Aires Postionnement Et Questionnement

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naturel que tous les jeunes, vis-à-vis de l’éducation, aient les mêmes droits! Les intégrations en entreprises ordinaires, sont le prolongement logique de cette scolarité qui a préparé et formé ces jeunes adultes, et dont les familles sont motivées. Dans toutes les entreprises, il est des tâches simples qui sont adaptées aux compétences des personnes déficientes intellectuelles.

POSITIONNEMENT QUESTIONNEMENT par Marie-Paule Blanchard

Réussir

l’intégration, en entreprise et dans la société, des personnes déficientes intellectuelles (trisomiques 21, avec séquelles d’autisme, psychose…), celles pour qui ni l’autonomie, ni les apprentissages ne vont de soi, c’est bien l’identité de AIRES.

Mais, ces salariés, perdent le bénéfice de l’accompagnement spécialisé. Nombreux sont ceux, qui ont dû quitter leur emploi, non par faute professionnelle, mais les changements de personnel, de machine…des évènements familiaux…des réflexions méchantes…ont tellement perturbé ces salariés, que, après une grande fatigue, une dépression, des comportements inadaptés, ils ont été obligés d’intégrer le milieu protégé.

En ce début 2007, notre association qui s’est appuyée sur le droit de ces personnes, à étudier, travailler parmi tous, (leur sécurité et celles du lycée ou de l’entreprise assurées), en arrive à comprendre un peu plus, comment elles peuvent être utiles, à l’entreprise et à la société.

AIRES devenait une nécessité pour leur maintien dans l’emploi et dans la durée. Un salarié de l’association, est présent en entreprise, à certains moments : changements de personnel, retour de congés, et pour l’écouter. Le handicap mental, a besoin essentiellement de soutien humain (pas d’adaptation d’outil, de poste…), mais d’un professionnel spécialisé en lien avec les différents acteurs. L’AGEFIPH a compris cette dimension, en nous accordant des subventions pour un accompagnement humain, personnalisé, qui permettra aussi une évolution professionnelle.

Depuis 25 ans…

Mon expérience

En France avant 1981, les lycées étaient vierges du handicap mental. Invisibles dans le monde du travail, à l’abri dans des institutions protégées, le politique pensait qu’il en était mieux ainsi, pour eux, les familles, et pour la société…

AIRES en entreprise, est riche d’une longue expérience d’enseignement spécialisé en lycée.

Depuis 25 ans, nous « fréquentons » des personnes déficientes intellectuelles, scolarisées en lycée et, pour tous : lycéens et adultes, cette intégration s’avère positive. Enseignement et accompagnement spécialisés permettent, ouverture, tolérance à la différence…L’idée ne viendrait à personne actuellement, de supprimer ces classes spécialisées (UPI); pour l’ensemble il est

La fréquentation de ces personnes dans ma profession d’institutrice spécialisée, m’a permis : d’observer, de me questionner, de me positionner. Les apprentissages ne vont pas de soi…ça n’allait pas de soi non plus pour moi, l’enseignante ; si j’avais été une excellente professionnelle, j’aurais peutêtre trouvé la méthode, la technique pour réussir à apprendre à lire à tous mes élèves ?…donc « ça ne va pas de soi » ni pour eux, ni pour moi ! Quand deux personnes ou deux parties se sentent

Positionnement / Questionnement

M.P. Blanchard, mars 2007

concernées par un même obstacle, quand elles se heurtent à une même résistance, elles se demandent ensemble, « comment aller au de là » ? (Quand quelqu’un dit : « ça ne va pas de soi … parce que il est comme ça !» ça ne concerne donc que l’autre ; alors, ce quelqu’un décide d’une réponse, la sienne.)

en gardant son espace vital? Qui a résolu dans le quotidien la « confiance en soi » ? Qui n’a pas de problème avec le « temps » ?…

Une relation gagnant, gagnant La fréquentation des personnes reconnues officiellement vulnérables, nous rend plus aisée, la façon d’aborder ces problématiques fondamentales. Si on est collé, dans une relation fusionnelle, il n’y a pas d’autonomie possible…si on est très éloigné on ne peut s’entendre (facile à observer dans une classe spécialisée) le transposer, faire le parallèle avec nos modes de relations dans le quotidien, est un enseignement précieux! Nous pouvons, si nous le voulons, grâce à leur présence, devenir plus à même de nous découvrir, de nous percevoir, et aussi de nous reconnaître pas si éloignés que ça… d’eux!

Cette période professionnelle a donné à l’équipe éducative une cohérence. Comment trouver des moyens pour faire avancer ce projet de société « trouver sa place parmi tous quand on est différent, quand on est déficient intellectuel ? »… La médecine, la psychologie, la linguistique, la sociologie, la philosophie…autant d’apports indispensables pour éclairer nos pratiques et le sens à donner à l’enseignement. Si l’ouverture à ces sciences, a démarré par des questions pédagogiques, les retombées personnelles continuent d’enrichir ma vie.

Dans un groupe, nous remarquons que, si l’arrivée de vous ou de moi, ne le perturbe pas forcément, la présence d’une personne handicapée mentale, ne le laisse jamais intact ! La trisomie, l’autisme, les réactions « bizarres » font peur, alors certains fuient, d’autres sentent émerger des instincts maternels, paternels ou d’éducateurs, d’autres se laissent emporter par l’envie de « jouer » avec des pulsions de domination incontrôlées…

Le fait de ne pas pouvoir devenir lecteur, ne signifie pas l’absence de pensée. La pensée engluée dans le « magma » se manifeste par un mot phrase, un haussement d’épaule, un œil qui pétille, un rictus crispé…nous sommes persuadés qu’elle est là, enfouie. Champollion n’a-t-il pas été inspiré en voyant des signes « bizarres » ? Chaque personne à des yeux, des mots, un toucher uniques, pour entendre le monde, pour le dire, se dire et l’entendre des autres. Les interactions, les questions, l’expression avortée, donnent à penser...les recueillir nous intéressent !

Les handicaps qui s’invitent dans tous les milieux sociaux, sur tous les continents, ont ce point commun de faire apparaître des comportements enfouis, qui surgissent en présence du handicap, particulièrement le handicap mental !

Ces adolescents, dans leurs comportements d’élèves inadaptés au système scolaire classique, étaient, selon nos dires, comme des loupes. Grossissant, en nous donnant à voir, ce qui, chez nous est à dose homéopathique ou que nous ignorons : nos manières de nous positionner vis-à-vis de l’autre.

Que des attitudes inattendues de soi, que des questions que nous évitons volontiers nous soient révélées par la présence d’une personne déficiente, ces constats se vérifient toujours ! Ces personnes peuvent nous apprendre sur nos attitudes, quand nous savons y être attentifs! Passer du temps avec des handicapés mentaux, peut faire entrer en questionnement, peut ouvrir aux sciences, peut faire s’ouvrir à soi et à l’autre, [comment dire avec précision, avec des mots simples le message que je dois lui donner ? c’est une exigence très grande…comment comprendre précisément ce que des mot écorchés me disent ? Etre là, écouter

Un enfant déficient est souvent « collé » à l’adulte…ou se tient si loin, comme l’enfant autiste, que nous ne pouvons l’entendre ! Rarement la « bonne distance » ! Qui, parmi nous, peut dire qu’il n’a pas de problèmes avec la « bonne distance » ? Qui sait, dans la relation avec son voisin, son conjoint, son père, se mettre à la bonne distance, de façon à l’entendre, tout 2/5

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M.P. Blanchard, mars 2007

l’autre activement, s’écouter…ces exercices, bien sûr récupérés améliorent les autres relations…]

Parler à B. comme à une personne responsable, distinguer le niveau du problème, faire préciser, traduire, s’assurer que B. a compris ce que le tuteur, le directeur, a dit devant AIRES…c’est reconnaître les fonctions et les responsabilités aux personnes (le tuteur, le directeur, B.).

AIRES en entreprise C’est dans ces états d’esprit que AIRES entre dans les entreprises, conscientes aussi, que la présence du handicap mental va produire et révéler, comme toujours, des réactions de surprotection, de malveillance…et que, en même temps, B. (déficient intellectuel) est seul à parler « sa langue » parmi tous !

AIRES veut permettre à chacun de travailler le plus possible dans la tranquillité. Dans notre relation à l’entreprise, si le « ce n’est pas évident, comment faire ? » avec B. qui parle tout seul, reste dans sa bulle, perd de la salive, dit mille fois la même chose…émerge, quand cette question arrive, il y a signe d’ouverture. Nous demandons une intervention de spécialiste, généticien, psychologue…les sciences, alors, grâce à la présence de B., s’invitent…et chaque auditeur, en profitera dans sa profession et personnellement.

En entreprise, le plus souvent, les compétences du salarié « différent » (avec contrat) sont adaptées aux tâches qui lui sont confiées, AIRES cherche l’amélioration du professionnalisme, l’évolution des tâches. Si AIRES n’a aucun projet d’apprentissage dans l’entreprise : pas de proposition de technique pour mettre le couvert ou ranger le courrier, son projet, c’est de permettre une intégration réussie.

Ecouter chaque personne dans le cadre de ses fonctions, de ses responsabilités, tout en sachant que le UN est tout puissant... (le un de la parole de B., le un de la parole de l’économie, le un du directeur du tuteur, de AIRES). Décider de travailler ces écoutes, pour ne pas en rester là. Eclairer les situations par les apports de différentes sciences, visiter chaque semaine, le salarié sur son espace de travail…c’est maintenir ces « éveils »…!

Lister les tâches, comprendre l’organisation, connaître le tuteur, la direction, s’imprégner de l’ambiance du service, sont des opérations aisées. Si, précédemment, nous parlions du « magma de la pensée », nous voilà dans le « magma relationnel », vu avec l’effet loupe de la présence du handicap mental ! Par exemple : les propos de « chantage » :- je vais le dire à ton père…tu seras moins payé…-concernentils, un réajustement professionnel nécessaire, ou un retard…ou une mauvaise humeur du jour ? (Décalage étonnant et pourtant si fréquent !)

Les salariés bénéficiaires de AIRES aiment toujours leurs entreprises ! Ils sont fiers d’y travailler, d’y gagner leur vie, d’y avoir des collègues. L’emploi est un ancrage…mais pour certains, le travail et la famille suffisent à remplir sa vie et l’envie de retrouver des amis s’éteint !

Le travail de AIRES, c’est d’analyser l’origine de ces réflexions. Distinguer si la remarque concerne une tâche négligée, alors, c’est le tuteur responsable du travail qu’il nous faut contacter. Nous prenons en compte la remarque, avec l’angle : qualité de la tâche…nous créons des outils adaptés (calendrier, écriture, photos…). Si c’est un retard, c’est vers la direction, appliquant le règlement intérieur, que nous retournons...si c’est la méchanceté ??? En être le témoin, s’adresser à B. avec dignité et … ? Nous pensons alors, aux sciences qui pourraient ouvrir un questionnement à ces pratiques inadmissibles !

Temps de retrouvailles et de formation Continuer une évolution intellectuelle, relationnelle, faire des projets…les samedis, les jeudis après-midi sont devenus les temps de AIRES hors entreprises. Temps de retrouvailles pour ceux qui « parlent la même langue », temps des formations. Partenaire de l’Institut Simonne Ramain, deux fois par mois, des séances qui touchent à la responsabilisation de soi…à oser essayer de se lancer à faire des 3/5

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obligation de répondre aux situations inachevées des réalités.

exercices inhabituels, sont vécues en groupes. A la « maison des mines » (au cœur du quartier latin, maison des prestigieux étudiants de l’Ecole des Mines) AIRES cherche à maintenir en éveil les intelligences, le goût d’apprendre, de comprendre les logiques, la pensée contemporaine, d’accéder à la poésie, d’exprimer sa façon unique de dire le monde…

AIRES réalise sa mission de maintenant dans l’emploi parmi tous, de lutter contre l’isolement…va-t-elle au de là… ?

La position et les questions d’AIRES Nous disons Intégrer dans la Société. Que celui qui a vu une personne déficiente intellectuelle dans une instance de décision (C.E., parti politique, syndicat…) le dise !

La solitude soulignée par ceux qui travaillent (seul handicapé en entreprise), pas assez autonomes pour aller retrouver un copain, AIRES la prévient par les rendez-vous des samedis.

La personne déficiente intellectuelle est le plus souvent invisible, et, quand elle apparaît elle fait paniquer…alors ? Comment nous positionnons-nous ?

Ce temps, est pensé à partir de leur rythme…faire émerger un projet, le rendre audible, le préparer et le proposer au groupe ! Si souvent, à cause de la lenteur, on pense à leur place, on fait pour eux…AIRES veut qu’ils disposent de ce moment pour « vivre » leurs projets (les salariés d’AIRES sont là pour tranquilliser : coéquipiers, famille, les professionnels des lieux ou se vivra le projet : bowling, cinéma, bateau-mouche, restaurant…) Le rythme des agréablement, on solitude !

semaines ne parle

Dans notre monde, comment pouvoir s’intégrer dans la société, si performante, si clean… ? Qu’est-ce qui va, pour AIRES, se substituer au QI élevé, à la « grande moralité », aux diplômes…indispensables dans les entreprises syndicats, fondations, églises, etc.,

s’installe plus de

Accepter la personne telle qu’elle est / accepter les situations telles qu’elles sont ;

Un groupe de paroles réunit chaque mois les coéquipiers avec un psychologue ; paroles de liberté, de « libération » ?…lieu de discrétion d’où sortent des visages souriants y compris celui de Mr Z. !

Refuser de laisser en état ; Ecouter les dires pluriels / travailler les écoutes…inventer des propositions ; S’intéresser à développement ;

Donner des occasions de se former professionnellement, intellectuellement, être accueillis dans un local y retrouver des amis pour des moments de loisirs, c’est la concrétisation des observations vues de la loupe.

son

propre

S’éclairer de la lumière des sciences (philosophie, psychologie, linguistique, économique, politique…) ; Tout cela afin d’améliorer un espace commun, pour le rendre plus juste, plus esthétique, plus drôle, quand « ça ne va pas de soi » ;

AIRES partenaire des sciences AIRES sait aussi bénéficier des sciences, notamment avec l’université Paris V…à partir des conséquences du handicap nous interpellons les connaissances…exemple : est-il possible de réaliser un GPS utilisable par ceux qui ont des difficultés dans les transports parisiens? Imaginez les désagréments qui seraient retirées à ces salariés, si dignes, si un tel outil leur était accessible ! Les sciences ont un rôle d’éclairage et une

A ces conditions, peu importe le QI… l’intelligence, c’est de trouver ici et maintenant avec ceux qui sont là, l’envie, d’aller au de là avec ses vulnérabilités, ses compétences sans attendre d’être guéri de sa névrose… (chaque partie gagne en développement) ;

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M.P. Blanchard, mars 2007

Finalement, qu’est-ce que « être civilisé » ?

cité dont nous parlons est éclairée par des lumières qui nous dépassent : celles des droits de l’homme et de l’humanisme vulnérable et chaud !

AIRES a-t-elle raison de penser que son projet dépasse l’accompagnement des personnes handicapées ? Pouvons-nous donner notre définition, de ce que serait être civilisé ? C’est pouvoir vivre dans la cité…AIRES entend y travailler (pour chacun, et bien sûr la personne déficiente intellectuelle comprise) ! Nous démarrons un comité d’éthique avec des personnalités différentes, pour « creuser » et approfondir nos remarques…

MP Blanchard Directrice d’AIRES 19 rue St Jacques, 75005 paris Tél. 01 43 29 85 61 ; [email protected]

PS – Enrichis de la fréquentation des personnes déficientes, nous recherchons des outils, autres que l’écrit (ce texte, ils ne pourront y avoir accès !), où la pensée soit abordable aussi pour elles, présentée avec la même rigueur (avec un support audio visuel, ne serions-nous pas plus à égalité ?)

Nous voulons faire que le handicap mental, ce grain de sable qui a fait « gripper » les machines familiales, sociales, inverse la fatalité et devienne un évènement qui questionne, qui interpelle, qui amène au dialogue civilisé…à donner le droit à tous de vivre dans la cité…et la

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