israël et société
Une carte pour sauver des vies
Cette année, l'association ADI qui est, en Israël, à l'origine du travail de mobilisation pour le don d'organes, célèbre ses trente ans d'activité. ADI a été fondée en mémoire de Ahoud (Adi) Ben Dror, par ses parents. Quand Adi a finalement reçu un rein en 1978 après deux ans d'attente, son corps était trop faible et il est mort des suites de la transplantation. question a été houleux et surtout dans les milieux religieux. Dans le judaïsme, sont essentiels le respect du corps d'une personne décédée, - le respect de l'intégrité du corps est d'une importance fondamentale dans le judaïsme comme le montrent les volontaires de ZAKA qui après chaque attentat récupèrent chaque infime partie des corps-, et le fait qu'on ne doit jamais privilégier une vie par rapport à une autre. Comment concilier ces principes avec la nécessité du pikuah nefesh, de la primauté de la vie qui passe avant même le respect du Shabbat? Le grand rabbin sépharade d'Israël, Shlomo Amar, et le leader spirituel du parti Shass, le grand rabbin Ovadia Yossef, ont apporté leur soutien à la nouvelle loi. Par contre, des ultra-orthodoxes lithuaniens se sont élevés sur ce qu'ils considèrent comme étant un encouragement au meurtre. A ce jour, quarante-cinq mille donneurs potentiels inscrits sur la liste de l'ADI sont des Juifs pratiquants. Sur leur carte de donneur, il est précisé que leur don devra être confirmé par un rabbin choisi par la famille, qui sera consulté avant tout prélèvement d'organe.
ette organisation très active travaille aujourd'hui avec le ministère de la santé israélien qui a créé, fin 1993, un centre de coordination des dons d'organes en Israël, Israel Transplant. ADI encourage chaque Israélien à détenir une carte de donneur, une carte désormais célèbre, verte avec une fleur dont un des pétales est rouge, portant en regard des informations sur le donneur potentiel la devise de Cette année, selon Israel l'organisation, qui se ratTransplant le nombre de tache ainsi à la tradition dons d'organes a augjuive: Celui qui sauve une menté de 62 % par rapport Ce changement de définition de la vie sauve un monde à l'année 2007. Cette tenmort est primordial en Israël pour per- dance devrait s'amplifier. (Michna, Sanhédrin 4:5) Prés de cinq cent mille IsLes Druzes aussi sont rétimettre le don d'organes. raéliens ont cette carte dans cents au don d'organes leur portefeuille. Un chiffre pour des raisons reliqui, même s’il augmente ragieuses. Pourtant la famille pidment, reste faible puisqu'il ne touche qu’environ 8% de la d'Hamedi, 15 ans et demi, victime d'un accident de voiture, a population israélienne. De plus, 60% des familles israéliennes accepté de donner ses organes qui ont ainsi sauvé quatre marefusent le prélèvement d’organes sur des proches décédés . lades, juifs et musulmans. Une rencontre a eu lieu le 10 décembre 2008 entre la famille d'Hamedi et les personnes qui ont Ces chiffres peu satisfaisants sont en train de changer grâce à reçu ses organes ainsi que des représentants religieux, juifs, l'adoption par le Parlement israélien, le 25 mars 2008, d'une loi musulmans et druzes, tous désireux d'inciter la population à se qui assimile la mort cérébrale à la mort légale. Une personne est munir de la carte qui sauve des vies. considérée morte, non pas si son cœur ne bat plus, mais si son Un don de vie et d'espoir. I cerveau ne présente plus aucune activité. C'est la mort du Rachel Samoul tronc cérébral qui sert de critère définitif. Le diagnostic de mort cérébrale requiert une procédure rigoureuse et bien standardisée afin de s'assurer de l'irréversibilité de cet état. Consultez le site internet de ADI Ce changement de définition de la mort est primordial en Israël www.agudatadi.org.il pour permettre le don d'organes. Le débat autour de cette
C
“
”
I 26 I Décembre 2008 I Contact J 220 I
israël et culture
un projet expérimental réussi dans une école primaire de Tel-Aviv
Le yiddish à l'école:
Ce projet pilote, mené dans l'une des plus anciennes écoles de la ville, a été initié par le Centre Leyvik et est financé par des fonds américains. halom aleichem, ich Hanna Pollin-Galay, la «prof heiss Talia, ich bin de yiddish» a une formanein yar alt, ich woin tion sérieuse. Diplômée en in Tel-Aviv und ich sprech littératures yiddish et anyiddish. Talia, Maya, Aviv, glaise de Columbia UniverAriel, Lidror, Itamar, élèves sity et de l'Université de Telde 4ème année de l'école Aviv, elle a passé deux primaire Tel Nordau, située années en Lituanie, avant en plein cœur de Tel-Aviv, d'enseigner le yiddish dans vivent avec tous leurs caun lycée juif de Los Anmarades de classe, une geles. Mais «là-bas, les aventure exceptionnelle. problèmes d'identité comCette année, ils ont compliquaient les choses. Il falLes élèves de 4ème de l'école Tel Nordau à Tel-Aviv: mencé à apprendre à parlait choisir entre l'hébreu et de futurs yiddishistes ? ler, lire et écrire le yiddish. le yiddish. Ici en Israël, ma L'aventure a commencé l'année dernière par un atelier yiddish classe prend mes cours au sérieux et se donne à fond», affirme proposé aux élèves en dehors des heures de cours. Le succès l'Américaine d'origine, qui rédige elle-même les manuels utilia dépassé les espérances de Hanna, l'enseignante du Kinder sés. Le travail avec les écoliers la passionne: «Ils sont ouverts, Welt du Centre Leyvik. L'enthousiasme des enfants et des pails travaillent avec la mémoire du corps», explique cette enseirents a gagné le directeur de l'école qui a proposé d'instaurer gnante dévouée, adepte de la méthode appelée Réponse Phyun cours de yiddish dans le cadre du programme scolaire. Les sique Totale. Cette méthode consiste à utiliser des jeux pédadeux classes de 4ème ont gagné le gros lot: ce sont elles qui bégogiques faisant appel au mouvement pour acquérir du néficient, cette année, de vocabulaire. L'idée est ce projet expérimental. d'amener les élèves à pouA l'origine, Beit Leyvik, le voir d'abord comprendre Au Centre Leyvik, on est contre la Centre pour la langue et la les mots avant de les proculture yiddish, fondé il y a fatalité: «Le yiddish ne mourra pas, les noncer, puis de les utiliser près de quarante ans, abriseuls et dans des phrases, enfants vont le lire, le parler, tait l'Association des écripuis enfin de constater le chanter». vains et journalistes de qu'ils les comprennent et langue yiddish. Les années qu'ils sont compris. passant, les membres de l'association se firent de moins en Les espoirs pour l'avenir: pouvoir poursuivre ce projet expérimoins nombreux, les participants aux conférences, débats, mental et que d'autres écoles de Tel-Aviv ouvrent leurs portes lectures, se firent de plus en plus rares et les livres de la biblioau Centre Leyvik. La clé de la réussite : le budget bien évidemthèque n'étaient plus empruntés. Le Centre a donc décidé ment mais aussi le bon vouloir des directeurs des écoles. Le d'ouvrir la maison à la communauté et à l'école du quartier. yiddish servira-t-il à ces enfants ? Qu'en feront-il ? Ils n'en L'objectif : former une nouvelle génération de lecteurs, de yidsavent encore rien. Mais les 4èmes de Tel Nordau ont d’ores et dishistes. Au Centre Leyvik, on est contre la fatalité: «Le yiddish déjà entrepris une correspondance avec des écoliers austrane mourra pas, les enfants vont le lire, le parler, le chanter». Et liens, non pas en anglais, mais en yiddish, bien sûr. Alors, le yidHanoukka, il fallait entendre les élèves de 4ème de l'école Tel dish de nos grands-parents serait-il une langue morte ? AppaNordau chanter en yiddish, Ich bin a dreydel. On a l'impression remment, pas encore. I qu'elle tourne encore, la toupie. Sandra Kruckzyk
S
“
”
I Décembre 2008 I Contact J 220 I 27 I