Entrevue Consul

M. de Saint-Martin : un consul pas très intéressé par les Droits Humains... Le Consul Honoraire du Mexique à Toulouse, à l’instar de son camarade (de classe) Philippe de Villiers, possède une philosophie simpliste, voire simplette, que l’on pourrait résumer en trois ou quatre phrases : 1/ Les droits de l’homme, c’est nous les chrétiens (de droite) qui les avons inventés. 2/ Le Mexique, aimez-le ou quittez-le (même chose pour mon cabinet de la rue d’Aubuisson). 3/ Atenco, connais (toujours) pas. 4/ J’appelle la police. Si dans un premier temps l’accueil à la petite délégation (un mexicain résidant à Toulouse, et deux membres du collectif Chiapas, venus gentiment lui remettre des pétitions de soutien aux paysan-ne-s de San Salvador Atenco, ainsi qu’ un dossier assez complet sur ces graves événements) a été plutôt bon enfant (de choeur), du style « c’est pas négatif ce que vous faites, et d’ailleurs c’est propre à notre civilisation chrétienne que de s’intéresser ainsi aux droits humains, ça fait 2000 ans que ça existe... », on a ensuite eu droit à un élargissement de la pensée consulaire : « Atenco, d’accord, mais il y a bien plus grave : Katyn 1, le génocide arménien, plus tous les autres crimes commis par les musulmans2 au cours de l’histoire »... De toutes façons, a-t-il répété, les brutalités policières s'expliquent par le fait que « l'homme est naturellement violent ». En fait, pour le Consul, Atenco est un « événement ponctuel, isolé » (il ne parle pas de « détail »), ce n’est « rien par rapport à l’ensemble de la situation au Mexique », qui s’est « bien améliorée depuis que le PRI a quitté le pouvoir ». Certes, Monsieur le Consul veut « bien nous croire » quand nous lui parlons de ce qui s’est passé dans « cette affaire ». Par contre, il ne veut pas de prendre position. Evidemment, il ne peut « pas approuver les viols commis par des policiers, s’il y en a eu », mais de là à condamner... A nos demandes sur ce point, il se contente de nous rappeler ses bons et loyaux services de « Petit Consul Honoraire », qui défend à « titre entièrement bénévole » les intérêts du Mexique, pays dont il se dit « passionné ». Aux questions sur l’attidude des ambassadeurs d’Espagne, d’Italie et d’Allemagne, qui ne sont pas intervenus suite aux violences, notamment sexuelles, exercées contre des ressortissantes de ces pays, il refuse également de répondre. M. le Consul a des idées sur tout (il sait même que « la question du Chiapas est complexe », qu’ « il y a plus de 40 langues indigènes au Mexique », et que « l’enseignement là-bas est bilingue3 »), et il ne se prive pas de nous rappeler, comme à chaque fois, qu’il a « travaillé bénévolement au Chiapas », qu’il a même « soigné des enfants indigènes ». Notre hôte nous révèle aussi que le Mexique « est un pays du tiers monde », qu’il se peut que l’ « extrême gauche » y arrive au pouvoir, en la personne de López Obrador... Mais il refuse de prendre position sur une affaire qui, décidément, ne lui semble « pas importante ». « Le Mexique achète 50 Airbus, et c’est cela qui compte ». M. le Consul tantôt ne peut pas se prononcer là-dessus, tantôt ne veut pas le faire (« je fais ce que je peux », « je fais ce que je veux », enchaîne-t-il avec le brio de quelqu’un qui a été « élevé chez les Jésuites » et à qui « on ne fera pas dire » ce qu’il ne veut pas dire), et puis, il veut « bien nous croire » mais en gros, à part nous, personne ne s’intéresse à cette affaire. Alors, quand le copain mexicain lui dit aimablement qu’il est « déçu par cette méconnaissance et ce manque d’intérêt, de la part du Consul du Mexique, sur le sort que l’on fait à des paysans, à des gens d’en-bas » de son pays, Monsieur de Saint-Martin pête les plombs : il ne « parle pas à un crétin », il voulait bien nous écouter, mais « pas ce crétin », il n’a plus rien à nous dire, il fait ce qu’il veut, et d’ailleurs il en a marre de la communauté mexicaine, qui ne l’invite pas à la fête nationale4. Ces gens sont des ingrats, ils ne méritent pas un consul comme lui, qui ne se fait pas payer, qui a des frais de secrétariat et qui fait tant pour ce pays qui achète 50 Airbus à la France. Conclusion : refus de la part du Consul en colère de faxer devant nous les pétitions à l’ambassade, menaces d’appeler la police. Monsieur Saint-Martin en a assez de « toutes ces plaisanteries ». Nous nous quittons donc sans regrets.

1

Massacre de 20000 officiers polonais par l’Armée rouge, en 1940. On ne s’attendait quand même pas que M Saint Martin parle de Makhno ou de My Lai, la culture en matière de boucheries, chez un homme aussi délicat, a quand même ses limites. Et puis, assassiner des officiers, il faut avouer que ce n’est pas normal ! 2

Le génocide perpétré par les Espagnols contre les Amérindiens (90 % d’une population estimée entre 30 et 40 millions a été éliminée au cours du XVI siècle), et celui commis par les Allemands au milieu du XX siècle ne sont-ils pas l’oeuvre de chrétiens ? 3 Beaucoup plus sur le papier que sur le terrain. 4 La Fête de l’Indépendance est le 16 septembre.