Introduction : L’étude des flux de migration entre les zones rurales et les zones urbaines ont connu véritablement une part très importante dans la contribution de l’urbanisation précisément dans les pays développés et les pays en voie de développement. Ainsi que son ampleur est devenue très ambigu (Lall & Selod, 2006). Actuellement, plus de 50% du total de la population vit dans les zones urbaines alors qu’elle était seulement 15% au début de 20ème siècle. En plus, selon United Nations, 2014 une estimation nous indique que presque 75% du total de la population seront urbaines en 2030. Donc la majorité des pays en retards était caractérisée par une mobilité interne très importante. Selon Chen, Valante et Zlotnik, 1996 durant les années 1960, 1970 et 1980 et dans les pays retardés les mobilités internes ont atteint des parts très remarquables dans l’accroissement de la population urbaine soient respectivement 40,3%, 44,1% et 54,3%. I.
L’expérience tunisienne en termes de migration interne :
En ce qui concerne la population rurale Tunisienne, la mobilité interne représente un moyen crucial dont l'objectif principal est la sortie du de sous développement (sortie du chômage et de la pauvreté). En effet, selon Drissi 2014, 90.2% des ménages vivant dans les zones rurales indiquent qu'ils ont envoyé qu’au moins un de leurs membres vers les zones favorisés. Selon Radwan, Jamel et Ghose, 1991, dans le passé, la migration du rural vers l’urbain était liée directement aux les différents problèmes (crises) de l’agriculture.la crise qui s’est produite à la fin des années 29 jusqu’au milieu des années 30 a été la première vague du mouvement migratoire. À la veille des années 60, la stratégie coopératif que la Tunisie a pratiqué pour sortir de sous développement , a induit à des conséquences non souhaitables (le gaspillage des ressources naturelles, et l’aggravation de la situation des pauvres, et donc ceci a créé des tensions sociales entre la population en Tunisie, ce qui a donné lieu la deuxième vague de flux migratoires suite à l’échec de la première tentative du sortie de sous développement. et durant les milieux des années 70 jusqu’à la veille des années 80, une troisième vague qui était constitué suite à l’intégration des machines dans l’agriculture et au développement et concentrations des industries installés dans les zones littoral dans le but principal est d’attirer les investissement direct étranger (IDE) grâce aux meilleures infrastructures existés dans le
littoral . Donc cette période s’est soldée par l’apparition de clivage (écart) remarquable entre le littoral et l’intérieur et ce qui a accéléré l’exode rural de la zone intérieure vers le littoral. Depuis le milieu des années 1980, la Tunisie a suivi un programme selon lequel elle a connu une économie plus ouverte et caractérisée aussi par plus de privatisation (tentative de renforcement du privé), ce programme est appelé le programme d'ajustement structurel (PAS).mais durant cette période les disparités régionales en Tunisie ont été considérés comme étant une source qui permet de nourrir les mouvements migratoires entre les régions. Avant la révolution de 11 janvier 2011 l’économie tunisienne a connu une évolution très spectaculaire de 5% en moyenne et par an et aussi un succès rapide pour la diminution de la pauvreté. Mais ces réalisations ont été liées à une croissance caractérisée par des performances économiques et des opportunités de travail inégales entre les zones littorales et intérieures. En tenant compte de ces grandes disparités régionales, l’équilibre du marché du travail et les migrations rural-urbain sont devenus nécessaires pour que les régions intérieurs puissent bénéficier des divers réformes économiques et de la croissance des régions les plus privilégiées. 1- Evolution de la migration interne : Sur la base de recensement général de la population et de l’habitat 2014, 1666014 personnes ont été touché par la mobilité générale entre 2009 et 2014, (soit 15.2% de la population totale). Dont 65927 de ces personnes sont des individus migrants à l’étranger, ainsi que 43642 personnes ont représenté les individus revenant de l’étranger. La mobilité interne représente 1556444 personnes dont 868167 sont des migrants intra-délégation et 688277 sont des migrants inter-délégations. Les personnes qui ont changé leurs milieux de résidence sont évaluées à 430553personnes ainsi que les migrants qui ont déménagé d’une délégation à une autre au sein de même gouvernorat sont de 257724 personnes. Tableau 1 : Evolution des migrants par type de mouvement selon la période Période
1987-1994
1999-2004 2009-2014
Mobilité générale
184820
1603326
1666014
Intra-délégation
1176000
787941
868167
Intra-gouvernorat
249000
283889
257724
Inter-gouvernorat
380752
426536
430553
Immigration
42400
28486
43642
Emigration
--(1)
76474
65927
Inter-délégation Migration
Source : recensement 1994, 2004, 2014 --(1) : La question sur l’émigration a été insérée dans le questionnaire du recensement à partir du RGPH 2004. 2- Flux migratoires inter-gouvernorat : Les mouvements migratoires entre les gouvernorats ont un double impact : non seulement sur la répartition géographique de la population mais aussi sur les régions d’origine et destinataires. Cette migration a connu une tendance à la hausse de 380752 migrants entre 1987-1994 à 426536 migrants entre 1999-2004 et a atteint 430553 migrants entre 2009-2014 Evolution de la migration inter-gouvernorat la migration inter-gouvernorat 430553
426536
380752
1987-1994
1999-2004
2009-2014
Source : RGPH 2014 En effet, lorsque le solde migratoire est nul cela est du à l'égalité des entrées et des sorties ce qui ne peut pas refléter l'intensité de la migration et malgré ça il permet d'indiquer que si chaque gouvernorat se trouve dans une situation de gain ou de perte en termes de population. Durant la période 2009-2014, le 1/3 des gouvernorats ont profité de la population migrante soit huit gouvernorats dont le solde migratoire est positif en citant principalement Ariana (40.1 mille), Ben Arous (26.6 mille), Manouba (8.5 mille), Nabeul (12.8 mille), Sousse (19.2 mille), Monastir (11.9 mille), Sfax (9.6 mille) et Médenine (2.7 mille), tous ces gouvernorats se situent sur le littoral. Par contre, presque la totalité des gouvernorats ont continué à perdre ses population tels que Tunis avec un solde migratoire négatif(-27.4mille), Jendouba(12.7mille), Kairouan(-22.7mille) et Kasserine(-12.8mille). La direction et l’intensité des flux migratoires et les régions attractives et répulsives sont expliquées principalement par la migration entre les régions, le solde migratoire est positif
pour les régions du Grand Tunis (57 396), du Nord-est (3 407) et du Centre-Est (47 757) et négatives pour les autres régions comme le montre le tableau suivant : Tableau 2 : Flux migratoires entre régions 1989-1994
1999-2004
2009-2014
Solde
Les
Les
Solde
migratoire
entrées
sorties
migratoire
102728
45332
57396
-265
36069
32662
-33332
17981
District 44380
Les entrées
Les
solde
sorties
migratoire
196946
149158
47788
3407
43182
37474
5704
60365
42384
21227
59339
38112
81195
33438
47757
99681
62185
37496
14522
68487
-53965
20186
64568
-44382
Tunis Nordest Nordouest Centre- 17314 est Centre- -22221 ouest Sud-est
-2537
22162
24288
-2126
33790
35756
-1965
Sud-
-3338
11370
21455
-10085
15541
22073
-6532
0
286027
286027
0
430553
430553
0
ouest Total
Source : RGPH 1994, 2004, 2014
Les mouvements inter-gouvernorats se répartissent en 49%des hommes et 51% des femmes. Les raisons de la migration se diffèrent entre eux. En premier lieu, les hommes migrent pour travailler. Donc « le travail » représente la première cause de la migration soit 30.7%. En second lieu, la plupart des migrants de sexe masculin ont déménagé pour les raisons de « joindre
famille »,
« Mariage »,
« l’amélioration
des
conditions
de
vie » soient
respectivement 20.3%,18.7% et 17.7%. Concernant les femmes, plus de 1/3 migrent pour des raisons familiales telles que « joindre famille » soit 33.8%, le « Mariage » soit 30.5%, le « Travail » soit 13.7% et « l’amélioration des conditions de vie » soit 11.7%.
Tableau 3 : Répartition des migrants selon les causes de migration par sexe (Avril 2009- Avril 2014) Cause de migration
2009-2014 Masculin(%)
Féminin(%)
Total
Total (%)
Le travail
30.7
13.7
94808
22.0
Condition de vie
17.7
11.7
63029
14.6
Mariage
18.7
30.5
106442
24.7
Joindre famille
20.3
33.8
117100
27.2
Etudes
9.2
7.3
35289
8.2
Autres
3.4
3.0
13885
3.2
Total
100
100
430553
100
Source : RGPH 2014
II.
PROFIL DE MIGRANT : 1. Migrants par âge : a. L’âge moyen des migrants :
Tout en fait un recours au recensement général de la population et de l’habitat 2014 sur la Tunisie, et sur la base du graphique ci-dessous qui nous indique l’évolution de l’âge moyen des migrants selon le sexe sur les différentes périodes d’observation. On constate qu’entre 2009 et 2014, l’âge moyen des migrants dépasse 25 ans et atteint 26.2 ans alors qu’entre 1987 et 1994 l’âge moyen des migrants étaient 24,7 ans. En effet, cette observation nous montre qu’il existe une évolution de l’âge des migrants entre 2009 -2014 par rapport à celui des migrants en 1987-1994. Mais qui reste toujours inférieur à l’âge moyen de la population totale. La différence entre les deux âges moyens (des migrants et de la population totale) représente 5.9 ans. Dans ce sens, la continuité de l’augmentation de cette différence accepte l’idée que la catégorie des jeunes était la plus touchée par la migration.
Figure1: évolution de l'age moyen des migrants et de la population totale(ans) 35 age moyen des migrants
30 l'age moyen
age myen de la population
25 20 1979-1984 1987-1994 1999-2004 2009-2014 pèriodes d'observation
Source : RGPH 2014
b. Structure par âge Suite aux engagements et aux décisions des familles, les adolescents et les enfants en bas âges sont obligés de migrer avec eux. La majorité des migrants est âgée entre 20 et 34 ans puisqu’elle représente le plus grand nombre des migrants soit 223379 personnes. Cependant elle consacre une part très importante soit 51.9% du total des migrants entre les gouvernorats. En plus on constate que la tranche d’âge entre 25 et 29 ans est la tranche la plus dominante car elle possède le plus grand nombre d’effectifs soit 67514 personnes. Une autre observation qui montre qu’il ya une relation inverse entre les groupes d’âges plus de 40 ans et la migration. Tableau 1 : Les migrants par groupes d’âge Groupe d’âge
Migrants
%
0-4
69046
16.0
5-9
22840
5.3
10-14
16401
3.8
15-19
20650
4.8
20-24
57053
13.2
25-29
67514
15.7
30-34
60144
14.0
35-39
38668
9.0
40-44
24366
5.7
45-49
17349
4.0
50-54
12650
2.9
55-59
9138
2.1
60 et +
14733
3.4
Total
430553
100.0 Source : RGPH 2014
c. Rapport de masculinité par âge : Ce rapport permet de déterminer parmi les migrants, le nombre des hommes pour 1000 femmes. Dans ce cas concernant les hommes, le rapport de masculinité est inadéquat pour eux car il atteint seulement 962 hommes pour 1000 femmes et ne peut pas dépasser ce nombre. Tableau 2 : Migrants inter-gouvernorats (en milliers), Rapport de masculinité (en %) Groupe d’âge
Migrants
Rapport
de
masculinité (%) 0-4
69046
1059
5-9
22840
1068
10-14
16401
1052
15-19
20650
1096
20-24
57053
905
25-29
67514
616
30-34
60144
833
35-39
38668
1158
40-44
24366
1338
45-49
17349
1304
50-54
12650
1242
55-59
9138
1310
60 et +
14733
1069
Total
430553
962 Source : RGPH 2014
Figure 2:courbe de rapport de masculinité en %
rapport de masculinité en %
[0-4] [5-9] [10-14] [15-19] [20-24] [25-29] [30-34] [35-39] [40-44] [45-49] [50-54] [55-59] (60 et +] Total
rapport de masculinité en %
1600 1400 1200 1000 800 600 400 200 0
Groupe d'age
Source : RGPH 2014 Les classes d’âge qui sont inférieur à 20 ans, sont caractérisés par un niveau de rapport de masculinité qui ne se diffère plus à celui à la naissance (il n’ya pas une grande différence).mais lorsqu’on dépasse 20 ans le niveau de rapport de masculinité sera plus fluctué car dans le début la classe d’âge entre 20 et 24ans atteint 905 alors que par la suite la classe d’âge entre 25 et 29 ans a connu une baisse de niveau de rapport de masculinité jusqu’à 616. Et pour la classe d’âge entre 30et 34, ce dernier se remonte petit à petit pour atteindre 833. Sur la base du graphique ci-dessous qui nous détermine la pyramide des âges des migrants, on peut conclure que les femmes migrantes dominent les hommes pour la classe d’âge (20-34 ans). Et lorsqu’on dépasse 34 ans le niveau de masculinité évolue d’une manière rapide soit 1158 pour la classe d’âges (35-39 ans), ainsi que 1338 pour la classe d’âge (40-44 ans).puis jusqu’à l’âge de 59 ans le niveau de rapport de masculinité permet d’atteindre un maximum de 1310 mais par la suite au delà de 60 ans, il a connu une diminution, et par conclusion, cette baisse est expliquée principalement par le veuvage. Figure 3 : Pyramide des âges des migrants
Source : RGPH 2014 2. Le sexe : A partir des données du tableau ci-dessous, la migration inter-gouvernorat représente 430588 sur la période 2009- 2014 dont 211084 sont des migrants masculins soit 49% et 219504 sont des féminins soit 51%. Pour la période 1987- 1994, le rapport de masculinité a enregistré un maximum soit 1201 hommes pour 1000 femmes. On remarque aussi qu’après cette période le niveau de rapport de masculinité a connu une diminution jusqu’à 962 sur la période 20092014.d’après ces constatations on peut dire que la migration se concentre principalement sur les hommes qui ont fait la révolution. Tableau 3 : évolution des migrants inter-gouvernorats par sexe Période
La migration inter-gouvernorats
Masculin
Féminin
Rapport de masculinité
1979- 1984
274860
143010
131850
1085
1987- 1994
380752
207760
172992
1201
1999- 2004
426555
227958
198597
1148
2009- 2014
430588
211084
219504
962
Source : RGPH 2014
Figure 4: Evolution du rapport de masculinité
évolution du rapport de masculinité 1500 1300 rapport de masculinité
1100 900
rapport de masculinité
700 500 1979- 1984
1987- 1994
1999- 2004
2009- 2014
les pèriodes
Source :RGPH 2014 3. analphabétisme et niveau d’instruction : a. Taux d’analphabétisme : La catégorie des jeunes représente la catégorie la plus touchée par la migration. Elle se caractérise par un taux d’alphabétisme le plus élevé par rapport au reste de la population. Cela met en évidence que leur taux d’analphabétisme est inférieur par rapport au toute la population soit respectivement 8.2%, 19.3% (recensement de 2014). Ce taux peut avoir des variations en termes de gouvernorat de sortie et de sexe. Tableau 4 : taux d’analphabétisme des migrants Gouvernorat
de Masculin
Féminin
Total
sortie Tunis
5.4
8.2
6.8
Ariana
5.2
7.6
6.5
Ben Arous
5.3
7.6
6.5
Manouba
6.3
8.5
7.5
Nabeul
5.0
6.5
5.8
Zaghouan
7.8
11.2
9.5
Bizerte
6.8
7.9
7.4
Béjà
8.7
12.7
10.8
Jendouba
9.2
13.6
11.4
Elkef
8.2
13.6
11.1
Siliana
9.9
15.4
12.7
Sousse
6.8
8.8
7.8
Monastir
6.4
8.0
7.2
Mahdia
6.0
9.6
7.9
Sfax
5.4
7.9
6.6
Kairouan
9.3
13.9
11.7
Kasserine
8.3
14.7
11.5
Sidi Bouzid
6.3
11.4
8.8
Gabes
6.8
9.5
8.1
Medenine
4.8
8.0
6.4
Tataouine
6.5
10.4
8.4
Gafsa
5.3
8.2
6.7
Tozeur
4.8
6.7
5.8
Kebelli
4.6
6.3
5.4
Total
6.5
9.8
8.2 Source : RGPH 2014
b. Niveau d’instruction : Figure 5 : évolution des migrants selon niveau d’instruction
les migrants par niveau d'instruction (%) 50 40 pourcentage
30 20
sexe Masculin
10
sexe féminin
0 Néant
primaire sécondaire supèrieur niveau d'instruction
Source : RGPH 2014
D’une manière générale, la classe d’âge entre [10ans et +] permet de mesurer le niveau d’instruction. En effet, d’après le recensement de 2014, les migrants ont un niveau d’instruction plus élevé que celui de la population totale. Les migrants âgées de 10 ans et plus représente 338666 (total des migrants-(classes d’âge ([0-4]+[5-9])) personnes dont 247716 personnes (soit 73.2% )sont caractérisés par un niveau d’instruction secondaire ou supérieur en contrepartie la population totale consacre seulement 48.65% (recensement 2014). 4. l’état matrimonial L’état matrimonial se focalise essentiellement sur le groupe d’âge [15 ans et +] avec un total de 322265 migrants, d’après les données de RGPH 2014, la plupart des migrants sont mariés ou célibataires. Ces catégories consacrent le nombre le plus élevé des migrants soit 311330 personnes. Ainsi que les femmes mariés représentent 1/3 des migrants et par conclusion ce statut marque la proportion la plus élevé par rapport à celui du reste des statuts. 5. Activité et chômage : Selon le RGPH 2014, les migrants d’âge actif (15ans et plus) représentent 322265personnes. Les deux composantes des migrants d’âge actifs sont les actifs et les inactifs qui consacrent respectivement 193944 mille, 128320 mille. En effet, les personnes ayant des emplois rémunérés (actifs occupés) représentent 168917 personnes soit 52.4%, et les personnes qui cherchent des emplois rémunérés (actifs inoccupés) sont 25028 personnes soit 7.8% Tableau 5 : Répartition selon l’activité économique des migrants inter-gouvernorats âgés de 15 ans et plus Catégories de migrants
Migrants
%
Migrants en âge d’activité
322265
100.0
Actifs occupés
168917
52.4
Actifs
non
occupés 25028
7.8
(chômeurs) Inactifs
128320
39.8 Source : RGPH 2014
Répartition selon le taux d'activité économique des migrants inter-gouvernorats agés de 15 ans et plus
Actifs occupés
39 % 52,4 %
Actifs non occupés (chomeurs) Inactifs
7,8 % Source : RGPH 2014 III.
Aperçu des disparités régionales en tant que déterminant de la migration interne en Tunisie :
L’histoire de la Tunisie se caractérise par un dualisme persistant entre un nord et une côte évoluée qui ne cesse d’attirer les individus de l’intérieur dans l’espoir d’améliorer leur situation économique. En Tunisie, la disparité régionale a été mise en valeur après le changement politique de 2011 qui est devenu substantielle après cette date.
Source : Belhedi 2012
1. Les disparités socio-économiques a) Le taux de chômage : La migration interne est un fléau qui n’était pas trop traité dans la Tunisie, ses causes, ses effets, ainsi que la répartition inégale entre les régions. Le chômage, La pauvreté, le sous emploi, l’éducation peuvent présenter le rôle majeur comme des déterminants de la migration interne, ainsi que du résultat d’un développement socio-économique inégale entre les régions. Après la révolution du 14 janvier 2011, la mobilité spatiale a été marquée par une augmentation, même pour les indicateurs des disparités aux niveaux sociale et régionale. Et en ce sens le chômage a été exacerbée d'une façon très remarquable notamment à l’intérieur de la Tunisie. En effet, en Tunisie le taux de chômage a atteint 15.6% en 2016 alors qu’il était seulement 13% en 2010. Cette différence de 2 points et ½ est du aux caractéristiques de chaque gouvernorat. Dans un premier lieu, le gouvernorat de Kébili a enregistré une détérioration de plus de 11 points en termes de taux de chômage soit 25.8% en 2016 contre 14.5% en 2010. Toujours dans la même voie, le taux de chômage dans le gouvernorat de Tataouine a passé de 23.6% à 32% entre 2010 et 2016.même que les gouvernorats de Béja, Jendouba, Siliana, Kairouan, Kasserine, Sidi Bouzid, Médenine et Tozeur ont connu une augmentation au niveau de taux de chômage soient respectivement : 18.5% ; 20.1% ; 17.2% ; 15.2% ; 21.7% ; 15.4% ;
19.9% et
20.9%en
2016
contre
respectivement :
11.5% ;
17.7% ;15.6% ;10.6% ;20.7% ;14.7% ;13.9%,et 17% en 2010. Aussi bien, le taux de chômage dans les gouvernorats de Tunis, Ben Arous, Manouba, Zaghouan, Gabes, Médenine a connu un accroissement sur la même période. Dans un deuxième lieu, les gouvernorats : Kef, Bizerte, Nabeul et Gafsa ont connu une diminution de taux de chômage de 1 point et ½. Aux niveaux les gouvernorats de : Monastir, Sfax, Mahdia, le taux de chômage augmente mais à un faible rythme par rapport au reste des gouvernorats (schéma 1). Généralement, en 2016 les gouvernorats dont le taux de chômage a dépassé 25% sont Kébili, Gafsa et Tataouine par contre les gouvernorats dont le taux de chômage n’a pas dépassé 10% sont Sfax et Monastir.
35
Evolution de taux de chomage entre 2010et 2016
30
taxu de chomage
25 20 2010 2016
15 10
Kébili
Tozeur
Gafsa
Tataouine
Gabès
Medenine
Sidi Bouzid
Sfax
Kasserine
gouvernorats
Kairouan
Mahdia
Monastir
Siliana
Sousse
Kef
Jendouba
Béja
Bizerte
Zaghouan
Nabeul
Manouba
Ben Arous
Ariana
Tunis
5
Source : INS A la suite, selon les statistiques du rapport de l’INS une estimation indique que les disparités régionales se persistent jusqu’à la 2éme trimestre de 2017 puisque la ville de Monastir a consacré la part la plus faible de taux de chômage soit 6.1% alors qu’au niveau de la ville de Tataouine, le taux de chômage a atteint la part la plus élevé d’une manière exacerbé soit 32.4%. Par ailleurs, les villes de Zaghouan, Sfax et Nabeul n’accaparent qu’un taux de chômage inférieur à 10%.dans le cadre de la région le taux de chômage est effectué de la manière suivante : (Sousse, Monastir, Mahdia et Sfax) représentent les régions de centre-Est et (Nabeul, Zaghouan et Bizerte) sont les régions du Nord-est, elles ont atteint seulement 9.7% et 10.4% de taux de chômage. Par contre les régions de Sud-ouest (Gafsa, Tozeur et Kébili) et les régions de Sud-est (Gabes, Médenine et Tataouine) ont enregistré les parts les plus importantes de ce taux soit respectivement 25% et 24.3%. Les régions dont le taux de chômage est supérieur à 16% sont les régions du Nord-ouest (Jendouba, Béja, le Kef et Siliana) avec 16.7%, du Grand Tunis (Tunis, Manouba, Ben Arous et Arianna) soit 17% et du Centre-ouest (Kairouan, Kasserine et Sidi Bouzid) avec 17.4%. Régions
1975
1984
2011
2015
2017
Centre-est
9
10.8
11.9
9.9
9.7
Nord-est
10.2
11.7
14.5
8.9
10.4
Tunis
9.8
12.2
17.2
11
17
Nord-ouest
21.3
19.1
22.3
17.8
16.7
Centre-ouest
15.5
13.5
26.9
18.7
17.4
Sud-est
10.9
11.5
27.2
17
24.3
Sud-ouest
10.9
15.7
29.5
18
25.6 Source: INS 1975, 1984, 1994,
2004, 2010, 2011 Belhedi A 2012. Pour 2015 : www.alternatives-economiques.fr/tunisieinegalitesregionales-explosives/00082568 cette différence au niveau de taux de chômage est expliqué principalement par l’existence des disparités régionales puisque la majorité des régions situés dans le littoral sont caractérisés par une meilleure infrastructure qui peuvent inciter les IDE à s’investir dans ceux, même qu’il ya une localisation très importante des grandes firmes qui ont une capacités d’absorption et d’assimilation des chômeurs extrêment forte ce qui induit à attirer les individus des autres régions qui sont devenus des zones répulsifs puisqu’ils déjà connaissent des problèmes socioéconomiques et se trouvent aussi dans une situation où les chances de croissance et de développement sont davantage hypothéqués. Donc ceci renforce la migration de rural vers l’urbain. b) Le taux de pauvreté : D’après le tableau et le graphique ci-dessous qui illustrent l’évolution de taux de pauvreté sur la période 2000-2015, Généralement le taux de pauvreté en Tunisie a diminué de 25.9% à 15.2% entre 2000 et 2015.mais au niveau régional les écarts restent très sévères. En effet, les régions de Centre-ouest (Kairouan, Kasserine et Sidi Bouzid) et de Nord-ouest (Jendouba, Béja, Kef et Siliana) ont connu les taux de pauvreté les plus élevés soit respectivement 30.8% et 28.4%.par la suite les régions de Sud-est et Sud-ouest avec 18.6%et 17.6% par contre les régions de Centre-est, Nord-est et les régions de Grand Tunis ont enregistré les taux les plus faibles avec respectivement 11.5%, 11.6% et 5.3%. Par conclusion les disparités régionales se persistent en termes de taux de pauvreté. Evolution de taux de pauvreté sur la période 2000-2015 Taux de pauvreté Régions
2000
2005
2010
2015
Grand Tunis
13.7
12.3
11.1
5.3
Nord-est
23.9
21.8
15.2
11.6
Nord-ouest
32.9
29.6
36.2
28.4
Centre-est
14.3
12.5
11.6
11.5
Centre-ouest
44.1
49.7
42.3
30.8
Sud-est
32.9
34.5
20.7
18.6
Sud-ouest
38.3
32.5
25.9
17.6
Tunisie
25.9
23.1
20.5
15.2 Source : L’Enquête
Nationale sur le Budget, la Consommation et le Niveau de Vie des ménages
taux de pauvreté en 2015 40 30 20 10 0
taux de pauvreté en 2015
Source : L’Enquête Nationale sur le Budget, la Consommation et le Niveau de Vie des ménages c) Taux d’analphabétisme Les résultats de graphique ci-dessous montrent qu’il ya des écarts remarquables en termes de taux d’analphabétisme. Généralement ce taux existe sur l’intervalle [11.5% ; 35%]. D’un côté, les gouvernorats qui ont connu un taux d’analphabétisme supérieur à la moyenne national sont : Bizerte, Gafsa, Mahdia, le Kef, Zaghouan, Béja, Sidi Bouzid, Siliana, Kasserine, Jendouba et Kairouan. D’autre coté, les gouvernorats Ben Arous, Tunis, Ariana, Monastir, Sousse, Tozeur, Nabeul, Médenine, Manouba, Sfax, Gabés, Tataouine et Kébili ont réalisé un taux d’analphabétisme inférieur à la moyenne national. En effet, les régions de centre-ouest et de Nord-ouest se trouvent presque dans la même catégorie puisqu’ils ont atteint les taux d’analphabétisme les plus élevés avec un minimum de 26.4% en Kef et un maximum de35 en Kairouan.par contre les gouvernorats de Tunis, Ben Arous, Ariana et Monastir sont caractérisés par des taux d’analphabétisme les plus faibles. Ces disparités socio-économiques ont des effets négatifs sur le niveau d’éducation car les individus qui vivent dans les milieux caractérisés par une flagration en termes de chômage, de
pauvreté et d’analphabétisme se trouvent face aux plusieurs risques tels que l’abandon scolaire et donc n’ont pas beaucoup des opportunités pour réaliser la réussite. Taux d’analphabétisme par gouvernorats (%)
Source : recensement 2014
d) La concentration des entreprises : Plus de la moitié de la population tunisienne (56%) et presque 92% des entreprises dont leurs activités principales sont industrielles se localisent dans les villes de littoral : Tunis, Sfax, Sousse et Monastir (Banque Mondial 2014). Ces villes réalisent presque 85% du PIB du pays dont l’activité économique se concentrent essentiellement dans ceux (carte 1 ; carte 2). En effet, les régions en retards représentent seulement 13% du total des entreprises étrangères déjà situés en Tunisie. Ces entreprises ne participent que 16% dans la création des emplois
pour ces régions.par contre elles se concentrent dans les régions du littoral dans lesquelles peuvent bénéficier de développement donc les richesses créées seront partager entre les régions mais d’une manière inéquitable car les régions de littoral ont des meilleures caractéristiques en termes du taille des entreprises que les régions de l’intérieur (les entreprises avec les grandes tailles se localisent sur le long et les cotes de littoral) aussi bien la densité de la population et des entreprises existés dans les zones développés se trouvent faire face aux plusieurs services et nombreux avantages. Ces grandes disparités incitent les individus à se déplacer vers les régions où il ya des opportunités d’améliorer leurs conditions de vie. Densité des entreprises par kilomètre carré en Tunisie
Source : Tunisia Urbanization Review, Banque Mondiale 2014 Répartition de la population par gouvernorat
Source : Recensement 2014 e) Disparités dans l’accès aux services de base et le capital humain : Disparités dans l’accès aux services de base Malgré l’amélioration significative en matière des services de base, il existe un clivage très spectaculaire entre les zones développés (littoral) et celles en retards (l’intérieur du pays).d’une manière générale, concernant l’accès à l’électricité presque tous les zones rurales et urbaines ont profité d’une couverture assez universelle. En effet, les régions du littoral sont capables de bénéficier totalement des services de base alors que ce n’est pas le cas dans les régions de l’intérieur par conclusion les écarts sont encore persistés entre les deux zones. En ce qui concerne l’accès à l’eau potable les gouvernorats Sidi Bouzid, Kasserine, Kairouan, Jendouba, Siliana, Le Kef sont caractérisés par les taux de desserte à l’eau potable les moins élevés par rapport aux reste des gouvernorats. Aussi bien les gouvernorats dont les taux de branchement au réseau d’assainissement sont les plus faibles sont Sidi Bouzid, Médenine, Kébili, Kasserine, Mahdia et Kairouan.
Taux
de
desserte
en
eau
potable
/
SONEDE
(Recensement,
INS
2014)
Source : INS, recensement 2014 Taux de branchement des ménages au réseau d'assainissement par gouvernorat
Source : Recensement, INS 2014
Disparités au niveau du capital humain :
Niveau d'éducation de la population par région en 2014 en (%) 40 35 30 25 20 15 10 5 0
Aucun niveau d'enseignement
Niveau d'enseignement supèrieur
Source : INS recensement 2014 2. la relation entre la migration interne et les disparités régionales : Le mouvement interne représente un mécanisme d'ajustement spatial et socio-économique visant à réduire les déséquilibres régionaux. Ces mouvements migratoires ont des effets
non seulement
sur les relations inter-
gouvernorats en termes des flux des biens mais plutôt les impacts sur les zones d'origine et de destination. En fait, ils peuvent générer trois cas : le premier cas correspond à la contribution de la migration interne en tant que cycle positive c'est-à-dire que les mouvements des migrants conduisent à la création des économies d’accueil qui suscitent à un nouvel attrait à travers le processus de synergie.si ce processus est maintenu, cela permet d’obtenir une relation étroitement positive entre le solde migratoire et les différents critères sociaux et économiques. C’est souvent le cas des régions situés à l’urbain et caractérisés par des économies différent et qui ont réussi à leur tour à absorber l’économie migratoire. Selon ce cas la Capitale prend le premier rang malgré l’augmentation de ce taux de chômage
le deuxième cas, correspond au cycle négatif dont la migration interne permet de satisfaire les besoins des régions attractives et dans certain temps de les dépasser en fonction de l’inertie de sorte qu’il n’y existe pas de relation entre la migration nette et le niveau de développement. En premier lieu, la pression des mouvements des migrants affecte négativement le milieu attractif et dans un second lieu, sous l’influence de l’inertie des flux migratoires qui a commencé et ne peut pas s’arrêter que petit à petit. Selon cette situation, seuls les régions ou bien les pôles situés sur le long du littoral. Le troisième cas, les facteurs répulsifs liés aux régions de départ jouent un rôle crucial dans les mouvements migratoires plutôt que les facteurs attractifs, donc il n’existe pas un décalage dans le temps lié à la relation entre la migration nette et les donnés liés à la région. selon cette situation les régions attractives peuvent perdre ses poids à cause de la pression des migrants et en revanche les régions répulsives peuvent prendre ses chances pour s’améliorer puisqu’elles se débarrassent de divers problèmes socioéconomiques. Dans ce cas, la situation de nombreuses villes est soumise à une pression intense. Ainsi, le processus de migration peut empêcher le but de développement régional.
D’après ces trois situations la migration interne constitue un mécanisme pour promouvoir un équilibre entre les régions mais à un certain niveau elle commence à aggraver la situation dans les régions d’arrivée suite aux tensions des divers facteurs socio-économiques. Donc cela permet de créer des disparités entre les régions. Autrement, A Belhedi 1992, MDE-INS 1996, le déséquilibré de développement régional permet d’induire le processus de la migration dont elle présente un moyen pour séparer les zones. Et il vu que l’investissement joue un rôle central pour les régions puisqu’il permet d’introduire les niveaux d’emploi et de revenu qui ont met en évidence le niveau de la mobilité.