Thomas

Un monde en sursis Dérives financières, régulations politiques et exigences éthiques

Colloque international • Lundi 15 juin 2009 • Palais du Luxembourg

www.chaos-international.org

Table ronde 2 La sécurité humaine en péril

De la frénésie financière à la dépression sociale Tout au long de l’année 2008, les gouvernants des grandes puissances se sont efforcés de démontrer que la crise financière n’avait pas atteint leur appareil industriel et que la récession économique resterait par conséquent limitée. Pour l’essentiel, toutes les analyses ont revêtu cette tonalité. Cependant, dès l’automne 2008, se sont multipliées aux Etats-Unis les faillites personnelles dues à l’effondrement des banques, spécialisées dans le crédit hypothécaire destiné aux classes moyennes. Chaque mois, des centaines de milliers de personnes ont ainsi été systématiquement expulsées.

Hélène Thomas Professeur de Science politique Institut d’Études politiques d’Aix-enProvence

Pour sa part, le prix Nobel d’économie 2006, Edmund Phelps a évoqué en octobre dernier l’hypothèse « d’un choc prolongé et d’éléments communs avec 1929 ». Quant à Paul Krugman, il surenchérissait en affirmant que le monde entier en était arrivé « à expérimenter une quasi grande dépression ». Depuis le début de l’année 2009, les discours se font par conséquent de plus en plus alarmistes et envisagent désormais les effets de cette crise sur les pays en développement et a fortiori sur les Pays les Moins Avancés (PMA). Dans ce contexte, s’appuyant sur un rapport récent (mars 2009), le FMI a exhorté les bailleurs de fonds à faire face à cet enjeu global, grâce à l’apport de financements indispensables, sous peine de déclencher une « crise humanitaire ».

Il s’agira donc d’analyser les modes de scénarisation et de mise en images des indicateurs mobilisés depuis l’automne 2008 ; ces derniers visant à évaluer aussi bien la dimension financière et économique de la crise que les mobilisations des plus pauvres. En effet, – Krach, récession ou dépression – les enjeux de la dénomination ne le cèdent en rien devant ceux posés par les modalités de l’action publique, tant Biographie la politique d’intervention en faveur des pauvres et des classes moyennes, à l’échelle nationale et Hélène Thomas est docteur en sociologie de l’Ecole des internationale, semble relever d’une politique Hautes Études en Sciences Sociales et psychanalyste. Professeur principalement symbolique. de science politique à l’IEP d’Aix-en-Provence et membre du groupe de pilotage du réseau TERRA (Travaux, Études et Recherches sur les Réfugiés et l’Asile), elle est responsable du Master 2 « politiques comparées des âges en Europe» qu’elle a créé. Ses travaux actuels concernent les dénominations expertes et savantes et les dispositifs de prise en charge des populations décolonisées et défavorisées ou atteintes par la pauvreté, le handicap ou le vieillissement. Ses dernières publications portent tant sur les effets désubjectivant et déqualifiant du traitement social et public, national et international, des pauvres que sur les formes de mobilisations individuelles ou collectives des minorités. Ses recherches s’attachent enfin à mettre en évidence les nouveaux fondements idéologiques de la social-démocratie – comme la responsabilité, la dignité ou l’équité – et les impensés des définitions des exclus de la globalisation, comme groupes vulnérables ou personnes précaires et fragiles.

Bibliographie L’Industrie de la vulnérabilité. La gouvernementalité post-démocratique des pauvres, à paraître, Collection TERRA, Éditions du Croquant, 2009. « Subalternes et vulnérables : de la résistance à la résilience ?», Cultures et conflits (Ed.), Traduction et circulation de concepts post-coloniaux, 2009. « Penser la pauvreté du point de vue des subalternes. Du regard détourné de Tocqueville à la vision engagée de Joseph Wrezinski » in : Actes du colloque « La démocratie à l’épreuve de l’exclusion », Sciences po Paris, 17 décembre 2008 (à paraître). « Policer le grand âge pour conjurer le péril vieux. Une nouvelle gouvernementalité de la vieillesse », Mouvements, juin 2009. « Vulnérabilité, fragilité, précarité, résilience, etc. De l’usage et de la traduction de notions éponges en sciences de l’homme et de la vie », TERRA (Ed.), Coll. Esquisses, fév. 2008 [http:// www.reseauterra.eu/article697.html]. « La promotion de la citoyenneté sociale et politique dans le grand âge à l’ère de la protection rapprochée », Gérontologie et sociétés, (120), mars 2007, pp. 99-114.