Natural Resources In Nagan Raya (aceh, Indonesia)

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La gestion des ressources naturelles sur le district de Nagan Raya, province d’Aceh, Indonésie.

Julie Becu, stagiaire du département « drainage/agriculture » Mai - Novembre 2006

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INTRODUCTION Une ressource naturelle est une matière première reconnue comme nécessaire aux besoins essentiels de l’activité humaine. Sur le district de Nagan Raya, nous considérerons plus particulièrement l’eau, le foncier et les ressources forestières. Sur la carte suivante, nous avons représentés les différents grands ensembles du district de Nagan Raya.

Seunagan Timur

Seunagan

Beutung

Grands ensembles du district de Nagan Raya

Rivière Zone non vallonnée, gestion de l’eau possible, peuplement et pression foncière moyens à forts

Kuala

Darul Makmur

Zone vallonnée de forêt, gestion de l’eau difficile, peuplement et pression foncière faible Mer

Ce document se base principalement sur des données récoltées lors de la réalisation du diagnostic agraire du district de Nagan Raya. Nous avons pour cela rencontré des acteurs du milieu rural : les départements de l’agriculture, des forêts et un grand nombre d’agriculteurs auprès de qui nous avons réalisés des entretiens ouverts.

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LA FORET

I. La gestion des forêts par les autorités locales Le département des forêts (Dinas Kehutanan) parle de trois types de zones forestières : -

-

les forêts protégées (14 000 ha), mais pouvant faire l’objet d’une exploitation sélective soumise à autorisation sur une courte durée ; les forêts destinées à la production (80 000 ha), ce qui sous-entend l’exploitation de bois et la mise en place de plantations. Ces périmètres là font l’objet d’une taxe appliquée à l’exploitant (20€/m3 produit si il s’agit d’une industrie d’exploitation du bois) et d’un contrôle annuel par le ministère ; les propriétés privées (18 000 ha), c’est-à-dire essentiellement des surfaces en forêt appartenant à une exploitation agricole pour la mise en place de cultures (vivrier ou rente).

Programmes gouvernementaux pour la gestion des ressources forestières Le gouvernement met en place deux types de programmes par l’intermédiaire des services décentralisés : - Programme de reforestation (penghijauan). Celui-ci se fait sur les forêts dites « protégées ». - Programme de distribution de plants d’arbres « fruitiers » auprès d’agriculteurs. A Nagan Raya, ceci concerne en 2006, 3 groupes de 30 agriculteurs chacun. Les arbres distribués sont le djenkol et le mahoni.

II. La gestion des forêts par la communauté Exploitation légale Certains exploitants possèdent des terres encore vierges, en forêt. Ceci leur laisse la possibilité d’élargir leurs cultures le jour où ils en auront les moyens. Il s’agit souvent de personnes ayant déjà hérité d’un important patrimoine, notamment sur les zones de collines (Beutung) où l’exploitation du foncier est encore récente (2 générations). Les cultures préférées par les agriculteurs sur ce type de sol sont les plantations d’hévéas puis de palmiers à huile et cacaos. Exploitation illégale Celle-ci est assez courante au sein des systèmes de productions sans cultures vivrières. Les exploitants ne possèdent que des cultures de rente (1 ha de palmiers à huile ou hévéas) et la vente de bois qu’ils vont eux-mêmes chercher dans la forêt leur permet d’assurer un revenu minimal. Pour les autorités locales, cette situation est acceptée (pas de sanctions) car il semblerait que l’exploitation illégale soit encore minime.

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L’EAU I. Le drainage sur le district de Nagan Raya En région tropicale humide (environs 10 mm par jour), il ne peut y avoir d’agriculture sans drainage. Sur le district de Nagan Raya, le réseau de drainage est entièrement fonction des 3 rivières principales traversant la région (embouchure des drains dans les rivières qui débouchent ellesmêmes dans la mer). Sur notre zone d’étude trois zones sont cruciales en termes de drainage : - les champs irrigués doivent obligatoirement être drainés afin d’assurer l’évacuation des eaux excédentaires de l’eau et d’éviter les risques de salinisation des sols ; - les bas-fonds dans les collines doivent être drainés afin de rabaisser la nappe phréatique et d’évacuer les eaux de crue après la pluie. Il ya une quinzaine d’années, ces zones étaient parfois cultivées en riz pluvial ou inondé. Aujourd’hui, le riz irrigué est beaucoup plus compétitif et la riziculture de bas-fonds n’est plus aussi pertinente. Les cultures de rente ont pris l’avantage en zone de collines (palmier à huile et hévéa). Ainsi, dans certaines zones où le réseau de drainage n’est pas assez conséquent, il est fréquent que les productions de caoutchouc diminuent très fortement. Proche des bas fonds, il arrive qu’une partie de la plantation soit définitivement anéantie ; - la bande côtière est un plateau avec une très faible pente vers la mer comme en témoigne les lits tortueux et les nombreux bras morts des rivières qui débouchent sur la mer.

(Fréderic Ham, 2006)

Sur cette bande côtière, un drainage est donc absolument n nécessaire afin de permettre la mise en place de culture notamment de la riziculture (pluviale sur la côte). SOLIDARITES intervient notamment pour la réhabilitation des drains primaires qui ont été affectés par le tsunami.

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II. La gestion de l’eau pour la riziculture à Nagan Raya

II.1. Les différents types de rizicultures du Nagan Raya

District de Nagan Raya

Rivière Plaine : riziculture irriguée (canaux primaires et secondaires bétonnés) Collines : riziculture de bas-fonds en cours de disparition

Mer

Côte : riziculture pluviale « contrôlée »

On distingue principalement 3 types de riziculture : -

riziculture irriguée fonctionnant grâce à un système élaboré d’acheminement et de partage de l’eau dans tout le district. Le ministère de l’agriculture qui a mis en place de système parle de « irigasi teknis ». Les agriculteurs pratiquent 2 récoltes par an.

Janv Fév Mars PLUIE + PLUIE -

Avril Mai PLUIE +

1ère saison rizicole

-

Juin

Juillet Aout PLUIE -

Sept

Oct Nov PLUIE +++

Déc

2ème saison rizicole

riziculture pluviale « contrôlée » sur la côte. En effet, il ne s’agit pas d’une riziculture en semis direct sur des terres hautes et sèches. Les agriculteurs ont mis en place au fil des années un système de contrôle de l’eau de pluie et des eux de ruissèlement que nous pouvons associer finalement à un système d’irrigation primaire. Il s’agit tout simplement de rizières sur des terres mihautes voire marécageuses. Les agriculteurs entretiennent de petits drains permettant d’alimenter la parcelle voire de petits bassins de récupération de l’eau de pluie. Le repiquage est souvent possible, parfois à l’aide d’un outil permettant d’enfoncer les plantules dans le sol (kuku kambing). Nous n’avons pas étudié ce système de culture de plus près car il est pratiqué hors de notre zone d’étude.

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(Fréderic Ham, 2006)

Parcelle de riz pluvial, Gunung Reuboh -

riziculture de bas-fonds sur les collines. Il s’agit de riz cultivé sur des terres souvent marécageuses, inondées une partie de l’année par les eaux de ruissèlement. Le riz semé est une variété locale de cycle de 6 mois. La raison pour laquelle nous n’avons pas décidé d’étudier ce SC est qu’il est clairement en cours d’abandon par les agriculteurs qui deviennent planteurs à 100 %.

II.2. Le périmètre irrigué de Jeuram

Sous-district Beutung Ulai Jalan

Sous-district Seunagan Timur

Jeuram District

Village

Sous-district Seunagan

Rivière Barrage Canal primaire Rizières irriguées Ujung Patiha

Sous-district Kuala Lueng Te Ku Ben

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Ce périmètre irrigué de Jeuram fait environ 12,700 ha. Il ne concerne que 4 sousdistricts sur 5 dans Nagan Raya (le sous-district de Darul Makmur pratique la riziculture pluviale). Il a été créé des les années 70 mais est en cours de rénovation et de bétonnage depuis moins de 10 ans. Il est constitué principalement de 2 canaux primaires partant du barrage de Ulai Jalan et permettant d’irriguer uniformément les 2 pans de la plaine.

II.3. Gestion du périmètre irrigué Celle-ci suppose un niveau élevé d’organisation collective pour permettre de prendre une série de décisions indispensables. Ces décisions concernent : - la mise en culture et le début de l’irrigation (quand ? que fait-on des animaux ?) ; - la gestion de l’eau (comment distribuer l’eau ? ne pas gaspiller ?) ; - l’entretien du réseau (qui est en charge de l’entretien ? partage des taches ?)

Portes à ouverture mécanique

Portes en boue ou mécanique

Portes en boue pour la circulation de l’eau entre parcelles

II

I

Carré de rizière

III

Canaux primaire et secondaires (bétonnés) Canaux tertiaires (non bétonnés)

Réseau de canaux primaire, secondaires et tertiaires

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a.

Gestion au niveau des autorités locales gouvernementales

Les instances gouvernementales sont celles qui gèrent le périmètre au niveau du district et du sous-district. Elles sont chargées des travaux de gros entretien, c’està-dire essentiellement des canaux primaires et secondaires (pour les quelques uns qui sont bétonnés) et des portes. Le département en question est les Travaux Publics du district (PU : Pekerjaan Umum).

(Julie Becu, 2006)

Canal secondaire bétonné, Suak Bilie D’après de nombreux retours de la part des villageois, il existe un problème général de maintenance des ouvrages. Les PU n’auraient pas toujours les moyens de s’occuper de l’ensemble du réseau primaire. Par exemple, un tronçon de plusieurs km sur le « bras droit » du réseau ne serait toujours pas bétonné ce qui affecte l’alimentation en eau des villages en aval. De plus, lors du tremblement de terre de décembre 2004, une grande partie du réseau a subit des casses dont certaines, jugées peut-être trop petites, ne sont toujours pas réparées. Les paysans tentent parfois de réparer les berges cassées eux-mêmes mais ces réparations restent temporaires. Notons que les réseaux de drainage et d’irrigation ont été pensés en même temps mais il semble que les réseaux de drainage n’ont pas été aussi bien entretenu que les réseaux d’irrigation. b.

Gestion au niveau des autorités locales communautaires

Une des spécificités de la province d’Aceh est l’existence de leaders responsables de la riziculture à différentes échelles. Ces leaders sont appelés des kejruns. Les autres activités agricoles sont de la responsabilité des groupes d’agriculteurs eux-mêmes. Le Kejrun est élu par les agriculteurs tous les 5 ans. Il y a plusieurs échelles hiérarchiques qui sont : - Kejrun desa (par village, soient 30 en tout sur le district de Kuala) - Kejrun Kemukiman (par groupe de 5 villages) - Kejrun Kecamatan (par sous-district, soient 5 sur le district de Nagan Raya) - Kejrun Kabupaten (par district)

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Ici, nous considérerons le kejrun du district et du sous-district comme des autorités locales communautaires. En effet, il ne s’agit pas d’autorités gouvernementales mais ils se situent tout de même à un niveau plus global que les villages. Le kejrun du sous-district est responsable : - du bon approvisionnement en eau sur son sous-district. Si l’eau ne suffit pas, il se rend au barrage principal à Beutung pour demander l’ouverture de la porte pendant un certain temps. La personne en charge de l’ouverture et fermeture des portes au barrage est le Penjaga Pintu Air (« gardien des portes d’eau ») ; - de la prise de décision des dates de travail des rizières, c'est-à-dire le moment du semis et de la récolte. Une saison rizicole s’officialise lors d’une cérémonie traditionnelle organisée par sous-district (Hanuri). Il semblerait que jusqu’à présent, il n’existait pas réellement de système organisé de partage de l’eau entre 4 sous-districts concernés par le réseau. Les sous-districts en amont (Seunagan Timur et Seunagan) bénéficiaient les premiers de l’eau d’irrigation et une fois qu’ils avaient terminés, Kuala pouvait alors en bénéficier. c.

Gestion au niveau communautaire

La communauté gère le périmètre irrigué au niveau du village et de la parcelle. Le kejrun du village est chargé de coordonner l’ensemble des agriculteurs afin que la saison rizicole se passe au mieux. C’est lui qui lance le début des travaux : premiers défrichage et labour dans les parcelles. Une date pour le repiquage est fixée par le kejrun du sous-district en accord avec les kejruns des villages lors d’une réunion qui les rassemble tous les 6 mois. Pour cela, les kejruns se base sur : -

des anticipations faites sur le début des grandes pluies (le repiquage se fait préférablement au moment des fortes pluies) ; et en partie sur des croyances ancestrales (les lunes, étoiles, vents) .Les anciens du village enseignent aux nouveaux leurs savoirs à ce propos.

Par exemple, il a été décidé pour cette saison que tout le riz serait prêt à être repiqué au plus tard le 5 juin 2006. Ceci n’a pas toujours été respecté du fait du retard de la saison des pluies et des difficultés de réparations des canaux primaires. Le kejrun du village peut aussi conseiller les agriculteurs sur les périodes de grandes pestes (beaucoup d’insectes ravageurs), les périodes de moins bonnes récoltes, etc. Par exemple, il est reconnu qu’en avril, un fort vent de l’est (angin selatan) affecte considérablement la récolte du riz. Les agriculteurs disent que lors de la récolte, « les épillets risqueraient d’être vides ». On peut faire l’analogie avec les arbres fruitiers qui risquent de ne pas produire s’ils sont en floraison à ce moment. Enfin l’entretien des canaux secondaires est à la charge du groupement d’usagers du périmètre au niveau du village. Il s’agit de dégager les débris dans les canaux bétonnés ou d’entretenir les berges des canaux non-bétonnés. Ces opérations peuvent être chapotées par le kejrun du village. Puis, les canaux tertiaires et quaternaires sont à la charge des agriculteurs, en individuel, dont les champs sont concernés par les canaux en question. Il s’agit simplement dans ce cas de rehausser les berges des petits canaux afin qu’ils ne se bloquent pas. En effet, l’eau au niveau

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de la parcelle ne doit jamais stagner. Elle doit être en perpétuelle circulation. Les canaux doivent donc être complètement dégagés. Ce sont les riziculteurs aussi qui gèrent l’ouverture des portes au niveau de la parcelle (tas de boue).

III. La gestion de l’eau sur la bande côtière Comme nous l’avons dit précédemment, la bande côtière est un plateau avec une très faible pente vers la mer ce qui suppose que l’eau puisse facilement stagner si le sol n’est pas bien drainé. Il existe deux systèmes de drainage principaux : des drains primaires qui débouchent sur des rivières se jetant ensuite dans la mer ou alors des drains débouchant directement dans la mer. Plantations

Drain secondaire Drain primaire

Rizières Cocotiers

Pour cela, les agriculteurs sont dépendants de 2 saisons qui caractérisent la mer : - la saison de « l’Est » (musim timur) dure d’aout à février. Lors de ces 6 mois la mer est moins agitée et, d’après les pêcheurs, le niveau de la mer est moins haut. Lors de cette période, le drainage des eaux se fait facilement, l’évacuation de l’eau n’est pas perturbée. - la saison de « l’Ouest » (musim barat) dure de mars à aout. Lors de ces 6 mois, le niveau de la mer monte, les vagues sont plus importantes. L’embouchure des drains sur la mer se referment (sable rapporter par la mer). Il existe alors des risques d’inondation pour les parcelles de la côte car l’évacuation des eaux de drainage est freinée voire totalement bloquée. Pour cela, les agriculteurs travaillent en groupe afin de dégager les embouchures sur la mer bloquées par les marées en saison de l’ouest. Ceci peut se faire une à 2 fois par an selon les besoins pour l’agriculture. L’ouverture des « deltas » se fait avec la participation de toute la communauté (gotong royong) car cela bénéficie à tous le village (même au niveau de la sanitation des habitations). Ce ne sont pas seulement les agriculteurs des champs alentours qui sont concernés mais tous ceux du village.

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Citons le cas du village de Suak Puntung : Il existe dans ce village 3 ouvertures sur la mer dont une principale (embouchure d’une petite rivière non permanente) et 2 secondaires. Ces ouvertures étaient dégagées 1 fois par an, durant la saison de l’Est afin d’évacuer les eaux de pluies qui sinon inondent les terres agricoles (maraichage et riz pluvial). Depuis le tsunami, le cordon dunaire bouchant ces ouvertures est devenu plus important. Ainsi, seul le delta principal a été ouvert grâce à une excavatrice opérée par SOLIDARITES en 2005. Mais aujourd’hui, l’embouchure devra continuer à être dégagée tous les ans par la population (à la pelle). Cette première évacuation des eaux a été cruciale pour les agriculteurs du village souhaitant reprendre l’agriculture. Cependant, les 2 petits deltas n’ont toujours pas été ouverts par la population car ceux-ci sont devenus beaucoup plus difficiles à ouvrir depuis le tsunami (cordon dunaire). Ceci est surement pénalisant en saison des pluies ainsi que durant la saison de l’ouest, lorsque le niveau de la mer monte et que les vagues plus hautes risquent d’inonder les parcelles qui se trouvent à quelques centaines de mètres de la mer. Cas de l’utilisation des systèmes de saisons pour l’agriculture Dans le village de Kuala Tuha, la rivière constitue une ouverture très importante dans la mer. C’est là que se jette les drains réhabilités par SOLIDARITES. L’embouchure de la rivière ne se referme jamais en saison de l’ouest. D’ailleurs, Kuala Tuha veut dire « vieux/anciens delta » ceux-qui sous entend que l’embouchure de cette rivière est permanente depuis de nombreuses décennies. A marrée haute, l’eau de mer remonte dans la rivière. Ceci provoque un mouvement d’eau dans les drains (remontée de l’eau de rivière dans les drains) et permet en quelque sorte d’irriguer/d’inonder périodiquement (1 fois par jour, durant ½ heure) la zone rizicole avec l’eau de rivière. Ceci ne provoque pas d’inondation car l’embouchure sur la mer est large et permet de drainer efficacement les environs. Depuis le tsunami, les drains sont souvent encombrés et donc l’évacuation de l’eau est moins facile et rapide.

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LE FONCIER Le foncier est l’ensemble des règles d’accès, d’exploitation et de contrôle s’exerçant sur les terres et les ressources renouvelables.

I. Les règles d’héritage Lors du décès de propriétaires terriens, les enfants héritent du foncier ainsi que du bétail, en accord avec le souhait de leurs parents. Cependant, il est très fréquent qu’avant même le décès des 2 parents, les enfants soient déjà les gérants de ces parcelles. Ceci permet de continuer l’exploitation de ces terres alors que les parents n’en ont plus la force, et de subvenir aux besoins des enfants et parents. Il arrive que les parents louent leurs terres à leurs propres enfants. Notons que les fils héritent en général d’une surface plus importante que les filles. Lorsqu’un mariage se fait entre personnes de différents villages, la tradition veut que ce soit l’homme qui suive sa femme et s’installe dans le village d’origine de sa femme. Le jeune couple ne bénéficiera donc que des terres dont hérite l’épouse. Ceci est souvent plus qu’insuffisant, d’autant que la fille reçoit en générale la plus petite part de l’héritage foncier et animal. Ainsi, il est très fréquent que ces jeunes couples soient amenés à louer des terres en plus des terres de leurs parents. C’est seulement au bout de plusieurs années qu’ils auront les moyens financiers de devenir propriétaires de nouvelles parcelles et ainsi de compléter leur capital hérité.

II. Le mode de tenure des terres II.1. Les terres en propriété Celles-ci appartiennent aux membres de la famille : parents ou grands parents. Elles s’obtiennent soit par héritage et partage du patrimoine des parents, soit par achat directement. Les prix sont très variables et s’échelonnent souvent sur un gradient allant du centre du périmètre irriguée de Jeuram (centre d’attraction) à la périphérie.

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Irrigation bétonnée Proximité aux berges Proximité de la route Î pression foncière

Irrigation bétonnée Proximité de la route

Irrigation bétonnée mal entretenue Eloignement de la route

Î pression foncière Importante/ prix élevés

Î pas de forte pression foncière / prix moyens

Pression foncière Absence de diversification des activités

Pas de forte pression foncière Accès à une autre source de revenu que le riz (hévéa)

Î SC riz intensif

Î SC riz moins intensif

Importante/ prix élevés Rivière Route

Modélisation de la zone d’étude (zone 1, 2 et 3)

Zone 2 : centre du bassin rizicole Zone 3 : périphérie du bassin rizicole (hévéa + riz) Zone 1 (maraichage et rizières)

Pour les agriculteurs ne possédant pas de terres, on rencontre généralement 3 situations différentes qui permettent à l’agriculteur de produire sur des terres qui ne lui appartiennent pas : le fermage, le métayage et l’occupation des sols.

II.2. Le fermage Dans le cas où la pression foncière est importante, l’agriculteur est souvent amené à louer une parcelle durant une certaine période. On parle de terres en fermage (sorte de contrat oral établi, pour une durée déterminée, entre l’exploitant et le propriétaire). Le terme indonésien est sewa qui veut dire littéralement « louer ». Cet accord donne le droit à l’exploitant d’utiliser les terres en question en échange d’une somme fixée et versée au propriétaire après la récolte. La transaction peut se faire en nature pour une rizière. Dans ce cas le propriétaire fixe dès le départ une quantité de paddy correspondant à une certaine somme d’argent. Cette pratique est plus fréquente pour les terres cultivées en vivrier (légumes et riz). Le fermage d’une rizière dure sur 1 ou plusieurs cycles culturaux de riz (du labour à la récolte) avec un prix fixé par cycle. Le fermage de terres hautes, pour le maraichage par exemple, dure 6 mois ou 1 an. Le prix varie selon le type de parcelle (terres basses/ hautes), selon la qualité du sol (sol tourbeux difficile à travailler, sol sableux) et selon la localisation de la parcelle (distance au village, au réseau d’irrigation, à un axe de communication).

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Exemple de coûts pour le fermage d’un demi-hectare de rizière : -

Sur la côte (riz pluvial « contrôlé » cf. annexe I) : de 1 M 4 Rps (140 €) en sol marécageux à 1 M 6 Rps (160 €) en sol sableux

-

Sur la plaine (riz irrigué) : de 1M8 à 3M6 Rps (180 à 360 €) selon la distance à la route principale et aux berges fertiles de la rivière (maraichage et cacao).

Les personnes mettant une partie de leur terrain en fermage n’ont parfois pas les moyens financiers ou la main-d’œuvre suffisante pour travailler seules leurs terres. Ils ont cependant besoin de tirer un bénéfice de ces terres.

II.3. Le métayage Sur les terres en métayage, la famille a un droit d’exploitation pendant une certaine durée, en échange d’un versement d’une partie déterminée de la récolte au propriétaire (la moitié en général). Le terme indonésien est mawah. En général le propriétaire fournit certains moyens de production destinés à l’exploitation des terres en métayage (semences, engrais, outils). Ceci se pratique essentiellement pour les plantations d’hévéa. Le métayer vend sa récolte à un collecteur toutes les semaines ou tous les mois et donne la moitié de la somme correspondante au propriétaire du terrain. La moitié de la somme obtenue en fin d’année sur une plantation d’hévéas équivaut environ à 1M5 Rps (150€) si ce sont des hévéas non clonés et à 3M de Rps (300€) s’ils sont clonés.

II.4. Les terres occupées Il peut arriver que des exploitants utilisent des terres dont ils ne sont pas propriétaires et pour lesquelles il n’ont établis aucun accord avec le propriétaire. On parle alors de terres occupées. Ce sont en général des propriétaires terriens aisés qui prêtent leurs parcelles à des personnes n’ayant ni la terre, ni les moyens de louer une parcelle. Cela permet à au petit agriculteur de générer tout de même un minimum de revenu. Dans ce cas, celuici ne doit rien au propriétaire mais des transactions informelles sont possibles. En signe de remerciement, il peut donner quelques produits de sa récolte. Le propriétaire possède beaucoup de terres et ne vit pas forcément dans le village. Pour lui, ce système permet de ne pas avoir à se préoccuper de l’entretien de ces terres qui pourraient perdre de la valeur si elles restaient en friche durant plusieurs années. Nous avons rencontré le cas d’un propriétaire d’une jeune plantation de palmiers à huile (3 ans) vivant en ville à 3/4 d’heure de sa parcelle. Celui-ci a proposé à une famille du village de cultiver de l’arachide sous les palmiers à huile afin que sa parcelle soit proprement entretenue jusqu’à temps que les arbres deviennent productifs (dans 2-3 ans). On peut aussi retrouver ce système entre les membres d’une même famille. C’est une sorte d’entraide entre les plus âgés qui possèdent un patrimoine plus important et les jeunes qui terminent leurs études et ne travaillent pas encore.

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CONCLUSION Ce document est une source d’informations considérable pour les acteurs du milieu rural qui souhaiteraient intervenir sur le district de Nagan Raya ou sur d’autres territoires présentant les mêmes caractéristiques. En effet, on ne peut pas se permettre d’intervenir sur un environnement sans comprendre comment celui-ci est exploité et géré aux différentes échelles d’organisation du territoire (communautés villageoises, groupements civils, administrations et services décentralisés, etc.). De plus, certaines problématiques fortes émergent de cette étude : l’exploitation illégale de la forêt, le rôle des autorités dans la gestion de l’eau, du foncier et des forêts sur le territoire, l’influence qu’auront eu le tsunami et le conflit sur les modes de gestion traditionnels des ressources naturelles par les communautés villageoises. Ces questions sont cruciales et impliquent des dynamiques parfois négatives comme le fait que le gouvernement ignore les graves conséquences environnementales de l’exploitation abusive de la forêt. Aujourd’hui, les acteurs internationaux ont un rôle important à jouer dans ces processus.

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