La crise de l'eau douce s'approche en l'Inde L'inde souffre du manque d'eau de bonne qualité et commence à le ressentir sévèrement dans les régions les plus sèches. Pourtant ce continent concentre 4% de la totalité des réserves d'eau douce du monde. Mais soumise à une démographie galopante, à une gestion mal assurée, face aux nouveaux enjeux mondiaux et à la modernité, l'eau douce est gaspillée, vient à manquer et se pollue. Sa pollution est telle que les Sadhus ont menacé de ne pas participer au prochain bain sacré rituel qui a lieu tous les six ans dans le Gange et qui réunit plus de 70 millions d'hindous !
Des déséquilibres hydrologiques peuvent être évités par la gestion saine et opportune de l'eau
Avec 80% de la surface de la terre recouverte par l'eau, l'eau est présente dans la majorité des désastres naturels. Le Tsunami asiatique qui fut si dévastateur était un rappel grossier de leur intensité et des grandes innondations dont la plupart des civilisations antiques ont gardé la mémoire et dont la référence biblique en est juste un exemple. Tandis que la fonte des calottes glaciaires et des glaciers induite par le rechauffement climatique présage de formidables désastres dont l'eau sera une des composantes, la menace la plus immédiate est certainement le manque d'eau, et plus particulièrement la contamination de l'eau douce qui menacera l'existence humaine. L'eau douce est, soit contenue dans les milieux facilement accessibles dans l'eau de surface et dans la nappe phréatique, soit enfermée dans les aquifères des profondeurs de la terre où elle s'est infiltrée par les failles, soit prisonnière des énormes masses de glace dans les régions polaires et sur les sommets, ou encore dans l'humidité de l'atmosphére. Tandis que le cycle hydrologique convertit constamment l'eau de mer en eau douce, ce n'est pas tellement le taux de précipitations qui a permis l'existence des civilisations mais plutôt la possibilité de conserver l'eau douce, et de retarder son écoulement jusqu'aux océans grâce aux fleuves. Ce n'est pas une coïncidence si les civilisations les plus anciennes et les plus denses se sont installées sur de vastes plaines d'inondation alluviales, dans les vallées des fleuves de Mesopotamie, d'Egypte, de Chine et d'Inde. Les alluvions sont les résidus naturels de l'eau douce.
L'hindus L'Inde est dotée de bonnes ressources d'eau douce apportées par les moussons, les glaciers de l'Himalaya et des alluvions des trois grands fleuves indiens l'Indus-Ganges-Brahmaputra, qui sont un des plus grands réservoirs d'eaux souterraines du monde. Le Ministère de l'Eau indien a estimé que l'Inde, avec seulement 2.5% des terres émergées possède pourtant 4% des ressources mondiales d'eau douce. Ces chiffres doivent être pris en compte avec la pression démographique qui augmente puisque l'Inde abrite environ 16% de la population mondiale et que la distribution en Inde de cette eau douce n'est pas identique sur tout le territoire. Ainsi le bassin versant du Gange-Brahmaputre-Meghna qui ne
représente que 33 % des terres reçoit pratiquement 60% des eaux fluviales et le littoral occidental qui ne couvre que 3% du territoire est tout de même arrosé par 11% des eaux fluviales. Ce qui ne laisse qu'à peine 29% des réserves d'eau pour les 64% de terre restant, située dans la péninsule indienne et où le nombre de suicides de fermiers est le plus concentré.
Le barrage de TEHRI Le shéma controversé de l'aménagement des grands fleuves de l'Inde pour redresser ce déséquilibre hydrologique a soulevé de nombreuses questions. Les stratégies de gestion de cette eau douce évoluent en fonction de la façon dont les populations se sont adaptées aux variations hydriques, des spécificités géographiques, et par les coûts induits, mais les principes fondamentaux sont semblables. Ce qui implique de retarder le fleuve dans sa course vers la mer et de le protéger des contaminations provoquées par les activités humaines. Puisqu'environ 90% de l'eau douce est utilisée pour l'irrigation, la révolution apportée par les pompes électriques épuise régulièrement les réserves d'eaux souterraines, sans compter les aides financières accordées pour l'eau et l'electricité qui compliquent le problème par l'utilisation inefficace d'une ressource qui se rarifie. Le pompage excessif a également eu pour conséquence la concentration croissante d'éléments toxiques tels que le fluorure, l'arsenic et la salinité dans plusieurs régions. L'usage intensif et croissant de l'eau douce peut être paré par des technologies améliorées et par une politique la réglementant, en augmentant la capacité des réservoirs et des petits systèmes d'irrigation et qui rechargeront les ressources d'eaux souterraines.
La pollution du Gange par les déchets L'élimination non scientifique des déchets dangereux de produit chimique et humain souille l'eau domestique et les eaux souterraines. Le danger est que bien que moins de 10% de l'eau douce soit réellement employée pour la consommation humaine, toutes les sources d'eau douce peuvent être souillées. Avec l'augmentation de l'utilisation des produits chimiques (détergents, savons, pesticides et autres), il est également probable que la contamination chimique soit très répandue. La densité croissante de la démographie a réduit la distance entre les lieux d'évacuation sans traitement des déchets humains et chimiques et les puits d'eau réservés pour la consommation domestique et ceux source d'eau potable, et ce particulièrement pendant les déluges durant la saison des moussons quand la nappe phréatique peut grossir brusquement. C'est un risque important de santé publique. Beaucoup de civilisations antiques très peuplées ont limité les risques bactériologiques par des pratiques culturelles d'aseptisation de l'eau comme celle de boire du thé. La pratique de l'eau bouillie assaisonnée avec des plantes est également répandue au Kérala.