T O U R
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Prudence et écoute du consommateur L'avis des adhérents de Terrena est empreint de nuances. Si beaucoup ne refusent pas le principe des OGM, la majorité demande à leur coopérative de ne pas s'engager dans ces cultures maintenant. Au-delà du débat technique, il semble que ce soit l'avis de la société et des consommateurs qui prédomine pour beaucoup. Interview de Jean de Legge, directeur de TMO Régions. ■
tales montre que lorsque le nombre de répondants est élevé, les résultats sont, en général, très proches de ceux que donnerait un sondage réalisé selon la méthode des quotas.
Sur les OGM, un certain nombre d'avis sont très tranchés dans un sens ou dans l'autre. Pourtant l'avis qui semble dominé est celui de la prudence, comment résumeriez-vous les réponses des adhérents de Terrena sur les OGM ? Jean de Legge, directeur de TMO Régions, filiale du Groupe CSA, spécialisée dans les sondages d'opinion notamment auprès des collectivités territoriales.
3 100 adhérents de Terrena ont répondu à la consultation lancée en janvier. Ces résultats peuvent-ils être considérés comme représentatifs de l'avis de l'ensemble des adhérents ? Jean de Legge : les 3142 questionnaires reçus par notre société représentent un taux de retour global de 12 %. C'est un taux élevé pour ce type de consultation. Il faut rappeler que la démarche engagée par Terrena n'est ni un sondage, ni un referendum, mais une enquête postale. Chaque coopérateur a reçu un questionnaire auquel il pouvait répondre de façon anonyme. La participation s'est donc faite sur la base du volontariat et il est possible que ce soient les plus motivés par le sujet qui aient le plus répondu. Quoiqu'il en soit, les résultats traduisent l'opinion des agriculteurs qui ont souhaité s'exprimer. Cette expression a d'autant plus de valeur qu'elle traduit l'adhésion à la consultation mise en œuvre par Terrena. Par ailleurs, concernant la représentativité globale des réponses, notre expérience des enquêtes pos-
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Horizon
JDL : Si l'on regarde la cohérence des réponses sur l'ensemble des questions concernant les OGM, il est effectivement possible de dire que les avis tranchés sont minoritaires. Par exemple, si l'on regroupe les individus qui ont répondu que les OGM n'étaient pas nécessaires à l'avenir pour nourrir le monde, qu'ils représentent un vrai danger pour la diversité de l'agriculture, qu'il faut les interdire y compris la recherche en pleins champs, qu'ils refusent le principe d'en cultiver et l'idée de coexistence et qu'ils demandent enfin à leur coopérative de ne pas en commercialiser, nous comptons 19 % des réponses. Nous pouvons donc dire que 19 % des adhérents de Terrena sont dans une position d'anti-OGM absolu. A l'opposé, si l'on regroupe ceux qui pensent qu'à l'avenir les OGM seront une nécessité, qu'ils ne représentent pas de danger pour la diversité de l'agriculture, qu'il faut en permettre la culture, qu'ils sont prêts à titre personnel à en cultiver et qu'ils souhaitent que leur coopérative en commercialise aux agriculteurs qui le demandent, nous trouvons 4 % de l'ensemble des adhérents. Nous pouvons donc dire que 4 % des adhérents de Terrena ont une position de pro-OGM absolu. 77 % des adhérents se trouvent donc dans une attitude plus nuancée. Une majorité n'exclut pas d'en cultiver un jour et n'est donc pas opposée par principe aux OGM. En parallèle, une majorité pense que les conditions ne sont pas réunies tout de suite pour en faire.
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R ECUEILLI
PAR
C HRISTOPHE C OUROUSSÉ
Je crois que cela signifie que le monde agricole est très attentif à l'avis de la société dans son ensemble. Ce sont d'ailleurs les plus jeunes qui sont les plus modérés et les plus réceptifs à l'écho de la société. 51% des moins de 30 ans demandent à leur coopérative de ne pas commercialiser d'OGM maintenant pour tenir compte de l'avis du consommateur contre 38 % de la population globale des adhérents.
Pour les suites du Grenelle de l'environnement, les agriculteurs semblent prêts à relever les défis. Quelle réflexion vous amène ces résultats ? JDL : Comme pour la question précédente, je crois que la grande leçon de cette consultation, c'est que le monde agricole est de plus en plus à l'écoute de la société et qu'il est prêt à jouer le jeu dans la mesure où cela est possible. Sur ce dernier point les avis sont d'ailleurs nuancés. Si pour un tiers des adhérents, tous les engagements sont tenables et accessibles, pour un autre tiers, ils paraissent plus difficiles à atteindre. Les plus jeunes sont d'ailleurs les plus prudents sur ce point. 46 % des adhérents pensent tenable l'objectif de 50 % de réduction de l'usage des phytosanitaires en dix ans. Ils ne sont que 36 % des moins de 30 ans à partager le même avis. L'objectif qui parait au plus grand nombre difficile voire impossible à atteindre est celui du développement de l'agriculture biologique. 80 % pensent qu'il sera difficile voire impossible à atteindre. Le dernier enseignement de la consultation est que la grande majorité des adhérents, est favorable à ce que la coopérative lui propose des solutions qui aillent dans le sens des orientations du Grenelle. 84 % des répondants sont favorables à ce que leur coopérative leur propose des solutions alternatives crédibles à l'usage des phytosanitaires.
pourquoi ? comment ? Q U E S T I O N N A I R E
19 % des adhérents ANTI OGM "absolus" 4 % des adhérents PRO OGM "absolus" 77 % des adhérents plus modérés
Envoi d'un questionnaire aux 26 000 adhérents de TERRENA en janvier 2008
3142 QUESTIONNAIRES RETOURNES (dont 3 116 questionnaires "utiles") SOIT UN TAUX DE RETOUR GLOBAL DE
12%
Un taux de retour deux fois supérieur aux résultats observés habituellement.
l’agriculture de
demain ? parlons-en aujourd’hui ! Horizon
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OGM
La majorité pense que les OGM ne sont pas la réponse aux besoins croissants de l’alimentation.
Si une majorité des adhérents de Terrena n’exclut pas de cultiver des OGM un jour, une grande majorité est prudente sur l’adoption de cette technique tout de suite et pense qu’il faut laisser le temps à la recherche d’avancer et travailler d’abord à la cœxistence avec toutes les parties prenantes.
Question : “De façon générale, de laquelle de ces deux opinions vous sentez-vous le plus proche ?” Pour répondre aux besoins croissants de la demande de produits agricoles, les cultures OGM ne sont pas nécessaires.
66% Pour répondre aux besoins croissants de la demande de produits agricoles, les cultures OGM sont une nécessité.
2% 32%
Non-réponse
1 Les avis sont partagés sur la dangerosité potentielle des OGM pour la cohabitation des différentes agricultures.
Une large majorité favorable à un moratoire le temps que la recherche avance.
Question : "Concernant les deux opinions suivantes, de laquelle vous sentez-vous le plus proche ?"
Question : "Quelle attitude vous semble la meilleure aujourd’hui ?" 70 60
Concernant la diversité des filières et des modes de production, les OGM représentent un vrai danger.
54%
5%
41%
61%
50
Concernant la diversité des filières et des modes de production, les OGM ne menacent pas, en France, cette diversité.
40 Interdire les OGM, y compris la recherche utilisant des cultures de plein champ.
30
24%
20 10
Non-réponse
Permettre les cultures d'OGM.
13%
2% Non-réponse
2
3
Les deux tiers des agriculteurs souhaitent le maintien du choix possible de s’approvisionner en aliment non OGM (qu’ils l’utilisent ou pas !).
Si 42 % des adhérents refusent par principe les OGM, 57 % n’excluent pas d’en cultiver un jour dont 20 % sont prêts à le faire tout de suite.
Question : "Concernant l’approvisionnement en soja non OGM pour la nutrition animale, vous diriez…"
Question : "Vous personnellement, concernant votre exploitation…"
Qu'il est indispensable de le maintenir, voire de le développer, pour répondre à l'attente des consommateurs
Qu'il n'est pas indispensable de le maintenir compte tenu de l'évolution des cultures OGM dans le monde
27%
Non-réponse
4
0
Vous refusez absolument le principe d'utiliser des OGM
69%
3%
42% Vous ne refusez pas le principe mais vous n'en voyez pas l'utilité pour votre exploitation
2% 37%
Non-réponse
20%
5
Vous êtes prêt à semer des cultures OGM si la loi les autorise
Pour plus de 70 % des adhérents, la loi ne suffira pas à créer les conditions d’une coexistence pacifiée des cultures OGM avec le reste de l’agriculture.
Si 30 % pensent que Terrena doit vendre des OGM à ses adhérents si la loi les autorise, 68 % le refusent ou pensent qu’il faut attendre.
Question : "Dans le cas où la loi autorise les cultures OGM, quelle attitude vous paraît la plus adaptée pour la profession agricole ?"
Question : "Concernant TERRENA, quelle attitude, à votre avis, doit être prise ?"
Travailler à élaborer des règles de cœxistence adaptées régionalement pour permettre une cohabitation pacifiée des différentes agricultures même si cela doit aller au-delà de la loi
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Maintenir un moratoire le temps que les recherches avancent.
Horizon
Ne pas commercialiser maintenant de semences OGM pour tenir compte de l'évolution de l'avis des consommateurs mais mettre en place une veille active technologique
39%
Non-réponse
33%
Refuser toute idée de coexistence des cultures OGM
2% 25%
Se conformer à la loi et rien qu'à la loi
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7
40 35 30 25 20 15 10 5 0
38%
Vendre des semences OGM aux coopérateurs qui le souhaitent dès que la loi le permet
30%
30%
Refuser le principe de toute commercialisation des OGM
2%
Non-réponse
b
pourquoi ? comment ? rais
Les suites du Grenelle de l'environnement
Si la grande majorité est favorable à ce que Terrena contribue au développement des biocarburants de seconde génération, 22 % émettent des réserves.
biologi biologi
Question : "Le gouvernement souhaite l’émergence de filières de Même si certains objectifs fixés par le Grenelle biocarburants de seconde génération à partir de biomasse. Êtes-vous favorable à ce que TERRENA participe à ce développement de l’environnement seront probablement difficiles et devienne à terme, un acteur significatif à atteindre, la très grande majorité des adhérents de ce marché ?" 38% de Terrena souhaitent que leur coopérative Favorables : 76% Très favorable travaille à leur proposer des solutions innovantes Pas favorable : 22% NTS 38% RBURA contribuant à atteindre ces objectifs. 2% BIOCA Non-réponse 9% Ils reconnaissent également implicitement Pas du tout favorable 14% que la coopérative est légitime pour travailler Assez favorable Assez peu favorable avec eux dans ce sens
84 % attendent que Terrena leur apporte des solutions pour réduire l’usage des phytosanitaires.
90 % des adhérents pensent que la réduction de 50% des phytos, même si elle sera sans doute difficile à atteindre, n’est pas impossible.
Question : "Et concernant TERRENA, êtes-vous très, assez, assez peu ou pas du tout favorable à un engagement de réduire de 50% en 10 ans l’usage des phytosanitaires en proposant des solutions alternatives crédibles ?"
Question : "Le gouvernement propose de réduire l’usage des produits phytosanitaires de 50% en 10 ans. Concernant votre exploitation, cet engagement vous paraît…"
46%
S PHYTO
Un engagement tenable
Non-réponse
9%
Un engagement difficilement tenable
Un engagement impossible à tenir
49%
RES
Favorables : 84%
Très favorable
Pas favorable : 15%
1%
44%
1%
A N I TA I
Non-réponse Pas du tout favorable
3% 35%
11%
Assez favorable
Assez peu favorable
La moitié des adhérents pensent qu’il est possible de réduire encore le recours aux engrais chimiques.
89 % attendent que Terrena leur propose des solutions et des alternatives à l’utilisation des engrais chimiques.
Question : "Le gouvernement souhaite la réduction du recours aux engrais chimiques. Concernant votre exploitation, un engagement de diminuer significativement l’usage des engrais chimiques vous paraît…"
Question : "Et concernant TERRENA, êtes-vous très, assez, assez peu ou pas du tout favorable à ce que Terrena vous propose des solutions alternatives crédibles permettant de réduire l’utilisation d’engrais chimiques ?"
Un engagement tenable
50%
ENGRA
MI IS CHI
QUES
Favorables : 89%
54%
Pas favorable : 10%
Très favorable
1% Non-réponse
15%
34%
Un engagement difficilement tenable
Un engagement impossible à tenir
2% Non-réponse Pas du tout favorable
3% 35%
7%
Assez favorable
Assez peu favorable
Pour 80 % des adhérents, les objectifs du gouvernement pour le développement de l’agriculture biologique ne sont pas réalistes
73% considèrent qu’il est de la mission de Terrena de contribuer au développement de l’agriculture bio.
Question : "Êtes-vous très, assez, assez peu ou pas du tout favorable à ce que TERRENA accompagne le développement de l’agriculture biologique sur Question : "Le gouvernement propose de développer l’agriculture bio et fixe les marchés de la restauration collective et de la grande distribution ?" comme objectif 6% de la SAU en bio d’ici 2010 et 20% d’ici 2020. Pensez-vous que ces 57% objectifs de volume Favorables : 73% RE BIO seront…" I C U LT U
AGR
Très favorable
38%
36%
Pas favorable : 25%
Difficiles à atteindre
Non-réponse
23%
2%
Faciles à atteindre
18%
Impossible à atteindre
Non-réponse Pas du tout favorable
2% 7% 18%
Assez favorable
Assez peu favorable
Horizon
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