Master 2 "Aménagement et Collectivités Territoriales" – Co-construction du PCET rennais
Compte rendu de la conférence de Mme Elizabeth Laville. Jeudi 8 octobre 2009 Elizabeth Laville, auteur, fondatrice et directrice d'Utopies, agence de conseil en développement durable
« Quels leviers au niveau territorial pour de meilleures pratiques ? Tour d'horizon » Compte rendu détaillé : Pour Madame Laville, il y a 4 étapes clef d’une stratégie territoriale face au changement climatique, pour cela elle s’appuie sur de nombreux exemples à l’échelle mondiale. L’engagement public de manière globale et visible : Il s’agit de reconnaître l’enjeu, les risques et d’affirmer publiquement le niveau de ces ambitions. L’exemple du Costa Rica ; ce pays a décidé d’être le premier pays neutre en terme d’émission de carbone à l’horizon 2021, suivi par la suite par les Maldives et Monaco. Le Costa Rica a donc lancé une multitude de politique (promotion EER, véhicule hybride, hydroélectricité, ainsi qu’une politique contre la déforestation massive, sur un écotourisme et une labellisation des acteurs collectifs) pour son projet, et cela a un autre impact, du fait que les regards sont maintenant tournés vers ce pays, cela l’oblige à atteindre ces objectifs. Les Maldives se sont aussi engagées à être neutre en carbone d’ici 10 ans, pour eux c’est une nécessité car 80 % de leur territoire est à moins de 1 mètre du niveau de la mer. L’Ecosse a également travaillé, puisque tous les investissements de l’Etat sont doublement étiquetés en Livre et en Carbone. Sur des territoires plus proches de nous, Chalons sur Saône, en 2002, avec l’aide de la WWF a prouvé qu’il était possible de réduire en 3 ans au lieu de 10 ans, les émissions de CO2 préconisé par le rapport de Kyoto, tout cela a été possible avec une mobilisation municipale importante. Pour réussir, il faut un positionnement proactif d’un territoire sur le sujet. C’est le cas notamment d’Aspen, station de ski située dans le Colorado, Etats-Unis. Sur ce site, c’est une structure unique qui gère à peu près tout les équipements de la station (remonte pente, transport…). Cette station se focalise sur l’engagement face au changement climatique, et fait une utilisation commerciale de cela. Cet engagement fort de la station se montre dans les publicités qu’elle fait, en montrant, par exemple, les carences d’enneigement sur leur site à cause du réchauffement climatique.
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Ci-dessus, un exemple de publicité faite par la station d’Aspen. En France, Correncon en Vercors, station située à 1100m d’altitude, à cause du changement climatique, a du ne conserver l’activité ski que sur une petite partie du domaine, surtout pour les enfants et propose à coté de cela des programmes multi activités. De même sur la valorisation commerciale, Copenhague, avec son site internet « organiccopenhagen » recense tout les produits biologiques, les magasins écologiques… afin de mettre en avant ces pratiques. S’adapter : En effet, le changement climatique est déjà présent et a des conséquences sur les territoires qui doivent se préparer pour y faire face. Par exemple, le gouvernement des Maldives a instauré une taxe carbone pour les touristes de l’ordre de 3 dollars par jour et par touriste. Cette taxe sert à financer la protection des récifs coralliens et des mangroves (qui protègent l’île de la montée des eaux). De même une partie de cette taxe pourrait servir à l’achat de terre qui correspondrait à la surface des Maldives en Inde ou en Australie, dans le cas ou la montée des eaux de mer ne permettraient plus de vivre sur cette île. Autre exemple, l’équipe municipale de Londres a aussi mis en place une stratégie d’adaptation, c'est-à-dire un plan de réduction de 60% des gaz à effet de serre d’ici 2025. Cette stratégie de réduction se base sur l’habitat, l’énergie, le transport et les entreprises. Cela s’est traduit pas la mise en place d’un péage urbain autour de Londres, le début de
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conversion des bus en hybride, et par une volonté de promouvoir une agriculture locale et les jardins urbains. 3 milliards de Livre Sterling ont été mis sur 10 zones bas carbone, de même on assiste à une expérimentation sur plusieurs projets permettant de réduire l’émission de gaz à effet de serre. Réduire et progresser : Réduire et progresser n’empêche néanmoins pas le fait de pouvoir mettre en œuvre des politiques d’action. Ce thème s’articule autour de 7 points : - Mobilité douce : En effet on commence à penser que la voiture est en fin de vie, les politiques, les ONG disent à peu près toutes les mêmes choses. L’ensemble des acteurs s’entend sur environ 80% des constats par rapport à l’utilisation de la voiture. Pour cela, on promeut un développement écologique des quartiers, avec des modes de transports alternatifs et des primes à l’achat sur les véhicules électriques. Par exemple à San Francisco, pour les individus qui prennent l’avion, un kiosque est disposé à l’aéroport afin de les sensibiliser à l’impact du trafic aérien. - Construction, rénovation durable : Pour ce point, le programme Énergie Cité est remarquable, il s’agit d’un collectif de ville en Europe qui s’engage à afficher la dépense en énergie des bâtiments publics. Cela a poussé à la création des Archives départementales du Nord à être le premier bâtiment à énergie positive. Il existe aussi des leviers fiscaux pour les particuliers ou les entreprises qui rénovent de façon écologique. A Santa Monica, par exemple, l’obtention de permis de construire est plus rapide si on construit de manière écologique. Avec ce point se pose aussi la question de l’urbanisme et de la planification urbaine, puisque la consommation de carburant baisse avec la hausse des densités urbaines. -Lutte contre les déchets : Dans certaines villes la lutte contre les déchets ménagers ou industriels est l’une des grandes priorités. Certaines villes ont décidé de supprimer l’eau en bouteille, d’autres comme San Francisco, ont depuis plusieurs années commencé à récupérer les huiles usagées des restaurants pour les transformer en carburant pour les véhicules de la collectivité, de même San Francisco est l’une des premières villes au monde à avoir mis en place des actions sur le compostage, chose assez rare pour une ville de cette taille. -Entreprises : Pour les entreprises, les leviers sont surtout des leviers d’ordres fiscaux, il existe néanmoins des principes d’incitations et des services nouveaux qui permettent aux entreprises de réduire leurs émissions de gaz polluants ou de déchets (comme par exemple, dans certaines villes, la récupération des déchets organiques). D’autres villes ont créé des labels ou cartes d’achat local, ce qui incite à acheter des produits locaux dans le tissu de boutiques existant sur le territoire. Enfin, depuis quelque temps, on remarque la création de partenariat public privé sur les projets innovants, cela donne une visibilité à tous ces projets. - Énergie : Le but est de réduire les consommations d’énergies en valorisant la production locale d’ENR. Par exemple à Beckerich en Allemagne, la construction d’éolienne, a été cofinancée par la ville et les habitants ce qui permet une meilleure acceptation de ces éoliennes. De même, une autre initiative en Allemagne, une ville a mis une contrainte légale : pour toute construction neuve il y a obligation d’y inclure des panneaux solaires.
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-Alimentation : 21% de notre impact climatique est lié à notre alimentation, devant le transport 14% et l’habitat 13%. Plusieurs actions ont été mises en place notamment dans les restaurants publics et les cantines comme à Gand, où une journée végétarienne a été mise en place sur un circuit court d’approvisionnement, dans la foulée l’ensemble des restaurateurs ont suivi cette initiative. En fait il vaut mieux diviser 2 fois notre consommation de viande rouge, plutôt que de diviser par 2 l’utilisation de la voiture, cela aurait un impact plus important plus les émissions de gaz à effet de serre. -Éducation: « On a les futurs citoyens que l’on mérite », il y a donc une politique de sensibilisation des enfants dès leurs plus jeunes âges. Ainsi que des labels d’éco écoles. Rendre des comptes : Le but est de définir les moyens, les actions en consultation avec les parties prenantes. Il faut donc rendre des comptes sur les résultats atteints et les moyens déployés, avec des indicateurs pertinents, en complétant par une consultation des parties prenantes.
Conclusion : En conclusion on peut donc dire que pour agir, il faut concentrer les efforts sur quelques points. Il est impossible de tout régler, il faut donc une concentration sur 3 ou 4 projets forts. De même, il faut que les projets soit désirables et imparfaits pour permettre la participation de tous. Même si le projet est imparfait, il faut le lancer car il y aura de la place pour que les individus, la population se l’approprient et améliorent son fonctionnement.