Arts édito Daniel Côté
Leçon de politique 101 Ceux qui craignaient que la Coopérative de développe-
disposés que jamais à rompre les liens avec le Cégep de
ment culturel de Chicoutimi, alias le Théâtre du Saguenay, prenne position en faveur de la construction d'une salle
Chicoutimi.
de spectacles au centre-ville,
manifesté lorsqu'une autre recrue, Laval Gagnon, lui a demandé qui portait le pro-
peuvent se rendormir. Grâce à la performance magistrale de son nouveau président, Pierre
Mazurette, les partisans de Ia rénovation de lAuditorium Dufour auront un adversaire de moins à eombattre en vue de la consultation publique qui aura lieu au début de I'année. Même s'il a accédé à son poste par la forte de côté, sa
nomination n'ayant pas été soumise au vote des membres, c'est avec ltassurance d'un apparatchik qu'il a présidé I'assemblée générale annuelle tenue mardi, au Cégep de Chicoutimi. Au sein d'une
organisation normale, un syndicat, par exemple, un nouveau venu aurait fait preuve
Les citoyens d'abord Le génie du président s'est
jet de la salle de spectacles. Alors qu'en cette matière, le ministère de la Culture et des Communications considère le
diffuseur comme son interlocuteur.privilégié, il a répondu en s'appuyant de nouveau sur ces chers citoyens. Le conseil d'administra" tion a comme vision que nous ne sommes pas le porteur, eu égard au fait qu'il y aura un choix populaire et qu'ensuite, nous devrons I'administrer ", a-t-il énoncé. Si on suit cette logique, aucun corps constitué ne devrait se prononeer, de
de prudence, sous peine de se
peur de se retrouver du mauvais bord de lbpinion publique. Comme si, une fois la défaite consommée, il était impossible
faire rabrouer. Pas lui.
de se
r4llier.
Il faut admiiei làudace de Pierre Mazurette qui, d'entrée de jeu, a décidé de ne pas respeeter une résolution votée à I'unanimité, lors de I'assemblée générale annuelle du 30 juin. Elle prévoyait la tenue d'une assemblée extraordinaire consacrée au seul dossier de la salle de spectacles, mais le président, qui était alors aux abqnnés absents, a pris prétexte de la
consultation publique pour n'en faire qu'à sa tête.i Lui,le deinier aruiv$, s'est conduit comme s'il était investi d'une légitimité sugérieure à celle des membres, dont plusieurs suivent les activités de la coopérative flepuis des lunes. Il y a eu deb protestations, bien sûr. Mais le nouveau président a invoqué I'argument de la démocratie, rien de moins, pour justifier sa position à lui qui était tout, sauf démocratique. Comme les citoyens voteront sous peu, ce serait faire preuve d'élitisme que de vouloir s'insérer dans le débat, a raisonné Pierre Mazurette.
Ainsi,le plus important diffuseur du Sagugnay-Lac-SaintJean n'a pas à se prononcer sur son avenir, qui est étroitement lié au projet de salle. Comme pdr hasard,la chape de plomb tombe au moment où les membres sont plus
C'est une viJion de ia democratie qu'appréciaient les
dirigeants communistes de lAlbanie. Ils auraient aussi approuvé la désinvolture avec laquelle Pierre Mazurette a accueilli la résolution soumise par Laval Gagnon, à I'effet de demander à la ville de Saguenay de reporter la consultation populaire tant que la coopérative n'aura pas tenu une assemblée consacrée à la salle de spectacles. Elle a été approuvée à 17
contre 10,l'unique foyer dbpposition étant formé d'employés du Cégep de Chicoutimi qui
mobilisaient deux tables. Habile, le président a déploré cette soi-disant division, feignant de ne pas réaliser que ces gens étaient en service commandé.
Il avait I'air déçu, mais savait, au fond, que cette fronde ne
changerait rien àrien. Depuis quand la reine négocie-t-elle avec ses sujets ? Après plus de deux heures de
discussions, l'assemblée a pris
fin. Des membres favorables à la construction d'une salle ont souligné I'attitude amicale de Pierre Mazurette qui, il est vrai, a beaucoup souri pendant la soirée. Ils venaient de se faire rouler dans la farine, de recevoir une leçon de politique 101, option Machiavel, et se
réfugiaient dans l'atmosphérique. Grand bienleur en fasse.