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Discours de Gaulle, Juin 1942 Par Eric de Roche le mercredi 10 juin 2009, 08:12 - Culture - Lien permanent Charles de Gaulle
Discours de Gaulle
20 Juin 1942: Tobrouk tombe aux mains de Rommel. Le 25 mai 1943, commence l'épopée des Français à Bir-Hakeim. Attaqués farouchement par l'ennemi, ils y opposent une résistance héroïque, sous les ordres du Général Kœnig. Le 10 juin 1943, opérant une trouée dans les lignes ennemies, les Français Libres, sur l'ordre du Commandement allié, évacuent BirHakeim, qu'ils avaient tenu seize jours. Discours prononcé à la BBC le 11 Juin 1942 Discours prononcé à l'Albert hall à l'occasion du second anniversaire du mouvement de la France libre le 18 juin 1942 Déclaration publiée en France dans les journaux clandestins le 23 juin 1942 Discours prononcé à Edimbourg en Ecosse le 23 juin 1942 11 Juin 1942 La nation a tressailli de fierté en apprenant ce qu'ont fait ses soldats à Bir-Hakeim. Braves et purs enfants de France qui viennent d'écrire, avec leur sang, une de ses plus belles pages de gloire! La nation, écrasée, trahie, souffletée, se rassemble dans la volonté de vaincre, comme s'unissent ses combattants des champs de bataille, ses combattants de Saint-Nazaire, ses combattants des groupes d'action intérieurs, comme se rejoignent les pensées suprêmes du soldat qui meurt en Libye, du marin coulé à bord du Surcouf de l'ouvrier qu'on fusille à Paris. Oui, c'est par le combat,dans le combat, que se refait l'unité française. L'ennemi s'est cru vainqueur de la France, parce qu'il avait pu, d'abord, rompre sous l'avalanche des moteurs notre armée préparée d'une manière absurde et commandée d'une manière indigne. L'ennemi connaîtra son erreur. Les cadavres allemands et italiens qui jonchent, en ce moment, les abords des positions de Kœnig peuvent lui faire présager de combien de larmes et de combien de sang la France lui fera payer ses outrages. Les traîtres se sont crus maîtres de la France, parce qu'en l'aveuglant de mensonges ils ont pu, d'abord, la forcer à la défaite et à l'humiliation. Les traîtres connaîtront leur erreur. Les signes multipliés de la fureur nationale peuvent leur faire pressentir de quelle façon se terminera l'aventure de leur infamie. En somme, l'ennemi dans son triomphe de Rethondes, les traîtres dans leur honte de Bordeaux, ont méconnu trois vérités. La première de ces vérités, c'est qu'une défaite militaire n'est jamais la défaite d'un peuple, quand ce peuple, fût-ce sous forme d'une poignée d'hommes, se refuse à l'accepter. L'ennemi, à ce sujet, aurait pu se souvenir de sa propre Histoire. A Iéna et à Auerstœdt, c'est dans l'espace d'un jour seulement que son armée s'était effondrée devant la nôtre. Pourtant, peu d'années après, les Prussiens vainqueurs défilaient à Paris. La seconde vérité, méconnue en juIn 1940 par l'ennemi et par les traîtres, c'est que la France n'est point du tout la nation décadente qu'ils voulaient imaginer. Certes, la France avait été plongée dans une crise de régime, où fleurissaient parmi ses dirigeants politiques et militaires la médiocrité, la routine et l'abus. Mais, sous cette écume
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passagère, vivait toujours une grande nation que l'oppression, loin de l'abattre, ne pouvait que redresser. La troisième vérité, c'est qu'une pareille guerre ne devait pas se limiter. Il s'est créé, siècle après siècle, entre les peuples du monde, un idéal commun de liberté et de justice, qui devait nécessairement faire de la lutte une lutte mondiale. Dès lors, l'écrasement final de ceux qui croyaient imposer par la force leur domination matérielle et morale est certain. L'ennemi et les traîtres ont dû s'apercevoir que leurs calculs de juin 1940, quant à l'asservissement total de la France et de son Empire, à l'effondrement de l'Empire britannique, à la neutralité russe, à l'isolement de l'Amérique, n'étaient qu'absurdes et colossales erreurs. Mais, au terme de la guerre des peuples, ce sont les peuples eux-mêmes qui feront payer ces erreurs. Le temps n'est plus où l'intérêt commun des trônes ou des privilégiés permettait de régler les comptes par traités entre chancelleries. L'ennemi et les traîtres auront beau, quelque jour, chercher à fuir le châtiment en reniant leurs propres crimes. L'ennemi et les traîtres paieront. Cliquez 2 fois pour haut de page
18 Juin 1942 Chamfort disait : « Les raisonnables ont duré. Les passionnés ont vécu! » Voici deux ans que la France, livrée et trahie à Bordeaux, continue cependant la guerre, par les armes, les territoires, l'esprit de la France Combattante. Pendant ces deux années, nous avons beaucoup vécu, car nous sommes des passionnés. Mais aussi, nous avons duré. Ah! que nous sommes raisonnables ! Je dis que nous sommes des passionnés. Mais, en fait de passion, nous n'en avons qu'une: la France! Les milliers d'entre nous qui, depuis le soi-disant Armistice, sont morts pour elle sur tant de champs de bataille d'Afrique et d'Orient, ou sur toutes les mers du globe, ou dans les ciels d'Angleterre, d'Erythrée, de Libye, ou pendant les nuits des combats de Saint-Nazaire ou aux matins des exécutions, ont mêlé le nom de la France à leur dernier soupir. Les millions d'entre nous qui restent debout, ou bien sur la terre nationale préparant les coups de la vengeance, ou bien frappant l'ennemi de leurs armes, ou bien maintenant, dans l'Empire libéré, à leurs postes d'administrateurs, de magistrats, de médecins, de professeurs, de colons, de missionnaires, sa souveraineté sacrée et sa bienfaisante influence, ou bien travaillant à l'étranger afin de lui garder ses amitiés et son rayonnement, ne veulent rien que servir la France, ne rêvent que lui être fidèles. Et, parce que rien de grand ne se fait sans la passion, la grande œuvre à laquelle le devoir nous a voués exige la passion de la France. Je dis que nous sommes. raisonnables. En effet, nous avons choisi la voie la plus dure, mais aussi la plus habile : la voie droite. Depuis que nous avons commencé notre tâche de libération nationale et de salut public, pas un de nos actes, pas un de nos mots, n'a jamais dévié de la ligne que nous avions adoptée. Nous voici le 18 juin 1942. Je suis, pour ma part, tout prêt à reprendre, sans rien y changer, tout ce que nous avons fait et tout ce que nous avons dit depuis le 18 juin 1940. Je ne sais pas si, dans le monde, beaucoup d'attitudes et beaucoup de déclarations seraient, ,après deux ans, intégralement réaffichées par leurs auteurs. Mais je sais que notre entreprise, à nous, peut être, depuis la première heure, contresignée, telle quelle, tous les jours. Les événements ont prouvé que cette rectitude était et demeure la meilleure politique possible. Sans nul doute, un certain fléchissement dans nos devoirs, certains accommodements avec nos responsabilités auraient pu nous faire paraître momentanément plus commodes. On aurait dit moins souvent : « Ah ! comme ils sont difficiles ! » 2 Mais, du même coup, nous aurions perdu cela même qui est notre flamme et notre raison d'être : l'intransigeance dans l'honneur pour le service du pays. Car, dans l'extrémité où la France se trouve réduite, il n'y a ni compromissions, ni transactions concevables. Que serait devenue la patrie si Jeanne d'Arc, Danton, Clemenceau, avaient voulu transige r? Du désastre à la victoire, la ligne droite est le plus court mais aussi le plus sûr chemin. Ce but immuable, ce but raisonnable, vers lequel nous avançons, pas à pas, depuis deux années, nous le définissons tous les jours, non seulement par des paroles, mais par des actes, dont le monde a compris la valeur et la signi-fication. Mais, puisque la date d'aujourd'hui est un anniversaire, nous userons de l'occasion pour définir ce but, une fois de plus. Nous n'avons jamais admis que la France fût sortie de la guerre. Pour nous, la défaite dans la bataille de 1940, le soi-disant Armistice, la prétendue neutralisation de nos forces et de nos territoires, l'abdication dans la panique et sous la menace, au profit d'un pouvoir
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personnel, de ceux qui avaient reçu du peuple mandat de le représenter, les atteintes portées aux institutions, aux lois, aux libertés de la République Française par d'impudents usurpateurs, la violation de nos alliances pour le compte de l'envahisseur, ne sont que des péripéties effroyables certes, mais passagères, dans la lutte que la France mène, depuis bientôt trente années, à l'avant-garde des démocraties. Pour nous, la décision prise, au nom de la nation, par ceux qui avaient qualité pour le faire et qui, à cette époque, étaient en mesure de choisir librement, est toujours en vigueur. Cette décision, c'est la déclaration franco-britannique du 28 mars 1940, sanctionnée par le vote de confiance du Parlement français, et qu'aucun Gouvernement légitime n'a jamais, depuis, révoquée. Pour nous, l'engagement pris par la France de ne négocier et de ne conclure aucun armistice ou traité de paix, sauf d'accord avec ses alliés, et réciproquement, doit être tenu. Pour nous, par conséquent, les autorités françaises qui, trompées par le mensonge d'un pouvoir illégitime, ou abusées par un prestige dévoyé, ou hantées par le souci d'utiliser la défaite au profit de certaines doctrines, ont renoncé à la guerre et empêchent ceux qui dépendent d'elles d'y participer, sont dans l'erreur et hors du devoir. Pour nous, c'est notre droit et c'est notre obligation, non seulement de combattre l'ennemi partout où nous pouvons l'atteindre, mais encore de ramener dans la lutte toutes les terres, toutes les forces françaises. Nous ne prétendons être rien d'autre que les Français qui combattent pour le salut de leur pays et sur l'ordre qu'il leur en a donné. Mais cela, nous prétendons l'être et nous en tirons toutes les conséquences sans reculer devant aucune. Ah !. certes, quand, il y a deux ans, nous nous sommes jetés à corps perdu - c'est bien le cas de le dire - dans l'accomplissement de notre mission nationale, il nous fallait faire, dans la nuit, au moins trois actes de foi. Il nous fallait, d'abord, nous fier à la résistance de la Grande-Bretagne, demeurée seule et presque sans armes devant la ruée d'une Allemagne et d'une Italie au maximum de leur force. Il nous fallait, ensuite, croire que les ambitions de l'ennemi pousseraient néces-sairement dans la lutte deux autres grandes Puissances : la Russie soviétique et les États-Unis, sans lesquelles on ne pourrait imaginer de succès définitif. Il nous fallait, enfin, être sûrs que le peuple français n'accepterait pas la défaite et que, malgré le joug allemand et le chloroforme de Vichy, il se redresserait un jour pour achever la guerre dans la victoire. Eh bien! on nous pardonnera de nous distraire un peu de ce que notre tâche a d'assez sévère par l'agréable constatation que nous n'avons pas eu tort. Nous avons vu la GrandeBretagne, sous l'impulsion d'un Winston Churchill, tenir ferme comme un roc sous les avalanches des bombes de l'invasion aérienne, mener durement et victorieusement la plus grande bataille navale de tous les siècles, déployer de vastes efforts en Orient, en Mrique, en Extrême-Orient, enfin se transformer en une redoutable place d'armes pour l'offensive. Nous avons vu le peuple et l'armée russes, sous la direction d'un Staline, briser, le long d'un front de 2 000 kilomètres, au cours d'une incessante bataille d'une année, l'attaque furieuse de l'Allemagne et de ce qu'elle appelle « ses alliés ». Nous voyons les ÉtatsUnis, sous l'inspiration d'un Roosevelt, à l'œuvre pour changer en instruments de puissance guerrière leurs formidables ressources et leur généreux idéalisme. Mais aussi, nous voyons les masses du peuple français se rassembler dans la résistance, au point que l'ennemi et les traîtres redoublent leurs brutalités et multiplient leurs mensonges pour prévenir la vengeance. En vain, d'ailleurs, car la France qui combat ou qui s'y apprête forme un tout indivisible aussi large que la nation. C'est tout haut que nous adressons aujourd'hui notre salut fraternel à nos vaillants groupements d'action en France, à « Libération», à « Combat», à « Vérité », à « Franc-tireur», à « Libération Nationale » et aux autres, à notre chère et si efficace Union Syndicaliste, à nos phalanges universitaires de résistance, à tous leurs chefs, à tous leurs combattants. C'est tout haut que nous nous adressons à tant de bons citoyens qui, en leur propre nom et au nom de leurs compagnons, trouvent moyen de nous assurer, par mille voies étranges et dangereuses, de leur concours à tout prix. C'est tout haut que nous parlons aux millions et aux millions de Français• et de Françaises, dont nous savons qu'ils n'attendent que l'avant-garde de nos troupes pour sortir leurs croix de Lorraine 1 et se retrouver tels qu'ils sont, enfants d'un grand peuple aux retours soudains et triomphants. Oui, d'un grand peuple et qui doit rester grand, pour lui-même et pour les autres. Mais comment le resterait-il s'il était tombé tout entier ? Comment et autour de quoi pourrait-il refaire son unité, si ses combattants n'étaient pas pour lui les symboles de son honneur, le levain de son courage, le centre de ses espoirs? Ah! certes, si cette guerre devait se terminer par le triomphe de l'ennemi, alors ce que nous avons fait n'aurait que la valeur d'un geste et servirait seulement à parer d'un suprême éclat l'agonie d'une grande nation. Mais, si le succès échoit au parti de la liberté, imagine-t-on ce que serait l'avenir du peuple français si, maintenu par des chefs indignes dans une neutralité honteuse, il voyait la guerre s'achever pour lui, sans droits, sans gloire et sans lauriers ? Mécontent de luimême et, par conséquent, des autres, irrité d'avoir tant souffert sans honneur et sans profit, humilié par une victoire qu'il n'aurait point partagée, dans quelles divisions, dans
quelle anarchie, dans quelle xénophobie, ne manquerait-il pas de tomber ? Les hommes qui ont la triste audace de prétendre conserver l'unité nationale dans la honte de l'Armistice sont les mêmes qui, déjà, passent leur temps à calculer quelle police, quelle légion, quels corps de protection, quel système de menaces, de censure, de délation leur sont nécessaires pour maintenir autour d'eux quelque apparence d'ordre public. Allons donc! L'unité nationale n'est que dans la lutte, dans la fierté, dans la victoire et, pour nous, qui avons choisi la lutte, la fierté, la victoire, refaire en combattant l'unité nationale est le premier de nos buts. Cependant, il est un élément qui, dans ces terribles épreuves, s'est révélé à la nation comme essentiel à son avenir et nécessaire à sa grandeur. Cet élément, c'est l'Empire. D'abord, parce que c'est dans l'Empire que s'est constituée la base de départ pour le redressement de la France. Sans doute, Vichy a-t-il pu, jusqu'à présent, en employant des moyens plus odieux les uns que les autres et, parfois, en trompant l'étranger, maintenir dans la neutralisation une large partie de nos territoires d'outre-mer. Mais il reste que l'Afrique Équatoriale, le Cameroun, la Nouvelle-Calédonie, les Nouvelles Hébrides, Tahiti, les Établissements Français d'Océanie, les Établissements Français des Indes, Saint-Pierre-et-Miquelon, se sont déjà affranchis de la capitulation. Il reste que les Républiques syrienne et libanaise, désormais indépendantes et auprès desquelles la France exerce son mandat, sont devenues pour elle, dans cette guerre même, des alliées précieuses et privilégiées. Or, c'est par là que la France a pu maintenir dans le combat, non seulement des moyens importants, mais encore des territoires où elle demeure belligérante dans sa souveraineté. D'autre part, il est apparu que, dans la détresse inouïe qui est celle de la France, les populations de l'Empire lui ont partout manifesté une fidélité magnifique. Quel plus bel hommage pourrait être rendu à son génie civilisateur ? C'est pourquoi, la nation française a pris conscience de son œuvre impériale et de la solidarité profonde qui l'unit à son Empire. Même le douloureux courage, apporté à la défense de telle ou telle partie de l'Empire contre la France Combattante ou contre ses alliés par des troupes qu'abusent encore les mensonges de Vichy, est à cet égard une preuve faussée, mais indubitable, de la volonté des Français. En vérité, toute atteinte à sa souveraineté dans l'Empire serait profondé-ment odieuse à la France 2. Aussi, tandis que nous exerçons cette souveraineté pour son compte dans tous ceux de ses territoires que nous avons pu libérer, nous la revendiquons pour elle dans tous les autres. Engageant à mesure et sans aucune réserve les ressources de l'Empire dans la lutte aux côtés de nos alliés et méprisant les calomnies des traîtres qui nous accusent de livrer à d'autres ce qui n'appartient qu'à la France, nous nous en tenons fermement, et pour le compte de la nation, à l'intégrité impériale. Mais, si la France combat pour se libérer par elle-même, dans toute la mesure du possible, et recouvrer par là sa fierté, son unité et son intégrité, elle le fait dans l'intérêt des autres aussi bien que dans le sien propre. M. Eden remarquait un jour « que la guerre actuelle rapetissait la terre .» Cela est profondément vrai. La vitesse, la puissance, le rayon d'action des engins de combat modernes tendent à faire de notre globe un seul et même champ de bataille. Du même coup, les conditions de la défense de chaque peuple se conjuguent, de plus en plus étroitement, avec celles de beaucoup d'autres. Il y a là, dans l'ordre stratégique, une conséquence inéluctable de l'évolution générale qui ne cesse de resserrer l'interdépendance des nations. Qu'il s'agisse de sécurité, d'activité économique ou de communications, l'isolement d'un État, si grand et fort qu'il puisse être, est devenu inconcevable. Des renégats du patriotisme peuvent bien crier aujourd'hui : « La France seule ! » tout en trouvant fort naturel qu'elle doive subir la compagnie d'un envahisseur détesté, mais la France, elle, sait bien que, privée d'alliances, elle serait condamnée à mort. Et, comme nous voulons, nous, que la France vive, nous lui gardons les alliances formelles ou naturelles qu'il lui faut. Ce qui fait la noblesse et l'espérance de notre temps, si cruel à l'humanité, c'est qu'il aura révélé aux nations, non seulement leur solidarité matérielle, mais aussi, mais surtout, l'absolue nécessité de leur communauté morale. Si bien que, d'un bout du monde à l'autre, au-dessus des champs de bataille comme à l'intérieur des usines, parmi les peuples opprimés aussi bien que chez les peuples libres, dans l'esprit des hommes de la rue comme dans celui des dirigeants, par-dessus les intérêts, les préjugés, les concurrences, s'élève et déferle aujourd'hui la vague des aspirations vers un idéal international. Or, si la guerre « qui enfante tout» ne permet plus aux nations de méconnaître leur solidarité, il est clair que la paix en exigera tout autant. Pour reconstruire le monde, devenu tout à la fois si troublé, si complexe et si petit, il faudra bien que les peuples qui furent unis dans l'effort sanglant le demeurent dans l'effort bienfaisant. En combattant depuis la première et jusqu'à la dernière heure dans le parti de la liberté, la France aura maintenu son droit et proclamé son devoir de participer à l'œuvre commune qui, sans sa présence active, serait d'avance très compromise. Oui, l'organisation de la solidarité internationale, sur des bases réelles et pratiques mais aussi sous l'inspiration de l'éternel
idéal humain, est pour la France Combattante un but très clair et très précis. Voilà pourquoi, dans l'ordre pratique, nous saluons l'alliance récemment conclue entre deux grandes Puissances européennes : la Russie soviétique et la Grande-Bretagne, parce que cette alliance, sans nuire à aucun Etat du parti de la liberté, constitue un élément capital fourni par l'Europe à l'effort commun dans la guerre et à la coopération dans la paix. Voilà pourquoi, dans l'ordre' moral, nous faisons nôtre le magnifique programme des quatre libertés humaines, que le Président des États-Unis a proposé aux peuples du monde comme contrepartie de leurs peines et comme but de leurs espérances. C'est qu'en effet, plutôt que la guerre des États, cette guerre est celle des hommes ou, comme disait récemment M. Henry Wallace 2, « The war of the C9mmon man.» C'est bien à l'homme, à la femme, que tout aura été demandé pour vaincre. C'est donc l'homme, c'est donc la femme, qui devront être les vainqueurs. Pour la France, en particulier,où le désastre, la trahison, l'attentisme, ont disqualifié beaucoup de dirigeants et de privilégiés et où les masses profondes du peuple sont, au contraire, restées les plus vaillantes et les plus fidèles, il ne serait pas acceptable que la terrible épreuve laissât debout un régime social et moral qui a joué contre la nation. La France qui combat entend que la victoire soit le bénéfice de tous ses enfants. A l'abri de l'indépendance, de la sécurité, de la grandeur nationales recouvrées, elle veut que soient assurées et garanties à chaque Français la liberté, la sécurité, la dignité sociale. Oui! depuis deux années, la vague n'a pas cessé de battre en brèche la France qui combat. A l'intérieur du territoire, l'oppression, la propagande, la misère, se sont liguées pour la réduire. A l'extérieur, elle a dû surmonter, moralement et matériellement, d'innombrables difficultés. Mais, invinciblement, la France Combattante émerge de l'océan. Quand, à Bir-Hakeim, un rayon de sa gloire renaissante est venu caresser le front sanglant de ses soldats, le monde a reconnu la France. Ah! certes, nous ne croyons pas que l'épreuve soit à son terme. Nous savons tout ce qui reste de force et d'astuce à l'ennemi. Nous n'ignorons pas quels délais sont encore nécessaires au parti de la liberté pour déployer toute sa puissance. Mais, puisque la France a fait entendre sa volonté de triompher, il n'y aura jamais pour nous ni doute, ni lassitude, ni renoncement. Unis pour combattre, nous irons jusqu'au bout de notre devoir envers elle, nous irons jusqu'au bout de la libération nationale. Alors, notre tâche finie, notre rôle effacé, après tous ceux qui l'ont servie depuis l'aurore de son Histoire, avant tous ceux qui la serviront dans son éternel avenir, nous dirons à la France, simplement, comme Péguy : Mère, voyez vos fils, qui se sont tant battus Cliquez 2 fois pour haut de page
23 Juin 1942 La déclaration suivante du Général de Gaulle est publiée en Framce dans les journaux clandestins de la zone occupée et de la zone non occupée, qui sont les organes des différents groupes d'action et de résistam:e. Cette déclaration constitue le programme d'avenir sur lequel ces groupements se sont mis d'accord après échanges de vues avec le Comité National Français. Les derniers voiles, sous lesquels l'ennemi et la trahison opéraient contre la France, sont désormais déchirés. L'enjeu de cette guerre est clair pour tous les Français : c'est l'indépendance ou l'esclavage. Chacun a le devoir sacré de faire tout pour contribuer à libérer la patrie par l'écrasement de l'envahisseur. Il n'y a d'issue et d'avenir que par la victoire. Mais cette épreuve gigantesque a révélé à la nation que le danger qui menace son existence n'est pas venu seulement du dehors et qu'une victoire qui n'entraînerait pas un courageux et profond renouvellement intérieur ne serait pas la victoire. Un régime, moral, social, politique, économique, a abdiqué dans la défaite, après s'être lui-même paralysé dans la licence. Un autre, sorti d'une criminelle capitulation, s'exalte en pouvoir personnel. Le peuple français les condamne tous les deux. Tandis qu'il s'unit pour la victoire, il s'assemble pour une révolution. Malgré les chaînes et le bâillon qui tiennent la nation en servitude, mille témoignages, venus du plus profond d'elle-même, font apercevoir son désir et entendre son espérance. Nous les proclamons en son nom. Nous affirmons les buts de guerre du peuple français. Nous voulons que tout ce qui appartient à la nation française revienne en sa possession. Le terme de la guerre est, pour nous, à la fois la restauration de la complète intégrité du territoire, de l'Empire, du patrimoine français et celle de la souveraineté complète de la nation sur elle-même. Toute usurpation, qu'elle vienne du dedans ou qu'elle vienne du
dehors, doit être détruite et balayée. De même que nous prétendons rendre la France seule et unique maîtresse chez elle, ainsi ferons-nous en sorte que le peuple français soit seul et unique maître chez lui. En même temps que les Français seront libérés de l'oppression ennemie, toutes leurs libertés intérieures devront leur être rendues. Une fois l'ennemi chassé du territoire, tous les hommes et toutes les femmes de chez nous éliront l'Assemblée Nationale qui décidera souverainement des destinées du pays. Nous voulons que tout ce qui a porté et tout ce qui porte atteinte aux droits, aux intérêts, à l'honneur de la nation française soit châtié et aboli. Cela signifie, d'abord, que les chefs ennemis qui abusent des droits de la guerre au détriment des personnes et des propriétés françaises, aussi bien que les traîtres qui coopèrent avec eux, devront être punis. Cela signifie, ensuite, que le système totalitaire qui a soulevé, armé, poussé nos ennemis contre nous, aussi bien que le système de coalition des intérêts particuliers qui a, chez nous, joué contre l'intérêt national, devront être simultanément et à tout jamais renversés. Nous voulons que les Français puissent vivre dans la sécurité. A l'extérieur, il faudra que soient obtenues, contre l'envahisseur séculaire, les garanties matérielles qui le rendront incapable d'agression et d'oppression. A l''intérieur, il faudra que soient réalisées, contre a tyrannie du perpétuel abus, les garanties pratiques qui assureront à chacun la liberté et la dignité dans son travail et dans son existence. La sécurité nationale et la sécurité sociale sont, pour nous, des buts impératifs et conjugués. Nous voulons que l'organisation mécanique des masses humaines, que l'ennemi a réalisée au mépris de toute religion, de toute morale, de toute charité, sous prétexte d'être assez fort pour pouvoir opprimer les autres, soit définitivement abolie. Et nous voulons en même temps que, dans un puissant renouveau des ressources de la nation et de l'Empire par une technique dirigée, l'idéal séculaire français de liberté, d'égalité, de fraternité soit désormais mis en pratique chez nous, de telle sorte que chacun soit libre de sa pensée, de ses croyances, de ses actions, que chacun ait, au départ de son activité sociale, des chances égales à celles de tous les autres, que chacun soit respecté par tous et aidé s'il en a besoin. Nous voulons que cette guerre, qui affecte au même titre le destin de tous les peuples et qui unit les démocraties dans un seul et même effort, ait pour conséquence une organi¬sation du monde établissant, d'une manière durable, la solidarité et l'aide mutuelle des nations dans tous les domaines. Et nous entendons que la France occupe, dans ce système international, la place éminente qui lui est assignée par sa valeur et par son génie. La France et le monde luttent et souffrent pour la liberté, la justice, le droit des gens à disposer d'eux-mêmes. Il faut que le droit des gens à disposer d'eux-mêmes, la justice et la liberté gagnent cette guerre, en fait comme en droit, au profit de chaque homme, comme au profit de chaque État. Une telle victoire française et humaine est la seule qui puisse compenser les épreuves sans exemple que traverse notre patrie, la seule qui puisse lui ouvrir de nouveau la route de la grandeur. Une telle victoire vaut tous les efforts et tous les sacrifices. Nous vaincrons! Cliquez 2 fois pour haut de page
23 Juin 1942 Je ne crois pas qu'à aucune époque un Français ait pu venir en Écosse sans être saisi par une particulière émotion. A peine foule-t-illa terre de ce vieux et noble pays qu'il discerne, entre votre peuple et le nôtre, de multiples affinités naturelles dont l'origine remonte au fond des âges. En même temps, se présentent à son esprit les mille liens, toujours chers et vivants, de l'alliance franco-écossaise, la plus vieille alliance du monde. Quand je dis : alliance franco-écossaise, je pense, évidemment, d'abord à cette étroite entente politique et militaire que, dès le Moyen Age, notre vieille monarchie concluait avec la vôtre. Je pense au sang écossais qui coulait alors dans les veines de nos rois et au sang français qui coulait dans les veines des vôtres. Je pense aux gloires communes des champs de bataille du passé, depuis le siège d'Orléans que délivra Jeanne d'Arc, jusqu'à Valmy où Gœthe reconnut qu'une ère nouvelle se levait sur le monde. Dans chacun des combats où, pendant cinq siècles, le destin de la France fut en jeu, il y eut toujours des hommes d'Écosse pour combattre côte à côte avec les hommes de France. Ce que les Français pensent de vous, c'est que jamais un peuple ne s'est montré, plus que le vôtre, généreux de son amitié. Mais, dans notre vieille alliance, il n'y eut pas seulement une politique commune, des
mariages et des coups d'épée. Il n'y eut pas seulement les Stuart, les reines de France et les reines d'Écosse, Kennedy, Berwick, Macdonald et la glorieuse Garde Écossaise. Il y eut aussi mille liens profonds des âmes et des esprits. Comment pourrions-nous oublier les inspirations réciproques des poètes français et écossais, l'influence des Locke et des Hume sur notre philosophie ? Comment pourrions-nous méconnaître ce qu'il y a d'indivis entre l'Église presbytérienne d'Écosse et les doctrines de Calvin ? Comment tairions-nous l'influence que le merveilleux Walter Scott a exercée sur la sensibilité de l'adolescence française ? Comment pourrions-nous ignorer tous les échanges d'idées, de sentiments, de coutumes et même de mots, que se prodiguèrent l'un à l'autre les deux peuples naturellement amis et dont il suffit de venir à Edimbourg pour recueillir tant de témoignages ? Or, cette amitié et cette compréhension, qu'en tout temps l'Écosse a montrées aux Français, leur sont aujourd'hui plus précieuses qu'elles ne l'ont jamais été. Sans doute, se mêlent-elles à présent à cette communauté de buts, d'efforts et d'idéals que constitue l'alliance de la France et de la Grande-Bretagne. Mais je crois pouvoir dire, sans désobliger personne, qu'elles ne s'y confondent pas et qu'elles gardent, au milieu de l'ensemble, leur caractère particulier, tout comme dans un bouquet une fleur conserve son parfum et sa couleur propres. Les milliers et les milliers d'Écossais qui, lors de la dernière guerre, mêlèrent leur sang au sang de nos soldats, c'est, je vous l'affirme, avec amour que la terre de France les recouvre. Le monument, érigé à leur mémoire sur la colline de Buzancy, n'a jamais, je le sais, été plus souvent fleuri par les Français que depuis l'invasion nouvelle. Si les roses de France sont aujourd'hui ensanglantées, elles se pressent cependant autour du glorieux chardon d'Écosse. Quant à moi, je puis vous dire que la camaraderie de combat, nouée sur le champ de bataille d'Abbeville en mai-juin 1940 entre la division cuirassée française que j'avais l'honneur de commander et la brave 51e division écossaise que commandait le Général Fortune, a eu sa part dans la décision que j'ai prise de continuer à combattre aux côtés des Alliés jusqu'au bout et quoi qu'il arrive. Nous vivons en un temps où toutes les sympathies comptent, surtout les plus éprouvées. Celle que vous nous témoignez dans la tâche assez difficile que moi-même et mes compagnons avons entreprise est la preuve réconfortante que, comme vos pères, vous savez avec qui est réellement la France et que vous avez gardé confiance dans son avenir. Nous saurons, comme nos pères, payer de retour. Et c'est pourquoi, en vous remerciant de la réception vraiment émouvante que vous m'avez ménagée ici, je terminerai en prenant à mon compte la vieille devise de la Compagnie écossaise : « Omni modo fidelis » . Cliquez 2 fois pour haut de page
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