Partie – Les activités économiques : le financement de l’économie
Fiche 1 – les fonctions de la monnaie
Chapitre – La monnaie
Notions du référentiel :les 3 fonctions de la monnaie : monnaie moyen de paiement, monnaie unité de compte, monnaie réserve de valeur
INTRODUCTION : POURQUOI LA MONNAIE ? LE TROC ET SES LIMITES( 1 p 52) La conception traditionnelle de la monnaie oppose 2 grandes périodes : 1. des sociétés de petite taille dans lesquelles la division du travail était réduite , donc où l’échange était peu développé , ne nécessitait pas l’utilisation d’une monnaie . En effet, l’échange était la preuve d’une solidarité et donc les individus pouvaient facilement , puisqu’ils se faisaient confiance troquer des produits les uns contre les autres .Mais , le fonctionnement de ces sociétés primitives allait rapidement être remis en cause . Les individus se sont rendus compte qu’il était pour eux beaucoup plus rationnel de se spécialiser dans les productions pour lesquelles ils étaient les plus efficaces . On a donc observé, comme l’a démontré Smith dès 1776 , un approfondissement de la division du travail qui va générer une augmentation de la production , de la taille du marché et donc de l’échange 2.
Dès lors , le troc n’est plus adapté : « afin d’éviter des discussions sans fin et sortir des limites imposées par le troc , nos ancêtres toujours aussi ingénieux inventèrent la monnaie » . La monnaie présente l’avantage de faciliter les échanges puisqu’elle est : « un bien intermédiaire dont la valeur reconnue par tous , permet non seulement de décomposer les échanges , mais de comparer la valeur des biens entre eux .
I - LA MONNAIE , UN BIEN ECONOMIQUE : LES FONCTIONS . A.
DEFINITION DES FONCTIONS ( 2 p 52)
Toute monnaie doit remplir 3 fonctions : 1. mo yen de paiemen t : la monnaie doit servir pour régler des achats. Certaines conditions sont donc nécessaires pour qu’un bien puisse jouer le rôle de monnaie : + le bien doit avoir une valeur subjective élevée : il doit être rare et prestigieux + le bien doit avoir une valeur objective liée à ses qualités physiques : • stabilité, voire inaltérabilité ( l’or ne s’oxyde pas ) • une grande valeur sous un faible volume • malléabilité qui permet la divisibilité 2. uni té de comp te et éta lon de val eur : en l’absence de prix exprimé en unité monétaire , personne ne peut dire combien de litres de lait vaut une table, car , n’ayant aucune qualité commune , ils ne sont pas comparables sur la même échelle .La monnaie présente alors deux qualités : + la monnaie rend les objets commensurables ( avec une mesure commune ) + la monnaie permet de simplifier les rapports d’échange , c’est-à-dire de diminuer le nombre de prix 3. c’es t une ré ser ve de valeu r : pour que l’échange monétaire se substitue au troc et se développe , il faut scinder le circuit vente –achat en au moins 2 opérations : cela
implique que les échangistes ne craignent pas de conserver l’unité monétaire dans l’intervalle . La monnaie doit donc être un bon moyen d’épargne dont la valeur ne s’altère pas au cours du temps .
B. LES LIMITES DE L’APPROCHE FONCTIONNELLE L’approche fonctionnelle , bien qu’elle présente un intérêt certain en fonction de sa simplicité présente au moins 2 inconvénients majeurs : - elle ne hiérarchise pas les différentes fonctions et sous-estime donc le problème de savoir où se situe la limite entre ce qui est de la monnaie et ce qui n’en est pas. Ainsi, si l’on considère que la principale fonction de la monnaie est d’être une réserve de valeur , on constate que de nombreux objets tels que des timbres , des tableaux peuvent servir de réserve de valeur . Pourtant, ils ne peuvent être comptabilisés comme une monnaie . -
l’approche fonctionnelle est trop limitative, puisqu’elle ne prend pas en compte la nature de la monnaie qui est d’ordre social .
II - LA DIMENSION SOCIALE DE LA MONNAIE A.
LA MONNAIE , UN FAIT SOCIAL TOTAL ( 3 p 53)
Affirmer que la monnaie est avant tout un phénomène social c’est affirmer 3 idées essentielles : -
considérer la monnaie comme un phénomène premier, c’est-à-dire refuser d’accepter la fable du troc qui suppose que certaines sociétés ignoreraient l’usage de la monnaie. Or, la monnaie est présente dans toutes les sociétés, en particulier, elle est la racine même des sociétés marchandes. On ne peut donc considérer , comme le font les économistes libéraux , que les phénomènes économiques puissent être compris et analysés dans un monde non monétaire la monnaie étant introduite en dernier lieu , une fois que l’équilibre est atteint .
-
l’aspect conventionnel de la monnaie doit être soulignée : la valeur de la monnaie n’est pas autre chose que ce que la société décide d’y voir. C’est donc une convention et non la référence à l’or par exemple qui définit la valeur, c’est-à-dire l’acceptabilité de la monnaie.
-
la monnaie est donc une institution, c’est-à-dire un fait social total
B.
LA MONNAIE, UN LANGAGE SOCIAL( 4 p 54)
Contrairement à ce qu’affirment certains économistes, on ne peut caractériser la monnaie comme un bien ou une marchandise qu’on achèterait ou vendrait. La monnaie est un langage et fonctionne comme tel, c’est-à-dire qu’elle présente toutes les caractéristiques d’une langue qui sont : - elle est partagée par tous - elle permet donc de communiquer - c’est donc un instrument qui nous permet d’être relié les uns aux autres sans même le savoir
C.
LA MONNAIE, UN LIEN SOCIAL (5 p 54)
La monnaie ne doit pas être analysée dans sa seule dimension économique. En effet, la monnaie est la preuve de la confiance qu’ont les individus dans l’organisation sociale et dans l’Etat qui la garantit. Détenir de la monnaie, c’est donc : - accepter un symbole de la cohésion sociale - se sentir lié à la communauté - être socialisé à respecter les règles qui sont celles de l’économie marchande
Conclusion : 2 conceptions de la monnaie s’opposent :
nature de la monnaie dimension de la monnaie
conception de la monnaie rôle de la monnaie
analyse de la monnaie développée par les économistes classiques et libéraux La monnaie est un bien économique La détention et l’utilisation de la monnaie doivent être analysées au niveau individuel, en fonction des motivations des acteurs La monnaie est un instrument La monnaie remplit des fonctions qui permettent de faciliter le fonctionnement de l’économie
analyse de la monnaie des auteurs hétérodoxes et des sociologues La monnaie est une institution La monnaie a une dimension collective, puisqu’elle s’impose à la communauté des individus La monnaie est une convention La monnaie est un lien social qui permet de tisser des relations entre les individus
2 conceptions de la monnaie peuvent doc. être opposées : - une conception fonctionnaliste : la monnaie est étudiée en fonction de son utilité et des services qu’elle rend - la monnaie est envisagée comme un rapport social qui dépasse largement les limites imposées par la première perspective