Puissance

  • November 2019
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Jean Luc Le Mercier AES - IPAG 2008-2009 Plan et synthèse succincte de l’intervention du 7 novembre 2008 Les facteurs de la puissance et l’exemple de quelques phénomènes transnationaux L’élection américaine récente est révélatrice des facteurs de la puissance. Quels sont les autres pays dans le monde dont les élections sont suivies par la terre entière : aucun. La puissance : « capacité d’une entité politique d’imposer sa volonté aux autres unités » R. ARON « paix et guerre entre les nations ». La puissance, c’est la conjonction de plusieurs facteurs. I)

de la puissance physique au « soft power » : l’évolution des facteurs de la puissance à travers le prisme américain et le débat sur le déclin de « l’empire américain ».

A) les facteurs de la puissance 1) les facteurs classiques : les Etats-Unis les possèdent tous -le territoire : 9,4 millions de km2, soit le quatrième pays le plus vaste du monde (loin derrière la Russie). Qui dit territoire dit également potentialités agricoles ou minières (Cf. les ressources de gaz russes) -la population : 302 millions soit le 3ème pays le plu peuplé au monde mais surtout le pays occidental avec la démographie la plus favorable (natalité forte, 1/3 des habitants se réclament aujourd’hui d’ancêtres appartenant à une minorité « l’Amérique est au centre du monde parce que le monde entier est en Amérique ». - puissance économique : dépenses en recherche et développement 2,6% PIB, PIB le plus élevé de la planète, plus grand importateur de biens (locomotive de la croissance mondiale), selon le FMI un PNB = 20% de celui de la planète soit 14500 milliards de dollars. -puissance militaire majeure : 46% des dépenses mondiales en 2006 du fait de l’effort de guerre irakien (528 milliards de dollars) mais seulement plus de 4% du PIB (loin derrière de nombreux Etats). -et finalement, vainqueur aux points d’un monde bipolaire puisqu’ avec l’effondrement de l’adversaire soviétique, on a pu parler d’un monde unipolaire. 2) les facteurs plus immatériels et diffus : les USA restent sans rival -un réseau d’alliances incomparable : OTAN, APEC, ALENA, OEA, OCDE, ANZUS, G8….. - le modèle culturel et le mode de vie : attraction ultime pour l’essentiel de l’humanité. Ce modèle se propage grâce à la domination US sur le monde télévisuel rendant notamment possible par la langue anglaise (on sous estime par exemple ce facteur pour le japon qui, petit à petit, impose des références culturelles dans le monde entier avec les mangas ou les sushi bars). -langue « hyper centrale » selon le linguiste L.J Calvet -les principales innovations technologiques ou artistiques proviennent des USA et de ces deux grands centres créatifs (la Californie et la côte Est avec boston et New York). -rayonnement sportif : 8 JO sur territoire US, seulement dépassés par la chine en 2008 sinon toujours la 1ère nation sportive de la planète.

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B) le débat sur le déclin de l’empire américain 1) une puissance indéniablement contestée Les éléments de crainte : la dette publique (23% du volume mondial), une place dans l’économie mondiale qui diminue depuis la seconde guerre mondiale (émergence de concurrents) passant de près de50% à 20% aujourd’hui (la puissance des USA est due il est vrai à l’inconscience européenne et les deux guerres fratricides entre les nations européennes), Quelques évènements qui entament la puissance américaine : 1971 fin de la parité or dollar, 1975 défaite vietnamienne, 1978 apogée de la puissance soviétique, 1982 crise économique majeure…. 2) une puissance encore prééminente… pour combien de temps encore C’est notamment la thèse d’un livre à succès de la fin des années 80d’un historien anglais Paul Kennedy « puissance et déclin des grandes puissances »où il démonte que chaque « empire » de l’ère moderne est condamné au déclin (il part de Philippe II d’Espagne, Louis XIV etc.…). Il estime que les USA connaîtront le même sort. Selon Kennedy : -il existe un lien de causalité entre la puissance économique d’un Etat et sa situation dans l’ordre international, sans pour autant que ce lien soit exclusif -l’émergence et le déclin des Etats reflètent l’évolution de leur poids économique, avec un décalage chronologique de l’ordre du long terme -l’apogée de la puissance militaire implique un tel investissement éco que l’Etat tend à terme vers une situation de déclin (cf. URSS de Brejnev dont les dépenses militaires absorbaient 30% du PIB). Dans un ouvrage plus récent, Thomas Friedman estimait dans son ouvrage « le monde plat » que dans le monde uniforme en gestation (sans frontières commerciales ou politiques du fait de a globalisation et de la révolution numérique, l’ère de l’occident triomphant touche à sa fin. le centre de gravité du monde s’est déplace vers les starts up et les entrepreneurs conquérants de l’Asie (chine et inde). Face à ces « déclinistes » Zaiki LAIDI estime au contraire que les USA ne sont pas sur le déclin : - grand capacité à encaisser les chocs négatifs -un PNB dont la part dabs le PNB mondial se stabilise, l’émergence de la Chine s’étant faite au détriment de l’Europe (chine : 3,2% PNB mondial en 1980, 16,6% en 2008. - la dette publique est élevée mais avec un ratio de 68% du PIB, les USA font jeu égal avec l’Europe. - l’Amérique vit à crédit certes mais elle tient ses créanciers qui ont besoin d’elle pour écouler leurs produits. Pour conclure, il suffit de regarder les représentations cartographiques des différentes puissances mondiales. Sur l’ensemble des cartes et quelque soit le continent, l’Amérique est toujours présente de manière centrale comme un partenaire majeur. J’ai indiqué qu’un des éléments qui assoient la puissance américaine est la langue. C’est également un des éléments fondamentaux de notre volonté de peser sur les affaires internationales. C’est pour cette raison que nous avons forgé le concept de « francophonie ».

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II)

la francophonie : un vecteur de rayonnement international

A) l’opportunité d’une langue internationale majeure 1) les langues courent autant de risques que la biodiversité Une douzaine de langues centrales ont plus de 100 millions de locuteurs (parmi lesquelles l’hindi par exemple). Parmi ces langues certaines connaîtront à terme un déclin lié à la démographie (japonais, allemand, russe). Elles sont groupées autour de la langue hyper centrale : l’anglais. Parallèlement, il existe ce que les linguistes appellent les grandes communautés linguistiques (10à 100 millions de locuteurs) soit une soixantaine de langues et 2,5milliards de locuteurs (swahili en Afrique de l’est par exemple). 50 langues ont actuellement entre 5 et 100milions de locuteurs. Le pb se pose pour les autres langues qui sont numériquement les plus nombreuses : Sous les 5 millions de locuteurs, on trouve 5000 langues vivantes qui représentent en tout moins de 250 millions de personnes. Sur cet ensemble, 3250 langues auraient moins de 10000 locuteurs c'est-à-dire quelles ont déjà moribondes. On assiste à une sorte de « linguicide » qui met à mal la diversité linguistique à l’image de la biodiversité. 2) le français est épargné puisque dans le premier groupe Selon l’OIF (organisation internationale de la francophonie), la langue française est la 9ème langue la plus utilisée dans le monde. Avec l’anglais, c’est l’une des deux seules langues parlées sur tous les continents. 200 millions de francophones et les neuf pays où l’on trouve les plus de francophones sont la France (63 millions), la république démocratique du Congo (24,3 millions) , l’Algérie (16) , la Cote d’ivoire (12,7), le Canada (11,5), le Maroc (10,1), le Cameroun (7,3), la Tunisie (6,3), la Belgique (6,3) . Le continent africain est donc bien représenté et ce, du fait du passé colonial B) la francophonie : un atout pour la France Le terme de francophonie est né au début de la IIIème république sous la plume d’Onésime Reclus qui cartographia les populations du globe en fonction de l’idiome qu’elles pratiquent. Il fut repris en 1962 dans la revue Esprit par Léopold Sedar Senghor. 1) depuis l’effacement du latin, la place internationale du français a toujours reflété fidèlement le poids de la France dans le monde Au XVI ème siècle, le français commence à le disputer à l’italien, porté par le miracle de la renaissance. Son influence est portée par la consolidation de l’Etat Royal et devient prépondérante sous le règne de Louis XIV où le français devient l’héritier du latin comme langue diplomatique (la France est par ailleurs le pays le plus peuplé d’Europe). Dès le milieu du XVII ème siècle et durant tout le XVIII, cette influence est relayée dans l’ensemble des sociétés aristocratiques d’Europe du fait du rayonnement intellectuel et artistique (Catherine de Russie et Diderot, Frédéric II et Voltaire….). Entre 1805 et 1815, l’Europe est administrée en français. Cependant, entre 1815 et le milieu du XIX siècle, la force coloniale et commerciale anglaise favorise l’essor de l’anglais. Le second Empire et la III ème république maintiennent l’influence du français grâce à l’expansion coloniale et le dynamisme de la culture française.

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Après la seconde guerre mondiale, le reflux rapide de l’influence politique est compensée par, là encore, le dynamisme des intellectuels français qui occupent une place importante dans la pensée contemporaine (Sartre, Derrida, Deleuze, Lacan, Lévi-Strauss….). Le déclin de la place du français ne commence à se matérialiser qu’à la fin des années 60 où la massification de la culture favorise la culture américaine. 2) dès lors, après la décolonisation, un dispositif fort de préservation et de promotion de cette influence a émergé. Xavier Deniau dans un « que sais-je » consacré à la francophonie, classe celle-ci en aires : les zones dont le français est l’unique langue officielle, les zones de langue maternelle française qui forment une minorité linguistique, l’aire de dispersion (découvertes antérieures au XVIIème siècle), aire d’expansion (là où le français a été répandu par la colonisation), l’aire de diffusion (langue étrangère très répandue : Roumanie par exemple). Le français est la langue officielle de 32 pays (contre 50 pays pour l’anglais). Pour préserver cela 900 000 professeurs apprennent le français à 145 millions d’étudiants et surtout, les pouvoirs publics ont institutionnalisé la francophonie. En 1970 est créée à Niamey l’agence de coopération culturelle et technique. En 1984 est créé un haut conseil de la francophonie. En 1986 se tint à Versailles la première conférence des chefs d’Etats et de gouvernements ayant en commun l’usage du français. En 2002 est créée l’OIF (organisation internationale de la francophonie) et aujourd’hui, les pays ayant le français en partage se réunissent tous les ans. Par ailleurs, la France est le pays qui a poussé le plus loin la protection juridique de sa langue. Dès 1966 est créé un haut comité pour la défense et l’expansion de la langue française. La loi constitutionnelle du 15 juin 1992 modifie la constitution « la langue de la République est le français ». La loi du 4 août 1994 dite loi Toubon fait obligation à l’ensemble des moyens de communication officiels et commerciaux d’employer le français ou à défaut de traduire l’intégralité des expressions non françaises. Au-delà des mesures prises par les pouvoirs publics, le culte de la langue trouve des traductions populaires fortes. Ainsi, la dictée de Pivot reste un succès annuel. La défense de la francophonie s’inscrit dans un cadre plus large du combat pour la diversité culturelle. La thématique de la puissance se double d‘une thématique sur les grands mouvements transnationaux et ce, au travers de trois exemples, dont celui des migrations internationales. III)

les phénomènes migratoires

A) l’exemple californien (semaine des élections américaines oblige) 1) les migrations asiatiques Avec 4,4 millions de personnes, la communauté asiatique californienne est la plus importante du pays et elle devrait doubler d’ici 20 ans. Cette immigration n’est pas récente puisqu’elle commence dès le milieu du 19ème siècle avec l’arrivée des coolies chinois sur les chantiers ferroviaires et l’afflux d’ouvriers agricoles japonais. Si l’entrée des chinois est bloquée dès 1882, celle des asiatiques ne l’est qu’après la guerre. Il faut attendre 1965 pour que l’immigration reparte et se diversifie (Corée, Vietnam….)

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Ainsi, les coréens sont arrivés à partir des années 1970 et se sont installés dans le sud de la Californie et los Angeles où avec 600 000 personnes, ils forment la communauté coréenne la plus importante en dehors de la Péninsule . Demeure pour cette communauté le choc des émeutes du printemps 1992 à Los Angeles au cours desquelles leurs commerces de South central furent pillés et incendiés et leur communauté ostracisée par les émeutiers. Il convient de noter l’importance des asiatiques dans les universités technologiques de la Cote Ouest (ils s’installent sur place leur diplôme en poche). Dès 1998, ils forment 17% de la main d’œuvre de la Silicon Valley où ils ont démarré un tiers des starts up (notamment les indiens bien formés en informatique et maîtrisant l’anglais) constituant ainsi une chance de développement pour cet Etat. 2) les migrations hispaniques Avec plus de 12 millions de personnes sur 38 millions d’habitants, les latinos constituent la première minorité californienne. Trois quarts d’entre eux sont d’origine mexicaine, les autres viennent d’Amérique centrale et du sud. Jeune, prolifique et soutenue par un flux constant d’immigrants ( le flux n’a pas tari avec la fin des conflits centraméricains) dont beaucoup arrivent sans papiers, la communauté forme donc le tiers de la population de l’Etat et sera majoritaire en 2040. Leur réelle homogénéité culturelle et linguistique les conduit à jouer désormais un vrai rôle politique (dans certains comtés de L.A, ils représentent plus de 45% de la population). La problématique est entre intégration et exploitation (leur rôle dans l’économie notamment agricole californienne est déterminant) puisqu’un latino sur 2 est citoyen des USA et peut donc exercer ses droits civiques. La Californie est avant le Texas, new-york et la Floride, la principale porte d’entrée des USA. B) un phénomène aux causes multiples et dont l’importance ne cesse de croître Les migrations commencent à l’aube de l’humanité lorsque du berceau originel du rift africain, les hommes se dispersent sur la surface du globe (traversant par exemple le détroit de Béring à l’époque franchissable). 1) les causes migratoires Le premier qui a théorisé sur les migrations fut Ravenstein (1885) qui présenta 7 lois dont « les personnes du milieu urbain migrent moins que celles du milieu rural ». Lorsque l’on parle migration, on cerne : Push factors (causes répulsives) qui incitent les hommes vers d’autres contrées comme la surpopulation, le manque de nourriture (cf. Irlande au milieu du 19 ème siècle) , les changements climatiques, les persécutions politiques, religieuses et sociales….. Pull factors (causes attractives) qui attirent les humains sur d’autres contrées comme la recherche de terres nouvelles, la recherche d’une vie meilleure, un plus haut niveau de vie, l’acquisition de compétences…… Il convient également de ne pas voir qu’une migration Nord Sud, il existe une migration SudSud (ex : la forte immigration en Afrique du Sud car grande puissance éco de l’Afrique subsaharienne ; longtemps en Cote d’ivoire depuis le Bénin ou le Togo….). 2) la réalité du phénomène L’UNESCO a cartographié les flux légaux et a identifié 5 carrefours majeurs des flux migratoires (dont les pays du golfe).

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On s’aperçoit qu’il existe des pays à immigration massive (plus de 15% d’immigrés dans la population totale) mais également des pôles de départs (Egypte vers le Golfe par exemple, Mexique vers les USA, Inde……). Les conséquences pour les pays de départs sont importantes notamment sur le plan financier (logique « faible salaires, gros transferts comme au Yémen où les transferts représentent 150% du revenu des exportations). Les statistiques de l’immigration dont disposent l’Unesco montrent qu’une population d’immigrés peut être importante mais représenter une faible part de la population du pays (ex : USA avec plus de 20 millions d’immigrants représentant 8% de la pop totale), d’autres pays n’ont que peu d’immigrés mais cela représente une proportion importante de la population totale (pays du golfe par exemple Koweït : 300 000 immigrés mais plus de60% de la pop.). Les démographes considèrent que les migrations seront une importante variable d’ajustement d’ici 2050, échéance à laquelle de 2 à 3 milliards d’individus supplémentaires sont attendus sur la planète, alors que les effets des modifications climatiques se feront déjà sentir et que certaines zones ne pourront plus nourrir une population supplémentaire. Si les hommes se déplacent, l’argent aussi. La crise financière actuelle est là pour rappeler que des zones « grises » existent dans les flux financiers. Les paradis fiscaux sont aujourd’hui au centre d’un intérêt justifié. IV)

les paradis fiscaux : réalité, nuisances et lutte

A) un phénomène aujourd’hui mieux cerné 1) une réalité qui draine de nombreux flux financiers Il en existe une cinquantaine où circule l’argent propre comme l’argent sale. Pour C. Chavagneux et R. Palan « les paradis fiscaux », ils ont en commun une taxation faible ou nulle pour les non résidents, un fort secret bancaire et des procédures d’enregistrement souples pour les sociétés. Cela se traduit par l’arrivée de flux financiers importants sans que cela corresponde à des investissements ou à une activité économique. Les pays en cause sont, en général, le lieu du développement d’un secteur bancaire hypertrophié alors que l’activité réelle est quasi absente. 2) une existence nuisible à la communauté des hommes La menace que font peser les PF recouvre des aspects divers. Cela va des questions de sécurité avec la lutte contre les trafics organisés (blanchiment d’argent, réseau de la drogue…) aux préoccupations actuelles de stabilité financière. La situation des pays en cause est très hétérogène. Certains pays tirent de façon quasi exclusive leurs ressources de cet état de fait (îles Caïman par ex) alors que d’autres sont, d’une certaine manière dans le giron ou sous la protection de pays riches qui sont par ailleurs impliqués dans la lutte conte les trafics de toute nature (Grande Bretagne avec les îles anglonormandes par ex). L’existence de paradis fiscaux se traduit par des pertes pour les économies des pays riches mais également des pays pauvres. En effet, ces paradis fiscaux drainent des flux financiers qui échappent à toute imposition et privent la collectivité de tout retour en termes de bien être collectif.

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B) la volonté de s’attaquer à ce fléau L’OCDE avait en 2001 déjà menacé ces paradis fiscaux mais n’avait pas mis ses menaces à exécution. 1) le déclencheur « crise » « Des trous noirs comme les centres off shore ne doivent plus exister » F. Fillon. Ces déclarations, soutenues par l’Allemagne font enfin « monter la pression » internationale en faveur d’une surveillance des centres financiers off shore. Ces centres font courir un risque systémique à la planète. Ils abriteraient, selon l’estimation de l’ONG Transparency International « 400 banques, deux tiers des fonds spéculatifs et deux millions de sociétés écrans, représentant plus de 10 000 milliards de dollars d’actifs financiers ». Les Européens ont obtenu une première victoire à la mi-octobre 2008 avec la publication d’un communiqué du G8 pour la première fois favorable à la tenue d’un sommet sur le sujet « dans un avenir proche ». Sur le plan politique, le changement de ton des USA vis-à-vis des paradis fiscaux qui ne menacent pas seulement la stabilité économique mais les privent de ressources fiscales, ouvre un espace pour de vraies réformes. D’autant que la lutte contre les centres off shore est dans le programme du candidat OBAMA. Enfin, la fragilisation de territoires confettis dérégulés comme les îles de l’arc Antilles (Bermudes, Caïman ;..) devrait favoriser le mouvement. 2) le cadre plus large de la distorsion de concurrence fiscale et ses conséquences En drainant une épargne mondiale vers des centres peu imposés, les paradis fiscaux posent, à leur manière, la question de la concurrence fiscale entre Etats. Celle-ci a été valorisée (elle l’est encore) parce qu’elle permettrait une rationalisation des dépenses publique, elle répondrait aux attentes des électeurs…. Cependant, elle est surtout potentiellement porteuse de dangers car ele conduit notamment à des situations économiques sous optimales : elle suscite par ex la fuite des capitaux, elle minore les assiettes fiscales, elle crée des rassemblement des capitaux et des sièges fictifs dans certaines zones… Par ailleurs, elle conduit à des situations injustes sur le plan social. Elle pose en effet, le pb de la qualité de l’action publique (financement des infrastructures) mais également un pb d’équité : les revenus mobiles sont souvent des hauts revenus, dès lors, on reporte la taxation sur les moins mobiles (à titre d’exemple, dans le cadre de l’UE, le taux effectif d’imposition des revenus de l’épargne a baissé de 10 % alors que celui des revenus du travail a augmenté de 7%). V)

l’Eglise catholique : une structure temporelle au service du spirituel

Je ne vais pas parler de dogme mais d’organisation de cette religion qui est présente dans le monde entier et qui, malgré une désaffection en occident, est encore en croissance dans le reste du monde. A) une organisation implantée dans le monde entier 1) la multitude Avec 1,1 milliards de fidèles, l’église catholique représente la « branche » la plus importante du christianisme (les chrétiens représentent en tout environ un tiers de l’humanité à la fin du XXème siècle).

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La croissance des fidèles est depuis 1978 (jusqu’en 2004) de plus de 45%, ce qui correspond en fait au taux d’évolution de la population mondiale (multiplication par trois des fidèles en Afrique entre 1978 et 2004 : 50 millions à 150 millions). Le centre de gravité géographique du catholicisme s’est déplacé du monde développé au tiers monde et surtout de l’Europe occidentale au contient américain puisque sur les 10 pays comptant le plus de catholiques, 5 sont américains (Brésil, Mexique par ex), quatre sont Européens et un asiatique (les Philippines, tradition hispanique aidant). La religion catholique doit une partie de son expansion aux conquêtes coloniales, les pays cités ci-dessus en sont une illustration. Aujourd’hui : 550 millions de catholiques aux Amériques, 113 millions en Asie, 280 millions en Europe, 9 millions en Océanie, 150 millions en Afrique. Pour autant les papes sont toujours depuis des siècles italiens ou au pire issue d’une autre nation européenne (il faut attendre 1978 (et ce depuis le XIV ème siècle) pour avoir un pape non italien). 2) un maillage territorial double et dense -De par le clergé régulier (les ordres) qui existe depuis longtemps, puisque le climat d’intense religiosité autour de l’an 1000 aboutit à la création d’ordres (Cluny par ex en 1025 ou bénédictins blancs à Cîteaux en 1098). L’ordre de Saint François d’assise est créé en 1209 peu avant l’ordre des dominicains qui est fondé à Toulouse en 1215 dans le but d’extirper l’hérésie cathare active dans le sud de la France (les dominicains conduiront la sainte inquisition qui perdura en Espagne jusqu’en 1834). Au 16ème siècle (1534) est créé la compagnie de jésus (les jésuites) qui aura deux activités principales : les missions (prédication) et enseignement (réforme spirituelle).les jésuites joueront pendant longtemps un rôle majeur dans la formation des élites intellectuelles des pays colonisés notamment. Au XIX, la dynamique missionnaire liée aux nouveaux horizons ouverts par la colonisation conduira à la création de nouveaux ordres. (Ex : les pères blancs par le cardinal Lavigerie en 1868). On estime auj le nombre de clercs réguliers à 250 000 à travers le monde (dont 21000 jésuites). -de par le clergé séculier : le premier maillon du l’église catholique est la paroisse (elles sont groupées en évêchés eux même rattachés à des archevêchés). En 2000, l’église romaine compte 405 000 prêtres dont 209 000 en Europe et 25 000 en France (et 1600 diacres). L’église catholique a repris en grande partie les structures politiques de l’Empire Romain. Ainsi, la carte religieuse d la France porte encore la trace des subdivisions administratives de l’Empire (15 provinces ecclésiastiques regroupant 95 évêchés). B) un chef et « un gouvernement » qui doit enrayer des phénomènes de désaffection perceptibles dans les pays occidentaux. 1) le « gouvernement » de l’église -Le gouvernement de l’église est assuré par le souverain pontife, évêque de Rome, archevêque et métropolitain de l province romaine, primat d’Italie, patriarche d’Occident, et surtout successeur du premier des apôtres et souverain du vatican. -Le pape est élu par le collège des cardinaux (les cardinaux « font » le pape, le pape fait les cardinaux car ils sont nommés par lui) réuni en conclave (latin cum clave : fermé à clé)

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L’administration de l’église : le pape dispose d’une autorité matérielle sur l’église séculière mais seulement d’une autorité spirituelle sur les ordres réguliers. -L’exécutif pontifical est la Secrétairerie d’Etat qui comprend une section pour les affaires générales et une section pour les relations avec les Etats qui coiffe le réseau des nonciatures apostoliques (environ un ministère des affaires étrangères). Se rattachent à la Secrétairerie les congrégations qui ont un rôle de conception et de gestion assimilable à celui des ministères et administrations centrales (la plus importante : congrégation pour la doctrine de la foi). La gestion des finances est confiée à une préfecture pour les affaires économiques ; un pouvoir judiciaire est exercé par plusieurs tribunaux ; le « service d’ordre » par les gardes suisses…. -le pape fixe le dogme de l’église et peut, en vertu du principe d’infaillibilité, y attacher une force absolue lorsqu’il choisit d’y engager explicitement son autorité. Les constitutions apostoliques sont les décisions les plus importantes concernant la doctrine et l’administration de l’église, les encycliques (ex « rerum novarum ») sont des actes généraux qui permettent au pape de développer un point de doctrine précis. Le pape peut en dehors de s compétence propre convoquer sur les questions doctrinales le synode des évêques ou un concile (cf. Vatican II qui a permis en 1965 une mise à jour de la doctrine de l’église). 2) le reflux de la pratique religieuse Ce reflux est surtout perceptible en Occident. Entre le milieu des années 1970 et le milieu des années 90, l’influence de l’église sur les questions de mœurs a fortement reflué. Les évolutions sociales se sont accélérées sans que l’église puisse les freiner (ex naissances hors mariages auj supérieures aux naissances dans les couples mariés). Le taux de pratique religieuse a décru spectaculairement dans toute l’Europe méridionale. En Espagne, la proportion des athées, officiellement nulle dans les années 1970 a quasiment rattrapée les chiffres les plus élevés du monde (constatés par ex dans les pays scandinaves). Il existe également une vraie remise en question du centralisme romain et du dogme (en 1952, la moitié des catholiques pensait qu’il n’existe qu’une seule vraie religion, la proportion passe à un tiers en 1970 et à un dixième actuellement). Par ailleurs, l’église est confrontée à une forte diminution des effectifs du clergé séculier. En France, le flux annuel d’ordination (pour devenir prêtre) ne permet plus d’assurer la stabilité des effectifs des prêtres (25 350 en 2000 dont seulement 10% de moins de 50 ans). Ce reflux reflète pour une part l’évolution de la pratique cultuelle des français qui tend à devenir très faible. Le tarissement des vocations a relancé un vif débat sur deux questions importantes : l’opportunité d’ordonner des hommes mariés et des femmes. Jean Paul II en 194 dans Ordination sacerdotalis rappelait : « l’église n’a nullement la faculté de conférer l’ordination aux femmes et cette position doit être considérée comme définitive par tous les fidèles de l’église ». Nous finirons par quelques chiffres Baptêmes en 1960 : 742 000, en 2000 : 400 000 Mariages catholiques en 1975 : 282 000, en 2000 : 122 000 Nombre de prêtres en 1960 : 50 000, en 2000 : 26 000 Paroisses dotées d’un curé résident en 1960 : 25000, en 2000 :8300 Nombre de religieuses en 1975 : 89 000, en 2000 : 49 900.

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