Del Art[2]

  • November 2019
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Les Grands Courants de l’Histoire de l’Art

Cours de 1e candidature Langues et littératures germaniques

Informations Pratiques : 1. Examen (juin) : a. Question d’ordre général (thématique)  traverser le cours Exemples : - parler du paysage ou du portrait - parler de l’art en Allemagne - l’évolution de la sculpture, de la peinture en manuscrits - comparer la renaissance carolingienne et du Quattrocento b. identification d’une œuvre vue au cours - artiste - ville/pays - dater au siècle près (minimum) - justifier l’identification 2. Ressources : Inclut énormément de liens vers plus d’information ainsi que de meilleures images (en couleur) que le « recueil d’images » : http://witcombe.sbc.edu/ 3. Permanence : Vendredi de 10H à 12:30 4. Contact : Jean-Patrick Duchesne Tel : 04/ 366.56.03 Email : [email protected] Introduction « L’art est une activité humaine expressément et intentionnellement créatrice de choses et d’êtres dont l’existence est la fin. » (Etienne Cibelot) La notion d’artiste est reconnue en Europe (et par extension aux États-Unis), en Chine, et au Japon. Il faut faire la différence entre les beaux-arts (sculpture, peinture, etc) et les arts décoratifs (vase, meuble, etc.) Les premiers sont ceux que ce cours présentera : ils sont « purs », désintéressés, alors que les derniers sont de valeur principalement utilitaire. L’histoire de l’art peut être divisée en trois temps : 1. le moyen age haut moyen age 476  1000 époque romane  1150 période gothique  1453 2. les temps modernes a. b. c.

(1453  1789 révolution française)

3. l’époque contemporaine (1789 – nos jours) Le Moyen Age (476 – 1453) Débutant en 476 (chute de l’empire romain occidental) et terminant en 1453 (prise de Constantinople par les Turcs) ceci délimite une très longue période qui peut être subdivisée : a. haut moyen age (royaume Mérovingien et empire carolingien)  l’an 1000 b. époque romane  les années 1150 c. période gothique  1453 L’art est très lié à la religion chrétienne. La construction d’églises est très importante. Au 14e siècle apparaissent également des hôtels de ville (Florence, Vienne, Bruxelles) L’absence d’activité autonome est frappante : les artistes sont considérés comme des artisans. Il en continuera ainsi jusqu’à la renaissance. Léonard de Vinci est le premier à revendiquer ceci comme art libéral, d’élite (« L’art est une chose mentale. ») 1. Le Haut Moyen Âge (476 – 1000) Les difficultés économiques en occident font que les peuples du haut moyen age sont pauvres. Il reste principalement des pièces d’orfèvrerie et des manuscrits enluminés d’images ou ornements. La peinture est à base de : - lapis-lazuli - feuilles d’or (à marteler) La richesse était représentée par le poids des métaux précieux que l’on possédait. Les centres de gravitation quittent de plus en plus la méditerranée. L’art du haut moyen age se construit par opposition à la réalité, il s’agit d’un rejet de l’humanisme. Le corporel et le matériel forment des obstacles à la « vraie vie » (influence religieuse évidente.) Il s’agit d’un art spiritualiste. 1. Époque Mérovingienne (476-800) Époque de la plus grande division de l’Europe orchestrée par la dynastie des Francs dont le premier roi était Mérovée (suivi de Clovis.) Époque dominée par un art spiritualiste, symboliste. Rejet de la réalité, de l’humanisme pour se référer au monde surnaturel. 1. L’architecture L’architecture est très pauvre durant cette première partie du moyen âge car ce sont des peuples nomades; ils n’ont aucune tradition architecturale (ni de sculptures ni peintures monumentales.) Il ne reste que des vestiges de taille modeste.

Note : Clovis fait venir des Byzantins à Paris pour se faire construire une église. L’orfèvrerie domine à cette époque du moyen âge car c’est l’art le plus facile à transporter (objets de petite taille, peu d’or et d’argent.) Ces œuvres d’orfèvrerie représentent une réserve monétaire mais l’orfèvrerie a aussi une valeur symbolique : les objets en or sont avant tout des objets religieux, car l’or est éternel, symbole de lumière et précieux. 1. Buste Reliquaire De Sainte Foi De Conques (27-A) Statuette de l’époque mérovingienne, c’est la plus grande représentation humaine sculptée à cette époque (40 cm de haut.) Il s’agit d’une pièce d’orfèvrerie conçue en bois et recouverte d’une feuille d’or, décorée de pierres précieuses. Il s’agit d’évoquer un visage humain et non celui de la jeune fille. L’or contribue à l’irréalisme et symbolise l’immortalité. Ce qui compte ici c’est la sainteté. Conques : village français. Buste reliquaire : pièce d’orfèvrerie destinée à recevoir des reliques ou restes d’un saint ou éventuellement du Christ ; sorte de mini cercueil. Ces reliquaires reflètent la nature et l’importance des reliques conservées. Le reliquaire était déjà typique des cultures anciennes : statues vaudou, caractère magique mais également du christianisme germain, à l’opposé des romains qui, eux, vendaient leurs morts. A ce temps-là, on se faisait enterrer dans le cœur de l’église, à côté des reliques puis de plus en plus loin selon le nombre de morts. Sainte-Foy : jeune princesse chrétienne que ses parents ont enfermée pour lui faire abjurer sa foi; elle a refusé et est morte de faim. Une communauté s’est installée dans une très grande abbaye médiévale de Conque. Ils ont volé les reliques de Sainte-Foy (sainte normande.) Les pèlerins ont fait des offrandes pour ce reliquaire et ces offrandes ont été changées en pierres précieuses puis greffées sur le reliquaire de Sainte-Foy afin de la vénérer mais aussi dans le cadre d’une fonction économique. En effet, la totalité des offrandes n’était pas offerte à la Sainte mais la communauté en gardait une partie. A l’époque mérovingienne, étant donné que le christianisme tente de s’imposer, Sainte-Foy est fort importante. 2. Livre De Durrow (27-B) Le livre de Durrow est un ensemble d’évangiles réalisés à Durrow (Irlande), illustrés de dessins dont celui-ci : Le symbole de Saint Matthieu. Ceci est une page tapis (comme un tapis d’Orient) contenant des entrelacs, c’est-à-dire des jeux de courbes. Les premiers à avoir utilisé les entrelacs étaient les Celtes ; donc, les Irlandais perpétuent l’art celtique. (Note : l’art celtique et l’art germanique ont des atomes crochus. Ceci est dû au fait que ce sont les religieux irlandais, dont Saint Patrick, qui ont converti les Germains.) Au centre du manuscrit : une tête et deux pieds permettent de deviner un personnage tout à fait plat, sans densité, laissant penser à une maladresse. Mais la dextérité dans les vêtements en damier et les entrelacs décoratifs tendent plutôt vers l’irréalisme. Tout est très soigné sauf le personnage humain : il n’y a aucun souci de la présentation humaine. Ces artistes excellent dans l’art abstrait et rendre la réalité ne les intéresse pas.

Manuscrit religieux réalisé en Irlande (pays très tôt christianisé.) Le message a été transporté par des missionnaires. Pour ce faire, il leur fallut des livres associant images (car nombre élevé d’analphabètes) et écrits. Fermés, ces livres représentent des pièces d’orfèvrerie : leur couverture est en or, en argent avec des pierres précieuses, etc. Le livre est une chose rare et souvent consacré à la religion. Les encres utilisées contiennent des pierres semi-précieuses ; les manuscrits disposent de feuilles d’or, etc. 2. Époque Carolingienne (800-1000) Même si la tendance générale est la même qu’à l’époque mérovingienne, il existe des exceptions : les productions artistiques directement liées à Charlemagne et à son entourage ou les arts de la cour, les arts impériaux. Les Carolingiens veulent une nouvelle culture mais n’arrivent pas à la faire passer auprès du public. 1. Pourquoi ce changement ? Charlemagne et son entourage, notamment ses ministres, prêtres internationaux, ont de l’ambition. Ils veulent renouer avec l’idée d’unité politique de l’empire romain. Charlemagne va reconstituer cette unité et pour marquer cela, il se fait couronner « Empereur romain germanique » en 800 par le pape. Charlemagne veut apparaître comme un descendant de la prestigieuse lignée des empereurs romains unificateurs de l’Europe, ce qui donnerait de la légitimité à son titre. Charlemagne tente vainement de reconstituer la vie de la Cour romaine. Il en découle comme conséquences culturelles : - le latin devient la langue de cour - les courtisans s’habillent à la mode antique - un réseau d’écoles est établi - Invention d’un art qui renoue avec les intérêts de la vie, un art humaniste alors qu’à cette époque, c’est tout à fait à l’encontre des mentalités (l’art mérovingien est l’opposition systématique de l’art romain : la nature, réalité matérielle, anthropo-culturisme, etc.) Charlemagne fait construire le palais d’Aix-La-Chapelle : chapelle palatine construite avec des colonnes de temples antiques venues de Ravel (près de Venise.) Autrement, il y a peu de réalisations architecturales à cause de la faible économie et du manque de tradition. Note : le carolingien ≠ l’époque carolingienne ! 3. Représentation De Saint Mathieu De L’Évangéliaire D’ebbon (28A) Manuscrit illustré représentant Saint Mathieu. Ceci est une représentation et non plus un symbole, donc il y a un souci de réalisme : Le personnage masculin face au lutrin a un relief, un corps au volume réel, évoqué par les jeux d’ombres et de lumières, ainsi que par les plis des vêtements. Le personnage pivote dans l’espace de manière naturelle. Un effet de torsion est produit par les pieds de face avec visage et buste de profil. Personnage très vivant : plis, cheveux ébouriffés, expression de concentration, penché sur son livre  force d’inspiration (comme un évangéliste.) Il tient en main

une plume et un cornet d’encre et écrit, preuve qu’il s’agit bien de Saint Mathieu  réalisme. Illusion d’une profondeur de champ alors que le dessin est plat. Présence de l’ombre du personnage. Jeux du vêtement (toge  époque antique) : les plis s’estompent aux genoux, on devine les jambes car le tissu se tend avec. Paysage italien : pins parasols (arbres d’Italie), temple romain. Bordure : ici est très secondaire, l’encadrement évoque le bois (peinture sur bois est caractéristique de la Grèce antique.) La volonté de Charlemagne a donc réussi dans quelques œuvres mais ce fut un échec sur le plan de la société, ce qui donna lieu à des conflits. Le fils de Charlemagne, Louis Le Pieux (un débonnaire) avait trois fils, il aurait donc du en choisir un pour lui remettre son royaume, mais il a partagé : - la France à Charles Le Chauve, - la Germanie à Louis Le Germanique, - La Lotharingie (Bourgogne et nos régions) à Lothaire. Les trois continuent à développer l’art de cour dérivé de Charlemagne : l’antique est toujours présent. 4. Illustration D’une Page De La Bible Privée De Charles Le Chauve (28-B) Première page de la bible privée de Charles Le Chauve réalisée à l’abbaye de Saint Martin de Tours en France. Cette page illustre des moines offrant une bible à Charles. L’illustration principale est donc laïque. Il y a une impression de profondeur et d’espace créés par les poses et vêtements des personnages. Il y a une recherche d’individualisation : les moines, vêtements et gestes sont chacun différent. La profondeur est également évoquée par les variantes d’obscurité (blanc à l’arrière, bleu foncé au sol) sur le fond du tableau. L’encadrement présente des colonnes antiques entourées de vignes, donnant l’impression qu’elles font partie de la scène. Détail : les colonnes et uniformes sont inspirés du romain, mais les chaussures des personnages sont germaniques. Il y a donc recherche de vraisemblance mais il y a quelques réticences : la taille des personnages, les personnages du fond sont plus grands que ceux de devant mais ceci est du à la convention de la perspective hiérarchique sociale. Le roi étant le personnage le plus important, c’est le plus grand. Ceci conduit à une contradiction : cette peinture se veut réaliste et doit pourtant répondre à des conventions symboliques. Or réalisme ≠ symbolisme. Le reste des Carolingiens (autres que Charlemagne) ont toujours un art d’esthétique mérovingienne, comme s’il s’agissait d’une résistance idéologique. 5. Détail De Décoration De La Porte Extérieure De L’église Saint Zénon De Vérone (28-C) Cette porte d’église est en bois avec des panneaux de bronze (selon la coutume médiévale) sculptés évoquant des épisodes religieux. Celui-ci représente Adam et Ève chassés du paradis terrestre.

Œuvre en relief (sculpture) dont la figure principale est l’archange chassant Adam et Ève. Il s’agit d’une représentation humaine mais est avant tout un dessin plat (vêtements, ailes traites de manière décorative.) Adam et Ève sont extrêmement schématisés. Il y a évocation de l’espace : les personnages marchent dans le vide, le décor est symbolique : l’arbre est plus un symbole d’arbre qu’une représentation. Il n’y a aucun repère spatial. Il y a de l’irréalisme dans les tailles. Irréalisme général dans lequel vient s’inscrire l’exception de l’art de Cour de Charlemagne. 2. L’Époque Romane (1000 – 1150) Il s’agit d’un art cohérent dont les principes sont mérovingiens, à l’exception géographique de dans le bassin mosan (la vallée de la Meuse.) Ici, l’art de la Cour va perdurer : c’est l’art mosan. C’est en même temps différent d’ailleurs car la politique y est différente (ligne : France, Hainaut, Namur, Dinant, Huy, Liège, Maastricht.) C’est un art réaliste et humaniste surtout dans l’orfèvrerie et les livres. Mais il se développe indépendamment de la politique. C’est un art populaire. L’époque romane commence à l’an 1000. L’Europe s’est re-fragmentée, c’est la féodalité : division en petites principautés qui dépendent de souverains mais qui ont une grande autonomie. C’était aux mains des aristocrates, les nobles (titre militaire.) Les nobles gouvernent des territoires agricoles, ensembles de villages. La vallée de la Meuse, où il y a un développement sans égal, est la seule région urbanisée d’Europe (Note : le gothique est un phénomène urbain.) La Meuse est un lien commercial entre les cités ( exportation.) Ces cités dépendent de souverains mais elles ont une autonomie politique (liberté communale à Huy dès le 10ème siècle.) Développement extraordinaire du commerce (pièces mosanes retrouvées très loin : Prusse, Angleterre, etc.) Les cités vont développer un art différent, un art bourgeois, urbain (différent de la paysannerie et de l’aristocratie.) Les bourgeois sont des commerçants, des artisans qui créent des objets matériels si possible de luxe. Des objets qui aident à une vie plus confortable, améliorer le monde qui les entoure. Le bourgeois s’impose par ses propres forces, ses qualités individuelles, donc il va développer un art humaniste qui tend à l’intégrer. 6. Les Fonds Baptismaux (27-C) Dans l’église Saint Barthélemy se trouvent les fonds baptismaux, une cuve de grand format réalisée en laiton (grande spécialité des villes mosanes.) Un prêtre de Liège, de Notre Dame aux Fonds (cathédrale Saint Lambert) l’a commandée. Cette église avait le monopole des baptêmes jusqu’à l’an 1000. Mais des églises se sont mises à concurrencer (car le baptême est rémunéré.) Ce prêtre décide donc de faire un coup pour que se faire baptiser là redevienne le « must » : c’est un investissement. L’œuvre est fondamentalement humaniste et réaliste, suivant l’art populaire (la population adhère à l’art de ce type, ça va marcher.) C’est une œuvre réaliste comme durant l’antiquité mais il reste une exception territoriale.

L’auteur de cette œuvre est connu pour une fois, il s’agit de Renier de Huy. Cela signifie que l’artiste est reconnu, pas oublié. La signature a une valeur, il a fait preuve d’ingéniosité. La cuve en laiton (alliage et cuivre  doré), dont le couvercle est perdu, est un cylindre décoré de 4 scènes de baptêmes tirées de la bible (le baptême du Christ avec Saint Jean-Baptiste est la plus importante.) La cuve est supportée de douze bœufs (les apôtres) C’est sculpté, il y a un relief très affirmé. Les personnages se détachent presque de la cuve. Même l’arbre se courbe. Il y a une variété des attitudes. Les personnages les uns derrière les autres montrent la profondeur. Les vêtements ont ici des plis qui s’estompent où les membres sont tendus. Les plis correspondent à un geste naturel (espèce de lourdeur de la matière naturelle.) Les personnages ont des proportions normales. Il n’y a pas de perspective hiérarchique (le Christ est petit.) L’auteur veut évoquer un fleuve, il en fait une sorte de jupe autours du christ. 1. L’Architecture L’art roman ne s’écarte pas des valeurs dominantes du moyen âge ; il n’y pas de véritable rupture. C’est un art qui considère le spirituel plus élevé. Il privilégie le symbole. Mais il y a quand même des différences. Jusqu’ici, l’orfèvrerie dominait mais l’an 1000 expose une renaissance de l’architecture (qui conduit à une renaissance de la peinture et sculpture grand format.) L’architecture impose ses normes à toutes les disciplines. L’Europe se recouvre d’un manteau d’églises. Le moindre village se dote d’une église, souvent liée à une abbaye. Pourquoi cette renaissance de l’architecture ? C’est la fin de la terreur de l’an 1000. On prophétisait la fin du monde pour l’an 1000 (doctrine millénariste.) Les gens se réfèrent aux textes symboliques : l’Apocalypse de Saint Jean. Ils prennent ça au pied de la lettre. Ils ne voulaient pas construire pour rien. Pour l’architecture, il faut avoir les moyens. Il y a un essor économique (surtout en l’agriculture) au 11ème siècle (système des jachères.) Ce sont les moines qui vivent de l’agriculture. Les ordres religieux (les bénédictins, de Saint Benoît, et les cisterciens, de Saint Bernard de Cîteaux, plus austères que les bénédictins) sont importants, ils forment d’excellents administrateurs et toutes les abbayes sont reliées entre elles. Il y a donc une reconstitution d’entités stables et équilibrées : les ordres religieux traversent les frontières féodales. Il y a une sédentarisation. Le 11ème siècle est la fin des invasions normandes. On leur a permis de s’installer en Normandie, Sicile, dans les régions agricoles les plus riches, en Angleterre en 1066. Les facteurs sont donc : la paix, la prospérité, les ordres religieux, l’architecture essentiellement religieuse concentrée sur les abbayes et principalement rurale. Art qui privilégie le spirituel, l’architecture peut exprimer quelque chose de ce système de valeur. L’architecture mosane est une question de quantité de constructions qui concerne les moindres petits villages mais aussi le développement d’une technique architecturale. Principalement des architectures religieuses : abbayes, églises, quelques châteaux et maisons privées. Ils doivent solutionner deux problèmes : - construire des lieux pouvant accueillir un maximum de monde

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trouver des moyens de sécurité : éliminer les matériaux qui brûlent facilement, comme par exemple le bois. Première solution : ils utilisent la pierre mais c’est très lourd. Ils vont emprunter une idée venant des temples grecs : couverture en pierre bien supportée. C’est une mauvaise solution car les nombreux piliers nécessaires pour supporter la pierre empêchent d’accueillir du monde  solution rejetée.

Deuxième solution : la couverture en voûte venant des romains, mais les murs ont toute la pression, ils risquent de s’écarter et de casser  ils prévoient des murs beaucoup plus épais et les plus compacts et homogènes possibles  place et sécurité mais manque d’éclairage car absence de fenêtres  la solution est une invention romane adaptée d’un système romain : l’arc doubleau : ils disposent à intervalles réguliers des blocs de pierres qui forment des murs et sont posés contre la voûte. Les arcs portent une partie de la pression mais sont encore renforcés avec des contreforts (massifs de pierres extérieurs aux bâtiments; la pression est moins forte entre ces contreforts  ouvertures, fenêtres sont possibles.) Caractéristiques de l’architecture romane : - en pierre, - caractère symbolique de l’église (orientée vers Jérusalem, plan de base en forme de croix, tours, etc. voir pp. 29-30), - Fermeture vis-à-vis de l’extérieur (avec certains relâchements possibles.) 1

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7. Église De Saint-Benoît Sur Loire (N/A) Intérieur d’une église romane bien éclairée. Ordre bénédictin, le plus important à l’époque romane. Il y a 3 voûtes subdivisées en trois parties : - la nef centrale pour le rassemblement des fidèles - deux nefs latérales pour la circulation des fidèles - Arcs doubleaux, contreforts et ouvertures - Voûte et arcs en pierre Il s’agit du style roman et est très stable. 8. Vue Externe De L’église Romane De L’abbaye De Sainte Foi De Conque (31-A) Note : Il ne s’agit pas de l’église d’origine ! Il s’agit d’un édifice roman et rappelle une carapace. A cette époque, de nouvelles techniques furent élaborées afin de permettre l’évidage des murs et donc plus d’ouvertures mais cette technique n’était pas utilisée car tout ce qui est religieux doit rester à l’abri du monde extérieur. On peut voir des contreforts le long de la nef, entre lesquels sont percées de petites fenêtres. C’est une des plus éclairées des églises romanes. Beaucoup de formes géométriques diverses s’articulent les unes dans les autres comme dans un jeu de construction, ce qui donne une sorte de sculpture abstraite. Ceci correspond à un plan symbolique.

Présence de tours : chaque tour a une fonction et un sens. Une d’elle est la plus élevée (jonction entre terre et ciel), elle a huit côtés (chiffre symbole de l’éternité.) C’est la projection du ciel sur l’église. 1. La Bourgogne : L’architecture romane est née en Bourgogne (France.) La Bourgogne est le cœur de l’architecture romane et cistercienne. L’abbaye principale des bénédictins se trouve à Cluny en Bourgogne. L’église romane de Saint Servais en Condroz à Liège dépendait de Cluny. C’est à partir de là que s’est opérée une diffusion dans toute l’Europe avec cependant certaines différences selon les lieux. L’église de pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle fut construite à la jonction de la frontière musulmans chrétiens afin d’affirmer le christianisme et diminuer les conflits. 9. L’église De Cluny (31-B) Elle fut la plus grande de la chrétienté jusqu’au 16ème siècle puis fut détruite à la révolution française. Elle a été reconstruite et est aujourd’hui « Paray Le Monial » : - transept développé, - 3 tours (une octogonale et deux plus petites), Mais cette église présente des différences significatives avec les églises romanes : dans une église habituelle, la toiture paraît uniforme, ici elle est fort différente. Le toit des tours est surélevé par rapport au reste. L’église de Cluny possède un nombre assez important de fenêtres, il y fait relativement éclairé (contraire total de l’abbaye de Cîteaux ou il y a le moins de fenêtres possible.) 2. L’Auvergne : Architecture de caractère rustique. L’Auvergne était une région pauvre qui n’a donc pas pu procéder à beaucoup de reconstructions  il y reste beaucoup de vestiges. 10. Église De Saint-Nectaire (32-A) Exemple type de ce style, Saint-Nectaire possède de petites chapelles, une tour octogonale, deux tours avant, une seule toiture sur les nefs  l’éclairage est réduit et chaque élément est bien dessiné  mise en valeur du travail du maçon. 11. Église Saint Zénon De Vérone (33-A) Édifice plus petit n’adoptant pas la couverture en pierre mais en bois pour des raisons de difficultés techniques et d’abondance des matériaux. Les fenêtres sont toutes petites, plutôt des fentes, malgré qu’on ait, techniquement parlant, pu en faire des plus importantes (le toit est en bois et ne pèse donc pas sur les murs) mais la volonté est de clôturer l’espace sacré, le séparer du monde laïque. Une des particularités locales est le fait qu’il n’y ait pas de tour en façade mais une tour (clocher / campanile) en périphérie, séparée de l’église (comme la Tour de Pise), tout comme les baptistères. Note : cette église a été modifiée vers le gothique, d’où le grand vitrail. Ces églises sont entièrement recouvertes de plaques de marbre rose pour décoration ; les trous noirs désignent l’emplacement de ces plaques.

Sous les corniches latérales se trouvent des moulures décoratives : des bandes lombardes, spécificité italienne et allemande. 3. (Allemagne) : 12. Cathédrale De Saint Etienne Et Saint Martin De Mayence Particularités principales : - Deux chœurs ; - Deux absides ; - Deux transepts ; - Deux tours. Ces églises sont dédiées à deux saints (mais un des chœurs est plus important que l’autre !) - Une entrée latérale dans le transept - Église couverte de bois, - Fenêtres très petites, - Décoration au niveau de l’abside, - Galerie naine purement décorative. Ces églises étant massives, ils créent des motifs de festons (la bande lombarde) et des galeries naines pour estomper la lourdeur. 2. La sculpture La sculpture était avant tout décorative et plus importante que la peinture car celle-ci s’abîme plus vite. Il ne reste d’ailleurs que peu de vestiges de peinture. Mais les sculptures étaient entièrement peintes ou en tout cas le plus souvent. La sculpture est soumise à l’architecture : l’architecture définit l’espace sacré et la sculpture lui apporte une animation. Ces œuvres d’art ne doivent pas permettre aux visiteurs de s’évader mais juste décorer l’architecture de l’espace sacré. Tout doit toujours ramener à la réalité architecturale. La sculpture doit remémorer, représenter des scènes religieuses. Les sujets de sculpture sont choisis par les moines (conception) et sont réalisés par l’artisan. Chapiteau (Colonne) De La Cathédrale De Gérone (Espagne) (N/A) Le chapiteau est un fût cylindrique dont la partie supérieure, qui supporte une partie du poids du toit, est élargie. Ici le chapiteau représente la dernière scène, le dernier repas du Christ. Mais la sculpture ne doit pas faire oublier le chapiteau. Les tables n’ont donc pas de pied, les personnages sont illogiques, ils se tournent le dos et mangent debout, les personnages sont plats, il y a peu de relief. Tout ceci est dû à la loi du cadre. Tout est conçu dans le but d’épouser la pierre. Le sculpteur doit respecter la forme du support. 13.

L’Ève D’Autun (ville bourguignonne) (34-A) Note : la Cathédrale d’Autun est célèbre pour la sculpture romane. Il s’agit d’un linteau de porte (pierre rectangulaire qui se trouve au-dessus de la porte d’entrée.) C’est un bloc de pierre avec orientation horizontale. Il s’agit d’une représentation d’Ève qui cueille le fruit défendu. Elle est couchée, c’est irréaliste mais le sculpteur doit respecter les coupes architecturales mais il n’y a pas de problème vu que ce qui compte est le symbolisme (fait qu’elle cueille la 14.

pomme) et non le réalisme (arbre minuscule, Ève couchée et aplatie.) Ève est étirée, tout est réduit à un dessin. C’est un travail de surface et non de profondeur alors que la sculpture est normalement un travail de profondeur. Ève a un genre mélancolique comme si elle regrettait déjà l’acte. 15. Tympan De La Cathédrale D’Autun (33-B) Arc de soutien situé au-dessus de la porte d’entrée qui canalise la poussée de part et d’autre des portes. Le tympan est la sculpture la plus grande et donc la plus visible. Il a un caractère monumental (grandeur) et stratégique (au-dessus de l’entrée : quiconque entre, le voit.) Il représente le Jugement Dernier. Il y a une volonté de coller à la surface du mur pour respecter la forme du support. Les personnes sont étirées et perdent donc de leur substance. Ici, il y a 3 subdivisions horizontales et un axe vertical. Le buste du Christ s’inscrit dans un triangle et ses jambes dans un losange. La surface étant semi-circulaire, les gens dans les coins sont penchés sans que leur activité le justifie. A gauche du Christ se trouvent un ange et un démon, ils pèsent les âmes. Le paradis se trouve au niveau supérieur et l’enfer au niveau inférieur. Il y a une perspective hiérarchique : le Christ est le plus grand et les damnés les plus petits. Note : Thème de la plupart des tympans romains : le Jugement Dernier (le Christ sépare les bons des mauvais, envoie les premiers au paradis et les seconds en enfer.) Ceci en dit long sur la mentalité de l’époque. L’image de la religion ici donnée est répressible et effroyable : Dieu est un juge et si on ne se conduit pas bien, il nous envoie en enfer. Plus tard, Dieu sera représenté parmi les hommes. Ici la religion est spiritualiste et met l’homme en dessous du divin, du sacré. Caractéristiques de la sculpture romane : a. Loi du cadre : impose au sculpteur de se soumettre à la forme du support b. Loi du schéma : enchevêtrement de formes géométriques, schéma géométrique abstrait au départ de l’œuvre. L’abstraction soutient l’œuvre et prime sur le réel. Les personnages se plient aux formes géométriques. c. Platitude linéaire d. Étirement 16. Statues-Colonnes De La Cathédrale De Chartres (34-B) Monument dont le chantier fut élaboré à l’époque romane et la construction à l’époque gothique. Le terme « statues-colonnes » synthétise l’impression reçue. Il y un étirement, les statues épousent les colonnes, conformément au style roman. Il y a traitement linéaire de ces figures, platitude, traitement des draperies linéaire, les cheveux du personnage féminin s’étirent, ils n’ont aucun volume.

Par contre, les têtes sont beaucoup plus naturelles, les proportions et le relief sont normaux. Il y a exploration de la diversité physique. Ceci sont des sculptures de transition car une partie s’écarte des normes : les visages ont un relief important, sont individualisés (comme dans la bible de Charles Le Chauve.) Il s’agit d’une œuvre contradictoire : visage (gothique)  corps (roman)

3. L’Époque Gothique (1140 – 1400 Italie / 1150 - 1500 Eur. N.) L’art gothique est une révolution culturelle car il s’oppose presque sur tous les points à l’art roman. C’est avant tout un art urbain, contrairement à l’art roman qui était rural. Les villes n’en sont pas à l’origine mais constituent un milieu favorable à son développement. De nouveaux ordres (franciscains, dominicains) naissent ; se sont des ordres mendiants, vivant des bourgeois. La royauté française est le point de départ de l’art gothique. En 1150, le roi Louis VI (Le Gros) avait un pouvoir qui ne s’étendait que sur l’Îlede-France (autour de Paris.) Il n’avait donc pas la capacité d’imposer ses vues. La France se reconstruira sans Philippe Auguste. Le statut royal est le seul atout de la royauté. Le roi est un délégué de Dieu, élu par droit divin. Il est donc à mi-chemin entre l’humain et le sacré et est donc intouchable. Suger, ministre ecclésiastique du roi de l’abbaye St Denis qui sert de nécropole aux rois de France, eut l’idée de renforcer le prestige du statut royal. Il inaugura une politique culturelle qui imposa la royauté comme suprême, lien entre le ciel et la terre. Ceci privilégie les liaisons entre le sacré et le profane. C’est de la propagande. La politique culturelle vient toujours en appui à la politique tout court. Il crée un art royal : il réunit des artistes d’un peu partout pour refaire son Abbaye. Ceux-ci créent une nouvelle formule qui sera appliquée à la construction des Cathédrales de France. Ce fut un succès. L’art gothique sortit des frontières de l’île pour s’étendre partout en France et à l’extérieur : Angleterre, Italie, Germanie, etc. Ses idées lui vinrent du fait que le roi était choisi de droit divin, il était le lien entre ciel et terre, entre dieu et les hommes, il aurait même des pouvoirs. L’art gothique veut mettre ciel et terre sur un même pied d’égalité, réconcilier le sacré avec le terrestre, revaloriser l’humain, le terrestre. Cet art eu le soutien de la bourgeoisie. Il s’agit d’un art humaniste, réaliste. La royauté, la bourgeoisie et l’église soutiennent l’art gothique. Du moins, le clergé séculier et non le régulier, c’est-à-dire celui qui se mêle à la population. 1. Architecture 1. En France L’architecture gothique transforme les objectifs vers lesquels il faut tendre pour construire un bâtiment religieux. L’objectif de l’architecture romane était de protéger le lieu sacré au maximum de l’extérieur. Il s’agissait d’édifices avec très peu d’ouvertures. L’objectif de l’architecture gothique est l’échange avec l’extérieur grâce à un maximum d’ouvertures.  Il s’agit de la réconciliation du sacré et du profane. L’église a un rôle de médiation tout comme le roi. Les édifices doivent être les plus élevés possible afin de rapprocher ciel et terre.

Les architectes sont confrontés à un problème : les techniques romanes ne conviennent pas pour les édifices recherchés. Ils font donc une série de modifications : - Ils rajoutent la croisée d’ogive aux arcs doubleau. Ce procédé est une invention de la Cathédrale de Durham en Angleterre à l’époque romane. - Art roman : voûtes et arcs semi circulaires  Art gothique : pour un maximum d’élévation : arcs brisés. 17. Cathédrale De Bourges En Île De France (35-A) Les voûtes changent de structure, il y a beaucoup de lumière, il y a de grandes fenêtres. Il faut renforcer les points d’appui (colonnes en pierre massives appelées piliers.) Ils donnent une impression de lourdeur : ils sont donc transformés en fuseaux de plusieurs lignes. 18. Vue Externe Du Chevet De La Cathédrale De Reims En France (35-B) Il y a modification de la hiérarchie des tours : les deux plus importantes sont maintenant celles en façade. Dans la partie inférieure se trouvent des contreforts avec de larges fenêtres. Il y a donc omniprésence du vide à côté du plein. La croisée d’ogive canalise une force énorme sur des points précis. La nef centrale est surélevée. Il y a plus de fenêtres, elles sont très hautes, et donc plus de lumière. Des arcs reprennent la poussée et l’éloignent jusqu’au mur, ce sont les arcs boutant. Tout est fait en proportion de la poussée. Si on déplace quelque chose de quelques centimètres, tout s’écroule. Des pinacles (éléments pointus ou flèches dirigées vers le ciel) stabilisent l’intersection des arcs. Une flèche est située au sommet du clocher en direction du ciel. L’habillage des éléments fonctionnels est fait dans le sens vertical. 19. Sainte Chapelle De Paris Associée Au Palais Royal (38-A) La Chapelle est aujourd’hui associée au Palais de Justice. Elle a une seule nef et dans le chœur de la chapelle, il y a énormément de vitraux. Nous avons l’impression qu’il n’y a plus que des fenêtres et que le mur a pu être éliminé mais il ne s’agit que d’une illusion d’optique. Il y a en fait deux chapelles superposées, une sombre et une cage de verre, séparées par un faux plancher pour que les murs ne se voient pas dans la partie supérieure. Nous sommes ici à l’apogée de l’architecture gothique française. Les architectes ont voulu éliminer les murs mais il en faut toujours. Plus on brise les arcs, plus il y a de pierres et donc de poids dans la voûte. Il n’y a plus moyen de construire plus haut ni d’enlever plus de surface murale.

20. Projet D’architecte Pour La Cathédrale De Strasbourg (38-B) Sur ce projet ne figurent plus que des lignes, le vide occupe une place plus importante que le plein. Ce projet montre l’ambition de l’artiste. Il s’agit d’un réseau de lignes vers le haut (Citation de Proust : « c’est de la dentelle de pierre ») qui donne une impression de verticalité impressionnante. Ce projet insiste sur la transparence de l’église. La façade est dotée de deux tours (comme toute Cathédrale gothique française) surmontées de flèches encore jamais vues sur une Cathédrale gothique française : la construction des cathédrales fut pendant un certain temps négligée car l’art gothique était d’abord religieux puis il est devenu civil, laïc (hôtels de ville, etc.) La bourgeoisie en a eu assez de financer l’église et a financé son propre domaine. Les valeurs profanes prennent plus d’importance que les religieuses. 2. Architecture Gothique Anglaise Au 14e siècle commence la guerre de cent ans. La France cesse d’être le pole culturel de l’Europe, rôle repris par l’Angleterre un certain temps. Cette architecture fut un mélange d’influence française et de particularités locales. L’architecture anglaise est la première à se développer après la France car elle introduit la croisée d’ogive (originaire de Normandie.) Les rois d’Angleterre ont des prétentions sur la couronne de France. Ils valorisent cet art car ils valorisent la fonction royale. L’évolution de l’architecture anglaise est d’abord timide puis dépasse l’architecture française. C’est le début de la période archaïque. 21. Cathédrale De Salisbury (39-A) Édifice de style avec arcs boutant et tour à la croisée du transept ainsi que flèches qui donnent une impression d’élévation. Différences d’avec l’architecture gothique française : - tour à la croisée du transept et non en façade (vestige de l’art roman) - voûte de phase curvi-linéaire - bâtiment trapu et relativement bas (sauf tour) - environnement rural Cathédrale et aussi Abbaye à la fois ainsi qu’église de pèlerinage à cinq nefs (comme dans l’art roman)  largeur  horizontalité Il y a un véritable match sportif entre les villes pour qui construira le plus haut édifice mais l’architecture anglaise ne parviendra pas à dépasser la France sur ce plan. Ils sont donc limités dans ce domaine mais se distinguent au niveau décoratif. 22. Nef De La Cathédrale D’Ely (39-B) Les Anglais vont multiplier les lignes c’est-à-dire pratiquer un art curvilinéaire : les pendentifs sont plus gros au croisement des arcs et la voûte est oubliée au profit des lignes. Ce type d’architecture aura une influence en France durant la guerre de 100 ans. Il y a donc un retour sur le continent de l’architecture gothique flamboyante.

23. Voûte De La Chapelle Henry VII De La Cathédrale De Westminster Le nombre de ligne donne un effet de toile d’araignée. On assiste à une dématérialisation de l’architecture. Les lignes sont droites et perpendiculaires les unes aux autres et non plus courbes. On dit de cette chapelle qu’elle est de style perpendiculaire. Pour faire des lignes droites, les courbes ont du être abaissées, donc la voûte et les arcs ont été aplatis. Cette technique est appelée « gothique surbaissé. » L’art gothique anglais a régressé et a abandonné le souci de l’élévation. 3. Allemagne 24. Halle Kirche (39-C) Église de Schwäbisch Gmünd. Caractéristiques de ce type d’église très courant en Allemagne : - trois nefs de même hauteur (contrairement à l’art gothique français qui surélevait la nef centrale) - éclairage indirect de la nef centrale - voûtes remplies de moulures - églises influencées par le style flamboyant - Piliers très massifs sans faisceaux de lignes pour les amincir. Toutes ces caractéristiques témoigne d’un manque de compréhension de la part des allemands. 4. En Ville L’art gothique est l’art des villes, on assiste à un développement des villes et donc de l’urbanisme, des édifices privés, etc. Avant l’époque gothique, il n’y avait que très peu de villes, très petites et entourées de murs. Les villes sont maintenant en pleine expansion et doivent choisir entre s’agrandir ou créer de nouvelles villes. Ce mouvement est contrôlé par les épidémies qui brisent le développement. 25. Ville D’Aigues-Mortes (39-D) Port du sud de la France, était un port très important au moyen âge notamment pour les croisades. Le port étant en train de s’ensabler et la mer de s’éloigner, les habitants ont construit une seconde ville afin de se rapprocher du port. Les Grecs ont inventé les villes rectangulaires dans lesquelles les rues sont disposées en damier. Le plan est rationalisé, témoignant d’une très grande organisation. 26. Hôtel De Ville De Louvain (41-A) Exemplaire de l’architecture urbaine. Édifice vertical composé de plusieurs niveaux et de beaucoup de fenêtres, ce qui occasionne un manque de place mais qui accentue l’élévation. Il s’agit donc d’un souci d’esthétique de style flamboyant. Un jeu de courbes évoque des flammes.

27. Maison De Jacques Cœur Jacques Cœur était un citoyen de Bourges armateur et banquier qui fut arrêté par Philippe Auguste. Sa maison est donc une réalisation privée qui lui servait non seulement de demeure, mais aussi de local professionnel. Il s’agit d’une vaste maison d’élévation importante, possédant une cour intérieure et des fenêtres. Fenêtres et cour intérieure sont des preuves de richesse car à cette époque on ne fait pas de verres plats, les fenêtres sont faites d’un assemblage de petits morceaux de verre. Quant à la cour intérieure en pleine ville, elle est signe de luxe car les villes manquent de place. La tourelle de l’escalier est importante. Au-dessus de l’entrée se trouvent des sculptures de bustes du couple faisant un geste d’accueil. 2. Sculpture La sculpture modifie le rapport de force qui dominait à l’époque romane. Il s’agit de sculptures associées et non plus soumises à l’architecture. De grands changements s’opèrent au niveau des thèmes. La sculpture illustre le rapport entre l’art gothique et la royauté française. La sculpture gothique connaît des évolutions dans le temps contrairement à la sculpture romane. 5.

Première Phase : ARCHAÏQUE

28. Tympan De La Façade De La Cathédrale Notre Dame De Paris (42-A) Sculpture primitive et archaïque. Ce sens non péjoratif est utilisé pour signaler la première phase du changement. Un tympan sculpté est quelque chose d’archaïque car les tympans seront remplacés par des vitraux. Ce qui est novateur est le relief donné aux personnages. En fonction de leur posture, ils sont en relief plus ou moins prononcé. Les personnages assis sont, par exemple, plus en relief que ceux qui sont debout. Les personnages sont superposés. Les personnages principaux sont sur des trônes. Nous n’avons plus la platitude de la sculpture romane. Il y a une évolution vers une certaine autonomie. Les sculptures sont plus réalistes, les proportions plus respectées et la loi du cadre n’est plus respectée comme une contrainte. Les personnages ont des attitudes naturelles pour respecter la courbe. Il y a une volonté de réalisme. Les vêtements sont en relief et donnent du volume aux figures et correspondent à la position des personnages. La loi du schéma subsiste : il y a trois parties horizontales ainsi que la perspective hiérarchique (les personnages de la partie supérieure sont plus grands.) La thématique quasi systématique des tympans romans est le jugement dernier. Le thème gothique est : - Dans la partie inférieure : trois rois et trois prophètes ; - Au niveau médian : un épisode du nouveau testament, à savoir l’ensevelissement et la dormition de la Vierge Marie avec quelques apôtres dont St Pierre qu’on reconnaît grâce à la clé du paradis.

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Au niveau supérieur, le Christ couronne la Vierge. Contrairement à l’époque romane ou les cathédrales étaient dédiées à des Saints, toutes les cathédrales sont maintenant dédiées à la Vierge Marie. Ici il y a une centralisation de la dédicace autour de la Vierge.

Pourquoi représente-t-on la dormition de la Vierge ? Selon certains théologiens ainsi que la doctrine catholique, la Vierge ne serait pas réellement morte. Elle est montée au ciel spirituellement et corporellement. Arrivée au ciel, elle y est couronnée reine du ciel. Il y a un rapport avec la thématique royale. La Vierge n’est pas divine, c’est un être humain tant respecté par Dieu qu’elle va au ciel avec son corps. Or, le roi est humain mais couronné par Dieu. La Vierge symbolise donc la royauté humaine. Le Christ a un statut intermédiaire entre ciel et terre. Cette figure nous montre le rôle médiateur. Lors de la guerre de 100 ans, la France étant affaiblie, le centre de gravité de création se déplace. La Bourgogne, état puissant, riche et prospère prend le relais. Cela jouera un rôle important dans la sculpture surtout chez les actuels flamands. - La culture bourguignonne introduit et développe la sculpture profane. - L’artiste n’est plus anodin. - La sculpture n’est plus seulement humaniste mais aussi individualiste. - Il y a un renouveau du réalisme Nous entrons dans la première phase archaïque de l’évolution de l’histoire de la sculpture gothique. C’est la plus intéressante et la plus créative. 29. « Le Beau Dieu D’Amiens » (41-B) Cette statue est dite « en rond de bosse » et est sculptée sur toutes ses faces. Elle a été surnommée ainsi car Dieu représente une sorte d’idéal. Dans sa main gauche, il tient une Bible. Le geste qu’il fait est associé au moyen age à l’enseignement de la parole. Dieu fait maintenant de la prévention, non plus seulement du jugement. L’auteur a voulu lui donner une apparence la plus humaine possible. La tête est petite proportionnellement au grand corps. Tous les plis de sa toge partent de sa main gauche. Ils sont creusés ce qui crée un jeu de relief. Le tissu est rendu de manière presque illusionniste. Les plis ne sont pas les mêmes partout : vers le bas, ils sont travaillés ; vers le haut, ils s’amenuisent afin de ne pas distraire le regard du geste et du visage du personnage. Le sculpteur fait preuve de virtuosité. 30. Saint Théodore (Cathédrale de Chartres) (42-B) Statue gothique. C’est un saint militaire, représente anachronique ment comme chevalier (modèle valorisant une classe sociale importante.) Traitement du personnage : - il porte un costume médiéval anachronique - caractère juvénile - il est bien charpenté, musclé, qui rassure (comme la classe sociale militaire, pilier protecteur de la société.) - vêtements : illusionnisme des textures. Le pli du bras droit est épais (il s’agit de cotte de maille) Les plis sur son torse s’allongent vers le haut.

31. Statue Allégorique (Cathédrale de Strasbourg) (42-C) Elle est sculptée sur tous les cotés. Thème : allégorie (représentation personnifiée d’une forme abstraite) de la synagogue (religion juive.) La synagogue est un symbole négatif car elle évoque le peuple de Dieu avant le Christ ; c’est un personnage obsolète. A l’origine, il y avait un couple de statues. La synagogue : - Tables de la loi (Moise) - Yeux bandés (refuse l’enseignement du Christ) - Drapeau brisé (ne représente plus le peuple de Dieu) L’Église : - Bible - Yeux grand ouverts - Drapeau tendu vers l’avant. Physique : son ventre est valorisant. Elle représente un idéal de beauté : mince, jeune, sensuelle (déhanchement), élégante, qui pivote sur elle-même (invite à faire le tour.) Les plis s’amenuisent de bas en haut. 6. Deuxième Phase : CLASSIQUE Art qui respecte les règles, les codes. L’art gothique se codifie selon des critères formels qui deviennent lassants, clichés. Son moyen de diffusion est la production de sculptures qui sont envoyées partout, qui voyagent (au départ des villes principales de France.)

Deux codes formels se distinguent : - Il y a une solidarité entre l’antique et le gothique (inspiré de la réalité) - Le classique s’éloigne de la réalité, s’inspire des formes. La stylisation est poussée encore plus loin. 32. Couronnement de la Vierge (43-A) Se trouve au musée de Cluny. La courbure de la silhouette de la Vierge représente la position de défense de l’éléphant. Ils sont habillés de vêtements blancs couverts de fleur de lis. Note : la fleur de lys est une déformation de motif du drapeau des Francs. Chez Clovis, c’était une abeille qui représentait la prospérité. Maintenant elle est le symbole de la monarchie française. 33. L’Ange au Sourire Originaire de la Cathédrale de Reims. Le relief des draperies est très développé. Le corps est très allongé et la tête est très petite par rapport au reste du corps : cela ne ressemble pas au réel. Stéréotype du visage : - yeux bridés - petit sourire - menton en galoche - nez très allongé - pommettes saillantes

- long cou - coiffure bouclée et bandeau Se sont des caractéristiques que l’on retrouve toujours tels quels. Il s’agit d’un décalage par rapport à la réalité. Troisième phase : MANIÉRISME La dernière phase de l’évolution du gothique français est le maniérisme (qui désigne un style du 16e siècle.) Les sculptures mettent en avant une manière de sculpter : la forme prime sur le fond. 7.

34. La Cathédrale de Strasbourg (43-C) Représentation de prophètes. Leur apparence est ridicule. On dirait un défilé de mode. Ils ont la tête minuscule. L’un d’entre eux est myope, c’est de l’ironie. Le jeu de draperies est excessif. On ne voit pas grand-chose du visage. Il y a un détachement du coté respectable de la sculpture. On a donc l’impression que le profane domine sur le divin. 35. Le Puits De La Chartreuse De Chanmolle (44-A) Œuvre de Klaus Sluter, portraitiste de portraits profanes mais il s’agit ici d’une œuvre chrétienne de cet artiste. Cette chartreuse se trouve à l’abbaye de Dijon, capitale de la Bourgogne. Il s’agit du puits de Moïse. Au premier niveau, c’est une représentation de prophètes dont Jérémie (représenté à l’origine avec de vraies lunettes) éloigne son livre, il est myope. Les visages sont fort particularisés et on en montre les défauts. Il y a individualisation et idéalisation des traits. Il s’agit de naturalisme. Les feuilles de pierre sont très minces afin de bien rendre le réel. Les vêtements et les coiffures prennent le dessus. Le tissu est fluide, léger et souple. C’est ici le summum du savoir-faire. Sluter est un artiste renommé. Ce qui est nouveau en Bourgogne, c’est l’évocation des sentiments et de la psychologie des personnages, ce qui leur enlève une partie de leur beauté notamment au niveau du visage. On se spécialise dans les funérailles et les tombeaux des défunts sont entourés de pleurants. Le chantier religieux se vide au profit de l’individu. 36. Sculpture de Michael Pacher Cette sculpture a été réalisée en Bohême (à Prague.) Retable (œuvre mobile d’intérieur qui se vend) en bois doré. Sculpture mobilière émancipée de l’architecture. C’est donc une œuvre autonome. Série de tableaux sculptés (genre de bande dessinée) composés de différentes petites scènes qui racontent une histoire. Ce panneau central de Pacher représente le couronnement de la Vierge. Ce que l’on voit avant tout sont les éléments décoratifs, les draperies, les vêtements et donc l’exubérance de l’artiste. L’architecture, virtuosité mise en avant par l’artiste, est un élément de sculpture. On a donc difficile de comprendre la scène. Elle se déploie en profondeur. Le motif religieux se dissout.

Les grands ateliers de retables se trouvaient à Malines, Bruxelles, Anvers et Bruges (Bourgogne, Flandre actuelle.) 3. Peinture Nous allons voir l’évolution vers l’indépendance de la peinture. L’époque gothique voit naître le tableau de chevalet, moderne, de mobilier. Il a une valeur propre, est indépendant du cadre et est commercialisé. La peinture deviendra l’art dominant grâce à Léonard da Vinci. L’autonomie de la peinture est liée à une privatisation de la consommation esthétique. C’est le client individuel qui est visé plus que la collectivité. Tandis qu’une peinture dans une église est là pour toucher beaucoup de monde. On assiste à une évolution des mentalités à l’ère moderne. Un des supports de la peinture est le livre. C’est surtout dans ce domaine, qui offre au peintre une marge de liberté plus grande que dans l’architecture car beaucoup de livres appartiennent à des personnes privées, que la peinture devient indépendante. Cela est du au fait que le client qui commande son livre laisse plus de liberté au peintre que s’il fallait prendre compte de l’avis de beaucoup de monde. (Exemple : Sur des peintures de manuscrits islamiques, les représentations humaines et de Dieu sont bannies mais pour l’art privé c’est autorisé et courant.) On distingue trois grands foyers de création de peintures : 1. L’école française de peinture 2. L’école de peinture des primitifs flamands 3. Le foyer italien 1. L’École Française De Peinture L’évolution de cette école débute au 13ème siècle. Elle illustre surtout des manuscrits (enluminures.) 37. Le Bréviaire De Philippe Le Bon (N/A) Ce livre privé est un livre de prières en ordre chronologique qui représente un an. Philippe le Bon étant un prince, c’est un objet de luxe. Ce livre fait déjà exception à tout ce qui fut fait auparavant car d’habitude l’image est réduite par rapport au texte, elle est purement décorative, le texte occupe la position centrale. Les lettrines, images qui prennent place dans une lettre, sont généralement les premières lettres du texte. Ici, l’image est une exception car elle prend beaucoup de place, d’habitude elle était au deuxième plan, juste là pour décorer. L’intervention de l’artiste concerne la marge. Celle-ci est séparée du texte par une bordure décorative. Ici, une seconde bordure valorise la seule image. Il y a un renversement, avant la bordure marginalisait l’image, maintenant le texte ! Cette image est traitée avec une impression de profondeur, essai de perspective. L’image, ici, invite le lecteur a vagabonder dans l’image en trois dimensions quitte à oublier le texte religieux.

Le thème est celui du roi David d’Israël à genoux devant un autel où se trouve l’arche d’alliance qui contient la table des lois de Moïse. Le motif de fleur de lys se retrouve sur le mur. Le roi parle avec Dieu qui se trouve en haut à droite. Il y a représentation du contact entre Dieu et roi. Ils sont tous deux habillés plus ou moins de la même manière, il y a donc un rapprochement de la divinité envers le roi. 38. Les Grandes Heures Du Duc De Rohan (N/A) Grandes : pour la distinguer d’une œuvre plus petite. Heures : car contient les prières à faire toutes les heures. Ce livre, rédigé pour un personnage de l’aristocratie française, a pour illustration la scène du couronnement de la Vierge. Les phylactères sont utilisés comme « bulles. » L’image prend quasi toute la page. Le texte est réduit à la portion congrue dans la partie inférieure droite. Il n’y a plus d’image dans la marge. L’image est séparée du texte par une double bordure. L’image déborde de son encadrement comme si elle se sentait trop à l’étroit et voulait sortir d’un cadre contraignant. Un soin particulier est accordé aux draperies pour exprimer la virtuosité du peintre (parallèle avec la sculpture.) Ceci est la dernière génération d’illustrations de manuscrits avant que la peinture ne sorte des livres pour devenir autonome. 39. Les Riches Heures Du Duc De Berry (45-A) Un des plus grands chefs-d’œuvre dont on connaît cette fois les auteurs, les frères de Limbourg. Il y donc une valorisation du travail des artistes. Le fait que ce soit les frères de Limbourg qui aient fait cette œuvre la valorise. Ce livre est décoré de douze illustrations représentant les mois de l’année. Éléments d’indépendance : - L’illustration couvre toute la page. Elle a droit à son espace et ne doit plus partager avec le texte. - Aucune allusion au temps religieux n’est faite, les mois de l’année sont représentés par des images agricoles (exemple : les semailles d’octobre.) La relation entre le contenu de l’illustration et du texte se distend. C’est un livre religieux mais l’image n’a plus rien de religieux. La royauté est toujours mise en avant. Ici, on voit un château à l’arrière plan. - L’image est très en profondeur, on en oublie les prières. Elle a un espace imaginaire propre. - Au-dessus de l’image se trouve l’illustration des signes astrologiques d’octobre. Dedans se trouve le char du soleil, représentation du Dieu du soleil Apollon  rapport à la culture antique gréco-romaine. Or, les grécoromains sont considérés comme des païens par les catholiques. On constate une très grande liberté car il y a intégration d’images en désaccord avec la religion chrétienne dans un livre de prières. Chaque mot est très minutieusement traité. Chaque élément est soigné au maximum, il y a un intérêt scrupuleux pour le réel. Mais notez bien que cette œuvre est toujours une exception à cette époque. Le réel prime sur le spirituel.

40. Portrait De Juvénal Des Ursinis (46-B) Juvénal était un dignitaire de la cour française. L’auteur de cette œuvre, Jean Fouquet de Tours, décora d’abord des manuscrits puis fut le premier à faire des peintures sur chevalet. Il marquera le passage des illustrations de manuscrits (il était miniaturiste) aux tableaux. Ici, il s’agit d’une peinture sur bois de petit format, indépendante de tout contexte et transportable. Fouquet a une précision du détail (fourrure du vêtement.) Il fournit un travail de miniaturiste. Il multiplie les détails sur une surface réduite et utilise le fond d’or, preuves qu’il peignait sur manuscrits dont il garde le savoir-faire. Ceci est le portrait d’une personne laïque. Il y a singularisions du physique, on montre les défauts physiques. Il y a affirmation individuelle du commanditaire et donc de l’artiste. Le personnage représenté prie, ce qui rappelle la religion. Maintenant le livre est dans l’image et plus l’image dans le livre, ce qui illustre bien le renversement. Le livre devient accessoire et non plus élément dominant. 2. École De Peinture Des Primitifs Flamands La Flandre est alors sous la domination des ducs de Bourgogne, puissante entité rivale de la France. On ne vise pas que des artistes d’origine flamande mais de toutes origines (France, Allemagne, Hollande, etc) mais qui travaillent dans des villes flamandes, attirés par ce contexte favorable qui aux 15ème et 16ème siècles occupe le haut de l’économie. Cette floraison culturelle est liée au développement des villes. Celui-ci a un rôle moteur. C’est un contexte favorable pour les artistes car il y a de plus en plus de clients. Les primitifs signifient qu’ils sont la première génération de grands peintres flamands. (Note : tous étaient peintres de manuscrits au départ.) Une bonne partie de la peinture est destinée à l’exportation et une autre aux commandes. La peinture est un élément commercial important (semi-industriel.) Elle se vend très cher. C’est une production économique de luxe qui va se vendre de façon phénoménale. Beaucoup de peinture sont vendues par lots sur la bourse internationale d’Anvers. Nous sommes dans une phase de transition, le peintre sort de l’anonymat mais il faut faire des recherches pour savoir que c’est lui. 41. Tableau D’une Nativité De Robert Campin (N/A) Ce peintre est d’abord né à Tournai puis s’établit en Flandre. Il est plus connu sous le nom du « Maître de Flémalle » car un de ses tableaux avait été fait pour Flémalle. Il signe rarement ses tableaux : il reste anonyme. Ce tableau évoque la naissance du Christ entouré de Joseph, la Vierge, les bergers, l’âne, le bœuf et les anges. Le Christ est très petit et semble être délaissé. Il n’attire pas le regard. Celui-ci est attiré par les vêtements, les couleurs, etc (tout luxueux.) La place de Jésus est négligeable, l’aspect spirituel semble second par rapport à l’exploration du réel contemporain du peintre.

L’artiste est passé, comme Fouquet, d’une discipline à l’autre. Cela se voit dans son travail minutieux, il s’agit d’un travail de miniaturiste. Les phylactères (banderoles portant par écrit les paroles des anges) sont des éléments symboliques mais sont des conventions secondes par rapport au réalisme. Le tableau est peint en perspective cavalière, un peu arbitraire et archaïque. Ce tableau montre donc bien qu’il y ait un souci du détail qui permet une exploration du réel. 42. Le Mariage Des Arnolfinis (46-B) Ce tableau est le plus célèbre de Jean Van Eycke. Cet artiste de la première moitié du 15ème siècle ayant un grand souci de réalisme était d’abord peintre de manuscrits avec ses frères puis fit de la peinture sur bois de petit et grand format (retables, tableaux d’autel, etc.) Il habita d’abord Maastricht puis Bruges (la « Venise du Nord. ») Ce tableau est un portrait privé dont le thème est le mariage au moyen âge, lequel ne se faisait pas comme aujourd’hui : il n’y avait pas besoin de prêtre, mais juste un rite était respecté : la promesse entre les époux, la présence des témoins ainsi que les gestes rituels. Ici, les témoins sont visibles dans le miroir et au-dessus du tiroir, on peut voir la signature de J.V.E. qui écrit : « Jean Van Eycke fut ici » en latin. L’auteur cherche à prouver qu’il faisait partie de la scène. Il veut nous faire admettre que ceci est une représentation de la réalité mais il a difficile car il y a toujours des conventions, dont notamment l’intégration de symboles : - La femme est enceinte : symbole de la fécondité de la femme et de la suite de celle-ci - le chien, symbole de fidélité, est toujours représenté quand on évoque un mariage - les sandales rappellent que le domaine de l’homme est à l’extérieur et qu’il devra se servir de ses sandales pour sortir y travailler - le lustre n’a qu’une bougie, idée d’unité liée au mariage C’est la première fois qu’un peintre fait tout pour faire oublier le symbolisme. Van Eycke est obligé de montrer les symboles mais essaye de les naturaliser pour les faire oublier. C’est la preuve d’un malaise et du début d’une charnière. Un travail d’ombres et de lumières crée une homogénéité, une atmosphère. Les motifs se fondent les uns dans les autres. L’atmosphère crée l’illusion du réel. On remarque beaucoup de plis dans le bas du vêtement. 43. Tableau De La Déposition De Croix (47-A) Œuvre de Roger de Le Pasture de Tournais, qui transformera son nom en Rogier Van Der Weiden quand il se rendra en Flandre. Il était élève de Robert Quentin. Sa carrière l’amènera au sommet comme Van Eycke. Cette œuvre est sa plus célèbre, elle fut réalisée en Bourgogne. L’épisode représenté est celui qui suit la crucifixion : on décroche le Seigneur pour l’ensevelir. On a une impression de gros découpage des figures les unes par rapport aux autres, comme dans un puzzle. Roger n’est pas gêné par les symboles, il les intègre bien : - crâne au sol rappelant le Golgotha (« colline du crane », mont sur lequel le Christ est mort)

Convention la plus importante : Les 3 personnages de droite qui semblent impassibles (l’évêque agenouillé, qui finança le tableau, St Pierre avec sa clef, St Paul avec l’épée) tandis que les autres ont l’air très touchés. Ceci exprime le fait que ces 3 personnages n’étaient pas témoins de cet épisode. L’artiste crée donc cette distance par la gestuelle. Les autres personnages ont des poses et des mimiques qui évoquent des sentiments forts. Il y avait un intérêt pour l’expression psychologique à ce temps-là. Roger était plus connu que Van Eycke car il fournit des exemples pour les sculpteurs. Il veut aller au-delà d’auparavant. Il y a un souci d’innovation au fur et à mesure que la peinture progresse. Ses peintures s’exposaient largement. -

44. La Vierge Et L’Enfant Pendant Le Repos De La Fuite En Égypte Peinture de Joachim Patenier de Dinant, peintre proche d’Henri Blais de Dinant lui aussi. Ils se rendent tous deux à Anvers et développent un tout nouveau domaine : le paysage. Longtemps méprisé comme second, puis jusqu’aux impressionnistes, il a été qualifié de genre autonome. Dans ce paysage, le peintre témoigne d’un intérêt pour le réel et la nature : nature, chasse, bois, ville, plaine, montagne, terre, mer, village avec paysans, moulin, etc. Ce paysage est donc un condensé de tous ceux qui peuvent exister dans la réalité. C’est une sorte de résumé du monde et de l’environnement de l’époque. Il s’agit d’un puzzle. On remarque le souci du détail. Patenier travaillait avec beaucoup de collaborateurs (un peignait les montagnes, un autre les arbres, etc.) Il s’agissait d’un véritable travail à la chaîne. Il y avait une production à grande échelle mais c’était de grande qualité. Patenier, lui, a conçu le schéma. Il a eu l’idée de réunir une série d’éléments, chaque élément étant le symbole d’une partie du monde. La Vierge n’est pas dans son environnement normal mais Patenier est obligé d’insérer un petit élément religieux car c’est encore obligatoire à ce temps là. Il insère également une licorne, symbole de virginité, juste au-dessus de la Vierge ; ainsi qu’une montagne, endroit qui réunit ciel et terre au-dessus de la Vierge. Un paysage est un grand livre ouvert où se dit l’histoire d’un monde toujours régit par Dieu. Le réalisme progresse mais le symbolisme religieux est toujours là. 45. Détail Du Jardin Des Délices (48-A) Ce tableau évoque l’image du paradis. Les personnages sont nus. On assiste au retour à la pureté primitive. On voit des objets étranges dont l’échelle est bizarre. Il y a profusion de motifs énigmatiques. L’auteur de cette œuvre, Jérôme Bosch, célèbre en son temps donc à la fin de l’époque gothique, a fait des peintures en plusieurs exemplaires qui furent largement diffusées par la gravure. Bosch connaît une réhabilitation au 20ème siècle avec le surréalisme. Il en est d’ailleurs considéré comme le précurseur car ses peintures étaient fantastiques. Il apparaît comme un des peintres les plus conservateurs de son époque car son

œuvre est pleine de symboles, de codes appartenant au moyen âge. Il est opposé à Van Eycke. Il fait appel à 2 sources, 2 niveaux de lecture : 1. Les proverbes médiévaux pour lesquels les Flamands sont célèbres. Ces proverbes résument la sagesse populaire. Bosch prend ces proverbes au pied de la lettre. Il veut résumer le monde de la connaissance. 2. L’alchimie, science d’avant la science, censée permettre une approche intellectuelle du monde telle qu’on la vit au moyen âge. L’alchimie repose sur toute une série de croyances, notamment la magie. L’alchimie permet de créer un lien entre les différents phénomènes du monde. Exemples : - L’astrologie consiste à déterminer tout ce qui se rapporte à une personne en fonction de son signe du zodiaque car il existe douze signes qui correspondent à douze types humains. - Le chiffre 4 est un symbole qui correspond aux 4 éléments (air, eau, terre, feu.) On considère que le corps humain, microcosme de l’univers a 4 parties (sang, lymphe, bile, mélancolie.) Ce savoir médiéval ne peut être transporté que sous forme symbolique et nous échappe. 3. Le Foyer Italien Le foyer italien comprend la Toscane dominée par Florence et Sienne. L’Italie a été touchée par le gothique de manière moins affirmée que les autres pays européens. La démarcation en peinture est forte car les peintres restent fidèles à la tradition de Byzance, capitale de l’empire romain d’Orient. Il y a un balancement entre l’influence nordique et le souvenir de l’empire romain. L’art de Byzance a beaucoup de points communs avec le christianisme. Spécificités de la peinture byzantine : - Rejet de la réalité terrestre au profit du spirituel - Admission de la peinture de chevalet, apparition de beaucoup d’icônes - Tableaux indépendants de leur support mais beaucoup de normes à respecter - Conservatisme car les tableaux ont une valeur rituelle (prière) et cela ne fonctionne que si c’est toujours répété de la même façon. Les peintres savaient reproduire identiquement les œuvres. La fin de l’époque gothique, fin 13ème s., prime à l’innovation. L’Italie sort de la culture byzantine. 46. La Maesta (49-A) La Maesta signifie « la Vierge en majesté. » Cette œuvre a été réalisée par Cimabue, artiste florentin. Le nom de l’auteur est connu, le travail de l’artiste est donc valorisé. Il s’agit d’une œuvre abstraite mais symbolique. L’icône sur fond d’or est irréaliste vu qu’il ne s’agit pas d’un ciel. L’or, éternel et inaltérable, montre que le message représenté est lui aussi éternel. Il représente également la lumière qui symbolise la révélation et il est précieux tout comme le message. Ce fond d’or exclut tout décor terrestre, humain. Le refus des apparences est traduit par : - un travail très plat, très peu de relief, traitement linéaire des vêtements

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des personnes aux proportions correctes (souvenir de l’art romain) la Vierge est la plus grande (souvenir roman) tous les visages sont différents Le Christ est représenté comme un adulte en réduction, il est ce qu’il deviendra plus tard, le maître, il s’agit donc d’une figure divine. A travers l’enfant on vise ce qu’il va devenir.

Caractéristique de l’art gothique : - symbolisme - aplatissement - refus du terrestre mais, contrairement à l’art roman : - Respect des tailles humaines. 47. Maesta (49-B) Œuvre de Giotto, élève de Cimabue. On retrouve une série de caractéristiques de l’œuvre byzantine comme Cimabue : - perspective hiérarchique (Vierge plus grande) - fond d’or Caractéristiques différentes de l’art byzantin : - Jésus est représenté comme un enfant. Le futur adulte est toujours évoqué mais moins. - La Vierge et Jésus forment tous deux une masse, ce qui donne de la profondeur, une troisième dimension. Ce sont des éléments de réalisme - Le trône de la Vierge est dessiné en perspective - Les personnages périphériques sont différents, il y a des jeunes, des vieux. On assiste à une individualisation progressive des personnages. - Les anges ne sont plus superposés comme dans l’œuvre de Cimabue mais les uns devant les autres. il a l’air d’accumuler les gens pour montrer une vision réelle des choses. Il est comme Van Eycke, il a un souci de réalité. - Les relations spatiales et humaines entre personnages sont différentes. Les anges regardent la Vierge. 48. Représentation De La Vierge Au Temple (49-C) Giotto était le peintre attitré des franciscains. Cette fresque est liée à la jeunesse de la Vierge. Elle représente un rituel correspondant au baptême chrétien. A gauche, on peut voir les parents de la Vierge, Ste Anne et St Joachim. La Vierge monte les escaliers vers le prêtre. Il y a des témoins. On constate le retour des accessoires : ciel bleu (notion d’espace et de profondeur) et architecture importante. Au centre de la composition, se trouve le vide qui donne une impression de profondeur. Les personnages sont massifs et les vêtements leur donnent une densité considérable. Les personnages sont étagés en profondeur. Giotto utilise des détails : - Le pied de Joachim pénètre dans l’espace pictural. - Les escaliers sont dessinés de façon à exprimer la profondeur, ils se redressent pour créer l’illusion de la troisième dimension.

Giotto expérimente ici une nouvelle manière de créer la profondeur. Il prend la réalité humaine en compte : - Ste Anne a l’air de pousser la Vierge qui a l’air effrayée vers le prêtre - Les différents personnages regardent ce qui se passe et discutent de ce qu’ils voient. Le prêtre, personnage fondamental, est caché par un des montants, il n’est pas mis en avant. Ceci témoigne du réalisme. Dû à la technique de fresque utilisée, il n’y a pas une grande variété de couleurs car la matière employée pour durcir la peinture avait des réactions chimiques avec certains pigments. L’Italie, la France et la Flandre convergent vers un même souci de réalité. 49. L’Allégorie Du Bon Gouvernement (N/A) Cette œuvre est un détail de la composition qui décore l’autel de ville de Siennes. Les auteurs sont les frères Lorenzetti, artistes siennois qui ont fait de la peinture murale et sur bois. Il s’agit d’une œuvre profane qui montre une ville prospère et la campagne environnante. On assiste à une émancipation des intérêts religieux. Il s’agit d’une aspiration culturelle non-imposée par la technique employée. La fresque, technique utilisée pour durcir la peinture, a été abandonnée car elle était trop difficile. La peinture sur enduit mouillé séchait, il fallait donc peindre vite et il était dur de faire beaucoup de détails. Cette technique est utilisée ici et pourtant il y a beaucoup de détails. On distingue quasi chaque élément végétal. Cette œuvre détaille la vie quotidienne au moment des moissons. Il s’agit d’une analyse de la réalité. Il y a un intérêt pour le réel. Les esprits sont mûrs pour la grande modification des temps modernes. Les Temps Modernes (1453 – 1789) Cette période s’étend de 1453, date correspondant à la chute de Byzance (dû aux Turcs), à 1789, date de la révolution française. Il s’agit d’une période acceptable pour les historiens de l’art malgré les nuances. L’art de cette ère naît déjà en 1400 en Toscane (Italie.) Il faut attendre environ un siècle pour que cet art se répandent en Europe. Les éléments de modification les plus importants par rapport au moyen âge sont : 1. Le statut de l’artiste est modifié. Au moyen âge, la quasi-totalité des artistes est anonyme car leur nom ne compte pas. Ils sont de simples artisans qui mettent leur savoir-faire au service de quelque chose de plus important qu’eux. Il y a des exceptions à la fin de l’époque gothique mais maintenant les artistes anonymes sont quasi inexistants, de plus ils ont un statut social privilégié (le travail artistique est reconnu comme intellectuel), ce sont des sortes de vedettes. (Exemple : une histoire raconte que pendant

que Charles V observait son peintre préféré à l’œuvre, ce dernier laissa tomber son pinceau et c’est l’empereur qui le ramasse à sa place : le rôle hiérarchique est inversé.) Les artistes ont une organisation professionnelle autonome et un statut de profession libérale. 2. La peinture devient un art dominant, d’avant-garde, qui se prête à la consommation privée, alors qu’au moyen âge c’était l’architecture qui dominait. Ceci est aussi dû au fait que l’architecture et les monuments énormes sont très coûteux, beaucoup plus que la peinture. 3. Il y a un changement dans ce qu’on attend de la peinture. Le moyen âge était dominé par le symbole. La réalité terrestre n’était qu’un instrument pour arriver à un art supérieur. Maintenant, l’art cherche à donner l’illusion du réel, la peinture évolue vers la photographie. Les artistes montrent ce qu’ils voient. La peinture a un rôle de représentation imaginaire. La crédibilité est privilégiée : Il y a un abandon du symbolisme au profit de la représentation. Les artistes ne sont pas les seuls coupables de ces changements. Si les artistes connaissent une ascension, c’est parce qu’on a besoin d’eux car l’art des temps modernes reste lié à un message. C’est une époque de grands conflits, de divisions religieuses et politiques en Europe (développement du protestantisme, schisme chrétien. La France, l’Angleterre et l’Espagne deviennent de grands pays.) Le protestantisme fait corps avec certains pays contre d’autres. Au moyen âge, les conflits étaient minimes, il y avait un consensus idéologique (une seule religion.) Or, ici, il y a des contestations permanentes. L’art devient un instrument de propagande (et pas seulement pour l’Église, mais aussi pour les états) et les artistes, les équivalents des journalistes. On a donc énormément besoin des peintres vu qu’il n’existe ni cinémas, ni journaux, ni radios. De plus, 95% de la population étant analphabète, l’image est le vecteur le plus important. Les artistes sont donc bien payés. Avant, les artistes innovaient peu mais maintenant, une véritable course à la créativité s’est installée. La peinture occupe une position centrale grâce à la mobilité et la créativité qu’elle permet. La peinture permet des créations en chambre, en secret, et les artistes ne sont pas obligés de vendre leurs œuvres. L’ère moderne généralise l’humanisme et le « généralisme » qui pointent fin du gothique. La révolution culturelle de l’ère moderne correspond à une prise de conscience de la part des contemporains. Les Italiens ont eux-mêmes appelé leur période la « renaissance. » L’ère moderne se tourne de nouveau vers l’antiquité gréco-romaine, période de l’humanisme. 1. Le Quattrocento (1400 - notre 15ème siècle) On retrouve Florence au départ de cette renaissance. Florence est un petit état indépendant centré sur une ville prospère, car à cette époque l’Italie n’était qu’une mosaïque de petits territoires. La bourgeoisie de cette ville ne dépend pas d’un souverain, donc politiquement autonome, elle est dominée par de grandes familles bourgeoises

ambitieuses de s’imposer dans d’autres villes (Ex : Famille De Medici, spécialisée dans le textile, puis aussi dans le domaine bancaire, etc.) Les bourgeois souffrent de leur manque de popularité, ils veulent sortir de leur état d’infériorité. Ils vont réussir à atteindre la tête de l’église et à ce que leurs filles deviennent reines (Ex : Catherine de Medici, etc.) Les Medici, invention de l’aristocratie de l’esprit, vont réunir autour d’eux une cour d’artistes (philosophes, humanistes, etc.) Ils leur reconnaissent une valeur intellectuelle. Ils créent une aristocratie de l’esprit et font la promotion des artistes. La bourgeoisie est naturaliste et individualiste. Florence se tourne vers l’antiquité pour trouver ses exemples. Les ingrédients de cette nouvelle culture sont : - l’antiquité gréco-romaine (humanisme et individualisme) - un nouveau regard sur le monde 1. Architecture 50. Perspective Pour Une Cité Idéale (51-A) Cette œuvre représente ce qu’ils voudraient voir et non ce qu’ils voient. C’est la fondation de l’architecture de la renaissance : domination de la peinture par rapport à l’architecture. Il s’agit d’un paysage urbain totalement dépeuplé. Les peintres commandent donc l’architecture. Il s’agit d’une peinture totalement laïque, intellectuelle et antiquisante. Caractéristiques de cette œuvre : - Plus rien de gothique - Inspirée de l’antiquité (frontons triangulaires, colonnes de temple, etc) - Architecture très rationnelle, conceptuelle, géométrique. Le peintre a tout structuré mathématiquement avant de le faire - Manière dont nous découvrons l’architecture : peinture de surface, profondeur, lignes de fuite qui convergent à l’horizon - Pour apprécier en temps que spectateur, il faut regarder cela tout seul et bien en face. Perspective de plein pied. Ces tableaux sont faits pour des individus et non plus pour des collectivités - Architecture très aérée, bien ordonnée, structurée. L’individu qui regarde peut maîtriser l’espace. Cette peinture est centrée sur un bâtiment de forme circulaire qui va devenir l’architecture dominante. Elle a un plan régulier et une structure parfaitement géométrique, équidistante du centre du tableau. Il n’y aura plus d’église en forme de croix à la renaissance mais uniquement des plans centraux, c’est-à-dire qu’en se plaçant au centre de l’édifice, on pourra constater qu’il s’agit d’une forme régulière. Pour apprécier la régularité de l’architecture, il faut se trouver seul au centre. Il s’agit de l’individualisme : l’homme est au centre de l’univers. 51. Construction De La Coupole De La Cathédrale De Ste Marie Des Fleurs (51-B) La cathédrale est gothique mais pas la coupole car, au 14ème siècle, les Florentins décidèrent de se construire une grande cathédrale gothique, très élevée, surtout au niveau de la coupole mais quand les entrepreneurs se mirent à l’œuvre, ils

s’aperçurent qu’il était impossible de construire une telle coupole avec la technique gothique, elle était trop lourde. Pendant environ 50 ans, la cathédrale resta inachevée avec un trou à la place de la coupole jusqu’à ce qu’un architecte, Brunelleschi, trouve la solution. Il l’imagina d’abord chez lui puis résolu le problème. Il construisit deux coupoles intégrées l’une dans l’autre, ce qui n’avait plus rien à voir avec les voûtes gothiques ou romanes. Tout fut préconçu au départ puis assemblé en quelques mois. Cet architecte a fait table rase du passé, il a préconçut tout. Il s’agit donc d’un exploit intellectuel, comme un miracle, il est le premier architecte digne de ce nom car il calcule et mesure tout à l’avance. On assiste à un changement de mentalité. Cet architecte s’impose comme architecte majeur à Florence. 52. La Chapelle Des Pazzi (52-A) Cette chapelle est réalisée par Brunelleschi pour les Pazzi, famille proche des Medici. Elle se situe à proximité d’une église gothique. Il s’agit d’une chapelle privée, ce qui eut été impensable au moyen age. Il y a une forme de privatisation de la pratique religieuse. Ceci est une œuvre d’avant-garde. Le bâtiment est un cube surmonté d’une coupole. Il s’agit d’un cercle inscrit dans un carré alors qu’on était habitué à la forme de croix. C’est ici un édifice à plan central. L’architecture extérieure est fort gréco-romaine (colonnes, arcs en plein centre, etc) et non habituelle. Il y a de petites fenêtres (« occulli ») et une lanterne, c’est-àdire, un trou au sommet de la coupole pour la lumière, qui ressemble à un petit temple sur un petit temple. On pourrait plus parler d’un petit temple chrétien que d’une église. 2. Sculpture 53. Décoration Sculptée Des Portes Du Baptistère De La Cathédrale De Florence (53-A) Le baptistère se trouve sur une place publique en face de la cathédrale. Il s’agit d’un bâtiment médiéval inachevé au 15ème siècle. Il a quatre portes dont une fut réalisée à l’époque gothique. La municipalité décida de faire un concours entre artistes pour choisir la seconde porte. Cette démarche est inédite car la démarche normale serait de faire appel au doyen (le plus ancien) de la corporation des artistes. En effet, les artistes les plus vieux étaient considérés comme les meilleurs. La municipalité a décidé ici de récompenser le talent personnel et non l’ancienneté. Normalement, c’était chacun sa discipline mais maintenant, un artiste est capable de traverser les savoir-faire car en tant qu’intellectuel, on peut résoudre n’importe quel problème. Un peintre n’est plus exclusivement peintre (Exemple : De Vinci, Michel Ange, etc.) Le prix de ce concours est donc remporté par Ghiberti qui réalise donc la seconde porte. On lui confie ensuite la troisième porte et il réalise une œuvre inédite. La formule de cette troisième porte réunit sur un panneau de bois une série de reliefs qui racontent un épisode de la bible (cfr « Zénon de Vérone. »)

54. Panneau Consacré À Joseph, Héros De L’Histoire Juive (53-B) Joseph était un jeune juif appartenant à une famille dirigeante d’Israël. Il était doué de toutes les qualités si bien que ses frères en devinrent jaloux et le jetèrent dans un puits dont Joseph sortit par un miracle puis partit se réfugier en Égypte où il n’était qu’un paria jusqu’au jour où, en Égypte, un pharaon fit des rêves obsessionnels dans lesquels il voyait sept vaches en bonne santé devenir très malade. Le pharaon fit appel à la population promettant une récompense à celui qui pourra expliquer ce rêve. Joseph tenta le coup et expliqua au pharaon que la vache grasse représentait la prospérité et la vache maigre les années de malheur. Il conseilla au pharaon de faire des provisions et Joseph fut alors nommé ministre. La prophétie s’accomplit, Israël est affamé et demande de l’aide à l’Égypte. Les frères de Joseph vont demander pardon à celui-ci en allant mendier de la nourriture en Égypte et le pardon leur est accordé. Partie supérieure droite : sauvetage de Joseph hors du puits. Partie supérieure gauche : Joseph sur un trône reçoit ses frères. Au centre : édifice circulaire avec des gens qui amènent les réserves. Avant plan : distribution des surplus dans la population. L’histoire de Joseph est celle d’un homme qui parvient à percer dans son malheur grâce à son intelligence. C’est un individu qui s’affirme. Ghiberti met en avant ce qui concerne une affaire de gestion du bien publique. Le baptistère sert à la propagande de la municipalité. Ici le discours religieux est récupéré par le pouvoir laïque. Forme novatrice de cette œuvre : - Emprise nouvelle de l’antiquité gréco-romaine : édifice circulaire supporté par des colonnes antiques au centre, oculus (œil) à gauche, vêtements (toges.) - La chose la plus curieuse ici est la manière dont la profondeur de champ est évoquée. Ghiberti utilise les moyens du peintre : lignes gravées à la surface de la plaque, les personnages de l’avant-plan sont plus grands que les autres. Le sculpteur a résonné comme un peintre. La peinture est donc l’art qui définit les normes de langage. Elle influence les autres disciplines. 55. David (52-B) Artiste florentin du quattrocento, Donatello a beaucoup produit car il aborde toutes les disciplines de la sculpture (bronze, rond de bosse, etc.) C’est donc un intello de l’art. David adolescent est l’œuvre qui l’a fait connaître. Histoire de David : au départ, David n’est rien. Un exploit qui se situe dans une guerre d’Israël est à l’origine de son ascension. Les juifs avaient un ennemi, un peuple voisin, les Philistins. Quand David intervint, ils acceptèrent un duel opposant un champion de chaque armée. Les Philistins engagèrent Goliath Le Géant et un volontaire, David, se présenta pour se battre. Il était fluet mais au lieu d’affronter Goliath il prit sa fronde et jeta une pierre à la tête de Goliath avant de lui couper la tête. Il triompha par ruse et intelligence : c’est une « self made man. »

Beaucoup de David ont été représentés à Florence. Florence met en avant la figure de David comme s’il était une métaphore pour Florence, qui est une petite ville et pourtant veut s’imposer comme état important par l’intelligence avec laquelle elle gère ses affaires. Note : la représentation physique de David devient un baromètre pour le développement de Florence. Donatello est le premier à représenter David. Il s’agit d’une sculpture de taille réduite (1m20), confidentielle car c’est un personnage nu et cette nudité est un évènement culturel. Dans l’antiquité, les personnages à valoriser étaient représentés nus. Une culture qui veut faire renaître l’antiquité utilise cette nudité héroïque. On voulait rendre ces personnages nus éternels. (cfr Proxitele, qui a créé des représentations de dieux grecs adolescents et nonchalants : Donatello fait référence à des modèles antiques.) Il utilise le bronze, ce qui donne une impression de poli, un éclat, de jeunesse, faiblesse, et élégance. Il choisit le matériau en fonction de ce qu’il veut faire ressortir. La lumière caresse le bronze et donne une impression de mouvement. 56. Portrait du Coleoni (54-A) Le Coleoni est le surnom d’un militaire chef d’une bande de mercenaires. Cette statue équestre grandeur nature fut réalisée par Verrocchio pour Venise. Quand on avance dans le temps, cet art florentin séduit d’autres villes italiennes. Florence est en train de gagner son pari. Le métier des armes est réservé à l ‘aristocratie, généralement les cadets de famille. Ces personnages sont ménagés car ils font peur, d’où les statues qu’on leur dédie. Il s’agit ici d’un portrait laïc destiné à être placé sur une place publique. (Au moyen âge, en extérieur, il n’y avait que des représentations religieuses.) Il s’agit d’un personnage au visage très individualisé, marqué de cicatrices. C’est la particularité qui compte. La statue équestre avait existé durant l’antiquité pour représenter des généraux et des empereurs. La statue équestre sert à valoriser, distinguer un personnage. Il s’agit d’une œuvre de forme inédite, en bronze. Le bronze est un matériau difficile, il faut le couler dans une forme et il faut bien répartir tout pour que la sculpture tienne debout car le bronze est lourd. Le sculpteur doit donc réfléchir. C’est encore plus difficile quand il s’agit d’une statue équestre car tout repose sur les quatre minces jambes du cheval. Verrocchio fait encore plus dur, il lève une jambe de devant au cheval. Il a donc du calculer le poids au millimètre près. 3. Peinture Il y a deux phases d’évolution de la peinture florentine : la première et la seconde moitié du 15ème siècle.

1. Première Phase 57. La Crucifixion (55-A) Peinture sur bois apparentée à une icône de l’artiste Masaccio. Celui-ci eut une carrière très courte mais ses œuvres montrent une progression dans l’étude de problèmes des artistes qui veulent faire une étude crédible. Cette œuvre rappelle les icônes byzantines. Il y a des éléments d’archaïsme, un fond d’or, des personnages importants en taille, etc (cfr Giotto.) Le Christ n’a pas de cou car Masaccio s’est dit que si le Christ est sur une croix et qu’il veut montrer ce que verrait un spectateur situé au pied de la croix, les parties rentrantes ne se verraient pas. De plus, il montre bien la partie inférieure du bras transversal de la croix. Il veut faire ressortir la crédibilité en fonction du spectateur, il y a donc des problèmes de points de vue. Par ailleurs, il n’y a pas de lignes de fuite. Comme symboles, on peut voir les auréoles : symbole médiéval permettant par convention de distinguer les personnages divins. Ces auréoles embêtent Masaccio car le symbole n’est pas crédible. 58. La Tribu de Pierre (56-A) Fresque, décoration murale, dédiée à St Pierre, de Masaccio. Les auréoles accompagnent les personnages. Elles ont une sorte de présence physique. Il y a donc une différence d’une œuvre à l’autre. Il essaye de faire évoluer le langage du réel. Il y a une multiplication des personnages par rapport à son œuvre vue plus haut. Il s’agit d’un décor naturel. Les personnages sont disposés de manière à utiliser un espace étendu : le Christ, les douze apôtres et les collecteurs d’impôts. St Pierre ne veut pas payer ses impôts et le Christ lui dit qu’il faut rendre à César ce qui lui appartient. Masaccio choisit la difficulté en multipliant les personnages. Il crée un point de vue de plein pied, sans surplomb. Il choisit un schéma : il dispose les personnages en cercles concentriques. Tout a été conçu pour que l’image soit plausible et efficace. A travers ce tableau, on rappelle que le citoyen doit payer l’impôt. On récupère la religion pour un message laïc. 59. Évocation de l’Annonciation (56-B) Fra Angelico (frère Angélique) est un peintre moine dominicain qui vécu à l’abbaye de San Marcos. Il prit la tête d’une révolte contre les Medici car il voulait éliminer la nouvelle culture. Il vécut reclus et le Pape l’appela pour peindre au Vatican. Il fut le premier artiste florentin a exporter. Il fit donc la décoration des murs des cellules. L’annonciation signifie que l’ange annonce à Marie qu’elle enfantera Jésus. L’architecture évoque l’architecture gothique (les arcs brisés.) Dans cette première moitié du siècle, le détail des choses s’introduit. On peut voir des chapiteaux corinthiens et ioniques, il y a donc introduction de l’architecture grecque dans l’architecture gothique. Cela est significatif de la difficulté à faire entrer les nouveautés. Il fait des lignes de fuite noires mais la perspective s’arrête sur le fond des murs car il n’arrive pas à faire plus, c’est trop dur.

60. La Bataille de San Romano (57-B) Ce tableau fait partie d’une série de 3 thèmes évoquant les exploits du condottiere de Florence. Il s’agit d’une œuvre de Paolo Uccello, considéré comme le grand spécialiste de la perspective à ses débuts. Il a un problème car les lignes de fuite sont censées être droites mais une bataille, c’est le chaos, la confusion. Uccello se débrouille donc pour remplacer l’architecture par des éléments orientés vers le centre au niveau du sol. C’est donc la preuve qu’il y a une mise en scène préalable et que ce n’est donc pas une photo. Le but est de faire oublier cette mise en scène. Cette perspective permet au spectateur de s’imaginer dans la bataille. A l’arrière-plan, on voit tout en perspective cavalière, comme si on était audessus. Ce qui est une preuve qu’Uccello n’arrive pas bien à utiliser la perspective. Il crée un rideau factif : une haie épousant la composition de l’avant-plan marque la frontière artificielle entre les deux perspectives différentes. 2. Deuxième Phase Les deux derniers grands peintres florentins de la seconde moitié du 15 ème siècle sont Botticelli et Léonard de Vinci. 61. La Naissance de Vénus (58-A) Botticelli est le peintre préféré des Medici. Il est surtout très proche de Laurent le Magnifique. Ses deux tableaux les plus célèbres furent réalisés pour la résidence de Laurent Le Magnifique. Ils étaient placés dans des salles d’apparat et étaient donc destinés à un public restreint. La naissance de Vénus, en 1485, déesse de l’amour et de la renaissance, est un tableau où l’Antiquité n’est pas marginalement présente. Le thème est lié à l’Antiquité vu qu’il s’agit d’une déesse antique. Il s’agit donc pour les conservateurs d’un tableau païen. Le message est peu perceptible : durant l’Antiquité, toutes les villes importantes étaient dédiées à un dieu. Ce dieu était censé y vivre. Des amis de Laurent le Magnifique découvrent dans des écrits que Vénus serait née dans un coquillage au large de la Toscane, elle aurait donc abordé le rivage près de Florence. Ils voulaient donc faire de Vénus la déesse de Florence pour que celle-ci devienne une ville importante. Le Dieu Éole souffle sur Vénus et une allégorie de Florence, à droite, l’accueille avec le drap de Florence (rose et fleuri.) Cela représente Florence accueillant Vénus. Il y a une volonté de valoriser Florence qui revendique Vénus comme étant sa déesse. Botticelli est le premier peintre à utiliser une iconographie. Il doit donc remodeler une thématique, ce qui demande beaucoup de créativité. Botticelli se pose des questions sur la peinture et concentre son attention sur un des paramètres de la peinture : l’arrière-plan n’est pas conçu selon la perspective linéaire. Il crée un rideau d’arbre pour séparer l’avant et l’arrière-plan. Il exploite son dessin : ses figures sont longilignes, il peut donc jouer sur des courbes (draperies, cheveux, etc.) Il essaye de tirer un maximum d’effets expressifs du dessin et laisse les autres paramètres de coté.

62. Ste Anne, La Vierge Et Jésus Enfant (60-A) Léonard de Vinci, un Florentin, est la première grande figure internationale de la renaissance. Il n’a fait qu’une dizaine de peintures. Il a fait des traités de peinture. Il a eu une activité scientifique d’ingénieur artistique (dessins d’hélicoptères, etc.) Il est extrêmement polyvalent. Il est si célèbre de son temps qu’on se l’arrache. Il a terminé sa carrière en France à l’invitation du roi François Ier où il mourra dans le château d’Ambroise (un des châteaux de la Loire.) Forme du tableau : une des caractéristiques des tableaux de Vinci est qu’ils ont toujours l’air inachevés. Ici, l’arrière-plan n’est qu’une ébauche, il l’a laissé de coté. Cet arrière-plan est encore vu d’en haut et l’avant-plan de devant. La perspective linéaire n’est donc toujours pas maîtrisée. En n’achevant pas ses tableaux, Léonard prouve que ces tableaux ne sont pas son but en soi mais qu’il s’en sert pour résoudre des problèmes : quand il trouve la solution, il abandonne son tableau. C’est donc la démarche intellectuelle qui importe. Les peintres florentins sont avant tout des dessinateurs car ils construisent leurs tableaux sur des lignes. Or la présence de ce dessin est trop forte que pour être proche de la réalité. La vision n’est donc pas homogène. Léonard essaye de surmonter cet obstacle à la crédibilité. Ici, il fait en sorte qu’il y ait une sorte de flou là où les personnes se détachent les uns des autres. Il y a fusion des corps. Il ombre, noircit les contours pour qu’on ne perçoive pas trop crûment les rapports entre les motifs. Cette importance apportée à l’ombre explique la réputation des tableaux de Léonard. Il y a en effet une sorte de mystère qui flotte dans ses tableaux. Léonard ne se contente jamais de recopier des choses existantes même pour des thèmes très fréquents. Freud, le premier, a mis en évidence les mystères des œuvres de Léonard. Freud ne psychanalyse que les gens avec lesquels il a eu contact mais avec Léonard, il a fait une exception car il n’a lu de lui que des autobiographies de la petite enfance de Léonard et de ses rêves, de ses difficultés, etc. Léonard a été partagé pendant toute son enfance entre deux mères. Il a rêvé qu’un oiseau de proie l’embrassait dans son berceau. Freud a psychanalysé et écrit un livre sur Léonard à partir de ces éléments. La peinture selon Léonard est une projection de l’imaginaire selon chacun. Dans ce tableau, Freud est frappé par : - Les 2 femmes ont l’air d’être très proches dans le temps alors qu’elles devraient être mère et fille. - L’attitude de Jésus : il a l’air de s’éloigner de sa mère. - L’agneau, symbole du sacrifice de Jésus sur la croix, a l’air malmené par Jésus. - L’oiseau dans le bleu des vêtements d’une des femmes. C’est par l’approche que Freud a eue qu’on a vu les bizarreries de ce tableau. Influence exercée de proche en proche, ce sont les régions proches de Florence qui manifestent en premier un intérêt. Voici quelques artistes italiens qui manifestent le rayonnement de la culture florentine en Italie :

63. La Flagellation Du Christ (63-A) Piero de la Francesca Histoire du tableau : pendant longtemps, il fut considéré comme curieux car malgré le titre, l’épisode de la flagellation est reporté à l’arrière-plan, il semble secondaire. A l’avant-plan, 3 personnes ont l’air indifférentes à la flagellation du Christ. On en a conclu que Piero aurait voulu exprimer une indifférence à la religion mais c’est faux. Des documents d’époque expliquent l’histoire de ce tableau : ce tableau a été fait sur commande en réparation d’une injustice commise sur 3 personnes par la justice. C’est pourquoi ces 3 personnes sont à l’avant-plan ; et le Christ à l’arrièreplan représente l’injustice. Ces 3 personnes semblent indifférentes par convention : cela exprime les différences temporelles, l’anachronisme (ils n’étaient pas présents lors de la flagellation.) Piero est ennuyé car il veut représenter une peinture réaliste or on lui fait faire une œuvre illogique. Il sépare alors très fort les 2 scènes : les 2 groupes de personnes sont éloignées et se trouvent dans des espaces très différents. La flagellation a lieu dans un temple antique et les 3 personnes sont à l’extérieur devant une architecture banale italienne. C’est une tentative de contrecarrer l’illogisme entraîné par l’anachronisme. Piero est partisan de la rationalisation de la peinture. Il géométrise donc et recherche une perspective très difficile et profonde. Les motifs du dallage sont en étoiles, il cherche la difficulté. Les personnages ont l’air figés par la géométrie. Le bourreau représente un triangle rectangle parfait. Il rationalise la peinture par les maths. 64. La Crucifixion (62-A) Peintre ayant des affinités avec Florence, Mantegna fut surtout actif dans la ville de Padoue, ville universitaire donc où l’intelligence est mise en avant. Padoue est évoluée en médecine et en étude de l’Antiquité, dans lesquelles le dessin joue un rôle important de support pédagogique, préconisant une étude empirique du corps humain, et comme documentation iconographique. Des collections d’Antiquités gréco-romaines se constituent à Padoue. On veut faire renaître l’Antiquité sous tous ses aspects. Mais ces éléments sont séparés, on fait donc appel aux artistes pour reconstituer les éléments, pour faire des synthèses. Ces images deviennent alors des supports visuels pour l’enseignement. Padoue innove, ici, car, à ce temps à Padoue, la médecine n’était que théorique car la dissection était interdite vu que les corps étaient censés se réincarner. A Padoue, on se permet de faire des dissections. On demande donc a des artistes d’y assister et les représenter (pour les cours.) Dans ce tableau, Jésus est sur la croix au centre. On voit les 2 larrons, la Vierge et St Jean. Ce sont des personnages habituels. Mais, en plus, il a rajouté des personnages qui occupent le même rang que la Vierge et les Saints, ce sont des soldats romains (qui contribuent à la véracité historique et servent aussi à documenter l’uniforme du légionnaire.) Les corps des suppliciés sont minutieusement représentés. Ici, c’est donc le dessin qui domine et il semble avoir été fait au scalpel pour montrer les muscles saillants, les côtes, etc des crucifiés. On dirait qu’il a voulu faire toutes les strates de

la montagne. Le dessin est un instrument d’analyse du réel et de la connaissance. En outre, le souci d’exactitude est repris dans le fait que c’est Jérusalem et non une autre ville dans l’arrière plan. Du point de vue de la perspective linéaire, le chemin s’étend loin dans l’espace mais il butte sur l’arrière-plan. Ce chemin s’incurve car Mantegna se rend compte que les lignes droites de la perspective linéaire ne correspondent pas à la réalité car nos yeux sont courbés. On voit courbe à partir d’un certain éloignement. Il essaye de rendre la réalité physique, il prend en compte notre perception. A l’avant-plan, 2 personnages sont coupés, à l’arrière plan, des personnages quittent la scène pour aller vers la ville. Il fait cela car ça donne l’impression que le tableau a été trop petit pour montrer tout ce qui était visible ; la réalité se prolonge en dehors, c’est très objectif et donc crédible. Ces éléments se prolongent au-delà du tableau. C’est comme si le peintre avait été là et qu’il avait enregistré tout ce qu’il pouvait. Au-dessus de la montagne de gauche, on peut voir Jérusalem. Mantegna veut vraiment faire comme s’il avait été là. Cela montre qu’il s’est documenté pour pouvoir faire cette représentation. Il a donc travaillé comme un intellectuel. Venise devient un pôle majeur dans la création artistique internationale à la fin du quattrocento. C’est une ville prospère à cause de son activité portuaire. Elle a beaucoup d’ambition sur le plan politique car pour maintenir le monopole en activité maritime sur la Méditerranée, elle essaye de maintenir un certain contrôle (elle possède des pôles à Maltes, en Crète, etc) faisant d’elle-même un allié indispensable sur le plan politique et militaire. Une particularité unique est que les grands propriétaires ne sont pas bourgeois mais aristocrates. Conséquence sur le plan culturel : réorientation de la culture renaissante qui va se couler dans le moule aristocratique. Ces valeurs ont une importance capitale pour la suite des évènements car c’est l’aristocratie qui va adhérer à l’italianisme, la renaissance dans toute l’Europe. Cette aristocratie n’a rien a prouver contrairement à la bourgeoisie florentine. Les aristocrates sont au sommet de la société. Ce qui les intéresse est un art qui renforce cette image brillante d’eux-mêmes et leur cadre de vie. Ils sont intéressés par le plaisir (sensualité, luxe) contenu dans l’art. 65. La Vierge À L’Enfant (66-A) Giovanni Bellini est un élève de Mantegna ayant épousé une des nièces de celui-ci. Ses peintures sont très dessinées et la perspective très travaillée. Il produit beaucoup de « Vierge à l’enfant » et change tout à fait son style. Il y a toujours un voile derrière la Vierge. C’est toujours la même composition. A partir du moment où il dresse une surface plane à l’arrière-plan afin de cacher ce dernier, il enlève le problème de la profondeur. Pourtant, il était un des maîtres de la perspective mais il veut la faire oublier pour imposer la couleur. Il est intrigué par le problème d’homogénéisation de l’espace (comme Léonard de Vinci.) Il n’y a aucune distraction par le fond de l’écran : le plus important est la couleur. Il choisit la couleur pour homogénéiser l’espace. Toutes ces couleurs sont pâles, laiteuses. Le blanc domine : le ciel, le corps de Jésus, le visage de la Vierge, etc. Quand il y a de la couleur, il y introduit des reflets de lumière blancs (exemple : la manche.) L’unité naît de la couleur. C’est une option opposée à Florence, de travailler de plus en plus la couleur, à en oublier le dessin.

Naissent alors deux écoles : les coloristes, sensualistes, et les dessinateurs, plus intellectuels, ceux-ci parleront de la couleur comme une prostituée qui maquille les vraies couleurs. 66. Les Deux Courtisanes (65-A) Carpaccio est un peintre qui a réalisé surtout de grandes compositions murales peintes à l’huile sur toile, certaines destinés au publique. Symbolisme : chien, fidélité, etc. L’univers est glauque. Elles semblent pensives, se ressemblent, mais ne parlent pas. Elles sont hostiles à l’interprétation car c’est une œuvre personnelle qui exclut les autres : c’est de la discrimination sociale pour protéger l’aristocratie. Œuvre volontairement mystérieuse : l’interprétation est impossible sans la connaissance des clés. Suivant la ligne de Bellini, le blanc est omniprésent.

2. Le 16ème Siècle L’art italien reste dominant mais influence le reste de l’Europe. Il y a parachèvement de l’art plastique. 1. La haute renaissance (1500 – 1540) Période où est faite la synthèse de toutes les démarches du quattrocento. Le langage nouveau est maîtrisé sous tous ses aspects. Cette période ne vaut que pour l’Italie. On distingue 2 foyers artistiques italiens : Rome et Venise. Le pôle de création des artistes florentins se déplace. Ils vont travailler à Rome avec le Pape ou les cardinaux. Ce déplacement est lié à l’ambition politique florentine. Il veulent une annexion. Si l’église accepte la renaissance, celle-ci passera plus facilement par l’église dans les autres parties de l’Europe. La renaissance acquiert ses lettres de légitimité grâce à l’église. La situation de l’église au début du 16ème siècle est difficile car celle-ci est de plus en plus contestée sur le plan de son influence politique. Beaucoup d’états en ont assez de la tutelle de l’église. On assiste à une situation de contestation latente. Les papes sont très conscients du problème et réagissent. Pour résister aux états voisins, il faut se doter d’un territoire, d’une armée pour résister. Cette politique est un semi-échec. Les états pontificaux n’égalent pas la France, l’Allemagne, etc. Ils veulent donc renforcer le prestige de la Papauté par une propagande culturelle et politique. Ils veulent faire de Rome une super capitale de la papauté et de la politique. Rome étant la capitale du plus grand empire qu’il n’y ait jamais eu, le pape Jules II (dont le nom même fait référence à Jules César) affirme qu’il descend de ces grands empereurs romains et est donc dépositaire du devoir de réunifier l’Europe sur le plan spirituel. Ils veulent remettre Rome à la pointe, l’embellir pour qu’elle soit incomparable aux autres villes européennes, et pour ce faire vont rechercher les artistes de Florence. 67. La Basilique St Pierre (N/A ; 67-A) Cette basilique est la première de la chrétienté. Elle a une façade rouge surmontée d’une coupole en construction. Cette cathédrale est de l’époque romane et pas très grande. Ce n’est donc pas ce qu’il faut au pape pour s’imposer. On y construit donc une énorme coupole afin d’exprimer la puissance de la papauté. La coupole est du 16ème siècle mais la façade sera refaite au 17ème siècle (200 ans de construction !) Les bâtiments construits excèdent le regard, ils ramènent l’individu à pas grand chose. Le pape veut montrer la supériorité du spirituel, inspirer le respect. La coupole est l’œuvre de Michel Ange, il a l’idée de la propulser vers le haut. Cette coupole a été construite dans un esprit de gigantisme. Nous voyons ici la place et la basilique St Pierre comme si nous étions au bout d’une avenue, or cette avenue n’existe pas. Cette architecture n’est plus à l’échelle humaine et écrase l’individu. Michel Ange est le précurseur du baroque, qui viendra cent ans plus tard.

68. Projet De Bramante Pour La Coupole De La Cathédrale St Pierre (N/A ; 67-A) Un architecte florentin fut appelé par le pape avant Michel Ange, Bramante, disciple de Brunelleschi, pour réaliser le projet de la coupole de la cathédrale. Il propose quelque chose de mesuré, un plan central dont les bras sont égaux. On reste dans l’esthétique du quattrocento. Il s’agit d’un petit édifice à l’échelle humaine qui évoque l’architecture gréco-romaine. Avec Michel Ange, le plan central est abandonné pour un retour à un plan gothique (immense), un retour en arrière. Les papes veulent faire renaître l’antiquité, ils veulent refaire de Rome une nouvelle capitale d’empire. Les deux artistes majeurs de Rome sont : 1. Raphaël Peintre non florentin né près de la Toscane mais de formation florentine. Il apporte la synthèse des différents apports de ses devanciers et y arrive dès sa jeunesse. Ses œuvres ici sont : 69. Le Mariage de la Vierge (70-A) Une œuvre de jeunesse au thème hors doctrine. Au centre de la composition se trouve le prêtre, un officier de l’église. Au début du 16ème, les tableaux du mariage de la Vierge se multiplient selon ce schéma. L’église veut insister sur les sacrements car ils permettent à l’église d’avoir emprise sur les fidèles presque quotidiennement. Cela signifie que l’église a peur de perdre ses fidèles. Les personnages sont allongés et ont une attitude gracieuse qui forment des courbes. Raphaël joue sur le côté souple du dessin. Les personnages sont proches les uns des autres, ils ne se découpent pas. Il y a dessin mais c’est camouflé : Il concilie le lyrisme du dessin avec l’atmosphère. La perspective est très bonne. Les lignes de fuite vont presque jusqu’à l’horizon. Le paysage lointain s’incline pour rejoindre un point central, il fait partie du réseau de lignes. Il donne une aération à l’arrière plan. Il y a aussi un jeu d’ombres. Tout l’enseignement que l’on qualifiera d’académique jusqu’au 20ème siècle se rapportera à Raphaël. Il a même de l’influence sur l’enseignement. Il a la capacité de synthétiser les recherches faites durant le quattrocento. 70. L’École d’Athènes (69-A) Cette fresque est l’œuvre de maturité de Raphaël. Elle décore une salle du palais pontifical (Vatican), la chambre de la signature. Il s’agit d’une salle ou les responsables administratifs faisaient authentifier les documents du pape et où étaient signés les accords. Cette salle était donc notamment fréquentée par d’importantes personnalités. Cette fresque est la plus célèbre de la salle car : - Les personnages sont nombreux et fort diversifiés. Tous ont des vêtements qui rappellent l’antiquité. Les personnages sont tous des intellos qui rappellent les intellos athéniens. - À l’arrière plan se trouvent les intellectuels athéniens. - Au centre se trouvent Platon et Aristote, pères de la philosophie occidentale.

On peut voir des personnages beaucoup plus récents : un poète médiéval italien (Dante), un musulman avec un turban (Averroès qui a sauvé une partie de la science antique), une majorité est composée de personnes contemporaines à Raphaël : Raphaël (jeune et en blanc), Bramante (à genoux, il écrit), Michel Ange (à l’air boudeur.) En plein cœur du Vatican, on valorise l’antiquité gréco-romaine, les intellectuels et les artistes contemporains ; ce qui prouve que les artistes sont mis sur le même pied que Platon et Aristote. Apollon (dieu des arts, avec une harpe) et Athéna (déesse de la sagesse et de la philosophie), statues de dieux de l’antiquité, avant considérés comme païens par les chrétiens, sont ici représentés. -

71. La Dispute Du Saint Sacrement (69-B) Fresque murale sur le mur en face de « L’École d’Athènes. » Il s’agit d’une discussion qui réunit des intellectuels et des théologiens de l’église. Il y a beaucoup de personnes mais on peut tous les distinguer car il y a de la place. Il y a aussi des statues de marbre. Le cadre architectural est très structuré et aéré, ce qui conduit le regard très loin. Il s’agit d’une architecture évoquant un temple antique. A l’avant plan se trouve une voûte romaine décorée de caissons (creux de forme géométrique typiquement antiquisant, aussi appelé alvéole.) Cette voûte conduit notre regard vers une coupole avec médaillons en relief puis de nouveau une coupole à ciel ouvert. Intérieur de la Basilique St Pierre (17ème siècle) (N/A) Il fut construit beaucoup soixante ans plus tard que l’œuvre de Raphaël et a pourtant la même architecture : une voûte à caissons conduisant à une coupole (qui fait que la lumière rayonne) avec des médaillons en relief. La peinture détermine toujours l’architecture. La basilique St Pierre est un bel exemple de fusion entre chrétienté et antiquité. Le pape veut apparaître comme descendant des empereurs romains et comme pape à la fois. 72.

2. Michel Ange Florentin, très polyvalent mais sculpteur de formation, début 16ème siècle à Rome. 73. Représentation de David (68-A) Il s’agit de la première œuvre célèbre de Michel Ange, réalisée à Florence. Cette représentation de David adolescent s’inscrit dans la tradition du quattrocento. Il porte la fronde dans sa main gauche. Cette œuvre fait 8 mètres de haut. Il est donc plus grand, plus athlétique et moins adolescent que celui de l’œuvre de Donatello ! Les mains de David sont très grandes, ce qui renforce l’idée de force physique. David devrait être représenté comme fluet or il est géant, cette œuvre exprime Florence qui est montée en puissance. Il est sculpté dans un bloc de marbre, ce qui prouve l’intelligence de son réalisateur car le travail sur marbre est très difficile. Michel Ange exprime bien la force et la puissance. Pour Jules II, qui voulait exprimer la puissance de Rome et de l’Église, Michel Ange devient l’artiste indispensable.

74. Commande Pontificale de Jules II (N/A) Jules II voulait que son tombeau se trouve dans la basilique St Pierre mais cela ne s’est pas réalisé. Tombeau divisé en trois niveaux : 1. Au centre : tombeau creux avec Moïse assis sur le bloc de marbre soutenu par une série de figures masculines, les atlantes que le moyen âge appelait esclaves. Un atlante dans l’art grec est un support architectural prenant la forme d’un homme (les femmes sont des cariatides.) Il s’agit d’allusion à des figures mythologiques. 2. Les atlantes sont des dieux sauvages de l’antiquité qui soutiennent les reliques du pape. 3. Moïse est représenté assis et en colère. Il regarde les juifs qu’il a abandonnés au Mont Sinaï et que ceux-ci adorent une idole : le veau d’or (allusion à l’ancien testament.) Il s’agit d’assimiler le pape à Moïse. Moïse est en colère car les chrétiens s’éloignent de l’Église. Il raccroche à la chrétienté la bible et la culture antique. Il est au croisement de ces deux influences. Les formes sont faites dans la technique du non finit qui accroît la force expressive de l’œuvre de Michel Ange. Ici, il multiplie les contrastes : matière brute  matière polie. Il y a un combat entre ces deux matières directement lié au fait que les atlantes ont été enfouis dans le sol. Les parties non achevées ont été travaillées au marteau. Il y a un combat avec le bloc, une lutte de l’artiste bien exprimée. Il s’agit d’une innovation qui sera abandonnée jusqu’au 19ème siècle. 75. Détail Décorant la Chapelle Sixtine (72-A) La chapelle Sixtine a été construite dans le palais du Vatican. Il s’agit d’une chapelle qui sert lors d’évènements majeurs (dirigeants de l’Église, cardinaux, etc.) M.A. a peint le plafond et le mur derrière l’autel. Il s’agit d’une partie très importante. Le décor représenté est le jugement dernier, les personnages sont nus, ce qui rappelle l’antiquité. Il peint également l’histoire de la Genèse ainsi que des épisodes de l’Ancien Testament que certains théologiens interprètent comme des prophéties de la vie du Christ. Tout correspond à l’Ancien Testament, revendiqué comme source première par les chrétiens. L’ensemble de ces peintures est supporté par d’énormes figures féminines, les Sibylles (ici, Sibylles bibliques.) Les Sibylles sont des prêtresses de la religion grecque, il n’y en avait qu’une dizaine, elles prédisaient l’avenir. On peut donc voir des prêtresses de la religion antique au cœur même de la chrétienté car des intellectuels gravitant autours du pape ont retrouvé des recueils de prophéties de Sibylles. Certains de leurs dires pourraient être interprétés comme des prophéties de la venue du Christ. La religion antique n’était donc pas fondamentalement différente, ils allaient dans le bon sens. La religion grecque préparait le christianisme. Les Sibylles sont représentées par des personnages féminins très musclés de plusieurs mètres de haut. Au moyen âge, quand on veut représenter une femme, on prend un modèle masculin afin de viriliser la force féminine.

On distingue une torsion évoquant une figure athlétique. Le bustier donne l’impression qu’il va craquer et le livre semble affreusement lourd. Cette figure pourrait être transposée en sculpture, le pied repose sur un socle. On croit que Michel Ange était avant tout sculpteur, néanmoins, il utilise très bien les couleurs. Venise (1500-1540) Venise constitue la plaque tournante officielle dans l’expansion de la culture artistique italienne ; elle émerge à la fin du Quattrocento. 1. Giorgione Mort en 1510, Giorgione était très proche de Carpaccio et était l’élève de Bellini. 76. L’Orage (73-A) Il s’agit d’une peinture célèbre de l’histoire de l’art. Elle est énigmatique, son thème est difficilement identifiable. Plus de 80 interprétations ont été faites mais elles ne prenaient en compte que quelques caractéristiques. Une recherche a donc été effectuée pour savoir qui avait acheté le tableau, pourquoi, où, qui était Giorgione, etc. Il s’agit d’un travail d’archive. On recherche le travail préparatoire à l’ultraviolet. Il s’agit d’œuvres difficiles à interpréter si on n’est pas dans l’entourage du commanditaire. Cétisse fait tout ce travail et propose : il s’agit d’Adam et Ève chassés du paradis terrestre. L’éclair est la manifestation de la colère de Jupiter. Il voit un jeu sur les deux cultures. Dans la religion chrétienne, on parle de deux paradis : l’originel et le final (la Jérusalem céleste.) Or ici, on peut voir une cité à laquelle Adam et Ève ne peuvent pas parvenir car il y a des obstacles : fleuve, barrières, arbres. On peut voir deux colonnes interrompues : l’homme est comme une colonne interrompue, il n’est pas éternel. Il s’agit d’un symbole lié à la mort. Adam et Ève sont habillés et ont un bébé ! Dans la bible, Dieu leur dit : a. « Vous aurez honte de votre corps » ; Ève est cachée derrière un arbuste et commence à se couvrir. b. « Tu enfanteras dans la douleur » ; Ils ont un bébé dans l’orage. c. « Tu travailleras à la sueur de ton front » ; Adam a un bâton de berger. Au rayon x, on a pu voir qu’au départ les personnages étaient rapprochés et qu’ils ont été ensuite séparés. On notera la présence d’un tout petit serpent. Conclusion : il s’agit d’un tableau hermétique qui ne peut être interprété qu’après une recherche active. C’est typique d’un art élitiste et discriminatoire. L’art des vénitiens est un art privé. Ici, le message est codé et c’est un jeu de le déchiffrer. 77. La Vénus Endormie (73-B) Cette œuvre appartient à la catégorie des œuvres de plaisir sensuel. Il s’agit en fait d’une représentation à prétextes : il représente Vénus, jeune femme nue couchée souvent dans une chambre de luxe mais ici elle se trouve à l’extérieur. Ce tableau est destiné à une consommation privée. « La Venus endormie » fut commencée par Giorgione et finie par le Titien, disciple de Giorgione.

Forme : importance de la couleur enveloppante qui assure l’homogénéité de l’image. La lumière baigne le corps, se reflète dedans. Nous avons affaire ici au principe unificateur coloré : blanc puis lumière dorée qui accentue le côté riche de cette peinture. Giorgione est mort de chagrin car le Titien est parti avec sa femme. Le Titien devint premier peintre de Venise et s’imposa comme le grand portraitiste en Europe tout entière. Charles Quint appréciait le Titien. 78. L’homme aux Yeux Glauques (74-A) Il s’agit du premier portrait célèbre de Le Titien. Il s’agit du portrait du fils d’un doge de Venise. Ce tableau a fait fantasmer beaucoup d’écrivains. Le Titien essaye de faire ressortir une personnalité, une psychologie hors de ce personnage néfaste. Ici, rien n’indique la fonction de cet individu mais une chaîne en or indique la distinction aristocratique. Cet or est mangé par le noir du vêtement. Le décor est neutre. Le visage et les mains ressortent. Une des mains est visible et l’autre est cachée. Le personnage a le visage sévère et le nez pointu. Le Titien utilise la couleur pour renforcer le sinistre : le brun, le noir. L’ombre du personnage se détache un peu. On ne voit plus la distinction entre personnage et ombre. Le noir obscurcit l’or. Le Titien utilise les moyens plastiques pour créer une ambiance, ce qui touche les sens et non l’intellect et est typique d’un portrait qui évolue dans le sens de l’individualité. Ce personnage a une véritable personnalité. 79. Le Repas Chez Lévi (75-A) Cette œuvre est celle de Le Véronèse, originaire de Vérone (duché de Venise.) Il s’agit d’un tableau de grand format. C’est une décoration murale peinte à l’huile sur toile dans une des salles d’un grand couvent de Venise. Le projet initial du Véronèse était « la dernière scène » puis il a opté pour le repas chez Lévi avec St Pierre, St Jean, le Christ et Lévi. Il a représenté beaucoup de personnes mais peu de personnes religieusement importantes. Les personnages sont richement habillés et s’amusent. Il s’agit d’un banquet de riches. Ce tableau correspond avec le « Ste Ursule » de Carpaccio qui montre le train de vie luxueuse mené à Venise. L’Inquisition (police de l’Église qui cherche ce qui s’écarte de l’orthodoxie) a instruit un procès contre le Véronèse trouvant scandaleux le fait de représenter une telle scène pour un couvent. Le procès fut classé sans suite mais le tableau fut plus perçu comme vénitien que chrétien. On remarque une ouverture vers l’extérieur via la perspective. La lumière joue ici un rôle important et le Véronèse est un grand coloriste. 80. L’Ascension Du Christ Vers Le Ciel (75-B) Il s’agit d’une œuvre de Le Tintoret, peintre considéré comme le vilain petit canard de Venise. Ce peintre exerça très tard, à la charnière entre la période maniériste et la haute renaissance. Il a toujours eu des problèmes à Venise. Cette peinture est extraite d’un cycle réalisé dans un bâtiment de métier : « La scuola di san rocco » (la confrérie de St Roch.) Le Titien a la volonté de mettre le spectateur en condition. La noirceur émane de ce tableau.

Le Christ affirme sa divinité en remontant au ciel. Il s’agit d’un évènement fêté par l’Église or on a l’impression de chaos, de noirceur. Le Christ est entouré d’anges dont certains le soutiennent : l’ascension ne se fait pas toute seule, le Christ semble avoir des difficultés pour monter. St Marc dans le bas à gauche écrit ce qu’il voit. Il a l’air effrayé, il est obscurcit. Le paysage est désertique avec des arbres rabougris. Le Tintoret crée le doute.

3. Le Maniérisme (1540-1600) Il s’agit de la période de l’exportation de l’italianisme vers le reste de l’Europe. Le maniérisme, déjà utilisé à propos de la culture gothique française, met l’accent sur la manière de faire de l’artiste au dépend de la force du contenu. Le terme fondamental du maniérisme est : « matière. » Un accent fort est porté sur la forme plutôt que sur le contenu. Caractéristiques : a. Les artistes italiens de cette époque travaillent à la manière d’autres artistes. Ils se disent héritiers des grands maîtres qui les ont précédés. Ils prennent un modèle et essaye de le reproduire. Ils veulent copier plus que d’interpréter. Ces artistes sont donc de second plan. Ils pensent que l’évolution est terminée. Il y a donc une crainte par rapport à l’avenir. b. On assiste à une mise en avant de la forme. S’ils ne savent pas innover, ces artistes savent repousser les innovations formelles des artistes antérieurs. Le dessin va prédominer sur le message à faire passer. Un côté artificiel se retrouve dans le maniérisme qui s’éloigne du naturel car il faut représenter des œuvres d’art. La nature s’éloigne au profit de l’art c. Il s’agit d’un art qui adore l’anormal, le bizarre, l’irréel. Ces artistes souhaitent s’évader du réel pour atteindre le rêve. Le réel à cette époque est l’éclosion du protestantisme. Il y a une contestation radicale de l’Église. Des pans entiers de l’Europe s’écartent de la foi catholique. Se mettent en place des guerres de religion qui séparent en deux des familles, des pays. Il s’agit d’une époque ou on ne sait plus à quel saint se vouer, une époque de conflits. 1. Italie 81. La Villa Rotonde (77-A) Vicence est proche de Venise et se situe donc bien dans l’orbite vénitienne. Palladio est un surnom faisant référence au Palace qui signifie Athéna, déesse grecque des sciences et des connaissances. Ce surnom rend donc hommage à l’architecte. Quand Palladio fait référence à l’architecture antique, il est d’une fidélité scrupuleuse. Palladio travaille à la manière des grecs. Cette villa évoque un temple grec : entrée, colonnes, éléments décoratifs, etc. Palladio aura un succès gigantesque car ce genre d’architecture sera très utilisé (maison blanche, aquarium Quai Van Ben Eden, etc.) Ceci est un souci de respectabilité. Cette influence va aller très loin (la « Place Du XX Août » n’a été construite qu’en 1930 !) 82. La Madone Au Long Cou (76-A) Le Parmesan est un artiste italien maniériste. Ici, le cou de la vierge est disproportionné, elle est géante. Il y a un étirement irréaliste lié à une volonté d’allongement. Parmesan joue sur la ligne pour la rendre expressive. Il met en avant la forme au dépend du contenu. Cette caractéristique fait référence au passé (cfr Botticelli.)

Il y a un côté irréaliste : ciel de tempête, colonnes, enfant Jésus ayant l’air malade, glissant de sa mère et en étant relativement éloigné. Le bizarre est donc la troisième caractéristique du maniérisme. 83. Le Feu (78-A) Archime Boldo est un artiste italien qui fait sa carrière à Prague (capitale de l’empire germanique.) Il travaille pour l’empereur qui possède donc une collection d’œuvres d’art et d’objets alchimiques. Il est surtout connu pour une série de peintures alchimiques qui reprennent les quatre éléments donc les alchimistes pensent qu’ils ont créé l’univers. Il s’agit toujours d’allégories bizarres, puzzles d’objets assemblés pour dessiner une tête. Ici, - Front = mèche ; - Nez + oreilles = briquets ; - Joue = métal martelé ; - Cou + menton = lampe à huile ; - Collier évoquant l’orfèvrerie ; - Bas de la composition = armes à feu ; - Cheveux = feu. Il y a une dichotomie entre la virtuosité de l’artiste et la crédibilité du contenu. Le feu se détache sur un fond sombre, ce qui est une caractéristique d’un grand nombre de peintures maniéristes or c’est un paradoxe car la peinture est faite pour qu’on puisse s’y promener or ici le fond noir l’empêche. Il y a un intérêt pour l’anormal, l’irréel. 2. France La France est le premier pays à être sensible à ce qui se passe en Italie. Le pouvoir, la royauté va imposer cette culture italienne comme culture officielle en France. Les artistes devront s’y plier. Ceci est la caractéristique de la culture politique française pour des raisons politiques, des raisons d’ambition d’expansion du territoire vers l’Italie, mosaïque de petits états faibles et rivaux. L’idée des rois de France est de montrer à l’Italie qu’ils ont de la sympathie pour leur culture. Le fils de François Ier épouse d’ailleurs une fille de Medici, certains ministres des rois de France seront italiens, etc. François Ier décide d’inviter des artistes italiens à la cour de France pour créer des œuvres et former des artistes français. Le palais royal de Fontainebleau avec son école sera le lieu de départ de l’expansion de la culture italienne. 84. Château de Bloy (79-A) Tous les châteaux de la Loire sont liés à la progression de l’italianisme. Celui-ci est le premier château de la Loire. Nous avons ici une vue de l’escalier de la cour centrale. Il s’agit d’un motif célèbre qui permet une comparaison avec celui du château de Bourges. La culturalisation ira beaucoup plus vite en peinture qu’en architecture car les petits artisans s’adaptent difficilement aux changements. De plus, les conditions climatiques ne sont pas les même en France qu’en Italie, les architectures sont donc différentes.

Pour la décoration de surface, les fenêtres sont entourées de pilastres et surmontées de frontons. L’habillage sur le squelette est toujours très gothique et résout des problèmes auxquels l’Italie ne propose aucune solution : entre autre, la pluie (pinacles pour protéger les statues de la pluie, gargouilles pour protéger l’eau de pluie loin des murs, fenêtres à meneaux, escalier tout à fait asymétrique impossible en Italie.) Ceci évoque la difficulté d’assimilation. Les artisans résistent car ils ne sont pas convaincus de la nécessité du changement. 85. Éva Prima Pandora (80-A) Cette peinture est italienne et faite par un Français, Jean Cousin, de l’école de Fontainebleau. Éva évoque Ève prima, la première femme. Pandora est la première femme dans la mythologie grecque. Cette jeune femme est donc la première mais il y a fusion de la culture grecque et de la tradition chrétienne. Ces deux femmes mythiques ont connu une histoire comparable : Ève serait à l’origine du péché originel, c’est elle qui aurait cueilli le fruit de la connaissance. Quant à Pandore, elle s’était vue confier la garde d’un coffret par un être divin et, par curiosité, elle va ouvrir la boite de laquelle vont s’échapper tous les maux (mort, maladie, vices, etc.) Il y a donc un rapprochement des cultures. Ici, la jeune femme porte dans la main droite une branche avec des pommes. Enroulé autour de son bras gauche se trouve un serpent. Elle tient la boite de sa main gauche. Un crâne est la pour rappeler que l’homme est mortel. Ce nu féminin et couché dont l’archétype vient de Venise est une figure assez étirée, élancée (caractéristique des maniéristes.) Cette femme a le profil grec (front et nez forment une seule ligne), c’est un trait stylistique de l’art grec, devenu une valeur stylistique. Le fond est très largement sombre pour faire ressortir le personnage éclairé. par la trouée du fond, on voit un paysage esquissé (cfr Léonard de Vinci), signe extérieur de culture artistique : on prend un défaut de Léonard de Vinci et on en fait une valeur esthétique. Ceci est le signe d’une reconnaissance du 16ème siècle pour la culture italienne. 86. La Diane d’Anet (81-A) Ceci est une œuvre française de Jean Goujon, de l’école de Fontainebleau. Elle fut réalisée pour le château d’Anet du roi de France. Elle fait peut-être référence à Diane de Poitiers, la maîtresse du roi, car la statue a les traits de visage de celle-ci. Diane est une déesse de l’antiquité nommée Diane chez les romains et Artémis chez les Grecs. C’est la déesse de la virginité, de la lune et de la chasse. Elle est représentée par une femme nue, à demi allongée et élancée. Cette peinture a un côté bizarre de par la femme nue avec un arc en train d’apprivoiser un cerf. Le travail du sculpteur est mis en avant car il a été fait sur du marbre, ce qui est très dur car les Français ne travaillaient pas sur marbre. Il est plus facile à trouver de bonne qualité en Italie qu’en France, il faut donc l’importer. 3. Flandre La Flandre est la seconde région à être touchée par la culture italienne. La Flandre en est arrivée à conquérir une sorte de leadership dans la peinture, la sculpture et en exporte beaucoup, ce qui est une énorme source de revenus donnant lieu à une certaine prospérité sur le plan artistique.

La Flandre suit la concurrence quitte à la devancer car celle-ci se vend beaucoup mieux. On envoie des dizaines de jeunes artistes en Italie pour se former et pour rapporter un maximum de modèles, de dessins italiens, genre d’espionnage industriel. Ce procédé va marcher, la peinture flamande va se reconvertir avec un réel succès grâce à sa puissance de production. Les Italiens vont donc se plaindre des copies de la Flandre. Les peintres flamands sont surnommés les romanistes car ils sont plus romains que les romains. Leur peinture est destinée à la production de masse. 87. Danaé (82-A) De Jean Gossart. Cet artiste était surnommé Mabuse du latin Maubeuge. Ce tableau a un thème mythologique. Danaé était une nymphe évoquée pour ses amours avec les divinités supérieures. Zeus, habitué à prendre d’autres apparences que la sienne pour draguer les nymphes, s’est changé en une pluie d’or (il s’insinue jusqu’entre ses cuisses) étant donné que Danaé était très vénale et avare. Cette jeune femme est le canon. C’est un tableau érotique, non politique. L’architecture est de marbre et évoque des choses déjà vues. Il y a un souci d’une belle architecture bien faite qui évoque l’architecture vénitienne (Note : la marbre rouge.) A droite, derrière l’ouverture, l’architecture est gothique, typiquement flamande. 88. La Danse des Paysans (82-B) Pierre Bruegel est surnommé « l’ancien » car il est le premier d’une série d’artistes. Il est dessinateur et fournit des modèles de gravures aux éditeurs. Il reçoit la mission de ramener des objets de culture et des copies de peinture d’Italie. Il ne ramène que des paysages des Alpes. Il est rebelle et ne veut pas adhérer à la culture italienne. Quand il rentre en Flandre, il s’installe à son compte et fait des peintures inspirées de Jérôme Bosch (gothique) puis fait son propre style et récolte un vif succès auprès de la population locale. Il évoque la vie paysanne flamande et donc locale. La bourgeoisie flamande s’intéresse à ses tableaux. C’est là que se produit le déclic. Tous ses concurrents travaillent pour l’aristocratie et lui pour la bourgeoisie qui veut être différente de l’aristocratie, représentant l’italianisme, et revendiquer cette différence. Elle veut affirmer son identité, contrairement à son passé. Certains tableaux de Bruegel critiquent l’aristocratie. La bourgeoisie ne veut pas être confondue avec les paysans. Ce que Bruegel propose comme image du paysan pour rassurer les bourgeois est une image lourde, condescendante : ils boivent, dansent, sont plus bestiaux qu’humains (Note : les hommes prêts à se battre ; l’anse de poterie cassée, gaspillée ; la paysanne qui entraîne son copain dans une maison… sous une bannière religieuse !) Par contre, ses images de paysans au travail sont beaucoup plus positives. Il fait cela pour marquer les différences de classes. Le moteur principal de l’évolution artistique est le conflit entre l’aristocratie et la bourgeoisie. Bruegel est à l’origine d’une contre-culture. Bruegel ne rejette pas tout, il maîtrise parfaitement la perspective linéaire. 4. Allemagne Le 16e est appelé « l’Age d’Or. »

L’Allemagne est formée d’une multitude de petits états. Elle connaît un contexte comparable à celui de la Flandre. L’Allemagne commercialise aussi des œuvres d’art. Ici, ce sont les artistes qui sont à l’origine des choses. L’Allemagne est le principal berceau du protestantisme (Luther.) L’Église luthérienne devient religion officielle. Les artistes adhèrent au protestantisme. Ils veulent aider le protestantisme à se développer mais la plupart des gens sont analphabètes, ils utilisent donc l’image pour mettre en question les images et le style catholique. Les Allemands se renouvellent par de nouvelles façons de faire des images. Ils inventent une nouvelle culture artistique. Le protestantisme accepte que l’on discute les textes, il a l’esprit critique ce qui n’est pas le cas pour la religion chrétienne. Les allemands vont donc aller étudier ce qui se passe en Italie. 89. Autoportrait par Albrech Dürer (84-A) Dürer est le premier à travailler en Italie même. Il voyage énormément. Il est un des propagateurs de la culture italienne. Il représente l’artiste comme vedette : son autoportrait se vend énormément sous forme de gravure. C’est le tableau typique de la conversion des artistes du nord vers le sud. Il fait ici un autoportrait, c’est du narcissisme. Il ne se représente pas comme un modeste artisan mais comme quelqu’un d’important. Il a des vêtements de luxe. Il utilise le fond noir pour se donner une sorte d’autorité, d’agressivité en regardant de face, et pour projeter son portrait vers les spectateurs. On l’a associé au Christ. Il signe tous ses travaux de cette façon ; Cette signature AD est plutôt une marque de fabrique. 90. Issenheim (Volet central d’un polyptyque, retable) (85-A) De Matthias Grünewald. Ce polyptyque qui n’est exposé qu’un jour par an, le jour de la crucifixion est aujourd’hui conservé à Colmar. Grünewald reste fidèle au gothique : évocation des pleurants, le Christ est écartelé, torturé, sanguinolent, le corps n’est qu’une plaie, la croix s’abat sous son poids. Grünewald ne s’intéresse pas du tout à la crédibilité. Le Christ est appelé l’agneau Pascal. On peut voir près du Christ un agneau dont le sang s’écoule dans un calice, symbole médiéval. St Jean Baptiste, à droite, est plus réservé car mort. Grünewald utilise le fond opaque, obscur, qui rend la peinture encore plus expressive. la Vierge est en blanc, éclair de lumière dans une composition. Il y a une influence, mais très marginale, de l’art italien. Ce tableau illustre la difficulté de la culture italienne à s’imposer. 5. Angleterre Les rois d’Angleterre font appel à des peintres étrangers pour venir à la cour. 91. Les Ambassadeurs (86-A) Hans Holbein, peintre du roi d’Angleterre, adhère au nouveau langage pictural et en maîtrise toutes les données. Son tableau représente deux personnages très surs d’eux entourés d’objets de sciences. Ces objets sont centraux. Il s’agit bien d’un tableau renaissant.

Holbein, peintre principal d’Henry VIII est avant tout portraitiste. Ici, la commande est française. Ces ambassadeurs sont envoyés par le roi de France à la cour d’Henry VIII. C’est un tableau politique. La France s’apprête donc à gagner l’Angleterre. Henry VIII s’était écarté de la religion catholique et avait créé sa propre religion. Tous les pays catholiques sauf la France ont déclaré la guerre à l’Angleterre. La France maintient une mission diplomatique. Sur ce tableau, un protestant et un catholique sont représentés pour bien montrer que la France accepte les deux religions. Le pavement est le même que celui de l’église de Westminster. Cela signifie que les ambassadeurs acceptent de fouler le sol d’une église anglicane. Il s’agit d’un tableau très composé. L’artiste ne fait pas ce qu’il veut, d’autant plus que ce tableau est destiné à être vu de toute la diplomatie anglaise. Il y a éruption du bizarre dans ce tableau : un crâne déformé car vu d’un point de vue qui n’est pas celui des autres motifs. Il s’agit d’une anamorphose (jeu de perspective.) Ce tableau était entreposé entre deux portes pour que la personne passant d’une pièce à l’autre voie ce crâne comme un flash. Cela dénonce une énorme virtuosité et donc le talent d’Holbein. Le fantastique dénonce le maniérisme. Ce crâne est là pour dire qu’ils sont des personnages puissants mais qu’ils se savent mortels. Ce crâne de la quatrième dimension contredit ce qu’il se passe dans le tableau. Il y a un thème de vanité, et aussi d’humilité. 92. Œuvre de Lucas Cranach (86-B) Cranach est le meilleur ami de Luther et l’a accompagné partout. C’est un propagandiste de la religion protestante mais, à côté, il produit des nus féminins, surtout des Vénus (et Éros, son messager, sur un cube en bois) mais surtout des femmes fatales. Ses personnages féminins sont toujours très proches : debout sur fond noir, conçus selon les canons du maniérisme, c’est-à-dire épaules tombantes, les cheveux soufflés par un vent magique, les corps allongés avec un côté très maniéré et élégant. Cette peinture érotique est à l’usage de l’aristocratie de l’époque. 6. Espagne 93. Le Christ Au Jardin Des Oliviers (66-B) El Greco est un artiste espagnol d’origine grecque. Tout jeune, ce peintre d’origine crétoise qui a commencé comme peintre d’icônes dans la tradition byzantine arrive à Venise où il modifie sa façon de faire grâce à Tintoret. Il s’installe ensuite en Espagne et ses tableaux s’apparentent au cliché du tempérament espagnol car ses peintures relèvent toujours d’une conception très mystique de la religion. Le Christ au jardin des oliviers est un épisode de la passion. On voit s’avancer un groupe de soldats avec Judas qui viennent arrêter le Christ. Le Christ semble hésiter devant son destin mais accepte finalement le calice apporté par un ange qui est censé contenir son sang. Il s’agit d’un tableau mystique : - Image d’un Christ au visage blanc comme la lune ; - Personnage allongé, filiforme ;

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Les vêtements assombris, ambiance fantastique, paysage désertique ; Bizarrerie qui accentue ce côté de rêve éveillé : derrière l’ange, rocher gris qui ressemble au nuage. Les choses ne se distinguent pas bien les unes des autres.

4. Le siècle du baroque (17ème siècle) Ce siècle est dominé par un style partiellement original et nouveau. Un seul style concerne la production d’Europe et hors d’Europe. A l’origine du style baroque on retrouve un courant religieux émanant du catholicisme qui a subit pas mal de revers au 16ème s. à la suite de la progression des protestantismes. L’Église catholique essaye donc de réagir avec toute une série d’armes dont notamment la peinture et la sculpture. L’Église opère d’abord des réformes internes (prêtres formés, doctrine, bible retraduite, le Panthéon des Saints est revu, on instaure une procédure c’est-à-dire un tribunal avec l’avocat du diable) et une stratégie pour combattre le protestantisme. Elle crée l’ordre des Jésuites (armée de Jésus.) Ils ont la charge de l’enseignement. Beaucoup de ces jésuites sont au départ des artistes. Du point de vue artistique, l’Église serre la vis. Les artistes ne peuvent plus s’écarter des textes religieux. les artistes sont fort surveillés. On leur demande de développer un art moins cultivé, moins compliqué, moins élitiste et plus percutant pour l’ensemble des fidèles qu’au 16ème. Donc un art plus émouvant qui touche beaucoup plus le sentiment que la raison afin de reconquérir les fidèles. Du point de vue architectural, les œuvres doivent être conçues pour accueillir de grandes manifestations de foules qui s’apparentent à des spectacles (ex : messe.) Il s’agit donc de plaire ou d’impressionner. L’Espagne joue un grand rôle dans la contre-réforme à l’origine de laquelle se tient un concile composé d’espagnols qui se tient à Trent en Italie. L’Italie est donc toujours à l’origine des transformations stylistiques. Cet art sera si efficace qu’il sera aussi récupéré même par les pays hostiles à la religion (ex : Hollande, l’art baroque est civil en France.) Nous sommes au cœur de cette notion de propagande des temps modernes. 1. Architecture 94. Place Saint Pierre à Rome Le Bernin est l’architecte de la papauté. Le projet de la place St Pierre est une initiative baroque. L’idée est de développer l’espace pour accueillir encore plus de fidèles. Le Bernin la conçoit en la théâtralisant, c’est le grand siècle du théâtre. Cette place a des courbes. Elle évoque deux mains qui rassembleraient le public vers le centre. Au centre, se trouve un obélisque avec des lignes qui s’écartent, c’est le symbolisme solaire. A l’origine, cette place était fermée. Au 20ème s., Mussolini construira une grande avenue derrière. Dans les colonnades, des courbes se trouvent de petits accès, irritable labyrinthe d’où arrivaient les gens un à un. En arrivant sur la place, les gens ont un choc de lumière. C’est un véritable théâtre. Un élément important de l’architecture baroque est la théâtralisation de l’espace mais aussi des statues. Il y a un rassemblement de tous les saints évoquant celui des fidèles. L’architecture baroque n’est plus du tout à l’échelle humaine mais une échelle supra collective. Ce qui est typique de l’architecture baroque est qu’elle semble centrée sur l’obélisque et postule aussi une diversité spatiale. Les ruelles font partie de l’espace.

La place est elle-même un espace très compartimenté. Il s’agit d’un spectacle fragmenté ou multiple. Le spectateur n’est jamais capable de maîtriser tout l’espace à la fois. Il est un peu perdu. 95. L’Église St Charles Aux Quatre Fontaines Borromini est lié aux jésuites et ses édifices sont plus modestes. La vue que nous avons est de biais. Borromini fait un édifice qui excède le regard des hommes. Il faut se déplacer pour voir les différents éléments. Il y a des plans coupés. Borromini oblige le spectateur à se décentrer. le spectateur a un point de vue relatif et jamais absolu. Il fait quelque chose de bizarre. Il fait des coupoles en forme d’ellipse et non circulaires or géométriquement, une ellipse a deux foyers, la multiplicité de points de vue est donc contenue dans cette forme. Autres caractéristiques du baroque : - Apparence de la construction, processus qui vise à l’équilibre ; - Église à deux niveaux décoratifs rythmés par des colonnes de même taille. Cela est bizarre car les colonnes de la partie supérieure ne supportent que ce qu’il y a au-dessus et celles du dessous soutiennent tout. On s’attend donc à ce que celles du bas soient plus fortes. On a l’impression qu’il y a une instabilité. Mais celle-ci est mise en scène dans la partie supérieure. Cette architecture trouble. Il y a quelque chose de mystérieux à accepter. L’intelligence est dépassée mais il faut y croire comme à la religion. 2. Peinture 96. Nature Morte Le Caravage, artiste italien, réalise ici une nature morte, c’est-à-dire, une représentation d’objets sans représentation humaine. Il s’agit de la seule nature morte que représentera Le Caravage. Ce genre est exclusivement pratiqué en Flandre et en Hollande pour la bourgeoisie. Ce sont souvent des objets de luxe qui sont représentés. Le Caravage fait un pied de nez à la tradition flamande en dessiner des fruits communs et de plus imparfaits (raisins qui pourrissent, feuilles desséchées, etc.) Ces objets ne sont pas considérés comme intéressants mais Le Caravage ne se moque pas de ces objets. Il nous les présente de manière valorisante. Ils ont une présence très forte. Ils ont été extraits de leur environnement pour être représentés en gros plan. Le décor environnant est indéfinissable. Le fond est jaune afin d’illuminer les fruits. La ligne brune du support donne l’impression que la corbeille s’avance. Il utilise l’ombre (opacité de certains motifs, feuilles noires, support foncé, etc) pour mettre les fruits en valeur. Il joue avec l’éclairage, c’est une véritable mise en scène. Conclusion : - Il y a du réalisme. Les fruits ne sont pas idéalisés. - La mise en scène est soigneusement orchestrée. - Ces objets sont communs, populaires. - Il y a de la lumière avec des effets de contrastes ; c’est le clair-obscur. - Il a la notion d’équilibre.

97. Les Pèlerins d’Emmaüs Par Le Caravage. Emmaüs est une ville de Palestine. Dans ce tableau, on retrouve sa célèbre corbeille de fruits. Ce tableau illustre l’histoire de deux sympathisants du Christ qui vont à Jérusalem pour écouter sa parole mais ils apprennent que ce dernier à été crucifié. Ils rentrent donc chez eux et sur le chemin, s’étant arrêté à une auberge, ils rencontrent le Christ. Les pèlerins deviennent donc des militants de la cause du christianisme. Il s’agit d’un thème souvent rencontré dans l’art baroque. Cela signifie que, même après sa mort, le Christ a ramené à lui ceux qui s’en écartaient. Pour représenter les personnages, Le Caravage choisit des personnages communs. Le Caravage a eu de gros ennuis au départ car l’Église n’a pas comprit pourquoi il prend des personnages de basse classe. En fait, l’Église en tirera profit car tout le monde pourra se reconnaître dans ce message. Le Christ est en train de se révéler et un des pèlerins y croit, il est illuminé et ouvre les bras en croix. L’autre s’accroche à sa chaise, il est toujours sceptique et la preuve est qu’il est dans l’ombre. Seule sa tête s’éclaire partiellement. La corbeille de fruits devient une sorte de symbole de l’ensemble. 98. Les Ménines Il s’agit du tableau le plus célèbre et le plus énigmatique de ce peintre espagnol. « Les Ménines » est le titre originel et il s’agit des suivantes d’une princesse. Il s’agit d’une commande du roi d’Espagne dont Velázquez est le peintre attitré. Le titre nous amène à chercher quelque chose. Les Ménines sont les deux jeunes aristocrates qui sont au service de la princesse. Celle-ci est au centre du tableau, c’est le sujet principal donc le titre nous trompe. Velázquez est dans son tableau et il fait le portrait de la princesse mais elle lui tourne le dos ! La solution se trouve dans le miroir dans lequel on voit le couple royal donc c’est eux que Velázquez peint. À côté du miroir se trouve un personnage énigmatique, un ministre du roi. Ce tableau a fait couler beaucoup d’encre pour son interprétation mais ce qui est sur c’est que Velázquez nous égare, il nous oblige à nous promener dans le tableau. Velázquez utilise le clair-obscur. Il s’agit d’un tableau sombre dont la lumière frappe certains motifs. On peut voir des nains bouffons qui amusent la princesse. Il y a théâtralisation, jeu des acteurs avec coups de théâtre. 99. Le Pied Bot De Ribera. Il s’agit d’un tableau de grand format. Durant les temps modernes, il y a des hiérarchies dans les genres picturaux qui se traduisent par les formats. Plus un sujet est grand et plus il est important. Un aristocrate choisit ce tableau car il fait des opérations charitables. On se rend compte que si on délaisse ces gens, ils se rebelleront contre l’Église. Ce personnage a le pied déformé, une tête idiote.

La Flandre va encore une fois réussir sa reconversion de point de vue pictural. Les Flamands vont s’imposer comme plus baroques que les baroques. 100.Sainte Conversation Rubens est allé en Italie pour copier l’art baroque. Ce tableau représente une sainte conversation entre une vierge à l’enfant et des saints qui l’entourent. Du point de vue du langage de base, Rubens utilise le caravagisme. Il utilise le clair-obscur. Les personnages sont réalistes. Ses tableaux sont mis en scène. En plus, il y a ici la vitalité de la composition et beaucoup de lignes obliques. Il utilise une couleur très chaude, couleur de la flamme. Il a une agressivité dans la manière de peindre qui insuffle de l’énergie. Il a une sorte de chaleur communicative qui manquait au Caravage. Notons que les saints n’ont pas été choisis au hasard : le Pape St Grégoire, St George, St Jérôme. Ils sont là pour dire que le pape est le plus proche du Christ. St George avec la tête de dragon mort est patron de l’Angleterre, il est donc anglican mais l’Angleterre est sur le point de se doter des Stuart catholiques, il y a donc un intérêt dans cette peinture. St Jérôme est là pour rappeler que notre vision des évangiles est meilleure que celle des protestants car elle est fondée sur des gens qui l’ont connue. St Jérôme est assis sur un lion qu’il écrase pour montrer la force de l’Église. Ier À La Chasse Antoine Van Dick est portraitiste officiel de rois anglais et notamment de Charles Ier. Ce tableau de grand format est destiné à être exhibé devant un public de personnages de haut rang. Van Dick rompt avec l’iconographie habituelle (le roi doit montrer qui est souverain, il faut donc montrer la puissance royale à travers trône, combats, etc) car ici, le roi se délasse et est habillé comme un aristocrate normal. De plus, il est dans un paysage naturel sans signification politique et il est juste entouré de ses valets et un cheval. Il s’est écarté de sa cour comme pour se recueillir. Il a un air mélancolique. On veut nous montrer un roi humain, comme tout le monde. Van Dick utilise le jeu du clair-obscur ; Le roi est éclairé. ce portrait place un personnage dans un paysage que le roi semble regarder. Cette connivence entre l’homme et le paysage est de plus en plus évoquée. La nature est représentée comme un compagnon. Les impressionnistes projettent leur impression sur les paysages plus tard. 101.Charles

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