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Antonymes « Eustache prit subitement une résolution, car un couard qui s'est monté la tête ressemble à un vilain qui se met en dépense et pousse toujours les choses à l'extrême ; mais, de plus, il avait à coeur de se bien montrer une fois devant sa nouvelle épouse, qui pouvait avoir pris pour lui peu de respect en le voyant depuis plusieurs jours, servir de quintaine au militaire, avec cette différence que la quintaine rend quelquefois de bons coups pour ceux qu'on lui porte continuellement. Il tira donc son feutre de travers, et eut dégringolé l'escalier étroit de son entresol avant que Javotte songeât à l'arrêter. Il décrocha sa rapière en passant dans l'arrière-boutique, et seulement quand il sentit dans sa main brûlante le froid de la poignée en cuivre, il s'arrêta un instant et ne chemina plus qu'avec des pieds de plomb vers sa porte, dont il tenait la clef de l'autre. Mais une seconde vitre qui se cassa avec grand bruit, et les pas de sa femme qu'il entendit derrière les siens lui rendirent toute son énergie : il ouvrit précipitamment la porte massive et se planta sur le seuil avec son épée nue, comme l'archange à l'huis du paradis terrien. » Le texte avec les antonymes : Eustache abandonna peu à peu une incertitude, car un courageux qui sent des désillusions contraste avec un gentilhomme qui fait des économies et arrête parfois les choses au milieu ; mais, de plus, il ne pensait pas de se cacher derrière sa vieille épouse, qui était dans l’impuissance de prendre pour lui un peu de cynisme en le voyant depuis quelques jours, servir de quintaine au militaire, avec cette concordance que la quintaine rend souvent de coups horribles pour ceux qu’on lui porte de temps en temps. Il poussa donc son feutre de travers, et eut monté l’escalier étendu de son entresol avant que Javotte songeât de le dépêcher. Il accrocha sa rapière en passant dans l’arrière-boutique, et seulement quand sa main glacée se débarrassa de la chaleur de la poignée en cuivre, il accéléra un instant et ne chemina plus qu’avec des pieds de plomb vers sa porte, dont il laissait la clef de l’autre. Mais une seconde vitre qui se ferma en silence, et les pas de sa femme qu’il ignora endroit les siens lui retirèrent toute sa mollesse : il ferma lentement la porte plaquée et mut sur le seuil avec son épée nue, comme le diable à l’huis de l’enfer ténébreux. L’antonymie Elle apparaît d’une certaine façon comme le contraire de la synonymie. « Antonyme » est l’antonyme de « synonyme ». Elle désigne une relation entre deux termes de sens contraires. Il importe de souligner que les mots mis en opposition doivent avoir en commun quelques traits qui permettent de les mettre en relation de façon pertinente. On ne peut comparer que ce qui est comparable. La relation d’antonymie existe surtout dans les mots qui représentent des qualités ou des valeurs (beau/laid, bon/mauvais, vrais/faux), des quantités (beaucoup/peu, aucun/tous), des dimensions (grand/petit, long/court), des déplacements (haut/bas, droite/gauche, devant/derrière), des rapports
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chronologiques (jeune/vieux, avant/après). D’une façon générale, les dérivés d’antonymes sont également antonymes (jeunesse/vieillesse, rajeunir/vieillir, clarté/obscurité, richesse/pauvreté). L’antonymie est logiquement indispensable et joue un rôle essentiel dans toutes les langues. Elle reflète ce qui semble être une tendance générale chez l’homme à catégoriser l’expérience en termes de contrastes dichotomiques. Cependant, cela ne signifie pas que tout mot ait son contraire. Souvent les antonymes sont classés sur le modèle des synonymes en antonymes absolus et antonymes partiels. Si deux termes entretiennent entre eux un rapport d’exclusion, on a affaire à l’antonymie absolue : vivant et mort, présent et absent. Quelqu’un qui n’est pas mort, ne peut être que vivant, etc. Parfois l’opposition ne met en jeu qu’une partie du signifié du mot. Dans ce cas, on est en présence d’antonymes partiels. Les mots ne s’opposent que dans certains contextes. Ainsi, libertin peut être l’antonyme de chaste, de religieux ou de croyant. On peut aussi proposer un classement qui distingue quatre possibilités de sens contraire :
1. Les antonymes complémentaires (vivant/mort ; homme/femme) Ces termes entretiennent entre eux un rapport d’exclusion, en divisant l’univers du discours en deux sous-ensembles complémentaires. Entre ces mots il n’y a pas des degrés intermédiaires. Le trait caractéristique de ce type de paires de mots este que la négation de l’un implique l’affirmation de l’autre, de même que l’affirmation de l’un implique la négation de l’autre. Notons aussi que les adjectifs faisant partie de ces antonymes ne peuvent pas être employés au comparatif ou au superlatif.
2. Les antonymes scalaires (grand/petit ; chaud/froid ; riche/pauvre) Dans ce cas, les antonymes désignent seulement, aux extrémités d’une échelle, des points de référence entre lesquels on peut intercaler d’autres termes par gradation. Grand – moyen – petit Froid – frais – tiède – chaud S’améliorer – stagner – s’aggraver La gradation repose sur la comparaison. Contrairement aux antonymes complémentaires ou non gradables, un adjectif appartenant à cette classe peut être employé au comparatif ou au superlatif : Jean est plus grand que Marc.
3. Les antonymes réciproques (acheter/vendre ; mari/femme ; père/fils ; prêter/emprunter)
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Ces couples de termes expriment la même relation, mais ils se distinguent par l’inversion de l’ordre de leurs arguments. Le terme acheter est donc le terme réciproque de vendre, comme vendre l’est d’acheter.
4. Les termes incompatibles On peut décrire la relation de sens qui unit les mots dans les ensembles à plusieurs éléments tels que : [rouge, bleu, vert, gris, blanc…] ou [dimanche, lundi, mardi, …, samedi] Comme une relation d’incompatibilité. Ces ensembles peuvent être ordonnés ou cycliquement. L’ensemble de termes que l’on utilise pour désigner les grades dans l’armées est un exemple d’un ensembles ordonné: [maréchal, général,… caporal, soldat] II y a deux éléments extrêmes et tous les autres termes de l'ensemble sont ordonnes entre deux autres éléments. Les exemples les plus évidents d'ensembles cycliques ou cycles nous sont fournis par les mots qui dénotent des unités ou des périodes de temps : [printemps, été, automne, hiver] [janvier, février, ..., décembre] [lundi, mardi, ..., dimanche] Tous ces termes sont ordonnés en termes de successivité: le printemps précède l’été, le samedi suit le vendredi, etc. À la différence des ensembles ordonnés en série, les cycles n'ont pas de membres extrêmes: chaque élément de l'ensemble est ordonné entre deux autres éléments. Il est vrai cependant que, par convention, ces ensembles ont généralement un premier et un dernier élément (janvier..., lundi ...). Il est important de noter que la clarté des oppositions antonymiques peut être troublée par la polysémie et la synonymie. Le facteur contextuel joue un rôle considérable dans l'antonymie comme dans la synonymie, puisque le contexte définit l’axe selon lequel l'antonymie s'établit. Il est souvent impossible d'expliquer un mot donné sans le remettre dans son contexte. Un terme peut avoir plusieurs antonymes : si l'on considère le sexe, garçon est l'antonyme de fille; si l'on considère l'âge, garçon s'oppose à homme.
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Quand un mot est polysème, il a généralement plusieurs antonymes. On peut prendre l’exemple de l’adjectif fort. Parler de femme forte fait référence à la force quand l’expression antonymique est femme faible, mais à la corpulence quand c’est femme mince. On peut noter l'antonymie par un signe d'équivalence ayant subit une rotation de 90 degrés ( 'riche | | | pauvre' ). Ce signe rappelle à la fois le signe qui marque chez Polguère la relation considérée comme opposée à l'antonymie, la synonymie, et la symétrie axiale existant entre les deux termes antonymes. Les antonymes sont couramment nommé " contraires ".
Synonymes « Pour cette fois, cela devenait insupportable et maître Chevassut courut à sa sonnette pour appeler ses gens ; mais le drapier le poursuivit, continuant la danse, ce qui formait une scène singulière, parce qu'à chaque maître soufflet dont il gratifiait son protecteur, le malheureux se confondait en excuses larmoyantes et en supplications étouffées, dont le contraste avec son action était des plus réjouissants ; mais en vain cherchait-il à s'arrêter dans les élans où sa main l'entraînait, il semblait un enfant qui tient un grand oiseau par une corde attachée à sa patte. L'oiseau tire par tous les coins de sa chambre l'enfant effrayé, qui n'ose le laisser envoler et qui n'a point la force de l'arrêter. Ainsi, le malencontreux Eustache était tiré par sa main à la poursuite du lieutenant civil, qui tournait autour des tables et des chaises et sonnait et criait, outré de rage et de souffrance. Enfin les valets entrèrent, s'emparèrent d'Eustache Bouteroue, et le jetèrent à bas étouffant et défaillant. Maître Chevassut, qui ne croyait guère à la magie blanche, ne devait penser autre chose sinon qu'il avait été joué et maltraité par le jeune homme pour quelque raison qu'il ne pouvait s'expliquer ; aussi fit-il chercher les sergents, auxquels il abandonna son homme sous la double accusation de meurtre en duel et d'outrages manuels à un magistrat dans son propre logis. Eustache ne sortit de sa défaillance qu'au grincement des verrous ouvrant le cachot qu'on lui destinait. » Le texte avec les synonymes : Pour cette fois, cela se faisait odieux et tyran Chevassut se précipita à sa sonnaille pour avertir ses serviteurs ; mais le drapier l’assaillit, insistant avec la mascarade, ce qui faisait un cirque unique, parce qu'à chaque tyran soufflet dont il honorait son protecteur, le misérable se confondait en prétextes pitoyables et en implorations essoufflées, dont la discordance avec son animation était des plus amusants ; mais sans effet se tourmentait-il à se limiter dans les propulsions où sa main le forçait, il imitait un marmot qui emprisonne un oisillon géant par un fil accrochée à sa griffe. L'oisillon tire par tous les coins de son corps le marmot apeuré, qui ne se permet le laisser évader et qui n'a pas la vitalité de l'arrêter. Ainsi, le déplorable Eustache était tiré par sa main à la poursuite du officier civil, qui pirouettait autour des tables et des chaises et tintait et chahutait, outré de délire et de tourment.
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Enfin les esclaves entrèrent, attrapèrent Eustache Bouteroue, et le catapultèrent à bas étouffant et faible. Tyran Chevassut, qui se doutait de charmes, ne devait s’imaginer autre chose sinon qu'il avait été feinté et brusqué par le jeune pierrot pour quelque raison qu'il ne pouvait comprendre ; aussi fit-il chercher les archers, auxquels il jeta son pierrot sous la double accusation de meurtre en duel et d'outrages manuels à un inquisiteur dans son propre maison. Eustache ne sortit de son évanouissement qu'au gémissement des serrures ouvrant la basse-fosse qu'on lui réservait.
Bibliographie :
1. Aïno Niklas-Salmien, La lexicologie, Armand Colin/Masson, Paris, 1997, p.113-118 2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Antonyme