L'amoureuse Paul Eluard (1895-1952) Elle est debout sur mes paupières Et ses cheveux sont dans les miens, Elle a la forme de mes mains, Elle a la couleur de mes yeux, Elle s'engloutit dans mon ombre Comme une pierre sur le ciel. Elle a toujours les yeux ouverts Et ne me laisse pas dormir. Ses rêves en pleine lumière Font s'évaporer les soleils, Me font rire, pleurer et rire, Parler sans avoir rien à dire
La enamorada Ella está de pie sobre mis párpados y sus cabellos están en los mios Ella tiene la forma de mis manos Ella tiene el color de mis ojos Ella se desvanece en mi sombra Como una piedra sobre el cielo Ella tiene simpre los ojos abiertos y no me deja dormir. Sus sueños en plena luz hacen evaporarse los soles Me hacen reir, llorar y reir Hablar sin tener nada que decir Libellés : Paul Eluard
De l'amour la poesie. VII. La terre est bleue comme une orange... Paul Eluard (1895-1952) La terre est bleue comme une orange Jamais une erreur les mots ne mentent pas Ils ne vous donnent plus à chanter Au tour des baisers de s'entendre Les fous et les amours Elle sa bouche d'alliance Tous les secrets tous les sourires Et quels vêtements d'indulgence À la croire toute nue. Les guêpes fleurissent vert L'aube se passe autour du cou Un collier de fenêtres Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires Tout le soleil sur la terre Sur les chemins de ta beauté.
El amor a la poesía. VII. La tierra es azul como una naranja... La tierra es azul como una naranja No es ningún error las palabras no mienten No os obligan a cantar Y en vez de oírse unos besos Unos insensatos amores Su boca de alianza Tiene todos los secretos todas las sonrisas Y tan indulgentes vestidos Que se le creería del todo desnuda. Las avispas florecen de verde El alba se coloca en torno al cuello Un collar de ventanas Y unas alas envuelven a las hojas Tú tienes toda la alegría solar Todo el sol de la tierra Sobre los caminos de tu belleza. Libellés : Paul Eluard
La courbe de tes yeux Paul Eluard (1895-1952) La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur, Un round de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs, Parfums éclos d'une couvée d'aurores Qui gît toujours sur la paille de astres, Comme le jour dépend de l'innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards.
La curva de tus ojos
La curva de tus ojos da la vuelta a mi corazón. Una ronda de danza y de dulzura, aureola del tiempo, nocturna y segura cuna y si ya no sé todo lo que he vivido es que tus ojos no me vieron siempre. Hojas de día y espuma de rocío, cañaveral del viento, sonrisas perfumadas, alas cubriendo el mundo de luz, barcos cargados con el cielo y con el mar, cazadores de los ruidos, fuentes de los colores. Perfumes nacidos de un enjambre de auroras que yace siempre sobre el heno de los astros, como el día depende de la inocencia, el mundo entero depende de tus ojos puros y toda mi sangre fluye en sus miradas.
Une charogne Charles Baudelaire (1821-1867) Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d'été si doux: Au détour d'un sentier une charogne infâme Sur un lit semé de cailloux, Le ventre en l'air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d'exhalaisons. Le soleil rayonnait sur cette pourriture, Comme afin de la cuire à point, Et de rendre au centuple à la grande Nature Tout ce qu'ensemble elle avait joint; Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'épanouir. La puanteur était si forte, que sur l'herbe Vous crûtes vous évanouir. Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, D'où sortaient de noirs bataillons De larves, qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons. Tout cela descendait, montait comme une vague Ou s'élançait en pétillant On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant. Et ce monde rendait une étrange musique, Comme l'eau courante et le vent, Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique Agite et tourne dans son van. Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve, Une ébauche lente à venir Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève Seulement par le souvenir. Derrière les rochers une chienne inquiète Nous regardait d'un oeil fâché, Epiant le moment de reprendre au squelette Le morceau qu'elle avait lâché. - Et pourtant vous serez semblable à cette ordure, A cette horrible infection, Etoile de mes yeux, soleil de ma nature, Vous, mon ange et ma passion! Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces, Apres les derniers sacrements, Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses, Moisir parmi les ossements. Alors, ô ma beauté! dites à la vermine Qui vous mangera de baisers, Que j'ai gardé la forme et l'essence divine De mes amours décomposés!
Una carroña Recuerdas el objeto que vimos, mi alma, Aquella hermosa mañana de estío tan apacible; A la vuelta de un sendero, una carroña infame Sobre un lecho sembrado de guijarros, Las piernas al aire, como una hembra lúbrica, Ardiente y exudando los venenos, Abría de una manera despreocupada y cínica Su vientre lleno de exhalaciones. El sol dardeaba sobre aquella podredumbre, Como si fuera a cocerla a punto, Y restituir centuplicado a la gran Natura, Todo cuanto ella había juntado; Y el cielo contemplaba la osamenta soberbia Como una flor expandirse.
La pestilencia era tan fuerte, que sobre la hierba Tú creíste desvanecerte. Las moscas bordoneaban sobre ese vientre podrido, Del que salían negros batallones De larvas, que corrían cual un espeso líquido A lo largo de aquellos vivientes harapos. Todo aquello descendía, subía como una marea, O se volcaba centelleando; Hubiérase dicho que el cuerpo, inflado por un soplo indefinido, Vivía multiplicándose. Y este mundo producía una extraña música, Como el agua corriente y el viento, O el grano que un aechador con movimiento rítmico, Agita y revuelve en su harnero. Las formas se borraron y no fueron sino un sueño, Un esbozo lento en concretarse, Sobre la tela olvidada, y que el artista acaba Solamente para el recuerdo. Detrás de las rocas una perra inquieta Nos vigilaba con mirada airada, Espiando el momento de recuperar del esqueleto El trozo que ella había aflojado. -Y sin embargo, tú serás semejante a esa basura, A esa horrible infección, Estrella de mis ojos, sol de mi natura, ¡Tú, mi ángel y mi pasión! ¡Sí! así estarás, oh reina de las gracias, Después de los últimos sacramentos, Cuando vayas, bajo la hierba y las floraciones crasas, A enmollecerte entre las osamentas. ¡Entonces, ¡oh mi belleza! Dile a la gusanera Que te consumirán los besos, Que yo he conservado la forma y la esencia divina De mis amores descompuestos! Libellés : Charles Baudelaire