Article Rie Intelligence Collective Avril08

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 Veille    

Collaboratif

 L'intelligence collective

au service de la veille “L’intelligence collective” . Le phénomène est en marche. Elements de réflexion avec Christian Langevin et Ludovic Bour du groupe de travail IE du GFII

Christophe Marnat, Animateur du groupe de travail du GFII Intelligence Economique et économie de la connaissance, Directeur du Développement d'AMI Software. Dans le cadre de ses missions de suivi et d’étude des pratiques et des usages liés à l’intelligence économique et à la veille, le GFII a été amené à s’intéresser à un phénomène émergent qu’était celui de « Intelligence collective ». Ce concept sur lequel nous allons revenir dans cet article s’avère d’autant plus important qu’il marque l’appropriation par l’ensemble des métiers des notions d’intelligence économique et de veille sur son environnement.L’information se veut en effet de plus en plus transverse, elle tend à être mieux partagée et la mutualisation des connaissances et des expertises commence à être vue comme étant créatrice de valeur. C’est en partant de ces postulats que le groupe de travail Intelligence Economique et Economie de la connaissance du GFII a organisé une demi-journée de travail le 27 novembre 2007 dont le titre était : « Quels processus collaboratifs pour une démarche de veille et d'intelligence économique ? Retours d'expériences ». Les présentations sont en ligne sur le site du GFII (www.gfii.asso.fr). Les deux articles présentés ci-après reprennent quant à eux des éléments de réflexion sur les méthodes et outils pour le déploiement de démarches d’intelligence collective autour de la veille qui avaient été présentés par deux membres du groupe de travail : Christian Langevin, Directeur des Opérations, Qwam Content Intelligence et Ludovic Bour, Responsable du Département IE & Innovation, ACFCI.

Méthodes et outils pour le déploiement de démarches d’intelligence collective autour de la veille Qu’est ce que l’intelligence collective ? Plusieurs définitions existent concernant l’intelligence collective. Une d’entre elles émanant d’un sociologue spécialisé dans l’impact des nouvelles technologies nous a semblé appropriée : « L’intelligence collective consiste à mobiliser au mieux et à mettre en synergie les compétences des individus » (P. Lévy ; http://fr.wikipedia.org/wiki/ Pierre_L%C3%A9vy) En effet l’intelligence collective est une intelligence partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel et qui aboutit à une mobilisation effective des compétences individuelles au service d’un projet commun.

Un peu d’histoire Depuis l’avènement des démarches de veille et d’intelligence économique au début des années 1990, celles-ci ont surtout été l’apanage d’équipes spécialisées au sein des entreprises, à savoir cellules de veille, centres de documentation, directions de la stratégie, individus ou micro-équipes au sein de directions opérationnelles ou fonctionnelles, « Monsieur Intelligence Economique », etc. Ces équipes fonctionnaient généralement de façon assez cloisonnée au sein des entreprises et elles sous-estimaient et/ou méconnaissaient les aspects liés à la diffusion des résultats de la veille et au partage des informations issues des démarches d’intelligence économique.

Emergence du collaboratif Lors de la première génération de dispositifs de veille, on a souvent observé au sein des entreprises la

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 Veille     faible diffusion et appropriation des informations issues de la veille : le retour sur investissement de ces dispositifs était selon les directions générales clairement insuffisant.

typologies d’utilisateurs (veilleurs, experts techniques ou métier, utilisateurs finaux, directions opérationnelles, etc.) et donc leur collaboration au sein d’une démarche plus globale.

Une date à retenir sur le sujet : i-expo – le salon de l’information numérique, de la veille et de l'intelligence économique les 28 et 29 mai prochain sur le thème Stratégies d'information et intelligence collective - la révolution numérique 2.0.

Or, on observe depuis 2005-2006 une multiplication des démarches collaboratives au sein des organisations sous l’effet de plusieurs facteurs : — la généralisation des technologies web et des outils d’information dans les entreprises (intranet et autres), — l’apparition de démarches collectives sur le web (Wikipedia, etc.), — la plus grande réactivité nécessaire pour la bonne marche des entreprises, la généralisation de la concurrence et la mondialisation.

On synthétise dans le schéma fonctionnel ci-après le processus de veille tel qu’il est généralement admis.

Deux conférences plénières en accès libre, s'intéresseront à: - L'individu, l'entreprise et les réseaux de connaissance - Comment les réseaux construisent l'intelligence collective des territoires

Cette demande pour une approche collaborative se retrouve bien sûr dans le cadre des activités de veille et d’intelligence économique. Enfin sous l’effet des demandes et besoins d’informations des collaborateurs des organisations, les dispositifs de veille et d’intelligence prennent de l’ampleur en terme de nombre d’utilisateurs actifs au sein des organisations et se doivent donc d’intégrer les usages de plusieurs

Source : Christian Langevin, Qwam Content Intelligence

L'intelligence collective et la veille à i-expo

Intégration au cycle de l’information En reprenant le schéma générique du cycle de l’information, nous avons indiqué par un pictogramme (représentant un groupe de personnes), les principales étapes au sein desquelles les processus collaboratifs et les contributions d’utilisateurs multiples apparaissent. Comme exemples de processus collaboratifs, on peut citer : — au niveau du sourcing : • la contribution collective des utilisateurs permet d’enrichir les axes de veille par des contributeurs ayant des connaissances de sources moins connues mais adaptées à des besoins très spécifiques

Plusieurs ateliers s'intéresseront à l'intelligence collective et la veille : - Le management des communautés de pratique - Le processus collaboratif au service de la veille - Quels outils, des plus traditionnels aux plus novateurs, utiliser au service d'une démarche KM ? - Veille image et analyse de la résonance médiatique : retours d'expériences Plus d'information sur : www.i-expo.net

— au niveau de la surveillance et de la collecte d’informations • les remontées terrain et la collecte d’informations informelles ou très spécialisées relèvent d’un processus collaboratif ; il permet d’enrichir le dispositif de veille et d’impliquer les collaborateurs concernés • les informations collectées via les automates de collecte des solutions logicielles peuvent faire l’objet d’un processus collaboratif de validation collective de l’information par des spécialistes ou experts _ au niveau du traitement de l’information, les processus collaboratifs peuvent s’appliquer à : • l’analyse des contenus issus de la veille par l’intervention d’experts et spécialistes métier qui peuvent qualifier et annoter les contenus par rapport aux problématiques de l’entreprise • la mise en perspective et la validation des contenus par les utilisateurs concernés afin d’aboutir à la production de connaissances et d’informations à valeur ajoutée utiles aux décideurs

Les processus collaboratifs au sein du cycle de l’information : schéma fonctionnel.

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— au niveau de la diffusion et du partage de l’information, les processus collaboratifs permettent de :

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Source : Christian Langevin, Qwam Content Intelligence

Une itération continue et évolutive

Exemple de solutions de veille intégrant des processus collaboratifs.

Les processus collaboratifs sont eux-mêmes des processus cognitifs de production de connaissances. Les processus et les outils qui les sous-tendent sont en permanente évolution. On insistera sur le fait qu’il n’y a pas de dichotomie entre les processus et les outils et qu’il ne s’agit pas de commencer par l’un ou par l’autre comme on l’entend trop souvent ; parmi les écueils à éviter on rappellera que : — définir ses processus sans avoir d’outils ne permettra pas de lesstructurer — mettre en place des outils sans avoir réfléchi aux processus n’aboutit pas généralement à une performance satisfaisante Nous proposons le schéma suivant qui représente le cycle d’évolutions vertueux ainsi que les process connexes associés. L’émergence des processus collaboratifs au sein des dispositifs et solutions de veille est une tendance de fond. Les organisations qui mettront en place de tels dispositifs seront les mieux armées dans l’ère de l’économie de la connaissance pour tirer partie des gisements d’information et des opportunités d’innovation et de développement.

Outils de veille et processus collaboratifs : une itération continue et évolutive

• créer des produits d’information à destination de populations d’utilisateurs ciblés • diffuser les contenus de façon transversale au sein des communautés d’utilisateurs Cette logique collaborative est un axe majeur des solutions de veille et d’intelligence économique sachant qu’à l’heure de l’économie de la connaissance, l’augmentation, même minime, des connaissances et donc de la

performance de chaque collaborateur, contribue à une amélioration collective substantielle et donc à une bien meilleure performance globale. Les solutions de veille les plus évoluées commencent à intégrer des fonctions collaboratives. Une illustration est fournie ci-dessous avec un processus collaboratif concernant la validation et la diffusion d’informations scientifiques et techniques au sein d’une direction R&D.

 Christian Langevin Directeur des Opérations, Qwam Content Intelligence, membre du groupe de travail du GFII “Intelligence Economique et Economie de la Connaissance”, intervenant à l’Ecole Européenne d’Intelligence Economique

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 Veille     Optimiser le cycle de l’information en stimulant les pratiques collaboratives Une entreprise du quart nord ouest développe des composants plastiques pour la sous-traitance industrielle. Les relations commerciales qu’elle entretient avec ses fournisseurs de matières plastiques lui remontent des données sur l’évolution des cours pour l’achat des matières premières. Le responsable achat en relation avec les fournisseurs note sur une durée donnée des fluctuations « anormales » des prix ou tout du moins non justifiées par la conjoncture du moment. L’information remonte jusqu’à la DG qui demande d’organiser une surveillance sur ces fluctuations constatées. Les prix étant orientés à la baisse, le département achat ne juge pas prioritaire de formaliser cette surveillance. C’est une erreur qui va s’avérer fatale pour l’entreprise en question. Explication : un nouvel entrant sur le marché de l’entreprise visée a pour stratégie de pénétration de ce marché de développer une nouvelle norme qualité sur les matières produites. Cette norme – bien sûr – est supposée donner un avantage concurrentiel décisif à ce nouvel entrant qui seul dispose du savoir faire pour y répondre. Cette stratégie est complétée par une action auprès des principaux donneurs d’ordre pour leur faire adopter la norme en question. Lorsqu’un de ces donneurs d’ordre adopte cette nouvelle norme, la demande en matière plastique initiale diminue et donc le prix d’achat de la matière première. C’est ainsi que l’approvisionnement en matière première de l’entreprise s’est éteint sous l’action d’un nouvel entrant qui a « asséché » l’offre des fournisseurs de l’entreprise.

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Faut-il voir dans cette rupture dans la chaîne de fourniture des matières premières entrant dans la production de l’entreprise visée une logique de déstabilisation ? Probablement. Mais l’analyse des inputs dont disposait l’entreprise visée révèle que l’information était présente en son sein. Elle était dans l’entreprise, mais éclatée sur une multitude d’acteurs dont les commerciaux et vendeurs, qui de par la relation client qu’ils entretiennent avec les donneurs d’ordre avaient – par intuition – émis l’hypothèse de l’arrivée d’un nouvel entrant. Cependant, le lien n’avait pas été fait avec l’évolution sur le cours des matières premières nécessaires au processus de production.

Des signaux identifiés mais non partagés Il est facile de constater a posteriori les dysfonctionnements qui ont conduit au scénario tel que décrit ci-dessus. On peut cependant, penser que nombre d’entreprises ont repensé leur mode d’organisation pour y injecter des pratiques collaboratives de gestion de l’information. On voit dans le cas de cette entreprise que la résolution individuelle du problème était vaine, si tant est qu’il y ait eu perception du problème. Les signaux existaient dans l’entreprise, mais ils étaient stockés sur une multitude de capteurs sans que ceux-ci n’interagissent. Le cas exposé révèle que l’entreprise doit probablement se repenser dans ses modalités d’organisation, mais aussi dans les outils qui permettront d’optimiser le partage et la gestion des flux d’information et plus en amont de capture et de collecte. Car pour reprendre le cycle de l’information, la collaboration débute dans le choix des axes de surveillance, se poursuit dans la répartition de la collecte, dans l’organisation et la catégorisation des

éléments collectés, mais aussi dans leur analyse, qu’il s’agisse a minima d’une annotation, de commentaires et de notes plus élaborées, mais aussi d’un croisement des divers signaux qui mis en commun produiront du sens. Alors, si le socle technologique est nécessaire, mais non suffisant, il convient de s’interroger sur les stimuli qui vont favoriser dans l’entreprise l’intermédiation et l’échange entre les divers utilisateurs de l’information et l’impact du cycle de l’information sur les divers métiers dans l’entreprise. Ces stimuli sont d’autant plus nécessaires que les nouvelles (web) applications émergentes répondent de plus en plus à des principes d’organisation dont l’objectif est de gérer à l’avenir davantage de flux que de stocks (d’information). Cette nouvelle dynamique de l’information permet aux individus dans les organisations de développer des stratégies de collecte de données, de traitement et de diffusion de l’information. Il devient donc déterminant pour l’entreprise d’organiser la stimulation collective de l’intelligence individuelle. Il convient donc dès lors de resituer la question des pratiques collaboratives en matière d’intelligence économique dans un contexte dynamique soumis à l’évolution des métiers et des publics qui manipulent (utilisent) l’information, à l’excroissance des données disponibles, au développement d’outils et applications qui optimisent l’action des « travailleurs du savoir » tout au long du cycle de l’information. Il ne s’agit pas – dans cette tribune d’ouvrir le champ des possibles qu’offre les nouvelles applications réputées sociales ou dans la mouvance du web 2.0. Mais force est de constater que du fait des interactions qui se construisent entre les acteurs (permises par les

 Veille     nouvelles fonctionnalités qu’offrent ces outils) les consommateurs de l’information ont la capacité à devenir acteurs. D’un rôle de récepteur, ils deviennent émetteurs. Ce changement radical de paradigme qui se diffuse dans les entreprises et les organisations ne peut être ignoré. Il convient d’avoir aujourd’hui une approche attentive pour ne pas dire attentionnée sur ces tendances. On assiste – dans une certaine mesure - à une injection régulière et continue de fonctionnalités réputées « sociales » dans les applications de recherche d’information et de catégorisation. Où l’on parle de folksonomies comme processus d’indexation, de système de notation pour qualifier la pertinence de certaines informations, de moteurs sociaux, de favoris partagés, etc. La liste de ces applications dédiées à l’optimisation du cycle de l’information s’allonge quotidiennement ; il serait vain de vouloir la dresser. On ne retiendra qu’à titre illustratif pour envisager cette convergence entre les pratiques collaboratives dans le traitement de l’information et l’environnement des outils réputés web 2.0 : 1) le projet OpenCalais qui permet d’appliquer à un texte donné des métadonnées catégorisées automatiquement. Cette plateforme d’indexation automatique est développée sur l’outil d’analyse sémantique ClearForest. L’initiative est menée par Reuters : acteur majeur s’il en est dans le domaine de la production de contenu à usage professionnel. Un indice qui laisse apprécier la convergence en cours entre les producteurs de contenus et les fournisseurs de solutions de recherche 2) XWiki Watch qui permet d’organiser une veille collaborative sur la base de flux RSS. Les flux ainsi surveillés au niveau d’une communauté dans l’entreprise sont enrichis de commentaires,

d’annotation et de mots clés attachés puis rediffusés dans l’organisation pour traitement sous forme de rapport d’étonnement, synthèse, relevé pour prise de décision, revue de presse.

Favoriser les stimuli L’intérêt de ces « nouveaux outils » tient aussi à ce qu’ils distillent auprès des utilisateurs de nouveaux comportements. On parlera de sérendipité ou processus cognitif qui développe la capacité à trouver quelque chose que l’on ne cherche pas. On passe de la consommation d’une information escomptée à un contenu suggéré. Les modèles de l’innovation sont réactualisés. Il s’agit dès lors de stimuler la créativité et révéler les idées et concepts novateurs dans les organisations et les entreprises susceptibles de conférer un avantage compétitif. En tout état de cause, nous sommes à une étape charnière des modalités d’accès à la connaissance. On assiste à une inversion du modèle d’innovation dans le secteur de l’information professionnelle : un avant où l’initiative des évolutions technologiques était le fait de groupes industriels et de groupes de presse en particulier ; un demain dans lequel on assiste à l’émergence d’un modèle où les applications grand public innervent le secteur de l’information professionnelle. C’est une logique de production collaborative qui se diffuse chez les éditeurs et diffuseurs de contenus à partir d’outils grand public tels les weblogs, les wikis, soit un ensemble d’espaces collaboratifs qui favorisent l’échange et la production de connaissance. Les entreprises sont aujourd’hui confrontées au risque de voir les collaborateurs utiliser leurs propres outils dont l’efficacité peut dépasser celle que propose le système d’information de l’entreprise et dont la gratuité renforce l’adoption. En conclusion, il est opportun de rappeler que la plupart des informations

stratégiques pour l’entreprise est déjà présente à l’intérieur de l’entreprise et qu’un cadre passe environ un tiers de son temps à rechercher de l’information. La veille collaborative (bien qu’il faille étendre la collaboration à l’ensemble du cycle de l’information) vise ni plus ni moins à optimiser l’ensemble des tâches qui consiste à gérer l’information pour au final, apporter la bonne information au bon moment au bon destinataire. Cette tendance au développement des pratiques collaboratives ne peut que s’accentuer avec l’hypertrophie des données disponibles et l’hétérogénéité des ces sources qui obligent les travailleurs du savoir à s’organiser davantage entre données structurées et non structurées. Les outils deviennent alors essentiels dans cette organisation toute orientée vers le collaboratif. Reste à définir pour les organisations les modalités de la stimulation des pratiques collaboratives en leur sein. Dans ce contexte de mutation, le GFII (Groupement Français de l’Industrie de l’Information) au sein de ses groupes de travail, mène des réflexions pour éclairer les divers acteurs du secteur de l’information numérique (utilisateurs, prestataires, fournisseurs de contenus et de solutions).  Ludovic Bour Responsable du Département Intelligence Economique & Innovation, Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie, membre du groupe de travail du GFII “ Intelligence Economique et Economie de la Connaissance”, administrateur du GFII

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