PAUVRETE:LE RWANDA SOUFFRE EN SILENCE LE PRESIDENT S'EXPLIQUE:UN PAYS TROP EXIGU MOBILISATION GENERALE AU RWANDA:LE PAPE ARRIVE BRAECKMAN,COLETTE Jeudi 14 juin 1990 PAUVRETÉ: LE RWANDA SOUFFRE EN SILENCE Famine au vert pays des Mille Collines. La pauvreté sous les bananeraies. Et la dignité aussi. UN REPORTAGE de Colette Braeckman, envoyée spéciale Jamais le Rwanda n'a été aussi vert qu'en cette année. A l'infini, les collines ondulent, quadrillées de champs qui semblent taillés au ciseau, ceintes de terrasses, adoucies par l'apparent fouillis des bananeraies. Partout, comme des abeilles industrieuses, les gens s'affairent. En chemise rose, les prisonniers réparent les routes, des femmes grattent le sol jusqu'au bord de l'aphalte, pour ne pas perdre le moindre centimètre de cette terre noire qui les fait vivre. Du côté de Butare, les avocats sont présentés en pyramides rutilantes, vers Kibongo, les hommes transportent la bière de banane dans des bidons de plastique, à Gitarama, le marché offre des pommes de terre, des oignons, des tomates, des fraises, des bouteilles de jus de fruits, des confitures. Comment, dans cet Eden africain, imaginer que huit cent mille personnes soient en état de pénurie alimentaire, que la famine a déjà fait des centaines de morts (trois cent quatre selon le président Habyarimana...) et contraint à l'exil des milliers de Rwandais? Il ne faut cependant pas aller bien loin pour découvrir, dissimulées sous la fausse opulence des bananeraies, la pauvreté, la faim, la dignité aussi. Car au Rwanda, nul n'avouera qu'il meurt de faim. Les corps squelettiques que les voisins transportent sur des brancards de bois, les silhouettes affaissées qui attendent aux portes des dispensaires, les enfants aux membres comme des alumettes ne souffrent pas de la faim. Selon les intéressés, selon leurs proches, ils sont victimes de la malaria, de la diarrhée, de la tuberculose. Mais la faim, qui mine le corps et humilie ces paysans opiniâtres, nul, jamais, ne l'avouera. Il règne ici, de haut en bas une fierté, une discrétion, qui empêcha longtemps le gouvernement rwandais de faire appel à l'aide alimentaire étrangère, qui dissuada des paysans frappés par la disette de s'adresser aux autorités locales. Mais à l'heure actuelle, cette retenue a disparu, et dans chaque commune, on a établi la liste des nécéssiteux. Bien souvent ce sont les paysans eux mêmes qui ont désigné les plus touchés et à Shyanda, par exemple, des files de femmes et d'enfants attendent devant le centre de nutrition. Dans cette commune, il suffit de quitter la route, de se faufiler entre les bananeraies pour constater la réalité du problème, ses effets et ses causes. Car ici, il y a 45.000 habitants pour 53 km2, une densité presque asiatique de 800 habitants au km2. Les parcelles sont minuscules, morcelées à l'infini, surexploitées, on y découvre côte à côte des cultures de haricots, de patates douces, de manioc, des caféiers. Le seul réconfort des habitants, qui n'ont pas d'électricité, ce qui les empêche de développer des activités artisanales, c'est la mission de Save qui domine la colline. Ecole, couvent, vaste église de briques, hôpital, dispensaire, centre de nutrition, tout ici tourne autour de l'église catholique. Mais au centre de santé, si l'on donne de la bouillie vitaminée aux enfants, on se refuse à parler contraception aux femmes: pour cela, disent les religieuses, elles doivent se rendre à Butare, à plus de 25 km de Save. Quelle sera la mère de famille chargée d'enfants en bas âge qui fera la démarche? LE FILS EST PARTI
ET N'EST JAMAIS REVENU A Marhaba, les effets de la surpopulation sont plus visibles encore, car ici, la terre est appauvrie, et ne nourrit pas ses cinq cents habitants au km2. Le bourgmestre qui établit lui-même la liste des indigents affirme que la situation est sous contrôle, et sa femme dirige de main de maître le centre nutritionnel. Mais il ne faut pas aller loin pour découvrir la vraie misère, muette, résignée. A quelques centaines de mètres du centre communal, toute une famille, père, mère, trois filles et un garcçon, est assise devant une maison minuscule, au toit couvert de feuilles. Derrière la maison, un petit jardin, où sous les bananeraies poussent des haricots maigrichons. Au fond, une autre maison, celle du fils aîné. Là aussi, une femme, qui porte un enfant sur les bras, est assise devant la porte et regarde mélancoliquement quelques poignées de grains de café qui sèchent au soleil. Le chef de famille, M. Tharcisse Mudaheranwa a huit enfants, et a du partager sa parcelle de 15 m sur 30 avec son fils aîné lorsque ce dernier s'est marié. Le fils lui-même, qui a déjà quatre enfants, est parti en janvier, affirmant qu'il allait chercher de la nourriture ou du travail au Burundi. Il n'a jamais écrit, il n'est jamais revenu. Depuis lors la famille attend. Rongée par les charençons, la récolte de haricots n'a rien donné. La bananeraie est épuisée. Voici un mois, la commune a distribué un peu de haricots et de sorgho, une seule fois. La famille possède une vache, mais actuellement le fourrage manque, et on a peur de devoir l'abattre. Jadis, dit M. Tharcisse Mudaheranwa, il y avait le café, nous possédons cinquante-quatre caféiers et cela nous procurait un peu d'argent. Mais cette année, la récolte se réduit à quelques kilos de grains qui seront payés beaucoup moins cher que précédemment, 100 francs rwandais le kilo ou même moins, contre 125 jadis. (un franc belge vaut 2,2 francs rwandais). Autrefois, cette modeste ressource monétaire permettait au paysan de payer ses impôts, de régler les frais scolaires de ses enfants, d'acheter, éventuellement quelques vêtements. Mais surtout, se souvient M. Mudaheranwa, si notre récolte était insuffisante nous pouvions, avec cet argent, acheter un peu de nourriture sur le marché. A l'heure actuelle, où la soudure entre les récoltes s'avère difficile, la famille n'a pas d'argent disponible, et en attendant d'hypothétiques secours, elle a faim, tout simplement. Mais M. Mudaheranwa ne reconnaîtra jamais que son enfant est mort de faim: c'est dit il, la malaria qui a sévi... Appelée «celle qui n'épargne personne», la famine a fait de ravages au Rwanda, des milliers d'hommes ont quitté leur commune, leur famille pour chercher de la nourriture au Burundi et en Tanzanie. Mais la Tanzanie a commencé à expulser ces réfugiés économiques arrivés dans le pays après 1986, et ces milliers d'indésirables obligés de rentrer chez eux posent un nouveau problème à ce pays surpeuplé. A l'heure actuelle, l'aide alimentaire, européenne notamment, arrive enfin sur place et elle permet de colmater les aspects les plus visibles, les plus urgents, de la disette. Mais la famine, surtout, a révélé des maux plus profonds qui minent le Rwanda et risquent d'annuler les efforts spectaculaires que déploie ce petit pays pour assurer son développement. Le plus visible de ces problèmes, c'est évidemment la démographie. Avec une moyenne de 8,5 enfants par femme, le taux d'accroissement de la population est au Rwanda l'un des plus élevé du monde et malgré son optimisme, la directrice de l'Onapo, l'Office de planning familial, reconnaît que 6 % seulement des femmes en âge de procréer pratiquent le contrôle des naissances. L'Onapo cependant dispose, depuis dix ans de moyens impressionnants, mais son action est freinée, sinon bloquée, par l'Eglise catholique, toute puisssante au Rwanda. Dans ce pays où l'avortement est strictement interdit, l'Eglise, qui contrôle plus de la moitié des dispensaires, refuse la moindre information à propos des méthodes anticonceptionnelles»artificielles». Seules sont autorisées les méthodes naturelles, celle des températures, ou la méthode Billings, qui requiert de chaque femme une observation méthodique, quotidienne, de ses glaires. Avec la mise sur papier des résultats, afin de déterminer les périodes de fécondité. Faut il dire que pour des femmes harassées, qui n'ont pas l'électricité et sont souvent analphabètes, cette méthode est impossible à pratiquer...
LE PRIX DU CAFÉ, BAROMÈTRE ÉCONOMIQUE Si la croissance de la population est à ce point catastrophique, ce n'est pas seulement parce que le Rwanda manque de terres. C'est aussi parce que les activités autres que l'agriculture sont encore trop peu nombreuses, trop peu rentables. Cependant des efforts remarquables sont déployés par des organisations non gouvernementales notamment, pour utiliser autrement les ressources humaines. C'est ainsi que du côté de Nyakisu, Frère des Hommes a installé une petite menuiserie qui produit de jolis meubles vendus dans la région. A Kigali, avec l'appui du Bureau international du travail, la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) a créé de nombreuses coopératives d'artisans. Partout dans la ville de telles initiatives existent et se multiplient: chaudronniers, lavage de voitures, petits ateliers mécaniques, menuiseries. Ces activités secondaires emploient bon nombre de jeunes rejetés par les campagnes surpeuplées mais n'arrivent pas encore à absorber toute la main-d'oeuvre disponible. Car un autre problème se pose à la ville comme à la campagne, tellement évident qu'on a scrupule à l'évoquer: l'argent. Les ressources monétaires manquent pour acheter la production des artisans, et sur les collines, si les paysans ont faim, s'ils ne peuvent plus s'acheter ni nourriture complémentaire, ni quelques meubles ou quelques vêtements, c'est parce qu'ils manquent d'argent. Les ressources du pays ont en effet chuté de manière dramatique au cours des deux dernières années à la suite de la chute des prix du café. En 1986, les recettes du café, la principale culture d'importation, rapportaient au pays 16 milliards de Francs rwandais par an. Ce revenu n'était plus que de 5 milliards en 1989. A l'heure actuelle, un kilo de café coûte au Rwanda, tous frais de production compris, 190 F rwandais le kilo. Or il est vendu à 160 F rwandais sur les marchés mondiaux. Autrement dit, l'Etat rwandais, qui s'efforce de ne pas trop répercuter cette chute des cours sur les producteurs, paie la différence et la»caisse de stabilisation» accuse désormais un trou de 2 milliards de FB... Le gouvernement, amputé de la moitié de son budget, a décidé des économies draconiennes (suppression des voitures de fonction, réduction d'un train de vie déjà fort austère...) mais la fonte des réserves monétaires l'a obligé à réduire les importations et va le contraindre à négocier avec le Fonds monétaire international. Pour les petits cordonniers de Kigali, cette réduction des importations se traduit par une menace sur leurs activités: ils ne disposent plus du caoutchouc et des lacets qui leur permettait de fabriquer des sandales pour le marché local... La crise économique aiguise aussi les problèmes politiques: le vent de contestation qui souffle sur toute l'Afrique n'épargne pas le Rwanda. Le parti unique est mis en cause ici aussi, l'enseignement est critiqué car 10 % seulement des enfants qui sortent du primaire sont admis dans le secondaire et le système des quotas est souvent faussé par le favoritisme au profit des gens du Sud, la région du Président. Dans la presse, les journalistes contestataires ont été remis au pas (un abbé est mort de bien suspecte façon et la thèse de l'accident de voiture n'a surpris personne), des avertissements ont été délivrés aux imprimeurs. Et sur tout le pays plane aujourd'hui la crainte de l'ajustement structurel: pour obtenir des capitaux frais, le Rwanda devra conclure un accord avec le Fonds monétaire international et se soumettre à certains impératifs, comme, très probablement, une dévaluation de la monnaie nationale. Comme tout le monde parle d'une décision qui n'est pas encore prise, et que les importations en devises sont pratiquement bloquées, le marché noir est florissant et tous ceux qui le peuvent sortent des capitaux du pays... Longtemps présenté comme un modèle de stabilité, comme l'un des seuls pays d'AFrique centrale qui privilégiait véritablement le développement et maîtrisait sa politique économique, le Rwanda traverse à son tour la zone des tempêtes et l'on craint à Kigali que les remous qui agitent le Zaïre n'épargnent pas le»petit frère» des Mille Collines... Le président s'explique: un pays trop exigu... Jovial, accueillant, le président Habyarimana, qui donne l'impression de diriger son pays en «bon
père de famille», ce qu'il est d'ailleurs, avec ses huit enfants, ne craint pas de converser longuement, de manière détendue, avec les journalistes étrangers. Alors que les journalistes rwandais, intimidés peut être, se tiennent à distance respecteuse et n'apprennent que par la suite quelles ont été les sujets abordés, les critiques éventuellement formulées par leurs collègues étrangers... Le président, qui, en mars seulement, alors que des informations alarmantes circulaient depuis novembre, a visité les communes affectées par la famine, reconnaît que les autorités locales ont volontairement minimisé la situation: Dans la commune même, on ne voyait rien. Il fallait vraiment descendre dans les familles pour se rendre compte de la situation. J'ai trouvé une cellule où il n'y avait plus que cinq hommes. Tous les autres étaient partis chercher de la nourriture ou du travail en Tanzanie... Et les gens disposaient moins de la moitié d'un hectare par famille. Après cela j'ai mis en place une commission chargée de réfléchir aux besoins, aux solutions. Il nous faut une aide alimentaire certes, mais aussi des intrants, une assistance phytosanitaire pour écarter les insectes. J'ai de mauvais souvenirs de l'aide alimentaire: la dernière fois, les secours sollicités en décembre sont arrivé en mai, au moment des récoltes, ce qui a cassé les prix locaux. En outre, on nous a apporté des produits auxquels les paysans n'étaient pas habitués, comme des sardines en boîte par exemple... Le Président se dit actuellement très préoccupé par le fait que la Tanzanie renvoie des Rwandais exilés, et dont le nombre total pourrait dépasser les dix-huit mille adultes. Le président espère qu'avec le développement des ensembles régionaux, il deviendra possible qu'un jour le Rwanda puisse envoyer des ressortissants dans les pays voisins, au Zaïre par exemple, ou en Tanzanie, où il y a plus de place... De manière plus générale, le retour des exilés et réfugiés pose un grave problème au Rwanda: les pays voisins abritent des dizaines de milliers de réfugiés plus anciens, surtout d'origine tutsi, qui ont quitté le pays en 1959, lors du renversemùent de la monarchie et ces derniers souhaiteraient rentrer dans leur pays. Mais, ici aussi, le président invoque l'exiguité de son pays: Il est impossible de réinstaller ici ces réfugiés anciens, mais nous envisageons de leur permettre de rentrer au pays pour retrouver leur famille, y passer des vacances par exemple... Mais dans ce cas, ces gens, qui auraient acquis la nationalité ougandaise, n'auraient plus l'étiquette de réfugiés et pourraient voyager au Rwanda... Le Pprésident reconnaît l'ampleur des problèmes démographiques, le relatif échec de l'Onapo, mais refuse toute contrainte: La décision concernant le nombre d'enfants appartient au couple luimême; cela aussi fait partie des droits de l'homme. Quant à l'Eglise, elle a ses principes, et pour que cela change c'est très difficile... Espérons que quand le Pape viendra, il verra de lui-même l'ampleur du problème, il devrait pouvoir survoler le pays... Le président du Rwanda n'élude pas la question du jour, celle du multipartisme, mais selon lui, le problème n'est pas le nombre de partis, mais la démocratie elle-même. Nous devons nous demander comment introduire, ou comment améliorer la démocratie dans notre système politique. Nous, nous pensons, au vu de la structure du MNRD et de la nature des débats, que la démocratie est là, mais qu'il y a moyen de l'améliorer. C'est pour cela que nous avons fait mettre en place des groupes de réflexion. Nous allons poser la question du renforcement de la démocratie à la population. Si les gens répondent qu'ils veulent le multipartisme, je vais m'exécuter... Le président affirme qu'il existe des contre-pouvoirs au Rwanda et que lorsque les gens s'expriment on en tient compte. Ainsi par exemple, les parents souhaitaient que la durée de l'enseignement primaire soit ramenée de huit à six ans, et ils ont été entendus. Le chef de l'Etat rwandais aime aussi la démocratie directe: Les journaux en kinyarwanda sont de plus en plus libres, ils n'hésitent pas à critiquer. Je considère que la presse est importante, car elle peut contribuer à mobiliser les gens. Mais surtout, les gens ont l'habitude de m'écrire directement, ou même de m'arrêter sur la route lorsque je gagne la ville ou que je me promène en famille. Ils me remettent des papiers et je prends toujours soin de faire faire une enquête. Le Rwanda ayant longtemps été considéré comme un «pays sérieux», un «bon élève» gérant au plus près ses ressources et son budget, le chef de l'Etat ne cache pas son amertume à la
perspective de devoir lui aussi passer par les fourches caudines de l'ajustement structurel, de devoir accepter les solutions proposées par le FMI et c'est avec une certaine tristesse qu'il constate que les pays de la CEE et même des pays aussi proches que la Belgique se rangent désormais aux côtés des instances multinationales. On nous traite de la même manière que les mauvais payeurs, alors que nos difficultés économiques viennent de la chute des cours du café... C. B. Mobilisation générale au Rwanda: le Pape arrive Depuis le début de l'année, une seule préoccupation agite les milieux catholiques du Rwanda, c'est-à-dire 80 % de la population: accueillir dignement le pape Jean-Paul II, attendu en septembre prochain pour deux jours. Dans toutes les paroisses, dans toutes les cellulles des oeuvres catholiques, c'est le branle-bas de combat. On se réunit, on discute, et surtout on multiplie les collectes. Dans bien des paroisses, les prêtres rappellent à leurs fidèles que le «denier du culte» est calculé en fonction du salaire et peut quelquefois s'élever à 10 % de celuici... Une fonctionnaire qui voulait faire baptiser sa fille a d'abord dû payer trois ans d'arriérés au curé de la paroisse. Les autorités s'apprêtent à aménager une vallée proche de Kigali, qui a l'allure d'un amphithéâtre naturel, afin qu'elle puisse accueillir trois millions de fidèles: on viendra de tout le pays et même des pays voisins accueillir le prestigieux visiteur. Quant au coût de cette visite de deux jours, qui sera entièrement supporté par le Rwanda, les autorités se montrent discrètes à ce sujet, mais on pourrait atteindre les 200 millions de francs belges. Dans un pays aussi catholique, il faut être un visiteur étranger pour être choqué par une aussi dispendieuse visite, alors que la lutte contre la famine devrait mobiliser toutes les énergies. Faut-il ajouter aussi que ceux qui souhaiteraient que le Rwanda surpeuplé pratique une politique de planning familial plus efficace retiennent leur souffle et réfrènent leur impatience: d'ici la visite du pape, aucun progrès ne sera enregistré, et par la suite... Une autre mobilisation occupe les fonctionnaires, les élus locaux, les responsables des communes et des provinces: le 5 juillet prochain, le parti unique du Rwanda, le MNRD, le Mouvement national pour la réconciliation et le développement, fêtera ses quinze années d'existence. Cet anniversaire est l'occasion d'une «compétition nationale» d'animation populaire, compétition qui met aux prises des équipes de tous les ministères, de toutes les régions du pays. La vie ne doit pas s'arrêter, même si nous avons des problèmes économiques, souligne le président, que les remarques sur ce sujet agacent visiblement. Cependant, ce grand effort d'animation, sur des thèmes économiques et de développement, requiert une énergie considérable et, chaque après-midi, les fonctionnaires chantent et dansent, stimulés par la compétition. C'est sans doute pour cela que ces temps-ci il est si difficile d'obtenir des rendezvous... C. B.