Le Sexe Masculin

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  • Pages: 43
LE SEXE MASCULIN, C’EST FAIT ET CA MARCHE COMMENT ?

Carl H...

2009

INTRODUCTION L’ignorance de la plupart des hommes vis-à-vis de leur propre sexualité a quelque chose d'extraordinaire. La plupart d'entre eux ne savent généralement rien de précis sur leur anatomie intime, ni sur sa physiologie. En d'autres mots, ils ne savent pas vraiment comment ils sont faits, ni comment cela fonctionne. Pire : non seulement ils se gargarisent de tout connaître en ce domaine alors qu'ils se nourrissent de leur propre ignorance, mais ils admettent pour certaines et véridiques les plus énormes sottises. Le mâle occidental est plongé, dès sa naissance, dans un bain d'idées fausses et de tabous qui l'entraînent lentement mais sûrement sur les chemins de l'ignorance sexuelle. Tout petit, on lui interdit de jouer avec ses organes génitaux. On lui dit qu'il est "sale" d'exhiber son sexe, de le manipuler ou de chercher à voir le sexe des autres enfants. Le mâle occidental se trouve ainsi rapidement dans l'incapacité d'assouvir sainement ses pulsions et de trouver des réponses simples à ses questions. Adolescent, il s'enferme dans ses complexes, se persuade que ses copains sont mieux faits que lui et plus capables, sexuellement. Il prête alors une oreille attentive aux vantardises des autres et se délecte de revues et de films pornographiques qui proposent une information sexuelle très éloignée des réalités physiologiques et psychologiques humaines. Devenu adulte, il croira en savoir assez sur le sujet pour ne pas devoir faire l'effort de lire de bon livres où il pourrait trouver des informations utiles. Encore existe-t-il peu de tels ouvrages, écrits dans un style clair et simple. Le mâle occidental se trouve donc généralement sevré très tôt d'une information sexuelle objective et réaliste. Cette carence, conjuguée aux -1-

fausses connaissances qu'il accumule au fil du hasard des rencontres, font souvent de lui, à l'âge adulte, un être fruste, ignorant et maladroit au point de vue sexuel. Quoi d’étonnant à ce que ces hommes soient incapables de satisfaire correctement leur(s) partenaire(s), qu’ils ne puissent atteindre une certaine plénitude sexuelle tout au long de leur vie ou qu’ils demeurent ignorants à jamais de la véritable extase sexuelle ? Quoi d’étonnant aussi à ce que certains d’entre eux dissimulent leur ignorance et leurs incapacités sous le masque du machisme ? Il est rare que l'ignorance sexuelle masculine soit clairement dénoncée. Elle constitue, elle-même, un tabou qu'il sied de ne point bousculer sous peine de faire trembler tout l'édifice des conventions sociales. Comment se pourrait-il que les mâles soient si ignares dans ce qui semble être leur domaine de prédilection ? Cela paraît impensable ! Parce que l'ignorance sexuelle est peut-être la pire et la plus dramatique des ignorances et parce qu'il est pourtant aisé de la vaincre grâce à quelques explications claires ; j’ai décidé d’écrire ce qui suit... Je vais y dénoncer, sans détours, les exagérations, les vantardises, les erreurs et les sottises qui se colportent au sujet de la sexualité masculine. Le machisme en sera pour ses frais ! Volontairement, j'ai adopté un style clair et précis, afin d'être compris de tous. En effet, je n'ai pas voulu que le présent ouvrage soit réservé à une élite intellectuelle. Il est destiné à tous ceux et à toutes celles qui auront le courage de se secouer de la torpeur des idées reçues afin d'améliorer leur vie sexuelle.

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TROMPEUSES APPARENCES (I) La gent masculine occidentale a de toute évidence un sujet de préoccupation "essentiel" que, fort curieusement, les sexologues et les psychologues ne prennent pas assez en compte quand ils raisonnent au sujet des troubles de la psychologie sexuelle des mâles. Je veux parler de la taille du pénis. Ce sujet importe tant aux hommes (et parfois même aux femmes) qu'il a été, de tous temps, à la base de plaisanteries d'un goût douteux, ce qui masque souvent, dans le domaine de la sexualité, l'ignorance et la gène. A une époque où l'on ne parlait pas encore du SIDA, la taille du pénis fut à l'origine d'un quiproquo très fréquent. Dans les pharmacies, lorsqu'un homme venait acheter une boîte de préservatifs, il était courant qu'on lui demandât : "Quelle taille? Grande ou petite?" La réponse variait généralement selon que le client se croyait fortement membré ou non. Or, il n'était question là que de la taille de la boîte, c'est-à-dire du nombre de préservatifs quelle contenait ! Au moment de l'adolescence, le jeune homme s'inquiète souvent pour la première fois sérieusement de son apparence physique. Il se trouve trop petit, trop grand, trop maigre, trop gros; pas assez musclé ou, tout simplement, d'une façon générale, "plutôt moche". Une grande inquiétude l'envahit. Mais surtout surgit dans son esprit une terrible interrogation : son sexe n'est-il pas ridiculement petit ? Est-il assez grand pour inspirer le respect des autres hommes et se garantir l'attachement d'une âme soeur ? A cette question angoissante, suscitée par les extravagances que véhiculent -3-

les plaisanteries et la pornographie, il lui est impossible de trouver immédiatement une réponse certaine ou même simplement satisfaisante... C'est donc dans les vestiaires sportifs que, dans un premier temps, l'adolescent essayera d'assouvir à ce sujet sa légitime curiosité. Hélas, bien souvent, ses observations ne le conduiront à aucune conclusion définitive. Il ne lui faudra pas longtemps, en effet, pour constater qu'au départ d'une structure en apparence relativement simple, les organes génitaux masculins peuvent avoir une infinité d'apparences différentes. En outre, en s'observant lui-même, l'adolescent remarquera que le pénis d'un même individu peut présenter de considérables variations d'aspect d'un moment à un autre, suivant les circonstances, et ce, en l'absence même d'érection. L'érection! Le mot est lâché. C'est elle, précisément, que l'adolescent voudrait pouvoir observer chez d'autres garçons afin de pouvoir effectuer des comparaisons quant à lui-même. Avec un peu de chance et de persévérance, il finira bien par en apercevoir quelques-unes. A cet âge, en effet, tandis que la plupart des garçons font preuve de beaucoup de discrétion quand ils doivent se dévêtir en commun pour la simple raison qu'ils sont inquiets de la façon dont les autres pourraient juger leur anatomie intime ; il en est un petit nombre qui n'hésitent pas à se montrer en érection devant les autres, quand l'occasion de le faire sans courir le risque d'une réprimande se présente. De ces fugitives visions érotiques qui sont en général provoquées par des garçons (trop ? ) persuadés que leurs dimensions intimes en imposeront, l'adolescent inquiet ne retiendra souvent qu'une chose : la taille de ces sexes qui, dans son imagination, prendra des proportions énormes. Il en concevra tout naturellement un grand sentiment d'infériorité. Ce n'est pas l'examen des revues spécialisées, des sites internet ou des DVD pornographiques qui le dissuadera de cette opinion. Les pornographes recourent en effet plus volontiers à des hommes fortement membrés qu'à d’autres se situant simplement dans une honnête moyenne. Ils savent que les grands pénis sont non seulement un argument de vente, mais aussi un véritable centre d'intérêt pour beaucoup de leurs clients. L'adolescent puisera aussi quelques informations -mais quelles informations ! - dans les joutes oratoires pseudo-intimistes auxquelles les jeunes se livrent, en groupe, au sujet de leurs capacités sexuelles prétendues. Dans ces concerts de vantardises, les chiffres s'envolent : d'un honorable 16 centimètres, on passe rapidement à 18, 20, 25 et même 30 ! Et, quand la mesure semble devenir si absurde qu'elle risquerait d'imposer à celui qui s'en vante d'en fournir les preuves immédiates, il se trouve souvent un petit malin pour affirmer, crânement, qu'il connaît quelqu'un qui en a encore une bien plus grande ou une bien plus grosse. Car il est vrai aussi que lorsque l'on parle de la taille du sexe, beaucoup font un savant mélange entre longueur et grosseur...

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Après cela, il ne restera plus à l'adolescent qu'une seule planche de salut : celle des véritables conversations intimistes qu'il pourra avoir avec des copains qu'il estimera sérieux assez pour pouvoir discuter raisonnablement de ce sujet. "Tu as déjà mesuré ta queue, toi ? " hasardera-t-il sans doute un jour ou l'autre à son meilleur copain. Quelle question ! Ils l'ont tous fait. Alors s'échangeront des chiffres peut-être plus honnêtes que les précédents, mais pas nécessairement plus fiables. Car les méthodes de mesurage varient autant que les résultats qu'elles fournissent. Nous y reviendrons. Tôt ou tard -du moins dans bien des cas- l'adolescent se trouvera en situation de pouvoir effectuer une bonne comparaison visuelle -voire même manuelle- avec un ou plusieurs autres individus. S'il n'a pas cette chance ou s'il n'a cette chance qu'une fois ou deux, il y a fort à penser qu'il restera, en ce qui le concerne, sur une fausse impression. Mais s'il peut multiplier les comparaisons, en vertu des lois du hasard, il tombera sans doute à la fois sur moins bien et sur mieux que lui, ce qui, d'une certaine façon, lui montrera qu'il se situe dans une bonne moyenne. Une minorité se découvrira bien dotée par la nature et une autre plutôt mal pourvue. Les premiers y puiseront souvent un orgueil bien mal placé et les autres se résoudront à "faire avec" en cultivant désormais à ce propos une discrétion qui leur semblera aller de mise. Devenu adulte, l'homme reste profondément occupé par sa taille pénienne. Cela saute au yeux de quiconque se penche sur les petites annonces de rencontres érotiques. Ainsi y rencontre-t-on souvent l'expression "homme fortement membré". On y trouve aussi, de façon à peine voilée, l'expression du complexe de l'homme s'estimant, à tort ou à raison, mal membré : "homme soumis, petit sexe..." Fréquemment, on peut lire ce genre d'annonce : "Homme 35 ans, 180x75x21, cherche..." Dans ce cas, l'annonceur se décrit avec une précision étonnante : il est âgé de trentecinq ans, mesure 1 mètre 80, pèse 75 kilogs et son pénis mesure 21 cm en érection. Ce détail montre à quel point la taille du pénis paraît essentielle à certains hommes pour se définir en tant qu'individu et se démarquer, éventuellement, par rapport aux autres. D'aucuns, mélangeant tout ou voulant détourner l'attention sur la faible longueur de leur membre ajoutent : "...gros pénis...". Quelques-uns veulent même donner une idée précise de leurs attributs en donnant un diamètre, mais ils n'indiquent jamais l'endroit où celui-ci fut mesuré, ce qui empêche d'imaginer l'apparence réelle de l'organe. Pire : certains hommes confondent diamètre et circonférence, ce qui a pour effet de tripler, de façon monstrueuse, la taille réelle de l'organe. Selon de multiples études scientifiques réalisées par des sexologues compétents, on peut déduire que la taille moyenne du pénis humain en érection est de 14 à 15 cm. Cette moyenne statistique n’est qu’une donnée mathématique qui ne représente pas du tout un idéal anatomique ni, surtout, -5-

une norme biologique au départ de laquelle on puisse juger si un individu est bien adapté ou non à la vie sexuelle. Toute taille située au-delà ou en-deçà de cette moyenne ne doit en effet pas être considérée comme anormale de prime abord. Ce qui compte, en effet, c’est la manière dont le pénis d’un homme sera adapté par rapport aux partenaires qu’il rencontrera tout au long de sa vie. Très tôt, les médecins qui se sont occupé de sexologie ont pu constater que la plupart des hommes dotés de pénis relativement courts ou minces pouvaient avoir des rapports sexuels normaux et satisfaire pleinement leurs partenaires. La taille du pénis ne pose un réel problème que lorsqu'elle rend impossible toute pénétration ou qu’elle rend cette pénétration douloureuse. Soit le pénis est trop court pour pénétrer, soit il est trop gros ou trop long et occasionne au mieux une gêne ou au pire des douleurs insupportables. Les pénis si petits qu’ils sont incapables de pénétrer sont si rares que, d’une manière générale, on pourrait conclure qu’il est plus ennuyeux d’avoir un trop grand pénis qu’un trop petit. Et cela va, évidemment, à rebrousse-poil de tout ce qu’une littérature machiste aimerait faire croire. Un trop long pénis présente de sérieux dangers : soit il cogne contre le col de l’utérus et provoque douleurs, tuméfactions et saignements ; soit il risque de perforer l’intestin lors des relations anales. Quant au trop gros pénis, il distend de manière anormale le muscle de l’anus et peut aboutir au mieux à des déchirements ou au pire à une perte de contrôle musculaire qui peut se traduire par des défécations non désirées. La sensation d'être pénétrée par un grand pénis est plus agréable pour un certain nombre d’hommes ou de femmes ; mais cela relève principalement du fantasme puisque cela ne semble s'inscrire dans aucune réalité physiologique objective. Chez la femme, par exemple, le clitoris, qui est la source essentielle du plaisir, est ébranlé de la même manière par un petit pénis que par un grand. Quant au fameux "point G" fort discuté, il se trouve si proche de l’entrée du vagin qu’il peut lui aussi être ébranlé par un pénis de taille fort modeste. Seule la longueur et le diamètre du pénis en érection restent invariables chez un individu quand elles sont mesurées dans des conditions rigoureuses décrites plus loin. A l’inverse, la longueur du pénis flaccide d’un même individu varie considérablement d’un moment à l’autre selon la température ou d’autres facteurs physiques (ex : température), physiologiques (ex : rythmes biologiques) ou psychologiques (ex : peur). Il faut savoir en outre qu'il n'existe aucun rapport mathématique constant entre la taille du pénis au repos et celle qu'il aura en érection. Autrement dit, ce n'est pas parce qu'un homme a un grand sexe, par rapport à d'autres, quand il est au repos, qu'il aura nécessairement un grand sexe, par rapport à la moyenne, quand il sera en érection. L'inverse est tout aussi -6-

vrai : un petit sexe au repos ne reste pas nécessairement petit, par rapport à la moyenne, quand il est en érection. D'une façon générale, on peut même souvent observer qu'un grand pénis flaccide augmente peu de taille au moment de l'érection alors qu'il est fréquent que de petits pénis flaccides deviennent grands à très grands dans la même circonstance. Dans les faits, il n'y a donc aucun moyen de "deviner" quelle sera l'apparence d'un sexe en érection quand on ne le voit qu'à l'état flaccide. Les "divinations" et supputations auxquelles certains recourent à ce propos en se basant sur la taille et la forme du nez, des doigts ou de quoi que ce soi d'autre, sont particulièrement absurdes car il n'y a aucun rapport logique, du point de vue morphologique, entre l'apparence du pénis et celle de tout autre appendice du corps humain. Avant même de m'avoir suivi jusqu'ici, quelques-uns de mes lecteurs masculins auront peut-être déjà cédé à la tentation de s'enfermer dans une pièce afin d'y effectuer quelques mesures intimes. C'est qu'il a été question, plus haut, de "normes" et que chaque homme aime savoir à quoi s'en tenir ! J'ai bien peur, hélas, que ceux qui croient maintenant connaître leur "classement" soient contraints d’aller se mesurer à nouveau d'ici quelques minutes... En effet, la plupart des hommes se trompent de méthode quand il s'agit d'effectuer ces mesures intimes et, sans qu'ils le veuillent vraiment, leur erreur se fait généralement à leur avantage. Les sexologues qui s’occupèrent des premières études statistiques concernant la taille moyenne du pénis humain durent évidemment choisir une méthode précise et irréprochable pour réaliser leurs mesures. Ils constatèrent qu'il n'était pas possible de mesurer le pénis en posant sur le gland un mètre souple qu'il suffisait de descendre jusqu'au niveau des testicules. La limite entre ces derniers et la verge n'était guère nettement marquée et, en conséquence, les résultats variaient en fonction des critères personnels de chacun de ceux qui effectuaient les mesures. Une méthode plus scientifique consiste à mesurer le pénis tendu à l'horizontale en posant dessus une règle semi-rigide qui est enfoncée dans la chair jusqu'à l'os pubien, ce dernier formant une frontière naturelle intangible. Chaque homme peut vérifier par lui-même que cette méthode de mesurage est bien moins "optimiste" que la précédente. La mesure obtenue est en effet souvent de 3 à 4 centimètres -et même davantage- en dessous de la mesure "fausse" que la plupart des hommes, d'instinct, ont tendance à effectuer. La mesure est à effectuer debout, les jambes légèrement écartées. D'autres sexologues ont suggéré une troisième méthode : elle consiste à glisser une règle solide entre l'abdomen et le pénis redressé complètement à la verticale, de descendre cette règle jusqu'à ce qu'elle bute sur la base du pénis, et de lire ensuite le chiffre qui apparaît au niveau du sommet du gland. Cette méthode défavorise nettement les pénis fortement courbés car il est clair, d'un point de vue strictement géométrique, que la distance -7-

mesurée en ligne droite entre deux points d'un arc est toujours inférieure à la longueur de l'arc lui-même. Voilà pourquoi la seconde méthode est la plus couramment employée, bien que la troisième le soit également. Le malheur, c'est qu'on ne sache pas toujours au départ de laquelle sont calculées certaines "moyennes"... ce qui leur ôte une grande part de leur intérêt éventuel ! Par suite d'une erreur de méthode fort largement répandue, beaucoup d'hommes se croient donc faussement avantagés par la nature lorsqu’ils prennent leurs mensurations intimes. D'autres, victimes des fables et de leurs angoisses personnelles à ce sujet, se croient erronément désavantagés alors que, s'étant mesurés d'une façon quasi adéquate, ils ont un pénis d'une taille fort respectable. Encore n'ai-je rien dit des vantards constitutionnels qui, bien qu'ayant employé la première méthode fort avantageuse, croient bon d'ajouter deux ou trois centimètres au résultat obtenu afin de faire meilleure impression auprès des copains ou des conquêtes ! Ils mentent parce qu'ils savent bien qu'il y a bien peu de chance que quiconque vérifie un jour. La taille du pénis, mesurée selon les méthodes "rigoureuses" décrites plus haut, ne correspond cependant pas à sa taille réelle, ni surtout, loin s'en faut, à sa taille apparente ou à son volume global. On doit en effet tenir compte de la forme générale de l'organe. Plus la courbure d'un pénis est forte, plus il aura des chances d'être mesuré petit par rapport à un autre de même longueur réelle qui serait moins courbé. Certaines illusions d'optique peuvent également influencer le jugement. Ainsi, il est bien évident que si l'on observe deux pénis de même taille et de même forme générale, le plus mince aura l'air d'être plus long, quoique moins imposant, que l'autre. Certains pénis, très larges à la base, s'amincissent très rapidement, ce qui leur donne un peu la forme d'un cône volcanique. De par cette forme même, ils auront toujours l'air plus petits, plus "râblés" qu'un pénis de même taille simplement cylindrique ou qu'un autre en forme de massue dont le gland sera plus large que la base. L'angle d'érection peut également donner une idée fausse sur la taille du pénis : le membre dressé verticalement aura l'air moins long que celui qui restera plus ou moins horizontal. Les distinctions que l'on peut donc faire entre la longueur apparente (fut-elle illusoire), la longueur à peu près scientifiquement mesurée et la longueur réelle dans l'absolu, montrent quelles sont les limites des chiffres avancés ici et là à propos de la taille "moyenne" du pénis humain. Pour résumer en quelques mots, on peut dire que tout ce qui relève des chiffres et tout ce qui est affirmé sans nuance au sujet de la taille du pénis en érection est, sinon complètement faux, du moins très contestable ou douteux. -8-

Chacun a entendu dire que ce sont les noirs et les arabes qui sont les plus fortement membrés. Et la plupart des braves gens sont convaincus que cette affirmation constitue une vérité évidente. Or, ni les arabes, ni les noirs n'ont de plus grands pénis que les hommes blancs. Cette légende, car c'en est une, repose sur un fond de racisme qu'il faut dénoncer. Il semble bien que dans les temps anciens, certains se soient plu à imaginer que les noirs et les arabes, prétendument moins "civilisés" que nous (!) étaient donc aussi plus proches des animaux et qu'à la façon des ânes et des chevaux ils devaient être formidablement membrés. Pareilles conceptions ne sont pas neuves puisqu'on les rencontre, par exemple, dans un livre sacré et prétendument inspiré, à savoir le Livre d'Ezechiel, qui figure dans la Bible. Aussi vieilles que soient ces idées, elles n'en sont pas moins fausses, ridicules et... insultantes. Et l'extraordinaire paradoxe, c'est bien qu'elles soient arrivées jusqu'à nous, en plein XXe siècle. Ce qui précède conduit à une autre observation étonnante. Comme le juif Ezechiel qui disait que les Egyptiens, qu'il méprisait, étaient "montés comme des chevaux", les grecs considéraient qu'un grand pénis était l'apanage des êtres inférieurs. Et c'est bien pourquoi, excepté pour des motifs symboliques en rapport avec les dieux et leur religion, ils représentaient toujours les hommes avec d'assez petits pénis. A l'inverse, l'homme d'aujourd'hui s'enorgueillit sottement d'être fortement membré. Cet étonnant retournement d'opinion pose, à lui seul, bien des questions quant à la manière dont les hommes considèrent leur pénis dans notre société... A l'inverse de ce qu'on dit généralement au sujet des arabes et des africains, on entend souvent dire que les hommes de race jaune ont de petits pénis, adaptés aux organes génitaux des femmes asiatiques. Certes, les femmes orientales ont souvent une stature nettement inférieure à celle des femmes occidentales. Mais même si leurs organes génitaux sont en proportion de cette stature, ils ne sont pas pour la cause beaucoup plus petits que ceux des femmes occidentales puisqu'ils sont en proportion du volume qu'ils occupent par rapport à l'ensemble du corps. La petitesse du sexe des hommes de race jaune relève donc d'une certaine exagération. Encore faudrait-il pouvoir préciser par rapport à quelle "moyenne mystérieuse" le sexe d'un homme de race jaune pourrait être considéré comme petit !

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TROMPEUSES APPARENCES (II) Il n'a été question, jusqu'ici, que de la taille du pénis. Les hommes sont cependant aussi très soucieux de la taille ou plutôt du volume de leurs testicules. L'idée est en effet largement répandue que plus le volume des testicules est important, plus grande est la virilité de l'homme. L'observation des mammifères montre pourtant qu'il n'existe aucune corrélation entre la taille des testicules et la vigueur du mâle. Ainsi, par exemple, l'étalon n'a, par rapport à son extraordinaire pénis, que des testicules assez moyens. Quant au taureau, dont les testicules sont fort volumineux, il n'a qu'un pénis fort moyen comparé à ceux de l'âne ou du cheval. L'apparence des testicules varie beaucoup d'un homme à l'autre et, chez un même individu, elle se modifie beaucoup d'un moment à l'autre en fonction des circonstances. Ces différences d'aspect sont dues, pour beaucoup, au scrotum, à savoir ce petit sac de peau qui renferme les testicules. C'est l'ensemble des testicules et du scrotum que l'on désigne habituellement par le terme "bourses". Disons tout de suite que certains hommes ont le scrotum presque complètement glabre alors que d'autres l'ont fortement poilu, ce qui, déjà, peut engendrer certaines illusions quant au volume réel. Autre source d'illusion : chez certains hommes les testicules tombent très bas et leur forme est bien visible au bout d'un fin scrotum étiré en longueur. Chez d'autres, en revanche, les testicules se tiennent beaucoup plus haut et sont comme serrés dans un scrotum quasi sphérique. A volume égal, les testicules des premiers peuvent paraître plus "maigres" que ceux des seconds. Le scrotum est constitué d'une peau dont l'aspect peut se modifier très rapidement : tantôt fine, lisse et distendue, elle devient, l'instant d'après, épaisse et comme ramassée sur elle-même. Ces changements d'apparence interviennent principalement en réaction contre les variations de -11-

température. Le rôle essentiel du scrotum est en effet d'agir de telle sorte que les testicules soient maintenus en permanence à une température légèrement inférieure à celle du corps. Sans cela, les spermatozoïdes ne survivraient pas. Si, par exemple, la chaleur s'élève trop, le scrotum se distend et, grâce à l'activation des nombreuses glandes sudoripares dont il est pourvu, un abaissement de température se produit à cet endroit. Si, à l'inverse, un homme plonge dans l'eau froide, il peut constater que son scrotum se rétracte aussitôt et que ses testicules remontent vers l'abdomen qui leur fournit alors la chaleur dont ils ont besoin à ce moment-là. Les testicules remontent également fort haut et peuvent même sembler complètement disparaître dans la cavité abdominale lorsque l'homme est fortement excité sexuellement. Il s'agit là d'un double acte réflexe commandé, d'une part, par de petits muscles qui ne peuvent maintenir leur action fort longtemps et, d'autre part, par la rétractation du scrotum lorsqu'il est caressé. En l'absence de rétractation du scrotum, si l'excitation se prolonge, les testicules finissent par redescendre pour éventuellement remonter un peu plus tard après que leurs muscles élévateurs se soient reposés. L'ensemble de ces mécanismes est donc complexe. Il en résulte que chez un-individu normalement constitué, non seulement l'aspect mais aussi le volume apparent des bourses ne cessent de varier en fonction de paramètres très divers. Tel homme qui, au repos et au chaud, semble avoir de gros testicules, peut passer pour n'en avoir que de minuscules s'il se trouve plongé dans un froid important ou s'il vient d'être caressé intimement. Le volume réel des testicules, qu'on ne peut donc apprécier correctement que par palpation, varie d'un homme à l'autre, au même titre que le volume de n'importe quel organe. Mais, de même qu'un gros nez ou de grandes oreilles ne permettent pas de mieux sentir ou de mieux entendre, de gros testicules ne garantissent en rien une activité génésique supérieure à la moyenne. Sans évidement tomber dans des limites anormales, on peut dire qu'un testicule de taille ordinaire peut se montrer aussi actif, sinon plus actif qu'un autre qui serait d'une taille double. Il faut savoir en outre que certains testicules n'apparaissent gros que parce qu'ils sont entourés d'une sorte de varice qu'on nomme "varicocèle". Cette anomalie est extrêmement répandue et ne présente d'ordinaire aucun danger. Dans certains cas, cependant, et plus particulièrement quand elle frappe de façon importante les deux testicules, on peut craindre une diminution de la production des spermatozoïdes et, donc, une perte du pouvoir fécondant. Cette anomalie peut se corriger par une intervention chirurgicale simple. Arrivés ici, certains hommes, pris d'un doute, se demanderont peut-12-

être s'ils n'ont pas un varicocèle. Il leur est facile de le vérifier en se palpant. Pour plus de facilité je leur recommande de faire cela dans un bain chaud. Les testicules sont durs et douloureux à la pression. A l'inverse, toute masse molle et qui peut être écrasée sans douleur est certainement un varicocèle. Une masse dure non douloureuse est, quant à elle, plus inquiétante. Consultez dans ce cas sans attendre votre médecin et sachez que les cancérologues souhaitent vivement que les hommes se palpent régulièrement les testicules au même titre qu'ils encouragent les femmes à se livrer à un examen périodique des seins. Mais voilà ; ici encore, les préjugés, le machisme et certaines idées moralistes s'opposent à ce qu'on organise des campagnes publicitaires au sujet de la palpation systématique des testicules en vue de la prévention de leur cancer. Est-il donc si difficile de parler de ce sujet et d'expliquer aux messieurs les gestes simples qu'ils peuvent accomplir pour échapper, éventuellement, à une mort affreuse ou à une mutilation chirurgicale ? Si l'on ne s'offusque plus, aujourd'hui, des campagnes publicitaires et des émissions télévisées faites en faveur du dépistage du cancer du sein, on parle beaucoup moins du cancer du col de l'utérus ou du duodénum et pratiquement jamais du cancer du testicule ou de la verge. On parle certes un peu du cancer de la prostate ; mais on reste fort discret, habituellement, sur le type d'examen que son dépistage nécessite... Les préoccupations des hommes -et des femmes- au sujet de l'apparence des organes génitaux ne se limitent pas aux questions de taille et de volume dont j'ai traité jusqu'ici. Depuis plus de vingt-cinq siècles, en effet, des foules de gens se sont répandus en vives controverses, en folles théories et en actes insensés, non au sujet d'un problème d'importance cosmique, mais bien à propos de quelques centimètres de peau. Je veux évidemment parler de la circoncision. La plupart des gens pensent que la circoncision est un rite propre aux juifs et qu'on leur doit son invention. C'est complètement faux. En fait, la circoncision fut appliquée dès la plus haute antiquité dans une grande partie du Moyen-Orient ainsi que dans d'autres parties du monde, comme par exemple l'Océanie. Si on ne saurait dire où cette pratique apparut pour la première fois, on devine aisément par contre pourquoi elle fut inventée. A l'origine, cette intervention chirurgicale avait certainement un but strictement hygiénique et prophylactique : elle visait à empêcher les inflammations qui peuvent se produire quand une substance grasse naturelle s'accumule en trop grande quantité entre la peau du pénis et le bord inférieur du gland qu'on appelle également "la couronne du gland". La circoncision qui consiste à enlever la partie de peau en-dessous de laquelle pouvait s'accumuler cette substance était le moyen le plus radical pour empêcher de telles inflammations dans des pays et des peuplades où l'hygiène n'était pas toujours un soucis constant. Pour s'assurer que cette opération hygiénique soit systématisée, beaucoup de peuples l'érigèrent en -13-

rite religieux. Ce fut le cas chez les anciens hébreux qui copièrent en cela, probablement, les égyptiens. D'autres principes hygiéniques furent ritualisés pour la même raison. Ce fut par exemple le cas de toutes sortes d'ablutions, intimes ou non. Bien que le Coran de Mahomet n'en dise mot, l'islam emprunta le rite de la circoncision aux hébreux. Par contre, après avoir longuement débattu du sujet, les premiers chrétiens rejetèrent ce rite mais préconisèrent une hygiène rigoureuse afin de conserver au corps, qui était pour eux le temple de l'âme, une propreté et une santé parfaite. Ces notions n'eurent, hélas, qu'un temps car, plus tard, sous l’influence de quelques auteurs, le corps humain apparut, pour les chrétiens, comme la porte de tous les vices et il devint l'objet d'une si grande honte qu'on finit par n'en prendre plus aucun soin d'ordre hygiénique. De nombreux siècles après avoir été érigée en rite religieux, la circoncision redevint, ici et là, une simple pratique hygiénique. C'est ainsi qu'aux Etats-Unis et dans d'autres pays occidentaux, elle finit par s'imposer dans certains milieux hospitaliers. Entre-temps on avait découvert que le manque d'hygiène et les inflammations au niveau du gland semblaient favoriser le cancer de la verge. En l'absence de circoncision, d'une manière générale, le gland est recouvert d'une peau identique à celle de la hampe du pénis. Les adversaires de la circoncision affirment que l'ablation du prépuce -c'est-à-dire la partie de la peau qui recouvre le gland lorsqu'il est flaccide- rendrait le gland moins sensible du fait de l'épaississement de sa fine membrane par suite du frottement contre les vêtements. Les partisans de la circoncision objectent que ce phénomène d'épaississement de la membrane du gland n'a jamais été observé et que, même s'il se produisait, il n'en serait que bénéfique puisque l'homme devenu moins sensible pourrait sans doute plus facilement retarder son éjaculation. Les partisans de la circoncision ont d'autres arguments : ils font par exemple remarquer que chez certains hommes le prépuce est si étroit qu'il ne se retire pas spontanément en arrière au moment de l'érection et qu'il faut alors procéder au décallotage manuel du gland avant tout rapport sexuel, ce qui peut être douloureux si le gland augmente alors fortement de taille. Dans certains cas -on parle alors de phimosis- le prépuce est si étroit qu'il est nécessaire d'intervenir chirurgicalement pour l'élargir afin qu'il puisse coulisser derrière la couronne du gland au moment de l'érection. Pour prévenir ou corriger de telles anomalies, malgré tout assez répandues, la circoncision est évidemment la solution la plus simple et la plus radicale. Mais il faut savoir qu’un phimosis peut parfaitement être traité chirurgicalement sans qu’une circoncision doit réalisée. -14-

D'autres partisans de la circoncision font intervenir un argument d'ordre esthétique : ils disent que la vue d'un pénis dont le gland est toujours visible est nettement plus agréable, voire plus érotique que celle d'un pénis à l'extrémité "renfrognée". C'est une question de point de vue et cela ne se discute donc pas. Enfin, il existe une catégorie d'hommes qui donnent l'apparence d'être, en quelque sorte, naturellement circoncis. Chez eux, le prépuce existe bel et bien, mais il est d'ordinaire en permanence rétracté derrière la couronne du gland qui reste donc en permanence visible. Chez ces hommes, le prépuce peut être étiré manuellement sur le gland, mais il ne le recouvrira généralement que l'espace d'un moment avant de se rétracter à nouveau. Cette particularité, rarement signalée et étudiée, a fait dire aux adversaires de la masturbation qu'elle était -on l'aurait deviné avant eux ! - le résultat d'habitudes masturbatoires déplorables dans la prime jeunesse. On peut leur rétorquer que si de telles habitudes engendraient effectivement la particularité que je viens de signaler, cette dernière serait bien plus répandue qu'elle ne l'est ! Au vu des précisions données ci-dessus et qui résument le sujet, on a peine à croire que la circoncision fut à l'origine d'un débat -non clos- qui dure depuis des milliers d'années ! Tout a été dit sur ce sujet, y compris les choses les plus insensées. Ainsi, jadis, de brillants théologiens dissertèrent sur le fait que le prépuce de Jésus avait dû repousser puisque, après avoir été circoncis, le Fils de Dieu était remonté au ciel dans un corps transfiguré, nécessairement parfait et donc complet. Plusieurs reliques du "saint prépuce de Jésus" semblaient d'ailleurs accréditer, aux yeux de ces théologiens, la repousse périodique ou permanente du divin lambeau de peau... Il existe un mince filet de chair qui assure la jonction optimale entre le gland et la peau du pénis. C'est pourquoi ce filet de chair est appelé "le frein". Chez beaucoup d'homme, ce mince filet de chair passe pour la partie la plus sensible de leurs organes génitaux et ils recherchent donc les caresses manuelles et bucco-génitales à ce niveau précis. Il peut arriver que ce frein soit trop court. Dans ce cas, lorsque se produit l'érection, le gland a tendance à être tiré en arrière au moment où le prépuce se rétracte. Cette anomalie entraîne généralement une éjaculation précoce, voire des rapports sexuels douloureux. Elle se traite le plus simplement du monde par une très banale intervention chirurgicale. Arrivé ici, et avant de poursuivre, je voudrais déjà souligner à quel point l'ignorance sexuelle et la honte sexuelle sont parmi les pires maux qui soient. J'ai montré que l'ignorance de certaines vérités bien mal diffusées dans notre société peut persuader certains hommes qu'ils sont mal bâtis, mal -15-

conformés ou peu virils. Les troubles psychologiques qui résultent de cela peuvent engendrer certaines obsessions sexuelles qui, mal contrôlées, pourraient aboutir à des violences sexuelles. A tout le moins, ces troubles psychologiques et ces complexe influenceront forcément de façon désastreuse l'épanouissement personnel et la vie sexuelle. J'ai montré aussi que faute de campagnes d'éducation dans la presse et à la télévision, des hommes et des femmes peuvent encore mourir de cancers dont on préfère ne pas parler, par honte ou, pire, par respect de certaines traditions et du code de moralité. Seul de tous les cancers touchant les organes du plaisir sexuel, celui du sein a trouvé grâce aux yeux des moralistes, ce qui a permis d'organiser à son sujet d'intenses campagnes d'information. Encore ne dit-on presque jamais qu'il peut aussi toucher l'homme, bien qu'il soit assez rare chez lui. Bien qu'on en parle encore peu, le dépistage du cancer du col de l'utérus est devenu pratique courante, du moins pour les femmes qui se rendent régulièrement aux consultations gynécologiques. Quant aux autres -et elles sont encore nombreuses- rien n'est généralement fait pour elles par leurs médecins généralistes. Le dépistage du cancer de la prostate est routinier chez les andrologues et les urologues ; il reste malheureusement rare chez les médecins généralistes. Quant au dépistage systématique du cancer des testicules ou de la verge, il est quasi inexistant. J'ai enfin montré que de simples examens physiques peuvent permettre de détecter certaines anomalies -assez fréquentes- aisément curables, telles que le frein trop court ou le prépuce trop étroit (phimosis). A ce propos, il est désolant de constater que dans notre société des hommes adultes souffrent encore, en croyant cela naturel, d'un phimosis douloureux ou demeurent des éjaculateurs précoces parce qu'ils ont un frein trop court. Comment de telles anomalies n'ont-elles jamais été détectées lors des nombreuses visites médicales de dépistage qu'ils ont passées tant durant leur scolarité qu'après celle-ci ? La réponse est, hélas, très simple : c'est que jamais ils n'ont été examinés en état d'érection, alors qu'il découle du simple bon sens qu'un tel type d'examen devrait être organisé systématiquement. Ici, j'entends déjà les moralistes se récrier: "comment peut-on suggérer qu'un médecin effectue sur des enfants les attouchements honteux nécessaires à pareils examens ? " Je réponds à cela qu'un grand nombre d'enfants, pubères ou non, pourraient eux-mêmes se mettre dans l'état nécessaire à ces examens si la chose leur était demandée et s'il était reconnu qu'elle fait partie, normalement, d'un examen médical général qui devrait intervenir à deux reprises au moins : bien avant la puberté et pendant celle-ci. Des circonstances favorables à un tel examen pourraient être aisément obtenues si on expliquait au jeunes qu'ils ont à faire cela pour montrer qu'ils "sont des hommes". Aux plus timides d'entre ces jeunes, qui n'arriveraient pas à se mettre en état d'être examinés de la sorte, il suffirait de prodiguer quelques paroles rassurantes et de rechercher les -16-

renseignements nécessaires au diagnostic par un questionnaire fort précis. Bien organisés, par des médecins correctement formés à cet effet, de tels examens pourraient aussi servir de support à une rapide éducation sexuelle d'ordre pratique. En deux minutes de temps, tout en opérant les vérifications nécessaires, le médecin pourrait enseigner aux adolescents quelques vérités essentielles les concernant et, surtout, les rassurer quant à leur "normalité". Ainsi préviendrait-on, chez eux, bien des questions angoissantes, bien des obsessions et tout es sortes de complexes non fondés. Quel bienfait général notre société pourrait tirer de l'application d'un tel mode d'examen médical dans le milieu scolaire ! Quand donc les milieux médicaux et politiques réfléchiront-ils à l'instauration d'une telle mesure sanitaire ? Certes, les esprits étroits imagineront que si d'aventure les enfants étaient livrés à des médecins quelque peu déséquilibrés, on pourrait faire alors plus de tort que de bien. Sans doute. Mais pour prévenir un tel risque, il suffirait d'appliquer une mesure depuis longtemps en vigueur ici et là en milieux hospitaliers dans le domaine de l'urologie ou de la gynécologie : instaurer des équipe médicales mixtes. Cela rassure les patients et concourt à prévenir certains incidents fâcheux. Tout ce qui précède m'invite à poser la question fondamentale que voici : combien de temps encore les moralistes stricts et les esprits étroits exigeront-ils qu'on accorde la priorité à leurs concepts ridicules par rapport aux questions de santé physique et mentale touchant à la sexualité ? D'où découle une autre question, aussi fondamentale que la précédente : combien de temps encore les gens évolués et responsables accepteront-ils que des esprits étriqués imposent à notre société une conduite et des principes aberrants qui font obstacle au libre épanouissement des êtres et les plongent bien souvent dans la misère sexuelle et la déchéance physique ?

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CONFUSIONS D'IDEES ET DE MOTS Autour d'une table, lorsque des hommes parlent entre eux de sujets touchant la sexualité, on entend souvent le père d'un ou de plusieurs enfants lancer à d'autres qui n'ont pas encore de progéniture : "moi, j'ai fait mes preuves ! " Ce qui sous entend : j'ai prouvé que j'étais un homme, j'ai démontré ma virilité. La capacité d'engendrer est-elle vraiment une preuve de virilité ? Evidemment non ; et ce, pour plusieurs raisons. D'une part, ce n'est pas parce qu'on a pu engendrer un jour qu'on peut encore pouvoir le faire ensuite. D'autre part, grâce aux progrès de la médecine, chacun sait qu'un homme impuissant et peu fécond peut parfaitement devenir père. Peuvent même devenir pères, aujourd'hui, des hommes incapables de produire des spermatozoïdes sains et matures. Ces quelques remarques soulignent déjà un défaut de raisonnement chez ceux qui affichent leur paternité comme preuve de leur virilité. Mais surtout, il y a chez eux confusion d'idée entre fécondité et virilité. En quoi consiste donc la virilité ? Les définitions que les dictionnaires en donnent sont aussi nombreuses et diverses que vagues. On peut en déduire à peu près ceci : la virilité se rapporte à l'homme et plus spécialement à celui qui a atteint la maturité. Elle concerne à la fois son caractère (actif, courageux, énergique) et ses capacités physiques (force et puissance sexuelle). Concrètement, voilà à la fois beaucoup de choses et quasi rien. Le dictionnaire Robert, en voulant aller plus loin, s'égare. Il dit en effet : "qui a l'appétit sexuel d'un homme normal." Cela revient par exemple à dire, erronément, qu'un prêtre catholique, parce qu'il refoule ses instincts sexuels, n'est pas viril ! Certains sexologues, tentés par une définition scientifique de la virilité, s'en rapportent aux dosages hormonaux. Mais ils confondent, dans ce cas, virilité et masculinité. En effet, certains homosexuels mâles passifs, qu'un dosage hormonal ne différencie absolument pas de certains hommes très virils, adoptent pourtant des comportements aussi peu virils que possible. D'autres sexologues, plus proches sans doute de la vérité, admettent que si la virilité résulte d'un ensemble de caractères moraux et physiques, elle se traduit cependant -19-

principalement, au niveau sexuel, par la capacité de conserver longtemps une érection. Cette dernière précision est importante puisqu'elle tient compte de la capacité d'un individu masculin à satisfaire -théoriquement- pleinement une partenaire qui, du strict point de vue physiologique, est bien plus lente que lui à atteindre l'orgasme. Ce qui précède montre que la caractéristique la plus importante qui détermine la virilité sexuelle est aussi la plus mal connue, ou du moins celle dont on parle le moins. Il y a d'excellentes raisons à ce silence puisqu'on sait que la durée de l'érection peut varier chez les hommes de quelques instants à plusieurs heures ! Un tel critère de virilité, s'il était systématiquement utilisé, ôterait bien des illusions à certains hommes et montrerait, une fois de plus, que les apparences et les discours sont bien trompeurs. Il faut se méfier des apparences : ce ne sont pas les hommes les plus fortement membrés ou les plus poilus qui sont les plus virils et l'on peut même soupçonner, dans certains cas, qu'une forme d'exhibitionnisme des caractères sexuels secondaires (poils, moustache et barbe) masque, chez certains, une sexualité fort peu triomphante... Voilà donc pour l'extraordinaire confusion qui règne au niveau de mots aussi courants que virilité et fécondité. La sexualité humaine offre cependant, on va le voir, d'autres exemples de confusions aussi étonnantes... Dans le langage commun, l'expression"pédé" désigne aujourd'hui n'importe quel type d'homosexuel. Il y a là encore une grave confusion qui risque d'entraîner de singulières erreurs de jugement. Le mot "homosexuel" désigne en fait tout individu, quel que soit en principe son âge, qui éprouve un attrait sexuel pour des personnes de son sexe ayant atteint plus ou moins son âge ou l'âge adulte. Ce terme peut être également employé au féminin (homosexuelle) bien que dans ce cas on parlera plutôt de "lesbienne". Un adolescent qui s'éprend d'un autre adolescent peut être qualifié d'homosexuel de même qu'un adolescent s'éprenant d'un homme plus âgé. A l'inverse, l'adulte qui s'éprend d'un jeune adolescent est qualifié de pédéraste. D'un enfant, n'ayant pas atteint l'âge de la puberté, on ne dira jamais qu'il est homosexuel pour la simple raison que jusqu'alors ses tendances sexuelles ne sont pas clairement ou nettement établies. Certains sexologues ont tendance à soutenir qu'au moment de la puberté, chacun, et spécialement les garçons, traverse une phase homosexuelle. Cette opinion, largement répandue, est probablement fausse. Elle semble s'appuyer sur des observations correctes qui sont vraisemblablement mal interprétées. En fait, au moment de la puberté, les -20-

adolescent(e)s cherchent à se rassurer sur les changements qui se produisent au niveau de leurs corps. Les garçons, surtout, se tournent tout naturellement vers les jeunes de leur sexe pour tenter d'effectuer des comparaisons susceptibles de les rassurer. C'est durant cette courte période que certains d'entre eux peuvent être amenés à avoir des contacts sexuels plus ou moins complets avec d'autres adolescents de leur âge et de leur sexe. Au lieu d'une phase homosexuelle transitoire, les sexologues devraient plutôt parler, en la circonstance, d'une phase pubertaire de recherche d'identité personnelle au cours de laquelle des contacts homosexuels peuvent se produire en fonction du hasard des rencontres. C'est au cours de cette phase, vis-à-vis de laquelle les éducateurs ne sont certainement pas assez vigilants, qu'une orientation homosexuelle définitive peut se concrétiser. A un moment où il est encore fort ignorant de sa propre sexualité, l'adolescent peut en effet croire ou se laisser persuader qu'il a une orientation réellement homosexuelle. S'il tombe alors sous la coupe d'un véritable homosexuel, mieux informé que lui parce que plus mûr ou plus âgé, il est fort possible qu'il s'écarte alors d'une orientation hétérosexuelle qu'il aurait prise s'il n'avait pas fait cette rencontre. Certaines études d'ordre ethnologique peuvent faire penser que si les jeunes étaient mieux informés par les adultes et s'ils avaient davantage l'occasion de comparer les transformations qui s'opèrent entre eux à la puberté -grâce au nudisme collectif, par exemple- l'inquiétude sexuelle s'estomperait pour une grande part et les contacts apparemment homosexuels diminueraient sans doute dans une grande proportion. Le mot "homosexuel" s'oppose à "hétérosexuel" qui définit l'individu qui éprouve un attrait sexuel pour les êtres de l'autre sexe. On parle souvent à tort de "bisexualité" en désignant ainsi l'attrait indifférencié d'un individu pour des individus des deux sexes. Si cet attrait est réellement indifférent, la bisexualité réelle. Mais, beaucoup plus souvent, on est en présence d'une fausse bisexualité. Ainsi, l'homosexuel masculin qui vit avec une femme par souci des convenances ou par peur du qu'en dira-t-on, n'est jamais un bisexuel vrai. Dans son cas, la femme ne l'attire pas réellement ; elle n'est pour lui qu'un paravent commode. De telles unions sont généralement catastrophiques. Autre cas : l'hétérosexuel masculin qui, à l'occasion, dans certains endroits particuliers comme les saunas ou les hammam, ne repousse pas certaines caresses intimes qui lui sont proposées, mais qui, en d’autres lieux, n'éprouve aucune attirance pour les hommes. Cet homme-là n'est en aucun cas un vrai bisexuel. C'est plutôt un sensuel qui, par largesse d'esprit ou par curiosité, ne dédaigne jamais l'occasion de se livrer à un jeu sexuel anodin. Le mot "pédéraste" vient d'une racine grecque qu'on pourrait traduire par "amoureux des enfants". En fait, ce terme, dont le diminutif a donné "pédé", désigne communément l'adulte masculin qui éprouve un attrait sexuel pour les très jeunes adolescents et qui a, avec eux, des rapports -21-

anaux et bucco-génitaux. De nombreux chapitres des ouvrages de l'écrivain Roger Peyrefitte sont consacrés à ce type de relation sexuelle. Le mot "pédophile" vient également d'une racine grecque que l'on pourrait traduire par "ami ou amoureux des enfants". Pour les experts, ce terme désigne en fait l'homme adulte qui éprouve un vif attrait pour les enfants des deux sexes, non pubères. Cet attrait est certes d'ordre sexuel, mais il reste souvent strictement platonique. Le vieux monsieur, andropausé, qui s'installe dans un parc pour regarder jouer les enfants, leur prodigue souvent une caresse dans les cheveux et leur offre des bonbons, est souvent un pédophile inoffensif qui s'ignore. Il est alors, selon une traduction de la racine grecque qui a forgé le mot pédophile, "l'ami des enfants". Mais cet ami peut fort bien devenir "celui qui en est amoureux", autre traduction possible de la même racine grecque. Cet homme va alors essayer de circonvenir les enfants. Par toute une série d'attentions charmantes, de paroles gentilles et flatteuses, il tentera de les emmener à l'écart ou chez lui. Il leur offrira des cadeaux et s'en fera remercier par des baisers. Lentement, il créera entre eux et lui un climat de privauté particulier et il s'enhardira ensuite à leur faire des caresses intimes. Si les enfants qu'il réussit à circonvenir ont reçu un mode d'éducation qui les rend honteux de raconter ce qu'il se passe entre eux et le "gentil monsieur trop entreprenant", le pédophile usera alors d'une pression psychologique toujours plus grande et toujours plus malsaine pour obtenir de ces enfants ce qu'il voudra. Il en obtiendra peut-être, sur lui-même, des caresses manuelles ou buccogénitales. Plus que certainement, il finira par les pénétrer au moins d'un doigt. Beaucoup plus rarement, si son anatomie le lui permet sans trop infliger des souffrances aux enfants, il finira par avoir de vrais rapports sexuels avec les petites filles ou sodomisera les petits garçons. On le voit, il y a chez les pédophiles toute une hiérarchie dans la gravité de leurs actes, à commencer par les plus anodins pour finir par les plus graves. Fondamentalement, le pédophile n'est pas un sadique. Il aime réellement les enfants et, pour rien au monde, ne voudrait leur faire du mal. Il n'a cependant pas conscience de la réelle portée de ses actes. Sans cesse, il balancera entre les cajoleries et la menace dissimulée : "n'en parle pas à tes parents, ils te puniraient." Toujours il essayera de convaincre les enfants que tout cela n'est que des jeux sans conséquence entre eux et lui, des jeux qu'il faut garder secrets parce que les parents ne peuvent pas comprendre qu'on aime à ce point leurs enfants. Bien sûr, au-delà d'une certaine limite, variable d'un enfant à l'autre, les victimes de tels agissements se rendent compte qu'il ne s'agit pas de jeux anodins. Mais dans la plupart des cas, ces victimes ont déjà trop accepté de choses et elles se taisent par peur des sanctions que leurs parents pourraient leur infliger. Cela explique que certains pédophiles puissent si longtemps abuser d'enfants avant que ceux-ci les dénoncent ou -22-

alertent leurs parents par un comportement anormal à l'égard des adultes. A la suite d'événements tragiques s'étant produits en Belgique (affaire Dutroux), les médias et les braves gens ont tout mélangé. Dutroux était un psychopathe, c’est-à-dire quelqu’un qui s’attaque à n’importe qui pour autant que cela puisse lui fournir un avantage ou du plaisir. Au-delà de la confusion entre ce psychopathe et les pédophiles, on a également confondu les pédophiles avec d'autres pervers, sadiques, qui font souffrir des enfants pour en retirer un plaisir personnel. Si les relations homosexuelles entre adultes consentants ont été dépénalisées dans beaucoup de pays occidentaux, il n'en est pas de même, heureusement, des pratiques pédérastiques ou pédophiliques. Hélas, un gouffre immense existe entre la théorie et la pratique ! Un grand nombre de pédophiles dangereux qui devraient être enfermés à vie ou pour très longtemps dans des instituts spécialisés, se retrouvent souvent en liberté après avoir été condamnés à une peine de prison et avoir bénéficié d'une remise de peine pour "bonne conduite". Or, ces gens-là récidivent toujours, d'autant plus que ce n'est pas en prison qu'on s'occupe beaucoup de leur santé mentale. Il y a là un vrai problème dont les hommes politiques semblent seulement prendre conscience aujourd'hui. Mais quand modifiera-ton complètement le système en écoutant ce que les spécialistes (médecins psychiatres, psychologues, sexologues et criminologues) ont à dire sur le sujet ? Mon but, ici, étant simplement de dénoncer et d'expliquer certaines confusions et méprises touchant la vie sexuelle, je ne m'étendrai pas davantage sur le problème social que posent certaines perversités, voire même, tout simplement, certains comportements sexuels particuliers. Pour en revenir aux confusions qui sont le sujet de ce chapitre, j'aimerais en citer d'autres qui proviennent de l'usage trop généralisé d’un terme mal adapté et trop vague. Le mot "exhibitionniste" fait aussitôt surgir, dans l'esprit, l'image d'un homme qui, devant une femme ou un enfant, ouvre brutalement son imperméable pour montrer son sexe, en érection ou non. Pourtant, le terme "exhibitionnisme" reflète une réalité beaucoup plus floue, beaucoup plus vaste. Essayons d'y voir clair... L'homme à l'imperméable est un malade, un déséquilibré souffrant généralement d'un énorme complexe. Il est de ceux dont l'inquiétude sexuelle relative à la virilité a pris des proportions telles qu'il ne pense plus qu'à affirmer sa masculinité par rapport à une société qui pourrait, croit-il, en douter. En principe, cet homme n'est pas dangereux, en ce sens qu'il n'y a pas à craindre qu'il se précipite sur ses victimes pour les violenter. Son geste (hautement sacralisé dans son esprit) une fois accompli, il s'en va généralement heureux et satisfait pour recommencer un peu plus tard, et ce, -23-

sans fin. Ce type de déséquilibre ne se rencontre que chez les hommes puisqu'il dépend du rapport absurde que font les hommes entre l'apparence de leurs organes génitaux visibles et leur intégration, voire leur acceptation, au sein de la société. Une célébrité comme Madonna, lorsqu'elle posait nue de façon provocante ou lorsqu'elle mimait les gestes du coït dans un clip vidéo, faisait aussi de l'exhibitionnisme ; mais elle n'était pas déséquilibrée pour la cause. Son exhibitionnisme était savamment calculé: il était d’une sorte qui attirait les billets verts ! Certains mannequins ou certaines actrices n'en font plus mystère de nos jours -encore que cela puisse faire partie d'un plan destiné à provoquer dans le but de gagner plus d'argent- : la nudité, devant les objectifs, n'est pas seulement une chose nécessaire professionnellement, c'est avant tout quelque chose qui leur fait plaisir. Quel mal y a-t-il à ce qu'un homme bien fait ou qu'une femme bien roulée prenne plaisir à affirmer sa sensualité en posant ou en tournant, intégralement nu, de façon provocante, devant l'objectif d'un appareil photo ou d'une caméra ? Pour autant que cela s'adresse à un public consentant, chacun y trouve son compte. Pareil spectacle, même s’il est à caractère exhibitionniste, peut non seulement être considéré comme sain, mais pourquoi pas, d'une certaine manière, éducatif. Envisageons à présent le cas des modèles académiques qui posent, nus, devant un peintre, un sculpteur, un photographe ou même une classe entière d'élèves des deux sexes appartenant à une école artistique. Ces gens s'exhibent certes sans honte, mais cependant, le plus souvent, avec beaucoup de retenue dans leurs attitudes. Pour eux, la nudité n'a pas la même signification que pour la plupart des gens. Elle est en quelque sorte transcendée par l'art et n'est plus que l'expression pure de la beauté et de l'esthétique. Qu'on demande à de tels modèles d'adopter des attitudes provocantes et, dans la plupart des cas, ils se sauveront scandalisés. Il en est cependant qui accepteront et qui iront jusqu’à obtenir une forte excitation sexuelle devant l’artiste qui le leur demandera. Là encore il y a de l’exhibitionnisme, mais un exhibitionnisme sain, semblable à celui de l’heureux propriétaire d’une voiture neuve qui la montre à ses voisins pour partager avec eux un plaisir qui est plus intellectuel que physique. Le mannequin qui défile sur un podium en portant toutes sortes de vêtements ou de sous-vêtements s'exhibe aussi. Mais qui condamnerait son narcissisme sous prétexte qu'il est pervers ? Les nudistes s'exhibent aussi à leur façon. Si la plupart d'entre eux aiment à se retrouver en famille, au sein de clubs qui leur sont spécialement réservés, ils dissocient cependant complètement la nudité et la sexualité, cette dernière étant exclusivement réservée pour eux à l'intimité. D'autres -24-

nudistes, plus libérés, adoptent ce mode de vie en dehors des clubs et dissocient complètement la pudeur des sentiments avec la honte du corps et de ses manifestations érotiques. Ceux-là n'hésitent pas à faire l'amour devant témoins, s'ils en ont envie, parce qu'ils considèrent que rien de ce qui est naturel et agréable ne devrait être accompli avec un sentiment de honte. Ils pensent que leur plaisir ne peut qu'encourager au bonheur et à la félicité ceux qui retiendront de ce spectacle un sentiment d'harmonie esthétique et érotique. On le voit, il y a cent raisons de s'exhiber et mille façons de le faire. Le vêtement, d'ailleurs, d'un strict point de vue historique, fut moins créé par les humains pour cacher le corps ou le protéger que pour se différencier des autres en attirant sur soi l'attention. Le vêtement et la mode sont et resteront encore longtemps la meilleure façon de paraître original et "mieux" par rapport à d'autres. A ce titre, nous sommes donc tous peu ou prou exhibitionnistes. Il faut y songer avant de condamner l'exhibitionnisme des uns ou des autres au nom de grands principes moraux ou religieux...

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L'ERECTION

De tous temps, l'érection du pénis a fasciné les humains. Symbole de virilité et de fécondité chez les anciens, elle était considérée comme un véritable bienfait des dieux. Le phallus érigé fut longtemps représenté sur des bas-reliefs ou même sculpté sous forme de monuments et célébré tel un dieu de la fécondité. Porté autour du cou des dames de jadis, il était une amulette porte-bonheur. Planté dans un champ, sous forme de menhir, il était censé y garantir d'excellentes récoltes... Or, autant l'érection a toujours fasciné les humains, autant son mécanisme reste un mystère profond pour la plupart des gens. Etonnant paradoxe. Beaucoup d'hommes pensent que leur pénis est un muscle qui se gonfle et durcit comme n'importe quel muscle soumis à un effort important. Cette idée est si largement répandue que l'usage a fini par imposer l'expression "bander" pour désigner, vulgairement, le fait d'être ou d'entrer en érection. A proprement parler, ce verbe ne saurait se rapporter à autre chose qu'à un effort musculaire : on bande en effet ses muscles pour lancer une flèche à l’aide d’un arc. Le pénis n'a cependant rien de commun avec un muscle et, rien que ceci, permet de mesurer à quel point l'ignorance sexuelle est considérable. Le pénis est principalement formé de deux tubes accolés l'un contre l'autre un peu à la manière des deux canons d'un fusil de chasse. Ces deux tubes, appelés "corps caverneux", sont constitués de cellules capables de se distendre en se gorgeant de sang. Il est aisé de se représenter la manière dont fonctionnent ces deux tubes. Il suffit d'imaginer un tuyau de caoutchouc ou de silicone mince, très souple, fort modérément rempli d'eau. Un tel tuyau peut être plié dans tous les sens sans la moindre difficulté. Tel quel, il donne une excellente image du pénis flaccide. Si on relie un tel tuyau à un robinet d'eau et qu'on ouvre ce dernier, la pression du liquide distend le tuyau qui devient si raide et dur qu'il s'avère désormais quasi impossible de le plier. Voilà, d'une façon imagée, ce qu'il se passe quand le sang afflue -27-

dans les deux corps caverneux du pénis. Il n'est pas difficile de repérer ces deux corps caverneux. Il suffit de presser, du bout des doigts, la partie du pénis en érection qui est opposée à l'abdomen. Là, tout le long de l'axe central reliant le gland aux testicules, les doigts s'enfoncent légèrement en écrasant des tissus mous dont il va être question dans un instant. De part et d'autre de ces tissus mous, deux bords durs sont aisément identifiables: ce sont les bords des deux corps caverneux qui, à l'opposé, du côté de l'abdomen, sont si soudés ensemble qu'il n'est possible que de palper une surface dure semblant être faite d'une seule pièce. Je viens de parler de tissus mous s'écrasant sous les doigts. Tout au long de l'axe vertical reliant le sommet du pénis à sa base, du côté opposé à l'abdomen, apparaît généralement un renflement constitué de tissus mous appelés "corps spongieux". Comme son nom l'indique, cette structure cellulaire peut se gorger d'eau tout en restant souple. Le corps spongieux entoure complètement l'urètre tout au long de la hampe du pénis puis s'étale autour des sommets des corps caverneux pour former un énorme bourgeon qu'on appelle le gland. En pressant ce dernier entre deux doigts, on peut facilement sentir, en dessous, les sommets, durs, des deux corps caverneux qui assurent la rigidité du pénis en érection. A l'état de repos, le pénis est irrigué par le sang sous une faible pression. L'érection se déclenche lorsque cette pression augmente brutalement. Le sang afflue alors dans les corps caverneux qui se distendent et durcissent. La façon dont les corps caverneux sont constitués fait que le pénis, une fois raide, a tendance à se courber. Chez la plupart des hommes, cette courbure reste faible. Chez un petit nombre, elle est assez forte. Chez une infime minorité, elle est inversée par rapport à la normale, de telle sorte que le gland du sexe en érection plonge vers le sol. Les corps caverneux ne prennent pas naissance à la base apparente du pénis, c'est-à-dire au niveau de l'os pubien ; ils s'enfoncent profondément dans le bassin jusqu'à l'anus. En pressant fortement sur la zone qui s'étend entre les testicules et l'anus, un homme en érection peut constater que son pénis se gonfle davantage et se déplace vers la droite ou la gauche selon qu'il presse davantage d'un côté ou de l'autre par rapport à l'axe indiqué par le pénis. Ceci est du au fait que, d'une manière artificielle, davantage de sang est envoyé dans le pénis tandis que les corps caverneux sont déformés. Tout homme attentif aura immédiatement saisi l'opportunité de la chose : il est donc possible d'augmenter le volume du pénis en écrasant la zone dont je viens de parler. Il s'agit là d'une technique amoureuse peu connue. Elle se révèle surtout pratique en position assise ou à genoux. Il suffit alors de coincer un -28-

objet entre les fesses, le poids du corps suffisant à écraser la zone visée. Dans la position à genoux, le talon d'un des pieds peut tout aussi bien réaliser cette opération. Cette technique a néanmoins un gros désavantage : elle empêche que l'éjaculation se fasse normalement. Dans ce cas, il se produit ce qu'on appelle une éjaculation rétrograde, c'est-à-dire que le sperme, incapable de s'échapper par l'urètre, reflue vers la vessie où il se dilue et d'où il sera ensuite évacué lors d'une prochaine miction. Cette manière d'éjaculer se révèle souvent douloureuse, surtout les premières fois. Ensuite, il paraît qu'on peut s'y habituer. Pour éviter cet inconvénient, il suffit toutefois de cesser de comprimer la zone dont j'ai parlé au moment où l'on sent que va se produire l'éjaculation. Pour ce faire, si l'on est assis ou à genoux, il suffit de se redresser légèrement. Il existe une autre méthode pour augmenter le volume du pénis en érection. Elle consiste à glisser autour du pénis flaccide et des testicules un anneau qui, au moment de l'érection, exerce une pression continue sur la base visible du pénis, juste devant le pubis. Ainsi, les vaisseaux par lesquels le sang reflue du pénis se trouvent garrottés et, de façon artificielle, la pression du sang dans le pénis s'en trouve augmentée ce qui a un heureux effet sur le volume du membre. Cette méthode présente cependant le triste inconvénient des garrots : une sclérose des tissus ! Voilà pourquoi je n'hésite pas à la déconseiller formellement. Surtout qu'il existe un moyen tout aussi efficace, bien que nettement moins risqué, pour obtenir le même résultat. Chacun sait qu'un garrot n'est dangereux que s'il est maintenu en permanence d'une façon prolongée. Un garrot intermittent ne présente, en revanche, aucun risque. Or il est très facile d'effectuer un garrottage de ce genre au niveau du pénis : il suffit de presser légèrement, du bout du pouce ou d'un autre doigt, un endroit que tout homme regardant son propre pénis découvrira exactement à la base de son pubis, légèrement à gauche de la racine du membre viril. A cet endroit passe une veine importante qu'il est très facile de "fermer" à l'aide d'une pression minime. Cette pression peut s'effectuer par l'homme en érection comme par la personne avec laquelle il a un rapport sexuel, et ce, aux moments opportuns. J'ai montré que l'érection n'était pas un phénomène musculaire et que, par conséquent, l'expression "bander" est plus que mal choisie puisqu'elle conforte implicitement les hommes dans une erreur largement répandue. Néanmoins, toute une série de muscles interviennent dans le cadre de l'érection et de l'éjaculation. J'ai déjà dit un mot, plus haut, des petits muscles élévateurs des testicules. A la base du pénis, au niveau du pubis, d'autres muscles assurent un certain soutien au pénis. Mais surtout il y a les muscles éjaculateurs, plus ou moins reliés à d'autres, comme par exemple le puissant muscle constricteur de l'anus. L’érection étant produite par un afflux de sang dans les corps caverneux et, dans une moindre mesure, dans le corps spongieux du pénis, -29-

on comprend mieux pourquoi le tabac et le cholestérol peuvent engendrer une perte partielle ou totale de l'érection. S'il advient que les vaisseaux sanguins par lesquels le sang afflue dans les corps caverneux se rétrécissent ou se bouchent, l'érection deviendra moins forte ou ne se produira plus du tout. Voilà peut-être une des causes les moins bien connue, des hommes, de l'impuissance qui menace certains d'entre eux. Quand on pense que la cigarette reste, pour beaucoup, un symbole de virilité... L'impuissance peut avoir bien d'autres causes, physiologiques ou psychologiques. Lorsque les érections nocturnes -forcément involontairespersistent, le médecin spécialiste soupçonne habituellement que son patient est frappé d'une impuissance d'origine psychologique. Dans le cas contraire, il songera plutôt à une cause physiologique. Compte tenu que l'érection n'est pas un phénomène fondamentalement musculaire, il découle évidemment quelle n'est en aucun cas limitée en durée par une prétendue question de fatigue musculaire. Ceci risque d'être une révélation bouleversante pour beaucoup d'hommes et de femmes... De tous temps, on a parlé d'hommes dont l'érection était permanente. Considérés dans les temps jadis comme des êtres bénis des dieux, puis ensuite comme des phénomènes de foire, on sait aujourd'hui que ces hommes -heureusement rares- souffrent d'une anomalie physiologique qu'on nomme le priapisme (du dieu Priape). Néanmoins, il n'est pas anormal, pour un homme, de pouvoir conserver une érection plusieurs heures s'il le désire vraiment. Force est cependant de constater que ces hommes ne sont pas nombreux. Si la durée des érections peut être formidablement prolongée par rapport à la moyenne qui est plutôt faible, il n'en est malheureusement pas de même de la fréquence qui varie nettement avec l'âge et la vigueur sexuelle de chacun. Dans son berceau, non seulement bébé a des érections involontaires, mais il apprend très tôt qu'en se touchant d'une certaine manière il peut déclencher ce phénomène agréable. Certains enfants, plus que d'autres, multiplient ainsi ces caresses afin d'avoir un grand nombre d'érections consécutives. Au moment de l'adolescence, quand surviennent les premières éjaculations, la plupart des garçons adoptent l'habitude de se masturber jusqu'à ce qu'ils éjaculent. Selon les tempéraments, on dénombre alors quelques éjaculations par semaines, une éjaculation par jour ou même plusieurs éjaculations quotidiennes. En dehors des érections volontaires qui précèdent ces éjaculations, on dénombre encore plusieurs érections involontaires tant le jour que la nuit. Avec l'âge, les érections involontaires diminuent, surtout le jour. Elles perdurent cependant longtemps la nuit et surtout le matin, au réveil. Enfin, ce sont les érections volontaires qui se raréfient de plus en plus pour, un jour, devenir exceptionnelles. Ces -30-

phénomènes caractérisent ménopause...

l'andropause,

-31-

pendant

masculin

de

la

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LA MASTURBATION La plupart des gens, et plus particulièrement les hommes, parlent de la masturbation masculine avec dégoût, mépris ou commisération. Il est de bon ton, en effet, dans notre société prétendument moderne et "libérée", de la considérer comme une pratique honteuse et dégradante... A la fin des années 40, quand parut le célèbre rapport statistique Kinsey, il fut établi que presque tous les hommes se masturbaient, y compris ceux qui pouvaient avoir des rapports sexuels complets aussi souvent qu'ils le désiraient. Il fut également établi que les très rares hommes qui ne se masturbaient pas avaient des besoins sexuels extrêmement réduits. C'étaient donc eux qui étaient "hors normes" (a-normaux). La même étude montra enfin que, statistiquement, le pourcentage des masturbateurs croissait en proportion du degré d'instruction des individus. Ainsi, pour la première fois, il fut prouvé scientifiquement que la masturbation masculine n'était en aucun cas une habitude vicieuse frappant les attardés ou les pervers. Pratiquée par des mâles ayant la capacité d'avoir régulièrement des rapports sexuels complets, elle témoignait même plutôt de leur forte vigueur virile. De nombreux sexologues prouvèrent ensuite, de la façon la plus formelle, que la masturbation n'était en rien dangereuse d'un point de vue physique et qu'elle constituait, au contraire, l'exutoire le plus naturel qui soit à certaines tensions. Dès lors, logiquement, la masturbation masculine aurait dû, depuis longtemps, trouver sa place parmi les pratiques sexuelles saines et hygiéniques. Si, d'une manière générale, l'attitude des médecins et des sexologues a évolué favorablement en ce sens, il n'en a rien été, ou presque, au niveau de l'opinion publique. Au nom de la morale et du bon sens (!), les braves gens continuèrent à condamner la masturbation et à brocarder de plus belle ceux qui étaient suspectés de s'y adonner. Aujourd'hui encore, la "sagesse populaire" affirme que la masturbation rend sourd, voire muet et, bien entendu, impuissant ! Ces idées ridicules, héritées d'un autre âge, restent universellement répandues dans notre société dite civilisée. Les spécialistes du comportement animal ont établi que tous les animaux évolués (dont évidemment les singes) se masturbent, qu'ils soient mâles ou femelles. On peut donc tenir pour certain que la masturbation masculine est aussi ancienne que l'apparition de l'homme sur la Terre. Cette activité sexuelle a d'ailleurs été représentée très -33-

tôt dans l'art de toutes les civilisations. Tant dans les oeuvres rupestres les plus frustres que sur les bas-reliefs les plus admirables de l'Antiquité, on peut voir des hommes manipulant leur sexe raide et parfois disproportionné. Des scènes de masturbation en duo ou de fellation ne sont pas rares non plus... A l'aube des temps, les primitifs humains durent considérer la capacité érectile des organes génitaux mâles comme le symbole même de la force virile. Dès qu'ils eurent compris le rapport de cause à effet qui existait entre l'éjaculation et la fécondation des femmes, ils sacralisèrent les organes génitaux mâles et femelles et créèrent successivement un culte et des cérémonies axés sur l'acte sexuel et le pouvoir générateur. En usant d'une logique simpliste dont un grand nombre de nos contemporains ne se sont pas encore départis, nos lointains ancêtres considérèrent que la puissance virile devait être en rapport avec la taille des organes génitaux. D'où ces représentations d'hommes dotés de pénis monstrueux et l'implantation, ici et là, de monuments représentant d'énormes phallus. Dans le cadre des conceptions magico-religieuses touchant à la sexualité, une idée importante s'imposa rapidement : la semence virile étant un don divin, une liqueur sacrée, il fallait éviter de la gaspiller. Certains peuples prirent rapidement des mesures adéquates pour éviter ce gaspillage. Lors de rites très secrets, auxquels les femmes n'étaient pas admises, le sperme des jeunes mâles était recueilli (par masturbation ou fellation) et bu par d'autres mâles. De cette façon, les forces viriles, au lieu d'être perdues, profitaient à d'autres mâles. Ainsi apparut une sorte de pédagogie et d'initiation à une homosexualité sacrée. Pour ces peuples, il paraissait évident que les hommes devaient échanger entre eux leur sperme afin d'éviter de perdre leur virilité. Dans cette perspective, les rapports hétérosexuels finirent par être considérés comme un mal nécessaire à la perpétuation de l'espèce et tout homme perdant inconsidérément son sperme dans de tels rapports passait pour courir un danger d'éfféminisation. Dans d'autres peuples, les esprits les plus religieux considérèrent que toute "perte inutile" de liqueur séminale constituait à la fois un crime social et une faute commise à l'encontre de la loi divine qui n'aurait prévu la reproduction des êtres que dans un but strictement utilitaire. Les plus radicaux estimèrent même que tout acte sexuel, solitaire ou non, réalisé dans le seul but d'obtenir du plaisir ou d'échapper à la nécessaire reproduction de l'espèce, était un acte contre nature et, par conséquent, un grave péché. Ainsi donc, si la masturbation masculine fut condamnée par certains peuples comme un acte contre nature, elle fut au contraire prônée par d'autres comme moyen de récolter la précieuse liqueur qui aidait à forger des hommes vigoureux.

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Entre ces deux opinions extrêmes se place celle qui considérait la masturbation masculine comme une activité quelconque, ni bonne ni mauvaise. Chez les musulmans, par exemple, la doctrine tend à encourager activement les relations sexuelles et, dès lors, la masturbation n'a guère d'importance statistique. Elle est néanmoins permise au fidèle qui voyage seul. Hippocrate, décédé en 375 av. J.C., condamna la masturbation simplement parce qu'à son avis, comme toutes les autres activités sexuelles, elle épuisait l'organisme et dégradait la moelle. A l'inverse, Galien, mort en 199 ap. J.C., conseillait la masturbation au même titre que toutes les activités sexuelles, parce qu'à son avis elle entretenait la santé alors que la continence pouvait entraîner des convulsions et même la folie. Avicenne, mort en 1037, s'appuya sur Galien pour conseiller la masturbation chaque fois que l'union sexuelle n'était pas possible. En 1479, Johann Von Wesel, doyen de la cathédrale de Mayence, dut abjurer ses écrits et fut condamné par le tribunal des hérétiques à être enfermé dans un couvent parce qu'il avait soutenu, en s'appuyant également sur Galien, que les moines pouvaient se servir de la masturbation pour purifier leur organisme d'une semence viciée. Quand bien même y auraient-ils pris du plaisir, avait-il ajouté, cela ne pouvait certes être assimilé à un péché puisque cette purification de l'organisme se faisait dans un soucis de santé. Enfin, au début du XVIème siècle, l'illustre anatomiste Faloppe conseillait aux parents de "se donner quelque mal pour grandir le membre de leur petit garçon étant donné qu'un beau membre est toujours bienvenu." On en était là, dans nos contrées, quand, en 1710, un médecin protestant puritain, Bekkers, de Londres, publia un petit livre intitulé Onania ou l'horrible péché de la masturbation (Onania, or the Heinous Sin of Selfpollution, and its Frightful Consequences in both sexes, Considered, with Spiritual and Physical Advices...). Il y stigmatisait cette pratique sexuelle en affirmant qu'il s'agissait d'un vice propre à entraîner les pires maux : nausées, vomissements, douleurs diverses, paralysie, troubles de la vue et de l'ouïe, affaiblissement de plusieurs organes, perte de mémoire, accès de rage, idiotie, épilepsie, fièvres, etc., l'ensemble pouvant conduire à la folie ou au suicide ! En fait, cet ouvrage n'était pas un traité médical sérieux, mais bien une publicité déguisée pour une "teinture fortifiante" que l'auteur avait lui-même mise au point afin de guérir l'immense majorité de ses contemporains de ce qu'il définissait dès lors comme le "vice solitaire". Les éditions successives (il y en eut 80, tant en Angleterre qu'à l'étranger !) de ce pamphlet publicitaire furent peu à peu augmentées de nombreuses lettres que l'auteur reçut de jeunes gens hypocondriaques trop timides pour lui rendre visite afin d'obtenir sa potion. Bekkers fut le premier qui utilisa le terme "onanisme" pour nommer ce qu'on avait désigné jusque-là, en fonction de l'évolution de la langue : -35-

manustupration, mastupration, puis enfin, masturbation. Pourquoi Bekkers fit-il ce choix ? Tout simplement parce qu'il voulait donner à sa thèse l'apparence d'une vérité révélée par Dieu dans la Bible. Chacun savait en effet confusément qu'Onan avait commis un péché d'ordre sexuel pour lequel Yahvé l'avait mis à mort. Cependant, le péché d'Onan n'avait rien de commun avec la masturbation... Pour bien comprendre le tour de passe-passe de Bekkers, il faut se reporter à la Bible. Au temps où Onan fut censé avoir vécu, les Israélites étaient très préoccupés par la nécessité d'assurer une postérité à chaque homme, tant les guerres, nombreuses, décimaient la population. Dans le cas où un homme marié venait à décéder avant même d'avoir eu une descendance, la coutume prévoyait que l'aîné, parmi les frères du défunt, devait assurer lui-même la descendance du disparu en faisant un enfant à sa belle-soeur. Plus tard, cette coutume fut fixée sous forme d'une prescription religieuse dite du lévirat (de lévir qui signifie beau-frère). Voici ce que stipulait la loi du lévirat : Si des frères demeurent ensemble et que l'un d'eux vienne à mourir sans enfant, la femme du défunt ne se mariera pas en dehors avec un homme d'une famille étrangère. Son lévir viendra à elle, il exercera son lévirat en la prenant pour épouse et le premier-né qu'elle enfantera relèvera le nom de son frère défunt, dont ainsi le nom ne sera pas effacé d'Israël (Deutéronome 25,5 et suiv.). Onan, fils de Juda, se trouva dans ce cas avec Tamar, femme de son frère défunt Er. Juda commanda donc à Onan de remplir son devoir en couchant avec Tamar. Mais Onan qui savait que la postérité qu'il assurerait à Tamar ne serait pas considérée comme sienne, accomplit l'acte sexuel de façon que cette femme ne puisse pas être enceinte de lui : à chaque fois qu'il s'unit à elle, il prit soin de se retirer juste avant d'éjaculer. Cette pratique anticonceptionnelle, courante dans l'Antiquité, et qu'on appelle aujourd'hui le coït interrompu, allait évidement à l'encontre de la prescription religieuse du lévirat. En bonne logique, donc, le Dieu d'Israël punit Onan de mort. Voici ce que la Bible dit à ce sujet : "cependant, Onan savait que la postérité ne serait pas sienne et chaque fois qu'il s'unissait à la femme de son frère, il laissait perdre à terre pour ne pas donner postérité à son frère. Ce qu'il fit déplut à Yahvé qui le fit mourir (Genèse 38, 9 et suiv.). Le péché d'Onan, ou onanisme véritable, est donc le coït interrompu qui fut condamné non pas en tant que vice, mais comme un crime social allant à l'encontre d'une loi divine édictée en vue d'assurer une postérité aussi nombreuse que possible au peuple élu de Dieu et le maintien d'une lignée. En 1758, Simon-André Tissot, médecin à Lausanne, publia en latin puis en français(1764) son Traité de l'onanisme - Dissertation sur les maladies produites par la masturbation. C'était un petit livre qui contenait une grande quantité de témoignages anciens ou contemporains qui tendaient tous à démontrer que la masturbation rendait malade physiquement et -36-

mentalement. Pour Tissot, qui rejoignait en cela Hippocrate, n'importe quelle activité sexuelle était dangereuse car cela se traduisait par une perte d'énergie vitale. De toutes les activités sexuelles, la masturbation était la plus dangereuse puisqu'elle pouvait être souvent répétée et ce, depuis le plus jeune âge. Par son action sans cesse renouvelée, elle détruisait le système nerveux, engendrait la folie et l'imbécillité. Elle épuisait le corps au point que tous les organes étaient atteints et que le cerveau lui-même se desséchait jusqu'à résonner dans la boîte crânienne (!). Dans l'intérêt même de l'espèce humaine, Tissot recommandait donc que la masturbation fut sévèrement réprimée. Il ajoutait encore que pour faire recouvrer des forces à ceux qui avaient été affaiblis par cette effroyable habitude, il convenait de leur faire boire du quinquina... Ce petit ouvrage, rempli de divagations et de témoignages si absurdes qu'on les croirait inventés de toutes pièces, connut un grand nombre d'éditions jusqu'au début de notre siècle. Il fut le détonateur d'une véritable folie collective anti-masturbatoire. En 1764, à l'article "Onanisme" de son Dictionnaire Philosophique, Voltaire cita Bekkers et Tissot puis ironisa au sujet d'Onan en ces termes : "Or il reste à savoir si c'était dans la copulation avec sa femme qu'il trompait ainsi la nature, ou si c'était au moyen de la masturbation qu'il éludait le devoir conjugal ; la Genèse ne nous apprend point cette particularité. Mais aujourd'hui ce qu'on appelle communément le péché d'Onan, c'est l'abus de soi-même avec le secours de la main, vice assez commun aux jeunes garçons et même aux jeunes filles qui ont trop de tempérament." Voltaire mentait en disant qu'Onan évitait le devoir conjugal avec sa femme. Ce n'est pas du tout ce que la Bible, très claire en la circonstance, décrit. Hélas, l'opinion de Voltaire passa dans l'histoire et il se trouve encore aujourd'hui des gens, n'ayant jamais vérifié le texte biblique, pour prétendre ou croire qu'Onan se livrait bel et bien à la masturbation et fut puni en conséquence. En 1836 et 1842, le français Lallemand publia un gros ouvrage en trois volumes intitulé Les pertes séminales involontaires. Disciple de Tissot, ce médecin affirmait que les "pollutions nocturnes" constituaient le symptôme évident d'une maladie grave qu'il nomma spermatorrhée. Selon Lallemand, ces pertes épuisaient complètement le malade qui, à la longue, devenait totalement impuissant puis mourait anémié. On peut aisément imaginer quel effet cette théorie eut sur un grand nombre d'éducateurs, de parents et surtout d'adolescents. Ceux qui avaient été élevés selon les principes de l'idéologie anti-masturbatoire avaient forcément des pollutions nocturnes et se retrouvèrent donc persuadés qu'ils étaient frappés d'une maladie honteuse (car sexuelle) qui finirait par les entraîner dans la mort après les avoir rendus impuissants. Les autres, qui n'avaient pas de pertes séminales involontaires parce qu'ils se masturbaient, étaient par contre avertis qu'ils -37-

iraient en enfer après avoir ruiné leur santé physique et mentale. Pour tous ces prétendus malades ou tous ces prétendus vicieux, il n'existait forcément qu'un remède efficace et sûr : le mariage. Aussi les parents essayaient-ils de marier au plus tôt leurs enfants mâles, "avant qu'il ne soit trop tard", comme on disait alors... Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la folie anti-masturbatoire fit de tels ravages dans le monde de la médecine et de la pédagogie qu'il n'était pas rare que les enfants des internats fussent ligotés, la nuit, dans leurs lits, entravés par des espèces de camisoles de force, ou même qu'on attachât à leur pénis des objets destinés à provoquer de violentes douleurs à la moindre érection. De jeunes garçons furent même infibulés, leur prépuce étant cousu, quasi complètement refermé, par-delà le sommet du gland. Les moyens par lesquels on cherchait à prévenir la masturbation chez les filles n'étaient pas moins révoltants puisque certains médecins recoururent à l'ablation pure et simple du clitoris ou à sa cautérisation par le fer rouge ou des substances chimiques. Ces "remèdes" ne disparurent qu'aux alentours de 1905, grâce aux Trois essais sur la théorie de la sexualité de Freud. La fin du XIXe siècle avait vu paraître le début des remarquables travaux du premier sexologue sérieux : Havelock Ellis. Ce pionnier analysa pour la première fois le comportement sexuel humain à la lumière des témoignages historiques, ethnologiques et médicaux. En s'appuyant sur de telles données, il montra que la masturbation n'était pas un vice et qu'aucune preuve de son danger n'existait. Hélas, les travaux d'Ellis restèrent longtemps réservés à une certaine élite alors qu'un livre écrit par le baron Richard von Krafft Ebing qui parut en 1886, fut un véritable succès littéraire qui toucha une très large couche de la population. Pour ce baron, il n'y avait guère, en matière de sexualité, que des comportements anormaux. C'est pourquoi son livre, intitulé Psychopatia sexualis, se présentait comme une sorte de catalogue d'agressions sexuelles, de meurtres rituels et d'obsessions de toutes sortes dont on devine que les honnêtes gens se délectèrent ! A lire toutes ces horreurs, on ne pouvait être convaincu que d'une chose : supprimer le sexe, sous toutes ses formes, aurait sans doute contribué au bien-être de toute l'humanité ! L'ouvrage du baron von Krafft Ebing fut un désastre pour la sexologie naissante. En effet, toutes les absurdités encore répandues de nos jours à propos de comportements sexuels réputés anormaux y trouvèrent soit un fondement, soit une illusoire confirmation. Pour cet auteur, on l'aura deviné, la masturbation était bel et bien un vice ; et quel vice, puisqu'il conduisait automatiquement à l'homosexualité ! Les heureux travaux de Magnus Hirschfeld, puis de Kinsey et enfin de toute une série de sexologues modernes, ont dédramatisé la question. Les -38-

spécialistes admettent aujourd'hui que la masturbation constitue, dans un premier temps, un excellent apprentissage du coït en ce sens quelle favorise la maturation sexuelle et prépare au contrôle naturel de l'orgasme. La plupart des sexologues l'encouragent comme un moyen de rééducation chez des individus souffrant de certains problèmes sexuels. Elle est aussi le moyen le plus efficace pour canaliser l'énergie sexuelle et obtenir, par des orgasmes puissants et répétés, un bien-être physique et des états de conscience proches de ceux qui caractérisent les extases mystiques. Tout ceci n'empêcha pas l'Eglise catholique romaine de persister à condamner la masturbation qui, selon les principes de la théologie moderne (!) continue d’être considérée comme un vice contre-nature. En 1967, l'abbé Petitmangin publia à Paris un ouvrage préfacé par le Dr Chauchard et qu'il intitula La Masturbation - Etudes clinique, morale et pastorale. Dans les première pages de ce livre, ce prêtre reconnaissait, chiffres et exemples à l'appui, que la masturbation était une pratique universelle qui, dans les temps anciens était même considérée comme parfaitement anodine. Il allait même jusqu'à dire qu'elle était "un fait massif appartenant à la série des grands phénomènes universels et permanents". Or, contre toute logique, après avoir dressé semblable constat, il concluait: "Toutefois, nous aurons à nous mettre en garde contre certaines affirmations tendancieuses en même temps que pseudo-scientifiques qui viseraient à faire considérer la pratique onanistique comme un phénomène normal et naturel. De telles allégations impliquent l'abolition de tout jugement de valeur sur des pratiques soi-disant moralement indifférentes." Et de poursuivre en arguant que s'il ne s'agissait que d'un geste exonérateur que l'on tenterait de justifier par l'hypertension des vésicules séminales, la masturbation n'avait aucune raison scientifique d'être puisque les pollutions nocturnes suffisaient à libérer l'organisme. Oubliée, donc, pour le "bon motif", la prétendue spermatorrhée. Mais rappelé, une fois de plus, le terme "onanistique" ! On pourrait objecter à l'abbé Petitmangin qui se souciait de "raison scientifique", que ses raisonnements relevaient d'affirmations gratuites basés sur des jugements de valeur, lesquels n'ont rien à faire dans une démonstration scientifique qui ne saurait prendre en compte que des faits avérés. La même année, chez l'éditeur catholique Desclée de Brouwer, parut La masturbation chez l'adolescent d'André Alsteens. Dans ce livre, publié avec l'Imprimatur, la masturbation était décrite comme une forme inachevée et imparfaite de la sexualité et l'on mettait en garde contre son habitude qui pouvait, via certains fantasmes, cristalliser toutes sortes de barrières psychologiques vis-à-vis de la sexualité adulte. En langage apparemment savant, l'auteur expliquait que le jeune masturbateur risquait de ne pouvoir jamais se livrer à des activités sexuelles adultes. Ainsi ressuscitait, sous une forme plus subtile, le spectre de la masturbation causant l'impuissance. L'auteur -suprême habileté- ne jugeait plus, ne condamnait plus : il mettait en garde, dans l'intérêt même du masturbateur, -39-

dépeint comme un "adulte en gestation"... En 1975, Paul VI publia sa fameuse Déclaration sur quelques questions d'éthique sexuelle. Il y condamnait la masturbation comme une faute grave faisant perdre à l'homme l'amour de Dieu, et ce, quand bien même il reconnaissait qu'il n'était "pas possible d'apporter des preuves irréfutables que les Saintes Ecritures rejettent expressément ce péché en tant que tel." Ainsi donc, pour la première fois, un pape reconnaissait que la Bible ne contenait aucune condamnation de la masturbation. Néanmoins, il continuait à condamner cette pratique en fonction d'une simple tradition historique. Et cette tradition fut perpétrée par son successeur, Jean-Paul II. N'est-il pas aberrant que l'on condamne une pratique sexuelle en fonction d'une tradition, alors que les études historiques et scientifiques en la matière ont démontré que cette pratique était naturelle, commune à tous les mammifères évolués et semblait constituer le meilleur apprentissage possible d'une vie sexuelle épanouie ?

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CONCLUSION Je pense avoir atteint mon but en dénonçant toutes sortes d’idées fausses qui sont autant d’entraves à de saines activités sexuelles de la part des hommes. Ces entraves rejaillissent bien entendu sur leurs partenaires et, donc, sur l’ensemble de notre société. Au nom de croyances, de superstitions, de traditions et de rites, on continue à condamner les choses les plus saines et les plus naturelles. L’ignorance sexuelle y aide pour une bonne part. Que chacun ose se secouer du joug de cette ignorance, s’informe et réfléchisse aux conséquences évidentes de ce qu’il découvrira ainsi. Tel est mon voeu le plus cher !

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