LE SECRET DES EPREUVES Toute âme doit goûter la mort. Nous vous éprouverons par le mal et par le bien (à titre) de tentation. Et c'est à Nous que vous serez ramenés. (Sourate al-Anbiya, 35)
HARUN YAHYA
TABLE DES MATIERES Introduction Le monde est un lieu d’épreuves Le grand secret Le musulman dans l’adversité Comment les non-croyants réagissent-ils dans l’adversité ? La mise à l’épreuve se prolonge jusqu’à la mort Conclusion
INTRODUCTION Très certainement au cours de votre vie, vous avez dû dépenser de l’énergie et du temps pour obtenir quelque chose. Au lycée, vous avez passé des examens afin d’être accepté à l’université de votre choix. La plupart des jeunes considèrent ces examens comme un tournant de leurs vies, car de leurs résultats dépendront leur avenir. Ils s’y préparent durant des années, quitte à réduire les heures de sommeil et les loisirs. Décidés à entrer dans l’université qu’ils ont choisie, ils restent patients et déterminés. Prenons maintenant l’exemple de ceux dont le but principal est d’avoir une belle maison. Cela demande de solides moyens financiers. Aussi travaillent-ils jour et nuit pour occuper un bon poste, puis gravir les échelons et donc gagner leur vie de mieux en mieux. Enfin, après des années de sacrifice, ils pourront acheter ou construire la maison de leur rêve. Comme le montre ces exemples, il faut travailler dur et avec une grande détermination, longtemps afin de surmonter les obstacles qui nous séparent de notre but. Quant à ceux qui recherchent le pouvoir, l’argent, la position sociale, la gloire ou une carrière particulière, ils devront fournir des efforts importants face aux différents revers de fortune, et comme ils le disent, “donner une part d’eux-mêmes”. Mais nous devons ici considérer un point important : les exemples précédents concernent des plaisirs éphémères de la vie terrestre, qui prendront fin suite aux circonstances ou à la mort de la personne. Un jeune homme brillant et studieux peut très bien mourir d’un accident avant de passer ses examens. De la même manière, les efforts et l’énergie déployés à acheter une maison peuvent se réduire en cendres suite à un incendie. Tous les plaisirs de cette vie terrestre sont transitoires, peu importe l’effort consacré. Mais il existe une vie réelle et authentique de plaisirs éternels, dont on peut jouir pour l’éternité : la vie après la mort pour laquelle les croyants luttent âprement. Ils se rappellent constamment combien elle est, et de loin, bien plus importante que tout. Ainsi, cette vie ici-bas est un “terrain d’épreuves” par lequel les êtres humains doivent passer afin de déterminer quelle sera leur vie éternelle dans l’au-delà. En somme, les êtres humains passent un examen sur terre pour entrer dans la vie suivante. Dans tous les cas, la réponse correcte est la recherche de la satisfaction de Dieu. En fait, la vie n’est rien moins qu’une période transitoire de tests et d’entraînement créée par Dieu pour chaque individu. Tout au long de cette phase, les êtres humains se doivent de méditer sur cette réalité afin de connaître notre Seigneur, obéir à Ses commandements, et chercher Sa satisfaction. Ils ont également la responsabilité de faire preuve de grâce, de patience et de force morale face aux événements qu’ils vont vivre dans ce monde. Seuls les croyants connaissent le grand secret qui réside dans ces épreuves : ils sont satisfaits car ils savent que toute épreuve vient de notre Seigneur et ils prennent par conséquent toutes les situations avec un enthousiasme serein. Ceux qui s’approprient ce secret et vivent en accord avec cette vérité autant cachée que claire, gagneront un trésor éternel. Ce livre annonce ces vérités à ceux qui ne connaissent pas ce secret et qui vivent sans même penser à la réalité. Ce livre leur rappelle donc qu’ils doivent se préparer à un objectif bien plus grand que les choses de ce monde.
Ne l'avons-Nous pas guidé aux deux voies. Or, il ne s'engage pas dans la voie difficile ! Et qui te dira ce qu'est la voie difficile ? C'est délier un joug, ou nourrir, en un jour de famine, un orphelin proche parent ou un pauvre dans le dénouement. Et c'est être, en outre, de ceux qui croient et s'enjoignent mutuellement l'endurance, et s'enjoignent mutuellement la miséricorde. Ceux-là sont les gens de la droite; alors que ceux qui ne croient pas en Nos versets sont les gens de la gauche. Le feu se refermera sur eux. (Sourate al-Balad, 10-20)
LE MONDE EST UN LIEU D’EPREUVES Dieu créa les hommes et tous les êtres vivants dans un but donné comme Il l’explique dans le Coran, guide qu’Il révéla à toute l’humanité : “Croyiez-vous que Nous vous avons créé pour le divertissement et que vous ne retourneriez pas vers Nous?” (Sourate Gafir, 115) et “Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils M'adorent… ” (Sourate ad-Dariyat, 56). En d’autres termes, les hommes furent créés pour servir Dieu. Les êtres humains ont une durée de vie moyenne de 60 à 70 ans. Mais le temps file comme les grains de sable dans le sablier. Chacun demeurera dans ce monde pour une durée connue de Dieu seul, car Dieu crée la destinée que personne ne peut modifier. Toute chose dans ce monde arrivera à son terme le moment venu, car “la vie d'ici-bas ne paraîtra que comme une jouissance éphémère” (Sourate ar-Raad, 26). Toute chose, ici-bas, vieillit, diminue et est vouée à disparaître. Le temps détruit tout, aussi bien les hommes que les choses. Ceux qui s’attachent à cette vie éphémère finiront par tout perdre. C’est pourquoi notre Prophète (pbsl) recommanda de méditer sur la mort et dit : “Ceux qui sont les plus conscients de la mort et s’y préparent, ce sont là les plus sages.”1 Dans ses travaux, le grand savant musulman Bediuzzaman Said Nursi rappelait constamment à ses lecteurs l’aspect temporaire de la vie terrestre et invitait tous les hommes à travailler dur pour atteindre la vie de l’au-delà : Le monde est une maison d’hôte où l’homme ne demeure qu’un court moment. Il est un invité avec de nombreux devoirs et durant sa courte vie il doit préparer toutes les nécessités pour la vie éternelle.2 Bediuzzaman compare la brève vie humaine à une visite temporaire et dans un autre exemple, il dit que “les êtres humains comme les animaux ont été amenés à vivre pour perpétuer leur vie dans le monde.” Il ajoute ensuite : Ô mon âme et mon amie ! Reviens à toi ! Ne dilapide pas le capital et les possibilités de ta vie dans les plaisirs de la chair et dans cette vie éphémère tel un animal ou moins encore. Sinon, bien que cinquante fois supérieur en capital que le plus élevé des animaux, tu tomberas cinquante fois plus bas que le plus vil.3 Les êtres humains sont, en effet, doués de qualités supérieures comme l’intelligence, la conscience et le bon sens. Ainsi, le but de leur création n’est clairement pas la chasse aux plaisirs temporaires de cette vie terrestre courte et imparfaite, mais bien d’atteindre la beauté de l’éternité en recourant à leurs hautes qualités face aux épreuves. Les individus sont éprouvés suivant leurs réactions devant les événements qu’ils rencontrent dans ce monde, et suivant leur caractère moral et leurs intentions. Il ne suffit pas de dire : “Je crois”. La foi doit transparaître dans les actes et dans les mots. Le jour du jugement, toutes les actions, publiques et secrètes, seront révélées et ils devront rendre des comptes détaillés pour chacune d’elle. Aucune injustice ne leur sera faite, car Dieu dit dans le Coran : “Ils ne seront point lésés, fût-ce d'un brin de noyau de datte…” (Sourate an-Nisa, 49). Ceux dont les bonnes actions pèseront lourd dans la balance connaîtront les beautés éternelles du paradis,
tandis que ceux qui auront opté pour le mal trouveront leur récompense dans le châtiment éternel de l’enfer. Dieu a fait de cette courte vie un lieu d’épreuves : Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver et de savoir qui de vous est le meilleur en oeuvre, et c'est Lui le Puissant, le Pardonneur. (Sourate al-Mulk, 2)
Echanger la vie éternelle pour la vie de ce monde L’une des graves erreurs des personnes non-croyantes consiste à considérer ce monde comme perpétuel. Ils ne sont pas conscients d’être testés, aussi se laissent-ils tromper par ses belles choses. Ils croient que ce qu’ils acquièrent est le résultat de leurs efforts et que par conséquent ils se suffisent à eux-mêmes. Dans un environnement non-croyant, l’individu finit par oublier la vie dans l’au-delà et s’affaire autour de choses qu’il estime belles et précieuses. Dans le Coran, Dieu nous parle de la soif pour ces babioles qui emprisonnent les hommes dans ce monde : On a enjolivé aux gens l'amour des choses qu'ils désirent : femmes, enfants, trésors thésaurisés d'or et d'argent, chevaux marqués, bétail et champs; tout cela est l'objet de jouissance pour la vie présente, alors que c'est près de Dieu qu'il y a bon retour. Dis : “Puis-je vous apprendre quelque chose de meilleur que tout cela ? Pour les pieux, il y a, auprès de leur Seigneur, des jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement, et aussi, des épouses purifiées, et l'agrément de Dieu.” Et Dieu est Clairvoyant sur Ses serviteurs, (Sourate al-Imran, 14-15) Comme Dieu l’indique dans ce verset, les hommes ont de nombreux désirs. Pourtant la satisfaction de ces désirs ne leur est d’aucun bénéfice, car leur véritable vie commence dans l’au-delà où ils demeureront pour l’éternité. Dieu explique cette vérité dans les versets suivants : Et propose-leur l'exemple de la vie ici-bas. Elle est semblable à une eau que Nous faisons descendre du ciel; la végétation de la terre se mélange à elle. Puis elle devient de l'herbe desséchée que les vents dispersent. Dieu est certes Puissant en toutes choses ! Les biens et les enfants sont l'ornement de la vie de ce monde. Cependant, les bonnes oeuvres qui persistent ont auprès de ton Seigneur une meilleure récompense et suscitent une belle espérance. (Sourate al-Kahf, 45-46) D’après ce passage, toutes les richesses, les épouses, les apparats, les maisons, la gloire, la carrière et autres choses précieuses ici-bas ne sont rien moins que de brefs amusements, qui disparaîtront à un moment donné. Or nombreux sont ceux qui ne se rendent pas compte de l’aspect transitoire des choses et qui se lancent dans une quête du superlatif : ils désirent davantage de biens matériels, de respect, le conjoint le plus séduisant, devenir le plus reconnu de leur profession… Ils sont si passionnément attachés à toutes ces choses qu’ils en
oublient totalement la vie éternelle. Dans la mesure où pour eux, la mort signifie la destruction, ils ne sont pas préparés à l’autre vie. Comme le dit Bediuzzaman, la mort n’est pas une séparation ni une destruction mais plutôt la fin des épreuves dans ce monde. C’est à ce moment-là que les individus recevront la rétribution de leurs actes : La mort n’est pas terrifiante puisqu’elle semble superficielle. A travers la lumière du sage Coran, dans plusieurs parties de Risale-i Nur nous avons prouvé de manière complètement irréfutable que, la mort soulage les croyants des lourds devoirs de la vie. Pour eux, elle équivaut à un repos du culte qui est l’enseignement et la formation dans l’arène des épreuves de ce monde. Elle est également un moyen de rejoindre les amis et les relations les ayant déjà précédés. Et c’est un moyen d’entrer dans leur véritable patrie et éternelle demeure du bonheur. C’est également une invitation aux jardins du paradis depuis le donjon de ce monde. Et c’est le moment de recevoir le salaire de la munificence du Très Compatissant Créateur en échange des services rendus. Etant donné que telle est la réalité de la mort, elle ne doit pas être perçue comme étant terrifiante, mais plutôt comme l’introduction à la clémence et au bonheur.4 En d’autres termes, croire que ce monde est notre véritable patrie est une grande erreur. Comparée à l’éternité, cette vie ne dure pas même une minute. Ailleurs, Bediuzzaman illustre par un exemple la folie de privilégier le monde ici-bas au détriment du monde à venir : Aussi, il parle d’un futur en comparaison duquel le futur de ce monde est tel un infime mirage. Et il parle très sérieusement d’un bonheur en comparaison duquel tout le bonheur terrestre n’est qu’un éclair devant un soleil éternel.5 Ainsi, contrairement à ceux qui vivent loin de la morale coranique, les musulmans ne se rebellent pas face à la mort. Bien au contraire, ils l’accueillent avec l’ardent espoir de recevoir dans l’autre vie les récompenses pour le bien accompli dans ce monde. Ils vivent dans l’espérance d’entrer au paradis, comblé de beautés. Dieu révèle dans le verset suivant l’état de ceux qui se concentrent uniquement sur l’aspect transitoire de ce monde : Ceux-là ont échangé la bonne direction contre l'égarement et le pardon contre le châtiment. Qu'estce qui leur fera supporter le feu ? (Sourate al-Baqarah, 175) Ces individus qui “ont acheté l’incrédulité au prix de la foi”, ainsi dépeints dans un autre verset, se méprennent grandement. Nous pouvons citer un autre exemple pour mettre en valeur ce qu’ils perdent. Voilà deux individus auxquels l’on donne beaucoup d’argent à dépenser comme bon leur semble. L’un dépense de manière insouciante et se retrouve rapidement sans aucun sous, tandis que l’autre l’utilise de sorte que lui et toute l’humanité en profitent. Lorsque la première personne est appelée à rendre des comptes, que lui reste-t-elle si ce n’est une grande tristesse ? En somme, tous les biens matériels, la culture, la renommée, la beauté et les autres bienfaits accordés aux êtres humains dans ce monde sont autant d’opportunités pour se préparer à l’au-delà. Conscients de ce fait, les croyants se saisissent pleinement de ces opportunités.
Les non-croyants sont comme les individus qui dilapident leur argent. Leur courte vie est menée dans l’insouciance et ensuite ils souffriront d’une grande perte dans la vie éternelle : Dis : “Voulez-vous que Nous vous apprenions lesquels sont les plus grands perdants, en œuvres ? Ceux dont l'effort, dans la vie présente, s'est égaré, alors qu'ils s'imaginent faire le bien. Ceux-là qui ont nié les signes de leur Seigneur, ainsi que Sa rencontre. Leurs actions sont donc vaines”. Nous ne leur assignerons pas de poids au jour de la résurrection. (Sourate al-Kahf, 103-105) Ceux qui attendent davantage de la vie et qui savent que seule la vie future est éternelle, comprennent que les plaisirs terrestres sont éphémères et s’efforcent par conséquent d’atteindre les beautés du paradis. Ils sont tout à fait gagnants dans le pacte qu’ils font avec Dieu : Certes, Dieu a acheté des croyants, leurs vies et leurs biens en échange du paradis. Ils combattent dans le sentier de Dieu : ils tuent et ils se font tuer. C'est une promesse authentique qu'Il a prise sur Luimême dans la Torah, l'Evangile et le Coran. Et qui est plus fidèle que Dieu à son engagement? Réjouissezvous donc de l'échange que vous avez fait. C'est là le très grand succès. (Sourate at-Tawbah, 111)
Dieu éprouve par le bien et par le mal Tous les hommes sont mis à l’épreuve d’une manière ou d’une autre au cours de leur vie. Dieu nous indique que cela peut se faire à travers le bien ou le mal : Et Nous n'avons attribué l'immortalité à nul homme avant toi. Est-ce que si tu meurs, toi, ils seront, eux, éternels ? Toute âme doit goûter la mort. Nous vous éprouverons par le mal et par le bien à titre de tentation. Et c'est à Nous que vous serez ramenés. (Sourate al-Anbiya, 34-35) Les hommes peuvent être éprouvés par toutes sortes de choses. Par exemple, tout en jouissant des bienfaits de l’abondance, ils doivent veiller à maintenir une moralité agréée par Dieu, s’adresser à Lui dans toutes leurs intentions et actions, obéir à Ses commandements et suivre Ses conseils. S’ils se laissent prendre par les plaisirs éphémères de ce monde, la richesse peut leur faire oublier la réalité. Cependant, les croyants sont toujours reconnaissants envers Dieu, quels que soient les bienfaits dont ils jouissent. Les hommes peuvent être éprouvés par la maladie, les cataclysmes, les pressions exercées par les noncroyants, les paroles blessantes, la calomnie, les pièges ou les railleries. Les musulmans conscients de l’épreuve se raccrochent à la patience qui mène finalement au bien. Comme nous l’avons mentionné plus tôt, ils ont conclu un pacte avantageux en échangeant la vie de ce monde contre celle de l’au-delà. Suivant le Coran, “… sachez que vos biens et vos enfants ne sont qu'une épreuve et qu'auprès de Dieu il y a une énorme récompense.” (Sourate al-Anfal, 28) Ils savent que leurs vies et leurs biens appartiennent tous à Dieu, c’est pourquoi ni le gain, ni la perte n’altère leur caractère moral, ni leur point de vue, ni leur fidélité à notre Seigneur. Dieu décrit cette qualité dans plusieurs versets:
Mais le Messager et ceux qui ont cru avec lui ont lutté avec leurs biens et leurs vies. Ceux-là auront les bonnes choses et ce sont eux qui réussiront. Dieu a préparé pour eux des jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour qu'ils y demeurent éternellement. Voilà l'énorme succès ! (Sourate at-Tawbah, 88-89) Les vrais croyants sont seulement ceux qui croient en Dieu et en Son messager, qui par la suite ne doutent point et qui luttent avec leurs biens et leurs vies dans le chemin de Dieu. Ceux-là sont les véridiques. (Sourate al-Hujurat, 15) Nous comprenons à la lecture de ces versets que, dans ce monde, les musulmans doivent multiplier les efforts dans la voie de Dieu pour obtenir Son agrément. Bediuzzaman nous dit que ce monde n’est qu’un lieu de service, que les hommes traversent en étant testés par les joies et les peines, et que la récompense de ceux qui endurent patiemment les frustrations et les douleurs sera immense. Le royaume terrestre est le terrain d’évaluation, la demeure du service. Ce n’est pas un lieu de plaisir, de récompense, ni de vengeance. Puisqu’il s’agit de la demeure du service et d’un lieu de culte, les maladies et les malheurs – tant qu’ils n’affectent pas la croyance et sont endurés patiemment – se conforment pleinement au service et au culte, et les renforcent. Etant donné que chaque heure d’adoration équivaut à un jour, il faut remercier au lieu de se plaindre. L’adoration est, en fait, de deux sortes : positive et négative. Ce que l’on entend par positive est évident. L’adoration négative a lieu quand le croyant affligé par le malheur ou la maladie perçoit ses propres faiblesses et son impuissance, il se tourne alors vers son Soutien Compatissant, cherche refuge auprès de Lui, médite sur Lui, L’implore, et offre ensuite une forme pure d’adoration, sans hypocrisie. S’il endure patiemment, pense à la récompense successive au malheur et offre ses remerciements, alors chaque heure qu’il passe en adoration comptera comme un jour entier. Sa courte vie devient donc très longue. Il existe même des cas où une seule minute compte autant qu’un jour entier d’adoration.6 Il est très important de réfléchir sur ces sages paroles. Les hommes ont la responsabilité de servir Dieu, de se soumettre et de s’attacher à Lui en toutes circonstances. Une manière de montrer son attachement est de faire preuve de patience dans l’adversité et face aux frustrations de ce monde. De plus, les problèmes semblent arriver quand on s’y attend le moins et durent, ou semblent durer, une éternité ; par exemple pour l’homme riche ruiné, la personne aux multiples succès qui connaît l’échec, la personne frappée par la perte d’un être cher, la maladie ou l’handicap. Peu importe le degré d’épreuve, Dieu promet le bien sans fin à Ses serviteurs endurants. Aussi faut-il faire le meilleur usage de chaque instant accordé dans ce monde. Avant de faire ou de dire une chose, le croyant doit s’interroger sur la meilleure voie qui mène à la satisfaction de Dieu. Et surtout, il doit éviter de se laisser emporter par ce monde et d’oublier l’existence d’un au-delà. En bref, il doit éviter de troquer l’éternité contre un plaisir transitoire. Le moyen de bénéficier de la bonté infinie est de se tourner vers Dieu :
Toute âme goûtera la mort. Mais c'est seulement au jour de la résurrection que vous recevrez votre entière rétribution. Quiconque donc est écarté du feu et introduit au paradis a certes réussi. Et la vie présente n'est qu'un objet de jouissance trompeuse. Certes vous serez éprouvés dans vos biens et vos personnes ; et certes vous entendrez de la part de ceux à qui le Livre a été donné avant vous, et de la part des associateurs, beaucoup de propos désagréables. Mais si vous êtes endurants et pieux... voilà bien la meilleure résolution à prendre. (Sourate al-Imran, 185-186)
LE GRAND SECRET Dieu nous dit que les croyants endureront de nombreuses épreuves dans ce monde, aussi bien dans leurs vies personnelles et dans leurs biens que par des pièges tendus par des non-croyants. En d’autres termes, les croyants peuvent connaître l’adversité à chaque étape de leurs vies. Toutefois il importe avant tout qu’ils maintiennent les valeurs morales du Coran même en des temps difficiles, qu’ils se rappellent sans cesse Dieu, qu’ils Le remercient et qu’ils restent confiants. Bien sûr, il est plus facile d’user d’un tel comportement quand tout vous réussi plutôt que lorsque les choses vous dépasse. Mais la force de la foi du musulman réside dans son refus de compromettre son caractère moral. Les musulmans qui endurent patiemment la pauvreté, la faim, la peur, les pertes humaines et matérielles, la maladie, les menaces des non-croyants, la calomnie ou les pièges recevront une meilleure récompense pour leur excellence morale. Le Coran cite des exemples de pièges et de pressions subies par les Prophètes et les pieux compagnons. Pharaon fut en l’occurrence un grand oppresseur de son peuple. Dans le Coran, Dieu dit que c’était là une épreuve de Sa part : Et lorsque Nous vous sauvâmes des hommes de Pharaon, qui vous soumettaient aux plus mauvais tourments : ils égorgeaient vos fils sans pitié et gardaient en vie vos femmes. C'était là une bien grande épreuve de la part de votre Seigneur. (Sourate al-Baqarah, 49) Tout ce que les non-croyants entreprennent pour empêcher le bien est une épreuve pour les croyants. Leur caractère moral inébranlable, leur courage et leur force morale face à ces tests élèveront leur récompense et leur statut au paradis. Dieu nous indique dans les versets suivants quel genre d’épreuves les croyants subiront et la finesse de caractère dont ils feront preuve : Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Et fais la bonne annonce aux endurants, qui disent, quand un malheur les atteint : “Certes nous sommes à Dieu, et c'est à Lui que nous retournerons”. Ceux-là reçoivent des bénédictions de leur Seigneur, ainsi que la miséricorde. Ceux-là sont les biens guidés. (Sourate alBaqarah, 155-157) La confiance et la soumission décrites dans les versets ci-dessus sont un magnifique exemple pour tous les musulmans. Or, les non-croyants ne peuvent comprendre cette confiance patiente, car ils croient que les croyants sont, comme eux, guidés par leurs propres valeurs erronées. Ils s’attendent, par conséquent, à ce que les croyants se laissent entraîner par l’opulence matérielle et que les épreuves les effraient au point d’oublier leur foi. Ils se trompent ! Les musulmans, comprenant le secret derrière l’adversité, savent que la meilleure chose à faire dans ces cas est d’être patient. Les musulmans mettant en pratique les valeurs morales décrites dans le
Coran et s’appliquant à inculquer celles-ci aux autres, voient dans tous ces problèmes un signe de la bonne voie. C’est pourquoi leur enthousiasme, leur joie et leur détermination sont décuplés. Dans le Coran, Dieu parle des lois inaltérées depuis toujours, dont le fait que les croyants rencontreront des difficultés et qu’ils seront opprimés par les non-croyants, sans pour autant que ces derniers ne réussissent dans leurs tentatives : Quand même ils ont bien failli t’obliger par la terreur et la provocation à sortir de cette terre et, dans ce cas, ils n’y seraient restés que très peu de temps après toi. Telle fut la règle appliquée par Nous à Nos messagers que nous avons envoyés avant toi. Et tu ne trouveras pas de changement en Notre règle. (Sourate al-Isra, 76-77) Il s’agit là de l’un des secrets derrière les épreuves de ce monde. Dieu avertit les musulmans de ce qu’ils devront affronter. Il leur révèle également qu’ils ne pourront entrer au paradis qu’à la condition de faire face aux mêmes difficultés que leurs pieux prédécesseurs : Pensez-vous entrer au paradis alors que vous n'avez pas encore subi des épreuves semblables à celles que subirent ceux qui vécurent avant vous ? Misère et maladie les avaient touchés et ils furent secoués jusqu'à ce que le Messager, et avec lui, ceux qui avaient cru, se fussent écriés : “Quand viendra le secours de Dieu ?” Le secours de Dieu est sûrement proche. (Sourate al-Baqarah, 214)
La soumission au destin Un autre secret important réside dans la réalité du destin. Tout musulman sait que Dieu créé toute chose, notamment l’homme et ses parties, en lui allouant sa propre destinée. Il sait aussi que tout ce qui se produit dans le monde, sans exception, a lieu par Sa volonté, comme Dieu rappelle dans le verset suivant : C'est Lui qui détient les clefs de l'Inconnaissable. Nul autre que Lui ne les connaît. Et Il connaît ce qui est dans la terre ferme, comme dans la mer. Il ne tombe pas une feuille sans qu'Il ne le sache. Et pas une graine dans les ténèbres de la terre, rien de frais ou de sec, qui ne soit consigné dans un Livre explicite. (Sourate al-Anam, 59) Personne ne connaît le futur, car chacun est limité par le temps et ne peut évaluer les événements que du point de vue de l’instant où il vit. Ne connaissant pas le futur, il peut donc être difficile d’avoir conscience de la signification ou de l’utilité sur le long terme de ce qui est vécu sur le moment. Mais Dieu, Créateur du temps, existe et voit tout “en dehors du temps”. Cela nous mène à la réalité de la destinée, définie comme la connaissance de Dieu de tous les événements passés et futurs, ainsi que leurs résultats, en un instant. Ainsi Dieu connaît-Il le début et le terme de toutes les épreuves humaines, passées, futures et présentes. A Ses yeux, tout a déjà été accompli. Or, nous ne prenons connaissance de ces événements que lorsque nous les vivons le moment venu.
Les non-croyants ne peuvent pas comprendre cette “science du destin”, et ne peuvent donc pas en être conscients. C’est cette connaissance qui permet aux musulmans de faire preuve de patience face aux situations difficiles. Dieu dit dans le Coran : “Nul malheur n'atteint l'homme que par la permission de Dieu. Et quiconque croit en Dieu, Dieu guide son cœur. Dieu est Omniscient.” (Sourate at-Tagabun, 11), les croyants vivent dans le confort de savoir que ce qui leur arrive est le fruit du destin. Dans Sa clémence, Dieu créa des épreuves variées pour les croyants qu’Il rendit facile à surmonter, à condition qu’ils Lui restent fidèles et qu’ils s’en remettent à Lui. Les musulmans qui croient vraiment et se soumettent réellement à Lui voient une leçon dans les changements constants qui se produisent autour d’eux et ils les attendent avec excitation et gratitude. Tel celui qui est confortablement installé au cinéma devant un film, ils suivent avec une confiance joyeuse le destin préparé pour eux. Parfois les situations sont riches en activité ou effrayantes ; parfois elles sont agréables et apaisantes. Toutefois, dans l’ensemble, la joie et l’enthousiasme de la foi dominent. Même les situations effrayantes sont planifiées et font partie de la science de Dieu et donc sous Son contrôle. Les musulmans qui saisissent la réalité du destin et le secret de ses épreuves voient dans chaque expérience de malheur, de faim ou de pauvreté, une bonne chose et y trouvent un grand plaisir, car ils savent que l’excellence morale dont ils continuent à faire preuve est très précieuse pour Dieu. Cette catégorie de joie est propre aux croyants. Dans l’adversité, les musulmans ne se laissent pas aller à la mélancolie, au stress, à la douleur, à la panique ou à la peur, puisqu’ils savent que Dieu retournera la situation en leur faveur. Dans le Coran, Dieu leur dit : ... Et jamais Dieu ne donnera une voie aux mécréants contre les croyants. (Sourate an-Nisa, 141) Il faut bien comprendre un point ici : Peu importe ce que vit le musulman dans ce monde, peu importe la difficulté ou la frustration, la diminution matérielle ou physique, la maladie ou les blessures, la mort ou les handicaps, ce ne sont pas là de “mauvaises expériences” mais plutôt des évaluations de Dieu. S’il se montre patient au cours de ses évaluations et les réussit, Dieu le récompensera avec une vie éternelle au paradis. Une fois que le musulman sait cela, il souhaite affronter encore plus d’épreuves. Par ailleurs, cet enthousiasme déjoue les pièges des non-croyants et réduit à néant leurs efforts. Quand le non-croyant pense avoir mis à mal un croyant, et qu’il voit la joie et le contentement sincère du croyant, il comprend qu’il ne pourra jamais lui faire de mal. Les paroles des croyants dans l’adversité démontrent leur soumission et leur confiance en Dieu. Nous lisons dans le Coran quelques-unes de ces paroles : “Et qu'aurions-nous à ne pas placer notre confiance en Dieu, alors qu'Il nous a guidés sur les sentiers que nous devions suivre ? Nous endurerons sûrement la persécution que vous nous infligez. Et ceux qui ont confiance en Dieu s'en remettent entièrement à Lui.” Et ceux qui ont mécru dirent à leurs Messagers : “Nous vous expulserons certainement de notre territoire, à moins que vous ne réintégriez notre religion !” Alors, leur Seigneur leur révéla : “Assurément Nous anéantirons les injustes et vous établirons dans le pays après eux. Cela est pour celui qui craint Ma présence et craint Ma menace.” (Sourate Ibrahim, 12-14)
Dis : “Rien ne nous atteindra, en dehors de ce que Dieu a prescrit pour nous. Il est notre Protecteur. C'est en Dieu que les croyants doivent placer leur confiance”. (Sourate at-Tawbah, 51) Une telle attitude est le résultat de la soumission des croyants au destin créé par Dieu. Faire confiance à Dieu et s’en remettre à Lui protège de la peur ou de l’abattement. Ceux qui disent : “Notre Seigneur est Dieu” et qui ensuite se tiennent sur le droit chemin. Ils ne doivent avoir aucune crainte et ne seront point affligés. (Sourate al-Ahqaf, 13) Non, mais quiconque soumet à Dieu son être tout en faisant le bien, aura sa rétribution auprès de son Seigneur. Pour eux, nulle crainte, et ils ne seront point attristés. (Sourate al-Baqarah, 112) En vérité, les bien-aimés de Dieu seront à l'abri de toute crainte. Ils ne seront point affligés. Ceux qui croient et qui craignent Dieu, il y a pour eux une bonne annonce dans la vie d'ici-bas tout comme dans la vie ultime. Il n'y aura pas de changement aux paroles de Dieu. Voilà l'énorme succès ! (Sourate Yunus, 62-64) Dans d’autres versets, Dieu révèle que ceux de Ses serviteurs qui croient et se soumettent à Lui ont un soutien fiable : Et quiconque soumet son être à Dieu, tout en étant bienfaisant, s'accroche réellement à l'anse la plus ferme. La fin de toute chose appartient à Dieu. (Sourate Luqman, 22) Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s'est distingué de l'égarement. Donc, quiconque mécroit aux fausses divinités tandis qu'il croit en Dieu saisit l'anse la plus solide, qui ne peut se briser. Et Dieu est Audient et Omniscient. (Sourate al-Baqarah, 256)
Voir les événements dans la perspective du futur Lorsque les croyants se rendent compte qu’ils sont testés dans ce monde, ils peuvent voir les événements du point de vue de l’avenir. Qu’est-ce que cela signifie ? Quelles que soient les embûches, la situation est temporaire. Il se peut, par exemple, que quelqu’un souffre injustement d’être accusé à tort d’une chose qu’il n’a pas commise. Mais la vérité finira par être révélée. Même si l’injustice ne se termine pas dans ce monde, les instigateurs de l’injustice seront punis pour leurs actes le jour du jugement. De la même manière, les victimes de l’injustice attendent ce jour, où leur patience sera récompensée. A la vitesse où le temps passe, toutes les épreuves disparaîtront en un clin d’œil. Dieu promet d’envoyer la facilité à chaque musulman au terme de l’évaluation :
Avec la difficulté vient, certes, la facilité ! Avec la difficulté vient, certes, la facilité ! (Sourate asSarh, 5-6) Ainsi les croyants, confiants en l’infinie justice de Dieu, comptent sur le soulagement promis et ne perdent jamais espoir. Ils se rappellent que le bien succède à l’épreuve, dans ce monde ou dans le suivant. Voilà ce que signifie « voir les choses dans la perspective du futur ». Les musulmans savent qu’ils sont les observateurs de leur propre destin et de celle des autres. Ils suivent ainsi tout avec patience, confiance et soumission. De plus, ils reconnaissent qu’ils ne peuvent ni interférer, ni empêcher, ni arrêter le déroulement d’un événement. Ils se répètent constamment ces mots : “… Or, il se peut que vous ayez de l'aversion pour une chose alors qu'elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu'elle vous est mauvaise. C'est Dieu qui sait, alors que vous ne savez pas.” (Sourate alBaqarah, 216). Autrement dit, tout ce qui peut arriver de négatif au musulman finit par lui profiter, à condition qu’il reste patient et fidèle à Dieu. Les épreuves lui permettent en effet de s’entraîner, d’approfondir sa foi, d’améliorer son caractère moral, de mûrir spirituellement et intellectuellement et d’élever son statut au paradis. Seuls les croyants sincèrement et entièrement soumis à Dieu connaîtront cet état spirituel. Quant à ceux qui ne se soumettent pas au destin et qui rejettent la religion, ils seront envahis par le désespoir, la peur et l’agitation, incapables de trouver une issue à leurs problèmes. N’ayant aucun espoir ni aucune attente en rapport à l’au-delà, ils vivent dans un état constant de désespoir spirituel et de frustration. Le verset suivant décrit cet état d’esprit : Et puis, quiconque Dieu veut guider, Il lui ouvre la poitrine à l'islam. Et quiconque Il veut égarer, Il rend sa poitrine étroite et gênée, comme s'il s'efforçait de monter au ciel. Ainsi Dieu inflige Sa punition à ceux qui ne croient pas. (Sourate al-Anam, 125) Les non-croyants sont la cause de leur oppressante frustration car ils rejettent la notion de destin créée par Dieu. Le fait que Dieu, dans Sa toute-puissance, dirige le destin de chacun et gouverne tout, est une grande bénédiction pour les musulmans, dont la valeur est inconnue des non-croyants. Ces derniers s’enlisent dans leur frustration jusqu’à leur mort, en punition pour leur manque de confiance en Dieu. Ils s’attirent délibérément ce tourment spirituel : En vérité, Dieu n'est point injuste à l'égard des gens, mais ce sont les gens qui font du tort à euxmêmes. (Sourate Yunus, 44)
LE MUSULMAN DANS L’ADVERSITE La qualité de la foi du musulman et de son caractère moral se révèle dans les temps difficiles. Dans ces circonstances, on peut témoigner de leur excellence morale, leur courage, leur patience, leur confiance, leur perception, leurs valeurs morales, leur tolérance, leur mansuétude, leur sacrifice, leur humanité, leur appréciation, leur conscience et leur calme. “Le musulman dans l’adversité ” fait référence à un individu endurant face aux problèmes, à la frustration et à la privation, faisant preuve des qualités citées ci-dessus. Il ne fait pas de concession avec son caractère moral, embrasse chaque situation avec une grande maturité et une grande confiance en Dieu, comprenant les raisons et le bien derrière chaque problème et exhortant les autres à l’excellence morale. Comme Dieu dit dans le Coran, “Quand ils vous vinrent d'en haut et d'en bas de toutes parts et que les regards étaient troublés, et les cœurs remontaient aux gorges…” (Sourate al-Ahzab, 10), l’adversité correspond aux épreuves sérieuses vécues par les croyants assaillis par le désenchantement. Dans l’esprit de ceux qui sont indifférents à Dieu, les désillusions viennent suite à une catastrophe naturelle, à la perte d’un emploi, la faillite… Pour l’homme pieux, les temps sont difficiles lorsqu’il est privé des nécessités premières et que la déception est bien plus importante que celle connue au quotidien ou lorsque “le cœur remonte à la gorge”, selon les termes du Coran. C’est-à-dire lorsque la maladie frappe, que les problèmes s’enchaînent, que l’on est expulsé de chez soi, de son pays, que l’on est pris au piège, avec sa famille, avec son peuple et que la pression mentale est intense. Dieu fournit des exemples de ce que les Prophètes et les pieux prédécesseurs endurèrent : Pensez-vous entrer au paradis alors que vous n'avez pas encore subi des épreuves semblables à celles que subirent ceux qui vécurent avant vous ? Misère et maladie les avaient touchés et ils furent secoués jusqu'à ce que le Messager, et avec lui, ceux qui avaient cru, se fussent écriés : “Quand viendra le secours de Dieu ?” Le secours de Dieu est sûrement proche. (Sourate al-Baqarah, 214) Dans ce verset, Dieu annonce que tous les hommes subiront des épreuves et Il annonce aux endurants la bonne nouvelle des bienfaits dont ils jouiront pour l’éternité. La distinction entre “les musulmans des moments de douleur” et “les musulmans communs” sera évidente. Les membres du premier groupe répondent au désenchantement ainsi : Quand un malheur les atteint : “Certes nous sommes à Dieu, et c'est à Lui que nous retournerons”. (Sourate al-Baqarah, 156)
La voix de la conscience et la voix de moi inférieur dans l’adversité Confronté aux problèmes, l’individu entend deux voix intérieures. Celle de sa conscience qui l’incite à se comporter selon les attentes de Dieu : dans le sacrifice, le courage et la rectitude morale. Celui qui l’écoute se montre patient et confiant envers Dieu. Quant à la seconde voix, elle appartient au moi inférieur, elle “est très incitatrice au mal” (Sourate Yusuf, 53). Cette voix pousse à la rébellion, l’immoralité, l’égoïsme et la lâcheté, menant celui qui l’écoute à une grande perte et attirant “l’amitié” de Satan. Afin de décrire leur perte, il est nécessaire de savoir comment Satan a acquis son influence sur eux. Nous trouvons ces informations dans le Coran, qui met également en garde contre les pièges de Satan. Quand Dieu créa Adam (psl), Il ordonna aux anges et à Satan de se prosterner devant lui. Les anges obéirent, mais Satan, par fierté, refusa et fut alors expulsé du paradis. Il demanda ensuite à Dieu l’autorisation d’influencer les hommes jusqu’au jour du jugement. Dieu accepta, en lui faisant savoir qu’il n’aurait aucune influence sur Ses pieux serviteurs. Satan jura donc de tromper les êtres humains par toutes sortes de promesses, de duperies et de pièges afin de les écarter du véritable chemin. Ce vœu est repris ainsi dans le Coran : “Puisque Tu m'as mis en erreur, dit satan, je m'assoirai pour eux sur Ton droit chemin, puis je les assaillirai de devant, de derrière, de leur droite et de leur gauche. Et, pour la plupart, Tu ne les trouveras pas reconnaissants.” “Sors de là banni et rejeté ”, dit Dieu. “Quiconque te suit parmi eux... de vous tous, J'emplirai l'enfer”. (Sourate Yusuf, 16-18) Il dit encore : “Vois-Tu ? Celui que Tu as honoré au-dessus de moi, si Tu me donnais du répit jusqu'au jour de la résurrection; j'éprouverai, certes sa descendance, excepté un petit nombre parmi eux”. Et Dieu dit : “Va-t-en ! Quiconque d'entre eux te suivra... votre sanction sera l'enfer, une ample rétribution. Excite, par ta voix, ceux d'entre eux que tu pourras, rassemble contre eux ta cavalerie et ton infanterie, associe-toi à eux dans leurs biens et leurs enfants et fais-leur des promesses”. Or, le diable ne leur fait des promesses qu'en tromperie. (Sourate al-Isra, 62-64) Satan tentera tout pour faire dévier les hommes du droit chemin, les empêcher d’être reconnaissants envers Dieu et de vivre une vie morale. Son meilleur outil pour cela est le recours à la voix du moi inférieur. C’est pourquoi, quand des individus passent par des épreuves, Satan leur fera égoïstement privilégier leurs intérêts au détriment d’options telles que le sacrifice, la compassion ou la miséricorde : Ô gens ! De ce qui existe sur la terre, mangez le licite et le pur; ne suivez point les pas du diable car il est vraiment pour vous un ennemi déclaré. Il ne vous commande que le mal et la turpitude et de dire contre Dieu ce que vous ne savez pas. (Sourate al-Baqarah, 168-69) Pour toutes ces raisons, les musulmans connaissant des difficultés, des frustrations ou des tragédies doivent agir selon ce que leur dicte leur conscience pour ne pas rejoindre les rangs de Satan. S’ils se laissent
tenter par Satan, ils risquent de laisser libre cours à l’égoïsme, l’opportunisme, l’addiction au plaisir, l’hypocrisie et autres tares et de corrompre leur moralité. Les musulmans sincères écoutent leur conscience et suivent toujours la voie du bien. Il est important de montrer de bonnes valeurs morales lorsque “l’affaire est décidée ” : Puis, quand l'affaire est décidée, il serait mieux pour eux certes, de se montrer sincères vis-à-vis de Dieu. (Sourate Muhammad, 21) La plupart des individus savent que la fidélité perdurant au-delà des épreuves est un signe de haute qualité morale et jurent de se montrer fidèles et forts dans une telle situation. Or, une fois dans la situation, leur comportement ne s’accorde pas avec leurs promesses antérieures et à la moindre frustration, leur réaction est négative. Ils deviennent suspicieux, révoltés et exigeants. L’amour et la compassion sont balayés par la colère et la violence. Le fort se détachera du faible et la moralité corrompue apparaîtra, car ceux dont la foi est faible seront trahis par l’angoisse qui les envahit. Ils ne sont alors plus très loin des non-croyants et de leurs activités anti-musulmanes. La valeur du musulman dont la foi est sincère et forte s’en retrouve décuplée. Tous les problèmes rencontrés dans la vie quotidienne sont à la fois une épreuve et un moyen menant à un bonheur comparable au paradis auquel les musulmans aspirent dans l’au-delà. Ils tirent un grand plaisir à comparer les tests avec la facilité et le confort du paradis. Pour le musulman sincère, chaque épreuve est un bienfait qui permet de renforcer l’amour, le respect, l’appréciation des autres musulmans et leur foi. C’est une bénédiction divine riche en bienfaits et en beautés que de prendre le pieux musulman pour exemple. Sans compter l’influence positive sur la foi de ceux qui l’entourent (par la grâce de Dieu) et sur l’admiration, ouverte ou secrète des non-croyants. Celui qui s’imagine qu’un événement est externe au plan du destin, se trouve sous la forte influence de Satan, souvent la cause de ces doutes. Satan se délecte de voir les hommes tomber dans ses pièges. C’est ainsi que certains hommes considèrent qu’un problème apparemment insignifiant est hors de la sphère de la destinée ou au-delà de la miséricorde de Dieu, de Sa science ou de Son intention. Les croyants doivent être conscients de cet égarement et de la nécessité de se soigner s’ils y succombent. Il y a toujours un bien dans des choses apparemment mineures telles que manquer un programme à la télévision ou oublier de commander à manger. Le fait de manquer une émission a peut-être permis d’avoir du temps supplémentaire pour faire une bonne action, penser au bien ou arriver à une idée qui augmente sa capacité à servir Dieu. En somme, le croyant a pu méditer sur Dieu et apprendre plus que ce qu’il aurait appris en regardant la télévision. Oublier de commander le repas ou de faire les courses pour le dîner peut opérer comme un régime. Ceux qui souffrent d’hypertension peuvent voir leur tension baisser s’ils oublient de manger du fromage un jour. En se mettant entre les mains de Dieu, ils augmentent leur mérite à Ses yeux et gagnent Son approbation en s’efforçant de faire de bonnes actions. Faire confiance à Dieu en toute occasion est un moyen pour les croyants d’atteindre l’amour et le contentement. De nombreux autres exemples similaires peuvent être glanés de notre quotidien ; aussi est-il important de comprendre la question et de ne pas l’élider. Tout ce que vivent les hommes, l’important et l’insignifiant, fait partie du destin. Satan suggère que ces petits événements sont des composantes nécessaires de la vie quotidienne et qu’ils n’ont rien à voir avec le destin. Toutefois, les croyants doivent toujours rester prudents et
conscients de ces suggestions. Le simple fait de comprendre et de se rappeler des tentations de Satan, de voir la raison et le bien derrière chaque événement et admettre que tout se produit selon le bon plan de Dieu est une grande bénédiction dans ce monde et dans celui à venir. C’est là une vérité qui apporte sagesse, volonté, confort et contentement à tous les croyants.
La séparation du bien et du mal Dieu créa le bien et le mal, le secours et la douleur, la beauté et la laideur simultanément et en fit des épreuves sur le chemin vers le paradis ou l’enfer. La période d’évaluation au cours de cette vie terrestre sépare clairement le bien du mal, les endurants de ceux qui ont peur d’affronter les problèmes, ceux qui s’opposent activement aux modes de pensées irréligieuses des attentistes, et ceux qui se laissent guider par la voix de leur moi inférieur de ceux qui écoutent plutôt la voie de leur conscience. Le lien étroit entre le bien et le mal s’explique par le fait que la valeur du bien et du mal ne peut être comprise qu’au sein de cette contradiction. Si le mal, la privation ou les tragédies n’existaient pas, nous ne saurions pas ce que vaut le bien. C’est en plaçant le diamant au milieu de pierres ordinaires que sa beauté et son allure ressortent. Une autre explication repose dans le secret des épreuves de ce monde transitoire. Ici-bas, les hommes sont éprouvés par le bien et le mal. Au cours de l’évaluation, la différence de degré entre les deux deviendra évidente, c’est-à-dire que le bien sera séparé d’un côté et le mal de l’autre. Alors que l’ange de la mort prendra l’âme des gens du mal durement, les hommes de bien seront invités à entrer au paradis et à jouir de sa beauté et de ses plaisirs. Dieu dit dans les versets suivants que ces épreuves permettent de distinguer les croyants de ceux dont le cœur est malade : Et tout ce que vous avez subi, le jour où les deux troupes se rencontrèrent, c'est par permission de Dieu afin qu'Il distingue les croyants et les hypocrites. On avait dit à ceux-ci : “Venez combattre dans le sentier de Dieu, ou repoussez l'ennemi”. Ils dirent : “Bien sûr que nous vous suivrions si nous étions sûrs qu'il y aurait une guerre”. Ils étaient, ce jour-là, plus près de la mécréance que de la foi. Ils disaient de leurs bouches ce qui n'était pas dans leurs cœurs. Et Dieu sait fort bien ce qu'ils cachaient. (Sourate alImran, 166-67) Le comportement adopté par les contemporains du Prophète (pbsl), dans les situations difficiles, permettait de différencier les pieux croyants des hypocrites. Bediuzzaman discute en profondeur des difficultés et des tragédies séparant le bien du mal, et donne de très bons et sages conseils sur la question. Quand on l’interroge sur le but de Satan et de sa perversion, il conclut que derrière chaque frustration, privation et méchanceté il y a une explication. La plus importante est la séparation entre la disposition “charbonneuse” et la disposition “diamantaire”. Il recourt à cet exemple pour démontrer que toute difficulté et toute frustration fait ressortir le meilleur de la personne. Les épreuves de ce monde apportent la lumière sur les aspects négatifs de l’individu et sont donc une occasion de les corriger. Prenons l’exemple d’une femme souffrant d’une grave pathologie. Sa maladie
permit de révéler sa timidité, sa faiblesse spirituelle ou autre chose. Dès qu’elle se rendit compte de son défaut, elle y remédia immédiatement. Dans son malheur, elle parvint donc à se débarrasser d’une impureté et à améliorer son caractère moral. Voyons maintenant le cas d’un homme à la réputation bien établie qui fait faillite et recourt à des moyens illégaux pour obtenir de l’argent. Cela montre à quel point l’infortune peut dévoiler les mauvais côtés d’une personne. Si notre homme s’était gardé de commettre un péché et d’entacher son honneur, en dépit de son besoin d’argent, il aurait prouvé sa pureté et sa dévotion. Dans ses Lettres, Beddiuzzaman donne des exemples de sagesse dans des situations où il est fait preuve d’endurance. Il écrit : Ainsi, la création dans l’univers de la perversion, la douleur, des épreuves, du mal et de la souffrance n’est pas mauvaise ou laide ; ces concepts furent créés dans un objectif très important. … dans le monde des êtres humains, l’avancée et le déclin se succèdent sans fin. Il y a une grande distance entre les Nemrods et les Pharaons d’une part et les saints et les Prophètes d’autre part. Alors afin de distinguer les esprits de base de type charbon et les esprits supérieurs de type diamant, la création de Satan ouvrit une arène de lutte, de concurrence et d’épreuves où les Prophètes furent envoyés et dans laquelle le secret de la responsabilité est révélé. S’il n’y avait ni lutte, ni concurrence, les qualités internes au charbon et au diamant demeureraient imperceptibles pour l’homme. L’esprit exalté de Abu Bakr asSiddiq et l’esprit vil de Abu Jahl seraient au même niveau. Cela signifie donc que la création du mal et de la méchanceté n’est pas négative car elle conduit à d’importants résultats.7 Un autre point souligné ici est la valeur des épreuves de ce monde. Si le mal n’existait pas, les qualités du caractère humain ne seraient pas mises en avant, ni l’excellence morale des pieuses personnes ne serait exposée, et par conséquent il n’y aurait pas d’avancées dans le niveau de spiritualité. C’est pourquoi tout ce qui semble mauvais et désagréable aux premiers abords ouvre en réalité un horizon illimité à la maturation du caractère moral, au renforcement et à l’approfondissement de la spiritualité et à l’élévation de son rang et de sa position au paradis. Bediuzzaman écrit que : La religion est un examen, une évaluation proposée par Dieu afin que dans l’arène concurrentielle les esprits élevés et les esprits vils puissent se distinguer. Tout comme les matériaux sont plongés dans le feu pour séparer le diamant du charbon, l’or de la terre, la religion est aussi une mise à l’épreuve de l’homme face à ses obligations envers Dieu et une course à la compétition. Ainsi les joyaux supérieurs de la mine des capacités humaines se séparent des déchets… Le Coran fut révélé dans cette demeure d’examen pour que l’homme se perfectionne à travers les épreuves dans l’arène concurrencielle.8 D’après cette comparaison, les qualités du diamant doivent être séparées des qualités du charbon. Mais puisque cela ne peut se faire que par le feu, les êtres humains doivent traverser de sérieuses mises à l’épreuve à travers les difficultés, les malheurs et d’autres frustrations afin de les débarrasser de leurs défauts et d’illuminer leurs qualités. Bediuzzaman cite un autre exemple : la séparation de l’argent et du cuivre du minerai lorsqu’il est frappé contre une pierre de touche. Dans le processus de séparation, le minerai doit être battu violemment contre la pierre et ensuite passé au tamis. Ainsi on obtient l’argent, le cuivre sans valeur restant de côté. Ce que le savant entend par être “frappé contre la pierre” est d’affronter l’adversité (les problèmes, les malheurs et les autres frustrations) pour révéler sa beauté intérieure. La sévérité des épreuves met en valeur la force de conviction de
la personne ainsi que son caractère moral, son discernement et sa fidélité. Elle permet également la maturation de la foi et de la profondeur spirituelle. En somme, ce processus purge l’excellent caractère du croyant de tout ce qui l’affaiblit, comme pour l’argent. Bediuzzaman écrit : Ensuite ce matin, je compris cela : pour que nous soyons prêts pour cet examen rigoureux, et que nous soyons frappés sur la pierre de touche plusieurs fois pour voir clairement si nous sommes de l’or ou du laiton, et d’être éprouvés injustement en tout, et que nous soyons passés au crible d’un fin tamis trois ou quatre fois afin de voir si nos âmes commandant le mal prennent une part ou nous jouent des ruses, est extrêmement nécessaire à notre service, qui devrait être dédié purement et seulement au nom de la vérité et de la réalité, afin que la détermination divine et la grâce divine le permettent. A être exhibé dans l’épreuve et l’examen face à des ennemis obstinés injustes, tout le monde comprend qu’il n’y a pas de duperie, ni d’égoïsme, ni de malice, ni d’intérêts terrestres ou personnels, ni ceux qui regardent l’audelà, mélangé à notre service, et qui est complètement sincère et relève de la vérité et de la réalité. Si cela était resté caché, on aurait pu lui donner de nombreux sens. La masse des croyants n’aurait pas confiance. Ils auraient dit : “Peut-être ils nous trompent,” et l’élite aussi aurait eu des soupçons. Pensant que “peut-être ils agissent de même que ceux qui se vendent pour acquérir un rang spirituel pour eux-mêmes et pour gagner la confiance”, ils ne se sentiront pas complètement assurés sur la question. Maintenant, après l’examen, même l’individu le plus têtu et le plus obstiné est obligé de se soumettre. Si la difficulté est une, le bénéfice est mille. Avec la volonté de Dieu.9 Dans ces exemples, Bediuzzaman attire l’attention vers d’autres explications de la frustration et du malheur. Les autres individus verront et seront inspirés par l’excellence morale des personnes qui se débarrassent de leurs défauts au fil de leur vécu d’épreuves. La fidélité des musulmans, leurs actes droits et vertueux ressortiront des épreuves sérieuses et l’on comprendra qu’ils n’attendent pas de récompense humaine pour leurs services. Même ceux qui abritent de grands doutes à propos des musulmans devront admettre que chacun de leurs efforts est voué à la recherche de la satisfaction de Dieu et tout le monde attestera ainsi de la pureté de leurs intentions. D’autres reconnaîtront les musulmans pour ce qu’ils subissent de tribulations, confirmant qu’ils sont sur le bon chemin.
Faire preuve de qualités morales au moment des épreuves Au cours d’une journée, tout le monde connaît la fatigue, la faim, la faiblesse, etc. Cela est très naturel. Toutefois, Dieu dit que les musulmans peuvent être choisis pour des tests bien plus difficiles. Le caractère moral des croyants et des non-croyants qui se révèle dans ces situations est très différent. La frustration mène les non-croyants à la rébellion, l’intimidation, l’agressivité, la perte de tout espoir et de toute intégrité. Puisqu’ils ne croient pas en l’au-delà, ils pensent que leurs actes se limitent à ce monde : Et ils dirent : “Il n'y a pour nous que la vie d'ici-bas : nous mourons et nous vivons et seul le temps nous fait périr”. Ils n'ont de cela aucune connaissance : ils ne font qu'émettre des conjectures. (Sourate al-Jathya, 24)
Selon eux, tout arrivera à son terme lorsque ce monde disparaîtra. Par conséquent, ils souhaitent profiter du confort, de la paix de l’esprit, des fruits de leur labeur et de toutes les bonnes choses de ce monde. Ces désirs rendent les moments d’épreuves d’autant plus difficiles. Ils ne sont ni patients, ni confiants, ils ne peuvent pas pardonner, ni donner d’eux-mêmes, ils ne peuvent pas traiter les autres humainement ni avoir le moindre sens de compassion ou de miséricorde. Ne voyant aucun bénéfice dans les problèmes mais la perte, ils tombent dans le désespoir. Mais cette perception est absolument fausse, car la véritable vie éternelle commence seulement après la mort. Le jour du jugement, tout le monde devra rendre pleinement des comptes sur ses actions et chacun recevra sa juste récompense. Ceux qui font preuve de bonnes qualités morales ne souffriront d’aucune perte ; au contraire, leur rétribution sera immense. Chaque bonne parole prononcée, chaque action pieuse effectuée, et chaque preuve de sacrifice, de fidélité, et d’humanité contribueront à la récompense dernière. Les croyants se rappellent le hadith de notre Prophète (pbsl) : “La mauvaise conduite détruit le service rendu à Dieu, tout comme le condiment détruit le miel.”10 et évitent méticuleusement toute mauvaise conduite. En revanche, les individus dépourvus de religion ne sont pas conscients de cette réalité. Les situations difficiles les intimident, car ils nient la notion même d’épreuve dans ce monde. Voici un point dont il faut prendre bonne note : “ Si vous souffrez, lui aussi souffre comme vous souffrez, tandis que vous espérez de Dieu ce qu'il n'espère pas. Dieu est Omniscient et Sage.” (Sourate an-Nisa, 104). Ce verset nous rappelle que le croyant et le non-croyant sont touchés tous deux par les mêmes épreuves. Mais parce que les non-croyants n’ont pas foi en Dieu et qu’ils ne voient pas que Dieu est à l’origine de ces événements, ils ne s’attendent pas à recevoir de la part de Dieu ce que les croyants attendent. Ils restent, en cela, complètement oublieux du véritable sens de la vie. En d’autres termes, la foi en Dieu des croyants les sépare totalement des non-croyants dans l’audelà. Dieu nous dit que les hommes seront éprouvés par la faim et la pauvreté. Quand la faim est une source de frustration pour les non-croyants, pour les musulmans elle est une épreuve au cours de laquelle ils peuvent montrer leur qualité morale et une occasion à ne pas manquer. Dans de tels moments, la soumission à Dieu, la confiance et la patience prennent une grande importance. Ils ne perdent pas non plus espoir, mais voient plutôt le positif dans ce qui les touchent. Voilà les indices de leur réussite à l’examen. Les non-croyants privilégient d’abord leurs propres intérêts et leur confort ; tandis que l’excellence morale du croyant donne toujours la priorité à autrui. Le croyant donne volontiers à un autre croyant le meilleur siège, la meilleure nourriture et le meilleur vêtement. Lorsqu’il fait froid, les musulmans sincères s’occupent toujours de leurs frères musulmans en leur offrant des couvertures et des boissons chaudes, même quand ils souffrent eux-mêmes du froid. Prendre soin d’un ami, de sa santé, de sa sécurité, de son confort et de son bonheur leur procure de la joie. Le plaisir dérivé de ces gestes de sacrifice ne peut en rien être comparé au plaisir de boire soi-même la boisson chaude. Les hommes peuvent exhiber de hautes qualités morales quand tout va bien, au milieu de l’abondance, si leur santé est bonne et que leurs besoins sont satisfaits. Mais une fois la situation dégradée, rester exemplaire dans ses qualités morales ou bien traiter autrui alors qu’on est évité, calomnié ou avili par des mots durs correspond à la réponse du bien face au mal. Un autre exemple de qualité morale est le geste de la personne rassasiée donnant de la nourriture ou celui de la personne ayant chaud donnant un vêtement à celui qui a froid. Ces deux personnes ont une très haute valeur aux yeux de Dieu. Toutefois l’excellence morale dans l’adversité
et face au mauvais traitement est extrêmement importante car elle démontre la force et la sincérité de la foi, de la dévotion et de la vertu supérieure. Ceux qui vivent dans la vertu à l’écoute de leur conscience peuvent entendre leur moi inférieur les pousser constamment vers le mal, suggérant qu’il n’est point aisé d’être vertueux et tentant tout pour les empêcher de l’être. Cette petite voix leur fera craindre d’avoir froid s’ils donnent un pull-over ou d’avoir faim s’ils donnent leur repas. C’est là une des tactiques de Satan, car il utilise la peur de la pauvreté pour empêcher les croyants de soutenir les pauvres : Ô les croyants ! Dépensez des meilleures choses que vous avez gagnées et des récoltes que Nous avons fait sortir de la terre pour vous. Et ne vous tournez pas vers ce qui est vil pour en faire dépense. Ne donnez pas ce que vous-mêmes n'accepteriez qu'en fermant les yeux ! Et sachez que Dieu n'a besoin de rien et qu'Il est digne de louange. Le diable vous fait craindre l'indigence et vous recommande des actions honteuses; tandis que Dieu vous promet pardon et faveur venant de Lui. La grâce de Dieu est immense et Il est Omniscient. (Sourate al-Baqarah, 267-68) Ce passage se poursuit avec l’échec des tours de Satan et l’annonce de la bonne nouvelle de la satisfaction de Dieu pour les êtres humains. En échange de leur caractère moral, Dieu les autorise à connaître le bonheur spirituel en rien comparable au plaisir terrestre. Il n’y a pas de limite à la joie provenant du sacrifice, de la patience, de la fidélité, de la générosité, de l’humanité et de la foi. Dans un verset, Dieu loue l’excellence morale des croyants qui accueillirent avec empressement et joie les autres musulmans ayant quitté leur pays, pourvoyant à leurs besoins alors qu’eux-mêmes étaient dans le besoin : Il appartient également à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent dans leurs cœurs aucune envie pour ce que ces immigrés ont reçu, et qui les préfèrent à eux-mêmes, même s'il y a pénurie chez eux. Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent. (Sourate al-Hasr, 9) Dieu décrit également les récompenses de ceux travaillant dans Sa voie ayant subi l’épreuve de la soif, de la fatigue et de la faim : Il n'appartient pas aux habitants de Médine, ni aux Bédouins qui sont autour d'eux, de traîner loin derrière le Messager de Dieu, ni de préférer leur propre vie à la sienne. Car ils n'éprouveront ni soif, ni fatigue, ni faim dans le sentier de Dieu, ils ne fouleront aucune terre en provoquant la colère des infidèles, et n'obtiendront aucun avantage sur un ennemi, sans qu'il ne leur soit écrit pour cela une bonne action. En vérité Dieu ne laisse pas perdre la récompense des bienfaiteurs. (Sourate at-Tawbah, 120) Toute épreuve subie par le musulman sur la voie de Dieu est en réalité une bonne action. Dans la mesure où tous les hommes furent créés pour servir Dieu et pour accomplir de bonnes actions, ils recevront la récompense parfaite pour leur patience et leur moralité et ne souffriront d’aucune injustice.
Il en va de même pour la maladie et les autres souffrances. Les croyants savent que seul Dieu les rétribuera et que ce monde n’est que temporaire. C’est pourquoi, leur discernement, leur décision et leur fermeté restent inébranlables. Ils lisent, en effet, dans le Coran que Dieu leur donnera la force spirituelle et soutiendra les croyants oeuvrant pour Lui. La connaissance du secret des épreuves terrestres apporte un grand sentiment de facilité face à l’adversité. Lorsqu’on sait que tout ce qui se produit est une épreuve, on n’est ni malheureux, ni frustré, ni déprimé, ni désespéré, ni effrayé, ni soucieux.
La force qui soutient les croyants La force de caractère ardente et joyeuse des croyants face aux problèmes est une chose que ceux qui ne croient pas en la puissance suprême de Dieu ne peuvent pas comprendre. Les non-croyants, suspicieux, s’interrogent sur la force qui pousse ces hommes. Car de par leur incrédulité, ils ne peuvent s’imaginer que seul Dieu peut envoyer son soutien. Selon eux, ce sont les moyens matériels et les amis qui confèrent la puissance. Ils observent les croyants, à la recherche de la source matérielle responsable de leur force. Or cette force provient de la foi du croyant en la destinée et l’au-delà, ainsi que leur confiance et leur soumission à Dieu. Les vies des Prophètes et d’autres pieux croyants contiennent des exemples explicites de la force issue de cette confiance. Dieu donne l’exemple significatif des magiciens de Pharaon restés fermes malgré les tentatives d’intimidation de Pharaon par la torture et la mort afin de les empêcher de suivre le message apporté par le Prophète Moise (psl). La réaction des magiciens lui prouva qu’ils craignaient Dieu seul et qu’ils s’en remettaient à Lui dans l’adversité. En dépit de toutes ses menaces, les magiciens dirent à Pharaon qu’ils resteraient fermement dans la voie de la soumission et confiants en Dieu : Alors Pharaon dit : “Avez-vous cru en lui avant que je ne vous y autorise ? C'est lui votre chef qui vous a enseigné la magie. Je vous ferai sûrement couper mains et jambes opposées et vous ferai crucifier aux troncs des palmiers, et vous saurez, avec certitude, qui de nous est plus fort en châtiment et qui est le plus durable”. “Par celui qui nous a créés, dirent-ils, nous ne te préférerons jamais à ce qui nous est parvenu comme preuves évidentes. Décrète donc ce que tu as à décréter. Tes décrets ne touchent que cette présente vie. Nous croyons en notre Seigneur, afin qu'Il nous pardonne nos fautes ainsi que la magie à laquelle tu nous as contraints”. Et Dieu est meilleur et éternel. (Sourate Ta-Ha, 71-73) Les menaces de Pharaon empêchèrent certaines personnes de croire en Dieu, et en cela ils souffrirent d’une grande perte. Mais de pieux jeunes gens craignant le pouvoir de Dieu seul eurent foi en Lui et suivirent le chemin que le Prophète Moise (psl) leur montrait, l’oppression et les attaques de Pharaon ne les dissuadant en rien :
Personne ne crut au message de Moïse, sauf un groupe de jeunes gens de son peuple, par crainte de représailles de Pharaon et de leurs notables. En vérité, Pharaon fut certes superbe sur terre et il fut du nombre des extravagants. (Sourate Yunus, 83) A l’image de ces jeunes gens qui eurent foi en Moïse (psl), tous les croyants firent preuve d’une égale confiance et de courage quand ils furent confrontés à l’hostilité de la société ou à des problèmes sérieux. Et quand les croyants virent les coalisés, ils dirent : “Voilà ce que Dieu et Son Messager nous avaient promis. Et Dieu et Son Messager disaient la vérité”. Et cela ne fit que croître leur foi et leur soumission. (Sourate al-Ahzab, 22)
L’obéissance méticuleuse à Dieu par les temps difficiles Les musulmans pieux se distinguent notablement des autres par leur attention aux commandements et aux recommandations de Dieu. Aucune difficulté, ni frustration, ni restriction n’affecte leur résolution à y obéir, ni ne les conduit à faire des compromis au niveau de leur moralité. Quel que soit le degré de besoin ou d’ennui, ils ne s’engageront jamais dans ce que Dieu interdit. Dans des moments tourmentés de maladie, d’indigence, d’échec ou d’oppression, ils ne compromettront pas leur honnêteté et leur sincérité. Comme mentionné plus haut, Satan souhaite détourner les êtres humains de la vraie voie et s’adresse à eux au travers de la voix négative du moi inférieur. Il les incite ainsi à faire ce que Dieu interdit et les empêche de faire ce que Dieu approuve. La voix intérieure négative travaille toujours dans ce sens, suggérant continuellement le mal. C’est ainsi qu’elle tente d’empêcher les individus de se lever pour les prières. Elle les rend étourdis, amorphes, ils ne se sentent pas dans leur assiette. Elle essaie continuellement de leur faire oublier le sens de leur vie. Satan leur inspire des questions telles que : “Quelle sera la différence si je ne me lève pas juste pour aujourd’hui ?” Mais les croyants ne se laissent pas berner par cette voix négative. Ils se lèvent chaque matin avec une avide détermination à effectuer leurs prières, se rappelant que c’est là la voie de la véritable beauté et du salut. Malgré le fait que Dieu recommande cet acte d’adoration, cette voix négative trouve toutes les excuses pour faire paraître le jeûne difficile, la faim et la soif insurmontables. S’ils jeûnent, cette voix les fait douter sur leur capacité à jeûner. Mais les musulmans dévoués jeûnent avec détermination malgré la pression insistante du moi inférieur. Ils espèrent la récompense de notre Seigneur pour la faim, la soif et la fatigue endurées en Sa faveur. Cela leur procure un grand plaisir. Dans des situations où gagner de l’argent illégalement est perçu comme légitime, cette voix intérieure suggère qu’il est aisé de gagner cet argent et que tout le monde en fait de même. Or, le musulman, même s’il est dans le plus grand besoin et si la voix intérieure lui met une énorme pression, ne s’abaisse jamais à commettre ce qu’il estime répréhensible. Il ne toucherait jamais à de l’argent obtenu illégalement, et ne jouirait jamais d’une nourriture achetée avec de l’argent sale, peu importe s’il est affamé. Le fait même de se retrouver dans une telle situation le mettrait mal à l’aise. Il n’oserait jamais justifier un mauvais comportement par le besoin,
puisqu’il sait qu’il faut soigneusement éviter ce que Dieu interdit. Il met en pratique ces principes avec un sens intérieur de bien-être et de sincérité. Les musulmans soucieux de se comporter de manière concordante avec le plaisir de Dieu sont désignés ainsi dans le Coran : “ceux qui s’incitent mutuellement à faire le bien.” Dans leurs efforts à atteindre le paradis promis par Dieu, les musulmans vivent dans la paix et le bien-être en donnant de tout à tout moment, et en restant patients dans les épreuves. S’ils ont des amis dans le besoin, ils se lèvent un matin, après une nuit blanche, et vont leur faire plaisir en pourvoyant à leurs besoins. La plupart du temps, les bénéficiaires de tels gestes ne savent pas qui en sont les auteurs. Ces derniers, satisfaits de leur conduite morale, ne divulgueront jamais s’ils eurent du mal à faire leur bonne action. Dieu dit que les musulmans ont un profond plaisir à vivre selon les valeurs morales du Coran et réprouvent le comportement contraire : … Mais Dieu vous a fait aimer la foi et l'a embellie dans vos cœurs et vous a fait détester la mécréance, la perversité et la désobéissance. Ceux-là sont les bien dirigés, c'est là en effet une grâce de Dieu et un bienfait. Dieu est Omniscient et Sage. (Sourate al-Hujurat, 7-8) Mais malgré tout, Satan tente de faire passer les activités illicites pour licites en montrant que ceux qui font le mal sont la majorité. Un grand nombre d’individus prennent de l’argent sale, ne prennent pas garde à ce qui est autorisé ou non et transgressent les principes coraniques. C’est pourquoi Satan intime l’idée irrationnelle selon laquelle la majorité a raison et que son comportement est sensé. Or, Dieu dit que les malfaisants ne sont pas sur le droit chemin, quand bien même ils sont majoritaires : “Si tu obéis à la majorité de ceux qui sont sur la terre, ils t'égareront du sentier de Dieu : ils ne suivent que la conjecture et ne basent sur aucune logique.” (Sourate al-Anam, 116). Au contraire, Dieu nous dit que seule une petite communauté d’hommes a la foi et que justement la majorité est sur la mauvaise voie. C’est pour cette raison que Satan ne peut tromper les croyants, mais simplement influencer ceux dont la foi est faible, dont l’esprit est sujet au doute et à l’appréhension et qui rejettent ouvertement Dieu. L’attention des pieux musulmans provient de leur foi en Dieu et de la détermination inébranlable que cette foi apporte, ainsi que de leur excellente morale. Les musulmans sont conscients que le bon comportement est fait d’actes défiants la voix du moi inférieur. Ainsi quand le musulman se montre généreux, fidèle, patient, pieux, son ego est écœuré. De façon plus conséquente, il en résulte un bien spirituel et matériel. Vivre dans ce monde et dans le monde à venir dans un état de contentement avec les récompenses de la pureté morale vaut bien mieux que d’acquérir toutes les choses de ce monde et de satisfaire son ego. Par exemple, les personnes refusant d’écouter les paroles persuasives de leur moi inférieur à propos d’une relation illégitime, préférant attendre leur récompense dans l’au-delà, jouiront d’honneur et de vertu dans ce monde. De la même manière, le musulman qui s’affame et se fatigue pour venir en aide à un ami musulman cher, oubliant les difficultés conséquentes, sera joyeux dans l’espoir de satisfaire Dieu. Les musulmans disposant de ces qualités morales raffinées, louées par Dieu dans le Coran, s’attirent également l’amour et le respect des croyants. S’ils travaillent dur pour la cause de Dieu et affrontent volontiers les obstacles, s’ils agissent avec un dévouement inlassable pour une juste cause, sans crainte de la confrontation,
et s’ils sont prêts au sacrifice, l’amour et le respect des autres à leur égard décupleront. Dans le Coran, Dieu fait référence à ceux qui vivent selon Ses valeurs morales : “Seront écartés de l’enfer ceux à qui étaient précédemment promises de belles récompenses de Notre part.” (Sourate al-Anbiya, 101) et Il nous conte leurs qualités physiques et morales.
Les musulmans sont de véritables amis dans les moments de besoin Il existe un dicton répandu parmi les non-croyants: c’est dans l’adversité que l’on reconnaît ses amis. C’est la juste expression pour qualifier l’idée commune selon laquelle on ne peut trouver un véritable ami quand on en a besoin. Néanmoins, l’amitié et la fidélité sont essentielles dans la vie d’un individu, car que l’on connaisse des difficultés financières ou la maladie, ou que l’on ait besoin de soutien psychologique, un ami – croyant – proche à ses côtés est une véritable aide. Dans la mesure où toutes les relations dans les communautés non religieuses sont basées sur l’opportunisme, les non-croyants ne peuvent jamais espérer trouver un ami sincère. C’est seulement lorsqu’ils ont des ennuis qu’ils découvrent le véritable visage de ceux qu’ils prenaient pour des amis. Leurs prétendus amis créent parfois même de nouveaux problèmes lorsqu’ils vivent des temps difficiles. Ils se sentent délaissés, abandonnés, sans aucun secours. La personne riche, conduisant une grosse cylindrée et déjeunant dans des restaurants étoilés, a généralement un large cercle d’amis, voire d’amis proches. Mais dès qu’elle perd son emploi et devient ellemême un simple salarié, qu’adviendra-t-il de ses relations ? Son cercle d’amis lui témoignera-t-il la même amitié ? Sera-t-elle traitée avec le même intérêt, le même respect et la même affection que lorsqu’elle était riche ? Comment sera-t-elle traitée si elle est vêtue modestement, dépense son argent parcimonieusement et n’invite plus ses amis à dîner ? Clairement, elle ne recevra plus la même attention. Ceux qu’elle pensait être des amis lui tourneront le dos. Quand ils la croiseront, ils feront comme s’ils ne la voyaient pas ou pire, la ridiculiseront. Dans les faits, la personne n’a pas changé, si ce n’est dans son allure. Parce que ses amis d’antan se fient aux apparences extérieures, ils l’abandonnent à elle-même. Prenons l’exemple d’un couple marié. L’homme et la femme promettent de rester ensemble dans les bons et les mauvais moments. Mais qu’en est-il lorsque la femme devient paralysée suite à un accident et ne peut plus par conséquent marcher ou faire quoique ce soit elle-même. Que fera son époux ? Peut-être restera-t-il auprès d’elle pendant un temps tâchant de l’aider. Cependant quand il se rendra compte que la situation est permanente et qu’il n’en tirera aucun bénéfice, soudainement tout change. Cet exemple illustre comment les non-croyants considèrent la fidélité, la loyauté et l’amitié : quand le profit disparaît, le lien se rompt. Quant à ceux qui restent auprès de leur épouse, ils le font par crainte de ce que peuvent dire leurs amis et non par amour ou compassion. A la surface, ils semblent dévoués et fidèles, mais ils ne ressentent aucune empathie pour leur conjoint quand elle en a le plus besoin. Une autre attitude est typique des sociétés non-croyantes dénuées des valeurs coraniques : celle des jeunes gens à l’égard de leurs parents âgés. Pendant des années, ces derniers ont pourvu à leurs moindres besoins ; or lorsque les parents vieillissent et qu’ils deviennent dépendants, leurs enfants ne font pas preuve de la même attention. Leurs parents, une fois âgés, les gênent ; aussi les placent-ils dans une maison de retraite.
En revanche, les musulmans témoignent la même fidélité dans leur traitement des membres de la famille. Ils nourrissent leurs parents sans parfois manger eux-mêmes, et prendront soin du moindre de leurs besoins. Dieu explique comment les musulmans doivent se comporter envers leurs parents : Ton Seigneur en a décidé ainsi : que vous n’adoriez que Lui et de traiter les deux géniteurs (père et mère) avec bienveillance. Si l'un d'eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi, alors ne leur dis point : "ouf !". Et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses. ” (Sourate alIsra, 23) En d’autres termes, les musulmans ne se plaindront pas des croyants dans le besoin, au contraire ils les aideront selon leurs moyens, humainement et dans un bon sentiment. La véritable amitié, la sincère fidélité et loyauté se partagent entre les musulmans pieux. Les musulmans sont les amis, les défenseurs, et les soutiens les uns des autres. Contraints par leur moralité à considérer le bien et le bien-être de leurs amis, même dans les situations les plus désespérées, ils font de leur mieux pour répondre aux besoins de leurs amis avant les leurs et tirent un grand plaisir de leur sacrifice. Quand leurs amis sont malades ou ont des soucis financiers, ils les aident volontiers avant même d’être sollicités. Ils ne peuvent rester insensibles à l’injustice ou à l’indigence qui frappent leurs amis. Dieu parle dans le Coran des véritables amis des croyants : Vous n'avez d'autres alliés que Dieu, Son Messager et les croyants qui accomplissent la salat, s'acquittent de la zakat, et s'inclinent devant Dieu. (Sourate al-Maidah, 55) Ceux qui ont cru, émigré et lutté de leurs biens et de leurs vies dans le sentier de Dieu, ainsi que ceux qui leur ont donné refuge et secours, ceux-là sont alliés les uns des autres. Quant à ceux qui ont cru et n'ont pas émigré, vous ne serez pas liés à eux, jusqu'à ce qu'ils émigrent. Et s'ils vous demandent secours au nom de la religion, à vous alors de leur porter secours, mais pas contre un peuple auquel vous êtes liés par un pacte. Et Dieu observe bien ce que vous oeuvrez. (Sourate al-Anfal, 72)
Avec la difficulté vient la facilité Depuis le début, nous avons évoqué les différents problèmes et frustrations par lesquels Dieu met à l’épreuve les croyants et révèle leur supériorité morale dans de telles situations. Nous avons également discuté du bien-être, de l’empressement et des sentiments d’amour et de respect que les croyants éprouvent lorsqu’ils agissent en accord avec leurs valeurs morales. Soulignons également qu’avec chaque épreuve, Dieu envoie aussi le bien et le soulagement à Ses serviteurs fidèles. Dans le Coran, Dieu mentionne cette promesse : Avec la difficulté vient la facilité ; avec la difficulté vient la facilité ! (Sourate as-Sarh, 5-6) ... Dieu veut pour vous la facilité... (Sourate al-Baqarah, 185)
Nous te mettrons sur la voie la plus facile. (Sourate al-Ala, 8) ... Quiconque craint Dieu cependant, Il lui facilite les choses. Tel est le commandement de Dieu qu'Il a fait descendre vers vous. Quiconque craint Dieu cependant, il lui efface ses fautes et lui accorde une grosse récompense… (Sourate at-Talaq, 4-5) Que celui qui est aisé dépense de sa fortune et que celui dont les biens sont restreints dépense selon ce que Dieu lui a accordé. Dieu n'impose à personne que selon ce qu'Il lui a donné. Dieu fera succéder l'aisance à la gêne. (Sourate at-Talaq, 65 : 7) Celui qui donne et craint Dieu et déclare véridique la plus belle récompense, Nous lui faciliterons la voie au plus grand bonheur. Et quant à celui qui est avare, se dispense de l'adoration de Dieu, et traite de mensonge la plus belle récompense, Nous lui faciliterons la voie à la plus grande difficulté. A rien ne lui serviront ses richesses quand il sera jeté (au feu). (Sourate al-Layl, 5-11) Comme indiqué dans ces versets, Dieu soulage les croyants qui oeuvrent dans l’adversité et leur envoie un secours de Sa part, par l'intermédiaire des anges, cela dans le but de les encourager par de bonnes nouvelles. Dieu vous a donné la victoire, à Badr, alors que vous étiez insignifiants. Craignez Dieu donc. Afin que vous soyez reconnaissants ! Dieu vous a bien donné la victoire lorsque tu disais aux croyants : “Ne vous suffit-il pas que votre Seigneur vous fasse descendre en aide trois milliers d'anges” ? Mais oui ! Si vous êtes endurants et pieux, et qu'ils vous assaillent immédiatement, votre Seigneur vous enverra en renfort cinq mille anges marqués distinctement. Et Dieu ne le fit que pour vous annoncer une bonne nouvelle, et pour que vos cœurs s'en rassurent. La victoire ne peut venir que de Dieu, le Puissant, le Sage; pour anéantir une partie des mécréants ou pour les humilier par la défaite et qu'ils en retournent donc déçus. (Sourate al-Imran, 123-27) En plus de l’appui des anges, Dieu défend également les croyants grâce à une armée invisible et leur accorde un sentiment de sécurité et de bien-être. Nous lisons notamment dans les versets suivants l’aide que Dieu apporta à notre Prophète (pbsl) au cours d'une période difficile de sa mission : Si vous ne lui apportez pas assistance, Dieu la lui a effectivement apportée lorsque ceux qui avaient mécru le firent sortir deuxième de deux. Quand ils étaient dans la grotte et qu'il disait à son compagnon : “Ne te chagrinne pas, Dieu est avec nous.” Dieu fit alors descendre sur lui Sa sérénité et le soutint de soldats que vous ne voyiez pas. Et Il abaissa ainsi la parole des mécréants tandis que la parole de Dieu eut le dessus. Et Dieu est Puissant et Sage. (Sourate at-Tawbah, 40) Comme l’indiquent les versets précédents, un intense sentiment de soulagement succède aux difficultés. Cela provient d’une part de l’unité des musulmans, de leur conscience du fait que chaque situation est un
examen et d’autre part du fait qu’ils savent qu’ils doivent se préparer pour la vie éternelle. Par ailleurs, Dieu annonce de meilleures nouvelles encore à tous les croyants. Les vies de nos prophètes et des pieux musulmans témoignent du fait que Dieu donne la victoire définitive aux croyants, une fois les épreuves surmontées. L’exemple de la vie du Prophète Joseph (psl) illustre de manière appropriée ce point. Quand Joseph (psl) était très jeune, ses frères le jetèrent dans un puits pour se débarrasser de lui. Des caravaniers le trouvèrent et le vendirent comme esclave à un vizir égyptien. Par la suite, Joseph (psl) fut accusé à tort par l’épouse du vizir, fut arrêté et emprisonné pendant plusieurs années. Il subit ces tourments sans compromettre sa moralité. Chaque fois qu’il fut harcelé, il cherchait refuge auprès de Dieu et transforma son incarcération en une expérience positive. Sa confiance, sa loyauté et sa soumission à Dieu en toutes circonstances font de lui un exemple pour tous les croyants. En récompense, Dieu le fit sortir de prison au moment qu'Il choisit et lui accorda le pouvoir et la richesse en Egypte. Dieu promet ainsi à Ses serviteurs qui se montrent patients et confiants face aux malheurs qu’Il les soulagera et leur en fera tirer un bien. ... Et quiconque craint Dieu, il lui donnera une issue favorable, et lui accordera Ses dons par des moyens sur lesquels il ne comptait pas. Et quiconque place sa confiance en Dieu, Il lui suffit. Dieu atteint ce qu'Il Se propose et Dieu a assigné une mesure à chaque chose. (Sourate at-Talaq, 65 : 2-3) Cet exemple rappelle que Dieu teste Ses serviteurs au cours de leur vie avec des difficultés. Or les croyants, sachant qu’ils sont éprouvés et se soumettant volontiers à Dieu, verront leur rétribution multipliée dans l’au-delà. Voilà ce que leur apportent leurs souffrances ici-bas, leurs valeurs morales inflexibles, leurs sacrifices, leur patience et leur soumission. Quelques minutes de malheur ici-bas leur feront peut-être gagner des millions d’années de récompense au paradis. Assurément, les croyants conscients de cette formidable promesse passent leurs vies dans une attente avide et dans l’espoir joyeux de vivre dans un paradis aux merveilleuses choses inépuisables. Dieu décrit leur état dans les versets suivants : Ceux qui ne donnent pas de faux témoignages et qui, lorsqu'ils passent auprès d'une frivolité, s'en écartent noblement, qui lorsque les versets de leur Seigneur leur sont rappelés, ne deviennent ni sourds ni aveugles et qui disent : “Seigneur, donne-nous, en nos épouses et nos descendants, la joie des yeux, et fais de nous un guide pour les pieux”. Ceux-là auront pour récompense un lieu élevé du paradis à cause de leur endurance. Ils y seront accueillis avec le salut et la paix, pour y demeurer éternellement. Quel beau lieu de fixation et quel beau lieu de séjour ! (Sourate al-Furqane, 72-76)
Des hommes que ni le négoce, ni le troc ne distraient de l'invocation de Dieu, de l'accomplissement de la salat et de l'acquittement de la zakat, et qui redoutent un jour où les cœurs seront bouleversés ainsi que les regards. Afin que Dieu les récompense de la meilleure façon pour ce qu'ils ont fait de bien. Et Il leur ajoutera de Sa grâce. Dieu attribue à qui Il veut sans compter. (Sourate an-Nur, 37-38)
COMMENT LES NON-CROYANTS REAGISSENT DANS L’ADVERSITE Nous avons montré plus haut que quelles que soient les conditions, le caractère moral du musulman ne connaît pas d’altération. Ceux qui n’ont pas la foi ou qui ont une maladie dans le cœur ne peuvent supporter les temps difficiles, car leur endurance est limitée. Par conséquent, face aux malheurs, petits et grands, ils deviennent tendus et furieux, ils crient, se battent, lancent des injures et recourent à la violence. Alors qu’en temps normal, ils se montrent joyeux, souriants et agréables. Dans l’adversité, les musulmans parlent patiemment de la vérité et de la beauté, tandis que les non-croyants optent pour l’attaque, révélant ainsi leur véritable visage. Leur authentique caractère se dévoile suite à un licenciement, une maladie, un accident, une catastrophe ou un malheur. S’ils perdent leur logement pendant deux jours, qu’ils manquent de sommeil ou qu’ils soient privés de leur confort habituel, ils se montrent abattus et désespérés. Dans le Coran, Dieu décrit leur caractère ingrat : Quant à l'homme, lorsque son Seigneur l'éprouve en l'honorant et en le comblant de bienfaits, il dit : “Mon Seigneur m'a honoré”. Mais par contre, quand Il l'éprouve en lui restreignant sa subsistance, il dit : “Mon Seigneur m'a avili.” (Sourate al-Fajr, 15-16) Dieu teste donc aussi les non-croyants en leur accordant puis en leur retirant des bienfaits suivant Sa volonté. Dans une telle situation, les musulmans maintiennent leur confiance en Dieu et demeurent reconnaissants envers Lui, alors que les non-croyants réagissent immédiatement par de l’ingratitude. Ils sont alors perdants à la fois dans ce monde et dans le suivant. Les non-croyants répondent également aux malheurs par la dépression, par l’usage de drogues et d’alcool, voire par le suicide. A aucun moment ils ne méditent sur la raison de ces malheurs ou sur le bien qui peut en résulter. Dieu fait pression sur les non-croyants : “… Peut-être reviendront-ils vers Nous”. (Sourate azzukhruf, 48). En d’autres termes, Il leur fait vivre des moments difficiles dans le but de les ramener vers le droit chemin, vers le repentir et la foi. Or, la plupart du temps, les épreuves contribuent uniquement à renforcer leurs cœurs et à accroître leur négation de Dieu. Pourquoi donc, lorsque Notre rigueur leur vînt, n'ont-ils pas imploré la miséricorde ? Mais leurs cœurs s'étaient endurcis et le diable enjolivait à leurs yeux ce qu'ils faisaient. Puis, lorsqu'ils eurent oublié ce qu'on leur avait rappelé, Nous leur ouvrîmes les portes donnant sur toute chose. Et lorsqu'ils eurent exulté de joie en raison de ce qui leur avait été donné, Nous les saisîmes soudain, et les voilà désespérés. (Sourate al-Anam, 43-44)
L’état interne de ceux attachés à ce monde La compréhension du secret des épreuves donne aux musulmans un sentiment de bonheur et de bien-être général, tandis que ceux qui sont attachés à ce monde vivent dans la frustration, la douleur et la dégénérescence morale. Les musulmans jouissent des fruits de leur patience, alors que ceux liés à un monde qu’ils croient éternel ne savent pas qu’ils sont éprouvés et expriment leur frustration par de l’impatience, de la méfiance, de l’égoïsme, de la méchanceté et de l’ambition terrestre. Leur douleur transparaît à chaque instant de leurs vies. Leurs actions sont arides et tristes. Ils sont incapables de reconnaître le bien et de savoir la joie que procure l’excellence morale. Dénués d’honneur et de moralité, leurs vies sont régies par l’hypocrisie. Leur erreur principale réside dans le fait qu’ils ne pensent qu’à eux-mêmes. Ils croient que leur méchanceté et leur égoïsme leur bénéficieront, et ne perçoivent pas le mal qui peut en résulter, c’est-à-dire la perte qu’ils essuieront dans les deux mondes. Les non-croyants ont en effet perdu les bienfaits éternels du paradis, et surtout la satisfaction de Dieu et Sa miséricorde. C'est Lui qui a fait de vous des successeurs sur terre. Quiconque mécroît, sa mécréance retombera sur lui. Leur mécréance n'ajoute aux mécréants qu'opprobre auprès de leur Seigneur. Leur mécréance n'ajoute que perte aux mécréants. (Sourate Fatir, 39) Il est très instructif pour les musulmans d’observer objectivement les non-croyants. Par exemple, ne passe pas inaperçue la corruption morale de celui qui vole l’orphelin ou dérobe les rares biens du pauvre dans le but de s’acheter des vêtements. Dieu nous informe dans le verset suivant : “C’est ainsi que Dieu impose le châtiment de leur actes impurs à ceux qui ne croient point.” (Sourate al-Anam, 125) Cette dégénérescence n’est peut-être pas perceptible d’un point de vue extérieur, mais sa portée spirituelle peut être remarquée par ceux qui craignent et respectent Dieu. Ces individus sont corrompus : méchants et avares, ils ne nourrissent pas les pauvres et les nécessiteux. Dans l’éventualité où ils aideraient, ils font ressentir au bénéficiaire un sentiment d’obligation. Leur description dans le Coran (des individus immoraux qui mangent de l’argent sale, qui amassent de l’argent sans distribuer des aumônes, et qui dépensent leur argent dans l’illicite) éveille une réaction chez les musulmans : Vois-tu celui qui traite de mensonge la rétribution ? C'est bien lui qui repousse l'orphelin et qui n'encourage point à nourrir le pauvre. (Sourate al-Maun, 1-3) Il n’est pas rare de voir des hommes s’enrichir par des voies illégales et immorales, que ce soit par le meurtre, la corruption ou la fraude. Ils tirent des profits injustes du vol des orphelins et en dépouillant les hommes de leur beauté et de leur dignité. Ils essaient de s’embellir, mais la corruption morale les entoure d’une ombre profonde et laide, preuve de leur immoralité, leurs péchés et leur déshonneur. Dieu utilise le mot “avilissement” pour décrire cette ombre, visible sur le visage :
A ceux qui agissent en bien est réservée la meilleure récompense et même davantage. Nulle fumée noircissante, nul avilissement ne couvriront leurs visages. Ceux-là sont les gens du paradis, où ils demeureront éternellement. Et ceux qui ont commis de mauvaises actions, la rétribution d'une mauvaise action sera l'équivalent. Un avilissement les couvrira – rien ne les mettra à l’abri de Dieu – comme si leurs visages se couvraient de lambeaux de ténèbres nocturnes. Ceux- là sont là les gens du feu où ils demeureront éternellement. (Sourate Yunus, 26-27) La beauté de ceux dotés d’un haut sens moral augmente alors que l’immoralité couvre le visage des noncroyants d’une ombre noire. Dans ce monde d’épreuves, Dieu récompense chaque individu pour ses actes : celui qui fait le bien recevra le bien, celui qui fait le mal recevra le mal. Le comportement de ces derniers repousse les croyants. Dieu nous informe que ceux qui mangent de la nourriture illicite et qui écoutent les menteurs seront humiliés dans les deux mondes, humiliation qui sera visible de tous. ... Celui que Dieu veut éprouver, tu n'as pour lui aucune protection contre Dieu. Voilà ceux dont Dieu n'a point voulu purifier les cœurs. Ils ont en ce bas monde un opprobre et ils auront dans l’autre de très grands tourments. Ils sont attentifs au mensonge et ils aiment bien manger le produit du péché… (Sourate al-Maidah, 41-42) Ces hommes ne sont contents ni d’eux-mêmes ni de leurs semblables, parce qu’ils voient à quel point leur attitude est cruelle et immorale. Ils s’engagent délibérément dans des actes prohibés par Dieu, ce qui les rend éhontés. Sont particulièrement dénués de sentiment de honte ceux qui s’adonnent à la prostitution et ceux qui en tirent profit. Les membres de cette profession amorale sont rapidement distancés de toute humanité, et finissent par détruire le peu de beauté et de dignité restantes. La prostitution crée des problèmes pour les hommes et les femmes. Dieu les harcèle par la maladie, les ennuis, le malheur, la privation, l’humiliation et le mépris. Leur chute spirituelle est évidente aux yeux de tous. Dans le Coran, Dieu décrit la situation des personnes corrompues en enfer à ceux qui comprennent le secret derrière les épreuves et dont les yeux brillent dans l’espoir de la vie à venir. Cernés par le feu, ils ne peuvent qu’apercevoir les croyants ayant, eux, obtenus les bénédictions infinies de Dieu. Leur perte est certes bien grande et ils infligent cette perte à tous ceux qui les entourent. Et tu les verras exposés devant l'enfer, confondus dans l'avilissement, et regardant d'un oeil furtif, tandis que ceux qui ont cru diront : “Les perdants sont certes, ceux qui au jour de la résurrection font leur propre perte et celle de leurs familles”. Les injustes subiront certes un châtiment permanent. (Sourate Achoura, 45)
LES ÉPREUVES CONTINUENT JUSQU'À LA MORT Chaque personne est éprouvée dans ce monde jusqu’au jour de sa mort. C’est pourquoi il faut s’attacher à conformer sa vie aux commandements divins, à se rappeler Dieu, à chercher Sa satisfaction et à accomplir les actes d’adoration. L’individu déviant du droit chemin et ingrat envers Dieu au moment de sa mort peut échouer à la mise à l’épreuve et réduire à néant les efforts de toute sa vie. Tous les musulmans doivent sérieusement prendre garde face à ce danger, parce que Satan, l’ennemi de l’homme, ne se ménagera pas pour exploiter les faiblesses, même au moment de la mort. C’est pourquoi la mort est un moment important. Il ne suffit pas de se dire : “Je crois en Dieu. J’ai vraiment œuvré dans Sa voie et ai certainement mérité le salut.” Dieu dit qu’il faut prier pour son salut “par crainte et espoir” jusqu’au dernier moment (Sourate as-Sajda, 16). Chaque musulman est invité à méditer sur ce commandement : O les croyants ! Craignez Dieu comme Il doit être craint. Et ne mourez qu'en pleine soumission. (Sourate al-Imran, 102)
Ceux qui croient et ensuite adjurent leur foi La foi est l’une des grandes bénédictions de Dieu, car elle apporte le bonheur et la paix dans ce monde ainsi que le salut dans l’au-delà. Aussi, comme pour chaque bienfait, nous devons remercier Dieu pour la foi qu’Il accorde ou qu’Il retient suivant Sa volonté. Ceux à qui Dieu n’octroie pas la foi ne seront jamais capables de l’acquérir, même si l’univers entier voulait la leur donner : Même si tu désirais ardemment qu'ils soient guidés... Sache que Dieu ne guide pas ceux qui s'égarent. Et ils n'auront pas de secoureurs. (Sourate an-Nahl, 37) Les croyants sont donc, par la grâce de Dieu, sauvés de l’incrédulité, ce qui leur vaut de réciter cette prière des gens du paradis : Louange à Dieu qui nous a guidés à ceci. Nous n'aurions pas été guidés, si Dieu ne nous avait pas guidés. Les Messagers de notre Seigneur sont venus avec la vérité. ( Sourate al-Araf, 43) Remercier Dieu d’un bienfait signifie louer Dieu verbalement et agir de manière adéquate. La prière est en soi un acte de remerciement. C’est pourquoi le musulman doit veiller à la réciter soigneusement et attentivement. Il témoigne ainsi sa reconnaissance pour le magnifique don et fait de son mieux pour satisfaire Dieu en se consacrant à Lui.
Si le musulman estime que son statut de croyant lui assure la voie du paradis ou s’il oublie les épreuves, alors les bienfaits peuvent très bien lui être retirés. Son cœur peut graduellement s’endurcir au point de nier l’existence de Dieu. Ses actes perdent par conséquent toute valeur et ses récompenses sont annulées. Voilà ce que Dieu dit de tels individus : ... Et ceux parmi vous qui adjureront leur religion et mourront infidèles, vaines seront pour eux leurs actions dans la vie immédiate et la vie future. Voilà les gens du feu : ils y demeureront éternellement. (Sourate al-Baqarah, 217) En effet, il t'a été révélé, ainsi qu'à ceux qui t'ont précédé : “Si tu donnes des associés à Dieu, ton oeuvre sera certes vaine; et tu seras très certainement du nombre des perdants.” (Sourate az-Zumar, 65) Et les croyants diront : “Est-ce là ceux qui juraient par Dieu de toute leur force qu'ils étaient avec vous ?” Mais leurs actions sont devenues vaines et ils sont devenus perdants. Ô les croyants ! Celui d’entre vous qui reniera sa foi, Dieu fera venir un peuple qu'Il aime et qui L'aime, modeste envers les croyants et fier et puissant envers les mécréants, qui lutte dans le sentier de Dieu, ne craignant le blâme d'aucun blâmeur. Telle est la grâce de Dieu. Il la donne à qui Il veut. Dieu est Immense et Omniscient. (Sourate al-Maidah, 53-54) Dans le Coran, Dieu nous parle des croyants ayant rejeté leur foi et dévié du droit chemin : Ceux qui ont cru, puis sont devenus non-croyants, puis ont cru de nouveau, ensuite sont redevenus non-croyants, et n'ont fait que croître en mécréance, Dieu ne leur pardonnera pas, ni les guidera vers un chemin droit. (Sourate an-Nisa, 137) En vérité, ceux qui ne croient plus après avoir eu la foi et laissent augmenter encore leur mécréance, leur repentir ne sera jamais accepté. Ceux-là sont vraiment les égarés. (Sourate al-Imran, 90) Dieu décrit également leur état dans l’au-delà : … Au jour où certains visages s'éclaireront, et que d'autres s'assombriront. A ceux dont les visages seront assombris, il sera dit : “Avez-vous mécru après avoir eu la foi ?” Eh bien, goûtez au châtiment, pour avoir renié la foi. (Sourate al-Imran, 106) Ces versets traduisent bien le danger d’abandonner la foi pour le mauvais chemin. Il existe pourtant des individus qui durant une partie de leur existence, croient en l’existence de Dieu et appliquent ses commandements, mais qui finissent par se détourner de la religion à cause de leur moi inférieur. Ils perdent toute notion de religion, parfois dans une mesure plus grande que les autres. Ils abandonnent tout ce qu’ils savaient être juste et concordant avec la volonté de Dieu. Il en résulte que toutes leurs bonnes œuvres sont annulées. Dieu sait mieux. Il ne faut donc pas oublier un seul instant que nous sommes éprouvés dans ce monde
et que Satan essaiera de nous faire dévier du droit chemin par ses suggestions et ses doutes. Nier l’existence de Dieu après avoir cru mène au supplice sans fin. Par ailleurs, ceux qui rejettent leur foi mènent une vie misérable. Même s’ils semblent jouir d’un certain confort matériel, ils souffrent spirituellement durant toute leur vie. Ils savent pertinemment la vérité, mais tentent d’étouffer leur conscience sans pour autant parvenir à se débarrasser du sentiment de culpabilité qui brûle leur âme. Or la souffrance qu’ils éprouvent durant cette vie est sans commune mesure avec celle qu’ils auront à subir après la mort. Dieu révèle : Ceux qui ne croient pas et qui meurent mécréants, il ne sera jamais accepté d'aucun d'eux de se racheter même si pour cela ils donnaient le contenu, en or, de la terre. Ils auront un châtiment douloureux et ils n'auront point de secoureurs. (Sourate al-Imran, 91) L’existence d’un tel danger doit maintenir les croyants en alerte jusqu’à leur dernier souffle. Ils ne doivent jamais se relâcher, s’imaginant qu’ils en ont fait assez, car c’est là que la menace guette. Comme il est dit dans le Coran : “ Prenez garde ! Vraiment l'homme devient rebelle, dès qu'il estime qu'il peut se suffire à lui-même.” (Sourate al-Alaq, 6-7) Gardez donc toujours ce danger à l’esprit et agissez de sorte à recevoir l’agrément de Dieu. Les épreuves de ce monde continueront jusqu’au dernier instant.
Ceux qui rechignent dans la lutte et ceux qui l’évitent Les hommes de peu ou pas de foi vivent parfois parmi les musulmans comme si de rien n’était, suivant apparemment les règles de la religion. Cependant, Dieu révèle leur véritable caractère par certains tests. Les musulmans endurants face aux problèmes, à la faim, la maladie, le besoin, la mort se renforcent, tandis que ceux dont le cœur est malade se rapprochent encore plus de l’incrédulité. Donc une fois de plus, nous saisissons l’importance de chaque instant. Certains individus peuvent passer la plus grande partie de leur vie à croire en Dieu, à promouvoir la religion et à accomplir de bonnes œuvres. Mais s’ils cessent d’agir selon leur conscience, se relâchent et s’endurcissent, ils ne pourront plus faire preuve du discernement nécessaire. Les soucis matériels finissent par prendre le dessus sur la nécessité de rechercher le plaisir de Dieu, et les conduisent petit à petit vers la voie de l’incrédulité. De nombreux versets relatent les luttes des Prophètes pour protéger les innocents des agressions et de préserver la religion. A cette époque, la lutte était un important acte d’adoration. Notre Prophète Mohammed (pbsl) se lança dans une dure bataille contre les communautés non-croyantes. Chaque combat mené sur l’ordre de Dieu et de son Prophète (pbsl) est un devoir religieux. Dieu dit dans le Coran que quiconque fuit cette responsabilité verra son cœur se sceller car le désir de fuite dénote une perte de foi. Aujourd’hui, le combat des musulmans contre les non-croyants se mène sur le front des idées. Il s’agit de réfuter tous les arguments de ceux qui utilisent la science pour nier l’existence de Dieu. Cela fait partie des devoirs du musulman. Dieu répète dans le Coran que ceux qui refusent de s’impliquer ont un cœur dur :
Et lorsqu'une sourate est révélée : “Croyez en Dieu et luttez en compagnie de Son Messager”, les gens qui ont tous les moyens de combattre parmi eux te demandent de les dispenser du combat et disent : “Laisse-nous avec ceux qui restent”. Il leur plaît de demeurer avec celles qui sont restées à l'arrière. Leurs cœurs ont été scellés et ils ne comprennent rien. (Sourate at-Tawbah, 86-87) Ceux qui cherchent des excuses une fois confrontés aux problèmes tuent leur propre esprit dans leur tentative de fuite : S'il s'était agi d'un profit facile ou d'un court voyage, ils t'auraient suivi; mais la distance leur parut longue. Et ils jureront par Dieu : “Si nous avions pu, nous serions sortis en votre compagnie.” Ils se perdent eux-mêmes. Et Dieu sait bien qu'ils mentent. (Sourate at-Tawbah, 42) Ces exemples du temps de notre Prophète (pbsl) et de Prophètes précédents dénotent une réalité essentielle : Dieu teste continuellement les hommes et Il prévoit des royaumes séparés pour ceux qui disent la vérité et ceux qui mentent. Lorsque les musulmans font preuve de force et de détermination face aux malheurs, les faibles se dévoilent et se détournent de la religion. A l’époque du Prophète (pbsl), lors d’une guerre entre les musulmans et les non-croyants, certains musulmans se montrèrent faibles et se laissèrent envahir par l’angoisse, pensant à autre chose qu’à la vérité de Dieu. Satan tenta de faire sortir ces musulmans du droit chemin : Ceux d'entre vous qui ont tourné le dos, le jour où les deux armées se rencontrèrent, c'est seulement le diable qui les a fait dévier, à cause d'une partie de leurs actions. Mais, certes, Dieu leur a pardonné. Car vraiment Dieu est Pardonneur et indulgent ! (Sourate al-Imran, 155) Cet incident contient une leçon essentielle pour les musulmans : Dieu annonce que les hommes doivent être éprouvés pour séparer les bons des mauvais, et la seule manière d’endurer ces moments difficiles est d’avoir une foi forte et sincère. Certes, Dieu facilite les choses pour Ses pieux serviteurs, affermit leurs pas et remplit leur cœur de sentiments de bien-être et de sécurité. Nous ne devons toutefois pas oublier Sa promesse de bien-être et de sérénité. Nous ne devons toutefois pas oublier Sa promesse consistant à tester les êtres humains pour distinguer les bons des mauvais : Pensez-vous que vous serez délaissés, cependant que Dieu n'a pas encore distingué ceux d'entre vous qui ont lutté et qui n'ont pas cherché des alliés en dehors de Dieu, de Son Messager et des croyants ? Et Dieu est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. (Sourate at-Tawbah, 16) Est-ce que les gens pensent qu'on les laissera dire : “Nous croyons !” sans les éprouver? Certes, Nous avons éprouvé ceux qui ont vécu avant eux. Ainsi Dieu connaît ceux qui disent la vérité et ceux qui mentent. (Sourate al-Ankabut, 2-3)
CONCLUSION Chaque jour qui passe nous rapproche tous un peu plus de la mort. La mort est tout aussi éloignée pour les jeunes gens que pour les personnes âgées, car elle ne respecte pas l’âge. Est tout aussi bien menacé de mort le vieillard alité que l’adolescent risquant un accident dans la rue. Il faut comprendre que chaque instant peut être le dernier. Ceci est l’une des plus importantes réalités dans la vie de l’homme. Nous sommes tous engagés dans un concours visant à préparer au mieux sa vie dans l’au-delà dans le temps qui nous est imparti. Comme dit Bediuzzaman : “Le monde temporaire est comme un champ. C’est un lieu d’enseignement, un marché.”11 En d’autres termes, les hommes peuvent faire de très bonnes affaires ici et en récolter les bénéfices infinis dans l’au-delà, en échange de leurs actes ici-bas. Tout individu doué d’un minimum de bon sens doit écouter la voix de sa conscience et se rappeler que Dieu nous éprouve continuellement. Sur cette route qui semble si ardue, Dieu envoya le Coran pour nous guider ainsi que les Prophètes et les pieux musulmans pour montrer la vraie voie. Quel que soit le problème rencontré, les hommes qui invoquent Dieu sincèrement se verront accorder le soulagement sur le chemin du salut. En somme, le grand secret des épreuves est qu’elles sont riches en opportunités pour chaque croyant. A partir de maintenant les croyants doivent observer le déroulement du destin et adopter l’excellence morale des pieux musulmans, telle que décrite dans le Coran. Ces versets détaillent l’état des fidèles de Dieu, patients et déterminés à mesure qu’ils s’approchent de la vie à venir : Combien de Prophètes ont combattu, en compagnie de beaucoup de disciples, ceux-ci ne fléchirent pas à cause de ce qui les atteignit dans le sentier de Dieu. Ils ne faiblirent pas et ils ne cédèrent point. Et Dieu aime les endurants. Et ils n'eurent que cette parole : “Seigneur, pardonne-nous nos péchés ainsi que nos excès dans nos comportements, affermis nos pas et donne-nous la victoire sur les gens mécréants”. Dieu, donc, leur donna la récompense d'ici-bas, ainsi que la belle récompense de l'au-delà. Et Dieu aime les gens bienfaisants. (Sourate al-Imran, 146-48)
Ils dirent : “Gloire à Toi ! Nous n'avons de savoir que ce que Tu nous a appris. Certes c'est Toi l'Omniscient, le Sage.” (Sourate al-Baqarah, 32)
NOTES 1. Fiqh as-Sunnah, vol. 4, no. 13 2. Bediuzzaman Said Nursi, Collection Risale-i Nur, Les Mots, La Deuxième Station du Vingtième mot 3. Bediuzzaman Said Nursi, Collection Risale-i Nur, Les Mots, Le Onzième Mot 4. Bediuzzaman Said Nursi, Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le Vingt-Cinquième Eclair, Neuvième remède 5. Bediuzzaman Said Nursi, Collection Risale-i Nur, Les Mots, Le Dix-neuvième Mot, Dixième Goutelette 6. Bediuzzaman Said Nursi, Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le Deuxième Eclair, Troisième Raison 7. Bediuzzaman Said Nursi, Collection Risale-i Nur, Maktubat 8. Bediuzzaman Said Nursi, Collection Risale-i Nur, Les Mots, La Deuxième Station du Vingtième Mot 9. Bediuzzaman Said Nursi, Collection Risale-i Nur, Les Rayons, Le Quatorzième Rayon, Les Lettres 10. Imam Ahmad, vol. 1, no. 387 ; Imam Ibn Kathir, La vie ici-bas est une jouissance éphémère 11. Bediuzzaman Said Nursi, Collection Risale-i Nur, Les Mots, Le Dixième Mot, Douzième Aspect
A quoi votre temps a-t-il été consacré : des soucis pour rentrer dans l’université de votre choix, trouver un bon emploi, trouver le mari ou la femme de vos rêves, gagner beaucoup d’argent ? Quel fut votre combat pour obtenir et acquérir la gloire, la fortune, la réputation… ? Alors que vous essayez d’atteindre vos objectifs, avez-vous déjà médité sur cette vérité : tout ce que vous essayez d’obtenir est temporaire et non permanent, car vous ne pourrez rien emporter de tout cela lorsque vous mourrez. Après la mort, que se passera-t-il ? Comment vous porterez-vous dans l’au-delà, lorsque la seule chose qui saura vous bénéficier sont vos efforts à chercher la satisfaction de Dieu au cours de votre vie ? Dieu affirme dans le Coran que cette vie terrestre est un “lieu d’épreuves” qui déterminera la place de chacun dans l’au-delà éternel. Au cours de ces tests, nous révélons aux autres et à Dieu, Qui sait déjà notre destin ultime, qui nous sommes réellement. Ceux qui comprennent ce secret et vivent tout en sachant qu’ils sont à l’épreuve gagneront un trésor éternel : la satisfaction de Dieu dans Son paradis éternel.