Dimanche 15 mars – Scottsdale 20 h 36 Hier, samedi, Anne et moi nous sommes rendus à Scottsdale (encadré jaune sur la carte), cette partie de Phoenix située au nord-ouest de l’agglomération en vantée par la plupart des guides comme étant l’endroit à privilégier pour une courte villégiature ; outre ses nombreux resorts (hôtels plus ou moins de luxe - stations familiales), Scottsdale abrite une appréciable quantité de galeries d’art, magasins de cowboy boots (genre Santiags) et autres shops à touristes. Nous nous sommes rendus là-bas à vélo, en traversant le Papago Park (encadré bleu sur la carte, itinéraire en rose), immense parc «naturel» situé juste au nord de Tempe. C’est dans ce parc que se situe l’Arizona Historical Society Museum dans lequel Anne travaille (le petit soleil en bas). Cette excursion s’est avérée bien agréable, même si le «parc platonicien», c’est-à-dire l’idée du parc telle qu’Anne et moi la concevions, est rudement bouleversée par les (splendides) paysages désertiques qui s’offrent à nous, précisément, en guise de «parc». Arrivés à Scottsdale, nous sommes accueillis par une pancarte annonçant la «most livable city», autrement dit la ville où il fait le meilleur vivre, tout en étant que nous ignorons si ce slogan est à interpréter de manière relative (à l’intérieur de Phoenix) ou absolue (dans le monde entier). Cette dernière hypothèse serait faire preuve d’une prétention peu commune. Scottsdale, en effet, est un endroit éminemment sympathique et propose certes au touriste un bon divertissement...
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Ceci n’est pas un lieu de passage. «Bienvenue» (écrit sur fond orange, comme les avertissements pour produits toxiques), «‘Haute-vue’ est un voisinage qui survei*e. Tout individu ou activité suspecte sera systématiquement rapporté à la police»
20 h 51 ... Au-delà, toutefois, c’est aussi dans une certaine mesure un ghetto à riches, un coin à banlieues frileuses où se retranchent, chacun dans sa maison, des voisins qui ignorent tout l’un de l’autre et qui prennent le pick-up pour aller chercher le café du matin (bon, je force le trait, évidemment). Lectrice, lecteur, ne ricane pas trop vite : ce mode de vie (banlieue, 4 façade, voisinage autiste, peu inséré dans un quelconque tissu social, omniprésence de la voiture) est en pleine expansion en Belgique et peine à être endigué par les pouvoirs publics. Pour rendre justice à Scottsdale, je précise encore que le genre de panneaux sympathiques présentés ci à gauche sont monnaie courante et qu’on les trouve à l’entrée de beaucoup de neighborhoods ; disons simplement que ceux de Scottsdale sont symptomatiques. A la barre du témoin, j’appelle le cours de golf, sillonné d’un rouge sanguin sur la carte, page précédente. Le croirez-vous? Cette longue barre verte de plusieurs miles (et 1,6 fois plus de kilomètres) n’est qu’un long cours de golf, ou une succession de cours de golf. C’est qu’en effet, Phoenix, et particulièrement Scottsdale, se targuent de leur spécialité ès cours de golf, ce qui est un comble au beau milieu du désert. Car ce «vert», sur la carte, correspond à une réalité ; nulle question, sur les golfs, de paysages désertiques. Au contraire, là, petites collines et gazon resplendissant sont de rigueur, à grand renforts d’eau, vous savez, cette ressource précieuse qui ne court pas vraiment les fleuves asséchés, en plein désert?! Le golf, spécialité régionale, croyez-moi, nous en reparlerons. J’ai concocté un petit reportage photo qui ne saurait tarder et dont vous me direz des nouvelles.
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