Bribes II 1985 - 2002
Jean-Paul Margnac
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Bribes II
Chaud et froid
Charlie, Charlie … Pour K. C.
Pour une inconnue.
Plus tard Quand on sera plus jeunes Qu'on aura tout épuisé Que tout restera à découvrir Que l'hiver sera beau comme le printemps Et la nuit comme le jour
Charlie, Charlie … Je ne devrais pas Il n’est pas bon pour un vieux cœur De remettre ses émois entre les mains d’une jeune fille
Quand ta fraîcheur et le goût de tes lèvres Auront traversé tous les déserts Toutes les tempêtes Alors Alors seulement
Cette vieille machine usée par tant d’emballements Réclame des ménagements A quoi bon la brusquer A quoi bon lui infliger ces retours de flamme N’est-il pas temps pour elle de jouir des délices du calme plat
J'oserai te dire Je t'aime
Tais-toi et marche Lui répond son palpitant !
Rue Doudeauville Novembre1997
Les Batignolles juin 1995
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Bribes II
Le fol et le sage
Savoir-vivre Pour une inconnue
Pour K. C.
Ma jeunesse pour ta sagesse, dis-tu. Belle formule Mais il n’est pire fou que le sage Ne le suis-je d’ailleurs Dans l’attente anxieuse De ce moment où plaisir deviendra douleur Où les années se feront lourdes Ma prétendue sagesse plus amère Ton sourire plus lointain Ma main plus froide Nos cœurs plus distants Ma folie plus évidente
Où se trouve la vraie vie ? Dans la fréquentation du sexe des femmes ? Mais ils sont insondables Dans les accents captés au vol d’une langue douce mais étrangère ? Mais ils sont trop fugitifs Dans la nouvelle amitié, aussi chaleureuse qu'inattendue Mais toute confiance est source de trahison Dans le verre que je porte à mes lèvres ? Mais trop d'alcool enivre
Les Batignolles Juin 1995
La vraie vie Elle est dans tous ces instants Eh ! patate !. Juin 1996
Solstices J'aime les soirs d'hiver Le crépuscule brutal et oppressant Le froid La petite brume auréolante Les bruits ouatés…….. …………. Ils sont promesses de soirs éclatants d'odeurs, de bruits, de couleurs retrouvés …………. Oui, j'arde impatiemment vers l'été Vers ce point d'équilibre que l'on nomme Solstice.......
Page blanche « Mouillez, jeunes filles, bandez, jeunes gens. Tout le reste est balivernes ! La vie est si brève ! » Comptime de ma province
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Bribes II
Une vie de pommier
Am, stram, gram … Pour Marie H.
Selon l'empressement qu'ils mettent à produire Les jardiniers classent les arbres fruitiers En hâtifs ou tardifs
" L'homme n'a pas de sens, il s'en donne un ! " Marc-Alain Ouaknin Rabbin et Philosophe
Sans l'ombre d'un doute Les jardiniers d'homme Me cataloguent comme tardif
Am, stram gram Bourre & bourre & ratatam… Et si tout ça avait un sens La vie, l’Amour, La Mort ?
Faisant tout à l'envers Sérieux comme un Pape dans l'adolescence Farfelu dans l'âge mûr Ma vie n'aura de sens que dans l'accomplissement Tardif de quelques manquements Apprendre d’autres langues Réunir mes souvenirs …
St Charles juin 1995
Bonheur dans la rame
Bref conserver Si Dieu le veut La faculté de créer Jusqu'à mon dernier souffle …
Trois gouttes de pluie sur sa frimousse Deux doigts de malice dans ses couettes Un regard câlin à son voisin
Doudeauville janvier 2001
Toute une rame complice …
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Bribes II
La fête des flemmards
Qôhèlet
C'est la grève Tout s’arrête Les rails du métro rouillent Vaille que vaille Les vaillants travailleurs se ruent au travail A pied, en calèche, en bateaux-mouches Les pavés mouillés reflètent des silhouettes pressées De musculeux cyclistes ahanant sous l’effort
Rien de nouveau sous le soleil Ecclésiaste (1,9-10)
Rien de nouveau sous le soleil … Est-ce si sûr ? Certes, nous sommes les enfants du Passé … Sans ancêtres, pas d’existence Sans existence, pas de futur Sans futur, pas de présent Sans présent, pas désir de percer le futur Sans ce désir, pas de science Sans elle, pas de conscience De soi, des autres, du tout … Rien que le radotage (La sagesse diront certains) D’ancêtres qui ont fait de leur mieux Pour faire émerger la conscience De soi, des autres, du tout …
Pourquoi t’agiter Reste au lit, t'es payé Décidément La RATP Encourage la paresse … Paris Doudeauville Décembre 1995
SGDB Novembre 2002
Trou normand Table blanche Napperon rouge Couvert argent Verre bleu Pichet de rosé En t'attendant L'esprit vacille … Rue Broca Novembre 2001
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Bribes II
Encore tant de choses à te dire …
Âme solaire
J’ai encore tant et tant de choses à te dire
Faisant d’une mauvais chose Une bonne D’une mocheté de l’existence L’occasion de découvrir Des horizons inattendus D’une trahison La promesse d’une plus grande fidélité Tu es solaire
Te dire que je t’ai aimé bien avant D’oser te le dévoiler Te dire que mon amour ne s’accommode pas de l’indifférence Te dire que tu m’as souvent fait mal et que j’ai cherché à te rendre tes coups Te dire que je fus souvent révolté par tes cachotteries
Tu es solaire et unique Tu puises ta force dans ta faiblesse Dans une capacité infinie D’aimer où les autres ne font que haïr Où aucun nuage n’obscurcit le soleil Plus qu’il n’est nécessaire pour faire lever une risée Tu es solaire et sereine Tu es meilleure que le meilleur d’entre nous Le calcul, la mesquinerie Ne sont pas ton lot Tu pardonnes sans blesser Tu aimes sans exiger
Mais aussi que je suis désarmé devant ta peine Jamais je n’ai voulu te faire souffrir Si je l’ai fait c’était dans le tourment
Shangaï express
Hôtesse attentionnée et perverse
Ta lumière rayonne alentour
Nue sous sa jupe fendue
Sgdb Décembre 2002
Elle sert des convives plus préoccupés De se hausser du col Que de se colleter à son c… Paris Juin 2002
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Bribes II
Sur un air d’autoroute
Être et avoir
Pour M. R.
J’ai une bonne grippe J’ai un bon lit Une maison bien chauffée Heureux homme …
Aire d’autoroute Brève rencontre Parcours balisé On bouffe, on baise Et le romantisme dans tout ça
J’ai eu la varicelle Des sacs de billes Des champs immenses et de vastes granges pour moi tout seul Un précepteur La chance de ne pas me trouver à Dresde le 13 février 1945 Heureux enfant …
Chaque époque a celui qu’il mérite Le nôtre se construit dans la situation Rapide, coincée entre deux brefs espaces temporels
J’ai eu une trottinette Deux deux chevaux Douze motos Mais pas de cyclorameur …
Il n’en est pas moins intense Il n’en est pas moins chargé d’émotion La rencontre de l’Autre Qu’elle s’étale sur des lustres Ou se condense dans une brève étreinte Reste le moment magique Où le pesant réel se dissout
J’ai eu la baraka La chaude pisse Des angoisses métaphysiques Une femme Des enfants Une situation Une grosse voiture
Oui, nous restons de grands romantiques Mais le temps nous est compté …
je n’ai pas pu Suivre le ligne droite Renoncer à …
SGDB Mai 2002
Je suis dégagé des obligations militaires Décoré d’une médaille en chocolat Droit dans mes bottes … Que demander de plus à la vie ? Du fond de mon lit Novembre 2002
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Bribes II
Déprime éclair
Se remet-on jamais d'être né du sexe d'une femme ?
Du temps à tuer Du sale t emps …
Fem mes Le gouffre insondable à l’orée de vos vulves Est à la mesure de nos angoisses existentielles
Arrêt brutal da ns une vie bien réglée Stupide inciden t Clés perd ues
La fascin ation qu'exerce cette bouche d' ombre S'exprime dans la con templa tion puérile De l'objet interdit.
Dehors, ou plut ôt ded ans Dan s un bar ta bac en fumé Tables en formica Caf é noir Murs jaun is Billard s ans âge Eternel c ouple mal assorti Se tenant par la main sur la ban quette de moleskin e Déf ilé sa ns fin des a ccrocs du tabac
Ce qu'il faut d e tran sgress ion pour fix er san s mala ise A la fois celle qui s 'offre à nos regards et son intime anatomie Ce qu'il faut d e respect Pour chas ser la tenta tion d e réd uire c ette posture quasi mys tique A la triviale évaluat ion d' une pièce ana tomique
Déc or idéal pour sent ir mon ter La méchan te déprime Et brutale Cha ude, vibrant e, pas sionnée Plus que vivant e La voix d ’outre-tombe de Jan is Joplin Fus ant des écouteurs branchés Sur mon Mac Seul élém ent sa lvateur Sauvé de ce min i désa stre.
Ton neau s ans fond, Déversoir toujours in assouvi de m es dés irs charnels Fem mes, votre s exe m' a vain cu Com me la vie me vainc ra. Bordeaux Octobre 1997
Le Bergerac 19 H 45
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