Édition du 26 et 27 juillet 2008
Quelques outils de mesure
Contexte économique, sautes d’humeur de la Bourse, scandales financiers… Le monde de l’investissement serait complètement fou? Il n’y aurait là rien de logique ? Il faut, à notre avis, refuser ce langage dramatique et aborder l’investissement avec l’intention de réussir en dehors du hasard. En clair, bien choisir ses produits financiers, accepter de travailler à ce choix en se basant sur des données et des concepts qui ont une certaine valeur. Dans le domaine des fonds communs de placement, les notions de risque et de rendement sont des paramètres importants à considérer. Pour les cerner, il existe deux mesures : la cote Morningstar et le ratio de Sharpe. La cote Morningstar constitue l’une des mesures de performance les plus fréquemment utilisées dans l’industrie. Il s’agit d’un calcul qui combine une certaine mesure de rendement avec un niveau de risque spécifique. La principale raison du succès de la cote Morningstar vient de sa facilité d’utilisation. En effet, il est aisé de déduire qu’un fonds possédant cinq étoiles a mieux récompensé le risque qu’un fonds n’en possédant qu’une seule. Malgré l’aspect pratique de la cote Morningstar, cette mesure devrait être utilisée avec précaution : la façon dont est établie la cote Morningstar tend à fausser l’interprétation de certaines analyses qui découlent de son utilisation. Son principal problème? Les catégories sur lesquelles sont basées cette mesure englobent des fonds variés. Ainsi, la cote Morningstar tend à indiquer la catégorie qui se porte le mieux plutôt que de signaler les fonds qui se distinguent avantageusement pour chacune des catégories. Il faut le savoir. Le ratio de Sharpe est une autre mesure de rendement pondérée selon le niveau de risque. Ce ratio est cependant plus difficile à interpréter que la cote Morningstar. On est sorti du système des étoiles. Prenons un exemple. Comment doit t-on interpréter un ratio de Sharpe de 0,50 obtenu par un fonds sur une période de trois ans? Ce que l’on doit comprendre essentiellement de cette mesure est que, plus le ratio de Sharpe d’un fonds est élevé, plus celui-ci a obtenu un rendement élevé compte tenu de sa volatilité. En analysant le ratio de Sharpe pour les différentes catégories de fonds, on constate qu’il est habituellement plus élevé sur les périodes de 10 ans que sur les périodes de 5 ou 3 ans.
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C’est de cette observation que découlent principalement les conseils mettant l’accent sur la détention à long terme. Que ce soit pour les moyennes des fonds ou pour les indices, on remarque clairement que le niveau de récompense du risque est toujours plus élevé sur de longues périodes. L’écart-type, servant au calcul du niveau de risque à l’intérieur du ratio de Sharpe, n’est cependant pas une mesure parfaite du risque. Exemple : un fonds possédant des rendements de 10 % par année et obtenant soudainement une appréciation de 80 % au cours d’une année, verrait son écart-type substantiellement augmenter. Mais s’agit-il vraiment d’un risque supplémentaire lorsqu’un fonds s’apprécie de cette façon? Les deux mesures de performance considérées sont loin de constituer des mesures parfaites. L’un des principaux défauts de ces mesures vient du fait qu’elles se basent sur des rendements passés. En ce sens, de plus en plus d’études démontrent que les résultats passés constituent de pauvres indicateurs pour l’avenir. Malgré les avertissements en ce sens, beaucoup d’investisseurs se basent principalement sur les rendements passés afin de sélectionner leurs fonds : c’est une erreur. D’autre part, on constate que les mesures traditionnelles telles que celle de Sharpe sont souvent délaissées au profit de mesures plus faciles à comprendre et à utiliser. Les investisseurs tendent à rechercher des d’étoiles plutôt que des chiffres qui peuvent s’avérer ardus à interpréter. En ce sens, la simplicité n’est pas synonyme de qualité. Malgré les faiblesses théoriques et pratiques des mesures des performances tenant compte du niveau de risque, ces outils peuvent s’avérer utiles aux investisseurs qui désirent analyser la performance passée d’un gestionnaire de fonds. À ce chapitre, le site morningstar.com vous permet d’avoir accès à la mesure de performance étoilée. Quant au ratio de Sharpe des fonds, il est plus difficile à dénicher. N’hésitez donc pas à consulter votre représentant qui lui devrait posséder ce genre de mesure. Il semble toutefois important de ne pas se limiter qu’à une seule mesure de performance, chacune d’elles possédant des forces et des faiblesses prédictives.
Michel Marcoux Président, Avantages services financiers
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