Viaggio A Verdunfrancese

  • June 2020
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  • Pages: 19
UN VOYAGE A VERDUN (avec visite à la Ligne Maginot)

L’IDEE On discutait déjà depuis longtemps, pendant les réunions du vendredi soir au Groupe de modélisme C.S.I. MODEL d’Alessandria, au sujet de la Première Guerre Mondiale et de ses batailles. Une bataille en particulier avait attiré notre attention, la Bataille de Verdun: la plus longue et sanglante du front occidental. Elle avait commencé le 21 février 1916 à cinq heures moins le quart de l’aprèsmidi et s’était prolongée jusqu’au mois de décembre de la même année. Plus de 700.000 soldats français et allemands étaient morts pendant les combats. Elle avait été étudiée et préparée par le Chef d’Etat-major et Ministre de la Guerre allemand Erich von Falkenhayn, qui la considérait comme LA bataille décisive contre l’armée française, commandée par le Maréchal Joffre. Le commandant des forces allemandes à Verdun était le Kronprinz, l’Héritier de la couronne d’Allemagne. Cela dit beaucoup à propos de l’importance de cette bataille pour les militaires allemands. Les artilleries allemandes avaient tiré plus de vingt millions d’obus de différents types et calibre sur un front d’une douzaine de kilomètres à peine. Les paisibles villages agricoles et les pentes boisées des collines autour de Verdun avaient été vite transformés dans un désert de boue, très semblable à la surface de la lune. Les assauts à la baïonnette avaient continué pendant tout le 1916, des deux côtés du front. Les Allemands avaient maintes fois essayé de percer le front ennemi, avec la prise des forts de Douaumont et de Vaux, avec des attaques de front, des manœuvres d’enveloppement, en creusant des tunnels etc. Rien à faire. Au contraire l’armée française, après avoir frôlé le désastre, réussit à reprendre son haleine sous le commandement du général Pétain d’abord et Nivelle après, en regagnant presque tout le terrain que les Allemands avaient conquis. Au mois de décembre 1916 les Allemands furent obligés de reconnaître du bout des dents qu’ils avaient perdu la bataille. Peu à peu le front de Verdun fut abandonné, pour renforcer les autres champs de bataille. A la fin de la guerre il ne restait plus que récupérer les cadavres des soldats et tenter de déminer les terrains, littéralement pleins d’obus et grenades qui n’avaient pas explosé. La lecture du livre d’Alistair Horne “Le prix de la gloire”, n’avait fait qu’augmenter notre curiosité. Aussitôt dit, aussitôt fait! Nous avons décidé les derniers jours de juin 2007 d’aller visiter le champ de bataille.

On est partis à deux seulement, hélas, parce que nous avions quelques jours de vacances, en disant cependant à nos amis qu’on allait en reconnaissance, pour revenir beaucoup plus nombreux après. VERDUN Nous sommes partis tôt le matin du 1er juillet. Après avoir vite traversé la Suisse (pas possible hein…, avec toutes les limites de vitesse qu’il y a!), nous sommes entrés en France sous une violente averse. Le mauvais temps nous a accompagnés pendant tout le voyage… et il a été le bienvenu!! Le temps pourri de l’été 2007 (jamais plus de 3, 4°C à huit heures du matin et de la pluie pendant presque toute la journée) nous a aidés à comprendre un peu quelles étaient les conditions de vie des soldats français, c’est-à-dire des “poilus” de Verdun. Ils avaient dû vivre des mois et des mois dans des tranchées froides, humides et boueuses, en plein air, affamés, infestés par les parasites. Ils étaient sales et fatigués, mais résolus à résister aux assauts de l’ennemi. Tard dans l’après-midi, nous arrivons à Verdun et, juste après le dîner, on fait tout de suite un petit tour, juste pour nous rendre compte des lieux et des distances à parcourir. On arrive devant l’Ossuaire de Douaumont à la lumière du jour. Le lieu nous inspire immédiatement du silence et du respect. C’est l’un de plus grands cimetières de guerre français.

(L’Ossuaire de Douaumont) Des milliers et des milliers de croix blanches (les croix allemandes sont noires, par consentement tacite à la fin de la guerre) remplissent en parfait ordre le pré, rasé de frais, sur le flanc de la colline où il y a l’Ossuaire. Il n’y a personne, même pas une voiture. Le silence est total. Nous restons la bouche bée. Derrière nous la pente de la colline continue de descendre. Regardez la photo suivante.

(Le terrain derrière l’Ossuaire) Chaque ondulation du terrain est un cratère d’une bombe, creusé par les obus allemands et recouvert par une léger tapis d’herbe. Et cela à plus de 90 ans de la fin de la bataille. On commence à comprendre ce qui s’est passé ici, à Verdun. Nous arrivons rapidement aux forts de Douaumont d’abord et de Vaux après. On voit, sur le côté de la route, quelques bouts des tranchées qui sillonnent encore les bois de la région.

(Une tranchée)

Quand on arrive au fort de Vaux la nuit est tombée et, à la lumière des phares de la voiture, nous pouvons lire la plaque commémorative du sacrifice des soldats du capitaine Raynal, sous attaque avec les gaz depuis plusieurs jours, sans eau, sans vivres, sur le point d’envoyer un appel au secours désespéré par le dernier pigeon voyageur. Cet appel n’aura pas de réponse. Le jour après, 2 juillet, nous commençons notre visite par le Mémorial de Verdun, qu’on voit dans la photo d’ouverture. Ici on peut voir, dans les vitrines, tous les types d’armement français et allemands utilisés dans les combats. Il y a aussi un camion Berliet, utilisé pour transporter les ravitaillements, un traîneau d’artillerie à chevaux et la reconstitution d’un coin de la bataille, réalisée avec les restes récupérés sur le champ. Ce terrain est «survolé» par deux avions de chasse, un Nieuport XI Bébé français et un Fokker E.IV allemand, accrochés au plafond de la salle. Ils sont authentiques et restaurés.

(La reconstitution du terrain de Verdun, au Musée)

(Le Nieuport XI Bébé)

(Le Fokker E.IV)

(Le camion Berliet) A l’extérieur du Mémorial, devant l’entrée, il y a quelques pièces d’artillerie français: deux canons de forteresse 75 mm, un lance-mines, une charrette de ravitaillement (qui ressemble incroyablement à celles utilisées par Napoléon un siècle avant) et un obusier 155 mm.

(Les canons de forteresse)

(La charrette de ravitaillement) On poursuit la visite avec le Fort de Douaumont. Ce fort fut capturé au début de la bataille par un peloton de soldats allemands, sans aucun combat. Ces soldats étaient descendus dans le fossé derrière le fort, ils l’avaient trouvé sans défenseurs et ils avaient pu entrer dans le fort à loisir. La forteresse aujourd’hui est presque complètement visitable, le billet n’est pas du tout cher (10 €). Il faut tout simplement se couvrir, parce que l’humidité est remarquable. Les murs internes sont couvert de salpêtre, le plancher est souvent glissant et les plafonds des galeries sont parsemés de petites stalactites calcaires, grâce aux infiltrations d’eau de pluie. Dans quelques millénaires Douaumont ne sera plus un fort mais une grotte artificielle créée par l’homme!

(Le Fort de Douaumont)

(Les chambrées du Fort de Douaumont)

(Les galeries de Douaumont)

(Une tourelle du Fort de Vaux) On va au Fort de Vaux. Une averse orageuse très violente nous oblige cependant de regagner la voiture et de changer de programme. Nous retournons à l’Ossuaire de Douaumont, qui est ensoleillé malgré la courte distance de Vaux. On monte sur la tour et on observe les collines tout autour. Nous pouvons nous rendre vite compte que là où il n’y a que de la basse végétation et de la broussaille la bataille a fait rage. Si l’on regarde à 360° on peut voir les points saillants du combat: les deux forts, la Côte 304 et le tristement fameux Mort Homme, une basse colline où une division allemande laissa plus de 2200 soldats, pendant l’un de ses innombrables attaques. Cette zone est encore

aujourd’hui fermée au public, totalement clôturée, impraticable à pied et impossible à cultiver, à cause du terrain criblé d’obus qui n’ont pas explosé, malgré plusieurs tentatives de déminage. Nous allons ensuite à la Tranchée des Baïonnettes, là où avait disparu, sans aucune trace, l’entière 3ème Compagnie du Régiment d’Infanterie “Vandée”. Les corps des soldats furent retrouvés seulement après la guerre, enterrés debout, les fusils en main, seulement parce que quelques baïonnettes sortaient encore du terrain. Une volée d’artillerie avait recouvert d’emblée la tranchée? Les soldats avaient-ils été ainsi enterrés par les allemands? Il y a un mystère là-dessous.

(La tranchée des baïonnettes)

Nous revenons au Fort de Vaux, qui avait été occupé par l’armée allemande après des combats longs et sanglants, comme l’on a déjà dit. On visite l’intérieur, qui ressemble à celui de Douaumont, puis nous montons sur l’extérieur du fort, pour en comprendre l’architecture défensive. Il y a encore les tourelles armées avec des canons 135 mm, celles avec les mitrailleuses, les points d’observation, ressemblant à de grands casques d’acier plantés dans le terrain. Beaucoup d’entre eux ont encore les traces des coups reçus. Un canon a encore une grenade coincée à son intérieur, l’obus ayant explosé avant de sortir: fortune allemande ou un obus français défectueux? Le terrain est criblé par les cratères des explosions. Un obus français de 400 mm, tiré pendant le contre-attaque, a déraciné une tourelle cuirassée et lancé ses fragments un peu partout. Et ce sont des fragments d’acier d’une vingtaine de centimètre d’épaisseur, pesant plusieurs tonnes. Regardez la photo d’ici-bas.

(Les effets du feu français sur le Fort deVaux) Nous croyons que cette photo représente bien toute la bataille de Verdun, l’épouvantable puissance de feu déchaînée par les armées française et allemande et l’inutilité totale de tout ça. On fait encore un petit tour à pied. On visite les restes d’un village détruit par les combats et on cherche à atteindre les redoutes d’un autre fort plus petit, sous un ciel menaçant.

(Les restes d’un village détruit) Ici nous pouvons voir d’autres points d’observation, ressemblant à la tête d’un éléphant. On découvre aussi les dangers de la guerre, qui sont bien là, même après quatre-vingt-dix ans: un pieu

rouge, planté dans le terrain, indiquant un obus qui n’a pas explosé, à 50 centimètres environ du sentier. Et il y en a plusieurs tout autour de nous…Il n’y a pas de quoi plaisanter!!

(Le point d’observation)

(Pas de quoi plaisanter…!) Pendant l’après-midi nous visitons la Citadelle fortifiée de Verdun, qui est le siège d’un musée interactif très intéressant, situé dans ses galeries. Un petit train transporte les visiteurs devant une

série d’écrans et de scénettes, où l’on reconstitue par la technique “son et lumières”, dont les français sont de vrais maîtres, les moments principaux de la bataille de Verdun.

LA LIGNE MAGINOT Le jour après, le 3 juillet, on fait le point de la situation. Nous avons vu au pas de charge presque tout ce qu’il y avait à voir sur le côté français du front de Verdun, et on espère revenir pour visiter les lignes allemandes. On décide donc, vu la proximité, de visiter l’un des forts de la Ligne Maginot. On passe donc de la Première à la Seconde Guerre Mondiale. Il s’agit de l’ouvrage A19 du Hackenberg, surnommé “Le Monstre de la Maginot”, pour ses dimensions et le nombre de ses emplacement armés. Cet ouvrage se trouve près de la frontière allemande, aux alentours de Thionville. Un blindé antichar américain M10, en excellent état de conservation, se trouve au carrefour qui mène à l’entrée de l’ouvrage. Impossible de se tromper.

(Le blindé M10) L’ouvrage du Hackenberg est visitable dès 1975, quand le Ministère de la Défense français l’avait abandonné, en le confiant à une association locale de bénévoles, qui le garde en bon état de conservation depuis lors. Il s’agit de l’un de plus grands ouvrages de la Ligne Maginot. La construction débuta en 1930. Il y a 19 blocs, ou fortifications, chacun doué de canons à longue portée, capables de battre les voies ferrées allemandes, et d’emplacements multiples de mitrailleuses. Il y a aussi dix kilomètres de galeries avec un “métro” électrique, des magasins à munitions, des citernes, une usine électrique et des casernements pour plus de 1000 soldats de garnison. Tout ce déploiement de forces fut presque inutile au moment de l’invasion allemande. Le fort soutint les voisins pendant quelques heures, le 22 juin 1940 et pendant la nuit du 24. Et c’est tout. Les nazis occupèrent le fort après la défaite française, en l’utilisant pour la production d’obus d’artillerie. C’était surtout des femmes qui y travaillaient. Le bloc 8 fut utilisé ensuite pour arrêter la progression de la 90ème Division d’Infanterie américaine, en 1944. Trois jours de bombardement constant par les chars blindés du général Patton laissèrent seulement quelques égratignures sur le béton du bloc, mais les soldats allemands se rendirent quand même sans conditions, abasourdis par le fracas de l’artillerie. Le fort fut ensuite réutilisé par l’armée française après la guerre et affecté à

l’OTAN jusqu’à la moitié des années ’70, quand il fut officiellement déclaré obsolète, en surplus et rayé du service actif.

(L’entrée de l’ouvrage du Hackenberg) A l’entrée, un court couloir nous mène à une porte étanche en acier. Le fort était en effet pressurisé, afin d’éviter l’entrée des gaz toxiques. Le petit groupe de visiteurs est accompagné par un bénévole de l’association, qui nous explique l’histoire du fort. Nous montons sur le «métro», qui va nous conduire à l’usine allemande de production d’obus. Cette usine était située dans une des galeries du fort. A l’entrée un char Bren Carrier, un canon antiaérien Bofors 40/70, une charrette chenillée française et d’autres blindés intéressants, que nous n’avons malheureusement pas le temps d’observer. On traverse à pied une autre porte étanche, déformée par une explosion. On passe à travers une série de couloirs et devant les cuisines pour arriver aux énormes salles de l’usine électrique. Celle-ci est propulsée par quatre moteurs de sous-marin de 750 HP chacun. Les moteurs marchent encore très bien, et de temps en temps on les démarre pour une petite «démonstration» aux touristes. Aujourd’hui, malheureusement, le mécanicien n’est pas là. Il est vieux et malade, mais on nous dit qu’il est en train de former un apprenti plus jeune, pour continuer les démonstrations.

(Un moteur de l’usine électrique)

La visite continue dans le musée à l’intérieur du fort. Il s’agit d’une série de galeries et de couloirs où l’on trouve tous les types de fusils et d’armes à répétition utilisées pendant la Seconde Guerre Mondiale: des armes françaises et allemandes, bien sûr, mais aussi italiennes, américaines, anglaises, russes et japonaises. Il y a aussi une série de canons antichar allemands, une quarantaine de mannequins avec des uniformes allemandes et françaises, une série d’affiches de propagande de guerre etc. Bref, une véritable aubaine pour des «fanas» de l’histoire et du modélisme comme nous! On commence à prendre des photos sur des photos, et on commente les sujets. Notre guide, un type très sympa avec qui on avait déjà un peu bavardé, nous demande la raison de notre intérêt. Après avoir su qu’on est des modélistes il fait un sourire complice et il nous dit: “Prenez toutes les photos que vous voulez. Vous avez tout le temps. Lorsque vous avez fini, fermez la porte et éteignez la lumière. Moi, je pars aux ascenseurs. Je vous attends là-bas”. Incroyable!!! On a le musée à notre disposition!!! Les photos suivantes n’ont pas besoin de commentaire.

(Capitaine français d’infanterie - 1940)

(Estafette motocycliste française)

(Canon antichar allemand PaK 36)

(Poste de commandement et transmissions)

(Uniformes françaises coloniales) Une fois sortis du musée, à notre grand regret, nous joignons le guide qui nous attend aux ascenseurs. On monte pour voir une véritable bijou: l’une des tourelles cuirassées fonctionne encore. Notre guide s’assied au poste de contrôle, il actionne le mécanisme et le système hydraulique soulève avec fracas la tourelle. Puis il pointe le canon sur les 360°, il met en marche le système de chargement des obus et il nous explique les procédures de pointage et de tir. La démonstration terminée, il descend la tour et il nous dit qu’aujourd’hui il n’y a plus de pièces de rechange, on peut tout au plus les prendre des autres tourelles, qui ne marchent plus d’ailleurs. En tout cas, celle-ci fonctionne encore et l’association espère trouver bientôt des obus (naturellement inertes) pour montrer aussi le chargement du canon. On est vraiment étonnés. On ne pourrait jamais imaginer tout ça en Italie!!

(La tourelle) Maintenant on est à la fin de la visite, et le guide nous demande si nous voulons sortir pour voir le bloc 8, celui qui a combattu contre les Américains. Notre groupe reste à l’abri sauf nous deux, un jeune homme, un monsieur et le guide. Une course sous la pluie battante et on arrive devant le bloc. Le béton est noirci par les explosions, les fers rouillés pendent un peu partout, mais la fortification a

bien résisté, dans l’ensemble, au bombardement américain, elle a même montré toute sa solidité. Si les soldats allemands n’avaient pas subi l’effet psychologique du fracas, des vibrations et de la poussière, combien de temps auraient-ils pu résister là-dedans?

(Le bloc 8) On termine la visite par une cordiale poignée de main avec notre guide (dont on a malheureusement oublié le nom), et on offre de l’argent pour cette association qui s’occupe si soigneusement de ce morceau d’histoire française et européenne. On se promet de revenir ici, dans le nord de la France, pour terminer le tour et visiter ce qu’on n’a pas pu voir pendant ces deux jours si intenses. Le jour après, 4 juillet, on rebrousse le chemin pour rentrer à la maison. Le travail nous attend…. hélas! Un grand MERCI à tous les guides touristiques, au personnel des forts de Douaumont et de Vaux, à l’Association des Amis du Hackenberg et à toutes les personnes qui ont rendu splendide ce voyage!! PROF. CARLO CERVI - DR. VINCENZO SCISCIO

(Vincenzo)

(Carlo)

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