L’INTERNATIONALISATION DES ECONOMIES LES FIRMES MULTINATIONALES ET LEUR ROLE DANS L’ECONOMIE MONDIALE.
I) LES FIRMES MULTINATIONALES AU CŒUR DE L’INTERNATIONALISATION DES ECONOMIES. 1.Les firmes multinationales : éléments de définition. 1.1. Qu’est-ce qu’une firme multinationale ? - Une société résidente dans un pays qui détient plus de 10% du capital dans une autre société résidente dans un autre pays. - Le nombre de firmes multinationales dans le monde est passé de 7000 au début des années 1970 à 37000 au début des années 1990 pour atteindre 79000 en 2007. - 780 000 filiales étrangères (contre 170 000 début 1990) - 31 000 milliards de dollars de chiffre d’affaires (en hausse de 26% par rapport à 2006) - A l’origine d’un stock d’IDE estimé à 15000 milliards en 2007.
I) LES FIRMES MULTINATIONALES AU CŒUR DE L’INTERNATIONALISATION DES ECONOMIES. 1.Les firmes multinationales : éléments de définition. 1.2. Firme multinationale et degré d’internationalisation. 1.2.1. L’indice de transnationalité (Transnationality Index, TNI). Le degré de transnationalité : moyenne de trois indicateurs : • le pourcentage des actifs étrangers dans les actifs totaux, • le pourcentage des ventes à l’étranger dans les ventes totales, • le pourcentage d’employés à l’étranger dans l’emploi total de la firme. L’indice d’internationalisation (internalization index): mesure la part des filiales de l’entreprise localisées à l’étranger (les filiales détenues à plus de 50%).
I) LES FIRMES MULTINATIONALES AU CŒUR DE L’INTERNATIONALISATION DES ECONOMIES. 1.Les firmes multinationales : éléments de définition. 1.2.2. Le poids de l’origine nationale des FTN reste fort. Le degré de multinationalisation des firmes dépend du secteur de production. Le territoire d’origine des firmes joue un rôle important. • étude de Nicolas Véron (centre Bruegel) : - L’activité nationale des 55 premières multinationales européennes représente 67% du total. La part est de 65% pour les 55 premières multinationales américaine. - La dynamique actuelle est nettement orientée vers une plus grande mondialisation : entre 1997 et 2005, la part des activités extraeuropéennes des firmes du continent européen est passée de 28,4 à 35% et celle des activités internationales des firmes américaines de 29,3% à 34,8%. Le développement de firmes-réseaux contribue à amoindrir la base nationale des firmes.
I) LES FIRMES MULTINATIONALES AU CŒUR DE L’INTERNATIONALISATION DES ECONOMIES. 1.Les firmes multinationales : éléments de définition. • De la firme globale à la « glocalisation » (Akio Morita). • A.M.Rugman et A.Verbeke, (article de 2004 paru dans le Journal of International Business Studies): - Une entreprise sera dite globale si elle réalise au moins 20% de ses ventes dans chacune des trois régions et pas plus de 50% de ses ventes dans sa région d’origine. La plupart des entreprises multinationales ne sont en fait que régionales : en 2001, sur les 380 plus grandes entreprises recensées par le magasine Fortune, seules 9 multinationales seraient réellement globales comme IBM, Coca-Cola ou LVMH, soit moins de 2,5% ; par contre, 84% des entreprises seraient régionales et centrées sur leur région d’origine.
I) LES FIRMES MULTINATIONALES AU CŒUR DE L’INTERNATIONALISATION DES ECONOMIES. 1.Les firmes multinationales : éléments de définition.
• 1.3. Les pays d’origine des firmes multinationales. • 84% des entreprises sont originaires des pays de la Triade : 24% d’entre elles viennent des Etats-Unis (contre 30% dans les années 1980). Cinq grand pays concentrent plus de 72% de ces 100 entreprises : les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et le Japon. • L’origine des firmes multinationales est de plus en plus diversifiée: alors que 10% des firmes multinationales avaient leur siège social dans un pays en voie de développement en 1990 (3500 sur 37000), on atteint presque 50% en 2008.
I) LES FIRMES MULTINATIONALES AU CŒUR DE L’INTERNATIONALISATION DES ECONOMIES. 2. La progression des investissements directs à l’étranger comme indicateur du poids des FTN. 2.1. Une croissance importante des investissements directs à l’étranger. 2.1.1. Que sont les IDE ? On parle d’IDE lorsqu’une firme achète au moins 10% du capital social d’une entreprise implantée à l’étranger qui existe déjà ou lorsqu’elle crée à l’étranger une unité de production qui n’existait pas jusque là. Distinction IDE / Investissement de portefeuille. 2.1.2. Les modalités de l’IDE. - La construction d’un site de production (investissement greenfield); - Le rachat d’un site de production existant (fusion-acquisition); • Deux cas particuliers : - La constitution d’une entreprise mixte (joint-venture); - L’acquisition d’une firme locale en vue de fermer une ancienne usine, d’établir à sa place des installations neuves et de l’utiliser comme un réservoir de main-d’œuvre qualifiée (brownfield investment).
I) LES FIRMES MULTINATIONALES AU CŒUR DE L’INTERNATIONALISATION DES ECONOMIES. 2. La progression des investissements directs à l’étranger comme indicateur du poids des FTN. 2.1.3. Des flux croissants. • Accélération des flux d’IDE depuis les années 1980. En vingt ans, les flux entrants des IDE dans le monde ont été multipliés par 20, passant de 55 milliards de $ en 1980 à 1833 milliards en 2007. • le stock mondial d’IDE représente près du quart du PIB mondial, alors qu’au début des années 1980, cette part était de 6% à peine. • Depuis les années 1990, les IDE ont essentiellement pris la forme de fusions-acquisitions : La valeur des fusions-acquisition est passée de 150 milliards de dollars en 1990 à 1637 milliards en 2007 Atteindre plus vite la taille critique que par la croissance interne. Minimiser les coûts et les risques des investissements en recherche et en commercialisation. Adapter leurs produits aux spécificités des consommateurs locaux et il est souvent plus aisé de réaliser une fusion-acquisition plutôt que d’implanter une filiale.
I) LES FIRMES MULTINATIONALES AU CŒUR DE L’INTERNATIONALISATION DES ECONOMIES. 2. La progression des investissements directs à l’étranger comme indicateur du poids des FTN. 2.2. Structure et répartition géographique des IDE. 2.2.1. Une croissance des IDE inégalement répartie. • Les IDE sont majoritairement issus des pays du Nord et destinés aux pays du Nord. • Baisse du poids relatif des Etats dès la fin des années 1970. Les EtatsUnis sont le premier pays investisseur, mais aussi le premier pays d’accueil des IDE. Cependant, leur part dans le montant total du stock d’IDE à l’étranger régresse de 37,7% en 1980 à 19% en 2005; • la part des pays en développement augmente au profit notamment de la Chine et de l’Asie émergente. Les pays émergents d’Asie rassemblent deux tiers des IDE à destination des pays en développement. La Chine accueille à elle seule un quart de ces IDE entrants. • Les IDE sont inégalitairement répartis entre les PED.
I) LES FIRMES MULTINATIONALES AU CŒUR DE L’INTERNATIONALISATION DES ECONOMIES. 2. La progression des investissements directs à l’étranger comme indicateur du poids des FTN.
2.2.2. Une forte évolution des la composition des flux et stocks d’IDE. • Forte évolution de la composition des IDE. Dans le total du stock mondial d’investissements directs, la part du secteur primaire passe 9% en 1990 à 1,3% en 2004. Le secteur des produits manufacturés passe de 42% à 32% et le secteur des services de 49% à 67%. • Emergence de conglomérats financiers au cours des années 1990.
I) LES FIRMES MULTINATIONALES AU CŒUR DE L’INTERNATIONALISATION DES ECONOMIES. 3. Le commerce intra-firme : une caractéristique du commerce international actuel.
3.1. Les principes de la division internationale des processus productifs (DIPP) : • décomposition internationale des processus productifs (DIPP) => Les FTN décomposent leur production en segments qu’elles localisent dans différents pays en fonction des avantages (comparatifs) qu’elles peuvent en retirer. 3.2. Le commerce intra-firme au cœur du commerce international contemporain. • Forte augmentation du commerce intra-firme, c’està-dire des échanges de biens ou de services entre filiales d’une même FTN (échanges hors-marché). Entre le cinquième et le tiers des échanges internationaux des principaux pays développés sont intra-firme. • La nature des échanges intra-groupes relié au niveau de développement des pays .
II) LES STRATEGIES DES FIRMES MULTINATIONALES.
• • • •
Les stratégies des FTN ont varié dans le temps. Schématiquement : Au début du XXe siècle : stratégie d’approvisionnement ou d’intégration verticale en amont. Jusqu’aux années 60, stratégies de marché ou d’intégration verticale en aval. Des années 60 au années 80, stratégies de rationalisation à travers des firmes atelier. A partir du milieu des années 80, les FTN diversifient leurs stratégies, développant notamment des alliances ou accords d’entreprises au lieu de créer ou de prendre le contrôle de nouvelles filiales. On parle de stratégies de flexibilité.
UNE PERIODISATION DES FIGURES DE LA FIRME TRANSNATIONALE. O.Bouba-Olga. 2004.
Période
Figure de la firme
Stratégie
Moyens de la stratégie
Années 1950 Firme primaire Stratégie Intégration d’approvisionneme verticale en amont nt de ressources minières agricoles et énergétiques Années 1960 Firme Stratégie de multidomestiqu marché e
Implantation de filiales relais
Années 1970- Firme Stratégie de 1980 multinationale production rationalisée
Implantation de filiales ateliers
Années 1980- Firme globale 1990
Développement de réseaux de firmes
Stratégie de flexibilité
II) LES STRATEGIES DES FIRMES MULTINATIONALES. 1. Le choix de l’internationalisation et des localisations . 1.1. Le lieu d’implantation est fonction de l’objectif poursuivi . •
• •
•
Stratégie de rationalisation de la production : la recherche d’une meilleure compétitivité-prix passe par la mise en place de filiales-atelier (après calcul du coût unitaire de production). L’implantation de ces filiales se fait dans des pays présentant des différences de dotation factorielle qui justifient une décomposition du processus productif (stratégie de multinationalisation verticale ou efficiency seeking) ; Stratégie de marché : accéder à un marché en produisant sur place grâce à des filiales-relais pour mieux s’adapter aux consommateurs (stratégie de multinationalisation horizontale ou market seeking) ; Stratégie technico-financière : Une firme prend en compte des données financières (taux de change, niveau des prélèvements obligatoires…) et des données technologiques et commerciales (qualité de la main d’œuvre, infrastructures, débouchés, transports…) avant de s’implanter sur un territoire donné ; Stratégie d’approvisionnement : Une firme cherche à s’assurer une régularité dans ses approvisionnements en produits primaires (matières premières, énergie…).
II) LES STRATEGIES DES FIRMES MULTINATIONALES. 1. Le choix de l’internationalisation et des localisations . 1.2. L’arbitrage entre stratégies multinationalisation horizontale et verticale.
de
1.2.1. Les stratégies de multinationalisation horizontales. - Arbitrage entre l’économie de transport (par rapport au choix d’exporter) et les coûts fixes supplémentaires liés à la mise en place d’un site à l’étranger. - Importance de la taille du marché dans le choix de s’implanter à l’étranger. 1.2.2. Les stratégies de multinationalisation verticales. - Arbitrage entre des coûts salariaux plus faibles et des « coûts de transaction internationaux » plus élevés (coûts d’installation et de coordination des différents sites de production, mais aussi coûts d’acheminement des biens intermédiaires entre les différents sites et jusqu’au consommateur).
II) LES STRATEGIES DES FIRMES MULTINATIONALES. 1. Le choix de l’internationalisation et des localisations . 1.3.Des modèles de développement l’internationalisation des FTN .
pour
expliquer
les
raisons
de
1.3.1. Raymond Vernon et la théorie du cycle de vie international du produit. 1.3.2. Le modèle OLI : une théorie « éclectique » de la multinationalisation. John Dunning International Production and the Multinational Enterprise. 1988 • Le choix de l’internationalisation d’une firme repose donc sur ces trois catégories d’avantages : - Les avantages propres à la firme « Ownership advantages ». - Les avantages propres à la localisation de l’investissement « Localisation advantages ». - Les avantages liés à l’internalisation « Internalisation advantages ». • Le choix de l'investissement direct à l'étranger sera effectué lorsque la firme réunira simultanément les trois types d'avantages (OLI). 1.3.3. L’arbitrage entre globalisation et localisation : le modèle de Porter. (Competition in global business, 1986). Deux types de facteurs s’opposent, les uns poussant à la globalisation et les autres à la localisation : les « forces d’intégration et de coordination globales » / les « forces d’adaptation locale ».
II) LES STRATEGIES DES FIRMES MULTINATIONALES. 2. Le choix de la croissance externe par fusions et acquisition. • Les fusions-acquisition se traduisent par l’acquisition de sociétés étrangères implantées sur un marché et disposant de réseaux de commercialisation ou d’un savoir-faire spécifique. • Constat d’une multiplication des opérations de fusionacquisition. Leur valeur a ainsi été multipliée par 6 entre 1995 et 2000. Plus de 70% des opérations sont horizontales • Objectifs : conquérir de nouveaux marchés / accéder aux actifs et ressources d’autres pays et d’autres entreprises (brevets, savoir-faire spécifique) /augmenter la taille de l’entreprise / diversifier les risques. • Conséquences : bénéficier le plus souvent d’un effet de taille (économies d’échelle, augmentation du pouvoir de négociation…).
II) LES STRATEGIES DES FIRMES MULTINATIONALES. 3. Le choix de stratégies de coopération et d’alliance stratégiques internationales.
3.1.Principes et objectifs des alliances. • Une alliance stratégique peut se définir comme « une association entre plusieurs entreprises concurrentes, qui choisissent de mener à bien un projet ou une activité spécifique en coordonnant les compétences, moyens et ressources nécessaires plutôt que de se faire concurrence sur l’activité concernée ou de fusionner entre elles » (P.Dussauge, B.Garette, « Alliances stratégiques, mode d’emploi », Revue Française de Gestion, n85.) • La mondialisation se développe dans le cadre d’un « capitalisme d’alliance » (J.Dunning). • Des objectifs variés.
II) LES STRATEGIES DES FIRMES MULTINATIONALES. 3. Le choix de stratégies de coopération et d’alliance stratégiques internationales.
3.2. Les modalités des alliances stratégiques. - Les alliances complémentaires associent des entreprises dont les compétences sont différentes mais complémentaires. - Les alliances de co-intégration : les entreprises cherchent à réaliser des économies d’échelle sur un composant ou sur un stade du processus de production. - Les alliances de pseudo-concentration : Les entreprises développent, produisent et commercialisent un produit commun.
III) DE LA COMPETITION ENTRE FTN A LA REGULATION INTERNATIONALE.
1. Les effets de la montée des FTN. 1.1.Les impacts sur l’emploi et les échanges. 1.1.1. Dans les pays anciennement industrialisés. 1.1.2.Dans les pays d’accueil des FTN 1.2. La mise en concurrence des Etats et l’accroissement des contraintes. 2.FTN et régulation mondiale.