RELATION ENTRE LA GENETIQUE MALE ET LA MORTALITE EN POST-SEVRAGE ENGRAISSEMENT ETUDE DANS UN ELEVAGE B. Boivent (1), M. Binet (1), P. Gambade(1), V. Auvigne (2) (1) Sanders Bretagne, BP 61, 56302 Pontivy Cedex (2) Ekipaj, 4 allée Charles Gounod, 35760 Saint Grégoire Introduction La susceptibilité génétique est un des facteurs de risque supposés de la Maladie d’Amaigrissement du Porcelet mais son importance est discutée. Aux PaysBas, dans une étude cas témoin sur 30 paires d’élevages Wellemberg (1) a mis en évidence, sans pouvoir conclure à un lien de causalité, deux facteurs de risque du PMWS : la présence de SDRP et l’utilisation d’une génétique « anglo-saxonne » que ce soit au niveau des femelles et/ou des mâles. Aux USA, Opriessnig (2) conclut, suite à une infection expérimentale, à la prédisposition des Landrace, comparés à des animaux Duroc et Large-White, à développer le PMWS et une déplétion lymphoïde associée au PCV2. A contrario, Rose (3) n’a pas mis en évidence dans son étude prospective d’effet protecteur pour la génétique Piétrain. C’est dans ce contexte que l’essai terrain rapporté ci-dessous à été mis en œuvre afin de pouvoir comparer deux génétiques mâles sur des lots contemporains.
Tableau 1 : Taux de perte en post-sevrage
Effectif
171
58
Effectif
122
Matériels et Méthodes L’essai à été réalisé dans un élevage post-sevreur engraisseur lié à une maternité collective. Cet élevage est chroniquement atteint de MAP avec des pertes sevrage vente de 9.4 % pour la période du 1/11/01 au 31/12/02, de 10.7 % pour la période du 01/05/02 au 31/12/02 et de 12.5 % pour la période du 01/09/02 au 31/12/02. Préalablement indemne de SDRP, il a été contaminé début 2003. Il est à signaler que la MAP n’a jamais été signalée dans le second post-sevreur engraisseur fourni par la même maternité.
Mortalité
18
1
Mortalité
12
4
Mortalité %
9.8
3.4 b
L’essai a été réalisé sur deux bandes sevrées en avril et décembre 2003. Le sevrage est réalisé à 27 jours. Les truies de chaque bande ont été séparées au hasard avant la saillie en deux lots (A et B) et chaque lot a été inséminé avec la semence provenant de mâles de deux types génétiques différents : type A (verrat issu d’un croisement entre une lignée Piétrain et une lignée synthétique mâle) et type B (verrat issu de la lignée Piétrain). La type B est non homozygote pour le gène de sensibilité à l’halothane et est utilisée comme l’un des parents du type A. Pour la première bande, la semence du type A était prélevée et la semence du type B était achetée. Pour la seconde bande, la semence des deux lignées était prélevée à la ferme. En maternité les truies étaient identifiées par leur lot et les adoptions ont été réalisées uniquement à l’intérieur de chaque lot. En maternité et nursery les animaux des deux lots étaient dans les mêmes salles et répartis dans des cases différentes. En post-sevrage et engraissement tous les porcs de la première bande étaient dans la même salle, répartis par case. Pour la seconde bande par contre chaque lot était dans une salle différente en post-sevrage et en engraissement. Les deux salles étaient cependant de conception identique. Les porcs de chaque lot étaient identifiés par une frappe spécifique. Dans la première bande 120 animaux du lot B sont partis au test des terminaux à l’issu du post-sevrage et n’ont donc pas été inclus dans l’essai. Pour les deux bandes le protocole de vaccination était : Vaccination mycoplasme monodose au sevrage Autovaccin streptocoque à 7 et 10 semaines d’âge Vaccination Aujeszky à 12 semaines Les analyses statistiques sont réalisées avec le test exact de Fischer pour les variables qualitatives à deux classes ( Epiinfo®) Résultats Taux de mortalité Les taux de perte en post-sevrage et engraissement sont rapportés dans les tableaux 1 et 2. La différence de mortalité en post-sevrage n’est significative ni dans la première bande, ni dans la seconde ni en le cumulant (p=0.17). En engraissement par contre la différence est significative pour chacune des bandes prises séparément et globalement (p=0.002). Au global (moyenne des taux de chaque bande) la mortalité sevrage-vente est supérieure dans les lots provenant du type génétique A (12.8%) par rapport à ceux provenant du type génétique B (3.4%). Cette différence est très significative (p=0.001).
Sevrage du 16/04/2003 Lot A Lot B Effectif Mortalité
Sevrage du 30/12/2003 Lot A Lot B
177
58
Effectif
6
0
Mortalité
Mortalité % 3.4 0a A : A non différent de B, p > 0.05
125
120 2
2.4
1.7 a
Mortalité %
3
Tableau 2 : Taux de perte en engraissement Sevrage du 16/04/2003 Lot A Lot B
Sevrage du 30/12/2003 Lot A Lot B
Mortalité % 10.5 1.7b b : A différent de B, p=<0.05
118
Performances zootechniques Au cours de cette étude il n’y a pas eu de pesée individuelle des porcs. Il n’est donc pas possible de réaliser des comparaisons statistiques pour les performances zootechniques. Les résultats du tableau 3 sont donc donnés à titre indicatif. Tableau 3 : Performances zootechniques Sevrage du 16/04/2003 Lot A Lot B
Sevrage du 30/12/2003 Lot A Lot B
Nbre entrée PS
177
58
125
120
Pds entrée PS
6.2
7.8
9.19
7.68
GMQ S / Vte
741
757
783
781
Nbre vendus
237
57
110
114
Age à la vente
166
166
189
189
108.5
112.3
128.9
127.2
60.4
62
59.5
61.4
Pds Vif Estimé TVM
Discussion Cet essai confirme de nombreuses observations du terrain. Il a été vérifié ici que dans un environnement homogène, les porcs charcutiers issus de verrats d'une lignée Piétrain sont globalement moins susceptibles aux pathologies de PS/début d'engraissement (MAP, SDRP) que leurs contemporains des mêmes bandes, issus du même type génétique de truies mais de verrats croisés, issus à 50% de la même lignée Piétrain. On peut se demander si cette réduction se fait sur la mortalité attribuée à la MAP ou si c’est une amélioration non spécifique de la résistance des animaux vis-à-vis d’autres pathogènes (SDRP, ou autre…). On peut également remarquer que cette lignée Piétrain n’est pas homozygote pour le gène de la sensibilité à l’halothane. Ce résultat suggère un déterminisme génétique impliquant l'existence d'allèles dominants à un ou plusieurs loci pour la résistance globale à ces pathologies dans cette lignée Piétrain et au rebours l'existence d'allèles récessifs de sensibilité dans les autres lignées, dont les lignées femelles utilisés dans la production des truies et la lignée synthétique male utilisée pour la production du verrat croisé « Type B ». Remerciements Les auteurs remercient l’éleveur pour sa collaboration. Bibliographie 1 – ELBERS A.R.W., DE JONG M., WELLEMBERG G.J. A Case-Control study of Post-Weaning Multisystemic Wasting Syndrome (PMWS) and Porcine Dermatitis and Nephropathy Syndrome (PDNS) in pigs in the Netherlands – Submitted for publication 2 – OPRIESSNIG T. et al., Eval uation of differences in host susceptibility to PCV2-associated diseases, proceeding IPVS 2004, vol. 1, p. 12 3 – ROSE N. et al. Effet de la génétique Pietrain sur l’expression clinique de la maladie de l’amaigrissement du porcelet. Jour. Rech. Por. (2004) 36, 339344