Ville de Rennes, Plan Climat territorial
Les politiques climatiques locales, retours d’expérience (Freiburg, Hanovre, Växjö, Stockholm) Cyria Emelianoff, Université du Maine, ESO UMR 6590
Les politiques climatiques urbaines Origines : - Les mesures d’efficience énergétique suite aux chocs pétroliers (indépendance énergétique) - Les plans de réduction du CO2 urbain lancés par ICLEI en 1991, relayés par l’AllianceClimat Champs d’intervention : Energie, Bâtiments, Mobilité. Poids des contextes nationaux Industries : 1) Délocalisation des industries énergivores vers les ped/désindustrialisation 2) Sensibilisation: EcoProfit, Pacte de Stockholm pour le Climat, Alliance Climat Hanovre 2020, etc. Citoyens : campagnes de sensibilisation, subventions Dans certains cas, actions sur le seul patrimoine municipal.
Stratégie 1 La sortie des énergies fossiles : la carte de la bioénergie Une politique nationale et locale (Stockholm, Växjö, …) Electricité en Suède : hydroélectricité, nucléaire. Deux grandes orientations : 1. Réseaux de chaleur, taux de raccord de 72-76% (objectif 100%). D’après l’association suédoise des autorités locales et des régions (2009), la transition vers les énergies renouvelables dans les réseaux de chaleur et leur extension ont permis d’économiser 20% des émissions nationales de CO2. 2. Transports biocarburants/électricité verte : Voitures éthanol, recherche sur les biocarburants de 2° génération Bus biogaz et biodiesel, trains/tramways (bus Stockholm : 30% EnR. Tout TC: 75%)
La carte de la bioénergie Conversion à la biomasse des réseaux de chaleur : Du fuel aux déchets bois (compagnie municipale d’énergie de Växjö; enjeu financier + économie forestière) Du fuel aux biofuels : déchets bois, agro-carburants, déchets agro-alimentaires et cosmétiques. « Trouver de l’énergie là où personne ne l’utilise » (Fortum). 87% énergies renouvelables pour le réseau de chaleur de Stockholm. Du fuel au biogaz : déchets verts, fraction fermentescible, égouts (centrale thermique, gaz de cuisine, carburant). Demande supérieure à l’offre. Levier pour les compagnies d’énergie : taxe carbone en Suède (1991)
Résultats Växjö : 4,6 à 3,12 tonnes CO2 /hab.(-32%, 1993-2008). Les émissions pour le chauffage ont décru de 76%, les émissions pour les transports ont augmenté de plus de 20%. Transports : 2,7 tonnes/hab., soit 86% du CO2 émis par habitant. En 2005, énergies renouvelables : 51% de la consommation finale du territoire : 50% pour l’électricité, 88% pour le chauffage, 2% pour les transports. Objectif (1996, 2008) : - 50% CO2 d’ici 2010 Stratégie mobilité durable Volvo: 700 salariés… Véhicules biocarburants, politique cyclable Stockholm : 5,4 à 4 tonnes CO2 /hab.(- 26%, 1990-2006). Objectif : 3 tonnes/hab. en 2015 Efficience énergétique, Pacte Climat avec les entreprises Après 2020, les principaux émetteurs de CO2 à Stockholm seront les véhicules particuliers et le transport de marchandises.
Stratégie 2 : efficacité énergétique, mobilité durable, planification (Freiburg, 216 000 hab.) « Re-communaliser » la production d’énergie Fusion de plusieurs compagnies d’énergie: Badenova (260 000 abonnés) Restructuration ou création d’entreprises pour la reprise en main du réseau électrique par les communes périphériques Cogénération : 52% de l’électricité, contre 3% en 1993. Nucléaire: 60 à 30% Habitat Développement des réseaux de chaleur. Standard basse énergie pour le neuf (-30%), standard habitat passif à partir de 2007. Réhabilitation thermique de l’habitat social Mobilité. Dès 1969, suite des mouvements contestataires. Réseau de pistes cyclables (500 km). Piétonnisation du centre historique en 1973. Réseau de tramway modernisé + trains de banlieue avec tarification intégrée (3000 km en 2005).Ville zone 30. 32 % voiture, 18% TC, 26% vélo, 24% marche. Planification. 50% territoire inconstructible. Choix de densification. Plan d’occupation des sols en 2006: 19 groupes citoyens ont étudié les espaces de densification possible. 30 hectares ont été retirés à l’urbanisation. Résultats : - 20% CO2/habitant : 8,53 tonnes CO2/hab.
Stratégie 3 : micro-cogénération, décarbonisation de l’électricité (sans nucléaire), Hanovre Plan Climat précoce (1991), sortie du nucléaire Fond pour la protection du Climat (1998) : 5,1 million euros/an Efficience énergétique : 50 000 habitants concernés, partenariats avec les entreprises Campagnes d’économie d’énergie dans les bâtiments publics : restitution partielle des bénéfices aux intéressés Habitat : standard basse énergie Suite au quartier durable du Kronsberg : facteur 4 (- 75% CO2) -25% bâtiments basse consommation (55 kWh/m2) - 25% micro-cogénération gaz et réseau de chaleur - Electricité éolienne - Chantier peu émissif Principale difficulté : 48% des émissions de CO2 dues à l’électricité, 21% chauffage, 17% transports. 149 micro centrales en cogénération : 29% électricité Résultats : - 7,5% CO2/habitant, soit 9,7 tonnes CO2/hab.
Pour résumer Réduction des émissions de CO2 : les poids lourds Energie - L’extension des réseaux de chaleur urbains, la conversion au gaz, au bois ou à la bioénergie: 1 décision - Le développement de la cogénération et micro-cogénération Les villes dotées de compagnies municipales ou régionales d’énergie ont précocément défini des politiques climatiques Mobilité/planification Politique de report modal (voitures : 46% Comté Stockholm, 61% Växjö, 41% région d’Hanovre, 32% Freiburg) Habitat L’habitat neuf : des standards basse consommation aux standards habitat passif (- 80%) pour les terrains municipaux : Freiburg, Hanovre, Frankfort, Heidelberg pour le quartier de Bahnhoff. Fortes politiques foncières
Réduction des émissions de CO2 : ce qui est devant nous Energies renouvelables hors biomasse (solaire, éolien, géothermie) “Séville solaire” : première ville espagnole pour le solaire thermique, un des plus grands réseaux photovoltaïques en Europe (EnR: 1,8% énergie finale consommée) “Freiburg solaire” : 1,5% énergie finale consommée (EnR: 4% de l’électricité) Leviers d’action : loi allemande sur les énergies renouvelables et tarifs de rachat de l’électricité verte (2 paliers : 2000, 2004). Coopératives habitantes La rénovation Stockholm: 13 millions de m2 en rénovation pour les 4 prochaines années (1,5 milliard de couronnes x 4) : parc de logements publics (3 compagnies : 1/3 logements de Stockholm). – 10-15% de consommation énergétique (180 kWh/m2) Le transport de marchandises en ville “environmental zones”: interdictions aux véhicules polluants Essais de restructuration logistique
Réduction des émissions de CO2 : effets rebond Progrès dans les performances énergétiques des bâtiments. Cependant : décohabitation, augmentation de la taille moyenne des logements, électrification des biens domestiques, climatisation, multi-résidences Forte hausse des consommations énergétiques dans l’habitat Progrès des transports alternatifs à la voiture (zones denses). Cependant : forte augmentation des mobilités régionales, interurbaines et du trafic aérien. Mobilités longues distances/courtes distances Développement des énergies renouvelables. Cependant : déclin du ratio des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie dans la plupart des pays européens. Enfin, part des consommations indirectes d’énergie des ménages: 50% Pays-Bas, Suède; 40% Royaume-Uni, Norvège Avec des reports prévisibles de consommations énergétiques
Enjeu : modes de vie “post-carbone” Quelques chiffres : - En 2000, 31,5% des dépenses de consommation privée sont le fait de 5,2% de la pop. (Amérique du nord) ; 3,2% des dépenses sont le fait de 33,3% de la pop. (Asie du sud, Afrique sub-saharienne) - Les modes de vie occidentaux sont à l’origine des deux tiers des impacts environnementaux (2008) - A niveau de vie comparable, l’intensité matérielle des consommations varie de 1 à 4 : marges de manoeuvre
Trois grands déterminants pour les modes de vie urbains : 1. Le revenu. Effet bien supérieur aux valeurs pro-environnementales 2. Les morphologies urbaines et infrastructures. Mobilités de compensation 3. Les représentations et les normes sociales. M. Douglas, la consommation vectrice de reconnaissance sociale et d’identité.
Modes de vie “post-carbone” Comment agir ?
Puisque les représentations sociales pilotent les modes de vie, les dynamiques collectives conditionnent les changements de comportements. Le changement culturel est violent, il déstabilise les valeurs (Jackson, 2006). Il suppose le soutien d’un groupe. L’information environnementale est inopérante sans praxis, dynamique d’entraînement (émulation + réduction de l’incertitude) // psychologie de l’engagement Ce pourquoi les expériences les plus poussées en matière d’éco-habitat sont celles qui reposent sur une organisation civile : habitat groupé, certains éco-quartiers, … L’environnement social valorise les comportements “écologiques”. Démocratisation plus poussée des politiques Climat, mobilisant les initiatives civiles.
Merci