La dette extérieure et le financement du développement économique du Bénin
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par Dotché Bruno DADJO Université d'Abomey-Calavi - Maà®trise en économie 2009
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AVERTISSEMENT INTRODUCTION CHAPITRE I : CADRES THEORIQUE ET METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE o 1-1 PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE L'ETUDE 1-1- 1 Problématique 1-1-2 Objectifs et Hypothèse de l'étude 1-1-2-1 Objectifs de l'étude 1-1 -2-2 Hypothèses de l'étude 1-1-3 Intérêt du sujet o 1-2 REVUE DE LA LITTÉRATURE 1-2-1 Définition des concepts 1-2-1-1 La dette publique 1-2-1-2 Caractéristiques du financement extérieur et les principaux créditeurs 1-2-1-3 Mesure du fardeau de la dette 1-2-1-4 Solvabilité, soutenabilité 1-2-2 Cadre théorique 1-2-2-1 théories de l'endettement 1-2-2-2 Les mobiles de l'endettement extérieur 1-2-2-3 Efficacité de la dette extérieure 1-2-2-4 Les effets du surendettement extérieur sur l'économie 1-2-2-4 Endettement public et performances macroéconomiques 1-2-3 Études empiriques o 1-3 MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE 1-3-1 Méthode d'analyse 1-3-2 Spécification des modèles 1-3-3 Procédure d'estimation 1-3-4 Choix des variables et sources des données CHAPITRE II: ETUDE DE LA DETTE EXTERIEURE DU BÉNIN o 2-1 LES ORIGINES DE LA CRISE DE LA DETTE DES PED o 2-2 INITIATIVES POUR RESORBER LE SURENDETTEMENT DE PAYS EN DEVELOPPEMENT o 2-3 CARACTERISTIQUES DE L'ECONOMIE BENINOISE o 2-4 ORIGINE ET ETAPES DE L'ENDETTEMENT EXTERIEUR DU BENIN o 2-5 INITIATIVE PPTE ET ELIGIBILITE DU BENIN o 2-6 AUTRES INITIATIVES LIEES A L'IPPTE
2-7 ÉVOLUTION DE LA DETTE EXTERIEURE DU BENIN 2-7-1 Évolution de l'encours de la dette extérieure 2-7-2 Évolution du service de la dette 2-7-4 Évolution des ratios de la dette CHAPITRE III : ANAYSE ECONOMETRIQUE o 3-1 ESTIMATION DU MODELE 1 3-1-1 Rappel du modèle 3-1-2 Présentation des résultats 3-1-2-1 Résultat du test de Dickey-Fuller Augmenté et détection de relation de cointégration des variables 3-1-2-2 Test de cointégration 3-3-2-2 Le modèle à correction d'erreur (MCE) 3-1-2 Interprétation des résultats o 3-2 ESTIMATION DU MODELE 2 3-2-1 Rappel du modèle 3-2-2 Présentation des résultats 3-2-2-1 Résultat du test de Dickey-Fuller Augmenté et détection de relation de cointégration des variables 3-2-2-2 Le modèle à correction d'erreur (MCE) 3-2-3 Interprétation des résultats o 3-3 CONCLUSION PARTIELLE o 3-4 RECOMMANDATIONS CONCLUSION REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ANNEXE o
GLOSSAIRE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ADF
:
Augmented Dickey -Fuller
APD
:
Aide Publique au Développement
BAD
:
Banque Africaine de Développement
BM
:
Banque Mondiale
BID
:
Banque Internationale de développement
BDEAC
:
Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale
CAA
:
Caisse Autonome et d'Amortissement
DSRP
:
Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
DTS
:
Droit sur Tirages Spéciaux
EDEXP
:
Encours de la dette sur les Exportations
FASEG
:
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
FMI
:
Fonds Monétaire International
FRPC
:
Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance
IDA
:
International Development Association
IFI
:
Institution Financière Internationale
INSAE
:
Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique
MCE
:
Modèle à Correction d'Erreur
MCO
:
Moindres Carrés Ordinaires
MEF
:
Ministère de l'Economie et des Finances
G-7
:
Les sept Pays les plus riches
GDF
:
Global Development Finances
OCDE
:
Organisation pour la Coopération et le Développement Economiques
OPEP
:
Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
OMD
:
Objectifs du Millénaire pour le Développement
PIB
:
Produit Intérieur Brut
PP
:
Phillips-Perron
PPTE
:
Pays Pauvres Très Endettés
UEMOA
:
Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
URSS
:
Union des Républiques Socialistes Soviétiques
TICR
:
Taux d'Intérêt Commercial de Référence
VAN
:
Valeur Actualisée Nette
Dollar US
:
Dollar américain
WBA
:
World Bank Africa Development indicators
WDI
:
World Development Indicators
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES TABLEAUS Tableau 1: Hypothèses sur les signes des coefficients des variables du modèle 1 28
Tableau 2: Hypothèses sur les signes des coefficients des variables du modèle 2 29 Tableau 3 : Evolution du service de la dette 41 Tableau 4 : Critères de soutenabilité de la dette extérieure 41 Tableau 5 : Résultats des tests de stationnarité des variables du modèle1 45 Tableau 6: Résultat de l'estimation de la relation de long terme 46 Tableau 7: Résumé du résultat du test de stationnarité sur le résidu issu de l'équation de long terme 46 Tableau 8: Résultat de l'estimation du MCE 47 Tableau 9 : Résultats des tests de stationnarité des variables du modèle2 50 Tableau 10 : Résumé du résultat du test de stationnarité sur le résidu de l'équation de long terme 51 Tableau 11: Résultat de l'estimation de la relation de long terme 51 Tableau 12: Résultat de l'estimation du MCE 52 GRAPHIQUES Graphique 1 : Évolution de la croissance 35 Graphique 2: Évolution de la dette extérieure du Bénin entre 1987 et 2007 40 Graphique 3: Évolution du taux d'endettement 40 Graphique 4: Évolution des ratios de la dette du Bénin 42 Graphique 5: Évolution comparée des taux d'endettement et d'investissement 43 Graphique 6 : Structure par type de la dette extérieure 43
SOMMAIRE INTRODUCTION 1 CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 3 1-1 PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE L'ETUDE 3 1-2 REVUE DE LA LITTÉRATURE 7 1-3 MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE 23 CHAPITRE II: ETUDE DE LA DETTE EXTERIEURE DU BÉNIN 30 2-1 LES ORIGINES DE LA CRISE DE LA DETTE DES PED 30 2-2 INITIATIVES POUR RESORBER LE SURENDETTEMENT DE PAYS EN DEVELOPPEMENT 32 2-3 CARACTERISTIQUES DE L'ECONOMIE BENINOISE 33 2-4 ORIGINE ET ETAPES DE L'ENDETTEMENT EXTERIEUR DU BENIN 35 2-5 INITIATIVE PPTE ET ELIGIBILITE DU BENIN 37 2-6 AUTRES INITIATIVES LIEES A L'IPPTE 38 2-7 ÉVOLUTION DE LA DETTE EXTERIEURE DU BENIN 39 CHAPITRE III : ANAYSE ECONOMETRIQUE 44 3-1 ESTIMATION DU MODELE 1 44 3-2 ESTIMATION DU MODELE 2 49 3-4 RECOMMANDATIONS 54 CONCLUSION 56
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 58 ANNEXE i TABLE DES MATIERES ii
INTRODUCTION Durant les deux décennies précédentes, l'environnement économique des pays à faible revenu, particulièrement ceux de l'Afrique, furent marqués par une crise de la dette extérieure très élevée qui de nos jours, continue à demeurer un obstacle majeur pour atteindre les Objectifs du Développement pour le Millénaire (OMD). Par railleurs, cette crise de la dette extérieure élevée reste-t-elle encore dans les débats des hommes politiques et de l'opinion publique à travers le monde comme étant l'un des principaux facteurs contribuant à restreindre ou limiter le développement économique des pays pauvres. En effet, les pays en développements ont bénéficié des prêts très élevés combinés parfois avec de faveur qui en principe, pouvait permettre leur développement en accroissant les investissements pour accélérer une croissance durable. En revanche, il s'est fait constater au début des années 80 que les ratios d'endettement atteignaient des niveaux insoutenables à telle enseigne que le remboursement de la dette devenait pratiquement impossible. D'ailleurs, l'ensemble de la dette extérieure des pays pauvres estimés à 37,4 % de leur Produit Intérieur Brut (PIB) cumulés fut multipliés par quatre durant ces seules 20 dernières années (dette et développement, 2002). Ainsi, bien que les remboursements de la valeur actualisée nette (VAN) sur les obligations ne soient virtuellement pas possibles, ceux-ci pourraient sévèrement contraindre les performances économiques des pays endettés. Surtout que les ressources transférées au titre des services de la dette atteignent des proportions vraiment élevées par rapport aux capacités de financement et aux besoins de financement de ces pays, c'est-à-dire que ces services de la dette privent leurs populations à la satisfaction de leurs besoins fondamentaux en compromettant leur épanouissement et développement. Face à cette situation, le FMI et la Banque Mondiale ont lancé l'Initiative HIPC (Heavily Indebteb Poor Countries) ou PPTE (Pays Pauvres Très Endettés), dont le but visé est de créer les conditions pour que les pays continuent de bénéficier de financements extérieurs pour leur développement sans accumulation d'arriérés. Ainsi,
l'initiative PPTE a pour objectif de rendre soutenable la dette des pays pauvres très endettés, dans une dynamique de redéploiement des dépenses publiques en faveur des secteurs sociaux, et de créer les conditions favorables à la croissance économique. L'objectif fondamental est de reconstituer la capacité productive des pays traités dans une logique de développement durable. Au-delà de l'optimisme qu'inspire l'économie béninoise qui a renoué avec la croissance, à la faveur des réformes entreprises au cours des années 1990, le Bénin ne pourra arracher à la pauvreté une partie importante de sa population sans accélérer sa croissance. L'incapacité de l'économie béninoise à atteindre un taux d'au moins 7 %, minimum nécessaire pour réduire la pauvreté, a amené les autorités à poser la problématique de l'accélération de la croissance. A cet effet, plusieurs facteurs ont été identifiés comme ne répondant pas aux exigences d'une croissance accélérée : la faible productivité des facteurs, le manque de crédibilité du système juridique, la faiblesse de ressources allouées à l'économie nationale etc (DSRP). Afin de remédier à cette insuffisance de ressources, le Bénin s'est tourné vers l'endettement extérieur pour suppléer au déficit des ressources internes. Mais aujourd'hui, la question se pose de savoir si la vertu dévolue au financement extérieur a joué dans le cas du Bénin. Beaucoup de travaux ont abouti à la nécessité d'alléger la dette extérieure du Bénin, condition nécessaire pour un véritable décollage économique : les différents passages au Club de Paris et l'admission du Bénin au titre de l'initiative PPTE en sont des émanations concrètes. De l'analyse précédente, il s'avère que les niveaux insoutenables de la dette extérieure des pays pauvres sont le symptôme d'un problème beaucoup plus important à savoir la faiblesse de la croissance économique. Ainsi, la préoccupation de notre étude intitulée « DETTE EXTERIEURE ET FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU BENIN » consiste à Analyser le rôle de la dette publique dans le développement économique du Bénin. Le document s'articulera autour de trois chapitres. Le premier est consacré au cadre théorique et à la méthodologie de la recherche. L'étude de la dette extérieure du Bénin fera l'objet du deuxième chapitre. Enfin le troisième et dernier chapitre conduira à l'élaboration de modèles économétriques pour évaluer l'impact de la dette extérieure sur le développement économique et sur l'investissement avant d'aboutir aux recommandations de politiques économiques qui en découleraient.
CHAPITRE I : CADRES THEORIQUE ET METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE CHAPITRE 1: CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
1-1 PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE L'ETUDE Dans cette partie, nous mettons l'accent sur les différents problèmes que soulève la dette extérieure avant de préciser non seulement les objectifs que nous nous fixons à travers ce travail mais aussi les hypothèses y afférentes. 1-1- 1 Problématique
Il est important pour un pays d'emprunter à l'étranger afin d'ajuster la croissance économique. Cette possibilité d'emprunt procure de vastes perspectives, mais cela peut aussi exposer le pays à de graves dangers. A la base de toute théorie d'endettement, la capacité de remboursement du pays endetté et le seuil de l'endettement insupportable s'y trouvent. La contrainte du remboursement ne se justifie que si elle n'est annexée au taux de croissance de l'économie, à un ajustement des structures économiques par choix des investissements productifs qui permettent par le truchement de l'accroissement des exportations, le paiement du service de la dette en devise. Ainsi compris, l'endettement favorise le développement. Un autre thème relatif à l'économie de l'endettement étudie l'inter-indépendance entre le financier et l'économique ; c'est à dire la logique d'endettement relève d'une approche différente de celle du crédit. Dans l'économie traditionnelle du crédit, une institution recourant à ce mode de financement est tenue au remboursement du prêt selon les conditions des coûts, de calendrier et de durée initialement prévue dans les clauses d'endettement. Par contre, il y a rupture réelle provoquant l'arrêt brutal de crédit et l'effondrement des échanges internationaux si les clauses ne sont pas respectées. Or l'économie d'endettement assure la
continuité réelle des liens économiques à l'aide de la flexibilité et la globalité du système financier international apparaissant à travers les mécanismes d'endettement. Cela étant, si l'endettement assure la continuité réelle des échanges internationaux, il ne présente pas forcément leur chance de réussite. Il y a une relative indépendance entre les conditions financières de l'emprunt et la rentabilité économique de l'investissement financé par l'endettement (GANIASSE E.1994). D'autres contraintes notamment celles des liquidités et de solvabilité sont également dissociables difficilement au cours des mécanismes de l'endettement. A ajouter la conditionnalité exprimant une limitation d'ordre endogène comme les contraintes de liquidités et de solvabilité mais d'ordre exogène, déterminés par des distorsions structurelles. Elle se présente comme un processus d'ajustement qui modifie à la fois le comportement des créanciers et du pays endetté. Dans les pays en voie de développement (PED) comme ailleurs, la mobilisation des ressources financières est une condition nécessaire de tout processus de développement. C'est dans ce cadre que, dès le lendemain de leur indépendance, les pays africains dans la perspective de parvenir à un développement économique et social se sont rendu compte que les infrastructures d'équipement et de production déjà en place étaient insuffisantes pour amorcer un quelconque décollage économique. L'écart entre le besoin d'investissement nécessaire et les ressources disponibles était énorme. C'est pourquoi, la plupart ont dû se baser sur un fort endettement qu'ils doivent désormais gérer, l'augmentation des besoins ayant très vite dépassé les capacités de financement. Le phénomène de l'endettement est une conséquence naturelle des activités économiques. Il vient du fait que certains pays ou institutions ont des excédents financiers et d'autres des besoins de financements. L'endettement permet donc à un pays d'investir des capitaux au-delà de ses propres disponibilités financières en empruntant des excédents de capitaux (Klein, 1994). La dette ainsi créée est supposée générer la croissance et le développement. Mais pour générer des ressources et pouvoir rembourser l'emprunt, cette dernière doit être utilisée de manière efficace et dans des secteurs productifs. Encouragés par un contexte favorable (croissance rapide et taux d'intérêt peu élevés), les pays en voie de développement ont été amenés à avoir recours à de nombreux emprunts auprès des institutions financières. La dette leur permettait de réaliser des taux de croissance élevés (Baïlo, 2007). Mais vers la fin des années 1970, l'environnement international a changé et n'était plus favorable en raison notamment de la chute des prix des matières premières (entraînant ainsi la baisse des recettes d'exportations), de la hausse des taux d'intérêt, de la fluctuation des taux
de change et de la détérioration des termes de l'échange. Cependant, les pays en voie de développement ont continué à s'endetter sans pour autant changer leur politique intérieure en matière d'emprunt. Les capitaux empruntés servaient de moins en moins à financer les investissements, mais couvraient surtout les déficits de la balance courante et les déficits budgétaires. L'évolution de la dette de l'ensemble des PVD dans le temps montre donc que l'endettement a été causé davantage par des raisons qui émanent de facteurs purement financiers que par un vrai besoin de financement des transferts de l'investissement productif. La résultante est un ensemble d'augmentations successives du montant de la dette. La dette extérieure a donc pris de l'ampleur et le cercle vicieux de l'endettement s'est installé. C'est ainsi que la dette extérieure des Pays en voie de développement a été multipliée par cinq passant de 500 à 2 500 milliards de dollars entre 1980 et 2000. Quant à la dette africaine, elle a été multipliée par 3.4 passant de 60 à 206 milliards au cours de la même période (selon la Banque Mondiale). Le Bénin, n'échappera pas à cette crise de l'endettement, et a vu le stock de sa dette multiplié par 3,41 passant ainsi de 267 à 910,5 millions de FCFA entre 1985 à 2000. Il est à rappeler que l'essentiel des ressources extérieures du Bénin, provient aujourd'hui des dons au titre de l'aide publique au développement et le reste composés d'emprunts dont le remboursement pose problème car il faut assurer le service de la dette malgré le faible niveau de développement. Le poids de la dette aggravé par la pauvreté freine ainsi tout effort de développement. Cependant, vers la fin des années 90, la campagne « Pour l'an 2000, annulons la dette » ayant connu un succès extraordinaire avec la plus grande pétition jamais réalisée auparavant (24 millions des signatures ont été recueillies) a permis d'obtenir des mesures d'allégement des dettes par les principaux bailleurs des fonds (Alain K. B, 2005). Par conséquent, les institutions de Bretton Woods (Fonds Monétaire International et Banque Mondiale) aussi bien que les créditeurs bilatéraux ont apporté au traditionnel mécanisme d'allégement existant, l'initiative PPTE renforcé. Cette initiative en faveur des PPTE fournit une assistance conditionnelle se rapportant à des politiques économiques d'ajustement et quelques critères de performances afin de permettre aux pays éligibles de bénéficier d'un allégement de l'ordre de 80% de la VAN, et ainsi rendre la dette à un niveau soutenable. Et avec les ressources qui devraient être remboursées au service de la dette, les pays éligibles devront alors élaborer des stratégies dans un document (DSRP) pour réduire la pauvreté et relancer la croissance économique. Le fardeau de la dette publique, malgré les allègements, constitue une entrave au développement des pays pauvres avec la coexistence de plusieurs facteurs déterminants tels que la faiblesse du niveau de l'épargne, la situation critique de la balance des paiements ainsi que les faibles taux de croissance économique. L'émergence, dans
ces pays de sérieux problèmes de service de la dette extérieure au cours des années 80, a mis en lumière les conséquences potentiellement catastrophiques d'un excès d'emprunts pour leurs économies. Ainsi, l'inaptitude à appliquer une politique d'endettement compatible avec la capacité de service de la dette perturbe les mouvements des capitaux, ce qui peut nuire à la croissance et à la stabilité de l'économie, notamment dans un contexte d'une augmentation massive de la proportion des capitaux privés. Une gestion cohérente de la dette publique doit s'appuyer sur des politiques macroéconomiques appropriées et sur des emprunts extérieurs prudents. Au Bénin, le retournement des conjonctures économiques au début des années 80, dû à l'aggravation du déficit de la balance des paiements et l'accélération de la croissance de la dette, a entraîné une situation critique entre 1994 et 1996 essentiellement au niveau de la capacité réelle de l'économie à faire face à la demande du financement extérieur ainsi qu'au niveau de la soutenabilité de ses dettes. L'encours de la dette totale rapporté au PIB, de 49,9% en 1990 est passé, sous l'impact de la dévaluation, à 70,8% en 1994 pour retomber à 17,8% en 2007. Cependant on remarquera qu'avec l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (IPPTE) ce ratio se situe en dessous de 50% depuis 2002. Quant au service de la dette rapporté aux exportations, il a connu sensiblement la même évolution que l'encours passant de 11,9% en 1990 à 16,4% en 1994, puis 5,1% en 2007. Au regard de tout ce qui précède, l'on est amené à se poser un certain nombre de questions à savoir : 1. Quelle est la place de la dette dans le développement économique du Bénin ? 2. Pourquoi les importants flux financiers obtenus grâce à l'endettement n'ont pas favorisé le décollage économique du Bénin ? 1-1-2 Objectifs et Hypothèse de l'étude
Pour mener à bien ce travail de recherche, un certain nombre d'objectifs et d'hypothèses s'avèrent nécessaires pour canaliser notre vision afin de nous alléger la tâche. 1-1-2-1 Objectifs de l'étude L'objectif général que vise le présent travail est d'étudier l'effet direct et indirect de la dette extérieure sur le développement économique du Bénin. De manière spécifique, il s'agira de:
· Déterminer le lien entre la dette extérieure et le Développement; · Analyser l'effet la dette extérieure sur l'investissement Total. 1-1 -2-2 Hypothèses de l'étude · La dette extérieure n'a pas favorisé le développement économique du Bénin · La dette extérieure a un effet négatif sur l'investissement total au Bénin
1-1-3 Intérêt du sujet
Notre étude tente de donner, dans la mesure du possible une réponse d'analyse sur l'importante question si brûlante, qui concernent les hommes politiques; les Organisations Non Gouvernementales; les institutions financières et toute les populations pauvres, qu'est l'impact de la dette extérieure sur le développement économique du Bénin. Cette étude apportera un éclairage certain aux responsables politico-économiques, eu égard aux considérations théoriques et aux spécificités de l'économie béninoise, sur les relations qui existent entre le développement économique et l'endettement extérieur. Elle permettra une meilleure orientation de leurs décisions dans le sens d'une conduite optimale de la politique d'endettement du Pays.
1-2 REVUE DE LA LITTÉRATURE Dans cette partie, nous nous intéressons d'abord à la définition des concepts de la dette. Nous passerons en revue les théories de l'endettement. Ensuite une attention sera portée sur les études empiriques effectuées par quelques auteurs sur le sujet. 1-2-1 Définition des concepts
L'objectif de cette section est de définir le concept de dette publique, sa mesure ainsi que les notions de solvabilité et de soutenabilité.
1-2-1-1 La dette publique L'État, dans sa mission régalienne d'offre des biens et services collectifs, élabore chaque année un budget (dépenses et recettes prévisionnelles). Le problème se posant généralement à la suite de l'élaboration du budget de l'État est celui de son financement. Les difficultés surviennent lorsque l'État dépense plus qu'il ne perçoit de recettes. Il naît alors un déficit budgétaire, et pour le financer, il peut effectuer un emprunt auprès du système bancaire (banque centrale et banques commerciales). Il peut également avoir recours à un emprunt public interne (avec l'émission des titres) ou encore effectuer un emprunt extérieur. On appelle dette de l'État, l'accumulation des emprunts passés de l'État. La dette publique quant à elle, est la somme de la dette explicite de l'État (dette directement contractée par l'État), de la dette implicite de l'État (dette contractée notamment par les entreprises publiques, parapubliques, organisations non gouvernementales, les collectivités décentralisées avec la garantie de l'État) et de la dette contractée sur l'État (par exemple, la dette endossée par l'État après la faillite d'une banque) (Piriou JB, 2003). Les appellations de la dette varient selon l'origine et le type de créditeurs. Selon l'origine des créditeurs, on parle de dette extérieure et de dette intérieure. La dette extérieure d'un État représente l'ensemble des emprunts contractés par les pouvoirs publics d'un pays auprès de créanciers (privés ou publics, bilatéraux ou multilatéraux) extérieurs et non résidents. La dette intérieure d'un État quant à elle est l'ensemble des engagements contractés auprès d'acteurs résidents dans le pays et exprimés en monnaie locale. On parle de dette privée lorsque celle-ci est contractée par les agents économiques autres que l'État, elle peut être intérieure ou extérieure (Piriou JB, 2003). Selon le type de créditeurs, on parle de dette bilatérale ou de dette multilatérale. La dette bilatérale est l'ensemble des engagements contractés par un État auprès d'un autre État. Alors que la dette multilatérale est l'ensemble des dettes contractées par un État auprès d'un groupe d'États ou d'une Institution Financière Internationale (IFI).
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par Dotché Bruno DADJO Université d'Abomey-Calavi - Maà®trise en économie 2009
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1-2-1-2 Caractéristiques du financement extérieur et les principaux créditeurs Le financement extérieur se présente sous plusieurs formes: les Aides Publiques au Développement (APD), les dons et les prêts. L'APD est une assistance financière fournie par une entité publique (État, organisme public, collectivité territoriale, etc.) à un pays en développement ou à des institutions multilatérales, sous forme de dons ou de prêts à faible taux d'intérêt, dans le but de contribuer au développement des pays concernés. Les créditeurs sont divers, parmi ceux-ci, nous pouvons citer: les membres du Club de Paris, du Club de Londres, les IFI et les pays non membres du Club de Paris. Le Club de Londres est un comité consultatif négociant la dette privée des PVD pour le compte des banques commerciales et qui ne se réunit pas forcement à Londres. Le Club de Paris quant à lui est un groupe informel (19 pays principaux créditeurs) des États créanciers les plus riches faisant partie de l'Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE). Le Club de Paris se rencontre de manière ad hoc, pour négocier la dette contractée ou garantie de manière bilatérale par des débiteurs publics (États) auprès de créanciers publics. Créé en 1956, il compte actuellement 19 pays membres permanents, auxquels peuvent se joindre ponctuellement, en fonction du cas (du pays) traité, d'autres créanciers. Les IFI sont des institutions multilatérales auxquelles adhèrent des États dans le but d'harmoniser les relations financières internationales. Elles regroupent le FMI, la Banque Mondiale, ainsi que les banques et les fonds régionaux de développement (Banque Interaméricaine de Développement, Banque Africaine de Développement (BAD), Banque Asiatique de Développement, Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement, la Banque de Développement des États de l'Afrique Centrale...). La Banque Mondiale et le FMI forment le "noyau dur" des IFI; ces dernières avaient pour mission première de créer un environnement économique favorable à la reconstruction et au développement de leurs États membres, en particulier ceux qui avaient été affectés par la guerre. Parmi les pays créanciers non membres du Club de Paris, nous pouvons citer: la Chine, l'Algérie, la Libye, le Koweït (avec le fonds koweitien de développement), l'Arabie saoudite (avec le fonds saoudien de développement), la Taiwan, ... 1-2-1-3 Mesure du fardeau de la dette Il existe plusieurs façons de comptabiliser la dette d'un pays. Selon la valeur à laquelle on choisit de se rapporter, on peut avoir la valeur nominale, la valeur actualisée nette et la valeur de marché. La valeur nominale (faciale, contractuelle) est la valeur de la dette au moment où elle a été contractée. La Valeur Actualisée Nette (VAN) est la valeur actuelle des flux de remboursements espérés, actualisés au taux d'intérêt Commercial de Référence (TICR) pour les différentes monnaies. Elle correspond au montant qu'il faudrait investir aujourd'hui en tenant compte des intérêts accumulés au taux d'intérêt actuel pour honorer toutes les échéances de l'emprunt. La valeur de marché est la valeur d'échange sur le
marché de la dette. Cette valeur d'échange sur le marché est fonction du contexte économique, politique et financier dans lequel évolue le pays. Le fardeau de la dette peut aussi être appréhendé soit par le stock de la dette, soit par le service de la dette. Ainsi, le service de la dette publique est la somme versée annuellement par l'État pour le remboursement de sa dette. Cette somme versée est composée du principal et des intérêts du capital emprunté. Le stock de la dette est le montant total des emprunts contractés par un État. Le plus souvent, c'est la VAN du stock de la dette qui est utilisée pour mesurer le fardeau de la dette d'un pays. Notons que la plupart des États ont une certaine dette, mais l'importance de celleci varie d'un pays à l'autre. L'évaluation du poids de la dette d'un pays devient alors importante.
1-2-1-4 Solvabilité, soutenabilité La solvabilité et la soutenabilité sont des notions permettant de caractériser la situation d'un pays par rapport à ses possibilités et à sa volonté de respecter ses engagements financiers, par rapport au remboursement de sa dette. Ø Solvabilité La solvabilité caractérise la situation financière d'un pays capable de faire face à ses engagements, c'est-à-dire la contrainte budgétaire intertemporelle est respectée. En d'autre terme, la solvabilité d'un État est sa capacité à payer totalement sa dette (annuler sa dette à long terme en respectant les échéances). Le constat de la non solvabilité d'un État s'accompagne d'une crise des finances publiques. A titre d'exemple, nous pouvons citer la crise de l'endettement des pays du tiers monde dans les années 1982. Cependant, RAFFINOT (1998) pense que la solvabilité est un critère peu opérationnel, car le moment où le pays devient créditeur net peut être trop lointain, même dans les hypothèses les plus favorables. Il estime que dans la pratique, le pays doit continuer à recevoir des financements extérieurs, à condition qu'il assure régulièrement le service de sa dette et il traduit cet aspect sur un plan quantitatif par la soutenabilité. Ø Soutenabilité Plusieurs approches sont utilisées pour définir la notion de soutenabilité. La soutenabilité de la dette correspond à la situation d'un État dont le paiement du service de sa dette est assuré sans qu'il ait particulièrement besoin d'ajuster sa politique budgétaire dans l'avenir. Pour le FMI, la soutenabilité de la dette est la situation dans laquelle un pays a la capacité de financer le solde de la balance des opérations courantes et assurer les obligations du service de la dette sans faillir, sans solliciter un
rééchelonnement, sans accumuler les arriérés et enfin sans compromettre sa croissance. Selon RAFFINOT (1998), la soutenabilité se définit ordinairement par le fait qu'à long terme, un rapport jugé pertinent entre la dette et un flux de ressources (recettes publiques, exportations, PNB,...) reste stable. Bref, la soutenabilité de la dette renvoie à la capacité d'un pays à assurer le service de sa dette publique sans compromettre les objectifs du développement à long terme, c'est-à-dire sans contribuer à la baisse du niveau de vie de la population. La dette publique est alors réputée soutenable, si son encours est inférieur à la valeur actualisée des futurs excédents primaires. Les concepts de dette privée, intérieure, extérieure, bilatérale, multilatérale et de dette de l'État facilitent la compréhension de la dette publique. Le stock et le service de la dette publique mesurent le fardeau d'obligations d'un pays, tandis que la solvabilité et la soutenabilité permettent d'analyser la capacité d'un pays à respecter ses engagements financiers. Toutefois, notons que la soutenabilité de la politique budgétaire et la soutenabilité de la dette publique prêtent à confusion. Cependant, d'une manière générale, la gestion des finances publiques d'un pays est soutenable si, d'une part, les déficits budgétaires sont financés par des ressources non inflationnistes et n'obligent pas l'État à recourir à des financements exceptionnels pour combler et si, d'autre part, le gouvernement peut s'acquitter intégralement de ses obligations actuelles et futures au titre du service de sa dette publique (intérieure et extérieure), sans recourir à des rééchelonnements, ni accumuler des arriérés de paiements et sans compromettre sa croissance. Ainsi, la soutenabilité de la politique budgétaire est plus globale. Mais seulement, dans la littérature, plusieurs auteurs pour examiner la soutenabilité de la politique budgétaire appréhendent plutôt celle de la dette publique. 1-2-2 Cadre théorique
1-2-2-1 théories de l'endettement Plusieurs théories ont été développées sur l'endettement d'un pays. Elles vont de la perception même de l'emprunt public à la capacité d'endettement d'un pays. L'endettement de l'État n'a jamais fait l'unanimité chez les économistes. Sa perception varie selon les écoles de pensée. C'est ainsi que certains économistes pensent que la dette peut être nécessaire et même efficace pour le développement d'un pays alors que d'autres rejettent systématiquement l'emprunt public et pensent que tout emprunt public ne peut qu'être nuisible pour les agents économiques. Ø Rejet de la dette publique (classiques)
Les classiques assimilent l'endettement public à un report de l'impôt sur les générations futures et imputent à l'État une connotation négative. Selon RICARDO (1817), les citoyens voient dans l'emprunt un impôt différé dans le temps et se comportent comme s'ils sont contraints de payer un impôt ultérieurement pour rembourser cet emprunt quel que soit le décalage intergénérationnel. En d'autres termes, le comportement des agents économiques est guidé par une anticipation à la hausse des impôts. BARRO (1989) montre qu'une politique de déficit budgétaire financée par l'emprunt reste sans effet sur l'activité économique dans la mesure où les agents ne sont pas victimes de l'illusion fiscale. Ils anticipent alors une hausse des impôts destinés à rembourser l'emprunt en constituant une épargne d'un montant équivalent à l'endettement public. Pour SMITH (1759), la dette est pernicieuse et ne doit pas être encouragée. Elle incite le souverain à des dépenses inutiles et favorise l'irresponsabilité. J.B. SAY (1799) pense qu'il faut limiter l'emprunt public parce qu'en plus d'alimenter la consommation publique destructrice de richesse et de valeur, il fait intervenir le paiement des intérêts. HAYEK (1989) dénonce l'endettement comme étant une croissance artificielle, fondée sur un investissement supérieur à l'effort d'épargne de la nation. Des études empiriques dont celles de KRUGMAN (1988), SACHS (1989), FROOT (1989) et de CALVO (1989) ont montré que l'accumulation de la dette et de son service constituent une taxe sur la production future et découragent l'investissement par l'effet d'éviction. Ainsi, pour les classiques l'État doit tout simplement assurer sa mission régalienne à partir des ressources générées par l'activité économique. Toute intervention de l'État dans l'économie est source de sous-optimalité et de nuisance. Aucun déficit budgétaire n'est justifiable et par conséquent, l'emprunt public n'est pas envisageable. Cependant, d'autres écoles contestent cette pensée et pensent à l'efficacité du financement par l'emprunt, d'un déficit budgétaire justifié et maîtrisé. Ø Nécessité de la dette publique (Keynésien et HARROD-DOMAR) Contrairement aux classiques, les keynésiens pensent que l'endettement public en général n'entraîne pas de coûts ni pour les générations présentes, ni pour les générations futures du fait des nouveaux investissements qu'il génère. Ils pensent que le principe de l'équilibre budgétaire ne doit pas toujours être respecté. Un déficit budgétaire justifié et maîtrisé peut être un facteur de relance économique, de lutte contre le chômage: stimulation de la demande et/ou de la consommation globale (infrastructures), qui par le biais de l'effet multiplicateur, sont capables de promouvoir une croissance durable. Dans cette approche, l'endettement public favorise la relance de la demande qui par son effet accélérateur, entraîne une augmentation plus que proportionnelle de l'investissement qui
provoque à son tour une hausse de la production, permettant ainsi de créer les emplois et de lutter contre la pauvreté. Selon HARROD et DOMAR, il peut toujours y avoir croissance. Un État, pour atteindre le taux de croissance garanti, peut être amené à créer un déficit budgétaire et le financer par un emprunt extérieur. En effet, l'hypothèse de base du modèle de croissance de HARROD et de DOMAR est qu'il n'y a pas de croissance si un pays n'investit pas et le taux de croissance de la production est une fonction croissante du capital. 1-2-2-2 Les mobiles de l'endettement extérieur Un pays emprunte à l'étranger pour substituer ce qui manque chez lui afin d'atteindre le stade du développement. D'où, principalement, nous pouvons avoir trois motifs qui font qu'un pays puisse emprunter à l'étranger : ü Pour financer un haut niveau d'investissement; ü Pour lisser les fluctuations de la consommation en cas de la baisse du revenu; ü Pour échapper à un ajustement face aux déséquilibres intérieurs ou extérieurs. Ø Le financement de l'investissement Les auteurs sont d'accord qu'un pays renfermant un potentiel d'investissement productif ne fournisse pas forcément pour autant un niveau très suffisant d'épargne intérieure pour financer cet investissement. D'où l'épargne extérieure peut bien remplacer et redynamiser l'investissement intérieur en donnant lieu à une accélération rapide de la croissance économique. Partons de l'identité suivante : S - I = X - M = - Sex Dans laquelle S désigne l'épargne intérieure, I l'investissement, X - M le solde du compte courant de la balance des paiements Sex l'épargne extérieure.
Il est remarqué qu'à l'emprunt de l'épargne extérieure (accumulation de la dette extérieure) correspond un déficit de compte courant. Si le déficit courant provient d'un niveau d'investissement élevé, emprunter à l'étranger va permettre au pays d'augmenter sa croissance. Cependant, la relation négative entre épargne intérieure et extérieure pose moins de problèmes si on ne limite pas le rôle des capitaux étrangers à accroître l'investissement et prendre en considération leur intervention comme instrument d'allocation efficiente inter temporelle de la consommation (Dette & Developpement (2002)). Supposons qu'un accroissement de l'aide étrangère au profit d'un pays bénéficiaire soit investi, cela va augmenter le potentiel de la consommation future tout en laissant la consommation présente au même niveau initial. Toutefois, il reste le problème structurel du résultat à long terme, c'est à dire voir comment l'appel régulier des emprunts extérieurs finit par relâcher les efforts du pays emprunteur et par le rendre dépendant de l'épargne extérieure (DE VRIES (1988)). Ø Le lissage des fluctuations de la consommation Théoriquement un déficit du compte courant peut résulter des chocs exogènes négatifs à savoir: ü Une dégradation des termes de l'échange; ü Une récession chez les principaux partenaires; ü Une catastrophe naturelle (calamité). Évidemment, ces chocs donnent lieu à une baisse du revenu. Ainsi, pour remédier à ces problèmes, un pays peut soit réduire ses dépenses de sorte que la somme de la consommation et de l'investissement (absorption) baisse proportionnellement avec le revenu. Dans ce cas, il n'y a pas dégradation du compte courant, soit contracter une dette extérieure pour maintenir le niveau d'absorption. Du moins, du moment où cette baisse du revenu n'est que temporaire, le pays sera convié à contracter une dette extérieure. Cependant, s'il faut retourner à l'identité ci-haut, nous constatons que le déficit du compte courant provient d'une baisse temporaire de l'épargne que le pays peut résoudre d'une manière provisoire en empruntant à l'étranger. Toutefois, une diminution des réserves que l'on pense parfois temporaire peut s'avérer durable que prévu. Par exemple, nous imaginons une économie soumise à une forte instabilité de ses recettes d'exportation, si elle ne bénéficie pas d'aide étrangère, le problème d'une baisse de ses exportations est résorbé par une réduction
des dépenses, et par conséquent de la consommation domestique. Si par contre, cette économie tire avantage des capitaux étrangers, ces fonds vont être utilisés pour permettre une allocation efficiente de la consommation, en transférant la consommation des années de surplus d'exportation vers celle des années d'exportation inférieure au trend. D'où, dans ces périodes d'insuffisance d'exportation, où l'épargne intérieure baisse, l'apport à l'emprunt à l'étranger augmente et voit suppléer la chute de la consommation (GANIASSE, E (1994)). Ø Pour éviter les ajustements En ce qui concerne les ajustements, nous pouvons dire qu'un déficit du compte courant insoutenable doit faire l'objet d'un ajustement par des changements des politiques économiques. Du reste, après avoir analysé les mobiles de l'endettement extérieur, la théorie suggère toutefois que les emprunts extérieurs ont un impact positif sur les investissements et la croissance à un certain seuil car au-delà, l'impact va devenir négatif. Donc, un niveau élevé de la dette extérieure ou le surendettement extérieur provoque des effets pervers sur la croissance économique et entrave les performances économiques. 1-2-2-3 Efficacité de la dette extérieure Contrairement aux idées développées, certains économistes s'interrogent plutôt sur la capacité du financement extérieur à développer un pays (puisque si un pays s'endette, c'est nécessairement pour concrétiser ses projets de développement). Autrement dire, ils se demandent si le financement extérieur entraîne un effet de levier ou de massue pour un pays. Aujourd'hui, cette question est loin de faire l'unanimité chez les économistes. En effet, le débat historique qui a opposé les partisans d'un financement extérieur enrichissant et d'un financement extérieur appauvrissant a pris dans les années 80, une dimension nouvelle. Pour les uns, notamment les radicaux, le financement extérieur ne peut être qu'appauvrissant pour l'économie réceptrice puisqu'il n'est rien d'autre qu'une manifestation nouvelle de l'impérialisme au stade suprême du capitalisme en développement dans un état de perpétuel asservissement. Pour les libéraux, le financement extérieur est la manifestation de l'esprit de solidarité des pays dits développés qui mettent généreusement à la disposition des pays en développement des capitaux pouvant leur permettre de combler à la fois leur déficit d'épargne et de développement, et de les hisser ainsi sur la voie royale de la croissance économique et du développement.
Entre les deux idées diamétralement opposées, un courant intermédiaire établit une relation empirique entre le financement extérieur, l'épargne nationale et la croissance économique. Les relations économétriques testées montrent que dans bon nombre de PVD, le financement extérieur peut être considéré comme nuisible à la croissance et au développement dès lors qu'il exerce une influence négative sur le taux d'épargne et développe au niveau des populations du Sud une propension élevée à la mendicité et à l'assistance internationale. Toujours est-il que les PED ont besoin de financement pour assurer leurs investissements. Depuis les indépendances, il est noté que l'épargne nationale est faible dans ces pays alors contraints de recourir aux emprunts extérieurs. Ainsi, le problème de l'endettement surtout pour les PVD peut plutôt se poser en termes de capacité d'endettement. 1-2-2-4 Les effets du surendettement extérieur sur l'économie Il est important de signaler que le niveau tolérable et raisonnable de la dette extérieure est voué à avoir des effets positifs sur la croissance comme dit ci haut ; par contre, il est pratiquement visible qu'un niveau très élevé du stock de la dette conduit nécessairement à baisser la croissance. Donc, l'accumulation par un pays d'une dette très élevée risque de le mettre dans une situation où il ne pourra plus être capable de rembourser les emprunts passés, ce qui aura un effet dissuasif sur les créanciers et les investisseurs potentiels. Alors, si les coûts élevés des taxes du service de la dette ne sont pas internisés, cela peut provoquer une baisse de croissance avec la fuite des capitaux (KRUGMAN (1989)). Cette thèse est connue sous le nom de la théorie du surendettement ou la thèse du fardeau virtuel de la dette ou encore Debt overhang. En effet, si le niveau de la dette d'un pays peut vraisemblablement dépasser la capacité de son remboursement, le service prochain de la dette va être une fonction croissante du niveau de production de ce pays. Par conséquent, le taux de rendement d'investissement intérieur va faire face à une taxe élevée marginale par les créanciers étrangers, et les nouveaux investissements nationaux et étrangers vont être découragés ainsi que la croissance économique. Par ailleurs, le surendettement ralentit la croissance en haussant l'incertitude des investisseurs quant aux moyens auxquels le gouvernement peut recourir pour acquitter les cours des obligations du service de la dette. Si le volume de la dette extérieure augmente, les investisseurs peuvent craindre que le gouvernement ne finance les obligations du service de la dette par des mesures génératrices des distorsions par exemple en accroissant rapidement la masse monétaire (cause directe de l'inflation). Ainsi, dans cette situation, les investisseurs privés peuvent craindre d'y venir, et s'ils investissent, il y a de forte chance pour qu'ils retiennent des projets qui offrent un rendement rapide et non des projets de longue échéance
pouvant accroître la croissance durable. Encore, cette situation peut rendre le gouvernement moins enclin à procéder à des réformes structurelles et fiscales importantes s'il s'attend à ce que ces dernières vont profiter aux créanciers étrangers (CLEMENTS et AL (2003)). Et pourtant ces reformes peuvent affermir la croissance économique du pays et la situation des finances publiques car si sa situation financière s'améliore, il est inévitable que ces créanciers extérieurs le poussent à payer ce qu'il leur doit. Cette théorie de debt overhang peut également avoir plusieurs implications puisque le comportement des agents économiques va être guidé par une anticipation à la hausse des impôts. De plus, un niveau élevé de la dette extérieure peut aussi entraver l'épargne et l'investissement. A son tour, la grande corrélation entre l'épargne et l'investissement, l'accumulation du capital humain et la croissance suggère qu'une charge élevée de la dette extérieure peut contraindre de façon drastique le taux de croissance et limiter les améliorations des niveaux de vie. Du moins, la théorie suggère pour des raisons évoquées ci haut que les emprunts extérieurs, au-delà d'un certain seuil ont des effets pervers sur la croissance économique. Cela signifie que les emprunts supplémentaires vont décroître la probabilité de remboursement. Par conséquent, si le pays commence à avoir du mal à obtenir des prêts, il va lui devenir plus difficile d'accumuler du capital, ce qui revient à ralentir la croissance. Ainsi, la relation entre la valeur faciale de la dette et l'investissement peut-être représentée par une sorte de courbe de Laffer de la dette. Enfin, le service de la dette comprenant les intérêts et les amortissements, peut potentiellement affecter la croissance en évinçant l'investissement privé ou altérant la composition des dépenses publiques. Ceteris paribu, un service élevé de la dette peut accroître les déficits budgétaires réduisant ainsi l'épargne publique; peut aussi élever le taux d'intérêt ou même évincer le crédit disponible pour les investissements privés refroidissant la croissance. Il a des effets pervers sur la composition des dépenses publiques en se servant les montants des ressources disponibles pour l'infrastructure et le capital humain avec effet négatif sur la croissance. En somme, le surendettement extérieur constitue une véritable entrave pour l'économie des pays en développement surtout africaine ; d'où il y a eu des initiatives instituées par la communauté internationale pour résorber à cette situation de surendettement. 1-2-2-4 Endettement public et performances macroéconomiques Il est utile de faire une distinction entre les conséquences d'une nouvelle accumulation de dette extérieure et les conséquences d'une dette extérieure existante sur l'efficacité des politiques macroéconomiques. L'accumulation de dette extérieure (notamment aux fins des dépenses
intérieures) dans des conditions de taux de change fixe tend à affaiblir la régulation monétaire en influant directement sur la masse monétaire. Cet effet s'observe en particulier dans les pays débiteurs qui ne disposent pas des moyens appropriés pour stériliser l'impact des entrées de capitaux sur la masse monétaire. Même si les effets sur la masse monétaire et sur le revenu finiront à terme par renverser la tendance initiale à l'expansion monétaire, ce processus de correction découle de l'expansion monétaire elle-même, et perturbe la stabilité à court terme du taux de change. L'ampleur de cette perturbation dépend du cadre temporel et de l'intensité des flux par rapport à la taille de l'économie. Ainsi, pour maîtriser entièrement les conséquences des emprunts extérieurs sur l'expansion monétaire, il faudrait renoncer à l'engagement en faveur d'un taux de change fixe ou imposer des limites aux mouvements de capitaux. Un endettement élevé peut également nuire à la politique monétaire, en particulier lorsqu'on procède au refinancement d'une dette extérieure importante ou à la correction d'un taux de change désaligné. La présence de tels facteurs signifie que des variations du taux de change peuvent avoir des incidences importantes sur le bilan des entreprises et des sociétés financières. En particulier, une dévaluation de la monnaie peut rendre ces entreprises techniquement insolvables sous l'effet de la hausse de la valeur de la dette extérieure en monnaie nationale. Cette solution est parfois nécessaire et utile, en particulier dans les pays où les entreprises se sont mises en situation financièrement vulnérable pour avoir compté sur une monnaie surévaluée. Dans la mesure où ces entreprises utilisent des facteurs importés, leurs coûts d'exploitation risquent d'avoir été réduits artificiellement par cette surévaluation. La dévaluation de la monnaie met un terme à ce processus et impose une discipline économique salutaire. Toutefois, les autorités craignent les effets possibles de cette mesure sur les entreprises nationales et leur réticence à pousser ces dernières à la faillite pourrait les conduire à surseoir à la correction du déséquilibre du taux de change. C'est ainsi que l'existence d'une dette extérieure importante limite l'application des politiques macroéconomiques. Une dette extérieure importante réduit également la souplesse de la politique budgétaire. Comme il est impossible de réduire les paiements d'intérêts, en particulier dans les situations où on procède à une correction du taux de change, l'ajustement à un impact plus sérieux sur les dépenses intérieures, y compris celles effectuées pour les biens non échangeables, ce qui provoque du chômage. Compte tenu des difficultés inhérentes à la mobilisation des recettes et à la réduction des salaires, les corrections prendront vraisemblablement la forme d'un gel des salaires, d'une hausse de la dette intérieure, ou d'une activation de la planche à billets, nuisant ainsi sérieusement à la compétitivité nécessaire pour améliorer l'aptitude à assurer le service de la dette. La contradiction entre l'amélioration de la
compétitivité et le maintien d'un budget équilibré est plus sérieuse en conditions d'endettement public élevé (Dornbusch, 1993). Ainsi, l'existence d'obligations importantes en matière de service de la dette tend à perpétuer la surévaluation de la monnaie et les déficits budgétaires importants. C'est pour corriger ces effets que la théorie s'est préoccupée du lien étroit qui existe entre endettement et performances économiques. Premièrement, le paiement du service de la dette (dans le présent comme dans le futur) peut réduire l'investissement (courant et futur) et par la suite la croissance économique. Pour Peter Wickam « la croissance est tronquée dans le présent, si le fardeau de la dette affecte le flux courant de ressources disponibles pour le pays ; dans le futur un taux élevé de ressources destinées au paiement du service de la dette décourage l'investissement.» Deuxièmement, le fardeau de la dette comme paiement de son service ainsi que son rééchelonnement peut affecter l'environnement politique en vigueur et pervertir les politiques économiques. 1-2-3 Études empiriques
Toutes les études effectuées sur un panel de pays telles que les études de B. Eichengreen et de R. Portes (1986), Elbadawi et al. (1996), Patillo et al. (2004), Clemens et al. (2003), ont toutes constaté que l'endettement excessif a un effet négatif sur le taux de croissance. Les travaux de Barry, E. et de Portes, R. (1986) se sont intéressés à l'identification des déterminants du stock de la dette d'une trentaine de pays à un moment donné de leur économie. Ils ont abouti à la conclusion selon laquelle l'endettement excessif et le défaut de paiement tendent à réduire le taux de croissance réelle et la crédibilité de l'Etat. Elbadawi et al. (1996) ont confirmé l'effet du surendettement sur la croissance économique au niveau de 99 pays en voie de développement et ont tenté d'identifier le canal par lequel l'endettement agit négativement sur la croissance. Pour cela, ils ont identifié trois canaux de transmission des impacts de la dette sur la croissance. Il s'agit de l'effet de la dette sur la croissance, l'effet de la dette sur la liquidité en raison de la ponction due sur le service de la dette et enfin l'effet de la dette (de manière indirecte) sur les dépenses du secteur public et des déficits. L'étude a conclu que c'est l'accumulation de la dette qui a un impact négatif sur la croissance. Hansen (2001), quant à lui, tient compte des spécificités de financement des pays pauvres en analysant l'impact de l'interaction entre l'aide au développement et la dette extérieure sur la croissance de 54 pays en développement en mettant en évidence l'existence d'une courbe de Laffer de l'aide. D'après lui, cet impact négatif de la dette serait assez important dans les pays dépendant fortement de l'aide extérieure.
Yapo (2001) trouve dans une étude empirique que le taux de croissance du PIB évolue dans le sens contraire de l'endettement en Côte d'ivoire. Donc, un taux de croissance économique assez élevé réduit les opportunités d'endettement ; ce qui l'amène à la conclusion selon laquelle les performances macro-économiques ont tendance à limiter dans une certaine proportion les contraintes liées aux besoins en capitaux extérieurs. Quant à Clemens et al. (2003), ils ont estimé un modèle de croissance en retenant l'hypothèse du fardeau virtuel de la dette. Ils aboutissent à la conclusion selon laquelle, une diminution de 6 points du service de la dette en pourcentage du PIB va accroître le taux d'investissement de 0.75 à 1 point et la croissance de 2 points. Par ailleurs, ils estiment que si la moitié du service de la dette est annulée sans hausse du déficit budgétaire, la croissance augmenterait dans quelques PPTE de 0.5 point par an. Idlemounden et Raffinot (2005) pensent que la dette extérieure constitue un fardeau pour une économie. Ils disent que le paiement du service de la dette tend à évincer les dépenses publiques menant à une baisse de l'investissement global et son poids futur décrit par l'encours influerait sur les incitations des agents économiques privés via l'accroissement de la pression fiscale. Ensuite, cet effet selon les auteurs, ne va se manifester qu'à partir d'un certain niveau justifiant ainsi l'annulation partielle de la dette lorsque ce seuil est dépassé. Dans une étude complémentaire de 2002, Patillo et al ont appliqué un modèle de comptabilisation de la croissance à un groupe de 61 pays en développement et ont constaté que le doublement du niveau moyen de leur dette extérieure réduit de près d'un point la croissance tant du capital physique par habitant que de la productivité totale des facteurs. Partis de la courbe de LIFFER, leur étude leur a permis de prouver que la dette aurait une relation en forme de courbe en U inversée avec la croissance. Les résultats obtenus confirment la thèse du surendettement car ils trouvent qu'au-delà de 160-170% du ratio de la dette sur les exportations et 35-40% de la dette sur le PIB en valeur nominale, la dette rend négative la croissance. S'agissant des études spécifiques menées au niveau des pays, les avis sont partagés. Pour Borensztein (1990), le service de la dette est un déterminant essentiel qui influence négativement l'endettement extérieur aux Philippines. Il a conclu que l'encours et le ratio du service de la dette sur exportations ont globalement un effet inverse sur la formation du capital privé et incitent l'endettement du pays. En analysant le problème d'endettement de l'Ouganda, Barungi et al. (2000) ont identifié les problèmes liés à un endettement ainsi que ses implications sur l'économie du pays. Leur principale préoccupation étant de savoir si l'économie peut atteindre un taux de croissance de 5% tout en maintenant un investissement intérieur adéquat vu la forte dépendance du pays vis-à-vis des capitaux étrangers. Cette inquiétude se justifie par le fait qu'une large portion de la dette de ce pays n'est pas éligible au rééchelonnement. Pour
Uzochukwu (2005), l'accroissement des indicateurs de la dette extérieure notamment le ratio du service de la dette et celui de l'encours sur exportations constituent la principale cause de la lenteur de la croissance au Nigeria. Par contre, Wejeweera et al (2005) ont mis en évidence le lien entre la croissance économique et l'endettement au Sri Lanka durant la période 1952 -2002 et ont abouti à des résultats contraires. Ils indiquent que le pays n'a pas un problème de surendettement et que l'endettement n'est pas le principal obstacle à la croissance, parce que probablement le stock de la dette totale n'est pas trop élevé. L'étude de Desta (2005) a également abouti à la conclusion selon laquelle ce n'est pas le paiement du service de la dette qui constitue un frein à la croissance mais plutôt, le taux de change effectif réel et l'inflation. Ces contradictions peuvent provenir soit de la variabilité des méthodes utilisées par les économistes spécialistes, soit des particularités des pays étudiés. Toutes ces études nous montrent que la dette extérieure n'a pas été bénéfique au développement économique des pays en voie de développement plus particulièrement ceux de l'Afrique au Sud du Sahara.
1-3 MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE Dans cette partie, il sera question de préciser la méthode d'analyse, la procédure d'estimation des modèles et les variables ainsi que les sources des données. 1-3-1 Méthode d'analyse
L'analyse dans le cadre de cette étude sera basée sur deux modèles économétriques. Le premier est un modèle de Patillo, C., Ricci, L. et Poirson, H. (2004) qui nous permettra de mesurer l'effet direct de la dette sur le développement économique du Bénin. Ce modèle, en plus des ratios d'endettement, prend en compte les déterminants de la croissance. Il s'agit du revenu, des taux d'investissement, de scolarisation dans le secondaire et de croissance démographique, de la différence des politiques suivies (ouverture, solde budgétaire) ainsi que des chocs extérieurs (termes de l'échange). Le deuxième modèle est celui de Alain (2005). Il nous permettra d'analyser effet la dette extérieure sur les investissements. Dans ce modèle le taux d'investissement est expliqué par le revenu; l'aide extérieure; le taux d'ouverture; et les ratios de la dette extérieure. Toutefois, des modifications ont été apportées à ces modèles en fonction de la disponibilité des données et des réalités économiques du Bénin.
1-3-2 Spécification des modèles
Dans le présent travail les modèles empiriques qui seront utilisés se présentent comme suit: ü Dans le premier modèle, le développement économique qui désigne les évolutions positives dans les changements structurels d'une zone géographique ou d'une population (démographiques, techniques, industriels, sanitaires, culturels...), sera approximé par l'indice de développement humain (IDH) qui sera expliqué par: le logarithme du PIB (croissance économique);le logarithme de l'investissement total; le logarithme de la dette en valeur; le logarithme de l'aide au développement; le taux d'ouverture, le taux de scolarisation secondaire et le ratio du service de la dette sur les exportations. Ainsi on a: IDH =F (PIB, LIT, LDET, TO, TSS, LAID, SDEXP) La forme linéaire est la suivante :
Avec ai (i=1,.......7) les paramètres a estimé et å le terme d'erreur ü Dans le deuxième modèle nous retenons l'investissement total (public et privé) comme variable expliquée et le logarithme du PIB et de la dette; le taux d'intérêt; le taux de change et le taux d'inflation comme variable explicatives. Ainsi on a: IT=F (LPIB, TINT, LDET, INFL, TCH) La forme linéaire du modèle se présente comme suit:
Avec ai (i=1,.......5) les paramètres a estimé et å le terme d'erreur
1-3-3 Procédure d'estimation
L'estimation des modèles spécifiés se déroule en plusieurs étapes : v Identification de l'ordre d'intégration des séries à l'aide du test de racine unitaire de Dickey et Fuller
Avant tout traitement économétrique, il convient de s'assurer de la stationnarité des variables. Une série chronologique est stationnaire si son espérance et sa variance restent inchangées dans le temps. En d'autre terme la série stationnaire ne comporte ni saisonnalité, ni tendance. Dickey et Fuller (1979; 1981) ont mis au point un test permettant non seulement de détecter l'existence d'une tendance mais aussi de déterminer la bonne manière de stationnariser une série. Le test de racine unitaire indique l'ordre d'intégration des séries. Il en découle donc qu'une série est intégrée d'ordre 1 s'il convient de la différencier une fois avant de la stationnariser. Il est important de préciser que le choix porté sur le Dickey Fuller Augmented se justifie par le fait qu'il tient compte du nombre de retard. C'est le test qui tient compte de l'hypothèse qu'il n'y a aucune raison pour que, à priori; l'erreur soit non corrélée. v Test de cointégration à la Engle-Granger et le modèle à correction d'erreur L'analyse de la cointégration nous permettra d'appréhender clairement la relation entre les variables. Les séries Xt et Yt sont cointégrées si et seulement si: ces séries sont affectées d'une tendance stochastique de même ordre d'intégration. Une combinaison linéaire de ces séries permet de ramener à une série d'ordre d'intégration inférieure. La cointégration à l'Engle-Granger est une méthode à double étape: Etape1: La relation de long terme est estimée par la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO). Le résidu de la régression est ensuite soumis au test de Stationnarité. Le processus est intégré si le résidu est stationnaire. Dans le cas contraire les séries ont des trajectoires divergentes et n'admettent pas de relation de long terme. Etape2: Si l'hypothèse est retenue, on estime le Modèle à Correction d'Erreur (MCE). Engle et Granger (1987) ont montré à travers le théorème de la représentation de Granger que toutes les séries cointégrées peuvent être représentées par un MCE qui permet de corriger les écarts afin de converger vers l'équilibre de long terme et en même temps de connaître les comportements de court terme. v Test de normalité de Jarque Bera. Il est utile de vérifier dans un travail de recherche, la normalité des erreurs surtout pour le calcul des intervalles de confiance et aussi pour effectuer les tests de student sur les paramètres. Le test de Jarque de Bera (1984)
fondé sur la notion de Skewness (asymétrie) et de Kurtois (aplatissement), permet de vérifier la normalité d'une distribution statistique. v Test de significativité Les variables explicatives retenues dans le cadre de l'étude peuvent être non significatives dans l'explication de la variable dépendante du modèle. Ainsi à partir du modèle de long terme estimé par les MCO, la significativité de chacune des variables explicatives est déterminée par la lecture des probabilités critiques qui seront inférieures à 5% ou les « tStatistic » qui seront supérieurs à 1,96. Quant à la significativité globale du modèle, elle est déterminée à travers la valeur prob (F-Statistic) qui doit être inférieure à 5%. v Test d'homoscédasticité de White Le test d'homascédasticité est utile dans la mesure où il permet de détecter et de corriger l'hétéroscédasticité des erreurs. Plusieurs tests existent pour la détection de l'hétéroscédasticité mais nous retenons celui de White. Le test de White est fondé sur une relation significative entre le carré du résidu et une ou plusieurs variables explicatives en niveau et au carré au sein d'une équation de régression. Le modèle est homoscédastique si la probabilité est supérieure à 5%. Dans le cas où la probabilité est inférieure ou égale à 5% le modèle est hétéroscédastique. La méthode d'estimation qui sera utilisée est la méthode des moindres carrés ordinaires. L'estimation des modèles se fera à l'aide du logiciel Eviews 5. La validation économique est faite sur la base des signes prévus. La validation statistique de la qualité globale des modèles est appréciée par le coefficient de détermination des modèles et par le test de Fisher. L'analyse de la qualité globale du modèle s'effectue à travers le coefficient de détermination du modèle (R²). Ce coefficient explique la part de l'évolution de la variable dépendante qui est expliquée par les variables exogènes. La validation statistique de la qualité individuelle des variables sera appréciée par la probabilité associée à chaque variable. 1-3-4 Choix des variables et sources des données
Dans le premier modèle pour analyser l'impact de la dette sur le développement économique du Bénin, le développement économique du Bénin sera approximé par IDH qui témoigne d'une augmentation du bienêtre matériel de la population.
Indice du Développement Humain (IDH) : est un indice statistique composite, créé par le Programme des Nations unis pour le Développement (PNUD) en 1990, pour évaluer le niveau de développement des pays du monde. Investissement total (IT); il représente l'ensemble de l'investissement public et privé. L'investissement est considéré comme une source de croissance, il permet d'accroître le capital physique, d'augmenter la production par conséquent le revenu et donc le bien-être. Il est introduit dans le modèle pour évaluer l'impact sur le développement. Le Produit Intérieur Brut (PIB) : Il est considéré comme l'un des meilleurs indicateurs pour apprécier le niveau de croissance économique d'une nation. Il mesure le comportement économique aussi bien en termes de revenus que de dépenses. Ainsi, la prise en compte de cette variable permettra d'appréhender l'impact de la croissance sur le développement économique. Le taux de scolarisation secondaire (TSS) : Ce taux mesure le développement du capital humain, l'augmentation de la part de la population active ayant au moins un niveau de scolarisation secondaire est supposée influer positivement sur la croissance économique, conformément aux résultats obtenus par les principaux théoriciens de la croissance endogène (Lucas, 1988 ; Romer, 1990). En effet, une augmentation de la part scolarisée de la population active, participe au renforcement du capital humain. Le degré d'ouverture (TO): L'indicateur de l'ouverture commerciale avec un signe positif est introduit pour stimuler la productivité à travers les transferts des connaissances et des bénéfices efficients. L'Aide Publique au Développement (AID) : C'est une assistance financière fournie par une entité publique (État, organisme public, collectivité territoriale, etc.) comportant une partie don (au moins égal à 25% du total) et destinée à financer le développement économique et le niveau de vie des pays en développement. Il est introduit dans le modèle pour appréhender son impact sur le développement du Bénin Le ratio du service de la dette sur exportations (SDEXP) : Ce ratio montre la vulnérabilité des engagements dans laquelle le paiement des engagements au titre du service de la dette est exposé au risque d'une baisse inattendue des recettes d'exportation. Il doit avoir un signe négatif pour illustrer l'effet d'éviction.
La dette extérieure (DET) : qui est l'accumulation des emprunts passés de l'État. Dans notre modèle nous allons utiliser l'encours de la dette. D'après la théorie de sur endettement son signe dépend de son importance. Tableau 1: Hypothèses sur les signes des coefficients des variables du modèle 1 Variables
Dénomination Signes attendus
Investissement Total
LIT
+
taux de scolarisation secondaire
TSS
+
degré d'ouverture
TO
+
LPIB
+
SDEXP
-
la dette extérieure
LDET
-/+
Aide extérieure
LAID
+
PIB service de la dette sur exportations
Les variables du deuxième modèle sont: L'investissement total (IT): Il représente la variable dépendante dans ce modèle. La dette extérieure (DET): Elle est insérée dans ce modèle pour analyser son effet sur l'investissement total. Le PIB : Il est introduit dans le modèle pour analyser l'impact de la croissance sur l'investissement total Le Taux d'intérêt (TINT) : Il mesure la rentabilité du capital prêté. Il représente le coût du prêt pour l'emprunteur, qui verse au prêteur des intérêts calculés par l'application de ce taux au capital prêté. Il est introduit dans le modèle pour évaluer son impact sur l'investissement Le taux de change (TCH): c'est la valeur de la monnaie nationale exprimée en monnaie étrangère. Sa présence dans ce modèle permettra d'appréhender son effet sur l'investissement total. Le taux d'inflation (INFL) : L'inflation est un déséquilibre caractérisé par une hausse durable cumulative et plus ou moins forte des prix. Cette variable permettra d'apprécier le pouvoir de l'inflation sur l'investissement total.
Tableau 2: Hypothèses sur les signes des coefficients des variables du modèle 2 Variables
Dénomination
Signes attendus
L'investissement total
TINT
Variable expliquée
La dette extérieure
LDET
+
Le PIB
LPIB
+
Le Taux d'intérêt
TINT
-
Le taux de change
TCH
-/+
Le taux d'inflation
INFL
+
Les données faisant l'objet de notre étude sont annuelles et issues des bases de données des Institutions internationales (le FMI et la Banque Mondiale), et nationales (La Caisse Autonome d'Amortissement (CAA), le Ministère de l'Economie et des Finances (MEF), L'Institut Nationale de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE)). Il s'agira ainsi des séries chronologiques qui couvrent la période 1976-2007, soit 32 observations.