René Descartes
René Descartes René Descartes, né le 31 mars 1596 à La Haye en Touraine, aujourd'hui dénommée Descartes, et mort à Stockholm dans le glacial palais royal de Suède le 11 février 1650, est un mathématicien, physicien et philosophe français. Plus qu'un penseur scientifique, cet observateur singulier en son temps, contemporain de Poussin, est considéré comme l'un des fondateurs de la philosophie moderne. Sa méthode, exposée à partir de 1637 dans le Discours de la méthode, et développée par la suite, affirme constamment une rupture par rapport à la scolastique enseignée dans l'université, quitte à stigmatiser la méfiance ou la haine de courants pédagogiques : la réflexion cartésienne est devenue essentiellement rationaliste, alors qu'elle est d'abord une découverte de la liberté, intimement liée à la joie de penser et de modéliser à partir de l'entité simple, de l'élément connu en usant d'un supposé bon sens partagé par tous. La démarche est libérée de la contrainte du livre et de la référence savante. Construite sur le doute et l'observation, la méthode apporte joie et liberté au penseur Descartes. Le "je pense donc je suis" qui en est l'âme est aussi sa définition personnelle de l'âme. En usant de la raison seule dans l'étude des phénomènes, Descartes fait figure d'apôtre de la modélisation scientifique. L'analyse ou anatomie minutieuse débouche sur une reconstruction, un véritable "comment ça marche", voire une cosmogonie palpitante. En dissociant la matière ou le corps machine de l'âme ou de la vie de l'esprit, le cavalier Descartes fonde une nouvelle métaphysique radicalement différente de l'ancienne qu'il fracasse, la charge ouvre notamment la voie à des penseurs de la morale, à un Malebranche et à pléthore de spécialistes des animaux-machines à l'époque des Lumières, ainsi qu'un surprenant christianisme épiscopal cartésien ou à des religions naturelles que sont le déisme et le théisme. Le méticuleux Spinoza qui a lu Descartes a pris ses distances. L'évolution philosophique s'inscrit apparemment en prudente réaction au procès de Galilée qu'il soutient dès 1633, mais plus sûrement dans une quête des racines qu'il pense métaphysiques de l'arbre-tronc physique. Descartes a une influence considérable sur la pensée scientifique et religieuse, principalement en France et par conséquent dans l'Europe savante. L'impact cartésien concerne des questions théologiques et des ordonnances de gestion pratiques, de l'âme chrétienne jusqu'à l'arpentage en mille-carré du Nouveau Monde. On ne peut pourtant attribuer à Descartes l'entière paternité de la philosophie moderne, ni même de la variante cartésienne puisque ce sage jugeait nuisible un quelconque usage ou imposition politique de la philosophie.
Biographie René Descartes est né le 31 mars 1596 à La Haye en Touraine aujourd'hui devenue Descartes, dans une famille bourgeoise aisée de Touraine. Il est le troisième enfant de Joachim Descartes, conseiller au parlement de Rennes. Sa mère meurt un an après sa naissance, et Descartes est élevé par sa grand-mère et son père. Enfant maladif, il se fait remarquer par ses dons intellectuels précoces. Son père l'appelle son petit philosophe, car René ne cesse de poser des questions[1] .
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2 À l'âge de onze ans, Descartes entre au Collège royal Henri-le-Grand, où enseignent les Jésuites, et il y reste jusqu'à l'âge de 18 ans ; il reçoit un traitement de faveur en raison de sa mauvaise santé et de ses dons. Il apprend la physique et la philosophie scolastique et étudie avec intérêt les mathématiques. Il ne cesse de répéter, en particulier dans son Discours de la méthode combien ces études lui paraissent incohérentes et fort impropres à la bonne conduite de la raison. De cette période, nous ne conservons qu'une lettre d'authenticité douteuse (elle est peut-être de l'un de ses frères), lettre que Descartes aurait écrite à sa grand-mère.
En 1616, il obtient son baccalauréat et sa licence de droit à l'université de Poitiers. Après ses études, il part vivre à Paris. De cette époque date un Statue de René Descartes à La Haye-Descartes. probable traité d'escrime. Il finit par se retirer en solitaire dans un quartier de la ville pour se consacrer à l'étude pendant deux années de vie cachée : Heureux qui a vécu caché est alors sa devise, il aura coutume d'affirmer, rejetant les artefacts et les prétentions de la reconnaissance sociale ou de la célébrité, qu'il préfère en toute chose avancer masqué. Il a déjà entrepris d'étudier le grand livre du monde. Souhaitant voir du pays pendant sa jeunesse, l'excité entraîné par un "coup de foie", comme il se décrit plus tard, s'engage en 1618 en Hollande à l'école de guerre de Maurice de Nassau, prince d'Orange. Il fait la même année la connaissance du physicien Beeckman. Ce savant apothicaire avait coutume de cerner des problèmes non résolus de mathématiques et de physique, avec son cercle d'amis, et d'afficher les questions en souffrance sous forme de concours en des lieux de passage, proposant une récompense à celui qui ajouterait une voie vers une solution valable. Alors que maintes questions n'avaient trouvé aucun penseur et encore moins de réponse, un jeune cavalier français inconnu planche sur les problèmes des affichettes et rafle les récompenses avec brio, les solutions simples fascinent le cercle flamand et ainsi naît une amitié scientifique. Le jeune Descartes sort de l'ombre et adresse les premières lettres que nous avons conservées, ainsi qu'un compendium érudit sur la musique baroque, l'Abrégé de musique, objet de sa fascination du moment, à son aîné Isaac Beeckman. Le physicien Beeckman, promu en véritable détecteur de talent, tient un journal de recherches, il y relate les idées sur les mathématiques, la physique, la logique, la chimie etc. que Descartes lui communique au gré de leurs discussions à bâton rompu ou de leurs échanges épistolaires ; Descartes consacre ses heures de loisir, mais aussi de veille imposée au corps de garde, à la lecture et à la réflexion, à l'étude des mathématiques et des phénomènes physiques.
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En 1619, Descartes quitte la Hollande pour le Danemark, puis l'Allemagne, où la guerre de Trente Ans éclate, et assiste au couronnement de l'Empereur Ferdinand à Francfort. Il s'engage alors dans l'armée du duc Maximilien de Bavière. Cette année-là, Descartes s'intéresse à l'ordre légendaire de la Rose-Croix dont il ne trouvera jamais aucun membre. Son appartenance à cette fraternité, de même que l'existence même de cette fraternité à cette époque, est contestée. Toujours est-il que dans le contexte qui suivit la condamnation des écrits favorables à l'héliocentrisme (1616), en France et en Allemagne, on parlait beaucoup des idées de cette prétendue fraternité. Il nia y avoir appartenu. Il émet René Descartes. un projet, Le trésor mathématique de Polybe le Cosmopolite, dédié "aux érudits du monde entier, et spécialement aux F.R.C. [Frères Rose-Croix], très célèbres en G. [Germanie]"[2] C'est pendant ses quartiers d'hiver (1619 - 1620) à Neubourg que se révèle à lui une pensée décisive pour sa vie. Le 10 novembre 1619, il fait en effet trois songes exaltants qui l'éclairent sur sa vocation : « Le 10 novembre 1619 lorsque rempli d'enthousiasme je trouvai le fondement d'une science admirable… » (Olympiques, fragment) Baillet en a fait le récit, dont voici le début : « La recherche qu'il voulut faire de ces moyens, jeta son esprit dans de violentes agitations, qui augmentèrent de plus en plus par une contention continuelle où il le tenait, sans souffrir que la promenade ni les compagnies y fissent diversion. Il le fatigua de telle sorte que le feu lui prît au cerveau, et qu'il tomba dans une espèce d'enthousiasme, qui disposa de telle manière son esprit déjà abattu, qu'il le mit en état de recevoir les impressions des songes et des visions. Il nous apprend que le dixième de novembre mille six cent dix-neuf, s'étant couché tout rempli de son enthousiasme, et tout occupé de la pensée d'avoir trouvé ce jour-là les fondements de la science admirable, il eut trois songes consécutifs en une seule nuit, qu'il s'imagina ne pouvoir être venus que d'en haut. » Il raconte alors comment il s'enferme dans son poêle[3] et conçoit sa méthode. La légende raconte qu'alité, il regarde le plafond au plâtre fissuré et imagine un système de coordonnées, permettant de décrire lignes, courbes et figures géométriques par des couples de nombres arithmétiques, dont il ne reste qu'à analyser les propriétés. Il fait alors vœu d'un pèlerinage à Notre-Dame de Lorette à Loreto (accompli finalement en 1623), renonça à la vie militaire et, de 1620 à 1622, il voyage en Allemagne et en Hollande, puis revient en France. Ce qu'il a écrit pendant cette période se trouve dans un petit registre mentionné dans l'inventaire fait à Stockholm après sa mort, mais il est aujourd'hui perdu. Il nous est néanmoins connu par Baillet et par Leibniz qui en avait fait des copies. Ces copies furent retrouvées par Foucher de Careil et publiées en 1859 sous le titre Cogitationes Privatae. Mais il se trouve qu'elles ont depuis de nouveau disparu. De cette époque nous possédons également un De Solidorum elementis.
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René Descartes En 1622, Descartes estime sa fortune suffisante pour ne pas avoir à travailler ; il règle ses affaires de famille et recommence à voyager, visitant l'Italie. De l'été 1625 à l'automne 1627, Descartes est de nouveau en France. Il rencontre le père Marin Mersenne à Paris et commence à être connu pour ses inventions en mathématiques. Il fréquente le monde, cherche la compagnie des savants et se bat en duel. Mais, à l'automne 1627, chez le nonce du pape, le cardinal de Bérulle lui fait obligation de conscience d'étudier la philosophie. Il part alors à la campagne, en Bretagne, pendant l'hiver 1627 - 1628. C'est de cette époque (1622 - 1629) que datent divers traités de mathématiques (sur l'algèbre, l'hyperbole, l'ellipse, la parabole) connus par le journal de Beeckman, et d'autres petits traités qui sont perdus. L'œuvre la plus importante de cette période s'intitule les Règles pour la direction de l'esprit. Cherchant la solitude, il décide de s'installer dans les Provinces-Unies ; il y fait d'abord un bref séjour à l'occasion duquel il va voir Beeckman, mais revient probablement à Paris pendant l'hiver 1628, puis s'installe définitivement en Hollande au printemps 1629. Sa vie est entièrement consacrée à l'étude. Il s'inscrit à l'Université de Franeker. Il continue pourtant de se déplacer (de 1629 à 1633 : Franecker, Amsterdam, Leyde, Deventer). Souhaitant ne pas être dérangé, il n'indique jamais sur ses lettres le vrai lieu où il se trouve, mais donne le nom de quelques villes. À Amsterdam, Descartes vit au centre de la ville, dans la Kalverstraat, le quartier des bouchers, ce qui lui permet de faire de nombreuses dissections. Il rencontre des savants : Reneri, Hortensius, Plempius, Schooten, etc. Ses rencontres, comme sa volonté de vivre solitaire, sont ainsi toujours subordonnées à sa passion de la recherche. Il commence en 1629 un Traité de métaphysique (aujourd'hui perdu), mais il ne semble pas que ses pensées se soient encore dirigées vers les thèses des Méditations métaphysiques. S'il formule néanmoins le 15 avril 1630 sa théorie de la création des vérités éternelles, c'est qu'il s'interroge sur la place de la science ; sa métaphysique se développe ainsi d'après ses réflexions de physique, et il ne tire pas encore au clair tous les fondements qui seront exprimés dans ses ouvrages ultérieurs. Mais Descartes s'occupe également de mathématiques : il tente de réformer le système de notation et introduit l'usage des lettres de l'alphabet latin. C'est en 1631, quand Gollius lui proposa le problème de Pappus, qu'il découvre les principes de la géométrie analytique. Il commence les Météores à l'occasion de l'observation des parhélies (observations faites à Rome, en 1629). Il étudie l'optique, découvre les lois de la réfraction, et achève la rédaction de la Dioptrique. Enfin, Descartes veut expliquer tous les phénomènes de la nature : il étudie les êtres vivants et fait de nombreuses dissections à Amsterdam pendant l'hiver 1631 - 1632. De là viendront le Monde et le Traité de l'homme. Les observations anatomiques de Descartes nous sont connues par les copies de Leibniz et des fragments (Excerpta anatomica, Primae cogitaniones circa generationem animalium, Partes similares et excrementa et morbi, ce dernier daté de 1631). Mais les dates de certains textes sont incertaines (pour certains jusqu'à 1648 peut-être). Les lettres de cette période le montrent tout occupé de science ; on trouve néanmoins quelques remarques d'esthétique sur la musique. Elles nous renseignent également sur son caractère susceptible et dur, méprisant l'irrésolution. Dans sa lettre à Mersenne du 4 novembre 1630, Descartes dit songer à faire un traité de morale. L'infatigable père Mersenne se trouve au centre d'un réseau de mathématiciens et de scientifiques de nombreux pays. La biographie du religieux Mersenne montre qu'il est l'animateur
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incontournable de la vie scientifique à Paris et un des premiers vigoureux partisans de la pensée du Descartes en France, alors que ce dernier voyageur n'a publié aucun ouvrage phare. En novembre 1633, Descartes apprend que Galilée a été condamné. Il renonce par prudence à publier le Traité du monde et de la lumière qui ne paraîtra qu'en 1664. Le Saint-Office, le 24 février 1616, avait condamné les propositions : Sol est centrum mundi et omnino immobilis motu ; en 1620, un décret de la Congrégation des cardinaux avait autorisé de supposer le mouvement de la Terre par hypothèse. Mais l'ouvrage de Galilée, Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo (le dialogue sur les deux grands systèmes du monde), fut condamné le 22 juin 1633. L'hypothèse du mouvement de la Terre selon le modèle copernicien (héliocentrisme) ne pouvait être prise en compte que s'il était clair que l’analyse était effectuée dans une perspective purement mathématique. Descartes reçoit de Beeckman l'année suivante (1634) le livre de Galilée qui lui valut cette condamnation. Il décide alors de donner une autre orientation à son œuvre : ce sera le Discours de la méthode (en 1637) et les essais qui le suivent, en particulier les Méditations métaphysiques (1641) et les Principes de la philosophie (1644). À la fin de 1633, Descartes quitte Deventer pour Amsterdam ; en 1635, il est à Utrecht. Il passe ensuite à Leyde (où il avait déjà été en 1630) et s'arrête à Santpoort en 1637. De
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à
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Descartes
vit
principalement à Santpoort. Période heureuse, il publie en français le Discours de la méthode et fait venir auprès de lui Hélène Jans, une simple servante devenue compagne et amie. En août 1635, il a et reconnaît avec Hélène une fille baptisée, Francine. Mais la fillette Francine meurt en septembre 1640, laissant un Descartes épleuré, montrant sans fausse pudeur des larmes à ses amis. Un mois plus tard, Descartes perd son père, âgé de soixante-dix-huit ans et doyen du Parlement de Bretagne. Ces deux disparitions rapprochées seront la période du « plus grand regret qu'il eût jamais senti de sa vie ». Le 31 mars 1641, l'auteur reconnu s'installe dans le petit château d'Endegeest, agrémenté d'un beau jardin, de vergers et Descartes et la reine Christine. de prairies. C'est là qu'il reçoit l'abbé Picot, l'abbé de Touchelaye, le conseiller Jacques Vallée Desbarreaux et de nombreux amis. Vers 1640, d'après le De metallorum transmutatione de Daniel Morhof (1673), il fait quelques expériences d'alchimie (ou chimie) avec son ami Cornelis Van Hogelande[4] , mais il rejette la théorie des trois Substances (Soufre, Sel, Mercure) de Paracelse[5] En 1641, il répond aux objections de Hobbes contre ses Méditations métaphysiques, publiées en latin, et doit subir les premiers feux d'une longue controverse, dite querelle
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d'Utrecht, initiée de façon peu amène par le prédicateur Voetius. Les partisans de Voetius, en particulier le prête-nom Schoop, accusent publiquement ce vagabond penseur instable et épris de bougeotte, de détourner la jeunesse des vertus studieuses. Ils n'hésitent pas à pourfendre en chaire un philosophe, épris du doute divin, sans résidence et certitude fixes, un inventeur d'une fausse méthode assimilable, par ses techniques fumeuses de pensée et ses creuses méditations spirituelles, à une apologie de la fainéantise ou de la rêverie en chambre. En 1643, il rencontre Élisabeth de Bohême, fille de l'électeur Palatin détrôné en exil en Hollande, et commence une abondante correspondance avec la merveilleuse jeune femme d'esprit. L'intérêt et les incessantes interrogations pertinentes d'Élisabeth stimulent le penseur qui s'attèle à la rédaction du Traité des Passions (1649). Il fait trois séjours en France (1644, 1647 et 1648). C'est au cours du second qu'il rencontre Pascal et qu'il lui inspire les expériences du Puy-de-Dôme sur la pression atmosphérique. En 1650, il accepte l'invitation de la reine Christine à Stockholm ; la rigueur du climat et l'horaire matinal de ses entretiens avec la reine avant 5 heures du matin sont inhabituels au penseur et ont raison de sa santé. Il n'a hâte que de partir au retour du printemps, mais meurt d'une pneumonie le 11 février 1650. En 1667, les restes de Descartes furent rapatriés en France. Depuis 1819, sa tombe est à l'église Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Bien que la Convention nationale, en 1792, ait projeté de transférer ses cendres au Panthéon de Paris avec les honneurs dus aux grands hommes, ses restes sont, deux siècles plus tard, toujours « coincés » entre deux autres pierres tombales - celles de Jean Mabillon et de Bernard de Montfaucon - dans une chapelle abbatiale de l'église Saint-Germain-des-Prés, à Paris. L'arrêté de la Convention n'a toujours pas été appliqué.
Le projet cartésien : la recherche d’une science universelle Quand Descartes commence à s'intéresser aux sciences, la domination de l'aristotélisme est discutée. Il y a au XVIIe siècle une influence des courants philosophiques du stoïcisme, de l'augustinisme et du scepticisme – plus particulièrement en ce qui a trait à l'influence de Montaigne, qui constitue à cet égard une figure représentative du doute et du scepticisme qui anime l'époque. Le doute sceptique est une question qui intéresse son siècle : on a conscience de ne pas posséder une vérité indubitable, surtout dans le domaine des mœurs et des opinions, mais on la cherche : le cheminement vers le doute s'oriente vers la vérité. Les idées de la fraternité de Rose-Croix étaient aussi très répandues en Allemagne et en France autour des années 1620. Par ailleurs, la controverse ptoléméo-copernicienne sur les deux systèmes du monde (géocentrisme vs
Descartes par Moncornet.
héliocentrisme fait rage dans le milieu scientifique et religieux (voir révolution copernicienne). Les thèses héliocentriques font leur chemin. Elles remettent en cause
René Descartes certains fondements de la religion chrétienne : en effet quelques passages cosmologiques de la Bible, interprétés littéralement, laissent entendre que la Terre est immobile. Les systèmes d'Aristote et de Ptolémée décrivaient aussi la Terre fixe au centre de l'univers. Il n'est pas possible de débattre tout-à-fait librement de l'héliocentrisme depuis l'interdiction de 1616 par l'Église. Galilée, célèbre partisan de la doctrine héliocentrique, après avoir convaincu une partie des autorités de l'Église, est finalement condamné à l'emprisonnement en 1633 par un tribunal ecclésiastique. Son ami le pape Urbain VIII commue sa peine en assignation à résidence. Descartes avait écrit en 1632-1633 un traité du monde et de la lumière, dans lequel il défendait la thèse de l'héliocentrisme[6] . Descartes apprit en 1633 la condamnation de Galilée, puis il reçut en 1634 de son ami Beeckman le dialogue sur les deux grands systèmes du monde, le livre qui valut à Galilée sa condamnation. C'est la raison pour laquelle, par sincère soumission aux autorités ecclésiastiques, il renonça à publier son traité du monde et de la lumière. Pensant que Galilée avait manqué de méthode pour défendre la thèse de l'héliocentrisme, il préféra s'orienter vers une carrière philosophique. Avec Descartes, les outils mathématiques permettent le développement d'une science nouvelle, la dynamique, issue de l'astronomie et de la physique. Les sciences deviennent des disciplines autonomes qui se passent de la métaphysique. L'école scolastique a manqué sur les questions d'observation, elle est discréditée. C'est la révolution copernicienne. Descartes, avide de connaissances, s'interrogea sur la place de la science dans la connaissance humaine. Il approuvait le projet de Galilée de rendre compte de la nature en langage mathématique, mais il lui reprochait son manque de méthode, d'ordre, et d'unité. Toute la philosophie cartésienne aura pour préoccupation constante de ramener l'étude d'objets particuliers à quelques principes premiers, dont le fameux cogito. Dans son ouvrage sur les Règles pour la direction de l'esprit (1629), Descartes avait fait l'inventaire de nos moyens de connaître, et avait privilégié l'intuition et la déduction, sans négliger l'imagination et la mémoire (règle douzième). Après le procès de Galilée, le projet philosophique de Descartes se présente alors en trois étapes principales correspondant aux trois œuvres suivantes : Le discours de la méthode (1637) Descartes commença donc par élaborer une méthode qu'il voulait universelle, aspirant à étendre la certitude mathématique à l'ensemble du savoir, et espérant ainsi fonder une mathesis universalis, une mathématique universelle. C'est l'objet du Discours de la méthode (1637). Il affirme ainsi que l'univers dans son ensemble (mis à part l'esprit qui est d'une autre nature que le corps) est susceptible d'une interprétation mathématique. Tous les phénomènes doivent pouvoir s'expliquer par des raisons mathématiques, c'est-à-dire par des figures et des mouvements conformément à des « lois ». Descartes juge la méthode scolastique, inspirée de l'Antiquité et de la tradition judéo-chrétienne, comme trop « spéculative », déclarant dans le discours de la méthode (sixième partie) : « Au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connoissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connoissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi
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René Descartes nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. » Les méditations sur la philosophie première (1641) Mais il sentira la nécessité d'un fondement métaphysique pour la connaissance, fondement lié à la théologie qui permettrait d'affermir la religion. La métaphysique cartésienne, qu'il expose dans les méditations sur la philosophie première (1641), a ainsi une double fonction, et le but serait atteint si l'on met en évidence les principes premiers dont on peut déduire tout le reste : le cogito. Toutefois, dans les méditations, Descartes semble montrer des réticences à s'étendre sur la notion scolastique de substance, qui se trouve pourtant au cœur de la métaphysique. Cette notion ne sera vraiment abordée par Descartes que dans les Principes de la philosophie[7] . Les Principes de la philosophie (1644) La métaphysique cartésienne devient le point de départ de toutes les connaissances jusqu'à la morale qui en est le fruit. Dans les Principes de la philosophie (1644), Descartes compare la philosophie à « un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc la physique, et les branches toutes les autres sciences, les principales étant la mécanique, la médecine et la morale… » Le projet cartésien s'inscrit donc dans une conception morale de la recherche de la vérité : « C'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n'est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu'on trouve par la philosophie ; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que n'est l'usage de nos yeux pour guider nos pas. Les bêtes brutes, qui n'ont que leur corps à conserver, s'occupent continuellement à chercher de quoi le nourrir ; mais les hommes, dont la principale partie est l'esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture ; et je m'assure aussi qu'il y en a plusieurs qui n'y manqueraient pas, s'ils avaient espérance d'y réussir, et qu'ils sussent combien ils en sont capables. Il n'y a point d'âme tant soit peu noble qui demeure si fort attachée aux objets des sens qu'elle ne s'en détourne quelquefois pour souhaiter quelque autre plus grand bien, nonobstant qu'elle ignore souvent en quoi il consiste. Ceux que la fortune favorise le plus, qui ont abondance de santé, d'honneurs, de richesses, ne sont pas plus exempts de ce désir que les autres ; au contraire, je me persuade que ce sont eux qui soupirent avec le plus d'ardeur après un autre bien, plus souverain que tous ceux qu'ils possèdent. Or, ce souverain bien considéré par la raison naturelle sans la lumière de la foi, n'est autre chose que la connaissance de la vérité par ses premières causes, c'est-à-dire la sagesse, dont la philosophie est l'étude. Et, parce que toutes ces choses sont entièrement vraies, elles ne seraient pas difficiles à persuader si elles étaient bien déduites. » (les Principes de la philosophie, lettre-préface de l'édition française des principes)
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Moyens d’accès à la connaissance Dans les Règles pour la direction de l'esprit (1629), Descartes expose son intention d'orienter les études de façon que l'esprit porte des « jugements solides et vrais » (première règle). Il y a nécessité d'élaborer une méthode pour parvenir à la recherche de la vérité, car la méthode est « la voie que l'esprit doit suivre pour atteindre la vérité. » (règle quatrième). Les principes de la méthode sont innés en nous, et valables pour conduire sa raison en ordre vers la vérité, et cela dans toutes les sciences. Descartes revient sur ce qui est immédiatement évident, à savoir la condition de la connaissance. Il existe donc pour Descartes des propositions simples qui, dès qu'elles sont pensées, sont tenues pour vraies : rien ne produit rien, une seule et même chose ne peut à la fois être et ne pas être, etc[8] . Ces propositions ne sont pourtant pas données, elles s'appuient sur des cas généraux, mais sont saisies en tant que telle par la pensée. C'est au moyen d'une intuition que la pensée saisit de façon évidente les éléments les plus simples, c'est-à-dire les principes (règle cinquième). Descartes passe en revue les moyens d’accès à la connaissance, indiquant dans la huitième règle : « Et d’abord nous remarquerons qu’en nous l’intelligence seule est capable de connaître, mais qu’elle peut être ou empêchée ou aidée par trois autres facultés, c’est à savoir, l’imagination, les sens, et la mémoire. » Pour parvenir à la certitude, tout doit être reconstruit ; Descartes va ainsi s'efforcer de bâtir la science en un fonds qui soit tout à lui. Mais la première condition pour bâtir l'édifice des sciences certaines, c'est que l'esprit se crée ses propres instruments, au lieu d'emprunter à autrui des outils dont il n'a pas éprouvé la rigueur. Quelqu'un qui veut exercer l'art de forgeron sans encore en avoir les outils, devra se forger pour son usage avec les moyens de la nature les outils dont il a besoin[9] . Cet instrument que se forge lui-même l'esprit, ce sont les règles de la méthode. Il faut se servir de « toutes les ressources de l’intelligence, de l’imagination, des sens, de la mémoire, pour avoir une intuition distincte des propositions simples » (règle douzième). La méthode sera pour Descartes le point de départ de toute philosophie, car elle « prépare notre entendement pour juger en perfection de la vérité et nous apprend à régler nos volontés en distinguant les choses bonnes d'avec les mauvaises. »[10] . La grande préoccupation de Descartes est ainsi d'atteindre la certitude. C'est pourquoi il se méfie des connaissances qui viennent des sens et des livres, car ce ne sont là que des certitudes paresseuses, quand il ne s'agit pas seulement de probabilité, et, par ce moyen, nous ne pouvons trouver la vérité que par hasard et non par méthode.
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Le Discours de la méthode (1637) Descartes publia des extraits du Traité du monde et de la lumière (la Dioptrique, les Météores, la Géométrie) et introduisit une préface, intitulée discours de la méthode, pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences, qui est restée célèbre.
Intuition et déduction C'est à partir de ses intuitions des principes que Descartes propose de raisonner, c'est-à-dire de nous avancer dans la connaissance au moyen de la déduction. La déduction est ainsi un mouvement de la pensée, consistant en une série d'intuitions enchaînées, mises en relation par ce mouvement continu de l'esprit. Par ces séries d'intuitions reliées par le raisonnement, nous ramenons ce qui est inconnu aux principes, c'est-à-dire à ce qui est connu. Ainsi, en raisonnant sur la base de l'évidence, la pensée étend son domaine de connaissance au-delà des principes. La méthode de Descartes ne prétend pas déduire a priori les phénomènes. Mais c'est l'expérience des cas particuliers qui met la pensée en mouvement, et cette pensée déduit et trouve de nouvelles connaissances. Néanmoins, si ce ne sont pas les causes qui prouvent les effets, il reste que la vérité est établie par des déductions à partir de principes, plutôt que par l'accord avec l'expérience. Ainsi Descartes est-il rationaliste quand il estime que la déduction est par elle-même suffisante pour valider la connaissance, et que ce sont les causes prouvées par l'expérience qui expliquent l'expérience. Cependant, lorsque l'expérience n'est pas conforme à ses principes, Descartes préférera privilégier les principes plutôt que de se plier à la réalité des résultats expérimentaux, parfois à l'excès. Sur ce point, Newton s'opposera au cartésianisme, attribuant la plus grande importance à l'adéquation entre les théories scientifiques et les faits expérimentaux, quitte pour cela à ne pas former d'hypothèses (par exemple sur la nature de la force gravitationnelle). La science est certes pour Descartes un système hypothético-déductif s'appuyant sur l'expérience, mais il reste que pour lui il devrait être possible de comprendre le monde physique par une théorie explicative complète prenant la forme d'une algèbre universelle. Cette méthode scientifique étant établie, se pose alors la question de savoir quels sont les premiers principes : sur quoi notre pensée peut-elle se fonder pour s'assurer la certitude de ses connaissances ? Nous pouvons en effet douter de toutes nos connaissances. Dans la sixième partie du discours de la méthode, Descartes indique qu'il a cherché à trouver les « principes ou premières causes de tout ce qui est ou qui peut être dans le monde, sans rien considérer pour cet effet que Dieu seul qui l'a créé ». La certitude que Descartes se propose de trouver est au contraire absolue, et c'est une certitude analogue à celle des démonstrations mathématiques qui nous font voir avec évidence que la chose ne saurait être autrement que nous la jugeons et qui ne donne pas prise au scepticisme : « Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations, m'avaient donné occasion de m'imaginer que toutes les choses qui peuvent tomber sous la connaissance des hommes s'entresuivent en même façon, et que, pourvu seulement qu'on s'abstienne d'en recevoir aucune pour vraie qui ne le soit, et qu'on garde toujours l'ordre qu'il faut pour les déduire les unes des autres, il n'y en peut avoir de si éloignées auxquelles enfin on ne parvienne, ni de si cachées qu'on ne découvre. »
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René Descartes Ainsi, par le nom de science, Descartes n'entend-il rien d'autre qu'une connaissance claire et distincte. Le point de départ de la théorie de la connaissance, ce qui sera retenu tout particulièrement par un cartésien comme Nicolas Malebranche, c'est la simplicité et la clarté des premiers éléments. Mais cette pensée de l'évidence serait vide si elle ne prenait pour matière l'expérience, et ne procédait par induction, c'est-à-dire par l'énumération des éléments d'une question à résoudre. Seule une telle connaissance, en augmentant notre savoir, « en formant notre esprit à porter des jugements solides et vrais sur tout ce qui se présente à lui » (Règles, I) peut nous permettre de posséder toute la certitude et la vérité dont notre esprit est capable. C'est pourquoi il faut dire également que toutes nos connaissances dépendent de notre entendement, et que ce dernier procède de la même manière dans toutes les sciences. Il y a ainsi pour Descartes une unité de la méthode, et il ne peut y avoir qu'une méthode vraie qui exprime l'unité et la simplicité essentielle de l'intelligence : la méthode en est la manifestation ordonnée.
Préceptes de la méthode Les règles de la méthode sont ainsi présentées par Descartes dans le Discours de la méthode : «[…] comme la multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices, en sorte qu'un état est bien mieux réglé lorsque, n'en ayant que fort peu, elles y sont fort étroitement observées ; ainsi, au lieu de ce grand nombre de préceptes dont la logique est composée, je crus que j'aurais assez des quatre suivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de ne pas manquer une seule fois à les observer. » • l'évidence : « Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c'est-à-dire, d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute. » • l'analyse : « Le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourrait, et qu'il serait requis pour les mieux résoudre. » • la synthèse et le raisonnement : « Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connaissance des plus composés, et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres. » • le dénombrement : « Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre. »
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Les Méditations métaphysiques (1641) Le doute méthodique et le cogito avaient été esquissés dans le Discours de la méthode. Les contemporains demandèrent à → Descartes de plus amples explications sur sa métaphysique. Descartes aborde ces sujets dans les Méditations sur la philosophie première. Avant la publication, il demanda à son correspondant, Marin Mersenne (qui avait écrit les Questions sur la Genèse, 1623), de recueillir les objections des plus grands esprits de l'époque (1640).
Le doute méthodique Pour s'assurer de la solidité de nos connaissances, il nous faut trouver une bonne fois pour toutes un fondement inébranlable à partir duquel nous pourrions déduire tout le reste. Ainsi peut-on dire que la méthode cartésienne commence en réalité par la mise en doute systématique de toutes les connaissances qui nous semblent évidentes. Mais il faut tout d'abord faire quelques remarques sur l'exposition de la pensée cartésienne. Bien que Descartes écrive le Discours de la Méthode en français pour rejoindre une plus large audience (il s'agit du tout premier ouvrage philosophique à être écrit en français, le latin étant alors utilisé comme langue de la science), il ne conseille pas de le suivre dans les voies qu'il a explorées : • parce qu'il faut faire par soi-même l'épreuve de nos
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connaissances pour parvenir à la certitude ; Descartes ne peut être certain pour son lecteur. Le doute et la méthode ont donc des aspects subjectifs très marqués, alors même que Descartes espère fonder les sciences. • parce que certains esprits n'en sont pas capables, par précipitation ou modestie ; et il faut déconseiller le doute à la plupart des hommes parce que le risque est trop grand qu'ils ne s'égarent pour toute leur vie [11] Parmi les connaissances que nous avons dans notre esprit, Descartes distingue celles que nous avons reçues dès le plus jeune âge et celle que l'on apprend dans les livres ou par des maîtres (Principes de la philosophie, I, 1). Le préjugé et la précipitation nous empêchent de bien juger. Nous devons donc suspendre notre jugement. Inspiré du concept sceptique d'épochè, la suspension de jugement cartésienne diffère néanmoins de celle des sceptiques, qui provient de l'équilibre des raisons instauré par des raisons contradictoires de croire en telle ou telle chose. Le doute conduit alors chez les sceptiques à l'apathie, condition, selon eux, du bonheur. Au contraire, chez Descartes, le doute n'est qu'un moment, fondateur, dans le cheminement de la connaissance. Il faut douter non seulement de nos préjugés acquis par l'éducation, mais aussi de ce que nous apprennent les sens, car ceux-là peuvent être quelquefois trompeurs, comme le montre l'exemple des illusions d'optique. Radicalisant cette expérience commune (l'image
René Descartes du bâton brisé dans l'eau), Descartes arrive, dans la Première méditation métaphysique, au « doute hyperbolique »: ne se pourrait-il pas que nos sens nous trompent tout le temps, comme dans le rêve ou la folie? Ce doute hyperbolique l'amène à mettre en cause l'existence de l'ensemble des choses matérielles, de son corps et par conséquent de l'existence même du monde qui l'entoure. Mais il reste encore quelques vérités qui nous semblent très évidentes, parce qu'elles portent sur les éléments les plus simples : ainsi des vérités mathématiques. Néanmoins, il arrive que nous nous trompions en calculant ; mais ce n'est pas encore là le doute le plus radical que nous puissions concevoir, car nous pouvons faire l'hypothèse d'un « dieu trompeur », d'un « malin génie » qui nous aurait créés tels que nous nous trompions toujours (Première Méditations métaphysiques). Le doute devient alors hyperbolique, et son caractère excessif fait de lui un doute métaphysique, car il ne concerne plus seulement les sens et les jugements que nous pouvons formuler à partir de leurs témoignages ; ce doute est la formulation de l'hypothèse que l'erreur et l'illusion sont ontologiquement liées à notre entendement, qu'elles sont donc radicales et insurmontables ; rien ne semble plus pouvoir être tenu pour certain. Même les mathématiques, aussi évidentes soient-elles pour notre pensée, pourraient bien n'être que le résultat d'une tromperie dont nous sommes les victimes. Par ce doute hyperbolique, nous en arrivons donc à ne plus pouvoir rien juger, à ne plus pouvoir rien tenir ni pour vrai ni pour faux, à ne plus tenir aucun être comme réel. Dans la deuxième Méditation métaphysique, Descartes montre, par l'exemple du morceau de cire, que ce ne sont pas nos sens qui nous trompent, mais le jugement que nous formulons sur leurs témoignages. C'est l'entendement qui conçoit le morceau de cire en tant que substance étendue, au-delà des formes, des couleurs, des odeurs, etc. que nous pouvons lui prêter. Ainsi, s'il y a erreur, elle ne peut venir que de la précipitation à juger de ce que nous recevons par le moyen de la perception ; c'est pour nous une marque d'imperfection et une source intarissable d'erreurs.
Le cogito Mais il reste, dans ce néant universel, quelque chose dont nous ne saurions jamais douter : nous savons que nous doutons, et le sachant, nous avons l'intuition immédiate et claire que nous ne sommes pas rien : tandis que je doute, je sais que j'existe, car s'il y a un doute, c'est qu'il y a nécessairement quelqu'un qui est là pour douter : cogito, ergo sum, « je pense donc je suis » (Les Principes de la philosophie, §7). Cette intuition n'est pas conçue comme un raisonnement (penser est ici une opération, une expérience) ; le « donc » de la proposition ne doit pas être interprété comme l'expression d'une déduction : « je pense, je suis », ce n'est pas un syllogisme, c'est une certitude immédiate qui comprend ces deux termes : « Après y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : « Je suis, j'existe », est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit. […] Je ne suis donc, précisément parlant, qu'une chose qui pense […] C'est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent.» Cette certitude étant mise au jour, il apparaît néanmoins qu'elle n'est pas une connaissance. En effet, savoir et conscience ne sont pas ici la même chose : je sais que
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René Descartes j'existe, mais je ne sais pas ce que je suis. Je sais seulement que je pense, i.e. que je doute, que je sens, que je veux, etc. Je suis donc une chose qui pense, c'est-à-dire une réalité pensante (ou une substance mais cette notion de substance sera introduite par Descartes dans les Principes de la philosophie). Tout part donc pour moi de ma pensée : ma réalité la plus certaine et la plus immédiate consiste dans cette conscience de ma réalité pensante. Par cette remarque d'apparence anodine, Descartes évacue l'essentialisme de la nature humaine : il est faux d'affirmer que je suis un animal rationale (un animal raisonnable), comme le dit une définition classique de l'homme, car je ne sais ni ce qu'est un animal, ni ce qu'est la raison, ni encore moins comment elle se trouve en l'homme. Descartes est donc parvenu à une certitude première, mais il apparaît pour le moins difficile d'en déduire une connaissance quelconque. Descartes semble maintenant enfermé dans ce que l'on nomme le « solipsisme ». La question est alors de savoir si nous pouvons donner un fondement réel, objectif à notre connaissance, ce que Descartes affirme : « Prêtez-moi seulement votre attention ; je vais vous conduire plus loin que vous ne pensez. En effet, c'est de ce doute universel que, comme d'un point fixe et immuable, j'ai résolu de dériver la connaissance de Dieu, de vous-même, et de tout ce que renferme le monde. » (Recherche de la vérité par les lumières naturelles)
Les idées Descartes analyse alors les idées que nous avons, indépendamment de leur vérité ou de leur fausseté ; il les examine ainsi en tant qu'elles sont dans la pensée, en tant que représentation (c'est-à-dire en tant qu'elles ont un esse objectivum). Descartes se place ainsi en deçà du vrai et du faux par une distinction radicale et anti scolastique de lesse objectivum et de lesse formale. Il analyse les idées qui sont en son esprit à la lumière des principes que nous concevons intuitivement comme évident. Or, certaines de nos idées semblent venir de l'extérieur de nous ; d'autres semblent être de notre propre fait. Toutes ces idées doivent avoir une cause, car c'est un principe postulé par Descartes que tout effet doit avoir une cause (principe de causalité) ; nous allons voir qu'il utilise également ce principe ontologique suivant lequel un effet ne renferme pas plus de réalité que sa cause. Nous avons en nous, selon Descartes, l'idée d'un être infini, somme de toutes perfections et de toutes réalités. Mais nous ne pouvons manifestement pas en être les auteurs. La notion de l'infini ne peut venir d'un être imparfait : un être imparfait, c'est-à-dire cette substance pensante qui doute et qui désire. Cette idée n'est ni une construction de notre esprit à partir d'éléments de l'expérience (où trouverions-nous donc cette idée dans les choses particulières ? Toute cause extérieure est finie, limitée), ni une création indépendante de notre raison imparfaite. Le raisonnement de Descartes postule alors certains axiomes, et peut se formuler ainsi : • Puisque tout effet a une cause, • et que la cause n'a pas moins de réalité que l'effet, • il faut que cette idée de l'infini soit causée par quelque être parfait qui en est le véritable auteur ; • donc Dieu existe. Dieu existe, et l'idée que j'ai de l'infini est la marque de son ouvrage ; c'est la marque du créateur dans sa créature. D'après Descartes, cette idée nous est donc innée : dès que je pense, la clarté et l'évidence dans ma faculté me font concevoir que Dieu existe.
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René Descartes Malebranche sera plus direct encore : je pense, donc Dieu existe. Néanmoins, l'innéité de l'idée ne veut pas dire qu'elle soit donnée : elle se développe en nous avec notre pensée, pour devenir une intuition : « Les idées innées proviennent de notre faculté de penser elle-même. » L'existence de Dieu étant assurée, Descartes pense posséder maintenant une certitude solide pour fonder nos connaissances. Remarquons toutefois que le fondement de ce raisonnement est le principe de causalité. On peut donc se demander avec Pascal si Descartes avait réellement besoin de Dieu pour fonder la science. Mais il faut à présent comprendre comment la connaissance devient possible par la certitude de cette idée innée qu'est l'infini. Un être imparfait se trompe et peut être trompé. Un être parfait ne trompe pas, car la tromperie participe du défaut, et on ne peut l'attribuer à Dieu sans contradiction. Si donc Dieu existe et que par des idées innées je participe à sa perfection, alors l'erreur n'est plus le résultat d'un défaut ontologique (le malin génie, l'impossibilité radicale de toutes connaissances) mais provient uniquement de la finitude de mes facultés. Cette perfection de Dieu que nous concevons de manière innée explique également que nous nous concevions imparfaits : c'est parce que nous avons l'idée de la perfection que nous pouvons reconnaître notre imperfection. L'imperfection subjective (celle du sujet, de la substance pensante) suppose la perfection objective, ontologique, en un mot, l'existence de Dieu. Le résultat de cette recherche des premiers fondements aboutit donc à introduire Dieu dans la théorie de la connaissance. L'idée même de la nature (de ce que les sciences étudient) va s'en trouver modifiée : « Par la nature considérée en général, je n'entends maintenant autre chose que Dieu même, ou bien l'ordre et la disposition que Dieu a établie dans les choses crées. » Qu'est-ce donc que la connaissance ? C'est connaître l'ordre et les lois de la nature par notre participation à la perfection divine. Malebranche, souvent plus économe que Descartes, dira que nous voyons en Dieu. Ce que nous connaissons, ce sont donc les vérités éternelles instituées par la volonté immuable et absolue de Dieu.
Les différentes preuves de l’existence de Dieu Descartes examine ensuite le fondement de la connaissance, touchant aux questions de métaphysique générale (abordées en théologie à son époque). Descartes écarte les preuves de l'existence de Dieu qui s'appuient sur l'expérience : notre esprit, en examinant l'enchaînement des phénomènes ne peut jamais y trouver de cause première. Cette preuve implique d'ailleurs que nous supposions l'idée d'un premier moteur, mais c'est une supposition illégitime dans le cadre du doute : nous ne savons pas ce que c'est qu'une cause première ou un premier moteur. La preuve de Descartes, formulée plus haut, suppose uniquement que le fini est une limitation de l'infini, que nous naissons de l'infini par une cause qui a plus de réalité que nous. Dieu est donc l'auteur d'une création continue, puisque ce qui est fini n'a pas la puissance de subsister par soi-même : « si une telle puissance résidait en moi, certes je devrais à tout le moins le penser et en avoir connaissance ; mais je n'en ressens aucune dans moi, et par là je connais évidemment que je dépends de quelque être différent de moi. »
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René Descartes Mais Descartes propose également d'autres preuves, dont la preuve ontologique. Si nous concevons clairement et distinctement l'idée d'un être infini, nous devons admettre son existence. En effet, refuser l'existence à un tel être, ce serait lui refuser une perfection que nous lui attribuons pourtant. Nous ne pouvons à la fois concevoir cette idée et nier l'existence de Dieu sans être en contradiction avec nous-mêmes. Cette idée, depuis sa première formulation par Anselme de Cantorbéry, a été réfutée de nombreuses fois : attribuer de la perfection à une idée, ce n'est pas la même chose que d'affirmer l'existence réelle en être de cette perfection (cf. Gaunillon, Gassendi, Kant).
La causalité Une autre difficulté de la métaphysique cartésienne est l'emploi de la causalité dans la preuve de l'existence de Dieu. En effet, un tel principe menace de dépasser l'idée même de Dieu, car ne faut-il pas en vertu du principe de causalité que Dieu ait également une cause ? Pour résoudre cette difficulté, Descartes distingue entre ce qui a une cause hors de soi (substance au sens large) et ce qui a sa cause en soi (la substance per se). Il faut que Dieu soit à lui-même sa propre cause ; le rapport de Dieu à Dieu, pour ainsi dire, est un rapport de cause à effet. On nomme causa sui ce rapport de causalité propre à l'être suprême. Ce rapport s'explique, selon Descartes, par l'idée de toute-puissance : la puissance infinie de Dieu lui permet d'exister par lui-même. Descartes opère ainsi la synthèse entre la notion de substance et celle de cause de soi-même. L'objection classique (formulée par Antoine Arnauld) contre cette idée de la substance est que l'on ne peut donner ce que l'on n'a pas : la cause précède l'effet, et il faut donc que Dieu existât avant que d'être son propre... effet ! On voit que cette idée implique également que l'on distingue en Dieu passé, présent et futur, et que l'on y associe la possibilité de l'existence, ce qui serait une imperfection de son être. La réponse de Descartes est que l'on ne peut pas ne pas appliquer le principe de causalité à Dieu. Mais cette causalité, dans le cas de Dieu, ne peut être conçue par nous que par analogie, car nos facultés sont trop imparfaites pour le comprendre. Il suit donc de notre imperfection que nous comprenons Dieu comme une cause de soi, et que seul Dieu peut être la cause de Dieu, car autrement il serait la cause d'un autre être et ne serait pas parfait. Pour ce qui est de la relation de temps qu'implique la causalité, elle n'est rien pour Dieu : Dieu est éternel, immuable. Une dernière difficulté qui a été soulevée contre le système cartésien est que l'on ne comprend pas comment, d'un être absolument parfait sous tous rapports, ont pu naître des êtres finis. Le fond de toutes choses est parfait, et cependant l'imperfection y subsiste. Pour Descartes, cette objection ne tient pas compte du fait que toute finitude est une limitation, une négation : un néant d'être. Il y a là une théodicée : les choses créées sont nécessairement finies, et leur finitude est néanmoins une source de perfection pour le monde si nous le considérons dans son ensemble.
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Les Principes de la philosophie (1644) Descartes établit une classification des connaissances en comparant la connaissance à un arbre : « Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale, j’entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse. Or comme ce n’est pas des racines, ni du tronc des arbres, qu’on cueille les fruits, mais seulement des extrémités de leurs branches, ainsi la principale utilité de la philosophie dépend de celles de ses parties qu’on ne peut apprendre que les dernières. »
La substance chez Descartes Le concept scolastique de substance avait été peu abordé dans les méditations sur la philosophie première. Descartes aborde plus longuement ce point dans les Principes de la philosophie (1644). L'idée que Descartes se fait de Dieu n'est guère comparable à celle que peuvent s'en faire les hommes qui ne font pas de philosophie. En effet, pour Descartes, Dieu est la substance absolue qui renferme en elle-même toute la réalité, toutes les perfections possibles et toutes les qualités possibles. Être une substance, cela signifie exister par soi-même (per se), sans le concours d'un autre être (Principes de la philosophie, I, 51). A proprement parler, seul Dieu est donc une substance: toutes les êtres crées par Dieu sont en effet finis, et dépendent de lui. C'est pourquoi Descartes affirme que la notion de substance n'est pas univoque [12] : seul Dieu est, à proprement parler, substance. Toutefois, pour les choses crées, on parle de substance lorsqu'elles n'ont besoin que du concours ordinaire de Dieu pour continuer à subsister; les autres choses sont des « qualités ou des attributs de ces substances » (Principes..., I, 51). Ainsi, la pensée est un attribut de la substance pensante (res cogitans), tandis que l'étendue est un attribut de la substance corporelle. Pour Descartes, la seule pensée ne peut être la cause de mon existence en tant que chose pensante: il faut un acte qui me crée, en tant que substance pensante, et me maintienne dans l'existence. Je ne me sors pas moi-même du néant, et je n'ai pas le pouvoir de me maintenir par moi-même. Il y a donc un être dont l'acte est de maintenir la création en l'état: c'est la théorie de la création continuée. Une objection fut formulée par Hobbes et par Gassendi [réf. nécessaire] : nous ne connaissons que des qualités (des attributs, des phénomènes) : nous n'avons aucune perception immédiate de la substance. Descartes accorde toutefois que nous ne percevons, en tant que tel, aucune substance; il soutient que nous pouvons néanmoins la penser, et que nous pouvons la connaître par ses attributs (Principes..., I, 52). Ainsi, c'est parce que j'ai conscience de penser, que je peux inférer l'existence d'une substance pensante: cogito, ergo sum. Je m'aperçois moi-même penser; or la pensée est un attribut de la substance pensante; donc je suis une substance pensante. Il n'y a pas d'attribut sans substance chez Descartes: « le néant ne peut avoir aucuns attributs, ni propriétés ou qualités: c'est pourquoi, lorsqu'on en rencontre quelqu'un, on a raison de conclure qu'il est l'attribut de quelque substance, et que cette substance existe » (ibid.): autrement dit, il ne peut y avoir
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de pensée sans sujet pensant. Nietzsche critiquera précisément ce point-ci, refusant la possibilité d'inférer de la pensée au sujet pensant. Spinoza, quant à lui, refusait le dualisme de substance cartésien, élaborant un monisme de la substance: seul Dieu peut être dit substance.
L’union de l’âme et du corps Voir aussi problème corps-esprit. L'âme est pour Descartes une substance indépendante, et seul l'homme a une âme. Il y a pour Descartes une grande différence entre l'âme et le corps : l'âme est une substance pensante (res cogitans ou « chose qui pense »), la matière est une substance étendue (res extensa ou « chose étendue »). En raison de cette distinction entre substance pensante et substance étendue, soit entre l'âme et le corps, on parle souvent d'un dualisme cartésien. En partant du cogito, Descartes fait de la conscience de soi un fait primitif. Par cette conscience, je peux penser l'âme, en tant que substance pensante, d'une manière entièrement indépendante du corps. Nous pouvons avoir, dit-il, une connaissance claire et distincte de l'âme, indépendamment du corps: cela en fait donc une substance « réellement distincte » (Principes de la philosophie, I, 60).
De Homine.
L'homme est donc un composé de deux substances. Cela soulève une autre difficulté (posée par exemple par la princesse Élisabeth de Bohême, lors de leurs échanges épistolaires) : comment comprendre l'union de l'âme et du corps ? D'une part, une telle notion de l'âme provoque une violation évidente des principes de la physique cartésienne : en effet, l'âme produit des mouvements sans compensation : elle modifie le mouvement des esprits animaux, et est même modifiée elle-même par ce mouvement, et pourtant elle demeure un principe spirituel irréductible aux mécanismes de la nature. L'idée de l'âme est ainsi contraire au principe de l'inertie [réf. nécessaire]. D'autre part, si l'âme agit sur le corps et inversement, ces deux substances ne peuvent être indépendantes l'une de l'autre : la causalité implique un rapport de dépendance. L'âme et le corps sont donc dans une certaine communauté, et leur indépendance réciproque affirmée par Descartes rend cette union inintelligible [réf. nécessaire]. Descartes admet ces difficultés : en effet, dit-il [réf. nécessaire], nous ne pouvons comprendre cette union, mais nous en avons néanmoins l'expérience tout au long de notre vie. Cette distinction réelle du corps et de l'âme ne s'oppose donc pas à leur union: le « dualisme » cartésien ne signifie pas qu'âme et corps soient complètement séparés: il y a ainsi « certaines choses que nous expérimentons en nous-mêmes, qui ne doivent pas être attribuées à l'âme seule, ni aussi au corps seul, mais à l'étroite union qui est entre eux (...): tels sont les appétits de boire, de manger, et les émotions ou passions de l'âme, qui ne dépendent pas de la pensée seule, comme l'émotion à la colère, à la joie, à la tristesse, à
René Descartes l'amour, etc. tels sont tous les sentiments, comme la lumière, les couleurs, les sons, les odeurs, le goût, la chaleur, la dureté, et toutes les autres qualités qui ne tombent que sous le sens de l'attouchement. » (Principes de la philosophie, I, 48).
Mécanismes psychologiques de base Quelles sont les conséquences de ce dualisme pour la constitution d'une psychologie cartésienne ? Principalement, la distinction opérée par Descartes entre les phénomènes purement spirituels et les phénomènes qui résultent de l'influence du corps sur l'âme. Ainsi, la perception sensible est-elle l'effet des esprits animaux sur l'âme par le moyen de la glande pinéale. On a alors un mécanisme analysé ainsi par Descartes : • des mouvements provoqués dans le cerveau ; • l'action de ces mouvements dans le cerveau sur l'âme par l'intermédiaire de la glande pinéale ; • les jugements que nous portons sur les choses extérieures à partir de ces mouvements. Ce troisième moment est le fait de l'âme, et c'est par là que nous sommes portés à juger involontairement de l'existence des choses extérieures.
Les facultés de l’homme Cette description des mécanismes psychologiques permet de définir certaines de nos facultés. Ainsi le souvenir des choses matérielles est-il la conservation de certaines traces de mouvements provoqués dans notre cerveau. De même, l'imagination ne s'explique que par des mouvements corporels joints à une certaine activité de l'âme. Seule la pensée est active, en ce sens qu'elle n'a pas besoin de mouvements matériels : selon Descartes, la pensée est possible sans la perception et sans l'imagination. Descartes opère une distinction semblable en ce qui concerne nos actions : l'appétition est un mouvement produit par le corps, alors que la volonté appartient à l'âme seule. Notre volonté est donc indépendante de toute influence sensible, bien plus, la causalité naturelle n'affecte pas notre volonté.
L'erreur est privation et non négation Cette indépendance de la volonté est d'ailleurs un signe de notre perfection relative : alors que notre entendement est imparfait (nous ne comprenons pas tout ; voir ce qui a été dit dans la section sur la théologie), notre volonté est illimitée, et elle s'étend plus loin que l'entendement. Cette différence de perfection entre la volonté et l'entendement permet à Descartes de faire une « psychologie de l'erreur » : l'erreur se produit lorsque nous donnons notre assentiment à quelque chose que notre entendement ne conçoit pas clairement et distinctement. La cause de l'erreur n'est ni dans la volonté (perfection qui nous rapproche le plus de Dieu) ni dans l'entendement (nous pouvons prendre conscience de son imperfection), mais dans la conjonction des deux, lorsque nous jugeons avec précipitation et sur la base de nos préjugés. Dieu, qui est parfait, ne peut pas être cause de l'erreur [13] : nous sommes donc responsables de nos erreurs, qui résultent de ce que nous ne maintenons pas notre volonté dans les limites de notre entendement. L'erreur est privation de notre point de vue,
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René Descartes c'est-à-dire signe de notre imperfection; mais elle n'est rien du point de vue de Dieu, c'est-à-dire négation, car l'erreur n'a pas d'existence substantielle et ne résulte que du fait que « Dieu nous a pas donné tout ce qu'il pouvait nous donner, et (...) qu'il n'était point tenu de nous donner » [14] . Mais puisque l'erreur n'affecte pas notre nature elle-même, ce sont [15] donc seulement des « défauts de notre façon d'agir » . Par là Descartes s'oppose à une conception augustinienne et pessimiste de la nature humaine.
La morale cartésienne Descartes n'a pas souhaité écrire de traité de morale : « Il est vrai que j'ai coutume de refuser d'écrire mes pensées touchant la morale, et cela pour deux raisons : l'une, qu'il n'y a point de matière d'où les malins puissent plus aisément tirer des prétextes pour calomnier ; l'autre, que je crois qu'il n'appartient qu'aux souverains, ou à ceux qui sont autorisés par eux, de se mêler de régler les mœurs des autres. » (Lettre à Pierre Chanut, 20 novembre 1647) Néanmoins, il s'empresse de faire part de ses idées touchant la morale, quand il s'agit de les communiquer à la princesse Élisabeth, puis à la reine Christine de Suède. C'est donc, outre le Traité des passions et quelques passages du Discours de la méthode, essentiellement dans sa correspondance que l'on trouvera la philosophie morale cartésienne. Si le doute méthodique est bénéfique pour ce qui regarde la connaissance théorique, l'extension de ce doute à la pratique nous paralyserait. Or, il faut agir, même dans l'incertitude. Descartes propose donc dans le Discours de la méthode une « morale par provision », en attendant de trouver mieux. Il énonce ainsi les trois maximes provisoires suivantes: • première maxime : la coutume, observer la religion et les mœurs de son pays ; résumée sous cette forme, cette maxime, qui rappelle les conseils de Montaigne, montrerait le conformisme de Descartes et expliquerait l'absence de philosophie politique chez lui. Descartes distingue pourtant, dans cette maxime, entre plusieurs types d'opinions à l'intérieur même du pays: il ne s'agit pas de suivre toutes les opinions, mais seulement certaines d'entre elles. • deuxième maxime : la résolution, exécuter avec fermeté le parti une fois pris ; • troisième maxime : la maîtrise de soi, chercher plutôt à se vaincre que la fortune. Dans sa correspondance, il s'efforce de formuler une méthode pour atteindre le souverain bien, i.e. les jouissances intérieures de l'âme, qui seules sont éternelles et fondées sur la vérité. Pour cela, il énonce les moyens suivants : • avoir clairement connaissance du bien, i.e. en premier lieu, connaître Dieu, ce qui nous fait éprouver envers lui un amour intellectuel ; • maintenir sa volonté fermement et résolument. Si nous perdons notre temps à nous interroger sur tous les éléments de notre vie quotidienne, nous n'arriverons jamais à rien. Il nous faut donc souvent trancher des problèmes, sans en avoir une connaissance complète. Mais, une fois la décision prise, il faut se maintenir fermement en son jugement, tant que les événements ne nous prouvent pas notre erreur. • maîtriser ses passions, et laisser ce qui n'est pas en notre pouvoir, i.e. savoir distinguer entre ce qui n'est pas en notre pouvoir de ce qui est en notre pouvoir. Seule la volonté est en notre pouvoir, à strictement parler. Cette vertu est la vertu cardinale du cartésianisme, c'est la générosité :
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René Descartes « Ceux qui sont généreux en cette façon sont naturellement portés à faire de grandes choses, et toutefois à ne rien entreprendre dont ils ne se sentent capables. Et parce qu'ils n'estiment rien de plus grand que de faire du bien aux autres hommes et de mépriser son propre intérêt, pour ce sujet ils sont parfaitement courtois, affables et officieux envers chacun. Et avec cela ils sont entièrement maîtres de leurs passions, particulièrement des désirs, de la jalousie et de l'envie, à cause qu'il n'y a aucune chose dont l'acquisition ne dépendent pas d'eux qu'ils pensent valoir assez pour mériter d'être beaucoup souhaitée ; […] » (Passions de l'âme, art. 156)
Les sciences Science et philosophie agissent constamment l'une sur l'autre dans la pensée de Descartes, puisque sa méthode vise à permettre à l'homme de bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences, à nous rendre plus sages et plus habiles et à nous assurer non seulement la connaissance, mais, d'une certaine manière, la maîtrise et possession de la nature aussi bien que de nous-mêmes. Telle est la finalité de son système, finalité à laquelle se subordonnent tous les moyens mis en œuvre. La métaphysique est pour Descartes le fondement de toutes les sciences. Il illustre sa conception du rapport entre les connaissances humaines par cette image : « Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale, j'entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse. Or comme ce n'est pas des racines, ni du tronc des arbres, qu'on cueille les fruits, mais seulement des extrémités de leurs branches, ainsi la principale utilité de la philosophie dépend de celles de ses parties qu'on ne peut apprendre que les dernières. » Les Principes de la philosophie, lettre-préface de l'auteur Descartes souligne par là l'importance qu'il accorde à la métaphysique, mais il s'agit d'une métaphysique subjective reposant sur des objets abstraits. Elle mélange philosophie et sciences, et structure les connaissances d'une manière radicalement différente du découpage de la philosophie que l'on connaissait à son époque.
Postérité Descartes ne se destinait pas à une carrière philosophique. Ce furent la controverse ptoléméo-copernicienne et le procès de Galilée (1633) qui orientèrent sa carrière vers la philosophie. Quelques philosophes aux Pays-Bas puis en France ont suivi Descartes (voir cartésianisme). Ultérieurement, la confirmation à la fin du XVIIe siècle des hypothèses héliocentriques grâce au formalisme mathématique élaboré par Newton a popularisé la philosophie de Descartes, engendrant une philosophie mécaniste. Le dualisme de substance développé par Descartes, a posé des difficultés à ses successeurs. Spinoza explicita une théorie de la substance, tandis que Malebranche développa une philosophie originale sur le problème corps-esprit, l'occasionalisme, dans lequel intervient la foi.
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René Descartes Au XVIIIe siècle, La Mettrie étend le concept d'animal-machine de Descartes à l'homme, mais se faisant, s'oppose au dualisme de Descartes. Au XIXe siècle, au sortir de la Révolution française, les idéologies saint-simonienne et positiviste se sont directement inspirées des principes cartésiens. En France, le discours de la méthode est devenu l'ouvrage philosophique le plus étudié. Depuis le XXe siècle, les recherches scientifiques, en particulier en astrophysique, ont montré que la structure de l'univers est beaucoup plus complexe qu'on ne le pensait au XVIIe siècle. La philosophie de Descartes continue d'alimenter les débats. Dans les années 1960-1996, on compte 4402 publications sur Descartes, dont 1745 dans le monde anglo-saxon, et 1334 francophones. Dans le monde anglo-saxon, les questions qui se posent portent sur le dualisme de substance, le langage, le statut des idées. Les débats français seraient trop étroitement centrés sur la méthode, la systématicité des arguments, et la metaphysica specialis des trois preuves d'existence.[16] John Cottingham note que « la division cartésienne dualiste de la réalité en deux sortes d'entités fondamentalement distinctes (choses pensantes et choses étendues) a légué à la philosophie une énigme majeure à laquelle nous sommes toujours confrontés aujourd'hui : en quoi la conscience consiste-t-elle exactement, et quels rapports entretient-elle avec le monde physique ? […] [Tous les philosophes modernes] conviennent que le problème des relations entre l'esprit et le corps, est un casse-tête philosophico-scientifique d'une importance énorme, et que les idées émises par Descartes ont influé d'une façon extraordinaire sur les approches ultérieures de ce problème, pour le meilleur et pour le pire. »[17] Selon Jean Bastaire, Descartes, par des formules telles que «Nous rendre comme Maîtres et Possesseurs de la nature» (Discours de la méthode, sixième partie) aurait incité les hommes en occident à se comporter avec une mentalité d'exploitant, et non d'intendant, de gérant. L'homme se serait ainsi fait démiurge, et aurait adopté une attitude prométhéenne[18] , le conduisant à une surexploitation des ressources naturelles. Sur le plan scientifique, Descartes contribue à une évolution importante en mathématiques, par l'unification entre le domaine géométrique et le domaine numérique, jusque là strictement séparés. En introduisant un caractère opératoire sur les grandeurs géométriques, il participe à l'émergence de l'idée que le nombre peut être autre chose qu'un entier. Le XVIIe verra la naissance de l'analyse moderne, et du calcul différentiel et intégral. En physique, le bilan est plus réservé. À peu près toutes les théories de Descartes se sont révélées fausses et les cartésiens, se basant sur ces principes, se sont opposés à l'introduction de la mécanique newtonienne en France. On retiendra néanmoins la généralisation qu'il donne au principe d'inertie de Galilée, et la loi de la réfraction, même s'il fait reposer cette dernière sur des principes erronés. Sa théorie de la conservation de la quantité de mouvement, fausse, doit être rectifiée par ses successeurs, tels que Huygens.
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Œuvres • Compendium musicae (daté du 31 décembre 1618) • Cogitationes Privatae :
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• Parnassus • Democritica • Préambules (Praeambula. Initium sapientae timor Domini) • Experimenta • Olympica Aquae comprimentis in vase ratio reddita a D. Descartes De Solidorum elementis Excerpta mathematica (dont Ovales opticae quatuor) Thaumantis Regia Studium bonae mentis Traité de la divinité
• Traité d'escrime : œuvre perdue, probablement uniquement manuscrite, écrite vers 1613, citée par Adrien Baillet • Les Règles pour la direction de l'esprit, œuvre inachevée, en latin (Regulae ad directionem ingenii), vers 1628 • Traité du monde et de la lumière, 1632-1633, publication posthume, notamment en 1664 • Explication des engins par l'aide desquels on peut avec une petite force lever un fardeau fort pesant, 1637 • Le Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences, 1637, préface à • la Dioptrique • les Météores • La Géométrie • Méditations métaphysiques (traduction littérale du latin : Méditations sur la philosophie première, 1641, avec six séries d'Objections) • Correspondance avec Elisabeth, 1643 à 1649 • Les Principes de la philosophie, 1644, édition latine, 1647, traduction française, revue par Descartes, avec Lettre-Préface à l'édition française • Les Passions de l'âme, 1649 • Recherche de la vérité par les lumières naturelles, texte inachevé, publié pour la première fois dans les Opuscula posthuma, 1701
Éditions • Œuvres de Descartes, Paris, F.G. Levrault, par Victor Cousin, 1824-1826 (disponibles sur Gallica [19]) • Descartes, Œuvres, édition Charles Adam et Paul Tannery, Léopold Cerf, 1897-1913, 13 volumes ; nouvelle édition complétée, Vrin-CNRS, 1964-1974, 11 vol. (édition de référence) • Descartes, Œuvres et lettres, textes présentés par André Bridoux, Bibliothèque de la Pléiade, NRF, Gallimard, 1953 • Descartes, Œuvres philosophiques, textes établis, présentés et annotés par Ferdinand Alquié, 3 vol. (I : 1618-1637, II : 1638-1642, III : 1643-1650), Classiques Garnier, 1963-1973
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Épitaphe de Descartes MEMORIAE RENATI DESCARTES RECONDITIORIS DOCTRINAS LAVDE ET INGENII SVBTILITAT PRAECELLENTISSIMI QVI PRIMVS A RENOVATIS IN EVROPA BONARVM LITTERARVM STVDIIS RATIONIS HVMANAE IVRA SALVA FIDEI CHRISTIANAE AVTORITATE VINDICAVIT ET ASSERVIT NVNC VERITATIS QVAM VNICE COLVIT CONSPECTV FRVITVR Chapelle Saint-Benoît, Saint-Germain-des-Prés.
Traduction partielle : Le premier qui, depuis la renaissance des Belles Lettres en Europe, a revendiqué et assuré les droits de la raison humaine.
Notes et références [1] Adrien Baillet, Vie de Monsieur Descartes (1re éd., 2 tomes, Paris, chez Daniel Horthemels, 1691), réimpressions : Olms, New York, 1972 ; La Table Ronde, collection La Petite Vermillon, 1992. [2] Descartes, Œuvres, édition Charles Adam et Paul Tannery, t. X, p. 214. Sophie Jama, La nuit des songes de René Descartes, Aubier, 1998, p. 195. [3] C'est ainsi que l'on appelait une chambre chauffée en hiver, elle l'était soit par un poêle en céramique soit par une taque en métal apportant à cette pièce en général surélevée et attenante, la chaleur du fourneau ou de la cheminée. Le vieux monde rural, en particulier lorrain, a gardé l'expression le "poêle devant" ou "poêle derrière" pour désigner les deux chambres chauffées entre une cuisine en position centrale. [4] Jean-François Maillard, "Descartes et l'alchimie : une tentation conjurée ?", in Frank Greiner (éd.), Aspects de la tradition alchimique au XVIIe s. Actes du colloque international de l'Université de Reims-Champagne-Ardennes. 28-29 novembre 1996., Paris, Archè, 1998. Sylvain Matton, "Cartésianisme et alchimie : à propos d'un témoignage ignoré sur les travaux alchimiques de Descartes. Avec une note sur Descartes et Gómez Pereira", dans : Aspects de la tradition alchimique au XVIIe siècle, Paris - Arché : Milan, 1998, pp. 111-184. [5] Descartes, lettre à Mersenne, juillet 1640.
René Descartes [6] Voir ce lien (http:/ / www. universalis. fr/ encyclopedie/ BI00593/ DISCOURS_DE_LA_METHODE_R. _Descartes_. htm) [7] Voir Descartes face à Leibniz (http:/ / www. erudit. org/ revue/ philoso/ 1984/ v11/ n2/ 203256ar. pdf) [8] Ces propositions simples sont plus communément appelées axiomes ou principes philosophiques. [9] Les Règles pour la direction de l'esprit, VIII, X [10] Recherche de la vérité par les lumières naturelles, X [11] Recherche de la vérité par les lumières naturelles [12] Principes de la philosophie, I, 51 [13] Principes de la philosophie, I, 29 [14] Principes de la philosophie, I, §31 [15] Principes de la philosophie, I, §38 [16] Descartes, sous la direction de Jean-Luc Marion. Bayard [17] Descartes, John Cottingham. Points. [18] Conférence Christianisme et environnement à la Maison des Polytechniciens. 13 juin 2007. [19] http:/ / gallica. bnf. fr/ scripts/ catalog. php?AU=COUSIN%20VICTOR
Voir aussi Articles connexes • Sur le contexte historique • • • •
Révolution copernicienne Galilée Cogito Mathématiques en Europe au XVIIe siècle
• Sur les rapports avec la métaphysique • Métaphysique (Aristote) • • • •
Métaphysique Scolastique | Aristote | saint Thomas d'Aquin La notion de substance chez Aristote, et de substance en général, Cause première Rapports entre foi et raison
• Sur la postérité philosophique • • • • • •
Cartésianisme | Rationalisme Husserl Leibniz Malebranche Spinoza Auguste Comte | Positivisme
• Sur les concepts philosophiques en rapport avec la philosophie de Descartes • Raison • Liste des concepts de la philosophie • Téléologie | Quatre causes | Substance | Dualisme de substance • Sujet | Objet | Autrui
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René Descartes • Déduction | Induction | Perception • Autres • • • •
Blaise Pascal Université René Descartes Faculté de médecine René Descartes Théorème de Descartes
Bibliographie Voir la bibliographie détaillée sur wikilivre : René Descartes - Bibliographie. • Jean-Luc Marion : • Sur l’ontologie grise de Descartes. Science cartésienne et savoir aristotélicien dans les Regulae, Librairie Philosophique J.Vrin, 1975. • Sur la théologie blanche de Descartes. Analogie, création des vérités éternelles, fondement, PUF, 1981. • Sur le prisme métaphysique de Descartes. Constitution et limites de l’onto-théo-logie cartésienne, PUF, 1986. • Questions cartésiennes I. Méthode et métaphysique, PUF, 1991. • Questions cartésiennes II. L’ego et Dieu, PUF, 1996. • Descartes Méditations métaphysiques 1, 2 et 3 Folio plus philosophie (2006) Dossier et notes par Martin Steffens. Lecture d’image : Seloua Louste-Boulbina (ISBN 2-07-033836-3) • François Azouvi : Descartes et la France : histoire d'une passion nationale, Ed.: Hachette; Pluriel-poche, 2006, (ISBN 2-01-279124-7) • Samuel S. de Sacy, Descartes, Seuil, réédité en 1996 ; • Yvon Belaval, Leibniz critique de Descartes, Gallimard, coll. « Tel », 1997 ; • Jean-Marie Beyssade, La Philosophie première de Descartes. Le Temps et la cohérence de la métaphysique, Flammarion, coll. « Nouvelle bibliothèque scientifique », 1979 ; • André Glucksmann, Descartes, c'est la France, Flammarion, Paris, 1987 • Geneviève Rodis-Lewis : • Descartes, Calmann-Lévy, 1995 • La Morale de Descartes, PUF, 1957, nouvelle éd., collection Quadrige, 1998, • Descartes et le rationalisme, PUF, collection Que sais-je ?, 1966, 7e éd. corrigée, 1996, • L'Œuvre de Descartes, 2 vol., Vrin, 1971. • Pierre Guenancia, Descartes et l'ordre politique, PUF, 1983. et pour un lectorat plus vaste, Descartes, bien conduire sa raison, Découvertes Gallimard, Philiosophie, 1996. • Denis Kambouchner, L'homme des passions. Commentaires sur Descartes. Albin Michel, 1995. 2 vol. 501p. chacun. Une somme sur le Traité des Passions. • Alain, Descartes, 1928 ds Les Passions et la Sagesse, La Pléiade, 1960, pp. 923-995. • Lev Vygotsky, Théorie des émotions. Étude historico-psychologique. Rédigée en 1933 et publiée en russe en 1984. Traduction française avec longue introduction par Nicolas Zavialoff aux Ed. L'Harmattan (1998), 416p. Pénétrante analyse du Traité des Passions. • Patricia Janody, Constructions schizophrènes, constructions cartésiennes , 1998, Érès, Paris • Denis Kambouchner, Descartes et la philosophie morale, 2008, Hermann.
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René Descartes
Liens externes • Catégorie Descartes, René (http:/ / www. dmoz. org/ World/ Français/ Sciences/ Sciences_humaines_et_sociales/ Philosophie/ Philosophes/ D/ Descartes,_René/ ) de l’annuaire dmoz • Un article concernant les idées claires et distinctes (http:/ / www. lentrelacs. org/ article. php3?id_article=14#top) • [http:/ / www. sens-public. org/ spip. php?article281 Une étude des Règles pour la direction de l'esprit] • La généalogie du "sujet moderne" et la notion de substance (http:/ / nexus. project. free. fr/ freiberg2. html) • Discours de la méthode, version audio (http:/ / audiolivres. wordpress. com/ 2009/ 03/ 13/ descartes-discours-de-la-methode/ ) • Méditations métaphysiques, version audio (http:/ / audiolivres. wordpress. com/ 2009/ 03/ 13/ descartes-meditations-metaphysiques/ ) Source: http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index. php? oldid=38939730 Contributors: 16@r, A3 nm, ADM, Abrahami, Acycawa, Aeleftherios, Ahbon?, Aiolia, Alainpsol, Alceste, Alexandre lamothe, Alexboom, Alexpitzal, Almeria, Alphos, Alvaro, AntiSpam, Archibald Tuttle, Arnaud.Serander, Arthur Laisis, Badmood, Baronnet, Ben D, Benjism89, Bibi Saint-Pol, Bob08, Brozouf, Bruxellensis, Caton, Cdang, Channer, Chaps the idol, Cherry, Clio20, CocioSeize, CommonsDelinker, Crainquebille, Croquant, Céréales Killer, DamienJullemier, Daniel*D, David Berardan, Debora, Deep silence, Dhatier, EDUCA33E, Ekipage, El Caro, Eskimo, EsperanTux, Faulenzer, Francois Trazzi, François-Dominique, François-Dominique2, GCobut, GL, GaMip, Gaiffelet, Gatien Couturier, Geojoy50, GillesC, Goliadkine, Gribeco, Grondin, Guillom, Gz260, H.G ANTON, HB, HYUK3, Hemmer, Heurtelions, Holycharly, Hégésias, Hégésippe Cormier, Hémant, IAlex, Iafss, Inocybe, Ixnay, J. Clef, JB, JLM, Jarfe, Jasperdoomen, Jaucourt, Jblndl, Jd, Jean-Baptiste, Jean-Louis Lascoux, Jean-Luc Navarro, Jean-charles guillo, JeanClem, JeanPaul, Jeffdelonge, Jerome66, Jfpierce, JihemD, Jmax, Jmfayard, Jpm2112, Jérome Bru, Kanzaki, Karheil, Kassus, Kelson, Kfadelk, Khardan, Kikadue, Kndiaye, Koxinga, Kraz, Krishaor, Kropotkine 113, La Cigale, Le sotré, Leag, Lekhan, Libanais, Lilas-violette, Lilian, Looxix, Loveless, Lovino, LuRobby, Ludovic89, M-le-mot-dit, MOREL Arthur, Mambo miam miam, Manchot, Marc Girod, Markadet, Med, Mogador, Moolligan, Mu, Mutatis mutandis, Nataraja, NeMeSiS, Neptune, Nicolas Ray, Nono64, Nykozoft, Oblic, Oliezekat, Olivier.r, Ollamh, Orthogaffe, OsMoSe, Oxo, Oz, Patho, Patrice Létourneau, Pautard, Pdebart, Peejayem, Phe, Philip, PieRRoMaN, Pk-Undying, Pld, Pmx, Poleta33, Polmars, Pontarlier, Poppy, Poulos, Projet Nexus, Prosope, R, Raph, Ratigan, Regis.gallois, Remike, Rhadamante, Rhizome, Richieman, Romanceor, Rune Obash, Ryo, Sam Hocevar, Sanao, Schiste, Sebb, Sebcaen, Sherbrooke, Sherlock, Smeet666, Stanlekub, Steff, Sting, Suisui, Sum, THA-Zp, Tegu, Theon, Thesaurus, Tical, TigH, Tlevine, Tornad, Traroth, Trassiorf, Turb, Vargenau, Verbex, Vinz1789, Vivien Hoch, Wart Dark, Webkid, Weft, Woww, Xander, Xila, Yann, Yendred, Yves, Yves Dorion, Zelda, Zerged, Zetud, Zubro, 254 anonymous edits
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If you publish printed copies (or copies in media that commonly have printed covers) of the Document, numbering more than 100, and the Document's license notice requires Cover Texts, you must enclose the copies in covers that carry, clearly and legibly, all these Cover Texts: Front-Cover Texts on the front cover, and Back-Cover Texts on the back cover. Both covers must also clearly and legibly identify you as the publisher of these copies. The front cover must present the full title with all words of the title equally prominent and visible. You may add other material on the covers in addition. Copying with changes limited to the covers, as long as they preserve the title of the Document and satisfy these conditions, can be treated as verbatim copying in other respects. If the required texts for either cover are too voluminous to fit legibly, you should put the first ones listed (as many as fit reasonably) on the actual cover, and continue the rest onto adjacent pages. If you publish or distribute Opaque copies of the Document numbering more than 100, you must either include a machine-readable Transparent copy along with each Opaque copy, or state in or with each Opaque copy a computer-network location from which the general network-using public has access to download using public-standard network protocols a complete Transparent copy of the Document, free of added material. If you use the latter option, you must take reasonably prudent steps, when you begin distribution of Opaque copies in quantity, to ensure that this Transparent copy will remain thus accessible at the stated location until at least one year after the last time you distribute an Opaque copy (directly or through your agents or retailers) of that edition to the public. It is requested, but not required, that you contact the authors of the Document well before redistributing any large number of copies, to give them a chance to provide you with an updated version of the Document.
4. MODIFICATIONS
You may copy and distribute a Modified Version of the Document under the conditions of sections 2 and 3 above, provided that you release the Modified Version under precisely this License, with the Modified Version filling the role of the Document, thus licensing distribution and modification of the Modified Version to whoever possesses a copy of it. In addition, you must do these things in the Modified Version: A. Use in the Title Page (and on the covers, if any) a title distinct from that of the Document, and from those of previous versions (which should, if there were any, be listed in the History section of the Document). You may use the same title as a previous version if the original publisher of that version gives permission. B. List on the Title Page, as authors, one or more persons or entities responsible for authorship of the modifications in the Modified Version, together with at least five of the principal authors of the Document (all of its principal authors, if it has fewer than five), unless they release you from this requirement. C. State on the Title page the name of the publisher of the Modified Version, as the publisher. D. Preserve all the copyright notices of the Document. E. Add an appropriate copyright notice for your modifications adjacent to the other copyright notices. F. Include, immediately after the copyright notices, a license notice giving the public permission to use the Modified Version under the terms of this License, in the form shown in the Addendum below. G. Preserve in that license notice the full lists of Invariant Sections and required Cover Texts given in the Document's license notice. H. Include an unaltered copy of this License. I. Preserve the section Entitled "History", Preserve its Title, and add to it an item stating at least the title, year, new authors, and publisher of the Modified Version as given on the Title Page. If there is no section Entitled "History" in the Document, create one stating the title, year, authors, and publisher of the Document as given on its Title Page, then add an item describing the Modified Version as stated in the previous sentence.
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Licence J.
Preserve the network location, if any, given in the Document for public access to a Transparent copy of the Document, and likewise the network locations given in the Document for previous versions it was based on. These may be placed in the "History" section. You may omit a network location for a work that was published at least four years before the Document itself, or if the original publisher of the version it refers to gives permission. K. For any section Entitled "Acknowledgements" or "Dedications", Preserve the Title of the section, and preserve in the section all the substance and tone of each of the contributor acknowledgements and/or dedications given therein. L. Preserve all the Invariant Sections of the Document, unaltered in their text and in their titles. Section numbers or the equivalent are not considered part of the section titles. M. Delete any section Entitled "Endorsements". Such a section may not be included in the Modified Version. N. Do not retitle any existing section to be Entitled "Endorsements" or to conflict in title with any Invariant Section. O. Preserve any Warranty Disclaimers. If the Modified Version includes new front-matter sections or appendices that qualify as Secondary Sections and contain no material copied from the Document, you may at your option designate some or all of these sections as invariant. To do this, add their titles to the list of Invariant Sections in the Modified Version's license notice. These titles must be distinct from any other section titles. You may add a section Entitled "Endorsements", provided it contains nothing but endorsements of your Modified Version by various parties--for example, statements of peer review or that the text has been approved by an organization as the authoritative definition of a standard. You may add a passage of up to five words as a Front-Cover Text, and a passage of up to 25 words as a Back-Cover Text, to the end of the list of Cover Texts in the Modified Version. Only one passage of Front-Cover Text and one of Back-Cover Text may be added by (or through arrangements made by) any one entity. If the Document already includes a cover text for the same cover, previously added by you or by arrangement made by the same entity you are acting on behalf of, you may not add another; but you may replace the old one, on explicit permission from the previous publisher that added the old one. The author(s) and publisher(s) of the Document do not by this License give permission to use their names for publicity for or to assert or imply endorsement of any Modified Version.
5. COMBINING DOCUMENTS
You may combine the Document with other documents released under this License, under the terms defined in section 4 above for modified versions, provided that you include in the combination all of the Invariant Sections of all of the original documents, unmodified, and list them all as Invariant Sections of your combined work in its license notice, and that you preserve all their Warranty Disclaimers. The combined work need only contain one copy of this License, and multiple identical Invariant Sections may be replaced with a single copy. If there are multiple Invariant Sections with the same name but different contents, make the title of each such section unique by adding at the end of it, in parentheses, the name of the original author or publisher of that section if known, or else a unique number. Make the same adjustment to the section titles in the list of Invariant Sections in the license notice of the combined work. In the combination, you must combine any sections Entitled "History" in the various original documents, forming one section Entitled "History"; likewise combine any sections Entitled "Acknowledgements", and any sections Entitled "Dedications". You must delete all sections Entitled "Endorsements."
6. COLLECTIONS OF DOCUMENTS
You may make a collection consisting of the Document and other documents released under this License, and replace the individual copies of this License in the various documents with a single copy that is included in the collection, provided that you follow the rules of this License for verbatim copying of each of the documents in all other respects. You may extract a single document from such a collection, and distribute it individually under this License, provided you insert a copy of this License into the extracted document, and follow this License in all other respects regarding verbatim copying of that document.
7. AGGREGATION WITH INDEPENDENT WORKS
A compilation of the Document or its derivatives with other separate and independent documents or works, in or on a volume of a storage or distribution medium, is called an "aggregate" if the copyright resulting from the compilation is not used to limit the legal rights of the compilation's users beyond what the individual works permit. When the Document is included in an aggregate, this License does not apply to the other works in the aggregate which are not themselves derivative works of the Document. If the Cover Text requirement of section 3 is applicable to these copies of the Document, then if the Document is less than one half of the entire aggregate, the Document's Cover Texts may be placed on covers that bracket the Document within the aggregate, or the electronic equivalent of covers if the Document is in electronic form. Otherwise they must appear on printed covers that bracket the whole aggregate.
8. TRANSLATION
Translation is considered a kind of modification, so you may distribute translations of the Document under the terms of section 4. Replacing Invariant Sections with translations requires special permission from their copyright holders, but you may include translations of some or all Invariant Sections in addition to the original versions of these Invariant Sections. You may include a translation of this License, and all the license notices in the Document, and any Warranty Disclaimers, provided that you also include the original English version of this License and the original versions of those notices and disclaimers. In case of a disagreement between the translation and the original version of this License or a notice or disclaimer, the original version will prevail. If a section in the Document is Entitled "Acknowledgements", "Dedications", or "History", the requirement (section 4) to Preserve its Title (section 1) will typically require changing the actual title.
9. TERMINATION
You may not copy, modify, sublicense, or distribute the Document except as expressly provided for under this License. Any other attempt to copy, modify, sublicense or distribute the Document is void, and will automatically terminate your rights under this License. However, parties who have received copies, or rights, from you under this License will not have their licenses terminated so long as such parties remain in full compliance.
10. FUTURE REVISIONS OF THIS LICENSE The Free Software Foundation may publish new, revised versions of the GNU Free Documentation License from time to time. Such new versions will be similar in spirit to the present version, but may differ in detail to address new problems or concerns. See http:/ / www. gnu. org/ copyleft/ . Each version of the License is given a distinguishing version number. If the Document specifies that a particular numbered version of this License "or any later version" applies to it, you have the option of following the terms and conditions either of that specified version or of any later version that has been published (not as a draft) by the Free Software Foundation. If the Document does not specify a version number of this License, you may choose any version ever published (not as a draft) by the Free Software Foundation.
How to use this License for your documents To use this License in a document you have written, include a copy of the License in the document and put the following copyright and license notices just after the title page: Copyright (c) YEAR YOUR NAME. Permission is granted to copy, distribute and/or modify this document under the terms of the GNU Free Documentation License, Version 1.2 or any later version published by the Free Software Foundation; with no Invariant Sections, no Front-Cover Texts, and no Back-Cover Texts. A copy of the license is included in the section entitled "GNU Free Documentation License". If you have Invariant Sections, Front-Cover Texts and Back-Cover Texts, replace the "with...Texts." line with this: with the Invariant Sections being LIST THEIR TITLES, with the Front-Cover Texts being LIST, and with the Back-Cover Texts being LIST. If you have Invariant Sections without Cover Texts, or some other combination of the three, merge those two alternatives to suit the situation. If your document contains nontrivial examples of program code, we recommend releasing these examples in parallel under your choice of free software license, such as the GNU General Public License, to permit their use in free software.
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