley sont qualifiés professeurs aux lois et jurisconsultes pour le jugement. [p. 251] Regnault de la Mare 1337-1342. Jean de Crespy ou de Crépy (de Crispiaco) appelé à tort par La Rocque Jean de Crespon, 1342-1344. En 1344, il fut fait trésorier du Roy. (Dom le Noir, vol. 19, p. 39. Cartul. de Saint-Etienne de Caen). Guy de Besançon 1344-1346. Ses honoraires étaient fixés à 500 livres par an. Regnaud Machard 1346-1353. Il rend un jugement en qualité de bailli en 1353 contre Guill. de Courseulles, écuyer et Jacq. de Courseulles, prétendant au patronage de l'abbaye de Saint-Martin-du-Han. Robert de Wargnies, de Warignies, on de Warignières 1355-1359. M. de Bras l'appelle Robert de Varinier (rech. et antiq. page 52.) Thomas Pinchon (1360-1362). Il mourut en 1362. Il rend de 30 janvier 1361 une ordonnance par laquelle il délègue ses pouvoirs au vicomte de Falaise. (Note manuscrite de M. Chatel, archiviste). (Dom Le Noir, vol. 19, page 385.) Guillaume de Marchières, conseiller du duc de Normandie. (1362). L'abbé Béziers ne le fait pas figurer dans sa liste de baillis. Il fut nommé bailli de Caen par lettres patentes données à Vincennes le 25 septembre 1362. C'est donc à tort que M. Chatel dans une [p. 252] note manuscrite l'indique comme bailli de Caen le 11 janvier 1362. Robert de Wargnies (1363) bailli pour la deuxième fois. Guillaume du Merle (1364). Jean Nicole 1365. Devant Jean Nicole l'abbesse de Caen reconnaît en 1365 qu'elle doit annuellement à l'abbé d'Ardennes 3 muids d'orge mesure de Oyestreham revenant à 292 boisseaux d'orge mesure d'Arqués. Regnier Le Coustellier (1368-1379). Le 9 juillet 1370 il tint des assises à Bayeux, il figure comme bailli dans un

ordre du 7 novembre 1372 qu'il donne au vicomte de Falaise (note de M. Chatel, archiviste). Notons des lettres patentes de Charles V données à Paris au mois de février 1380 ratifiant un contrat de vente fait devant les notaires de Paris le 15 janvier 1380 entre Regnier Le Coustellier naguères bailli de Caen et de Chartres, demeurant à Meaux, et Raoul Champion conseiller et maître de la chambre des comptes du roy au o sujet de la halle au pain de Caen assise devant l'église Saint-Pierre (trésor des Charles reg. 118, n 314.) En 1371, par ordre du roi Charles V, Regnier le Coustellier, bailli de Caen dresse un procès-verbal de la visite des châteaux et forts du baillage de Caen. On voit dans cette pièce : o

1 Que le fort de Sainte-Trinité de Caen fut visité par ledit bailli qui laissa à l'abbesse de Caen, par écrit, les ordres nécessaires pour le mettre en état de défense. [p. 253] 2o Qu'à cette époque Messire Erard de Percy, chevalier, eu était capitaine. o

(Mss. de Gaignières, n 671, vol. 2, Bibl, nat). Regnier le Coustellier fut bailli de Caen jusqu'en février 1379 et non jusqu'en 1378, comme le dit l'abbé de la Rue. Denis Champigneau, 1379-1380. Guillaume Mauvinet (1380). Il fut nommé bailli de Caen le 5 décembre 1380. Guillaume Ménard, 1385. (Arch. du Calvados. Série F. Fonds Dauquin.) Guillaume Mauvinet (1389). (Arch. du Calv. Série F. Fonds Danquin.) Richard de Houdetot, 1389-1396. En 1392, il figure comme bailli de Caen dans un rôle d'amende de la vicomté de Falaise (en date du terme de Saint-Michel 1392). Jean de Conneville, de Couveville ou de Tonneville, seigneur de Saint-Saulieu et d'Erquery. 1396-1409. — En 1396, il rend un jugement entre Henry de Montfiquet, procureur du roi, et l'abbesse de Caen, relativement à un impôt établi depuis 46 ans par le roy et duquel l'abbesse se prétendait exempte. On le voit figurer comme bailli de Caen dans une charte de Saint-Lazare de Falaise en date du 11 décembre 1399. Il figure encore comme bailli dans un acte du 30 avril 1404 et dans un acte du 27 décembre 1408. [p. 254] Nous pensons donc que l'abbé de la Rue s'est trompé en distinguant deux baillis dans Jean, sire de SaintSaulieu et d'Erquery, chambellan du roy, et Jean de Conneville, qu'il appelle de Tonneville, chambellan du roy.

Girard, sire d'Esquay (1410). Il fut nommé bailli de Caen le 6 janvier 1410 ; il occupa cette charge jusqu'on 1413. Il faut se garder de le confondre avec Girard d'Esquay, son fils, qui fut vicomte de Caen. (Arch. du Calvados. Série F. Fonds Danquin.) Robert d'Esneval, seigneur de Saint-Maclou et de Bourdainville, 1413. Il fut nommé bailli le 26 septembre 1413. Charles de Mauny, seigneur de la Haye-Painel et de Lingèvre, 1415-1417. Il est cité en 1415 et en 1426 comme bailli de Caen dans des actes des assises de Falaise. (Note manuscrite de M. Chatel.) Jean Popham, chevalier anglais, 1417. Il fut nommé bailli de Caen par lettres patentes de Henry V, roy d'Angleterre, données à Falaise le 24 décembre 1417. Le roy le fit trésorier de son hôtel, baron de Thorigny et capitaine de Bayeux et de Condé-surNoireau (super nigram aquam). Il tint des assises à Dives le 13 septembre et en novembre 1419. (Note manuscr. de M. Chatel. — Arch. du Calv. Série F. Fonds Danquin.) Guillaume Breton, chevalier anglais, 1422. [p. 255] Il prit possession de la charge de bailli le 11 septembre 1423 d'après l'abbé Béziers, le 18 décembre 1421 d'après M. Léon Puiseaux, dans un article sur le château de Condé-sur-Noireau. er

La vérité est qu'il fut nommé bailli le 1 septembre 1422. Il était auparavant gouverneur de la ville et du château de Caen. (Arch. du Calvados. Série F. Fonds Danquin.) Richard Waller, écuyer anglais et non pas chevalier. Il fut nommé bailli de Caen le 25 août 1430. Il n'est pas mentionné par l'abbé Béziers. Dans un acte en date du 12 novembre 1430, il est qualifié bailli de Caen ; dans cet acte il est question de Jean Harpeley, chevalier, bailli du Cotentin. (Arch. du Calvados. Série F, fonds Danquin.) Jean Harpeley, Herpeley ou Herpelley, 1431. Il fut d'abord bailli d'Evreux, puis du Cotentin. Il fut 2 ans bailli de Caen. (1431 et 1432.) Guill. Breton. 1433. Il fut bailli de Caen jusqu'au mois de novembre 1434. L'abbé de La Rue cite, pour justifier ces dates, dans un de ses manuscrits, des manuscrits de la Société des Antiq. de Londres.

Richard Harington, chevalier anglais, [p. 256] 1434. Il fut bailli de Caen jusqu'en 1450. Il fut en même temps gouverneur d'Argentan. (Arch. du Calvados. Série F, fonds Danquin.) M. de Bras appelle ce bailli Richard Hoston. (Rech. et Antiq, page 64.) Jacques de Clermont 1450. Il fut nommé bailli de Caux le 25 octobre 1457. Jean Havart, 1457. Il fut d'abord bailli de Caux et échangea cette place le 25 octobre 1457 avec Jacques de Clermont ; Il devint ainsi bailli de Caen, jusqu'en 1461. (Archives municip. de la ville de Caen. Lettres-patentes de Charles VII, 2e travée carton 31o.) Thomas Stover, chevalier écossais, 1461. On le voit figurer dans un acte de l'abbaye d'Ardennes du 27 mai 1463. L'abbé Béziers l'appelle à tort Guillaume, et l'abbé de La Rue Thomas Sever. D'Achon, 1465. Il figure en 1465 comme témoin dans le traité de Caen, signé entre Louis XI et le duc de Bretagne. Il y est appelé bailly de Caen. Aucun auteur ne mentionne ce bailli. Jean de la Mollière, 1465 et 1466. May de Houllefort, 1467. Thomas de Loraille, seigneur d'Escoville, chambellan du duc de Normandie, 1468. May de Houllefort, 1468-1482, bailli pour la deuxième fois. Il figure dans les comptes de la vicomté de Caen en 1477, 1478 et 1479. [p. 257] Il dresse un acte à l'hôtel de ville en présence de Robert le Forestier, procureur du roy et Richard Deshayes avocat du roy en 1476 par lequel il est convenu que l'abbesse de Sainte-Trinité a droit à la foire de Sainte-Trinité, o etc. (Cartulaire de Caen. Manuscr. de l'abbé de La Rue, f 90.) Antoine de Batarnay, seigneur de Vaugrix et de Hamars, 1482 1483. C'était le gendre du précédent. Alain de Goyon, seigneur de Villers-Bocage, de Thieuville, d'Anisy, etc., 1483-1400. Jacques de Silly, 1491. En 1492, il fut nommé gouverneur de la ville et château de Caen et cumula cette charge avec celle de bailli jusqu'en 1503, année de sa mort. Le 24 juillet 1498, il rendit une ordonnance contenant vérification des lettres patentes de Louis XII, qui e

er

confirmaient les privilèges de la ville de Caen (parchemin). (Arch. municip., 2e travée, 1er carton.) François de Silly, 1503-1523. Il succéda à son père dans la place de bailli seulement, le 9 mars 1503. En 1516, il réunit les deux places de bailli et de gouverneur, qu'il occupa jusqu'à sa mort (1524). Louis de Brézé, comte de Maulevrier, grand sénéchal et gouverneur de Normandie. Il fut nommé bailli de Caen et gouverneur en 1525. L'année suivante 1526, il se démettait de l'office de bailli et gardait seulement [p. 258] la charge de gouverneur, qu'il occupa jusqu'à sa mort, 1531. er

Gabriel baron d'Alègre, 1526-1536. En 1532, il assistait à l'entrée de François I à Caen. M. de la Rochepot, 1537. M. de la Rochepot, capit. et bailli de Caen annonce par une lettre en date du 16 mai 1537 que le roy a exempté la ville de l'arrière-ban. Jacques d'Auberville, chambellan du roi, 1538-1556 (de nouveau bailli de Caen.) Il prit possession de sa charge le 29 mai 1538. (Arch. municip. de la ville de Caen. — Reg. 1er, fo 52. — Reg. 20, fo 22. — Reg. 21, fo 16 et fo 40. — Reg. 22, fo 2. — Reg. 23, fo 171, 198. Reg. 25, fos 35, 104, 105, 128. — Reg. 26, fos 3, 4, 36, 179. — Dr de Cahagnes, Eloge 3. — Armoiries : de gueules à 7 flèches d'argent). Il fit son entrée à Caen, le 29 mai 1538. (De Bras. Rech. et antiq., p. 126.) René de Lorraine, marquis d'Elboeuf, 1557-1559. La Rocque l'appelle Claude de Lorraine, comte d'Harcourt et l'abbé de La Rue, Claude de Lorraine, duc d'Aumale. Charles d'Auberville, fils de Jacques, 1559-1586. Il fut nommé bailli de Caen, le 25 avril 1559. On le voit figurer le 31 janvier 1585 sur l'acte de réception de Jean du Thon [p. 259] comme capitaine des arquebusiers de la ville de Caen. (Note manuscrite de M. Chatel.) Il mourut en 1587. (Reg. de la ville de Caen.) Vers 1568, il dut cesser ses fonctions de bailli pendant quelque temps, elles fureu alors exercées par de Rabodanges, dont nous avons trouvé plusieurs fois le nom comme bailli dans les registres de la ville. Il avait épousé le 23 nov. 1559, Guillemette d'Harcourt. Odet d'Auberville, fils de Charles 1586-1587.

(Enregistrement des lettres de provision, 7 août 1586, reg. 27o fo 40. o o

V. égal. reg. 27 f 91, 103, 106.) Il avait épousé Marie de Rabodanges. C'est de ce mariage que naquit Françoise d'Auberville. r

On lit dans le D de Cahagnes. Elog. 3 : « Ces 3 baillis (Jacq. Charles et Odet d'Auberville) se sont rendus recommandables en ce qu'ils ont su allier l'érudition à la naissance, en dépit du vieux préjugé qui fait regarder l'ignorance comme un titre de gloire pour les gentilshommes ; car de même que les pierres précieuses rehaussent l'or des couronnes, de même les lettres font l'ornement des gens bien nés. » Gaspard de Pellet, ou Gaspard Pelet, seigneur de la Vérune 1587-1598. (Lettres de provision 26 novembre 1587, reg. 27, fo 174.) Il avait épousé Jourdaine de Montmorency. [p. 260] Jacques de Montmorency, seigr de Créve cœur, beau-frère de Gaspard de la Vérune, 1598-1609. (Reg. de la ville, vol. 35 fo 243.) Pierre Boutin, seigr de Victot 1609-1626. Il fut nommé bailli le 8 janvier 1609. e os

(Reg. 42 f

174, 197.

— Reg. 43e fos 29, 40.) René Potier, comte de Tresme 1626-1637. (Lettres de provision, 14 octobre 1626, Reg. de la ville, reg. 49e fo 297.) Louis Potier, marquis de Gesvres, fils du précédent 1637-1645. Bernard Potier, marquis de Blérancourt 1646. (Lettres de provision, 1er février 1646, enregistrées le 5 mars, reg. de la ville, vol. 63e fo 95.) Henry d'Orléans, duc de Longueville, 1647-1663. (Reg. de la ville, vol. 63e fo 167.) Comme il était toujours absent, la charge de bailly fut en réalité exercée par M. de la Croisette. (Lettres patentes du roy, 23 avril 1648). Anne Le Blanc du Roullet, seigr de la Croisette 1663-1680. (Lettres patentes données à Paris le 30 juillet 1663, enregistrées à l'Hôtel-de-Ville de Caen, le 23 février 1664. e o

e

Reg. de la ville, vol. 67e fo 195.) Il mourut le 17 janvier 1689 (Reg. de la ville, vol. 71e). [p. 261] Il envoie le 13 février 1673 un mandement aux curés pour convoquer une assemblée le 21 février, les directeurs du Bureau des pauvres ayant déclaré qu'ils étaient dans l'impossibilité de pourvoir plus longtemps à la subsistance des pauvres « vu la parvité et la modicité des aumônes. » (Arch. municip., 2e travée, 27e carton). Louis Le Blanc, fils du précédent, 1680. Il ne fut bailli que pendant quelques jours ; il se démit en faveur du suivant. (Commission de Louis le Blanc à la place de son père, 15 janvier 1680, reg. 71e, fo 49.) Robert Jean Antoine de Franquetot, comte de Coigny 1680-1704. Lettres du 29 janvier 1680, lui octroyant l'office de bailli de Caen, reg. 71e, fo 60.) François de Franquetot, comte puis duc de Coigny, 1704-1748. Il succéda à son père en 1704 et mourut en 1759. Jean Antoine François de Franquetot, fils du duc de Coigny, 1748. Il succédait à son père démissionnaire et mourut la même année 1748. François de Franquetot, duc de Coigny 1748 ; il reprit la charge de bailli après la mort de son fils jusqu'en 1755. Marie François Henry de Franquetot, petit fils du duc de Coigny, 1755. Il succédait à son grand père démissionnaire. Il fut le dernier bailli de la ville de Caen. [p. 262] Il était pair de France, gouverneur de Cambrai, bailli et capitaine des chasses de la Varenne du Louvre, chevalier des ordres du roi, lieutenant-général de ses armées, gouverneur et grand bailli de Caen. [p. 263]

Lieutenants généraux du bailli de Caen Geoffroy de la Mare, 1295. Jean de Pitres, 1298. Guill. Marie, 1304. Robert de Caudebec, chanoine du Saint-Sépulcre, 1307. Henry le Gay, 1310.

Richard Godefroy, prêtre, 1312. Thomas Caruel, 1314. Richard Godefroy, 1315. Henry le Gay, 1319. Richard Godefroy, 1320. Mathieu de Paris, 1322. Guill. Marie, 1326. Henry le Gay, 1325. Guill. Marie, 1326. Henry le Gay, 1331. Jean Payen, 1333. Robert de Than, 1335. Henry le Gay, 1335. Jean Nicole, 1337. Henry le Gay, 1339. Guill. Marie, 1339. Philippe de la Bruyère, 1341. Jean de Brieux, 1345. Michel le Chandellier, 1350. Nicole Payen, 1355. Simon de Beauval, 1359. Jean Nicole 1364. Robert Vimont, 1368. [p. 264] Raoul Payen, 1375. Roger le Fèvre, 1377. Raoul Payen, 1377. Roger le Fèvre, 1377.

Guill. de Sainte-Croix, 1380. Michel Jourdain, 1380. Guill. de Brion, 1389. Guill. le Fèvre, 1391. Guill. le Prévost, 1397. Guill. de Bondeville, 1398. Michel Jourdain, 1400. Garin Auber, 1401. Michel Jourdain, 1401. Garin Auber, 1403. Michel de Cheux, 1410. Garin Auber, 1413. Isart Gripéel, 1415. Yves de bois de Vast, 1419. Thomas de la Balle, 1419. Eustache Quenivet, 1424. Thomas de la Balle, 1425. Jean de Vanembras, 1430. Jean de la Noe, 1431. Pierre de la Rocque, 1432. Eustache. Quenivet, 1438. Roger de la Valette, 1450. Thomas de Loraille, seigneur d'Escoville, 1450. Roger de la Valette, 1455. Thomas de Loraille, 1458. Jean de Saint-Fromont, 1450. Michel Langlois, 1461. Robert Portefais, seigneur d'Ouffières, 1463.

[p. 265] Girard Bureau, seigneur de Grenteville, 1465. Roger le Fèvre, 1467. Girard Bureau, 1469. Jean de Buas, 1478. Girard Bureau, 1480. Jean le Sens, seigneur de Reviers, 1483. Il préside le 1er janvier 1485 une assemblée qui délibéra sur la déclaration de Charles VIII du 4 février 1484 rendant perpétuelle la perception de l'octroi par forme d'aide, avec attribution de juridiction au bailli de Caen, qui e e devra prendre l'avis de autres officiers et des bourgeois de la ville (arch, municip. 2 travée, 3 carton). Girard Bureau, 1487. Hugues Bureau, fils du précédent, 1494. Il rend une sentence en mai 1495 contre Richard Marie fermier de l'aide de 4 deniers pour franc sur chaque bête caveline vendue en la ville de Caen, le condamnant à la prison sur son refus de donner caution pour les termes échus et ordonnant que ladite ferme fût désormais gérée sous la main de justice (arch. municip. 2e travée. 4e carton). Il mourut en 1518 (Recherches et antiq. de M. de Bras, p. 88.) Jean Malherbe, seigneur d'Arry, 1518. Pierre André, avocat du Roy à Bayeux, 1540. Olivier de Brunville, 1556. Il portait d'argent à 3 rateaux emmanchés de gueules. Il fut d'abord procureur du roy au siège présidial. [p. 266] « Homme d'une grande pénétration d'esprit, d'une imagination vive, nous dit le docteur de Cahagnes, il savait rendre clairement sa pensée, et s'exprimer en termes élégants. Une certaine distinction dans les traits de son visage ajoutait encore au charme de son langage. » Il mourut le 28 août 1568 dans sa maison de campagne de Beauregard, en la paroisse d'Hérouville, où il fut inhumé. (Reg. de la ville, vol. 8, folio 58.) Le 30 août 1568, dans une assemblée qui eut lieu en la Chambre du présidial pour nommer 3 candidats à la rs charge de lieutenant général devenue vacante par son décès, furent désignés M Charles de Bourgueville, Tanneguy Sorin et Richard, sieur de Hérouvillette. Le procès-verbal de la séance fut envoyé à M. le chancelier. o (Reg. de la ville, vol. 8, f 58.) Charles de Bourgueville, sieur de Bras et de Brucourt, 1568. Il rend le 16 octobre 1568, une sentence par défaut au profit de M. Moisy, curé de Saint-Jean, contre Guillaume Vaultier pour les arrérages de 60 sols de rente.

Il succéda à M. de Brunville après la disgrâce du chancelier de l'Hôpital qui protégeait ce dernier. « Et l'on vit se produire, dit le docteur de Cahagnes (Eloge 12), le prodige qui arriva au rameau d'or dont parle Virgile. Uno avulso non deficit alter... Aureus et simili frondescit virga metallo » [p. 267] Il portait « d'azur à 3 pals d'or, au chef de gueules chargé de trois fermeaux aussi d'or. » Jean Vauquelin, sieur de la Fresnaye, 1571. Nicolas Vauquelin, son fils, seigneur des Yveteaux, 1596. Il rend, le 3 février 1599, une sentence relativement au paiement des arrérages d'une rente de 56 sols dûs au Trésor de Vaucelles. (Arch. municip., 2e travée, 20e carton.) Guillaume Vauquelin, frère du précédent, 1603. Il rend une sentence le 19 septembre 1616 portant que l'abbé de Saint-Etienne et l'abbesse de Sainte-Trinité satisferont dans la quinzaine aux réparations du chœur de Saint-Nicolas, et ordonnant qu'il sera procédé à la bannie des autres réparations. (Arc. municip., 2e travée, 20e carton.) Hercules Vauquelin, seigneur des Yveteaux, fils du précédent, 1626. Il vendit sa charge au suivant 80,000 livres. Jean le Blais, sieur du Quesnay, 1634. Avant d'être lieutenant général, il était avocat en la cour de parlement. (Lettres de provision données à Paris le 22 décembre 1634. Reg. de la ville, vol. 57, fos 144-145.) Charles Malherbe, 1652. Nicolas du Moustier, sieur de la Motte, 1657. [p. 268] Nous lisons au folio 65 du 66e registre de la ville à la date du 9 juin 1657 : « M. du Moustier est pourvu de l'office de lieutenant général ancien et alternatif vacant par la résignation de M. Charles Malherbe qui le tenait depuis le 3 juillet 1652. » Notons 3 sentences de Nicolas du Moustier, sieur de la Motte. re

La 1 , en date du 23 octobre 1660, confirme une sentence arbitrale rendue entre les prêtres obitiers de SaintNicolas et Louis Angot, échevin de la confrérie du Saint-Sacrement, par laquelle sont réglées les redevances dûes auxdits obitiers et les services par eux dûes aux confrères. e

La 2 , en date du 18 avril 1665, est rendue entre les obitiers et les trésoriers de St-Nicolas d'une part et Noël de Gallon ci-devant vicaire général de ladite église d'autre part ; elle porte que les derniers provenant de la fondation faite à Saint-Nicolas par M. Jean Prey, prêtre, seront également répartis entre le vicaire général et les obitiers. La 3e, en date du 1er septembre 1693, condamne Germain Angotin, ci-devant trésorier de Saint-Nicolas, à payer la somme de 266 livres 7 derniers pour reliquat de son compte et en plus les intérêts jusqu'au parfait paiement.

(Arch. municip. 2e travée, 20e carton.) Nicolas du Moustier rend également, le 26 octobre 1665, une sentence arbitrale entre les sieurs Curés de Saint-Etienne-le-Viel et de Notre-Dame de Froide-Rue. (Arch. municipales, 2e travée, 20e carton.) [p. 269] Le 2 mars 1676, dans une assemblée où assistèrent M. de Matignon, lieutenant du roy en Normandie, et M. de Dreux, commissaire départi par Sa Majesté en la généralité de Caen, M. du Moustier proposa, vu l'exiguité des aumônes et le nombre croissant des pauvres, qu'il fut lévé 20 sols par tonneau de cidre, poiré, vin huet, et bière, et 20 sols par muid de vin entrant dans la ville ; il exposa qu'il était nécessaire de trouver un lieu pour enfermer les pauvres, et qu'il fallait supplier Sa Majesté d'accorder des lettres-patentes pour concéder à cet usage la Maladrerie de Beaulieu qui offrait toutes les conditions désirables. Ces propositions furent votées par l'assemblée. (Arch. municipales, 2e travée, 27e carton.) Jean Gohier, 1701. Thomas du Moustier, sieur de Canchy 1708. Nicolas du Moustier, sieur de Contrainville, 1715. François-Gabriel-Aimé du Moustier, sieur de Canchy, 1735. Il rendit une sentence le 6 août 1742 fixant les jours où seraient reçus au baillage les actes de tutelle, de curatelle et d'émancipation et les autres de cette nature (Arch. municipales, 2e travée, 19e carton) ; une autre sentence, le 1er juillet 1743, qui portait que la porte Saint-Etienne serait ouverte et fermée à la même heure que les portes Millet, de Bayeux et autres, par les commis préposés [p. 270] à ladite porte, à peine de 50 livres d'amende La porte Saint-Etienne fut supprimée par un arrêt du conseil en date du 29 avril 1758. (Arch. municipales, 2e travée, 17e carton.) Jean-Pierre-Nicolas-Anne du Moustier de Canchy, prêtre, archidiacre, chanoine de l'église cathédrale de Bayeux, conseiller du roy en la grande chambre de Parlement de Normandie, 1756. Constantin Le Bourguignon Duperré Delisle, 1782. [p. 271]

Lieutenants particuliers du bailli de Caen Jean de Vernay, 1351. Simon de Beauval, 1355. Raoul Payen, 1371. Guill. De Sainte-Croix, 1388. Thomas le Berceur, 1393. Guill. le Prévost, 1396.

Robin de Solle, 1401. Geoffroy de Montfiquet, 1408. Thomas de la Balle, 1418. Thomas le Bourt, 1430. Bertrand le Cordier, 1431. Jean Anseré, 1431. Thomas Blouet, 1432. Thomas le Bourt, 1432. Pierre le Grant, 1442. Pierre Rouillart, 1452. Guill. De Banville, 1457. Royer Lefévre, 1458. Thomas Lefévre, 1462. Pierre de Malherbe, 1463. Michel Langlois, 1463. Roger Lefévre, 1463. Louis de Baussy, 1469. Pierre le Sénéchal, 1485. Jean Richart, 1487. Pierre le Sénéchal, 1494. Philippe Labbé, 1505. Robert Guénet, 1507. Pierre Moges, 1514. Jean Labbé, 1520. [p. 272] Girard d'Esquay, sieur de Rapilly, 1527. « Il mourut le 3 janvier 1530, fort regretté des gentilshommes et habitants de la ville, tant pour son savoir que sa bonne administration de justice » (Recherch. et antiq. de Bras, page 95.) Pierre Le Bourgeois, sieur de Beneauville et de Navarre, 1530.

(En 1531, le roi fit un édit par lequel il s'attribua la provision de tous les états de judicature de son royaume. Auparavant les baillis et les vicomtes pourvoyaient aux états de leurs lieutenants,) Nous lisons au folio 12 du vol. 1er des registres de l'Echevinat : « Il sera délivré à M. de Navarre, lieutenant particulier de M. le bailli un poinçon de vin en rémunération des peines qu'il a eues pour les affaires de la ville et des plaisirs et des services qu'y a faits et qu'il y pourra faire ci-après. » Pierre Lebourgeois fut déposé en 1540 pour crime de rapt. Jean le Mercier, 1540. Charles de Bourgueville, 1541. Il entra en charge le 6 juin. (Rech. et Antiq., page 128.) Guérin de Villy, 1571. (V. Eloge 27. Doct de Cahagnes). Il est qualifié dans les actes d'écuyer et de licencié ès lois. Jean Vauquelin, 1575. Jacques Blondel, 1583. Il est chargé, en août 1583, par M. Lejumel, président en la Cour de Parlement, délégué à la réformation de l'Université de [p. 273] Caen, de l'enquête concernant certains abus introduits dans l'Université. Il interroge successivement Geoffroy Le Laboureur, régent en philosophie au collège des Arts, François Bourget, licencié aux droits, prieur de Venoix et procureur syndic de l'Université ; Nicolas Levillain, ancien régent, Jean Lepaon, docteur aux droits et ancien régent, Gilles Housteville, ministre en la religion prétendre réformée ; l'enquête nous apprend qu'une rente de 10 livres constituée par M. de Mondrainville pour l'institution du Palinod avait été vendue et qu'on n'avait jamais pu savoir où avait passé le capital ; qu'un grand nombre de chapes de drap violet servant à vêtir les écoliers qui étaient faits maîtres avaient été vendues secrètement alors que feu Le Hérault était principal du collège du Bois. Le 20 mai 1595, il rend une sentence condamnant Eustache Carrel à payer comme caution sous huitaine la somme de 16 écus restant dûs par Henry Lescuyer pour fermage de terres appartenant au trésor de SaintNicolas. e

e

(Arch. municip., 2 travée, 20 carton.) Le 29 octobre 1610, il rend une sentence déboutant Marin Saullet de son opposition à la vente des biens de Gilles, son frère ; le 24 juillet 1627, il condamne les francs brements à payer l'octroi destiné aux fortifications et réparations de la ville dont les privilégiés n'étaient pas exempts. (Arch. municip., 2e travée, 17e carton.) [p. 274] Le 7 février 1628 il rend une sentence en faveur de Pierre de Bernières, sieur d'Acqueville et de Venoix, condamnant les Echevins à lui payer 126 l. par an pour le fermage de 3 pièces de terre en pré à lui appartenant et dont ils s'étaient emparés pour construire les nouvelles fortifications. (Arch. municip., 2e travée, 17e carton.) Jean Blondel, sieur de Tilly, 1651. Le 30 juin 1651 il rend une sentence condamnant deux trésoriers de Saint-Nicolas à payer le blé par eux reçu au prix de l'apprécie et ordonnant qu'à l'avenir ils aient à fournir 6 boisseaux de froment pour le pain de Pâques et 2 gallons de vin, avec défense de faire baux de terres avant qu'elles aient été proclamées au prône de la paroisse et de faire aucun procès sans le consentement des paroissiens.

(Arch. municip., 2e travée, 20e carton.) Le 11 juin 1659 il rend une sentence condamnant les Echevins à payer aux recteur, doyens et professeurs de l'Université 31 livres 6 derniers de rente, aumônée à ladite Université et constituée par eux ês mains de Gilles Marc, sieur de Villons. (Arch. municip., 2e travée, 26e carton.) Jean Gohier, 1679. (Lettres de provision de Jean Gohier à l'office de lieutenant particulier du bailli de Caen, en o date du 24 avril 1679. Reg. de la ville, vol. 70, f 159.) Charles-Jacques Gohier, sieur de Jumilly, 1719. [p. 275] Il est qualifié maire de Caen (2 janv. 1730). (Reg. du cérém. fol. 21). Germain Durel, mort en 1749. Jean-Louis d'Aigremont, 1780. [p. 276]

Procureurs du roy au baillage de Caen Philippe de Cully, prêtre, 1305. Robert de Caudebec, 1309. Guill. Le Tourneur, 1319. Henry le Gay, 1328. Robert de Bitot, 1334. Robert Mauvoisin, 1335. Guill. Juppin, 1337. Pierre de Marcelet, 1349. Maurice le Valois, 1349. Robert Folet, 1350. Maurice Le Valois, 1355. Robert Vimont, 1364. Robert Follet, 1367. Jean Labbey, 1371. Alleaume Cachemarée, 1384. Jean Labbey, 1387.

Guy le Foulon, 1387. Drouet de Beaussieu, 1394. Henry de Montfiquet, 1408. Geffroy de Montfiquet, 1416. Jean le Berrois, 1418. Michel L'Evesque, 1429. Louis le Clerc, 1431. Michel l'Evesque, 1433. Pierre de Rupalley, 1450. Robert le Clouier, 1453. Pierre de Rupalley, 1454. Robert le Cloutier, 1467. Jean de la Fresnaye, 1468. [p. 277] Samson Fortin, 1469. Guill. Bellot, 1470. Robert Durset, 1471. Robert le Forestier, 1473. Jean Vivien, 1480. Geffroy Jodon, 1482. Guill. Jodon, 1498. Jean Mélissent, 1506. Il mourut en 1525. (De Bras, Rech. et Antiq. page 93.) Jean Moges, Sr de Buron, gendre du précédent, 1525. Nicolas Moges, 1538. Blaize Gaugain, 1541. Olivier de Brunville, 1543. Pierre de Vérigny, Sr des Londes, 1560. (Dr de Cahagnes, Eloges 51.) Pierre de Caumont, 1590.

Francs Malherbe, 1609. r

Thomas Bénard, 1627, S de Rotot et d'Amayé, nommé le 8 juillet, par suite de la résignation de Nicolas de Cairon. (Reg. 53o de la v., fo 143.) En 1642, le procureur du roi recevait comme gages 300 livres par an, ainsi qu'on peut le voir dans une requête des échevins aux trésoriers de France pour obtenir le paiement de ces gages. (Arch. municip. 2e travée. 3e carton.) o

Denis le Pyonnier, 1646. (Reg de la ville. vol. 63. F 120.) Druel, 1691. De Gouville du Mesnil-Patry, 1723. Héroult d'Hérouville, 1724. [p. 278] Riboult, 1736. (Reg. de la ville. Vol. 92, Fo 32.) La Feye, 1738. (Reg. du cérémonial, Fo 22.) Lair, 1745. (Reg. du cérém. Fo 32.) Jean-Baptiste Savary, 1745. Il avait épousé Jeanne des Étables, fille de Gabriel des Étables, monnayeur en la Monnaie de Caen. (Arch. mun. 2e travée. 31e carton.) (7 Juin 1635) Edit du roi portant création d'office des Greffier héréditaire et de procureur du roi de la ville. (Reg. 58 fos 79 à 81.) Les grandes dépenses que nous avons faites depuis quelques années pour l'entretenement de nos armées, mises sur pied pour la conservation de cet état, ayant épuisé la plus grande partie de nos finances et nous trouvant obligé de faire de nouvelles levées de gens de guerre et de continuer le paiement, solde et entretenement de ceux qui sont sur pied, pour opposer à nos ennemis afin d'empêcher leur entrée en notre royaume, nous sommes contraint de recourir aux moyens extraordinaires qui nous ont été proposés, entre lesquels ceux de la création d'un greffier héréditaire et d'un notre conseiller procureur, en chaque ville et communauté du ressort de nos parlements et chambres des comptes ont été trouvés le plus utile et nécessaire pour empêcher la dissipation des deniers communs d'octroi et patrimoniaux desdites villes et communautés et arrêter le cours des abus qui se commettent en l'administration des [p. 279] affaires, qui procèdent du changement des magistrats, Echevins, syndics et autres personnes préposées par lesdites communautés, qui ne demeurant en exercice que une ou deux ans se trouvent hors de charge lorsqu'ils commencent à prendre connaissante des affaires publiques et ceux qui exercent par commission lesdits offices de greffier, n'étant chargés de papiers et registres desdites villes et communautés, les divertissent et suppriment le plus souvent, soit pour se rendre nécessaires ou pour en tirer du profit au grand préjudice de nos sujets. Ce qui ayant été mis en délibération en notre conseil, où étaient aucuns princes et officiers de notre couronne, aucuns grands et notables personnages de l'avis desquels nous avons créé et érigé en titre d'offices un procureur et un greffier en chacune ville et communauté du ressort de nos parlements et chambre des comptes de Rouen, aux mêmes fonctions que ceux de l'hôtel de notre bonne ville de Paris, avec attribution auxdits greffiers de pareils droits que ceux qui exerçaient lesdites charges par commission, exemption de tailles, tutelles, curatelles et autres charges publiques. Pour, par lesdits greffiers que nous avons faits héréditaires, rédiger par écrit tant aux assemblées générales que particulières lesdites villes et communautés, les délibérations et jugements qui auront été résolus pour la

police et justice civile et criminelle, ès lieux où elle appartiendra aux dites villes et communautés, [p. 280] assister à la reddition des comptes des deniers communs, patrimoniaux et d'octroi et garder les minutes d'iceux, recevoir les baux, mandements, quittances et autres actes, expéditions des levées de deniers, comme aussi assister avec les assietteurs et collecteurs pour lever les taxes qui seront faites pour les tailles et généralement recevoir tous les actes concernant ladite ville et communautés, qui demeureront dans les archives anciennes d'icelles, dont ils auront une clef et en expédiront des extraits dûment collationnés et signés d'eux, à qui les en requerront et qui y auront intérêt, en leur payant pareil salaire que celui que prennent les autres greffiers des juridictions ordinaires. A tous lesquels offices de nos procureurs et greffiers desdites villes et communautés nous avons attribué et er attribuons 15,000 livres de gages, dont le fonds sera fait et laissé par chacun an, à commencer du 1 de janvier prochain, ès états des finances des généralités de Rouen et de Caen, à raison de 7,500 livres pour chacune généralité. » [p. 281]

Gouverneurs du Château de Caen Le château de Caen fut construit par Guillaume-le-Conquérant et considérablement augmenté par son fils Henri Ier. D'après la chronique de Normandie, les hauteurs sur lesquelles il est assis étaient depuis longtemps fortifiées ; le duc n'aurait donc fait que remplacer un château peu important par une imposante citadelle. Le gouverneur du château de Caen était autrefois appelé capitaine chastelain. Ses gages furent de 600 livres tournois jusqu'en l'an 1403, où Philippe de France, duc de Bourgogne, les réduisit à 300 liv. tournois pour le temps de paix, et les éleva à 1,000 livres tournois en temps de guerre. Ils étaient prélevés sur l'aide de la ville. On peut trouver dans le Matrologe de la ville (vol. 1er, fo 36) l'ordonnance du duc de Bourgogne fixant les gages du chastelain. Il avait rendu cette ordonnance à propos d'un procès entre les échevins de la ville et le gouverneur du château, le sire de la Garancière. [p. 282]

Liste des gouverneurs du château de Caen Gonnier de Launay ou d'Aunay, vers 1100 (Orderic Vital). Wace l'appelle Roger de Launey. En 1104 il devint gouverneur de Bayeux ; aprês la prise de cette ville, en 1106, par Henri Ier, il fut fait prisonnier et envoyé à Domfront. Enguerran, fils d'Illebert de Lacy. (Orderic Vital). Robert Fitz-Hamon, seigneur de Creuly et de Thorigny, 1106 (Orderic Vital).

Guillaume le Roux le créa comte de Glocester. Il mourut en l'an 1107. Une de ses filles, Mabille, épousa Robert de Caen qui suit. Robert de Caen, comte de Glocester vers 1107, mort en 1147. (Sendford's genealogical. Hist. of the kings of England, page 45.) er

Il était fils naturel du roi Henri I . Il devint comte de Glocester en 1109. Guillaume, comte de Glocester, fils du précédent, mort en 1183. (Atkins's hist. of Glostershire.) Isabelle, sa fille cadette, épousa Jean, comte de Mortain, qui suit. Jean, comte de Mortain. Il devint roi d'Angleterre, sous le nom de Jean-sans-Terre. [p. 283] Hugues de Neville, 1199. (Surnommé Crassus, le Gros.) Robert de Gouvis, seigneur de Gouvis, et de Mouen 1204. (Ex rotulo patentium litterar. Anno 5o. Regis Johannis membrane 8.) Guillaume Quarel. 1204. Philippe-Auguste, après la prise de Caen, créa Guillaume Quarel vicomte de Caen et lui donna le commandement du château qu'il enleva au précédent. Adam Harenc. Il est appelé dans le registre de Philippe-Auguste Caste'lanus Cadomi, 1204. Robert le Landois. Robert de Warignies ou de Wargnies. Il était gouverneur du château de Caen lors de la prise de la ville par les Anglais en 1346. Jean, sire de Friscamps, chambellan du roi Jean, 1350. Charles, sire de Montmorency, chevalier, 1353. Robert de Warignies, 1353. Eslaire des Marais, chevalier, 1356. Berthauld d'Outreleau, chevalier, 1356. Guillaume du Merle, chevalier, seigneur de Messie, 1358. Il devint gouverneur général de la BasseNormandie. Bertauld d'Outreleau, gouverneur pour la seconde fois en 1361 et 1362.

Robert de Warignies, nommé pour la 3e fois. (Lettres patentes du Régent de France données à Reims le 27 décembre 1361) [p. 284] Claude de Harenvilliers, chevalier, maréchal de Normandie. Yvon de Garencières, 1380-1389 (Registres du tabellionage de Caen de 1381-1383, fo 47). Il eut pour lieutenants : En 1384, Richard de Mailloc ; En 1388, Guillemin du Bois. Jean de Garencières, chevalier, seigneur de Croissy et chambellan du roi, frère du précédent, 1389. Il eut pour lieutenant Nicolas de Mailloc, 1408. Jean de Garencières, chevalier, fils du précédent, 1409 (Lettres patentes du roi données le 9 janvier 1409). Guillaume de Longueil, 1412. Il fut tué à la bataille d’Azincourt. Guillaume de Montenay, chevalier. Il défendit vaillamment la ville et le château contre les Anglais en 1417. Gilbert de Humfraville, chevalier anglais, 1417. (Lettres patentes données au château de Caen par Henri V, roi d’Angleterre, le 30 septembre 1417.) Il eut pour lieutenants : o

1 Guillaume Talbot, en 1417 et 1418. o

2 Guillaume Breton, en 1419. Guillaume Breton, chevalier anglais. (Lettres patentes du roi d’Angleterre en date du 22 août 1421.) Il devint bailli en 1423.) Richard Wydeville, écuyer, 1423. [p. 285] Il eut pour lieutenants : o

1 Jean Brinkeley. o

2 Jean Seynt. Henri de Beaufort, cardinal d’Angleterre, évêque de Winchester, 1428-1430. Il eut pour lieutenant Jean Brinkeley.

Jean, duc de Bedford, régent du royaume de France sous le roi d’Angleterre Henri VI. Il eut pour lieutenants : 1o Jean Falstolf, écuyer, 1431-1434. 2o James Driland, écuyer, 1435. o

3 Jean Flaming, chevalier, 1435 et 1436. André Ogard, chevalier danois, au service de l’Angleterre, 1436. Il eut pour lieutenants Jean et Thomas Flaming. Notons une montre de 3 lances à cheval, de 27 lances à pied et de 90 archers formant la garnison du château de Caen, sous les ordres d’André Ogard, chevalier gouverneur de Caen passée par Jean Randulf, vicomte de la ville (16 février (1439). Manusc. Gaignières. no 671, vol. 1.) Guilaume Broin, capitaine du château, 1448. (Manusc. Gaignières, no 671, vol. 1) Edmond de Beaufort, duc de Sommerset. Il rendit la ville et le château à Charles VII en 1450. Le comte de Dunois, 1450. Il eut pour lieutenant Jean d’Estouteville, sire de Torcy, que nous avons trouvé qualifié de capitaine du château de Caen en 1451. Jean d’Estouteville, sire de Torcy, 1453. [p. 286] Il eut pour lieutenant Lancelot de Honcourt. En 1455, M. de Torcy était encore capitaine et gouverneur du château de Caen. (Arch. du Calvados. Série F. Fonds Danquin.) Le comte de Richemont, connétable de France, 1455. Jean d’Estouteville, sire de Torcy, 1456. Alain de Goyon, chevalier, 1462. Il fut ensuite bailli de Caen. Il mourut en 1490. Odet d’Aydie, 1465. Jean de Rouvroy, seigneur de Saint-Simon, 1471-1474. Jean de Blosset, chevalier seigneur de Carouges et Saint-Pierre, 1474. Il devint gouverneur de Falaise en 1494. Jean d’Estouteville, sire de Torcy, 1489. (Arch. du Calvados. Série F. Fonds. Danquin.) Jacques de Silly, 1492. Il était déjà bailli de Caen depuis 1491. Il conserva les deux charges de gouverneur et de bailli jusqu'à sa mort, c’est-à-dire jusqu’en 1503.

Jean de Feschal, seigneur de Marboué, 1503. Il épousa la sœur de François de Silly, sieur de Lonray. (De Bras. Recherch. et antiq., page 81). Michel de Puisieu, chevalier, seigneur de Saint-Valery et de Sainte-Mesme, 1516. Il eut pour lieutenant : Bertrand Mesnard, seigneur de la Mesnardière. [p. 287] François de Silly, seigneur de Lonray, fils de Jacques, 1516. Il était déjà bailli de Caen depuis 1503. « Par son advertissement et ordonnance du roi, fut parfaite cette grosse tour d’entre les Cordeliers et la porte Saint-Julien, que l’on a toujours depuis appelée la tour de Silly, que son père Jacques de Silly avait fait commencer aux frais toutefois de la ville. Il fit aussi réparer la grosse tour du Donjon. » (De Bras. Rech. et Antiquités, page 86). Louis de Brézé, comte de Maulevrier, 1524. Il devint en même temps bailli et se démit de ces dernières fonctions en 1526. François de Montmorency, 1531. Anne, duc de Montmorency, connétable de France, frère du précédent, 1551. Il se démit en faveur de son fils en 1562 et mourut en 1567. Il eut pour lieutenants : o

1 Philippe de Roncherolles, baron de Hugueville (de Bras, p. 167). Il était lieutenant au commencement de l’année 1562, lorsque les protestants surprirent le château. 2o Jean de Bailleul, sieur du Renouart, baron de Messay. e

o

(Registres de la ville, vol. 2 . F 49.) Henri de Montmorency, dit le maréchal de Damville, 1562. Il eut pour lieutenants : o

1 M. de Batresse, nommé en avril 1563. os

(Reg. 2. F 60, 61, 62, 66, 71, 72, 73 à 80, [p. 288] e

os

86, 90, 94, 96, 99, 103, 101, 106, 113, 126, 128, 140. — Reg. 4 . F 26, 27.) M. de Batresse eut pour secrétaire M. de Pinan (Mai 1563). (Reg. de la ville. Vol. 2e. Fo 96.) 2o M. de Laguo (juin 1563). (Lettres de provision de M. de Laguo. Reg. 4e. Fo 2. — Commission donnée à M. de Laguo par M. de e

o

e

os

o

Damville. Reg. 4e. Fo 31. — V. reg. 4e. Fos 4, 11, 12, 13, 33. Reg. 18. Fo 69.) — (V. Docteur de Cahagnes. Éloge 32.) François de Roncherolles, seigneur d’O, 1579-1586, gouverneur général de Normandie. (Reg. 18. Fos 57, 124, 156.) — Reg. 19e. Fos 7, 91. e

o

— Voyage de M. d’O. à Caen en février 1580. Reg. 20 , F 14. Lettre de Henri III aux Échevins ; f o

os

20, 21.

os

— Délibération relativement à l’entrée de M. d’O ; f 21. Entrée de M. d’O, f 18 et 19. Requête à M. d’O o os concernant la muraille de la rue des Quais, f 22. Assemblée chez M. d’O, f 23, 24, 25. — Reg. 20. Fos 58, 60, 61, 62, 66, 67, 71, 73, 74, 79, 86. Reg. 21, fos 3, 19. Reg. 23e, fos 23, 25, 46, 114. (M. d’O offre de faire venir Cujas à Caen). — Reg. 24, fos 4, 149. — Reg. 25, fos 51, 88, 93 ; reg. 28, fos 172, 177, 178.) Ce fut François d’O qui porta le sceptre au couronnement de Henri IV. (De la Roque, tome II, p. 1298.) [p. 289] Ses lieutenants furent : o

e

o

1 Jacques d’Ococh, seig. d’Isancourt, 1579. (Reg. 17 , f 4.) Il était en charge le 13 mars 1579.) Reg. 18e, fo 103. Lettres de provision de M. d’Isancourt, données à Fontainebleau, le 20 septembre 1578. — Reg. 19e, fos 110, 118. — Reg. 20e, fos 110, 113, 137. — Reg. 21e, fo 89. — Reg. 23e, fos 77, 85. Docteur de Cahagnes. Eloge 33.) 2o Raoul de Belleval, seigneur de Courcelle, 1585. Jean de Sainte-Marie était enseigne de la compagnie qui était en garnison au château sous Mgr d’O (avril o 1586). (Reg. 27, f 1.) Anne, duc de Joyeuse (1586), tué à Contras en 1587, r

e

Il eut pour lieutenant (en 1586) Gaspard Pelet, seign de la Vèrune. (Reg. 27 , f

os

75, 133.)

Gaspard de la Vèrune (1587) ; il fut nommé bailli le 3 septembre 1587. (Reg. 27e, fos 1, 147, 152. — Reg. 28, fos 13, 14, 15.

— Dr de Cahagnes. Eloge 76.) Il eut pour lieutenants : 1o Jean Pelet, sr de Saint-Thinan en 1590 ; 2o M. de Saint-Signare (1591-1592). (V. Ordonnance de M. de Saint-Signare par laquelle il prescrit aux échevins de faire promptement fermer et maçonner les portes des Jacobins pour prévenir toute surprise [p. 290] que les Ligueurs pourraient tenter sur la ville. Cette pièce est revêtue de la signature de la Vèrune. (Reg. de la ville, vol. 30.) Alexandre de Vendosme, fils naturel de Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, 1598. Ses lieutenants furent : 1o De Crevecœur-Montmorency (22 juin 1598). — Reg. 38, fo 33. — Reg. 40, fos 18, 45, 49. 2o Bernardin Gigault de Bellefonds. (Lettres patentes du roi dounées à Caen, le 17 septembre 1603.) Reg. 40e, fo 114. — Reg. 42, fos 8, 274, 294, 300. — Reg. 43, fos 41, 51, 52, 53, 188, 189.) Il était fils de Jean Gigault de Bellefonds et de Charlotte de Voisines. 3o Le maréchal d’Ancre, 1616. 4o Du Thier, 1616. (Extr. Du Mercure français par Héron, p. 30 : Du Thier s’était signalé par l’énergie avec laquelle il avait défendu pour le maréchal d’Ancre le château d’Amiens contre les entreprises du duc de Longueville, alors gouverneur de Picardie. Il fut plus tard chargé de la garde du prince de Condé à la place du comte de Lausières. Cornette des chevau-légers de la Reine Mère, il fut blessé au combat des Ponts de Cé.) 5o De Bétancourt, 1617. 6o De Villetart, 1617. 7o Le sieur Prudent, 1617. Louis de la Mark, marquis de Mauny, 1620. [p. 291] (Lettres patentes données à Caen, le 20 juillet 1620). e

(Reg. de la ville, vol, 49 , f

os

83, 37, 38, 102. Vol. 51, f

os

282, 283, 284.)

Il eut pour lieutenant Henry le Mesle. Réné Potier, comte de Tresmes 1626. (Lettres de provision 14 octobre 1626).

(Reg. 51e fos 297-299. e o

e o

e o

Reg. 55 f 3, reg. 56 f 121, reg. 57 f 318) Il eut pour lieutenant : 1o M. de Ranée, (reg. 53e fo 31) ; o

e o

2 M. du Lis (reg. 53 f 36) Louis Potier, marquis de Gesvres, 1645. Bernard Potier, marquis de Blérencourt, 1646. Lettres de provision (1er février 1646) ; prestation de serment es-mains de M. le chancelier (19 février) (reg. 63 f 95, 103, 132.) e os

Le duc de Longueville 1647. (Reg. 63e, fo 167.) e

(Récit d'une entrée à Caen du duc et de la duchesse de Longueville, 21 fév. 1655. Reg. 65 , f

os

112 et 113.)

En survivance de son père et en son absence, le comte de Dunois (14 avril 1649) et le comte de Saint-Pol en survivance et en l'absence de son frère. (Reg. 65e, fol. 65, 66. Reg. 67e, fos 146 et 147.) Les lieutenants de ces princes furent : 1o Le sieur de Montigny. Reg. 63e, fo 175. 2o Le sieur de la Croisette. (Reg. 63e, fo 174.) 3o M. de Melleville, 1650, après la destitution [p. 292] de M. de la Croisette. Reg. 64e, fo 59. 4o M. de Chamboy, 1652. (Reg. 65e, fo 23, fo 30.) Le sous-lieutenant du gouverneur était alors (janvier 1652) M. de la Motte Mérelissart. (Reg. de la ville, vol. 65e, fo 22 ; vol. 66e, fo 99 ; vol. 67e, fo 21.) Le 6 avril 1652, M. de Chamboy communique au conseil de ville une lettre de M. de Longueville annonçant qu'il a fait choix de M. de Mésy pour remplir la charge de major de cette ville, en remplacement de M. de Plenoche. o

o

(Vol. 65 , f 30.) M. de Plénoche, maître d'hôtel ordinaire de Sa Majesté, avait été nommé sergent-major de la ville de Caen sous l'autorité de Mgr le duc de Longueville par lettres patentes du Roi, données à Amiens le 6 juin 1647. (Reg. o de la ville. Vol. 53. F 208.) o

5 M. de la Croisette. 1658. Le 8 juillet 1658, M. de Longueville écrivit une lettre aux échevins leur annonçant qu'il envoie M. de la Croisette pour exercer la charge de gouverneur du château de Caen, et qu'en son absence il a fait choix de M. de la Motte-Mérelissart pour exercer les mêmes fonctions aux mêmes droits et appointements. o (Reg. de la ville. Vol. 66. F 99.) Notons un devis des réparations à faire en plusieurs maisons du château de Caen à la requête de M. de la

Croisette, gouverneur [p. 293] de la ville et du château de Caen, en vertu d'une ordonnance de Jean de Bernières, sieur de Gavrus, trésoriere général de France et l'un des grands voyers de la généralité de Caen. 2 août 1662. (Arch. municipales. 2 travée, e 17 carton.) Anne Le Blanc du Roullet, seigneur de la Croisette, 1664. Les lettres patentes de nomination sont du 20 juillet 1663 ; l'arrêt de réception de la cour du Parlement audit office est du 11 décembre suivant ; les lettres ont été enregistrées le 24 février 1664, (Reg. 67, fo 195. — Reg. 68, o o r f 19. — Reg. 70, f 109.) — En 1666, M. de Courcy, s de Vieux-Fumé, est nommé sergent-major de la ville et du o o château de Caen. (Reg. 68, f 38), à la place de M. de Maisy. (reg. 71, f 64). — Difficultés de M. de Vieux-Fumé os o o avec la ville, (reg. 68, f 62, 64, 133. Reg. 70, f 109, Reg. 71, f 64.) Robert-Jean-Antoine de Franquetot, comte de Coigny, 1680. (5 avril 1680. Enregistrement des lettres patentes du 15 et du 29 janvier. Reg. 71, fos 59, 60, 63.). Il eut pour lieutenant : 1o Louis Le Blanc du Roullet (1680-1714). (Reg. 71, fo 49) ; 2o Le sieur de Loubert, qui se démit en 1718. François de Franquetot, duc de Coigny, maréchal de France, fils du précédent. Il eut pour lieutenant Bernardin, marquis de Mathan. [p. 294] Nous trouvons en 1744 M. de Villette, major du château de Caen. (Reg. du Cérém. Fo 25.) Jean-Antoine-François de Franquetot, comte de Coigny. Il succéda à son père et mourut avant lui, en 1748. Il eut pour lieutenant : Anne Louis, marquis de Mathan. en 1745, qui mourut lieutenant général en 1789. François de Franquetot, maréchal et duc de Coigny, 1748, devenu gouverneur après la mort de son fils. Il o mourut à Paris à l'âge de 90 ans en 1790. (Journal de Le Mauger. F 12.) Marie-François-Henri de Franquetot, duc de Coigny, devenu gouverneur en 1755 sur la démission de son grand-père. Il eut pour lieutenant M. de Brassac. (Copie du brevet de M. de Brassac pour commander dans la ville et le château de Caen en l'absence du gouverneur, 15 février 1761.) En 1777, M. le chevalier de Canchy était major du château o

En 1781, la place de major du château était occupée par le baron de Saint-Maclou. (Reg. cérém. F 193.)

[p. 295]

Vicomtes de Caen Robert Fitz-Bernard. Il exerçait avant l'année 1154, lorsque Henri II n'était que duc de Normandie. (Cartul d'Ardennes.) Il y est appelé Robert, fils de Robert de Saint-Valery, seigneur de Moult. Guill. Poignant, 1200, suivant les rôles de la Tour de Londres. Robert de Vieux-Pont, 1,204. Guillaume Quarel. Il fut nommé vicomte par Philippe-Auguste en 1204, après la reddition de Caen. (Cartulaire de l'abbaye de Goufern.) Jean Pigache, 1246. (Cartulaire de Barbery.) Robert de Villers, 1271. (Cartulaire de Saint-Evroult.) Henry de Rie, seigneur de Ver, 1285. Guy de Gripéel, 1293. (Cartulaire d'Aulnay). Henry de Rie, 1299. (La Rocque.) Thomas de la Motte, 1303. Gautier de Boisgilont, 1307. Il dresse le vendredi après la Saint-Denis de l'année 1307 un inventaire des er o meubles de la maison des Templiers de Bretteville. (Trésor des Chartes, 1 carton des Templiers, n 29.) Henry de Gay, 1308. Jean du Tremblay, 1315. Il fut nommé vicomte de Verneuil le 6 février 1316. Richard Coursedeneul, 1317. Il est ainsi [p. 296] appelé dans les registres du Trésor des Chartes. o

Nicolas Naguet, 1322. En 1325, accusé d'homicide, il fut acquitté. (Trésor des Chartes, reg. 62, n 496.) Nicolas le Métayer, seigneur de Guichainville, 1327. Robert Vimont, 1330. Nicolas le Métayer, vicomte pour la seconde fois, 1333. Richard Hétié, 1334. Nicolas le Métayer, vicomte pour la troisième fois, 1337. Robert Vimont, vicomte pour la seconde fois, 1340. Robert le Marchant, 1350. Il fut nommé vicomte de Falaise en 1353.

Guillaume Michel, 1353. (Trésor des Chartes. Reg. 84, no 48.) Aimar Bourgeoise, seigneur de Cagny, 1359. Guillaume le Grant, 1361. Il était auparavant lieutenant du vicomte de Bayeux. Aimar Bourgeoise, vicomte pour la seconde fois, 1362. Il fut fait à cette époque trésorier des finances du roy en Normandie. Guillaume le Grant, 1332, vicomte pour la deuxième fois. Aimar Bourgeoise, vicomte pour la troisième fois, 1367. Guill. le Grant, 1368. (Quittance de ce vicomte en 1372. Arch. du Calvados. Série F, fonds Danquin.) Jean le Grant, son fils 1377. [p. 297] e

Guill. Le Grant, vicomte pour la 4 fois, 1380. Jean le Grant, vicomte pour la 2e fois, 1383. Il fut ensuite vicomte de Coutances jusqu'en 1391. Nicolas Marie 1388 (série F., fonds Danquin). Il fut nommé vicomte de Caen le 2 décembre 1388 ; il exerça jusqu'en 1394, où il fut déposé par arrêt de la chambre des comptes, en date du 22 mai de la même année. Aubry l'Evesque 1394. Il mourut en exercice. Nicolas Potier 1396 (série F., fonds Danquin). Il devint vicomte de Montivilliers en 1403, de Falaise, en 1405, de Bayeux, en 1412. Jean Tardif 1398 (série F., fonds Danquin). Il fut nommé le 10 novembre 1398. Il avait été vicomte de Breteuil en 1393 ; il devint vicomte d'Evreux en 1403, de Beaumont-le-Roger en 1410, de Pont-l'Evêque en 1414. Jean le Tonnelier, 1403 (série F., fonds Danquin). Il fut nommé vicomte de Caen le 3 juillet 1403, il mourut vicomte de Pont-de-l'Arche en 1406. Jean du Bus, 1406. Il fut d'abord procureur du roi dans le Ponthieu, vicomte de Conches en 1396 et de Caudebec en 1403. Jean à la Teillaye, 1410. Il n'exerça sa charge que pendant quelques mois, il fut nommé receveur des aides à Paris la même année. Gilles à l'Espée, 1410. (Série F. fonds [p. 298] Danquin.) Il fut nommé le 2 décembre 1410 et exerça jusqu'en 1417, c'est-à-dire jusqu'à la prise de Caen par les Anglais. Jean Anzeré. Il fut nommé vicomte par le roi d'Angleterre en 1418. Il fut ensuite vicomte de Vire. Benoist Le Coustellier, 1419. Il avait été vicomte d'Orbec en 1395, et d'Auge en 1408. Il fut nommé à Caen par lettres patentes de Henri V, roi d'Angleterre, le 5 mai 1419. Il descendait de Regnier le Coustellier, bailli de Caen. Raoul d'Etampes, seigneur d'Audrieu (série F, fonds Danquin), 1420.

Il fut nommé le 19 janvier 1420. Il rendit une sentence le 14 août 1426 pour l'exécution des lettres de Henri VI données à Paris le 6 avril 1426, lesquelles « accordaient une somme de 100 livres aux trésoriers et paroissiens de Saint-Etienne le Viel pour la réparation de leur église tombée en ruine et décadence par les grosses bombardes qui avaient abattu la voûte o d'icelle. » (Manuscrits Gaignières, n 671.) Guillaume Biote, écuyer anglais, 1427. Il fut ensuite vicomte de Carentan. Girard, seigneur d'Esquay, 1430. Il fut nommé par Henri VI, le 29 août 1430. Il était fils de Girard d'Esquay, qui fut bailli de Caen, et vicomte de Falaise sous les Anglais. Jean Randuff, écuyer anglais, 1435. Thomas de Lorailles, 1445. En 1444 il portait le titre de commis à l'exercice de vicomte. [p. 299] En 1448 il devint vicomte de Rouen. Thomas de Pellevé, seigneur de Maisoncelles, et de Tracy, 1448. Girard Bureau, seigneur de Grenteville, 1450. Il fut nommé vicomte par Charles VII après la prise de Caen. Coquart Canu, écuyer de l'écurie du duc de Bretagne, 1466. Guillaume de Soupplainville, 1468. Il fut nommé par Charles, duc de Normandie, frère de Louis XI. Pierre Beaudieu, 1469. Raymond d'Argeau. Louis XI le nomma vicomte par lettres patentes données à la Délivrande le 16 août 1473, avec la survivance pour son fils qui n'en jouit pas. Simon Anzeré, 1474. Louis de Fougères, chevalier, chambellan du roy, seigneur d'Argences et de Franqueville, 1476 ; il épousa Jeanne d'Harcourt, tante de celui qui suit. François d'Harcourt, baron de Beuvron, 1513. Il fut vicomte jusqu'à sa mort, c'est-à-dire jusqu'en 1558. Louis Levallois, seigneur d'Escoville, 1558. Le 25 novembre 1561, le roi lui permit de démembrer la recette du domaine de l'office de vicomté ; ce qui eut lieu par lettres patentes données à Gaillon le 27 septembre 1562. Robert de la Beullière fut nommé receveur du domaine de Caen sur la présentation du duc de Ferrare. [p. 300] Guillaume Artur, seigneur d'Amayé et de Feuguerolles, maître d'hôtel ordinaire de la reine, 1561. Il fut d'abord préposé au grenier à sel. En 1579, il fut nommé trésorier de France. Il eut deux fils : le premier devint trésorier du roi ; le second, directeur des Ecuries du roy. (Doct. de Cahagnes. Eloge 52). Jean de la Court, seigneur du Buisson, 1578. Louis de la Court, 1608.

Jean de la Court, seigneur du Buisson, 1618. Gilles Hue, sieur de Luc, 1631. Le 9 avril 1642 il rendit une sentence pour le paiement d'une rente de 13 boisseaux de froment, 10 sols et une e e poule, dus au trésor de Saint-Julien. (Arch. municip., 4 travée, 20 carton.) Siméon des Fontaines, seign. de Neuilly, 1647. Claude des Fontaines, seign. de Neuilly, son fils, 1672. (V. une sentence de ce vicomte en date du 24 juin e e 1685. Arch. municip., 2 travée, 25 carton.) Georges le Bas, seigneur de Cambes, 1692. Louis le Bas, seigneur de Cambes, 1706, dernier vicomte de Caen, Le tribunal de vicomté fut supprimé en 1741. [p. 301]

Lieutenants généraux du vicomte de Caen Roger le Masuier, 1287. Renault de Mellon, 1291. Roger le Masuier, 1293. Roger de Mallon, 1294. Pierre de Fontenay, 1294. Renault de Mellon, 1296. Renouf Dupont, 1297. Robert de Saint-Martin, 1300. Jean Guillain, 1301. Richard de Cerisy, 1302. Robert de Champron, 1303. Philippe Gondouin, 1305. Jean Heuzé, 1307. Henry le Gay, 1308, Thomas du Teil, 1308. Henri le Gay, 1309. Thomas du Teil, 1310.

Richard Giroisme, 1311. Richard de Cursy, 1312. Thomas du Teil, 1312. Guill. Marie, 1315. Denis Bertin, 1325. Nicole de Mondeville, 1332. Gilles de Sainte-Croix, 1337. Thomas de Carville, 1343. Robert le Marchant, 1343. Richard Hettié, 1344. Richard du Busquet, 1347. Robert Le Marchand, 1348. [p. 302] Jourdain de Vaux, 1352 Jean Saalles, 1354. Robert Vimont, 1355. Jean de Héricy, 1361. Raoul Rouillart, 1364. Guill. de Sainte-Croix, 1369. Jean la Coque, 1380. Aubery l'Evesque, 1387. Thomas Noel, 1394. Jean Renouart, 1396. Jean le Bouteiller, 1398. Richard Enguerran, 1399. Jean Le Bouteiller, 1402. Garin Auber, 1402. Richard Enguerran, 1404.

Henry le Cat, 1408. Oudin Martin, 1412. Raoul d'Estampes, 1419. Michel l'Evesque, 1420. Jean de Saint-Fromont, 1426. Jean Burnel, 1430. Guill. Rouxel. 1431. Michel l'Evesque, 1432. Guill. Rouxel, 1433. Praslin de Sousmont, 1438. Sandrin Le Monnier, 1446. Richard le Marchant, 1418. Roger Pinchon, 1450. Eustache Quenivet, 1453. Jean Bénart, 1466. Jean Richart, 1468. Jean Bénart, 1469. Eustache Quenivet, 1471. Jean Bénart, 1471. [p. 303] Jean Richart, 1473. Guill. de Verson, 1480. Jean Richart, 1481. Jean Artur, 1483. Jean Richard, 1483. Eustache Marie, 1486. Robert de la Hogue, 1494. — Il mourut en 1518 (Rech. et antiq, de Bras, p. 88.) Guill. le Grant, sr de Bernières, 1518. — Il mourut en 1533. (De Bras. Rech. et antiq., p. 122.) Charles de Bourgueville, 1533. — Il avait alors, comme il le dit lui-même, de 27 à 28 ans ; il n'exerça cette

charge que pendant un an (Rech. et antiq., p. 122). Pierre Richart, 1534. Jean Richart, 1539. Charles le Fournier, baron de Tournebu, 1541. Denis Renaud, 1544. (Rech. et antiq. De Bras, p. 137.) Jean de Boislambert, 1571. Louis Radulf, 1587. Charles le Fournier, 1599. r

André le Bourgeois, s de la Varende, 1605. Jacques le Bourgeois, sr de la Varende, 1626. Jean Le Neuf, sr de Montenay, 1652. Urbain Dauchin, 1682. Il rendit en 1684 plusieurs ordonnances relatives aux affaires concernant une certaine Marie Tullou. Pierre Tullou, marchand de draps à Caen, [p. 304] avait épousé Jeanne Garnier ; de ce mariage était née une fille, Marie. Pierre étant mort, sa femme épousa en secondes noces Samuel Hamon, qui fut nommé tuteur de Marie Tullou. En 1684, celle-ci âgée de quinze ans, adressa une requête au tendant à ce qu'il lui fut nommé un autre tuteur, « vu qu'ayant abjuré la religion protestante suivie par ses parents, elle était continuellement maltraitée par eux et se voyait dépouillée de sa fortune par le détournement des marchandises ayant appartenu à son père. » Plusieurs parents ou voisins furent interrogés par Pierre Duraud, écuyer, sieur de Belval, conseiller du roy en la vicomté de Caen, assisté de Messire Guillaume Guillot, procureur en ce siège, pour l'absence du greffier ordinaire. Un arrêt du parlement, en date du 4 juin 1687, rendu en faveur d'un sr Olivier Adeline, créancier de Hamon, nous apprend que ledit Hamon et sa femme s'étaient retirés du royaume en 1484, et que les marchandises avaient été vendues. C'était précisément sur le produit de cette vente qu'Adeline réclamait le paiement de sa créance. (Arch. municip., 2e travée, 25e carton). [p. 305]

Lieutenants particuliers du vicomte de Caen Jean Dubois, 1350. Jean Renouart, 1390. Guill. Guéroult, 1390.

Thomas Noel, 1396. Garin Aubert, 1401. Jean Fardent, 1408. Raoul d'Estampes, 1419. Guill. Rouxel, 1431. Sandrin Le Monnier, 1447. Richard Le Marchand, 1449. Thomas Lefèvre, 1454. Jean Bénart, 1457. Guill. de Verson, 1483. Robert de la Hogue, 1493. Pierre le Sénéchal, 1496. Pierre Poutrel, 1495. Guill. Regnault, 1500. Pierre Moges, 1503. Jean Angot, 1508. Jean Malherbe, 1518. Gilles de la Rocque, 1519. Jean le Boucher, 1521. Charles Fournier, 1530. Guill. le Verrier, 1537. Jean le Boucher, 1537. Pierre le Neuf, 1580. Guill. Vauquelin, 1571. Pierre Le Neuf, 1580. Jean Le Neuf, 1632. [p. 306]

Procureurs du roy en la vicomté de Caen

de Caen Robert l'Evesque, 1348. Jean la Coque, 1372. Roger le Févre, 1373. Jean Le Sueur, 1380. Pierre Le Févre, 1412. Pierre Gervais, 1412. Guérin Gastebled, 1418. Pierre Le Grant, 1427. Robert Robillart, 1428. Pierre Le Grant, 1432. Pierre Rouillart, 1442. Benoist Belliart, 1467. Guill. de Verson, 1468. Richard Bellot, 1471. Roger de la Valette, 1484. Gervais Dupont, 1488. Jean de Bourgueville, 1494. Jean Basire, 1567. François le Petit, 1583. r

Jean le Coustellier, S de la Garenne, 1604. Pierre Collet, 1635. Jacques de Sainte-Marie, 1647. Caspard Collin, Sr du Désert, 1657. Habibert, 1681. Sa fille Jacqueline épousa le 26 juillet 1681, noble homme Jean des Prays, écuyer, conseiller du roy, officier des ordres de Sa Majesté. (Reg. de la paroisse St-Sauveur.) [p. 307]

Elus à Caen

Guill. le Grant, vic. de Caen élu en 1372. Olivier le prestre, 1406. Jacq. de Jauly, 1412. Thomas Hayden, 1429. Jean Burnel, 1430. Hermeu le Bec, 1435. Charles Rapiout, 1438. Pierre d'Esquay, 1438. Jean Guérard, 1438. Jean de Sémilly 1444. Denis Gibert, 1454-1460. Guill. Lambert, 1468. Il fut chargé par Louis XI de fortifier Troarn. Jean Chenu, seign. de la Tour du Pin, capit. de 100 lances d'armes, élu en 1474 jusq. 1479. Beaudouin Jahanneaux, 1476. Guill. Tanquerel, 1478-1480. Jean Tanquerel, écuyer de cuisine du Roy 1481-1487. Guill. du Fou, gouv. de Cherbourg, 1498-1502. Jean Gretain, 1492. Guill. de la Marche, 1502-1509, chambellan du roy. Jean de la Mariouse, 1492-1517. Jean de la Mariouse, seigneur de Bellengreville, 1538. Robert Roger, seigneur de Lion, 1564-1575. [p. 308] Jean Marguerie, seign. de Sorteval, 1573-1576. Jacq. de la Croix, 1573. Pierre Le Marchand, sr du Rosel, 1574. Jacq. de Cauvigny, 1581. Thomas Lebreton, sr de Gavrus, 1586.

Pierre Morel, sr de Garsalles, 1607. Cyprien de Cahagnes, 1607. Jacq. Deschamps, 1618. Samuel Lemière, sr de Basly, 1628. Etienne Philippe, 1644. Pierre Barbey, 1649. Jean de Cahagnes, 1653. Guill. Macé, 1657. Jean Barbey, 1657-1664. Jean Le Mazurier, sr de Saint-André, 1668. Jacques Barbey, 1678. Gabriel des Planches, sr des Londes, 1692. 1761 Lamache. Le Marinier. Lepecq. Boullogne. Hue. Ils rendirent une sentence le 16 nov. 1761 contre les habitants de la paroisse du Mesnil-au-Grain pour abus dans la confection du rôle de la taille et contre un nommé Lequesne, procureur, lequel, consulté pour la validité d'une saisie faite dans ladite paroisse, avait répondu par écrit au saisi qu'elle était nulle et au collecteur qu'elle était bonne et valide. (Arch. municipales, 2e travée, 4e carton.) [p. 309]

Gardes du scel des obligations de la vicomté de Caen Jean de Carville, 1299, 1300, 1302, 1303. Il prend quelquefois le titre de clerc et de tabellion. Henry de Rie, 1301. Thomas du Theil, 1305. Raoul Gloy, 1305.

Jean du Chastel 1305, 1306, 1307. Jean de Carville, 1308. Henri le Gay, 1309. Martin Samson, 1310, Jean de Carville 1310. Raoul Aligot 1310, 1311. Henry le Gay 1312, 1315, 1316, 1329, 1318, 1319. Garin Dumont, prêtre, 1331, 1332. Henry du Cange, 1331. Jean d'Esquetot, 1320, 21, 22, 25, 30. Robert Guillain, 1326. Jean Caperon, 1324. Guill. du Theil, depuis 1332 jusqu'en 1359. Jean Salles, 1350. Blessot de Léon, 1350. Geoffroy le Clerc, 1360, 61, 62. Geoffroy Morice, 1362. Raoul Campion, 1362. Guill. de Marchieres, 1362. Simon de Beauval, 1362. Raoul Rouillart, 1366 jusqu'en 1376. Roger de Héris, 1376. [p. 310] Girard du Temple, 1376. Il mourut le 5 mars 1383. Il eut une fille, Guillemette du Temple, qui était religieuse à l'abbaye de Sainte-Trinité en 1382. Simon Guesdon, 1383. Aubery Levesque, 1383 jusqu'en 1394. Michel Potier, 1394 jusqu'en 1400.

Richard de Beauxi, 1400. Jean Le Bouteiller, 1400, 1401. Gilles Gosselin, 1401 jusqu'en 1404. Guill. Potier, 1404 jusqu'en 1413. Garin Auber, 1414 jusqu'en 1416. Guill. Potier, 1416. Gilles Gosselin, 1417. Pierre Leverrier, prêtre, licencié en droit canon, 1418. Jean Brinkeley, 1420 jusqu'en 1433. Jean Vauquelin, 1433. Henry d'Esquay, 1434 à 1436. James Dryland, 1436 jusqu'en 1442. Jean Washeborn, 1442. Nicolas Lebourgeois, 1443 jusqu'en 1449. Denis Berthelin, 1450. Adam Rolland, 1450 jusqu'en 1468. Il est qualifié notaire et secrétaire du roy. Jean Le Chevalier, 1468. Adam Rolland, 1468 jusqu'en 1480. Jacq. Rolland, notaire et secrétaire du roi, 1480 jusqu'en 1485. Pierre Rouxel, 1485. Richard de Verdun, 1486 jusqu'en 1501. Il est qualifié procureur en l'audience du roy. Jean de Verdun, 1504 jusqu'en 1511. [p. 311] Jean le Valois, sgr. d'Escoville, 1515, jusqu'en 1541. Nicolas le Valois, sgr. d'Escoville, 1516 jusqu'en 1541. Louis Richard, sgr. de Braqueville, 1541 jusqu'en 1549. Etienne Duval, sgr. de Mondrainville, 1550, jusqu'en 1576. Nicolas Duval, sgr. de Fontenay le Painel, 1578 jusqu'en 1587 (arch. municip. 2e travée. Carton 1er. — Vidimus des lettres patentes de Louis XIII en date du 21 mai 1510 confirmatives des privilèges accordés précédemment à

la ville de Caen (21 déc. 1578.) Pierre de Bernières 1587 jusqu'en 1618. Thomas Morant, 1621 jusqu'en 1672. Marc Morant, 1673. Thomas Morant, 1674 jusqu'en 1683. [p. 312]

Officials de l'Evêque de Bayeux à Caen e

L'officialité était un tribunal épiscopal qui fut créé à Caen au XII siècle. Dans les actes, on rencontre rarement les noms de ceux qui ont occupé cette charge ; le titre d'official de Caen seul est mentionné. La liste qui suit est donc incomplète : Robert d'Anisy, 1372. Pierre Darreth, docteur en médecine, 1404. Richard Antin, 1414. Michel L'Evesque, chanoine du Saint-Sépulcre, 1442. Thomas Basin, rectr de l'Université, 1443. Roger d'Etampes, 1448. Jean du Bec, 1480. Robert d'Argouges, 1483. Charles de Grasvilles, docteur ès-lois, 1484. Jean Patry, 1486. Nicolas le François, 1487. Ursin Thiboult, 1489. Jean le Héricy, 1502. Guillaume d'Annebaut, 1506. Jean Gaudin, 1518. Pierre Morin, 1537. Jean de Quiévremont, chanoine du Saint-Sépulcre, 1538.

Claude de Chanleu, 1550. [p. 313] François du Bourget, 1574. Antoine de Mesle, 1583. Philippe le Vavasseur, doyen du Saint-Sépulcre, 1591. Ambroise le Gauffre, 1608. Hubert François Le Gauffre, 1635. Isaac le Comte, doyen du Saint-Sépulcre 1640. Nicolas Le Comte, 1650. Jean Lamy, 1668. Jean Guilbert, 1680. Nous le voyons figurer comme official dans un acte de l'état civ. Saint-Sauveur en date du 6 avril 1687. Pierre Poignavant, docteur en théologie. Thomas-François le Briant. Charles Beaunier. Notons : 1o Une sentence de Ambroise Le Gauffre, official de Caen, prêtre, docteur aux droits, trésorier et chanoine de l'église cathédrale de Bayeux, vicaire général de Mgr l'évêque dudit siège, déclarant Marin Frelastre, prêtre obitier de Vaucelles et curé du Mesnil-Frementel, inhabile à remplir les fonctions d'obitier, à moins qu'il ne se désiste de sa cure et portant en outre plusieurs règlements relatifs à la confrérie de la Charité. (Arch. municip., 2e travée, 20e carton.) (19 sept. 1628.) 2o Un arrêt du Parlement (1633), du dispositif duquel il résulte que les docteurs Ambroise le Gauffre, Michel e Leboucher, Jean de Guernon, avaient procédé à la réception de M Denis Lepionnier, docteur en l'Université [p. 314] d'Angers et lui avaient adjugé par préférence et au préjudice du sieur Blanchecape, la chaire et place vacante par le décès de M. Desrues ; que sur l'appel, porté au Parlement ledit Pionnier fit défaut ; que ledit Blanchecape, interrogé en présence de la cour sur les livres tant du Code et droit civil que Décrétales et les 3 volumes du Digeste ouverts au hasard, fit preuve de sa doctrine et insuffisance. (Reg. de la ville. Vol. 56, f

os

264 à 266.) [p. 315]

Prieurs de l'Hôtel-Dieu de Caen Ansquetil ; il vivait vers 1160. Il était alors administrateur de l'hôpital du conquérant et non pas prieur de l'Hôtel-Dieu qui n'existait pas encore.

Il est appelé hospitalarius Cadomi dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Etienne. Ranulphe, prieur de l'Hôtel-Dieu. Il est cité dans la bulle du pape Innocent III pour cet hôpital en 1210. Jean, prieur en 1260. Raoul de Mehay, 1294. Il prend le titre de Magister custos domus dei Cadomensis. Henri Lagnel, 1299. e

Raoul, 2 du nom, 1350 (Cartulaire de l'Hotel-Dieu). Guillaume de la Motte, 1362. Il est qualifié de prieur en 1370 dans le cartul, de Sainte-Barbe. Philippe, 1390. e

Raoul, 3 du nom (Raoul Duval), 1391 jusqu'en 1405. Jean, 2e du nom (Jean le Routier), de 1417 à 1435. Jean, 3e du nom (Jean Bertrand), 1435 : Simon Auquetil, 1436 jusqu'en 1462 (Registres des tabellions de Caen). Louis Anzéré, 1464 jusqu'en 1474. Pierre Gasset, 1477. Jean de Bourbon, pronotaire apostolique était abbé commendataire en 1486. [p. 316] Pierre de Dye, du diocèse de Rouen, 1487. Il était auparavant prieur du Val aux malades dans le pays de Caux. Jean Tardif, moine bénédictin, 1490. Geffroy Tardif, licencié ès lois, prieur commendataire, 1490. Gilles Geffroy, 1494-1509. Guill. le Villain, 1515. Jean Bazire, 1520. Marin Bernard, 1525-1547. Pierre Daléchamps, docteur en médecine, 1547-1549. Il était frère, dit l'abbé de La Rue, du fameux médecin Jacques Daléchamps. Jacques de Moges, moine du prieuré du Plessis-Grimoult, chanoine du St-Sépulchre, 1549-1555. Guill. de Malherbe, docteur ès lois, chanoine du St-Sépulchre, vice conservateur des privilèges apostoliques de l'Université, neveu du précédent. Gaspard Le Vavasseur, licencié ès lois, élu en 1573 ; il était encore prieur en 1603. Claude Colin, profess. royal de langue grecque à Caen et principal du collège du Mont, plusieurs fois recteur

de l'Université, prieur en 1607, mort en 1632. Il était originaire de Châlons en Champagne. Henri IV écrivit à la ville une lettre pour le faire nommer prieur de l'Hôtel-Dieu par les habitants. Laurent Le Haguais, 1632-1673. Jean Bouvet, 1674. [p. 317] Pierre de Gouville de Pontoger, mort prieur en 1710. Louis Odet de Clinchamps, 1710. François Bobehier, 1736, mort en 1758. Marin Amiel, 1758-1776. Joseph Villers, 1776 jusqu'à la Révolution de 1789. Mort en 1818. [p. 318]

Doyens de l'église collégiale du Saint-Sépulere à Caen Guill. Acarin, fondateur et 1er doyen, 1225. (Cartul. de l'abb. de Saint-André-de-Goufern.) Guillaume de Cambremer, 1246. (Cartul. de Barbery.) Guillaume de Bonneval, 1275. Jean de Villers, seign. de Villers-Bocage, 1299. Jean le Moine, 1303 ; il devint cardinal. Martin de la Mare, 1305. Pierre le Certain, 1370. Dans le registre des tabellions de Caen, en 1382 il est qualifié doyen du Saint-Sépulcre et seignr de Garcelles ; il est également qualifié doyen en 1370 dans le Cartul. de Sainte-Barbe. Regnault de Villiers, 1388. Guill. Denisette, 1410. Jean Fane, 1417 (Anglais). Simon de Sainte-Marie, dit de Foulogne, 1446, mort en 1463, qualifié doyen dans les registres des tabellions de Caen. r

r

Roger d'Etampes, 1455, mort en 1466 ; il était rect de l'Université en 1443, profess ès droits, et official de Caen. Philippe le Vavasseur, official de Caen et vicaire général du cardinal d'Ossat, doyen en 1591 ; il l'était encore

en 1610. [p. 319] Thomas Blanchard, 1611. Il se démit en faveur de : Isaac le Conte, 1618, official de Caen. Nicolas le Conte, neveu du précédent, 1637. Il était encore doyen en 1660. Alexandre le Conte, 1674-1685. Guill. Renouf, 1693. Il avait été curé de Sainte-Catherine de Honfleur. François Suhart, curé de Saint-Jean de Caen, doyen en 1715, mort en 1743. Louis-François Poignavant, docteur en théologie, mort en 1776. Jean-François Godard, professeur royal d'éloquence, principal du collège du Mont, 1776. Claude-Nicolas-François Merry de Berthenouville, docteur de Sorbonne, chanoine et archidiacre de Lisieux, mort à Londres en 1800. Roger d'Etampes, neveu du précédent, docteur et professeur, ès-droits à Caen, doyen en 1466, en même temps official de Caen et archidiacre d'Hiemes. Girard de Montfort, professeur ès-arts à Caen, 1485. Guillaume Michel 1500. Léon Conseil 1523, en même temps chancelier et grand vicaire de Bayeux, 1526. Jean Conseil, neveu du précédent, mort en 1543. Il succédait à son oncle. Jean Baptiste Péchion, du diocèse de Milan, 1545, chnoine de Bayeux. Henry Clutin, doyen en 1552, mort l'année [p. 320] suivante. Il avait été abbé de Troarn en 1526 et prieur de Gournay en 1535. Geffroy Duval, chanoine et archidiacre de Bayeux, 155. Philippe Rémon, cons. clrc au parlement de Rouen en 1446 ; il fut doyen en 1554. Geoffroy Rémon, 1560. Claude de Chanleu, docteur ès-droit à Caen, official de cette ville, vice chancelier de l'université, abbé de Bacilly, curé d'Hermanville, chanoine et archidiacre de Bayeux, doyen de Saint-Sépulcre en 1562. [p. 321]

Tabellions de la ville de Caen 1299, Jean de Carville, clerc, garde du scel. 1304, Le vicomte de Caen reçoit les actes. 1306, du Chastel, garde du scel. 1309, Henri le Gay, garde du scel. 1310, Aligot, garde du scel. 1312, le vicomte de Caen. 1320, Jean d'Esquetot, garde du scel. 1323, Jean Caperon, garde du scel. 1328, Guill. Guernon. 1329, Thibault de la Bruyère. 1331, Dumont. 1333, du Theil, garde du scel. — Jean Olivier. — Jean le Molinier. — Jean Muler. 1334, Jean le Brebenchon. 1337, Jean le Gloy, 1340, Guillaume Pioger. 1347, Robert le Bergier. — Henry le Gay. 1348, Geffroy le Honnestre. 1349, Jean de la Fontaine. 1349, Henri Hay. 1351, Michel le Poitevin. — Guill. Guernon. — Robert Guernon. 1354, Blaisot de Léon.

1355, Pierre le Sénéchal. 1358, Marin Lucas. [p. 322] 1358, Robin Cardonnel. 1360, Raoul Laurence. 1362, Geffroy Morice. — Robert Yvelin. 1366, Richard Langlois. 1367, Guill. la Danche, ou la Dance. 1370, Robert Bérenger. 1371, Robert le Monnier. 1373, Michel Jourdain. 1375, Robert Emenart. — Jean Davaines. — Colin le Guillart. 1380, Jean Quatrans. (Abbé de la Rue. Essais bistor., tome Ier, fo 136.) — Guillet Guéroult. 1385, Jean des Landes. 1386, Renouf Picot. 1387, Ouldart Paisant. 1390, Guill. Lecouvreur. 1391, Colin de Vernay. 1399, Michel de la Salle. 1403, Julien le chevalier. 1404, Jean de la Fontaine. 1410, Colin d'Esterville. — Martin Samson. 1418, Guill. Crespin,

1419, Jean le Vavasseur. 1420, Simon de Vernay. — Pierre Valleren. 1423, Guill. Caudebec. 1424, Jean Richart. 1428, Jean le Briant. 1429, Raoul Lecouvreur. — Raoul de Beaumont. [p. 323] — Guill. Lecouvreur. 1432, Jean Desmares. 1434, Jean Marot. 1453, Richard le Briant. 1466, Thomas Féron. 1460, Samson Camail. — Robert le Briant. 1475, Jean Dieulegard. 1477, Jean Lefèvre. 1478, Jean de la Lalande. — Jean Lesueur. 1485, Jean Godefroy. 1498, Jean Rouxel. — Jean le Briant. 1501, Eustache Richart. 1503, Pierre le Pouterel. — Lucas de la Lande. 1507, Robert Patry. 1509, Philippe le Chanteur.

1510, Robert le Saunier. 1517, Guill. Donney. 1525, Lucas le Collibœuf. 1526, Ambroise Le Héricy. — Jacques Lerreux. 1527, Jean Bellot. 1531, Jean de Foulogne. 1534, Denis de la Haye. 1535, Desobeaux. 1538, Robert le Surirey. 1545, Adrien Gosseaulme ; on lit sa signature au bas d'une copie des lettres patentes de François Ier du mois de mars 1514 en faveur de la ville de Caen. — Guill. Cœuret. [p. 324] 1547, Guill. Parisy. 1559, Nicolas des Landes. 1557, Guill. Legras. 1559, Jean de la Haye. — Le Loup ; on voit sa signature au bas d'une copie des lettres patentes de François II en faveur de la ville de Caen, en date du mois de nov. 1560. (Arch. manicip., 2e travée, 1er cart.) 1564, Hugues Etienne. — Jean Le Maître. 1566, Pierre Bacon. 1568, Jean de Bourgueville. — Etienne Lecoq. — Jacques Pigache. 1569, Denis Herodes. 1576, Jean Le Gobilleur. 1577, Richart Martin.

— Aubert. 1580, Pierre Bénard. 1582, Nicolas Onfroy. 1584, Guill. Caillot. 1589, Raoul Caillot. 1590, Henry Bénard. 1593, Horace le Forestier. 1596, Nicolas Roque. 1606, Mathieu de la Londe. 1612, Guill. Potier. 1614, Gilles Potier. 1616, François de la Porte. 1621, Michel Lesueur. — Jean Olivier. — Jean Bougon. 1624, Pierre le Danois. [p. 325] 1624, François Hamard. 1634, Jean Chrestien. 1651, Adrien Poullain. 1652, Thomas Lesueur. — Pierre Delacroix. 1653, Guillaume de la Porte. 1668, Guill. Brion. 1678, Jacques le Boucher. — Paul de la Perelle. — Pierre Moisson. 1680, Guillaume Jolivet.

— Jacques Lesueur. 1681, Nicolas le Vacher. 1682, Jacques le Danois. 1691, Antoine Basire. — Jean Franchevent. 1709, Jacques Andrey. — Pierre Cauvet. 1710, François Féron. — Charles Féron. 1714, Laurent Asselin. — Jacques Faguet. 1719, François Boulin. 1724, Thomas Gouye. [p. 326] [p. 327]

TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION Hypothèses sur l'origine de Caen. — Quelques mots sur la ville de Caen avant Philippe-Auguste

CHAPITRE I

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PHILIPPE-AUGUSTE Richard Coeur-de-Lion et Jean Sans-Terre. Conquête de la Normandie, par Philippe-Auguste, 1204. Lacheté de Jean Sans-Terre. Sa fuite en Angleterre. Caen fait sa soumission au roi de France. Robert de Gouvis rend le chateau dont le commandement est donné à Guillaume Quarel. Guy de Thouars et ses Bretons. Philippe-Auguste confirme les lettres d'affranchissement données à la ville de Caen par le roi Jean Sans-Terre le 17 juin 1203. Ce qu'étaient les villes de commune. Formulaire du serment des Echevins au jour des Saintes-Cendres. Troubles en 1205. Réforme des abus (1220). CHAPITRE II

LOUIS VIII (1223-1226). — SAINT-LOUIS (1226-1270) Louis VIII continue l'oeuvre de son père contre les Anglais. Jean des Vignes, bailli de Caen. Sous Saint-Louis sont fondés les couvents des [p. 328] Cordeliers et des Dominicains. Premier voyage de Saint-Louis à Caen (1256). Sa bonté et sa générosité. Second

voyage de Saint-Louis à Caen (1269). Commerce florissant de la ville. Mort de Saint-Louis (1270). Jugement de Voltaire sur Saint-Louis. CHAPITRE III

PHILIPPE III LE HARDI (1270-1283) — PHILIPPE-LEBEL OU PHILIPPE IV (1285-1314) Philippe III. Vers 1275, fondation du couvent des Carmes et établissement des religieux Croisiers. Jean Popin, bailli de Caen. Philippe IV. Déclaration du roi relativement aux châteaux de Normandie (1290). Gages du capitaine chastelain. Procès entre les gens de l'évêque de Bayeux et les bourgeois de Caen, au sujet du privilège dont ces derniers avaient toujours joui d'élire le prieur de l'Hôtel-Dieu. Ce privilège souvent contesté a toujours été reconnu par la justice. Arrêt de la cour des grands Jours, tenue à Bayeux (30 déc. 1540). Ordonnance de Philippe-le-Bel réduisant l'Echiquier de Normandie à 2 sessions par an à Rouen. (1302). Députés du bailliage de Caen à er l'Echiquier de 1302. Robert de la Cigoigne, bailli de Caen. Affranchissement des serfs. Guillaume de Gilly. 1 voyage de Philippe-le-Bel en Normandie et à Caen. Arrestation des Templiers du bailliage de Caen (1307). Inventaire des biens et meubles des cinq commanderies de ce bailliage. Procès-verbal de l'interrogatoire des Templiers du bailliage de Caen. Noms de quelques commandeurs de Malte, de familles Normandes, qui succédèrent aux Templiers [p. 329] depuis 1312. Interdiction des joûtes et des tournois (1308) Second voyage de Philippe-le-Bel à Caen (1310). Mort de Philippe-le-Bel (29 nov. 1314). CHAPITRE IV Louis X le Hutin (1314-1316). Philippe le Long (1316-1322). Charles IV (1322-1328. Philippe VI de Valois (1328-1350). Charte des Normands (1315). Etats généraux de 1316 et de 1317 tenus à Paris. Procès de Nicolas Naguet, vicomte de Caen (1325). Edouard III, roi d'Angleterre, fait hommage à Philippe VI pour son duché d'Aquitaine (6 juin 1329). Déclaration de guerre à la France (21 août 1337). Bataille de l'Ecluse. Querelle entre les seigneurs normands qui prétendaient à la main de Jeanne Bacon. Geoffroy d'Harcourt est banni du royaume. Sa trahison. L'armée anglaise devant la ville de Caen (1346). Le comte d'Eu et le sire de Tancarville. Sortie des bourgeois. Leur déroute. Ils se défendent énergiquement dans la ville. Prise et pillage de la ville par les Anglais. Bataille de Crécy (26 août 1346). Requête des habitants de Caen au roi pour la réparation du château. La tour du Massacre. Enquesteurs royaux. Mort de Philippe VI (1350) Supplément. — Noms des gentilshommes qui étaient sous les ordres de Robert Bertran, sire de Fauguernon, capitaine général des côtes de Normandie (1340). CHAPITRE V

JEAN LE BON (1350-1364) Premier voyage de Jean à Caen, alors qu'il était encore duc de Normandie (1349). Exécution [p. 330] de Raoul d'Eu. En 1354, le roi vient une seconde fois à Caen. Charles le Mauvais, roi de Navarre, en BasseNormandie. Assemblée de la noblesse du pays à Caen. Jean arrête lui-même à Rouen Charles le Mauvais. Ravages exercés par Philippe, frère du roi de Navarre, dans tout le pays qui s'étend entre Bayeux et Caen. Richard, baron de Creuly. Bataille de Maupertuis. Jean le Bon prisonnier. Le dauphin Charles, régent. Trêve de Bordeaux. La Jacquerie. Lettre de rémission mentionnant un essai de propagande en faveur des Jacques, fait à Caen par Pierre de Montfort. Le Régent crée à Caen une compagnie perpétuelle de 50 arbalétriers (1358). Emotion populaire à Caen vers 1361. Après la paix de Brétigny Jean quitte la tour de Londres. Richard de Bray et Pierre Lorimier, deux notables habitants de Caen, envoyés en Angleterre comme otages. Fuite du duc d'Anjou et mort de Jean le Bon (1364).

CHAPITRE VI

CHARLES V (1364-1380. — CHARLES VI (1380-1422) Charles V. Lettres patentes de Charles V rétablissant les priviléges de la ville de Caen (9 juillet 1364). Lettres patentes de Charles V en date du 7 nov. 1355. Les routiers et les malandrins. Lettre de Charles V au trésorier Aymar Bourgeoise. Duguesclin à Caen (1370). Bataille de Pontvalain. Supplément. — Montre de Monseigneur Jean de Mathan, chevalier, et des gens d'armes et [p. 331] archers de sa compagnie, reçue à Caen, le 8 septembre 1370 Charles VI. Pèlerinage de Charles VI au Mont-Saint-Michel ; il passe par Caen, (1394). Fidélité de Caen au roi pendant la guerre civile des Bourguignons et des Armagnacs. Bataille d'Azincourt. Noms des gentilshommes de la ville ou des environs qui y trouvèrent la mort. Descente de Henri V, roi d'Angleterre, en Normandie (1417). Siège de Caen par les Anglais. Défense héroïque des habitants. Prise de la ville. Lettre de Henri V aux abdelmen de Londres leur annonçant le succès de ses armes (5 septembre 1417). Lettre du duc de Clarence au même (11 septembre). Capitulation du château de Caen. Ravages commis en Normandie par les Anglais d'Angleterre et les maraudeurs de France. Pillage de plusieurs maisons à Caen. Dépopulation de la ville. Lettres patentes du roi d'Angleterre (15 mars 1422). Prix des matériaux et des salaires à Caen en 1421. Mort simultanée du roi d'Angleterre et du roi de France (1422). CHAPITRE VII

CHARLES VII (1422-1461). Henri VI, roi d'Angleterre, est proclamé roi de France à Paris. Charles VII est couronné à Poitiers. Actes de barbarie des Anglais à Caen (1423). Lettres de Henri VI relativement à l'Hôtel de ville (25 février 1425). Fondation de l'Université de Caen par le roi d'Angleterre Jeanne d'Arc. Poésies de poëtes caennais sur Jeanne d'Arc. Une descendance de Pierre d'Arc, chevalier du Lys, frère de l'héroïne d'Orléans. Le coup de main d'Ambroise de Loré [p. 332] (1431). Soulèvement infructueux de la population du bailliage de Caen (1431). Reprise des hostilités (1449). Charles VII reprend Caen aux Anglais. Son entrée dans la ville. Armoiries de la ville de Caen, dites de Charles VII Lettres patentes du roi sur la requête de l'abbesse de Sainte-Trinité, concernant un singulier droit qu'avaient les habitants de Vaux sur cette abbaye (mars 1431). Charles VII confirme la création de l'Université. Mort de Charles VII (1461). Liste des villes de Normandie reprises par Charles VII. CHAPITRE VIII

LOUIS XI (1461-1483) Louis XI allant au Mont-Saint-Michel passe par Caen (1462). Ligue du Bien public. Fidélité de la ville de Caen au souverain légitime. Le prince Charles. Traité de Caen (23 déc. 1465). Punition des factieux dans les vicomtés de Caen et de Vire (1466). Lettres patentes du roi confirmant les privilèges de la ville de Caen restée fidèle (mois d'octobre 1466). Lettres patentes accordant l'abolition aux bourgeois de Caen (1468). Traité d'Ancenis (10 sept. 1468). Recherche des faux monnayeurs. Pélerinage de Louis XI à La Délivrande (1473). On pend à Caen en effigie Jean de Châlons, prince d'Orange, déclaré coupable de trahison (1477). Lettres de Louis XI à May de Houllefort, grand bailli de Caen, à propos de l'élection d'une nouvelle abbesse de l'abbaye de Sainte-Trinité (30 mai 1482). [p. 333] CHAPITRE IX

CHARLES VIII (1438-1498). — LOUIS XII (1498-1515)

Assemblée des Etats généraux à Tours (1484). Lettres patentes de Charles VIII accordant la levée d'octroi aux habitants de Caen. Guerre folle. Charles VIII à Caen (1487). Lettres du roi relativement à la foire Saint-Michel (1490). Louis XII confirme les privilèges de la ville de Caen (1498). Requête de Simon Lecrosnier au roi. La Trémoille vient à Caen faire l'inspection des fortifications de la ville et du château (1512). Passage des lansquenets à Caen (1514). CHAPITRE X

FRANÇOIS Ier (1515-1547) Le duc d'Alençon, lieutenant général du roi en Normandie (1522). Entrée du duc d'Alençon à Caen (1524). Alphonse d'Est, duc de Ferrare. Entrée de François 1er à Caen (1532). L'amiral d'Annebaut. Assemblée des notables (10 août 1536). Jacques Duval, sieur de Mondrainville. Visite du cardinal Farnèse, légat du pape à l'abbaye de Saint-Etienne, dont il était abbe (1540). Statuts et ordonnances relativement aux pauvres Etat du commerce. Institution du concours du Palinod. Apparition du protestantisme à Caen. CHAPITRE XI

HENRI II (1547-1559). FRANÇOIS II (1559-1560) Edit de Henri II réorganisant les fonctions d'échevin (1547). La peste Le coq de l'église [p. 334] Saint-Pierre. Troubles religieux. Progrès des protestants. Erection du siége présidial de Caen (Sept. 1552). Lettres de Henri II réglementant le jeu du papegay (août 1558.) Gilles Fillastre, premier capitaine de ce jeu. Rétablissement du concours du Palinod supprimé depuis 7 ans (1558). Mort de Henri II (1559). François II. Les ministres protestants tiennent publiquement leurs prèches à Caen.

LISTES Baillis de Caen. — Lieutenants généraux des baillis. — Lieutenants particuliers des baillis. — Procureurs du roi au bailliage. — Gouverneurs du château de Caen. — Vicomtes de Caen. — Lieutenants généraux des vicomtes. — Procureurs du roi en la vicomté. — Elus à Caen. — Gardes du scel des obligations de la vicomté. — Officiaux de l'évêque de Bayeux. — Prieurs de l'Hôtel-Dieu. — Doyens de l'église collégiale du SaintSépulcre. — Tabellions de la ville de Caen. [p. 335]

TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS & DES LIEUX (Ne sont pas compris dans cette Table les noms qui forment les listes publiées à la fin du volume)

A Pages. Acarin (Guillaume), doyen du Saint-Sépulcre,

p. 33

Adèle de France,

p. 9

Aerschot,

p. 73

Aignan d'Orléans (chapelle Saint-),

p. 163, p. 173

Aigneaux (Philippe d'),

p. 36

Aiguillon,

p. 73, p. 75

Alapenne (Thomas),

p. 57

Albigeois,

p. 35

Alègre (baron d'), bailli de Caen,

p. 204

e

Alençon (Charles, duc d'), Ct d'Armagnac,

p. 196

Allemagne,

p. 10

Allot (Jehan),

p. 178

Amours (d'),

p. 239

Anaclet (le Pape),

p. 12

Andelys (les),

p. 20

Angerville (Robert), seigneur de Grainville,

p. 119

[p. 336] Angot (Jean), commissaire examinateur au baillage de Caen,

p. 143

Angot (Marie),

p. 143

Angus (Léon),

p. 230

Anjou (Charles d'), comte du Maine,

p. 160

Anjou (René d'), roi de Sicile,

p. 160

Anjou,

p. 33

Annebaut (amiral d'),

p. 212, p. 219, p. 223, p. 232

Annebaut (château d'),

p. 212

Annebecq (baron d'),

p. 52

Anquetil (Eymon),

p. 47

Antoine,

p. 236

Aquitaine,

p. 71

Arc (Jeanne d'),

p. 139

Arc (Pierre d'), chevalier du Lis, seigneur de l'Isle aux Bœufs,

p. 142

Ardennes,

p. 78

Ardennes (abbé d'),

p. 52

Ardennes (abbaye d'),

p. 158

Argences,

p. 95

Argences (Nicolas d'),

p. 90

Argences (Robert d'),

p. 57

Argouges (Pierre d'),

p. 185

Arondel (lord),

p. 451

Arques (château d'),

p. 45

Arque (Martin d'),

p. 22

Arras (Traité d'),

p. 144

Arry (Osmont d'),

p. 36

Arthur, duc de Bretagne,

p. 19

Artois,

p. 33

Ascalon (bataille d'),

p. 13

Asnières (Jean d'), seigneur de Courbespine,

p. 119

Asnières (Pierre d'),

p. 119 [p. 337]

Asselin,

p. 13, p. 32

Aulnay (abbé d'),

p. 52

Audenaham (le maréchal Arnoul d'),

p. 97

Aubert (Jean),

p. 229

Auberville (Jacques d'), bailli de Caen,

p. 122

Auray (Jean d'), baron de St-Poix et de Courseulles,

p. 159

Aurillac,

p. 172

Auvillars,

p. 119

Auvillars (forteresse d'),

p. 99

Aux-Epaules (Nicolas),

p. 90

Avignon,

p. 35

Avranches,

p. 25, p. 53

Azincourt (bataille d'),

p. 118 B

Bacon (Roger),

p. 72

Bacon (Jeanne),

p. 72

Baillache (Jean de),

p. 229

Ballue (Callas),

p. 216

Banville (Geoffroi de),

p. 116

Bar (Nicole de),

p. 63

Barbe-en-Auge (prieur de Sainte-),

p. 52

Barberi,

p. 224

Barbery (abbé de),

p. 52

Barfleur,

p. 76

Bari,

p. 12

Baron,

p. 98

Barres (Guillaume des),

p. 25

Bauches (Pierre),

p. 215

Baudouyn (Jean), seigneur de Saint-Sébastien, de Préaux, de la Chapelle-Gautier, chambellan de Henri III,

p. 134

[p. 338] Baudouyn (Elisabeth),

p. 143

Baugy (commanderie de),

p. 55

Basire (Denis),

p. 236

Bayeux,

p. 24, p. 37, p. 53, p. 96, p. 107, p. 153, p. 209

Bayeux (doyen de),

p. 52

Bayeux (évêque de),

p. 52

Bayeux (vicomte de),

p. 201

Bayeux (hôtel Dieu de),

p. 38

Bayeux (chapelle Notre-Dame de la cathédrale de),

p. 45

Bazin (Thomas),

p. 120

Beaujeu (Anne de),

p. 185, p. 186

Beaullart (Jehan),

p. 216

Beaumont (abbaye de),

p. 40

Beuvron,

p. 53

Beuvron (baron de) vicomte de Caen,

p. 204

Beauvais (le sire de),

p. 153

Bec (Jean le),

p. 175

Becdelièvre (de),

p. 129, p. 226

Bedfort (duc de),

p. 134

Béguines (couvent des),

p. 100

Beleth (Guill. de),

p. 36

Bellenguel (Richard)

p. 57, p. 61

Bellet (Jehan)

p. 215

Bellétoile (abbé de)

p. 52

Bellot (Tassin)

p. 216

Béraut de Hérembourg

p. 229

Bernai

p. 97

Bertrand (Guillaume), évèque de Bayeux

p. 72, p. 79

Bertrand (Garin)

p. 89

Bertrand (Robinet)

p. 99

Bertrand (Robert), sire de Fauguernon

p. 89

Berri

p. 37

Betteville (Guyon de)

p. 229 [p. 339]

Bigars (Guill.)

p. 162

Bigne (Guill. de la)

p. 116

Bigot (Gilles)

p. 235

Billard (Regnault)

p. 230

Blanche de Castille

p. 36

Blondel (Robert)

p. 145

Blosset (Roger de)

p. 160

Bois (Guillaume du)

p. 90

Bois (Jean du)

p. 91

Bois (Richard du)

p. 89

Boisgilont (Gauthier de), vicomte de Caen

p. 56

Bonfossé

p. 53

Bonnet (Jacques)

p. 230

Bonneville-sur-Touque (château de)

p. 45

Bonnivet

p. 200

Boulogne (comte de)

p. 25

Bourbon (le bâtard de), amiral de France

p. 176

Bourbon (Louis de), baron de Thury

p. 119

Bourbonnais (sire de)

p. 53

r

Bourdon (Guill.), s de Roquereul

p. 143

Bourdon (Thomas), sr des Jumeaux

p. 143

r

p. 143

r

Bourdon (Macé), s de Beuville

p. 143

Bourdon (Pierre), sr de Roquereul

p. 233

Bourdon (Anne-Tugale)

p. 143

Bourgeoise (Aymard)

p. 112

Bourgueville (Charles de) sieur de Bras

p. 211, p. 217, p. 232

Bourgueville (Guillaume de)

p. 217

Bourdon (Guill.), s de Préfessé

[p. 340] Bourgueville (Jehan de)

p. 217

Boutemont (Richard de)

p. 61

Boutry (Jean), sieur du Manoir

p. 143

Boutry (Marie)

p. 144

Bouvines (bataille de)

p. 33

Bray (Richard de)

p. 44

Bray (Richard de)

p. 107

Bray (Paul de)

p. 63

Bressey (Jean de), capitaine de Louviers

p. 162

Bretteville (Richard de)

p. 58, p. 69

Bretteville le Rabel (commanderie de)

p. 55, p. 56

Brézé (Pierre de)

p. 160

Brion Chabot (de), amiral de France

p. 206, p. 208

Brionne (Richard de)

p. 69

Briouze

p. 53

Briqueville (Guill. de)

p. 90

Bromlay (Henry)

p. 128

Brucourt (Jean de)

p. 34

Brucourt (Guill. de)

p. 89, p. 91

Buisson de Courson (Pierre du)

p. 143

Buisson de Courson (Jeanne du)

p. 143

Bullens (Gautier de)

p. 59

Bunosville (Henri de)

p. 36

Bur-le-Roy (forêt de)

p. 64, p. 93

Bureau (Jean)

p. 154, p. 155 C

Cademoth

p. 6

Cadomus Cadumium

p. 6

Cadmus Calêtes [p. 341] Caen (hôpital de)

p. 37

Caen (château de)

p. 85

Caen (Paul de)

p. 62

Caen (l'abbé de)

p. 36

Caen (vicomte de)

p. 201

Caen (traité de)

p. 175

Cairon (Guill. de)

p. 69

Calabre

p. 12

Calais

p. 85

Cambernon (Jacques)

p. 216

Campamé

p. 12

Campion (Henry)

p. 58

Canivet (Eustache)

p. 155, p. 161

Cantepie

p. 151

Capone

p. 12

Carbonel (Guill)

p. 90

Carbonel (Robert)

p. 89

Carbonel (Richard)

p. 91

Carbonel (Raoul)

p. 91

Carel

p. 114

Caruel (Thomas), lieut. du vicomte de Vire

p. 57

Carentan

p. 37, p. 77

Caudebec (Roger de)

p. 58

Cauvigny (François de), sieur de Colombi

p. 142

Castres (comte de)

p. 160

Cénalis (Robert), évêque d'Avranches

p. 8

Cenery (forteresse de Saint-)

p. 146

Cerisy

p. 53

Cerisy (abbé de)

p. 52

Chabannes (maréchal de)

p. 160

Challet (Jean)

p. 56, p. 60

Chalons (Jean de), prince d'Orange

p. 181

Champagne (Jean de la)

p. 89

Chaperon (Jean)

p. 230 [p. 342]

Charles, duc de Normandie

p. 44

Charles d'Espagne de la Cerda

p. 95

Charles le Mauvais

p. 96, p. 97

Charles IV

p. 68

Charles (le dauphin), plus tard Charles V

p. 100

Charles V

p. 111 et suiv.

Charles VI

p. 116 et suiv.

Charles VII

p. 133 et suiv.

Charles VIII

p. 85 et suiv.

Charolais (comte de)

p. 174

Chastel (Hugues du)

p. 55, p. 57

Chastel (Jean du)

p. 56

Cherbourg

p. 37

Cherbourg (chateau de)

p. 45, p. 76

Cherbourg, (abbaye de)

p. 76

Chopin (Roger)

p. 57

Chouquet (Michel)

p. 57

Cigoigne (Robert de la), bailli de Caenp. 53 Clamorgan (Thomas de)

p. 90

Clarence (duc de)

p. 122

Clérembault

p. 216

Clermont (Jacques de), bailli de Caen

p. 162

Clisson, connétable

p. 113, p. 116

Cloutier (Roger le), seigneur de Saint-Germain-le-Vasson et du Mesnild'Argences

p. 162, p. 168

Coignet aux brebis (le)

p. 150

Condé-sur-Noireau

p. 38

Conflans (traité de)

p. 175

Coeur (Jacques)

p. 160

Conches

p. 97

Corbel (Colin)

p. 116

Corday (Colin)

p. 89

Cordeliers (monastère des)

p. 36 [p. 343]

Cordouen (Jehan de), sieur de Grestayn

p. 215

Cordouen (Guill. de), sieur de Tilly

p. 233

Corlandam (Roger de)

p. 36

Cormelles

p. 205

Cornuailles (comte de)

p. 74

Coulombières (Guill.), seigneur de Caligny

p. 119

Couesnon

p. 25

Coulonces

p. 52

Courcelles (Hervé de) Courcy (Robert de)

p. 35

Courcy (Guill. de)

p. 89

Courcy (Jean de)

p. 89

Courcy (Jean de), seigneur d'Enfernet

p. 119

Courseulles (Richard de)

p. 90

Court (Pierre de la), échevin

p. 228

Courtenay

p. 115

Courval (commanderie de)

p. 55, p. 57

Coutances

p. 24, p. 37, p. 107

Couvrechef

p. 78

Courte-Heuse (Robert)

p. 13

Costard (Guillaume)

p. 230

Crécy (bataille de)

p. 84

Crespon (baron de)

p. 52

Creully (Richard, baron de)

p. 90, p. 99

Croisiers (religieuse de)

p. 100

Cruse (André de)

p. 220

Culant (de)

p. 160 D

Davy (Simon)

p. 178

Délivrande (la)

p. 179

Denis (Jehan), sieur de Petiville.

p. 215 [p. 344]

Deshayes (Jacques)

p. 229

Desmarais (Eslacre), gouverneur de Caen

p. 96

Dives

p. 119

Domfront

p. 37

Dominicains

p. 36

Dorenlot (Jean)

p. 141

Dorenlot (Marie-Adrienne)

p. 144

Douclet (Colin)

p. 98

Doublet (Jean)

p. 63

Duhamel (Pierre), avocat du roi

p. 228

Duguesclin (Bertran)

p. 111, p. 114

Dunois,

p. 139, p. 144, p. 152, p. 153, p. 155, p. 157, p. 161

Durant (Jean), écuyer de cuisine du duc d'Orléans

p. 117

Dusellier (Robert)

p. 115

Duval (Jacques), sieur de Mondrainville

p. 220

Duval (Etienne), sieur de Mondrainville

p. 238

Duval (Etienne), sieur du Most

p. 215 E

Ebats (pré des)

p. 237

Echevins (serment des) Echiquier de Normandie

p. 50

Ecluse (bataille de l')

p. 72

Edouard III, roi d'Angleterre

p. 70, p. 71, p. 72, p. 73, etc,

Eléonore, soeur de Charles-Quint

p. 202

Enclin (Guillaume)

p. 91

Enguerran (Hugues)

p. 58

Enquêteurs royaux

p. 88

Escoville Fouques d'

p. 136

Esquay (Girard), sieur de Rapilly

p. 202 [p. 345]

Essart (Philippot)

p. 116

Est Alphonse (d'), duc de Ferrare

p. 201

Estrées Guillaume (d')

p. 61

Eterville

p. 120, p. 147

Etienne (abbaye de) St

p. 11, p. 13, p. 80, p. 95, p. 150, p. 187

Etienne (abbé de) St-

p. 52

Etienne (forteresse de) St-

p. 120

Etienne-le-Vieux (église de) Saint-

p. 138

Ethon (Fouques)

p. 155

Eu (Raoul d'Eu), sire de Tancarville, connétable de France

p. 78, p. 79, p. 82, p. 84, p. 94

Eudes (Jean)

p. 163

Evreux

p. 99 F

Falaise

p. 23, p. 37, p. 53, p. 107, p. 149, p. 156

Falaise (vicomté de)

p. 201

Falaise (abbé de) St Jean de

p. 52

Falstol (Jean)

p. 150

Farnèse (Alexandre) abbé de St-Etienne

p. 220

Ferrière (Edmond) de la

p. 230

Feuguerolles (Jean de)

p. 69

Fillastre (Gilles)

p. 237

Floques, bailli d'Evreux

p. 162

Florence (dames de)

p. 40

Folissé

p. 115

Fontenay (abbaye de)

p. 120

Fontenay (Guill. de)

p. 56

Fonteuil (Pierre de)

p. 160

Forestier (Charles Le)

p. 229

Fournier (Robert)

p. 217

Foulognes (Jean de)

p. 220

François I

er

p. 192 et suiv.

Fresnel (Jehan)

p. 215 [p. 346]

Fresne (Pierre du)

p. 116

Fréteval (bataille de)

p. 19 G

Gages (Robert)

p. 155

Galar (Chastel de)

p. 20

Galopin (Tonnelet)

p. 117

Galles (prince de)

p. 74, p. 99, p. 160

Garin (Raoul)

p. 89

Gavray

p. 53

Geoffroy (Loys)

p. 215

Germain (Jean de St-)

p. 89

Germain-en-Laie (St-)

p. 45

Ghistelles (Ouphars de)

p. 74

Gilain (Antoine)

p. 202

Gille (Jehan)

p. 215

Gilles (Augustin de St-)

p. 229

Gilly (Guillaume de)

p. 53

Gisors

p. 37, p. 44

Gladran (Jean)

p. 231

Glocester (Guillaume, comte de)

p. 14

Glocester (Robert de Caen, comte de)

p. 14

Gloy (Raoul)

p. 58

Godefroy, apothicaire et valet de chambre du duc d'Orléans

p. 117

Gondouin (Guill).

p. 228

Gourdon (Bertrand de)

p. 19

Gouvis (Robert de)

p. 15, p. 24

Goyon (Alain), seigneur de Villers, Thieuville, Mesnil Garnier

p. 187

Goyon (Bertrand), seigneur de Matignon et de Thorigny

p. 159

[p. 347] Goyon (Jean), seigneur de Matignon

p. 187

Grainville

p. 98

Grandmesnil (Ernauld)

p. 12

Granson (Thomas)

p. 115

Graville (sire de)

p. 98

Graville (amiral de)

p. 187

Gratien (hôpital St-)

p. 95

Grentheville

p. 119

Grimouville (Guy de)

p. 90

Grimouville (Jamet de)

p. 90

Grimouville (Nicolas de)

p. 90

Grosparmy (Florent de)

p. 89

Grosparmy (Perrin)

p. 89

Grosparmy (cardinal de)

p. 39

Guallardeum

p. 20

Guérin (Eustache)

p. 230

Guernesey (île de)

p. 71

Guesdonnière (de la)

p. 36

Gueuteville (Jehan de)

p. 215

Guichart (Guill.)

p. 69

Guiffart

p. 115

Guillaume-le-Conquérant

p. 11, p. 32

Guillebert (Abel)

p. 216

Guiscard (Robert)

p. 12

Guines (comté et forteresse de)

p. 94 H

Haguais (Jean le)

p. 181

Hallebout (Rolland)

p. 90

Hamon (Robert Fitz), sieur de Creuly et de Thorigny

p. 14

Harcourt (Geffroy d')

p. 72, p. 73, p. 74, p. 76, p. 83, p. 96, p. 98

Harcourt (Louis d')

p. 179

Harfleur

p. 118

Harrington (Richard)

p. 155, p. 157

Hastings (bataille d')

p. 11 [p. 348]

Hauteville (Tancrède d')

p. 12

Haynau (comte de)

p. 74

Henri II, roi d'Angleterre

p. 13, p. 54

Henri V, roi d'Angleterre

p. 118

Henri VI, roi d'Angleterre

p. 134 et suiv.

Henri VIII, roi d'Angleterre

p. 195, p. 223

Henri II, roi de France

p. 227 et suiv.

Herfort (comte de)

p. 74

Hermier (Jessé)

p. 141

Hermyer (Rémon)

p. 233

Hérichon (Robert)

p. 57

Hérouville

p. 78

Hervieu (Geffroy)

p. 56

Hôtel-Dieu de Caen

p. 46, p. 49

Holland (Thomas de)

p. 82, p. 98

Honfleur

p. 117, p. 119, p. 153, p. 175

Houllefort (May de), bailli de Caen

p. 182

Houspilliers

p. 129

Hunaudaye (de la)

p. 114

Huntingdon (comte de)

p. 84 J

Jacquerie (la)

p. 101

Jaloches (maréchal de)

p. 158, p. 161

Jean-Sans-Terre

p. 18, p. 19, p. 21, p. 22, p. 29

Jean-le-Bon

p. 93, p. 94, p. 95, p. 109

Jean-Sans-Peur

p. 118, p. 119

Jeanne, reine de France, femme de Charles-le-Bel

p. 44

Jersey (île de)

p. 71

Juifs

p. 31

Julien (Adrien)

p. 215

Juvigny (Hugues)

p. 155 K

Kaius, chevalier de la Table Ronde

p. 61

[p. 349] Kanolle

p. 113

Kattes

p. 10 L

Lahire

p. 139

Laillier (Jehan)

p. 215

Lancelot-Lapersonne

p. 105

Lanfranc, archevêque de Cantorbéry

p. 11

Langlois (Aubin)

p. 55, p. 61

Lande (Guill. de la)

p. 228

Lansquenets

p. 190

Lassen

p. 98

Lautrec

p. 200

Launay (Gonnier de)

p. 14

Le Bigot (Nicolle)

p. 236

Le Boucher

p. 228

Lebourgeois (Richard)

p. 180

Le Bourgeois (Pierre), sieur de Navarre et de Beneauville

p. 205, p. 220

Lebreton

p. 214

Le Brun de Sallenelles

p. 210

Lechevallier (Jehan)

p. 211, p. 216

Lecrosnier (Simon)

p. 189

Lefèvre (Guillaume)

p. 90

Leflamenc (Jehan)

p. 108

Leforestier (Robert)

p. 90

Leforestier (Jehan)

p. 216

Lefournier (Jacques), baron de Tournebu

p. 143

Lefournier (Jeanne)

p. 143

Lefournier (Nicolas), baron de Tournebu

p. 211

Legeorgelier du Bois

p. 239

Legrant (Guillaume), sieur de Bernières

p. 211

Lejollis (Jehan)

p. 211 [p. 350]

Lemercier (Gilles)

p. 230

Lemercier (Jean), sr de St-Germain

p. 225

Lencastre (duc de)

p. 74, p. 98, p. 99

Léon (Pierre)

p. 12

Le Sens (Jean)

p. 186, p. 202

Le Sens (André)

p. 228

Lestage (Pierre de)

p. 215

Leverrier (Ravaud)

p. 47

Lewes (Robert de)

p. 99

Lingèvre (fort de)

p. 98

Lions (Pierre de)

p. 23

Lisieux

p. 24, p. 119, p. 152

Lisle (Guillaume de)

p. 69

Lô (Saint-)

p. 37, p. 77, p. 107

Lohéac (maréchal de)

p. 53

Londres,

p. 19, p. 23, p. 85

Longchamp (Etienne de)

p. 34

Longueil (Guillaume de)

p. 119

Longues (abbé de)

p. 52

Loré (Ambroise de), baron d'Ivry,

p. 145 et suivants

Lorimier (Pierre)

p. 106, p. 107

Louis VIII

p. 35

Louis IX

p. 36 et suivants

Louis X le Hutin.

p. 68

Louis XI

p. 171 et suivants

Louis XII,

p. 188 et suivants

Loup (Guy de Saint-)

p. 36

Louvagny (commanderie de)

p. 55

Louviers

p. 152

Louviers (Cristophe de)

p. 61

Luc (Hue de)

p. 69 r

Lucas (Jean), s de la Vallée

p. 229

Lupicar

p. 21, p. 23, p. 25

Luzerne (Nicolas de la)

p. 90

Luzerne (Amaury de la)

p. 90

Lys (Charles du)

p. 140 [p. 351]

Lys (Catherine du)

p. 142

Lysse (Jehan),

p. 216 M

Mabray (Pierre de),

p. 217

Mabray (Thomas)

p. 211

Machard, bailli de Caen,

p. 87

Machue (Guillaume),

p. 116

Mahias (Richard)

p. 36

Maigny (Jean de)

p. 57

Mainemores (de)

p. 98

Mailly (Loyse de)

p. 234

Malherbe (Jean)

p. 204

Maltot

p. 147

Mantes

p. 32

Manneville (Jean de)

p. 90

Manneville-le-Jeune (Jean de)

p. 90

Manvieu (Jean de) Saint-, seigneur de St-Manvieu

p. 119

Marboué (de), capitaine du château de Caen

p. 190

Marc (Simon)

p. 230

Marcel, prévot des marchands de Paris,

p. 101

Marie (Guill)

p. 58 e

Marie (Jean de St -)

p. 44

Marmion (Jean)

p. 89

Massacre (Tour du)

p. 87

Martel (Jean), seigneur de Cristot

p. 119

Massaliotes

p. 9

Mathan (Etienne de)

p. 116

Mathan (Ricart de)

p. 116

Mathan (Jean de)

p. 116

Mathieu (Jean de)

p. 90

Mathilde (la reine)

p. 13

Mauny (de)

p. 113

Mauny (Marguerite de)

p. 187

Maupertuis (bataille de)

p. 99 [p. 352]

Méheudin (Guill. de)

p. 90

Meilleraie (de la), lieutenant du roi en Normandie

p. 214, p. 217

Ménardière (de la), lieutenant du château de Caen

p. 217

Merville,

p. 115

Meslay

p. 53

Meulent (Galéran de)

p. 69

Michel (Mont Saint)

p. 25, p. 53, p. 117, p. 152, p. 172

Michel (Foire Saint-)

p. 145

Miroël (Raoul de)

p. 36

Moges (Jacques de)

p. 220

Moisson (Jean)

p. 89

Mondaye (abbé de)

p. 52

Montbray (de)

p. 74

Montenay (de)

p. 120, p. 125, p. 178

Montfort (Pierre de)

p. 102

Montmorency (maréchal de)

p. 201

Montmorency (Anne de)

p. 218, p. 234

Montpensier

p. 36

Montreuil (Guill. de)

p. 12

Mothe (baron de la)

p. 52

Mortain

p. 37

Mortain (Jean, comte de)

p. 14

Moustier (Nicole du)

p. 63

Mortemer (baron de)

p. 74

Mouen

p. 98

Mutrécy (Germain de)

p. 56 N

Naguet (Nicolas), vicomte de Caen

p. 68, p. 69, p. 70

Navarre (Philippe de)

p. 98

Nazy (Barthelemy de)

p. 221

Neuilly l'Evêque (château de)

p. 72

Neufchatel

p. 105

Neufchatel (Etienne de)

p. 57, p. 60

Nevers (comte de)

p. 160 [p. 353]

Neville (Hugues de)

p. 15

Nicopolis (bataille de)

p. 117

Noel (Guill.)

p. 215

Norenton (comte de)

p. 74

Northbury (Michel de)

p. 76, p. 81

Noyers

p. 98

Noyon (paix de)

p. 195 O

Ollegrave

p. 115

Olivier (le chancelier)

p. 224

Orbec (Guillaume), seig. de Saint-Paul de Courtonne

p. 119

Orbec (Louis) seig. de la Cressonnière

p. 119

Orglandes (Henry d')

p. 89

Orglandes (Jean de)

p. 90

Orléans (Louis d')

p. 116

Orval (d')

p. 153, p. 160

Osmond (Richard)

p. 216

Oursel

p. 115

Ouve (pont d')

p. 77

Oyestreham

p. 78 P

Panthou (de)

p. 11

Papegay

p. 236

Pasnage (Guy)

p. 62

Pasquier (Jean)

p. 69

Passe-Leaunc (Jean)

p. 36

Patry (Jacques)

p. 229

Patrix (Etienne)

p. 145

Patrix (Pierre)

p. 142

Paul (comte de Saint)

p. 152

Paumier (Jean)

p. 181

Pavie (bataille de)

p. 200

Pennebraye (de)

p. 74

Perche (comte du)

p. 113

Percoville (gué de)

p. 147 [p. 354]

Pérouse (Raoul de)

p. 61

Perrard (Catherine)

p. 143

Perraut (Hugues de)

p. 59

Perrières (Jean de)

p. 236

Peussoles (Robert)

p. 46

Picart (Jean)

p. 181

Picot (Guill.) seign. de Russy

p. 90

Pierre (Saint sur Dives)

p. 105

Pierre (abbé de Saint sur Dives)

p. 52

Pierrefite (Jean de)

p. 90

Pierrefite (Guillaume de)

p. 91

Pierres (Richard de)

p. 229

Pillet (Jean)

p. 44

Pithou (Pierre)

p. 121

Philippe Auguste

p. 19 et suiv.

Philippe III le Hardi

p. 44

Philippe IV dit le Bel

p. 45

Philippe VI de Valois

p. 70

Plumetot (Richard de)

p. 36

Pont-Audemer.

p. 37, p. 97

Pontaudemer (Nicole du)

p. 69

Pontbellanger (Guy du)

p. 90

Pontorson

p. 25

Popin (Jean), bailli de Caen

p. 45

Portchester

p. 74

Poton de Xaintrailles,

p. 139, p. 153, p. 160

Poullain (Jacques)

p. 216

Prétouville (Jehan de)

p. 215

Prétouville (Anne de)

p. 220

Preully (de)

p. 159

Prouville (Jeanne de)

p. 142

Prunyer (Guillaume)

p. 215 Q

Quarel (Foulcher)

p. 34

Quarel (Ansquétil)

p. 12 [p. 355]

Quarel (Richard)

p. 12

Quarel (Jourdain)

p. 12

Quarel (Richard-Junior)

p. 12

Quarel (Guillaume), vicomte de Caen

p. 24 R

Radepont

p. 20

Radin (Simon)

p. 233

Radulf (Claude)

p. 230

Raineval (de)

p. 114

Rat (Guill. le), docteur en théologie

p. 208

Raure (Guillaume le)

p. 55, p. 60

Récuchon (Robert de), bailli de Caen

p. 68, p. 69

Regnauld (Denis), seigneur d'Avenay,

p. 205

Renauld (Mathieu)

p. 55

Renty (de)

p. 113

Ribault (Jean), sieur du Mesnil

p. 143

Ribault (Antoinette),

p. 143

Richard (Louis), seigneur de Bracqueville

p. 211

Richemont

p. 144, p. 152, p. 157, p. 160

Rieux (maréchal de)

p. 151

Risby (Jehan)

p. 127

Rochepot (de la)

p. 218

Rochester

p. 71

Roger (François)

p. 228

Rohan (de)

p. 113

Romée de Vouthon (Isabelle)

p. 142

Roncherolles (Ansel de)

p. 34

Ros (de)

p. 74

Rotours (Henri des)

p. 61

Rouen

p. 25, p. 37, p. 50, p. 84, p. 97

Roussin (Nicolas)

p. 226

Rouvencestre (Raoul de)

p. 36 [p. 356]

Rouveron (Guillaume de)

p. 89

Rouxel (Guill.)

p. 225

Rouxel (Jehan)

p. 225

Rozière (de la)

p. 217

Ruaut (Pierre)

p. 90 S

Savigny

p. 53

Saulnier (Jean le)

p. 236

Séez

p. 24, p. 37

Séez (doyen de)

p. 52

Séez (évêque de)

p. 52

Segrais

p. 7

Semallé (Michel de)

p. 230

Sémilly (Guill. de)

p. 34

Sépulcre (Saint de Caen)

p. 36

Sépulcre (fosteresse du St-) de Caen

p. 120

Sergaud (Pierre de)

p. 178

Sever (abbé de Saint-)

p. 52

Sicqueville (Robert de)

p. 36

Sinteaux

p. 203

Sohier

p. 180

Sommerset,

p. 153, p. 155, p. 157

Sonnet (Thomas)

p. 215

Sorin

p. 236

Spenser

p. 115

Spring (Edmond)

p. 124

Straffort (Jean de)

p. 85

Stuart (Marie)

p. 240

Suhard (Jehan)

p. 230

Sulli (de)

p. 74

Surville (Guill. de), seigneur de Than

p. 119

Susanville (de)

p. 114, p. 115 T

Tambeour (Richard le)

p. 58

Tane (Guillaume)

p. 57, p. 61 [p. 357]

Templiers

p. 54 et suiv.

Tesson (Raoul)

p. 34

Tesson (Jean)

p. 89, p. 90, p. 117

Thieurville (Henry de)

p. 90

Thominet (Guill.)

p. 116

Thorigny (baron de)

p. 52

Thorigny (abbé de)

p. 52

Thouars (Guy de)

p. 24

Tilie (Thomas de)

p. 58

Tilleul (le)

p. 53

Tillières (de)

p. 159

Tilly (de)

p. 68

Touche (de la)

p. 115

Tournebu (Jean de)

p. 34

Tournebu (Robert de)

p. 90

Tournebu (Guy)

p. 90

Tourville

p. 98

Touques

p. 105, p. 119, p. 223

Tremoille (la)

p. 186, p. 190

Trinité (abbaye de Sainte-)

p. 11, p. 13, p. 95, p. 150, p. 153, p. 165, p. 234

Trinité (forteresse de Saint-)

p. 120

Troarn

p. 223

Troarn (abbé de)

p. 36, 52

Troismonts (Thomas de)

p. 141

Troismonts (Nicolas de)

p. 211

Turgot (Loys)

p. 236

Tynfreville (Hébert de)

p. 36

Typhaigne (Jehan), maître en médecine

p. 173 U

Umfraville (Gilbert)

p. 178

Ursins (Juvénal des)

p. 160

Ursins (Hiéronime des)

p. 220

Urville (Robert d’)

p. 57 V

Val (abbé du)

p. 52 [p. 358]

Valette Rogier (de la)

p. 159

Valognes

p. 35, p. 76

Valperga (Théobald de) bailli de Lyon

p. 159

Varoc

p. 230

Vassy (Philippe de)

p. 186

Vassy (Pierre de)

p. 230

Vaulogé

p. 144

Vaultier (Pierre)

p. 216

Vaux

p. 165

Vendosme (duchesse de)

p. 207

Ver (Robert de)

p. 90

Vernay (Philippe)

p. 36, p. 271

Verneuil

p. 162

Verretot (Jean de), bailli de Caen

p. 55

Verson

p. 98

Vicomte (Roger le)

p. 34

Vicomte (Catherine le)

p. 34

Vicques

p. 151

Vierville (Guill. de)

p. 89

Vierville (Jean de)

p. 89

Vieux

p. 147

Vieuxpont (Robert de)

p. 22

Vigne (Guill. de la)

p. 215 r

Vigne (Michel de la), s du Londel

p. 233

Vignes (Jean des), bailli de Caen

p. 36

Vigor (prieur de) Saint-

p. 52

Villebresmes (François de)

p. 142

Villebresmes (Marie de)

p. 142

Villers (Girard de)

p. 60

Villers (Enguerran de)

p. 57

Villy (Guérin de)

p. 236

Vincennes

p. 44

Vire

p. 37, p. 77, p. 107, p. 113, p. 152, p. 151 [p. 359]

Voismer (commanderie de)

p. 55, p. 56

Voltaire

p. 41

W Waast (forteresse de Saint-)

p. 98

Waast-la-Hougue (Saint-)

p. 75

Wargnies (Guill)

p. 91

Warignies (Robert)

p. 79, p. 96, p. 104, p. 106

Warvick (Comte de)

p. 74

Westminster

p. 71, p. 99

Wight (Ile de)

p. 74

Wideville (Richard), capitaine du château de Caen

p. 137 Y

Ygou (Vincent), sieur de Bougy

p. 215, p. 217

Notes [1] Lettres patentes d'Henri VI. Recueil des Ordonnances des rois de France. Bréquigny, tome XIII, page 176. [retour] er

[2] Pendant son séjour à Caen, François I donna des lettres dans lesquelles il désigne la ville de Caen « comme une des plus anciennes de son royaume. » Lettres-patentes du roi en date du 11 avril 1532. Arch. municip., Matrologe, livre 1er, fo 151. [retour] [3] M. de Bras était né comme il le dit lui même « du vouloir de Dieu » le 6 mai 1501. [retour] [4] En 1519 la terre d'Appeville-Annebaut fut érigée en barounie en faveur de Claude d'Annebaut, amiral de France. Ce personnage ordonna de construire sur son domaine un château de 250 pieds de long sur 110 de large. Le monument ne fut pas achevé ; ce qui faisait dire au peuple que le diable démolissait la nuit ce qui avait été fait le jour. De là ce proverbe : C'est comme le château d'Annebaut, Ça restera toujours en défaut. (Canel. Blason popul. de la Norm., p. 123.) [retour] [5] Arch. municip. reg. de la ville, vol. 1er, fo 4. [retour] [6] Idem, fo 5. [retour] [7] Arch. municip. Reg. de la ville, vol. 1er, fo 12. [retour] er

o

[8] Arch. municip. Registres de la ville, vol. I , f 16. — Les gouverneurs en 1536 étaient : Noble homme Pierre Richard. Jehan Fresnel, enquesteur pour le roi en ladite Vicomté. r

Jeban de Cordouan, s de Grestayn. r

Etienne du Val, s du Most.

Jehan Denis, sr de Petiville. r

Vincent Ygou, s de Bougy. (Arch. munic. Reg. de la ville, vol. Ier fo 29) [retour] [9] V, une lettre de M. de Becdelièvre aux Echevins de Caen, annonçant cette trève. Arch. municip. reg. de la ville, vol. 1er fo 43. [retour] er

o

[10] Arch. municip. reg. de la ville, vol. 1 , f 63. [retour] [11] De Bras. Page 127. Guillaume Terrieu. Commentaire du droit civil, page 484. Paris 1574. [retour] [12] Avant de porter la tiare, Paul III s'appelait lui-même Alexandre Farnése. [retour] [13] Arch. municip. Reg. de la ville. Vol. 1er, fo 68. [retour] [14] Histoire de l'Abbaye de Saint-Etienne, par M. Hippeau. — Mémoires de la Société des Antiq. de Normandie. Tome XXIe, page 176. [retour] [15] De Bras, page 138. [retour] [16] V. Un Essai sur la vie et les oeuvres de Jean Rouxel, poëte et jurisconsulte caennais au XVIe siècle, par Léopold Duhamel, élève de l'Ecole des Chartes. 1862. Caen, imprimerie Pagny. [retour] [17] Traduction du docteur de Cahagnes. [retour] er o

[18] Arch. municip. Reg. de la ville, vol. 1 f 25. [retour] [19] Histoire de l'abbaye de Saint-Etienne de Caen, par M. Hippeau, page 181, [retour] [20] Histoire du Protestantisme en Normandie, par M. Gaston Le Hardy, Introduction, p. XI. [retour] [21] Depuis 1534, l'abbesse de Sainte-Trinité était Anne de Montmorency, qui avait succédé à Dame Loyse de Mailly. o

V.Relation de son arrivée à Caen (Manuscrit). Londres British Museum. n 3,661. Une copie de ce manuscrit se trouve à la bibliothèque de la ville de Caen, elle est précédée d'une copie des réglements pour l'élection des abbesses de Sainte-Trinité. [retour] [22] Huet. Orig. de Caen. [retour]

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