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L’Égypte face à la sixième guerre israélo-arabe1, entre allégeance aux États-Unis et solidarité avec la résistance libanaise HADJAR AOUARDJI
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Manifestation de soutien au peuple libanais, Le Caire, 26 juillet 2006. Sur la pancarte, Hassan Nasrallah : « Aux dirigeants arabes : n’y a-t-il pas d’homme dans cette région!? »
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CHRONIQUES ÉGYPTIENNES 2006 « Un gouvernement doit […] résister à la tentation de sacrifier sur l’autel de l’opinion publique ce qu’il considère être une bonne politique, car sinon il abdiquerait son leadership. » 2 Hans Morgenthau
L
e 14 février 2005, l’attentat à la voiture piégée contre l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri remet le Liban à l’ordre du jour politique au Moyen-Orient. À l’été 2006, du 12 juillet au 14 août, la guerre menée par Israël contre l’aile armée du parti chiite du Hezbollah place de nouveau le pays au centre de toutes les attentions. Entre ces deux évènements, les Libanais doivent faire face à une série d’attentats ciblés contre de nombreuses figures de l’opposition antisyrienne. En effet, après les meurtres de Samir Qasir3, de Georges Hawi4, la tentative d’assassinat contre la journaliste May Chidiac5 et l’assassinat de Jébrane Tuéni6, le climat politique libanais est très tendu. Mais si l’assassinat de l’ancien Premier ministre donne naissance à une grande vague de manifestations antisyriennes et au Mouvement du 14Mars7, il permet également aux États-Unis et à la France d’orchestrer le retrait des troupes syriennes du Liban, en vertu de la résolution 15598 du Conseil de sécurité de l’ONU datant du 2 septembre 2004. La Syrie s’exécute le 26 avril 2005, soit vingt et un jours après la création par l’ONU d’une commission d’enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri, et retire ses troupes, après s’être assurée qu’Omar Karamé ait quitté son poste de Premier ministre, le 28 février, au profit de Najib Mikati, prosyrien modéré. C’est dans ce contexte que la coalition antisyrienne remporte les élections législatives le 19 juillet 2005, portant Fouad Siniora à la tête du gouvernement, alors qu’au même moment, la création d’un tribunal international pour enquêter sur les responsables de la mort de Rafic Hariri fait encore (et jusqu’à ce jour) débat9. La question chiite revient sur le devant de la scène internationale avec le conflit entre Israël et la résistance armée du Hezbollah qui s’est déroulé au cours de l’été 2006. Depuis la révolution iranienne, les chiites sont devenus, aux yeux de la communauté internationale, les représentants d’un islam hostile à la démocratie ; et ce n’est qu’à la faveur des événements du 11 septembre 2001 qu’ils furent remplacés, dans l’imaginaire occidental d’un islam dangereux, par les tenants du sunnisme sectaire, les Talibans et al-Qaïda10. Avec la victoire électorale des partis chiites en Iraq, après la chute de Saddam Hussein, d’aucuns y voient
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l’émergence d’un « croissant chiite » dont les frontières épousent celles d’un « Petrolistan » (Iran, Iraq, est de l’Arabie saoudite et Bahreïn), selon l’expression en vogue. En soit, il s’agit là d’un défi majeur pour les gouvernements sunnites de la région, nommément l’Égypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite, traditionnellement alliés des États-Unis. Dans ce contexte, l’adhésion populaire que génère la résistance du Hezbollah dans nombres de sociétés arabes (et au-delà) au cours de l’été 2006 s’impose comme un défi de taille pour ces gouvernements sunnites et proaméricains. Le soutien de différents mouvements islamistes11 au Hezbollah, voire plus simplement le recoupement entre islamisme et résistance libanaise12, accroît d’autant plus le dilemme auquel ces gouvernants sont confrontés. Le Hezbollah mené par son secrétaire général Hassan Nasrallah semble devenir la véritable bête noire du triangle Égypte/Arabie saoudite/Jordanie, les dirigeants de ces trois pays cherchant vraisemblablement à exacerber les tensions et à amplifier le schisme sunnite-chiite13. Le président égyptien, Hosni Moubarak, ne mâche d’ailleurs pas ses mots en qualifiant d’« aventuristes »14 les résistants du Hezbollah et en déclarant que les bénéfices de la résistance libanaise et iranienne sont limités alors que le peuple en paie le prix15. Cinq mois avant que le conflit n’éclate entre le Hezbollah et Israël, le président égyptien déclare dans une interview à la chaîne Al-‘Arabiyya que les chiites « font allégeance à l’Iran plutôt qu’à leurs propres pays », laissant entendre par là qu’il les considère comme des traîtres, et suscitant ainsi l’ire des chiites arabes du Golfe16. Cela étant, notons que le discours critique de Moubarak à l’égard du Hezbollah n’est en rien un discours isolé dans la région et que l’on retrouve cette même condamnation chez les dirigeants jordaniens17 et saoudiens. Il s’agit, en quelque sorte pour eux, de faire figure de bons élèves, soucieux de ménager leur puissant allié américain, quand bien même ils s’aliéneraient ainsi une partie substantielle de leurs opinions publiques respectives. Dans les dossiers libanais, palestinien et iraqien, il s’agit là d’une tendance lourde de la diplomatie égyptienne que de chercher, tant bien que mal, à calquer sa position sur celle de l’administration américaine, vraisemblablement pour satisfaire cette dernière. Plusieurs intellectuels égyptiens ont critiqué ce comportement « loyaliste », au sens défini par Albert O. Hirschman18. Muhammad Abû-l-Ghâr, Muhammad Sayyed Sa‘îd ou en encore Mahmûd Gumu‘a ont déclaré que le président égyptien n’a pas osé soutenir la résistance libanaise afin de ne pas créer de rupture
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avec l’administration américaine et de lui montrer son allégeance, sa « loyauté »19. La guerre d’Israël contre le Liban a révélé, une fois de plus, que la relation clientéliste qui lie l’Égypte aux États-Unis contribue à creuser un fossé, déjà profond, entre le régime égyptien et ses espaces sociaux internes. Les Frères musulmans et l’opposition gouvernementale de manière générale se sont conviés à ce « divorce », investissant le « volet extérieur » afin d’alimenter et de rallier à eux une contestation interne déjà prégnante.
« L’ami de mon ennemi est mon ennemi » Si la position du gouvernement égyptien pendant la guerre de l’été 2006 s’inscrit entièrement dans la relation de clientèle qui le lie aux États-Unis, avec tout ce que cela implique en termes de fidélité et de loyauté, les Égyptiens ont, en revanche, opté pour la contestation, en affichant leur solidarité avec la résistance libanaise. Le pouvoir égyptien est mis à l’index par ses espaces sociaux internes en raison d’une relation considérée comme illégitime et traître. Dès lors, on peut considérer que les déclarations officielles du gouvernement égyptien visent à démontrer aux États-Unis sa coopération, tout en évitant de s’aliéner son opinion publique, de façon à ce que les « bons points » distribués par les ÉtatsUnis n’entraînent pas systématiquement une perte de crédit auprès du peuple égyptien. Mais ce dernier n’en conteste pas moins l’hégémonie américaine, et l’allégeance du régime égyptien à l’administration américaine constitue l’un des vecteurs de la redirection de la contestation de l’échelle externe à l’échelle interne. Les dirigeants égyptiens semblent tout à fait conscients du risque qu’ils encourent en manifestant au grand jour leur loyauté vis-à-vis des États-Unis. Leur manœuvre consiste dès lors à démontrer à l’opinion publique qu’ils ne sont pas aussi dépendants qu’il y paraît. Il s’agit en fait pour le pouvoir d’élaborer une stratégie discursive teintée d’« activisme » afin d’éviter d’être considéré comme un « collaborateur » par le peuple, sans pour autant outrepasser les limites fixées de façon explicite ou tacite par les États-Unis. On comprend alors que les déclarations des officiels égyptiens visant à calmer l’opinion publique égyptienne relèvent de plus en plus de l’équilibrisme. À titre d’exemple, la déclaration faite le 11 août par le ministre égyptien des Affaires étrangères, dans laquelle celui-ci fait part de sa satisfaction de l’adoption
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d’une résolution du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, votée le jour même et condamnant Israël, est vraisemblablement destinée à un public national et vise à démontrer le soutien apporté à la résistance libanaise. Dans sa déclaration, Ahmad Abû-l-Ghît insiste sur le fait qu’elle a été directement initiée par l’Égypte. Or, une lecture du rapport détaillé20 révèle que la résolution a été présentée oralement par le Pakistan, mais qu’elle a été en réalité soumise conjointement par trente États, parmi lesquels, certes, l’Égypte21. Il est clair que l’objectif recherché ici est de mettre en avant un rôle moteur de l’Égypte dans la résolution du conflit, afin de tempérer les ardeurs contestataires de l’opinion publique. De la même manière, le ministre des Affaires étrangères a insisté sur le fait que le Président Moubarak a été le premier à demander la constitution d’une commission d’enquête sur le massacre de Qânâ. On en veut encore pour preuve le fait que, face à la demande populaire de renvoi de l’ambassadeur d’Israël22, le président Moubarak a répondu qu’un renvoi serait contreproductif puisque l’unique raison de sa présence en Égypte est de privilégier la voie diplomatique afin de servir, par ce canal israélo-égyptien, la cause arabe23. Il semble ainsi que la stratégie employée par le gouvernement est avant tout destinée à convaincre les Égyptiens non seulement de son activisme et de sa position de leader arabe fermement engagé dans la résolution du conflit24 mais aussi de son indépendance vis-à-vis des États-Unis. Cette stratégie vise, en somme, à réduire le fossé qui sépare les dirigeants égyptiens de leurs espaces sociaux internes. La couverture médiatique dont a bénéficié la mission d’envoi d’aide humanitaire en direction de Beyrouth semble également s’inscrire dans cette stratégie. Ainsi, le 8 août, arrive dans la capitale libanaise une délégation égyptienne réunissant Gamal Moubarak25, les ministres de la Santé (Hâtem al-Gabalî), de l’Industrie et du Commerce extérieur (Rachîd Muhammad Rachîd) et celui de l’Information (Anas al-Fiqî)26. Trois semaines plus tard, un avion égyptien achemine 15 tonnes d’aide humanitaire : des équipements médicaux comprenant des ambulances ainsi qu’une banque de sang sont envoyés au Liban. Le ministère de la Santé déclare avoir fait don de 80 tonnes de médicaments tandis que le Croissant rouge a envoyé 12 tonnes d’aide. Très rapidement, chaque ministère atteste vouloir apporter sa contribution. Le ministère de l’Environnement annonce qu’il fera en sorte de porter toute assistance technique nécessaire afin de tenter de trouver une solution à la marée noire qui s’est formée sur les côtes libanaises. Le ministère de l’Électricité,
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quant à lui, annonce qu’il est prêt à participer à la réparation du secteur électrique libanais. Enfin, la Egyptian Contractors Company propose d’envoyer une délégation afin d’inspecter les destructions de l’infrastructure et de suggérer un plan de reconstruction27. Au demeurant, malgré les efforts de médiatisation de l’aide égyptienne envoyée au Liban, les manifestants demandent un engagement plus marqué et, surtout, plus politique : ils veulent une rupture avec Israël, et nombreux sont ceux qui réclament l’ouverture des « voies du jihâd ». En définitive, ils souhaitent un changement des déterminants de la politique étrangère égyptienne. Le changement28, thème fondamental de l’étude des politiques étrangères, se mesure à la fois à l’échelle interne et à l’échelle externe. James Rosenau propose, à ce sujet, une analyse dichotomique, présentant les innombrables degrés de changement expérimentés par les sociétés, classés en fonction de leur intensité (importante et faible) croisée par deux variables (interne et externe). Quatre cas de figure ressortent de ce schéma : les modes « habituel » (degrés de changement interne et externe faibles), « animé » (degré de changement important à l’intérieur et faible à l’extérieur), « délibératif » (degré de changement faible à l’intérieur et important à l’extérieur) et enfin « convulsif » (degrés de changement interne et externe importants). Ce dernier mode est qualifié de convulsif car les décideurs doivent à la fois répondre aux demandes sociales et aux pressions extérieures, qui sont, dans le cas de l’Égypte, contradictoires. Aussi, pendant la guerre de juillet-août 2006, c’est ce dernier cas de figure qui semble caractériser le mieux la politique étrangère égyptienne, qui, bien que secouée par des revendications internes que le gouvernement tente de contenir29, est loin d’être influencée par ces dernières, tout en gérant les pressions américaines. Cela pousse les décideurs à déployer tous leurs efforts afin de maintenir un équilibre entre les exigences interne et externe. Ceux-ci sont contraints de faire du « coup par coup », tentant de satisfaire tantôt les demandes internes pressantes, tantôt les pressions américaines, opérant rarement des revirements de politique étrangère et exacerbant de facto les tensions internes. Ainsi, le mode « convulsif » de Rosenau nous conduit à qualifier la politique étrangère de l’Égypte de politique fondamentalement « fixiste »30, alors même que les Égyptiens sont demandeurs de changement, comme en témoigne leur adhésion au combat de la résistance libanaise.
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« L’ennemi de mon ennemi est mon ami » Or, la popularité du mouvement chiite et de son secrétaire général en Égypte indispose, voire effraye le pouvoir égyptien31. Alors que le Président Moubarak critique le Hezbollah, les Frères musulmans multiplient, quant à eux, les appels contre le sectarisme et pour l’unité de tous les musulmans32, conférant, de fait, un caractère clairement islamique à la résistance libanaise. Néanmoins, malgré l’axe gouvernemental égypto-jordano-saoudien contre le Hezbollah33, les manifestants égyptiens, toutes tendances politiques confondues, n’hésitent pas à défier les « baltagiyya »34 et les cordons policiers pour témoigner de leur solidarité avec le parti chiite libanais. Si l’on souhaitait mesurer la popularité de Hassan Nasrallah en Égypte, on noterait que, trois semaines après le début des hostilités entre Israël et l’armée du « parti de Dieu », on a pu recenser 124 nouveaux-nés baptisés Nasrallah dans la seule ville d’Alexandrie. Une mère aurait même choisi de nommer ses jumeaux : l’un Hassan et l’autre Nasrallah35. Autre anecdote évocatrice : poursuivant la tradition de baptiser la récolte de dattes de l’année du nom d’une personnalité politique marquante, et après John Kerry lors de la présidentielle américaine et Jacques Chirac l’année de son opposition à l’intervention américaine en Iraq, les grossistes du marché de Rod al-Farag choisissent le nom de Hassan Nasrallah. Un marchand s’en explique en déclarant : « Nous aimons M. Nasrallah. Cet homme a fait ce que personne d’autre n’a pu faire. Seul lui, avec son parti du Hezbollah, a pu vaincre Israël et l’obliger à sortir du Liban. C’est pour cela qu’on a donné son nom à la variété de dattes la plus chère et la plus savoureuse du marché. » 36 Bien que certaines sources proches du pouvoir égyptien s’évertuent à vouloir présenter l’opinion publique égyptienne comme ignorante, mal informée et incompétente pour juger de la « chose » extérieure, les Égyptiens se sont montrés au contraire particulièrement politisés et très bien informés. Quelles que soient les appartenances partisanes, ils soutiennent la résistance libanaise et l’affichent37. À ce titre, on trouve dans la presse égyptienne quelques tribunes libres offertes aux citoyens tout au long de la guerre. Ainsi, le quotidien Al-Wafd38, parmi d’autres, a consacré une grande page intitulée « La rue égyptienne est avec la résistance jusqu’à la victoire »39, où il donne la parole à trente « citoyens ordinaires »40. Tous les citoyens interrogés déclarent soutenir le Hezbollah, et appellent les gouvernements arabes à sortir de leur « mutisme honteux »41. L’un des interviewés va jusqu’à
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demander que le gouvernement suive la voie du président iranien Ahmedinejad et celle de Nasser42, car « le seul moyen de récupérer ce qui a été pris par la violence… c’est la violence ». D’autres en appellent au jihâd « afin que les femmes et les enfants d’Israël sachent ce que les nôtres (sic) subissent aujourd’hui et qu’ils regrettent ». Un autre ajoute : « Donnez-nous l’occasion de les envoyer dans leurs abris antimissiles43 comme l’a fait le Hezbollah à Haïfa. » Le journal conclut en affirmant que Hassan Nasrallah a restauré l’honneur et la dignité arabes, et que les citoyens égyptiens le soutiendront « jusqu’à la victoire ». Le soutien à la résistance libanaise accordé par la presse dite d’opposition ne faiblit pas pendant toute la durée du conflit. Concernant les médias panarabes, les lignes de partage sont également particulièrement significatives des positions en présence. En effet, les médias saoudiens, tels que la chaîne Al-‘Arabiyya ou le journal Al-Charq al-awsat, ont suivi très clairement la position du gouvernement saoudien, et ont affiché leur solidarité avec le peuple libanais tout en critiquant l’opinion publique arabe majoritairement pro-Hezbollah, en condamnant ce dernier et en montrant du doigt la Syrie et l’Iran. Ainsi, l’éditorialiste d’Al-Charq al-awsat stigmatise les activistes, militants et manifestants arabes en les comparant à ceux qui, lors de la guerre contre l’Iraq de 2003, « avaient demandé l’impossible, emportés par leur émotivité »44. Un journaliste de la même publication45 défend pour sa part le secrétaire général de la Ligue arabe, ‘Amr Mûsâ, alors que celui-ci avait été vivement critiqué par des journalistes égyptiens lors d’une conférence de presse, lui renvoyant la responsabilité de l’inaction de l’ensemble des dirigeants arabes46. Contrebalançant Al-‘Arabiyya et Al-Charq al-awsat, des médias comme Al-Jazeera, Al-Quds al-‘arabî, ainsi que la plupart des journaux dits indépendants, n’ont épargné ni l’État d’Israël ni les dirigeants arabes. Le Jordan Times qualifie ces derniers d’« écolières nerveuses »47 et titre : « Au moins l’Iran est au Liban. Et les Arabes, où sont-ils ? »48 Alors que la rédaction du journal Al-Quds al-‘arabî écrit : « Le cessez-le-feu aura pour conséquence la défaite d’Israël, ce qui d’une part effraie les régimes égyptien, jordanien et saoudien, et d’autre part fait la joie de l’opinion publique arabe, du Hezbollah et de l’Iran. »49 Si la guerre israélienne contre le Liban s’est invitée dans toute la presse arabe, elle a été également très présente sur divers blogs au cours de l’été 2006. Une nébuleuse de blogs a vu le jour, partout dans le monde, pour suivre l’évolution du conflit : des blogs de soutien au peuple libanais, des blogs d’information minute par minute, des blogs « carnets de
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guerre » de Libanais ou d’expatriés témoins des attaques israéliennes relatées sur la Toile jour après jour. En Égypte, et bien que l’on dénombre de plus en plus de blogueurs50, peu se sont aventurés à écrire sur les événements au Liban. Les rares blogs égyptiens faisant référence au Liban ont quelques entrées relayant l’information d’un rassemblement, voire témoignant de la présence du blogueur à telle ou telle manifestation (cf. site de Wâ’il ‘Abbâs51), photos à l’appui. En cela, ils suivent une ligne éditoriale routinière, couvrant les activités et manifestations des quelques groupes de l’opposition. Mais l’action du Hezbollah donne des idées aux opposants des régimes arabes52, et c’est précisément ce que craint le président égyptien Hosni Moubarak lorsque, appelant les deux parties à un cessez-le-feu, les 14 et 25 juillet 2006, il prévient des risques de contagion et de déstabilisation de la région. Précisément, et après avoir souligné qu’il ne sympathisait pas avec l’idéologie des Frères musulmans, le blogueur ‘Alâ’ ‘Abd alFattâh53 demande au rédacteur du site « Ikhwan Web », Khâled Sâlem, pourquoi la confrérie ne s’inspire pas de l’action menée par le Hezbollah. En guise de réponse, Khâled Sâlem lui écrit que, bien que le combat du Hezbollah diffère de celui des Frères, il faut néanmoins savoir se lancer dans « l’aventure », en s’assurant que tout aura été calculé soigneusement à l’avance, afin de ne pas provoquer de chaos qui puisse permettre à « l’ennemi » de nuire à la cause. Il ajoute également que l’unité de l’opposition est primordiale et qu’il n’y a aucune différence entre les Frères musulmans, les gauchistes ou les libéraux, tant qu’ils combattent pour l’amour de leur pays, pour la démocratie et la réforme.
Face à l’ennemi réel et à l’ennemi absolu, « le partisan est le jésuite de la guerre »54 Si, depuis les élections législatives, la confrérie s’était appliquée à maintenir des relations très cordiales avec le pouvoir, l’été 2006 a constitué un tournant dans la rhétorique des Frères musulmans vis-à-vis du gouvernement égyptien, mais aussi vis-à-vis des États-Unis et d’Israël. Les Frères se sont investis dans la politique extérieure afin d’alimenter et de rallier à eux une contestation interne déjà prégnante. « Celui qu’on a dépouillé de tout droit va puiser son droit dans l’hostilité. »55 C’est précisément dans cette hostilité des Égyptiens contre les gouvernements égyptien, américain et israélien que les Frères musulmans puisent. Jusque-
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là, bien que la question palestinienne fût toujours l’une des préoccupations majeures de la confrérie, celle-ci n’avait pas fait de la situation régionale un point central de son agenda, se concentrant davantage sur les questions domestiques et, notamment, ces dernières années, sur la question de la réforme constitutionnelle. Dès le début du conflit, alors que le pouvoir égyptien condamnait les actes du Hezbollah, le mouvement s’est clairement prononcé en faveur de la résistance libanaise dans des discours appelant à soutenir Hassan Nasrallah, à manifester pacifiquement, à boycotter les produits américains et israéliens, à collecter des dons pour le peuple libanais et à prier pour la victoire de la résistance libanaise. Mais les Frères musulmans en sont rapidement venus à fustiger l’ensemble des régimes arabes. En effet, le guide suprême Muhammad Mahdî ‘Âkif s’est rapidement mis à accuser les dirigeants arabes de garder un silence suspicieux, déclarant que leur position révélait à la fois une dépendance honteuse vis-à-vis de l’Occident, mais aussi un déficit démocratique flagrant. Puis, finalement, il en est venu à critiquer de façon véhémente et directe le président égyptien. Ainsi, lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision Al-Jazeera, ‘Âkif accuse le Président Moubarak de collaborer avec l’ennemi et de travailler à la solde des « gangs sionistes » et du « maître » américain, dans le but de garder le pouvoir et de le transmettre56. Ce positionnement par rapport au pouvoir égyptien, marqué par la rhétorique de la traîtrise, de l’illégitimité et de l’infériorité morale, constitue une véritable rupture anéantissant les longs efforts déployés par le mouvement pour ne pas être marginalisé sur la scène politique égyptienne. Par ailleurs, s’ils avaient dans un premier temps appelé à des manifestations pacifiques, les Frères prônent rapidement le jihâd57, déclarant qu’ils sont prêts à envoyer 10 000 volontaires58 attendant de défendre les Libanais et l’honneur de la umma59. Ces chiffres paraissent d’autant plus étonnants que les Frères ont très peu investi la rue égyptienne pendant la guerre. Sans compter qu’au vu de la ligne adoptée par le gouvernement, ces annonces sont inutiles et, dans une certaine mesure, se sont retournées contre le mouvement, puisqu’elles ont pu alimenter et relancer les rumeurs suggérant que ce dernier dispose d’une aile armée. On peut, en outre, souligner un changement de rhétorique vis-à-vis de l’État d’Israël et des États-Unis. Si, lors de l’opération « Iraqi Freedom », les Frères musulmans ont critiqué les États-Unis avec retenue, ils ont commencé à être particulièrement virulents après la victoire du Hamas en Palestine et l’isolement de ce dernier par l’administration américaine.
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Le guide suprême dénonce la démocratie exclusive ou à géométrie variable et déclare alors : « En réalité, l’administration américaine ne cherche pas à promouvoir la démocratie ni à encourager la bonne gouvernance comme elle le prétend… Mais [elle] prend des mesures sélectives pour servir ses intérêts et son propre agenda dans la région. »60 Pour le mouvement, l’isolement du Hamas est une déclaration de guerre contre tous les mouvements islamistes : dès lors, aucun dialogue n’est possible. Pendant la guerre contre le Liban, dans ses discours, le guide suprême des Frères musulmans place les États-Unis exactement sur le même plan que l’ennemi israélien. À l’occasion d’une conférence à al-Azhar, il déclare : « L’ennemi usurpateur qui pratique le terrorisme et le gangstérisme dans la région est défendu par les États-Unis. »61 En outre, à chaque prise de parole, Muhammad Mahdî ‘Âkif emploie des expressions telles qu’« ennemi américano-sioniste » ou « complot américano-sioniste »62, taxant, en outre, les Américains de « croisés »63 et alimentant ainsi l’anti-américanisme. Les déclarations à l’égard de l’ennemi israélien sont autrement plus haineuses. En effet, dans son discours intitulé « Le choix stratégique de la résistance », le guide suprême reprend les propos du secrétaire général de la Ligue arabe lorsqu’il évoque l’échec du processus de paix, ajoutant que celui-ci a seulement permis aux américano-sionistes de contenir les élans de la umma et de réduire les dirigeants arabes à la soumission64. La guerre d’Israël contre le Liban constitue un nouvel épisode permettant aux Frères musulmans de demander une rupture avec l’État d’Israël et le gel du traité de paix (appelé le traité de « soumission »)65. De plus, dans les discours officiels du mouvement, le clan israélien n’est plus qualifié d’entité : on parle dorénavant de « gang sioniste »66 qui « n’hésite pas à verser le sang arabe et musulman, à détruire et à déplacer des populations ». En somme, si leur prise de position par rapport à cette sixième guerre israélo-arabe leur a permis de prouver leur engagement pour la umma et la défense de ses intérêts contre l’hégémonie israélo-américaine, les Frères musulmans ont porté un coup à leurs relations avec le gouvernement égyptien et avec l’administration américaine, qu’ils avaient pourtant mis de longues années à construire.67 Si le soutien des Frères musulmans à la résistance libanaise fut sans équivoque, il en va de même pour les divers dignitaires religieux sunnites68 et hommes politiques de l’opposition, toutes tendances confondues. Un article de Nahdat misr titre : « Malgré leurs divergences idéologiques, pourquoi la gauche, les Frères musulmans et les nassériens soutiennentils le Hezbollah ? » Dans cette page, on peut lire des appels à l’unité
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entre musulmans : « C’est la main de l’étranger qu’il faut dénoncer pour les propos animant la discorde entre le chiisme et le sunnisme », ou encore : « Toutes les forces doivent être unies derrière la résistance, en dépit des divergences d’opinion. » Le 29 juillet, un article du journal AlGhad rapporte que les Frères musulmans considèrent le Hezbollah comme l’espoir de tous les peuples arabes. Toujours dans Al-Ghad, le 7 août, on peut lire que les partis d’opposition ont mis de côtés leurs divergences et se sont unis dans le soutien qu’ils apportent au Hezbollah. En outre, Ayman Nûr, figure emblématique de l’opposition au régime en place, écrit : « Hassan Nasrallah est un homme, dans une ère conquise par des femmelettes », qui n’est pas sans rappeler les propos du Président Bachar al-Assad taxant les dirigeants arabes, et plus particulièrement le pouvoir égyptien, de « moitiés d’hommes », faisant ainsi écho à l’appel de Hassan Nasrallah aux dirigeants arabes : « Soyez des hommes, une fois au moins dans votre vie ! » C’est la résolution 170169 du Conseil de sécurité des Nations unies, votée à l’unanimité le 11 août 2006, qui met fin au conflit opposant Israël à la résistance armée du Hezbollah. Cette résolution appelant à une « cessation totale des hostilités », fondée sur la « cessation immédiate par le Hezbollah de toutes les attaques » et la « cessation immédiate par Israël de toutes les offensives militaires », a été parrainée par le Danemark, les États-Unis, la France, la Grèce, la Slovaquie et le Royaume-Uni. Elle se caractérise par un équilibrisme qui tente de satisfaire les deux parties. Or si l’on en croit les articles rapportant les discussions informelles qui se sont tenues au sein du Conseil de sécurité, les premières versions du projet de résolution étaient nettement favorables à Israël et ignoraient la plupart des revendications libanaises présentées par Fouad Siniora lors de la Conférence de Rome le 26 juillet 2006. Ce n’est qu’après l’intervention des émissaires de la Ligue arabe dépêchés à New York par le Conseil de l’organisation panarabe réuni à Beyrouth70 que l’on est arrivé à un consensus entre les belligérants et les différents négociateurs71. Victoire limitée pour la diplomatie arabe si l’on en croit le caractère plus que tardif de ladite résolution, son ambiguïté ainsi que l’absence de toute sanction visant l’armée israélienne ; si l’on souligne, en somme, le deux poids, deux mesures de la communauté internationale, dénoncé par la grande majorité des citoyens du monde arabe. Bien que le pouvoir égyptien ait voulu convaincre son peuple du rôle central de sa diplomatie, il n’en reste pas moins que cette dernière a, d’une part,
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échoué à faire qualifier les actions menées par l’armée israélienne contre les civils libanais de « crimes de guerre » et, d’autre part, à faire porter le coût de la réparation des infrastructures libanaises à Israël72. Au terme d’un arbitrage entre les gains extérieurs73 rapportés par leur allégeance aux États-Unis et les coûts internes découlant de cette relation, les dirigeants égyptiens ont choisi de se maintenir dans une configuration politique clientélaire, creusant finalement davantage le fossé qui les sépare de leurs espaces sociaux internes.
Notes 1 La guerre menée par Israël contre le Hezbollah libanais et qui s’est déroulée
du 12 juillet au 14 août 2006 a souvent été qualifiée de « sixième guerre » dans les médias arabophones. 2 Morgenthau (Hans), Politics among Nations: the Struggle for Power and Peace, 6e éd., New York, Alfred A. Knopf, 1985. 3 Le journaliste et essayiste Samir Qasir est assassiné le 2 juin 2005 dans le quartier résidentiel chrétien d’Achraffiyé à Beyrouth. 4 Georges Hawi, ex-chef du Parti communiste et proche de l’opposition antisyrienne, est assassiné le 21 juin 2005. 5 La journaliste May Chidiac échappe de peu à la mort le 25 septembre 2005. Gravement blessée par l’explosion, elle est amputée d’un bras et d’une jambe. 6 Jébrane Tuéni, député antisyrien et PDG du quotidien Al-Nahâr, est assassiné le 12 décembre 2005. 7 Le Mouvement du 14-Mars est le nom donné à la plateforme réunie à la faveur d’une contre-manifestation à celle du Hezbollah, six jours auparavant, qui avait rassemblé 800 000 personnes en faveur de la Syrie et contre l’ingérence occidentale. Le mouvement réunit le Courant du futur dirigé par Saad Hariri, le fils de l’ancien Premier ministre, le Parti socialiste progressiste dirigé par Walid Joumblat, le Rassemblement de Kornet Chehwan et les Forces libanaises. Cf. http://www.14march.org/ 8 S/RES/1559(2004). 9 Pour une chronologie et une analyse détaillées des événements au Liban en 2005-2006, cf. Mermier (Franck) & Picard (Elizabeth) (dirs), Liban, une guerre de 33 jours, Paris, La Découverte, 2007. 10 Et dans une moindre mesure les Frères musulmans. 11 Tels que les Frères musulmans en Égypte, le Front d’action islamique en
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CHRONIQUES ÉGYPTIENNES 2006 Jordanie, le Parti du développement et de la justice au Maroc et al-Wifaq au Bahreïn. 12 À ce sujet, lire l’éditorial de Tareq Homeyed dans Al-Charq al-awsat : http://www.asharqalawsat.com/leader.asp?section=3&article=373599&issue=10094 13 Il faut, à ce titre, souligner le foisonnement des publications sur le « danger chiite » depuis la fin de la guerre. Notamment : Ta‘ima (Sâbir), Al-Usûl al-‘aqidiyya al-imâmiyya (les fondements du dogme imamite), Le Caire, Madbûlî, 2006 ; alMûsâwî (Sayyid ‘Abd al-Rasûl), Al-Chî‘a fî al-târîkh (les chiites dans l’histoire), Le Caire, Madbûlî, 2006. 14 http://www.alarabiya.net/Articles/2006/07/18/25810.htm. Voir également Al-Misrî al-yawm, 19 juillet 2006. 15 « Personne ne met en doute les droits des peuples à résister aux forces de l’occupation. Mais cette résistance doit prendre en compte les gains et les pertes », déclare-t-il dans un entretien publié mardi 8 août 2006 par le journal Al-Watanî al-yawm. Il ajoute que « l’escalade israélienne au Liban entraîne toute la région vers une pente dangereuse ». 16 Voir notamment Sawt al-umma, 14 août 2006, n°297, ainsi qu’Al-Fajr du même jour, n°62, et Al-Ghad du 12 août. 17 À ce sujet, en août, lors d’un rassemblement de notables jordaniens, Muhammad Dahabî, chef des services secrets jordaniens, a déclaré qu’il fallait faire à Nasrallah ce qu’il avait fait à Zarqâwî en juin 2006. (Dahabî a, en effet, affirmé avoir fourni aux dirigeants américains des informations permettant de localiser ce dernier.) 18 Hirschman (Albert), Exit, Voice and Loyalty. Responses to Decline in Firms, Organizations and States, Harvard University Press, 1970, p. 162. L’auteur distingue trois types de comportements : le comportement loyal (loyalty), la prise de parole ou contestation (voice), et la défection (exit). 19 Sawt al-umma, 21 août 2006, n°298. 20 http://www.ohchr.org/english/bodies/hrcouncil/docs/specialsession/ A.HRC.S-2.2_en.pdf 21 On notera que, parmi les onze États votant contre cette résolution, se trouvent la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. 22 Voir à ce sujet l’article « Ambassadeur des porcs, sors de la terre du Nil ! » (Ya safîr al-khanazîr, ukhruj bara ard al-nîl !) publié dans le journal Al-Karâma, en date du 8 août 2006, ainsi que « Les politiques et les intellectuels exigent le renvoi de l’ambassadeur israélien », publié dans Al-Ghad, le 19 juillet 2006. 23 Akhbâr al-yawm, 27 juillet 2006. Par ailleurs, les deux premières semaines de juillet, le Président Moubarak a largement insisté sur le fait que la diplomatie égyptienne était sur le point de parvenir à un arrangement sur le problème de
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L’ÉGYPTE FACE À LA SIXIÈME GUERRE ISRAÉLO-ARABE Gaza mais que les « événements » ont anéanti ses efforts. Il s’agit ici à la fois de souligner le rôle médiateur de la diplomatie égyptienne et l’importance de ne pas rompre avec les interlocuteurs israéliens. 24 Autre argument en ce sens, s’il en est : afin de convaincre de la « justesse » de la médiation égyptienne dans le conflit, on citera la dépêche du cabinet ministériel datant du 8 août : « Abû-l-Ghît : le rapport du secrétaire général des Nations unies prouve la validité du point de vue et de la position égyptiens ». Dans la même dépêche, on peut lire : « Le Président Moubarak fut le premier à demander qu’une enquête internationale soit menée sur le massacre, et l’Égypte fut la première à appeler à la tenue d’une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme afin qu’une délégation enquête sur les graves violations du droit international humanitaire à Qânâ, qu’elle prenne acte des dommages subis par le Liban, détermine les responsables du massacre et les poursuive. » 25 Gamal Moubarak a déclaré à cette occasion que « cette visite [était] l’expression de la solidarité du peuple égyptien avec le peuple et le gouvernement libanais ». 26 À la suite de la visite de la délégation égyptienne au Liban, l’Égypte a envoyé 60 tonnes d’aide alimentaire et a créé un compte à la Misr Bank afin de collecter des dons pour le peuple libanais. 27 Déclaration du cabinet d’Ahmad Abû-l-Ghît, 28 août 2006. 28 Pour la notion de changement en politique étrangère, cf. Rosenau (James), The Scientific Study of Foreign Policy, New York, Nichols Publishing, 1980. 29 En déployant une stratégie « d’activisme », comme démontré précédemment. 30 Le fait de qualifier la politique étrangère égyptienne de fixiste n’est pas péjoratif. Deux éléments extérieurs s’alimentant l’un l’autre constituent la cause majeure de ce fixisme : les tensions régionales porteuses d’inertie et le jeu intrusif américain dans la région (lui-même facteur d’exacerbation de ces tensions). 31 Sawt al-umma, 14 août 2006, n°297. 32 Cette tendance des Frères musulmans n’est pas nouvelle, puisque quelques mois auparavant, lors de l’attentat contre le mausolée des imams ‘Alî al-Hâdî et Hasan al-‘Askarî de Samâra, en Iraq, ils avaient également appelé à l’unité des musulmans. Voir le discours du guide suprême : « Les événements de Samara », en date du 23 février 2006. 33 Axe que le président égyptien nie, le 19 juillet 2006, après que le journal israélien Yediot Aharanot en a fait mention. 34 Une blogueuse relate son expérience face à ces hommes de main lors d’une manifestation dans le centre-ville du Caire : http://hakazaana. blogspot.com, posté le 27 juillet 2006.
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The Economist, 24 août 2006 : « Arab neighbours thinking ahead ». Al-Ahram hebdo, du 4 au 10 octobre 2006, n°630. 37 Voir notamment le sondage du 19 août 2006, conduit par le Centre Ibn Khaldun pour les études de développement en Égypte, qui révèle que, pour les Égyptiens, Hassan Nasrallah est la figure politique la plus populaire (suivi de près par le leader politique du Hamas Khâlid Micha‘al et le président iranien Mahmûd Ahmadinejad). 38 Al-Wafd, 19 juillet 2006. 39 « Al-châri‘a al-misrî ma‘a al-muqâwama hatâ al-nasr », Al-Wafd du 19 juillet 2006, p. 5. Un jeu de mots est ici de rigueur entre « victoire » (nasr) et le nom du secrétaire général du Hezbollah. Autre jeu de mot courant : « Nasrallah qarîb » (la victoire de Dieu est proche). 40 Les photos de vingt d’entre eux sont juxtaposées à leurs propos. Il s’agit de points de vue d’avocats, d’étudiants, de fonctionnaires, de chauffeurs de taxi, de médecins, de retraités ou encore de stylistes. 41 Voir à ce sujet l’article : « Le Hezbollah a fait ce qu’aucun Arabe n’a été capable de faire », dans la rubrique « ‘Uyyûn al-cha‘ab » (les yeux du peuple) du journal Al-Jumuhûriyya, 20 juillet 2006. 42 À l’occasion des différentes manifestations organisées au Caire, le portrait de Nasser accompagnait de manière courante celui de Hassan Nasrallah ainsi que les drapeaux du Hezbollah. 43 Le fait que les Israéliens se « cachent » dans des abris a été très commenté dans la presse égyptienne, conférant une stature d’autant plus héroïque au secrétaire général du Hezbollah. Voir notamment Al-Ghad, 29 juillet 2006. 44 Al-Charq al-awsat, édition en ligne du 17 juillet 2006. 45 Idem. 46 À ce sujet, voir l’article sur le site http://www.aljazeera.net, publié le 16 juillet 2006. 47 Jordan Times, édition en ligne du 16 juillet 2006. 48 Al-Ghad (jordanien), édition en ligne du 16 juillet 2006. 49 Al-Quds al-‘arabî, édition en ligne du 17 juillet 2006. 50 Cf. les chiffres cités par Enrique Klaus dans ce volume. 51 http://misrdigital.blogspirit.com (Al-Wa‘î al-Misrî), posté le 13 juillet 2006. 52 À ce titre, voir l’article publié le 22 août 2005 dans le journal Al-Karâma : « Le Hezbollah dont l’Égypte a besoin ». 53 http://www.manalaa.net, publié le 24 juillet 2006. Lire également la discussion, le même jour, sur http://ikhwanweb.com, à la rubrique « Opinions ». 54 Phrase prêtée à Che Guevara. 36
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L’ÉGYPTE FACE À LA SIXIÈME GUERRE ISRAÉLO-ARABE 55 Schmitt (Carl), La Notion de politique/Théorie du partisan, Paris, Flammarion,
p. 300. 56 « Live avec Mahdî ‘Âkif », sur Al-Jazeera, interview diffusée le 31 juillet 2006. Notons ici le lien fait entre l’allégeance aux États-Unis et la transmission du pouvoir en Égypte. 57 Pour Amr Hamzawy, ce revirement de position serait lié aux pressions populaires reprochant au mouvement de se satisfaire des manifestations et de la « charité ». Voir Hamzawy (Amr) et Bishara (Dina), « Islamist movements in the Arab world and the 2006 Lebanon war », Carnegie papers, n°75, novembre 2006. Nous empruntons une partie des données factuelles sur les Frères musulmans à cet article. 58 Lire à ce sujet l’article de Tewfik Aclimandos dans ce volume. 59 Plusieurs déclarations en ce sens sont faites. Discours de ‘Âkif lors d’une conférence du Front national pour le changement : « Supporter la résistance », 5 août 2006. Conférence au syndicat des enseignants le 26 juillet 2006. Conférence de ‘Abd al-Min‘im al-Futûh au syndicat des avocats du gouvernorat de Qalyubiyya le 8 août 2006, www.ikhwanonline.com. 60 Interview de Muhammad Mahdî ‘Âkif dans le journal Al-‘Arab Magazine, 26 juillet 2006. 61 Conférence à al-Azhar : « Aide à la résistance », 20 juillet 2007, www.ikhwanonline.com. 62 Discours « Le crime de Qânâ, les leçons de la résistance et la victoire », 8 août 2006, www.ikhwanonline.com. 63 Conférence au syndicat des enseignants, 1er août 2006. 64 20 juillet 2006, www.ikhwanonline.com. 65 Lire le rapport des activités parlementaires du mouvement entre le 21 et le 31 juillet 2006. Notons le jeu de mot fréquent entre « salam » et « istislam » : paix et capitulation. 66 Muhammad Mahdi ‘Âkif emploie l’expression « gang sioniste » lors d’une interview avec le journal libanais Al-Safîr, le 21 juillet 2006, ainsi que dans son discours du 24 juillet 2006, « L’agression militaire du Liban ». 67 Se référer aux articles de Tewfik Aclimandos et d’Hélène Legeay dans ce volume. 68 À ce sujet, lire l’interview de Yûsif al-Qardawî dans Al-Misrî al-yawm, du 18 août 2006. 69 S/RES/1701 (2006). Notons que cette résolution ne fait référence qu’à « l’attaque du Hezbollah contre Israël » et aux « hostilités au Liban et en Israël » ; elle passe sous silence l’agression d’Israël et ne demande ni la fin des opérations militaires menées contre le Liban ni la levée du blocus imposé à celui-ci. Lire
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CHRONIQUES ÉGYPTIENNES 2006 notamment : Achcar (Gilles) et Warschawski (Michel), La Guerre des 33 jours, la guerre d’Israël contre le Hezbollah au Liban et ses conséquences, Paris, Éditions Textuels, 2006. 70 À l’occasion d’une réunion entre les différents ministres arabes des Affaires étrangères se déroulant à Beyrouth le 7 août 2006, le Conseil de sécurité de la Ligue arabe a décidé d’envoyer à New York une délégation composée des ministres du Qatar (membre du Conseil de sécurité des Nations unies), des Émirats arabes unis, et du secrétaire général de la Ligue arabe, ‘Amr Mûsâ, afin de soutenir le plan Siniora. 71 À la suite de la réunion entre ces envoyés et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, l’ambassadeur de France à l’ONU, Jean-Marc de La Sablière, a déclaré : « Le projet franco-américain sur le Liban va être amendé. Il tiendra compte des objections du Liban et de la Ligue arabe. […] Le problème pour nous est de produire le meilleur texte possible et de prendre en considération les préoccupations de tous. » Lire Ben Achour (Rafaâ), « La résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité : trop tard et trop peu ! », Actualité et Droit international, novembre 2006, http://www.ridi.org/adi. 72 À la mi-août 2006, les dommages étaient évalués à « 3,6 milliards de dollars de dégâts matériels directs, dont 1,2 milliard de dollars pour les infrastructures et les établissements industriels et 2,4 milliards pour les habitations et les commerces ». Chiffres cités par Verceil (Éric), « Le bilan des destructions », in Mermier (Franck) et Picard (Élizabeth) (dirs), op. cit., p. 23. 73 Allocations financières et allocations de légitimité.
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