Le groupe anglais était à Anvers, mercredi soir, pour la première de ses dates belges et européennes. Avec simplicité et en alignant les hits. Irrésistible.
Sablon
A ce moment-là du concert, une fois n'est pas coutume, c'est John Buckland, le guitariste, qui occupe le milieu de la scène. Tout à coup, l'instrument passe la deuxième. Mais ce n'est pas Buckland qui a appuyé sur la pédale d'effets. Dans l'ombre, quasi inaperçu, un roadie s'est exécuté. Coldplay en est là.
Qui en doute encore? Le groupe anglais est devenu une des formations majeures de la scène rock actuelle. Pour cela, il n'aura fallu que trois albums. Le dernier, «X&Y», sorti au printemps, est bien parti pour suivre les mêmes courbes de vente que les deux premiers (près de 20 millions d'exemplaires au total). En quelques heures, la première date de leur tournée européenne, mercredi soir au Palais des sports d'Anvers, a affiché complet. Une deuxième a été récemment programmée: les tickets sont partis aussi vite. Ce n'est pas banal. Même pour Chris Martin, figure centrale du groupe, qui paraît encore sincèrement étonné de ce qui leur arrive. En juin, Coldplay fut le premier groupe anglais à placer un titre dans les charts américains dès sa sortie. Le premier depuis... les Beatles. La référence s'arrête là. Mercredi soir, le «Tomorrow Never Knows» des Fab Four avait beau servir d'intro au concert, Coldplay sait plus que jamais où est sa place. Johnny Cash C'est sa grande force: le groupe connaît ses limites et du coup arrive à les exploiter à fond. «Square One» ouvre les débats, «Politics» suit, et déjà «Yellow» met tout le monde d'accord. Cela se fait avec enthousiasme, mais sans esbroufe, avec une mise en scène simplissime, à peine perturbée par le lâcher d'une trentaine de gros ballons jaunes.
Tout le «charisme» du groupe repose sur Chris Martin: sautillant devant son piano, se lançant dans une danse d'Indien, ou singeant de plus en plus Bono (quand il se colle à l'écran placé derrière la scène, tel «The Fly»). Le rapprochement avec U 2 n'est pas nouveau: les deux groupes partagent un même engagement (au Palais des Sports, à côté du merchandising, trouvait place un stand de l'ONG de commerce équitable Make Trade Fair), un même sens du lyrisme aussi, qui s'accommode finalement bien des grands espaces («on espère que même derrière, vous êtes avec nous», s'inquiète - pour rien - Chris Martin, qui piquera une pointe jusque-là, lors des rappels). On leur reproche parfois la mélancolie uniforme de leurs chansons. Il n'y a pourtant rien de larmoyant dans la façon dont elles sont restituées sur scène, au contraire. Et au moment où l'on pourrait peut-être se lasser, Coldplay a la bonne idée de s'installer sur le devant de la scène, pour une reprise acoustique de Johnny Cash et une autre de «Don't Panic», un de leurs nombreux hits. Question tubes, ils n'ont de toute façon qu'à se pencher, trouvant là l'ossature d'un concert auquel on peut difficilement résister, à l'image de «In My Place», en rappel. En exploitant ainsi son potentiel à fond, en allant au bout de la question, Coldplay récolte une ovation méritée. En cela, le concert d'Anvers a montré le groupe à un moment-charnière, arrivé à un tel sommet que, désormais, il se sait obligé de trouver d'autres espaces. En attendant, Coldplay se «contente» d'aligner de grandes chansons pop. Que demander de plus?