Foire De Caen Septembre 2008

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L’or volé des incas : l’exposition coloniale Pérou « à la carte » : des échanges culturels ou tourisme transnational ?

Mise en scène des indiens pour le grand profit des marchands

Vendre l’exotisme péruvien, le voyage imaginaire pour 7 € à ceux qui ne pourront pas y aller, c’est une grande affaire quand il s’agit de 250 000 visiteurs en 10 jours (sans compter le prix des parkings). Mais pour séduire une clientèle selecte, de « haut gamme », on a des voyages « à la carte » organisés par une transnationale de tourisme qui opère au Pérou, Bolivie, Argentine et Brésil, en partenariat avec le déjà connu tourisme de masse. Cette méga agence de voyages, interlocuteur exclusif des organisateurs de la Foire, d’après sa page web, se serait chargé de repérer des indiens artisans, danseurs, et musiciens, et d’obtenir leurs visas auprès de l’Ambassade de France au Pérou. Les reportages que l’on voit sur le JT de France 3 font aussi partie de l’encadrement de cette agence appelé

On ne peut rien dire de ces péruviens résidants en France qui viennent nous offrir des danses aussi spectaculaires qu’occidentalisés du folklore natif, car c’est leur métier et ils sont conscients du mensonge culturel. Mais l’utilisation, la manipulation et l’exploitation d’un petit groupe d’indiens quechuas et aymaras qui ont été ramenés depuis leurs terres, dépasse toute notre compréhension. On les a vus sous le chapiteau, tout comme d’autres pièces d’artisanat et d’exotisme, exposés pour amuser les passants : « Abel ».de Uros, île du lac Titicaca, au beau milieu d’une salle, entouré de ses bateaux en roseaux et jouant son rôle à la demande des organisateurs, ou « Francisca ». et « Apolinario », d’une communauté

Même si les quechuas et aymaras n’attendaient que vendre leurs tissus, car peut-être on leur a dit que la Foire de Caen est une sorte de marché de dimanche péruvien, ce n’est pas vrai que toute personne mise à travailler à la Foire de Caen mérite un salaire français ? Les tisserands et l’homme aymara d’Uros n’avaient pas moyen de communiquer, n’ayant pas d’interprète, donc, pas moyen d’établir de contact direct avec des probables acheteurs pour s’en défaire des intermédiaires. Leurs imprimés étaient faits en espagnol (qu’ils ne comprennent pas non plus) et l’adresse e-mail du seul indien bilingue aymara-espagnol était un peu changé… comme par hasard !

« ATRACTION ». Des mécènes désintéressés ? L’or doré des incas s’est transformé en or vert de l’Amazonie, ou brun de la Pachamama des Andes (« mère nourricière » en langue quechua), ou bleu du lac Titicaca dans les hauts plateaux des aymaras, par les agissements de l’industrie du tourisme qui pervertit les coutumes et la culture des indiens et qui n’a aucun respect pour leur environnement duquel ils font intrinsèquement partie. Non seulement l’or n’est plus sacré depuis l’arrivé des conquistadores (cet or que les indiens utilisaient pour le culte n’avait provoqué que la convoitise chez l’homme blanc et, par la suite, leur massacre et leur spoliation), mais l’industrie du tourisme est une nouvelle forme d’exploitation et d’humiliation de ces peuples.

quechua, en train de jouer les tisserands sur un petit podium au milieu des stands d’artisanat péruvien gérés par des commerçants qui sont habitués aux allés-retours entre l’Europe et le Pérou. Pire encore, cette mise en scène se déroule toute la journée, dès l’ouverture jusqu’à la fermeture de la Foire, avec des maigres pauses pour manger ou se reposer. Certes, on ne les a jamais vus manger au restaurant « El Picaflor », trop classe pour des indiens, mais ils sourient, ils semblent heureux de nous faire plaisir en nous montrant leur savoirfaire ; peut-être ils croient très fort qu’ils accomplissent une mission d’un peuple envers un autre. Leurs aura-t-on expliqué qu’il ne s’agit pas d’un échange culturelle mais du commerce où la part du lion est pour les plus gros poissons ?

Il y a de quoi s’indigner : nous ne voulons pas participer au festin d’Indiana Jones et Tintin réunis ! La Foire de Caen « L’or sacré des incas » nous offre cette année un voyage fait à la mesure de la superficialité de l’industrie touristique, où se cache en définitive, derrière cette vitrine, une autre réalité : celle de la grossière utilisation d’une culture ancestrale et l’exploitation des précaires d’ici et d’ailleurs pour le grand profit de marchands de toute sorte. Tout cela est fait avec le concours ou complicité, directe ou indirecte, des responsables des institutions d’Etat ou privés en tant que partenaires, autant françaises (Conseil Régional de Basse

Normandie, Conseil Général du Calvados, Ville de Caen, France 3) comme péruviennes (PROMPERU, dépendance du Ministère du commerce extérieur du Pérou, l’Ambassade de Pérou en France, une ONG censé de protéger les indiens quechuas qui devrait leur expliquer le vrai but de leur voyage). Ce n’est pas nouveau de dire que la Foire de Caen est un festin marchand : on voit bien que l’exposition colonial n’a rien à voir avec une éthique d’échange culturel.

On aurait bien aimé inviter ces femmes et ces hommes quechuas et aymaras à parcourir avec nous non pas seulement le Mont Saint Michel pour leur faire des photos en preuve du bon traitement reçu en

Travail précaire à la Foire de Caen : toutes les nationalités confondues. Ce qui est le plus dramatique dans un emploi précaire c’est l’incertitude du lendemain. Quand un patron demande à quelqu’un de travailler pendant 10 jours à la Foire, et que le patron n’établit pas un contrat de travail, le travailleur/eusse n’a pas le choix, il/elle doit se soumettre et tout accepter. Tout ? Le restaurant péruvien EL PICAFLOR (dont le siège est à Paris), et qui fait le plein tous les jours sous le chapiteau des Incas, nous offre un beau exemple : pas de contrats de travail pour les serveurs/eusses, pas des horaires établis (donc, on peut travailler comme un fou toute la journée ou être renvoyé chez soi, dépendant du goût du patron), intimidation verbale, et le comble, pas de droit aux pourboires. Les conditions de vie précaire des gens et la pression du chômage, obligent à accepter tout type de travail, notamment un travail non déclaré comme c’est le cas à la Foire de Caen. Mais les précaires s’organisent, ils se relient en cachette, ils prennent leurs précautions pour se défendre au cas où… Attention les profiteurs !

France, sinon aussi le vrai monde, notre quotidienneté, nos rêveries et nos vies précaires dans ce pays où il n’y a pas d’êtres humains mais surtout des consommateurs… mais ils n’avaient pas d’interprète pour nous comprendre et leurs passeports étaient bien gardés par des intermédiaires.

EXPOSITION COLONIALE DE 1907 FOIRE INTERNATIONALE DE CAEN 2008

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