Royaume du Maroc المملكة المغربية IBN ZOHR ECOLE NATIONALE DE COMMERCE والتسيير GESTION
UNIVERSITE جامعة ابن زهر المدرسة الوطنية للتجارة ET DE
SUJET : " La grippe aviaire a entraîné des conséquences socioéconomiques mondiales. Elles se situent par rapport aux crises que beaucoup de secteurs économiques vivent actuellement, notamment au Maroc. "
.Ecrite par : Baâllal Abdeladim .Groupe : 5 .Encadrée par : Mr. Jamaâ Faouzi -
Année universitaire : 2005 / .2006
Depuis 2003, le virus Influenza aviaire H5N1 est responsable d'une infection grave appelée "grippe aviaire hautement pathogène" chez les oiseaux, propagé d'Asie vers l'Europe et le Moyen-Orient puis vers l'Afrique, touchant plus de 30 pays et laissant 101 victimes pour 177 cas constatés. Le virus H5N1 se propage rapidement dans les élevages de volailles, où le taux de mortalité des oiseaux infectés est de 90 à 100 %, la mort survenant souvent dans les 48 heures. Heureusement, le H5N1 n'est encore qu'un virus aviaire. Il se transmet facilement d'un oiseau à l'autre, mais n'a pas encore atteint la phase de transmission interhumaine. Toutefois, il a infecté un très petit nombre de personnes qui y ont été exposées, ce que les virus animaux peuvent faire sans être pleinement adaptés à l'homme. Le virus H5N1 ne se transmet habituellement qu'en cas d'exposition rapprochée et intensive à des oiseaux malades. À ce jour, on n'a mis en évidence aucun cas de transmission interhumaine. La peur, le manque d'information et de connaissances sur la grippe aviaire ont poussé certaines communautés à rejeter ceux qui avaient été directement affectés, voire simplement soupçonnés d'avoir la maladie, et à être de plus en plus nombreux à éviter la consommation du volailles. Dans un tel contexte, une question s'impose : "Quelle est la nature des conséquences socio-économiques de la grippe aviaire au niveau mondial en général, et au Maroc en particulier?"
Les récents cas d'influenza aviaire en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique ont imposé des restrictions de déplacement, des suspensions de rassemblement, des baisses d'investissements, des accroissements des dépenses afférentes aux vaccins et aux soins médicaux, des pertes de production dues à l'incapacité des éleveurs de mener leurs activités et des perturbations des marchés de volailles provoquant une baisse de la consommation, des prix et des importations. L'érosion constante des gains que les producteurs espéraient réaliser de la consommation des volailles par habitant fera chuter la consommation mondiale en 2006. Celle-ci est estimés à 81.8 millions de tonnes. Déjà début 2004 lors de l'apparition de la grippe aviaire, le commerce international de volailles avait baissé de 8 % du fait à la fois de la faible consommation en Asie et de la perte de débouchés commerciaux à
l'exportation. Jusqu'à une époque récente, les cours internationaux des volailles avaient enregistré une hausse de 30 % du fait de la réduction des stocks à l'exportation. Les développements en 2006 ont modifié cette situation. Les chocs au niveau de la consommation ont réduit la demande et les importations mondiales de poulets de chair s'en ressentent. Donc les prix restent à la baisse, réduisant ainsi les profits des industriels du secteur et menaçant les moyens d'existence des ménages et l'emploi rural dans les pays en développement. En Europe, les chocs à la consommation ont entraîné une chute des prix de 70 % en Italie à la mi-février 2006, de 20 % en France et de 10 % dans le nord de l'Europe. Ces baisses rappellent un peu la situation fin 2005, lorsque les craintes des consommateurs vis-à-vis de la grippe aviaire avaient fait reculer la consommation annuelle de 1 % dans 15 pays de l'Union européenne. En Afrique, les habitants des pays touchés par la grippe aviaire, notamment l'Egypte et le Nigeria, évitent désormais de consommer des volailles et des oeufs, imités en cela dans les pays voisins, même si ces derniers sont encore épargnés. En Inde, des rapports font état d'une baisse de la consommation de l'ordre de 25 %, qui aurait entraîné une chute des prix de 12-13 % et une révision à la baisse des perspectives de production. Aux Etats-Unis, les prix à l'exportation des poulets de chair, qui avaient atteint des niveaux records en octobre dernier, ont chuté de 13 % du fait de la baisse des livraisons pour l'Europe orientale et l'Asie centrale en novembre et décembre 2005. Au Brésil, où les exportations représentent environ 30 % de la production totale de volailles, les prix des poussins et les indicateurs de production sont en forte baisse. Les éleveurs de volailles de basse-cour dans beaucoup de pays en développement sont gravement affectés par la crise : moyens d'existence et sécurité alimentaire menacés, notamment perte substantielle de revenus. A titre d'exemple, au Nigeria, certains éleveurs/producteurs ont essuyé de lourdes pertes du fait à la fois de l'abattage des poulets et de la chute des prix alors que les ouvriers agricoles sont, à présent, sans emploi. La crise a également affecté le secteur de l'alimentation des animaux en Europe dont le chiffre d'affaires est estimé à 42 milliards de dollars et qui a subi des pertes au niveau de la demande allant jusqu'à 40 % dans certains pays. Quelque 200 millions de volailles ont été abattues ou ont été emportées par l'influenza aviaire depuis le début de la crise fin 2003.
L’épidémie de grippe aviaire permet de faire plusieurs constats sur le plan social tels que les inégalités de distribution de la maladie et d’accès aux médicaments dans le monde, les limites auxquelles est confronté le pouvoir médical, les carences et les incohérences à travers la gestion de la crise sanitaire par les instances internationales. L'effet le plus dramatique de la maladie est dans les décès rapportés de 22
personnes en Thaïlande et au Vietnam qui ont contracté la grippe aviaire par le contact avec les oiseaux infectés. Heureusement, jusqu'ici, le transfert interhumain de l'infection n'a pas été détecté. L'abattage et la destruction des volailles afin de supprimer et contrôler la propagation de la maladie a un impact négatif sur les revenus des producteurs et leurs employés. Un tel impact serait plus grand sur les petites familles productrices de volailles, pour qui la commercialisation de leur production de volailles est leur source unique de revenu.
Le Maroc est, plus que jamais, concerné par l’effrayante actualité de la pandémie de grippe aviaire dont les victimes humaines approchent déjà la centaine dans plusieurs pays du monde. La grippe aviaire approche à pas de géants. La France est concernée, tout comme l’Espagne et l’Italie, entre autres pays d’Europe Occidentale. L’Algérie a enregistré son premier, cas le samedi 21 janvier 2006. Le virus est à nos frontières. Même si aucun cas de grippe aviaire n'est signalé pour l'heure au Maroc, la psychose est bien présente. L'impact psychologique gagne du terrain et les pouvoirs publics se veulent rassurants. Mais, l'impact économique est sans appel, surtout après que le virus a été trouvé dans des pays voisins. Difficile de convaincre les populations. Depuis cinq mois, les pertes enregistrées par les aviculteurs se chiffrent à près de 560 millions de DH. Mensuellement, le volume du manque à gagner est allé crescendo depuis le début de la crise en septembre 2005. En octobre, les pertes enregistrées étaient de 13 millions de DH, en novembre de 47 millions, en décembre de 95 millions, en janvier de 185 millions de pertes et en février de 216 millions de DH, selon la FISA (Fédération des aviculteurs). Les consommateurs boudent bel et bien la volaille dont les prix ont chuté de manière significative depuis le début de l'année. « Le comité de pilotage de l'Observatoire épidémiologique national en aviculture (OENA) recommande au public de ne pas céder à la panique et de ne pas confondre l'influenza aviaire, absente dans notre pays à l'heure actuelle et qui est une maladie des oiseaux dont la transmission à l'homme est très rare et nécessite des conditions particulières, et la pandémie de grippe humaine qui reste une hypothèse basée sur une éventuelle mutation du virus H5N1». Les marocains sont de plus en plus nombreux à éviter la consommation du poulet et de la dinde. Ce changement d'habitude alimentaire sanctionne au premier lieu le secteur de l'aviculture. La courbe des prix de poulet est en chute libre. En décembre 2005, le prix a atteint 7,50 dhs le kilo, tandis qu’en 2004 dans la même période, il était à 10,50 dhs le kilo, soit une baisse de 30%. Le scepticisme des marocains vis-à-vis de l'information officielle ne fait qu'accroître leur rejet de la viande blanche. Et la présence d'un cas de grippe aviaire en Algérie n'est pas pour calmer les esprits. La sonnette d'alarme est tirée. Le virus H5N1 est à nos portes.
En effet, la première mesure de lutte consistera à supprimer tous les réservoirs aviaires susceptibles de contribuer à la propagation de l’épidémie, ce qui explique les destructions massives de poulets et autres volailles dans les zones touchées. On voit donc que les mesures de prévention qui seront prises, ne sont pas neutres, et en dehors des souffrances éprouvées par les malades, cette affection peut désorganiser les structures économiques et sociales et peut freiner le développement des communautés touchées. Et pour la première fois, avec la grippe aviaire, nous sommes face à une maladie "globale" dont aucun pays ne sortira totalement indemne. Le fléau de la grippe aviaire risque d’atteindre des proportions apocalyptiques s’il franchit le virage culminant de la contamination inter humaine. Les experts de l’Organisation Mondiale de Santé (OMS) estiment dans leur scénario catastrophe le nombre de décès à travers le monde entre 150 et 450 millions parmi le milliard de personnes qui seraient touchées par la pandémie.