Journées AFMV P, Actualités en pathologie porcine, Maisons-Alfort, 1 au 3 décembre 2004
IMPACT D’UNE INJECTION DE PROSTAGLANDINE DE SYNTHESE AU SEVRAGE SUR LE GROUPAGE DES INSEMINATIONS ET LA FERTILITE DES TRUIES P. Gambade1 , V. Auvigne 2, E. Sallé 3 (1) Sanders Bretagne, BP 61, 56302 Pontivy Cedex (2) Ekipaj, 4 allée Charles Gounod, 35760 Saint Grégoire (3) CEVA Santé Animale, BP 126, 33501 Libourne Cedex
IMPACT OF INJECTING A SYNTHETIC ANALOGUE OF PROSTAGLANDIN AT WEANING
ON THE WEANING-TO -
OESTRUS INTERVAL AND THE FERTILITY OF SOWS
Summary The effect of injecting 2 mg Alfaprostol (1 ml Alfabedyl®) at weaning on the return to oestrus was tested in a 590-sow farrowing-to-weaning farm. 247 sows of 11 batches were allocated into two groups: treated (n=121) and control (n=126), with equivalent number of treated and control animals in each batch. The average parity was 4.8. For both groups, sow received two injections of prostaglandin before weaning: one to induce farrowing and another 1 to 2 days after farrowing. Sows were weaned at 27 days of lactation. Sows were inseminated once 24 hours after the beginning of oestrus, a second time 24 hours later and sometimes a third time. Gestation was diagnosed by ultrasound scan 21 to 28 days after the first insemination. The weaning-to-first-insemination interval was reduced in the treated group (5.5 vs. 6.3, p=0.02) and the number of sows inseminated on the target days (4 to 6 days after weaning) was increased (90.8% vs. 78.0, p=0.01). No difference was observed in fertility rate after the first insemination (average=86%, p=0.26) and the prolificity (total borns 14.4 vs. 14.2 p=0.56, dead borns 1.6 vs. 1, p=0.98). We suggest that Alfaprostol injection at weaning reduces the weaning-to-oestrusinterval if a corpus luteum is present. These corpora lutea are probably due to a lactational ovulation.
Introduction L’amélioration de l’intervalle entre le sevrage et la première insémination et le regroupement des inséminations a un double intérêt économique : la période improductive des truies est réduite et l’organisation du travail est améliorée. L’administration de prostaglandines au sevrage pour mieux grouper les oestrus et/ou résoudre des problèmes de non venue en oestrus pourrait être un des champs d’application de ces molécules en élevage porcin (1). Deux mécanismes d’action sont supposés. Le premier est une simulation intrafolliculaire par les PGF2α d’enzymes telles les collagénases et élastases qui interviennent dans la rupture folliculaire (2). Le second est la lyse de corps jaunes présents au sevrage. C’est dans ce cadre que cet essai terrain a été mis en place. Matériels et Méthodes L’essai à été réalisé dans un élevage naisseur 8kg
de 590 truies en conduite semaine, peuplé en 2000. En 2003, les performances moyennes étaient de 14,4 nés totaux et 11,1 sevrés par truie. Dans cet élevage, la mise-bas est déclenchée à l’aide d’une prostaglandine de synthèse et une injection IM de Dinoprost (Enzaprost®) est réalisée systématiquement 24 à 48 heures après la fin de la mise-bas. Les porcelets sont sevrés à 27 jours et les truies sont bloquées après le sevrage. Les sevrages sont réalisés le mercredi et l’objectif de l’éleveur est d’inséminer le maximum de truies du dimanche au mardi suivant. Du jour du sevrage au samedi matin les truies sont stimulées par un passage rapide du verrat. A partir du samedi les chaleurs sont détectées par un passage long du verrat et par le test immobilisation par l’homme. La semence est prélevée à la ferme. Deux à trois inséminations sont réalisées par truie : la première 24h après le début des chaleurs, la seconde 24h après, la troisième en fonction de la durée des chaleurs. Un diagnostic de
Journées AFMV P, Actualités en pathologie porcine, Maisons-Alfort, 1 au 3 décembre 2004 gestation par échographie est réalisé 21 et 28 jours après la première insémination. L’élevage était indemne de SDRP au début de l’essai. L’essai a été réalisé sur 11 bandes sevrées entre mars et juin 2003. Les truies sevrées et remises à la reproduction étaient réparties entre un lot traité et un lot témoin. Les truies du lot traité recevaient 2 mg d’Alfaprostol en IM le jour du sevrage (1 ml Alfabedyl ®). Les truies du lot témoin ne recevaient aucun traitement hormonal au sevrage. Les analyses statistiques sont réalisées avec le test non-paramétrique de Mann&Whitney pour la comparaison des variables quantitatives et le test exact de Fischer pour les variables qualitatives à deux classes ( Epiinfo®) Résultats Les inclusions 247 truies ont été incluses (126 témoins, 121 traitées). Il n’y a pas de différence significative entre témoins et traités pour le rang moyen (4.8), le nombre de nés-totaux et de sevrés à la mise-bas précédant le traitement (14.8 et 10.0) et l’âge moyen au sevrage (26.6). Les deux lots sont donc bien comparables.
Le SDRP a été diagnostiqué le 23 avril dans l’élevage après que des symptômes typiques d’une primo infection (diarrhées néo-natales et troubles respiratoires aigus sur les porcelets en maternité, symptômes cutanés sur les truies à l’entrée en maternité, moins bonnes venues en chaleur et retours) soient apparus fin mars. Une vaccination avec un vaccin inactivé a été mise en place début mai 2003 sur l'ensemble des reproducteurs suivant le protocole de primo vaccination. La venue en chaleur Quatre truies n’ont pas été vues en chaleur : trois dans le lot témoin et 1 dans le lot traité (NS). L’intervalle moyen entre le sevrage et l’insémination (Figure 1) est significativement réduit (p = 0.02) entre le lot traité (5.5j) et le lot témoin (6.3 j). Cette amélioration du délai de retour en chaleur est obtenue par la très forte réduction du nombre de retours tardifs et non pas par l’augmentation des insémination très précoces (avant 3 jours). Au final, le pourcentage de truies inséminées les jours souhaités par l’éleveur (J4 à J6 après sevrage) est fortement amélioré (p=0.01, Tableau 1).
Figure 1 : Distribution de l’intervalle sevrage – première insémination (jours) Lot Témoin Lot Traité Traitement=0 80
70
60
Pourcentage
50
40
30
20
10
0 0
3
6
9
12
15
18
21
24
27
IA1
Tableau 1 : Le regroupement des premières
Journées AFMV P, Actualités en pathologie porcine, Maisons-Alfort, 1 au 3 décembre 2004 inséminations Intervalle sevrage IA1
Lot Témoin
Lot Traité
0 à 3 jours
2 (1.6%)
1 (0,8%)
4 à 6 jours
96 (78.0%)
109 (90,8%)
7 jours et plus
25 (20.3%)
10 (8,3%)
123 (100%)
120 (100%)
La fertilité La fécondation (constatée à l’échographie) en saillie première est l’indicateur de fertilité retenu. Il est en moyenne de 86 % (Tableau 2) et la différence entre les lots traités et témoins n’est pas significative (p = 0.26). Le délai de retour en chaleur étant amélioré pour le traité et la fertilité étant identique entre les deux groupes on observe logiquement que l’ISSF (suivant diagnostic à l’échographie) et l’intervalle ente mise-bas sont plus courts dans le lot traité (respectivement 9.5 vs 9.0, p = 0.08 et 151.3 vs 149.3, p = 0.02). Tableau 2 : Taux de fécondation en saillie première Fécondation en IA 1
Lot Témoin
Lot Traité
Non
15(12.2%)
19 (15,8%)
Oui
108 (87.8%)
101 (84,2%)
123 (100%)
120 (100%)
La prolificité Le nombre de nés-totaux et de mort-nés pour la mise-bas suivant le traitement ne sont pas différents entre les deux groupes (respectivement 14.4 vs 14.2, p = 0.56 et 1.6 vs 1.3, p = 0.98). Discussion Dans cet essai, l’injection d’Alfaprostol au sevrage a entraîné une amélioration significative de l’intervalle entre le sevrage et la première insémination et un regroupement de ces inséminations sur la période souhaitée par l’éleveur. Les performances de fertilité et de prolificité sont conservées. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus en Espagne par Peña (2). Le protocole testé augmente la fréquence des inséminations à J5. Ceci correspond au délai moyen d’une maturation folliculaire débutant au sevrage et
est donc compatible avec l’hypothèse d’une action lutéolytique. Il est peu probable qu’il s’agisse de corps jaunes persistant depuis la gestation car toutes les truies ont déjà reçu deux injections de prostaglandines avant le sevrage. Les corps jaunes présents au sevrage seraient donc formés suite à des chaleurs de lactation. Les prostaglandines au sevrage seraient donc efficaces uniquement s’il y a des chaleurs en de lactation dans l’élevage. Ce mécanisme d’action est différent de celui des gonadotropines. On peut donc supposer que ces traitements soient complémentaires. Des études supplémentaires seraient cependant nécessaires pour valider ces hypothèses et comprendre les facteurs déclenchant ces chaleurs de lactation. Remerciements Les auteurs remercient le responsable de l’élevage pour sa participation active à la réalisation de cette étude. Bibliographie 1 – BOSC M.J., NARTINAT-BOTTE F., Champs d’application de la prostaglandine F2α en production porcine. In Le grand livre des prostaglandines. 2 – PEÑA et al. E., Effect of vulvomucosal injection of D-cloprostenol at weaning and at insemination on reproductive performance of sows during the low fertility summer season under field conditions. An. Reprod. Sc. 68 (2001) 77-83